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      La génération (auto) censurée

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 14 March, 2023 - 03:30 · 7 minutes

    Par Thomas Buckley.

    Ce sont ces sentiments – parmi d’autres – qui décrivent la réaction générale aux révélations des Twitter Files et à d’autres épisodes flagrants de censure sur les réseaux sociaux par les Big Tech.

    L’accord implicite avec des entreprises comme Twitter, Facebook, Google, etc. est très simple : nous regarderons vos publicités si vous nous offrez un service gratuit. L’accord n’incluait pas la censure.

    Mais à quoi la société doit-elle s’attendre lorsque les censeurs semblent n’y voir absolument rien de mal et qu’il ne leur est même pas venu à l’esprit que ce qu’ils faisaient – souvent à la demande expresse d’agences gouvernementales – posait le moindre problème ?

    Pour une génération qui a grandi avec les codes, les convenances imposées, la déférence automatique pour les sentiments d’autrui, et qui a été emmaillotée dans du papier bulle contre les aléas de la vie, la limite de la liberté d’expression n’est certainement pas un saut éthique, mais c’est la bonne chose à faire.

    Si l’on ajoute à cela une auto-infantilisation permanente et délibérée qui les pousse à s’en remettre à toute personne qu’ils perçoivent comme adulte (ou à s’énerver de manière incohérente parce qu’elle n’a pas censuré le discours), comme l’ancien gros bonnet du FBI James Baker sur Twitter, le décor est non seulement planté, mais la fin terrifiante de la pièce s’écrit d’elle-même.

    Cette génération ne sont pas nécessairement les générations Y,  X, ou les millénials – il s’agit de personnes âgées d’environ 16 à 36 ans, des chiffres qui, malheureusement, deviendront probablement de plus en plus importants au fur et à mesure que le temps passe.

    Il s’agit d’une sous-cohorte (j’ai pensé qu’il valait mieux apprendre leur langue) de personnes qui ont beaucoup en commun : tout d’abord, elles sont issues de familles plus petites, ce qui est désormais la règle et n’ont donc pas la peau épaisse et les compétences acquises lorsque l’on a des frères et sœurs.

    Elles ont généralement grandi dans une relative aisance et ne sont pas à l’aise avec la confrontation. Elles ont fréquenté les bonnes écoles mais ne comprennent pas que d’autres puissent penser différemment. Elles sont surdiplômées mais en réalité largement sous-éduquées. Elles éprouvent un sentiment de culpabilité lorsque l’épicerie effectue des livraisons, mais sont convaincues qu’un trajet de 25 minutes jusqu’à l’épicerie est une perte de temps précieux.

    Bien que les exemples soient très nombreux, deux événements émergent comme des moments exemplaires pour la génération censurée. Tout d’abord, cet incident plutôt bien connu de l’ université de Yale , dans lequel un étudiant exige d’être traité comme un enfant, et cette histoire glaçante d’un professeur luttant contre les « meilleurs et les plus brillants » qui demandent à être sermonnés plutôt que de participer à un séminaire.

    Le professeur Vincent Lloyd, directeur des études noires à l’université de Villanova, écrit :

    « Comme d’autres personnes de gauche, j’avais rejeté les critiques du discours actuel sur la race aux États-Unis. Mais mes pensées se tournent maintenant vers les années 1970 où les organisations de gauche ont implosé, la nécessité de s’aligner sur le militantisme de ses camarades conduisant à une culture toxique remplie de dogmatisme et de désillusion. Comment cela a-t-il pu arriver à un groupe de lycéens brillants ? »

    Ce souvenir du passé, pour ainsi dire, ne doit pas être considéré comme une angoisse générationnelle de type « Touche pas à mes fesses ». Lorsqu’on critique le déhanchement d’Elvis Presley, il ne s’agit pas d’effacer de sa mémoire tous ces sous-vêtements apparaissant lors d’ un boogie woogie des années 1940.

    Ces deux exemples montrent clairement qu’un changement radical s’est produit au cours des dix ou quinze dernières années. Il est tout simplement inimaginable que les étudiants d’alors aient exigé davantage de limites, de restrictions, de sermonts, qu’on leur dise ce qu’ils doivent penser et surtout comment ils doivent penser.

    Cela ne s’est jamais produit auparavant

    Cette « agonie doctrinale sur les symboles », pour citer le livre d’Alan Furst Le correspondant étranger , a toujours existé mais elle ne s’épanouissait que dans des environnements monomaniaques isolés, comme les cloîtres d’un monastère médiéval ou une arrière-salle miteuse remplie de bolcheviks qui se chamaillent. Aujourd’hui, ces querelles vides de sens captent une grande partie de l’attention du monde et impliquent une course au bout du dogme, à un purgatoire de pureté qui, grâce à la vitesse des médias sociaux, nous a tous engloutis.

    Le passé a connu son lot équivalent d’événements et de tendances, mais la vitesse à laquelle les « faits », les pensées et les concepts circulent sur l’internet détruit essentiellement les garde-fous habituels contre les mauvaises idées, à savoir la nuance, l’histoire, la recherche, la raison, le temps de réflexion, les sources fiables et le contexte adéquat. Cela a permis aux gens d’ignorer ou de rejeter tout ce qu’ils pensaient être en contradiction avec leurs propres idées et les idées à la mode à ce moment-là. C’est cet état permanent de flux, intentionnellement détaché du passé néfaste et de ses attentes, qui permet à l’impensable non seulement d’être pensé mais aussi d’être mis en œuvre.

    Et parce que c’est le seul monde – un monde de destruction nonchalante – que la génération censurée ait jamais connu, il est tout à fait naturel qu’elle soit si terrifiée à l’idée de dire ce qu’il ne faut pas, de faire ce qu’il ne faut pas, de s’écarter trop du diktat du jour, qu’elle ne peut pas saisir l’énormité de ses actes.

    Yeonmi Park , cette jeune femme réfugiée de Corée du Nord, s’est étonnée lors de son passage à l’université de Columbia : « J’ai réalisé que c’était de la folie. Je pensais que l’Amérique était différente mais j’ai constaté tellement de similitudes avec ce que j’ai vécu en Corée du Nord que j’ai commencé à m’inquiéter ». C’est un avertissement qui devrait être pris en compte mais qui ne l’a pas été. C’est l’ultime outsider qui remarque ce que les autres ne peuvent ou ne veulent pas faire, et c’est dérangeant au plus haut point. Ou du moins, cela le serait si ce n’était pas si peu surprenant.

    Cet abandon par les prétendus progressistes du principe le plus important – tous peuvent parler, tous peuvent être entendus, et vous pouvez décider d’écouter ou non – commence à lasser même les plus anciens de la gauche modérée. Joyce Carol Oates a déclenché une tempête sur Twitter – bien sûr, soupir – lorsqu’elle a critiqué l’annonce récente de la réédition posthume de l’œuvre de Roald Dahl par des lecteurs émotifs engagés par la maison d’édition.

    Pour sa part, Richard Dawkins – qui n’est pas un conservateur patenté – a récemment déclaré, lorsqu’on l’a interrogé sur la proposition d’éliminer l’utilisation de mots tels que « homme » ou « femme » dans les articles scientifiques : « Je ne vais pas me laisser imposer par une version adolescente de Mme Grundy quels mots de ma langue maternelle je peux ou ne peux pas utiliser ».

    Mais il faudra plus que de la honte pour que la génération censurée comprenne son propre vide agressif. Ce n’est que lorsque le système qui l’a créée, qui l’a validée et qui l’emploie aujourd’hui changera lui-même qu’elle pourra se considérer différemment, au même titre qu’un individu discret capable de liberté de pensée et capable de permettre aux autres de jouir de ce même droit fondamental.

    Et ces systèmes – éducatif, gouvernemental, financier, social, culturel – n’ont aucune raison de changer.

    Pour l’instant.

    Sur le web

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      Solitude + Pornhub, ou le triomphe du Moi tout seul

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 10 March, 2023 - 03:40 · 5 minutes

    63 % des jeunes Américains et 34 % des jeunes Américaines sont célibataires . 30 % des Américains adultes sont seuls (ni marié, ni partenaire). 30 % des jeunes Américains et 20 % des jeunes Américaines ont vécu une année complète (2019) sans la moindre relation sexuelle . Seulement la moitié des jeunes Américains célibataires cherchent une partenaire. D’après Fred Rabinowitz, psychologue et professeur à l’Université de Redlands, ces célibataires consomment énormément de porn en ligne et semblent s’en contenter. Sympa !

    Durant le premier confinement lié au covid — comme tout cela paraît loin, quasiment le Moyen Âge ! — je me rendais tous les matins au bureau, à Bruxelles. Soyons honnêtes : je n’ai pas le profil du bon Samaritain. Je ne me lève pas le matin en me demandant comment je vais aider mon prochain : je me lève à 5 h 30 pour travailler, et c’est tout. Or, durant ce premier confinement, cinq de mes voisins sont venus me demander de l’aide. Fallait-il qu’ils n’aient vraiment aucune alternative ! (rappelons que durant le premier confinement, obtenir la visite d’un professionnel était à peu près aussi aisé que la visitation du Saint-Esprit).

    Dring ! Voici ma voisine française de 80 ans, qui suit des cours d’italien en ligne : son ordinateur s’est « bloqué ». Je l’éteins, je le rallume : bingo, ça marche, ce qui tombe bien car je venais d’épuiser mes compétences informatiques. Ma voisine me remercie comme le messie, car, m’explique-t-elle « cet ordinateur qui est en panne depuis trois jours est mon seul accès au monde ! »

    Le voisin du premier colle un post-it sur la porte du bureau : « Pardon de vous déranger, je suis le voisin du premier, je n’ai plus d’eau chaude, pourriez-vous me dire si vous en avez et sinon que faire ? Merci ! » Hop, d’informaticien, je passe chauffagiste.

    La voisine du dessous, une Allemande qui travaille pour une organisation syndicale européenne, ne m’a jamais adressé la parole en une année complète. Voilà-t’y pas que, me croisant dans l’entrée, malgré son masque intégral elle m’agrippe littéralement pour se présenter (après un an !) et échanger sur le sujet qui semble fort la préoccuper : « Mais comment tout cela va-t-il finir ? » et patati, et patata, la voici soudainement bavarde comme une commère latine.

    Les ratiocineurs dans mon genre aimant à réfléchir, je me suis demandé ce qui me valait ces assauts de sociabilité. La détresse de tous ces gens ? Sans aucun doute. Mais pourquoi moi ? Eh bien, parce que ces voisins avaient tous un point commun : ils étaient seuls (selon toute vraisemblance, ils le sont toujours). Seule au monde, la Française âgée ; complètement isolé, le sympathique du premier ; seule et telle une âme en peine, l’Allemande du deuxième. Tous, seuls.

    50 % des Parisiens vivent seuls . La proportion n’est probablement pas très différente à Bruxelles ou Londres . Seuls, avec Pornhub. Ce qui est probablement pire que seul — et je ne suis pas bégueule.

    Comment expliquer ces évolutions étourdissantes en volume comme dans leur rapidité ? On avance des explications ponctuelles, du type : les jeunes femmes sont désormais mieux diplômées que les jeunes hommes (60 % des baccalauréats vont à des femmes). Or, elles ne veulent pas se mettre en couple avec moins bien lotis qu’elles-mêmes. Bad luck, pal ! Cela paraît plausible. Mais à la marge.

    Quand un phénomène concerne la majorité de nos semblables, son explication réside par définition dans l’ontologie de l’époque. Par ontologie, j’entends la structure fondamentale de notre être au monde, au sens de Martin Heidegger.

    Je soutiens l’idée que nous assistons à l’exaspération d’une ontologie apparue au XX e siècle, celle du Moi-souverain, qui rejette toute forme de hiérarchie et se rebelle contre toute contrainte afin de revendiquer la primauté et l’absolutisme du Soi. À la charnière du XIX e siècle et du XX e siècle, émergeait celui qu’ Ortega y Gasset nomme l’homme-masse, qui n’eut de cesse de secouer les jougs hérités du passé. Son vouloir absolu entend se susbtituer aux hiérarchies des siècles. Ortega y Gasset soutient que le communisme et le fascisme sont deux manifestations de cette ontologie nouvelle, celle d’un vouloir dévastateur, qui revendique avec fureur le droit d’avoir tort. Car, toute contrainte, norme ou tradition est désormais un mal en soi.

    Toutefois, cette expulsion des traditions et la destruction de tous les contrats est encore incomplète. L’impérieux vouloir du XX e siècle reste collectif. Les idéologies du XXI e siècle — wokisme, écologisme , boboisme, dégénérescence du libéralisme —  viennent parachever le travail.

    Peu construites sur le plan théorique, les idéologies du XXI e siècle sont les parfaites expressions du Moi-souverain , reflétant son égocentrisme, sa versatilité, son refus de toute contrainte. Je suis ce que je veux si, quand et parce que je l’ai décidé ! La souplesse, le polymorphisme de ces idéologies reflètent le caprice d’un enfant gâté, ce Moi « plein de lui-même tel un joli petit paquet » (William Thackeray).

    La citadelle ultime du Moi, c’est moi. Quand j’ai rejeté toute espèce de contrainte, il ne reste que moi. Moi, c’est-à-dire la seule contrainte que je dois bien souffrir, si je veux rester présent au monde. Ce moi houellebecquien, vaseux, minable, dérisoire empereur d’une royaume de deux pièces, qui passe son temps à geindre sur l’évolution d’une société qu’il incarne pourtant. Car il en est la cause.

    Une génération qui préfère Pornhub, entre deux Deliveroo, aux vertiges infinis de la sexualité réelle ne paraît pas promise à un brillant avenir. Nous allons devoir redécouvrir les vertus, les séductions, les contraintes et les promesses infinies de l’altérité. Démiurgique et passionnant programme !

    Article d’abord publié par l’hebdomadaire flamand ‘t Pallieterke

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      Violences conjugales : les annonces de Borne face à la réalité de la Justice

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 9 March, 2023 - 03:30 · 2 minutes

    Avancées ou reculs, les mesures pour lutter contre les violences conjugales ne manquent pas.

    Ce lundi 6 mars 2023, sur le plateau de « C à vous » , la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé « mettre en place des pôles spécialisés dans chaque tribunal pour pouvoir mieux traiter ces violences conjugales, pour pouvoir aussi répondre globalement aux difficultés que rencontrent les femmes victimes de violences ».

    Du 1er au 16 janvier 2023, déjà 4000 femmes ont contacté le 3919, numéro destiné aux femmes victimes de violences conjugales.

    Le 4 mars 2023, le site noustoutes.org compte 23 féminicides depuis le début de l’année.

    Symptomatiques de la difficulté à endiguer les violences conjugales, ces chiffres témoignent toujours d’un système judiciaire incapable d’apporter une réponse utile.

    Quatre ans depuis le Grenelle, l’annonce de l’instauration de pôles spécialisés sur les violences conjugales dans chaque tribunal fait une nouvelle fois espérer.

    Au total, 200 seraient créés au sein des 164 tribunaux judiciaires et 36 cours d’appel du territoire, et permettraient de répondre « tant au civil qu’au pénal » dans une même affaire de violences à l’occasion d’audiences dédiées, et ce à très brefs délais.

    Après la Première ministre , il est par exemple promis par la ministre déléguée à l’Égalité , Isabelle Rome, la « création d’une ordonnance de protection immédiate en 24 heures que le juge prononcera, sans audience, en urgence, pour garantir la sécurité effective de la victime et de ses enfants ».

    Une promesse qui interroge d’abord dans quelle mesure sera respecté le contradictoire, un des principes fondateurs de l’idée même de justice, et qui lui donne sa légitimité. Une ambition qui remettrait en cause l’intitulé même du poste de la ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes . Quelle égalité resterait-il en effet d’une ordonnance d’éloignement d’un domicile conjugal injustement prononcée contre un conjoint présumé violent, car comme le veut la formule, l’absent à toujours tort ? Cette justice d’abattage serait ainsi une atteinte à la présomption d’innocence qui engorgerait donc les cours d’appel.

    Une promesse qui interroge aussi sur la mise en œuvre d’une telle mesure au regard du manque déjà accru de moyens de la justice, et pourrait donc engorger toujours plus un système à bout de souffle. Se pose donc la question d’évaluation des politiques publiques pour estimer ces besoins humains et matériels sans pénaliser d’autres chambres ou aggraver un peu plus les délais d’audiencement.

    Une promesse qui interroge encore sur son délai de mise en place dans un impératif d’égalité sur tout le territoire, et s’il faudra par exemple encore quatre ans pour la voir aboutir de façon homogène sur tout le territoire, et autant de victimes.

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      Protections périodiques, précarité menstruelle et démagogie permanente

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 8 March, 2023 - 04:30 · 3 minutes

    « Je me soucie [de ce sujet] et je trouve que c’est impensable que des femmes ne puissent pas avoir les protections dont elles ont besoin et qu’elles souhaitent. Donc je vous annonce que nous allons mettre en place un remboursement par la Sécurité sociale des protections périodiques réutilisables, à partir de l’an prochain. »

    C’est ce qu’a sérieusement annoncé sur France 5 Élisabeth Borne.

    Cette mesure vise à lutter contre « la précarité menstruelle ». Si vous ignoriez l’existence de ce drame, sachez qu’il s’agit « des difficultés pour de nombreuses filles et femmes à se procurer des protections hygiéniques à cause de leurs faibles revenus. »

    La précarité menstruelle

    On peut comprendre cette précarité dans les pays sous-développés. Plan international, une « ONG de solidarité internationale qui agit pour un monde juste qui fait progresser les droits des enfants et l’égalité filles-garçons » souligne d’ailleurs en quoi consiste cette précarité menstruelle :

    « Les conditions d’hygiène précaires à l’école, causées entre autres par le manque d’eau courante ou d’installations sanitaires adaptées, constituent un frein supplémentaire au plein épanouissement des filles et des adolescentes durant cette période. Dans certains pays affectés ou à revenu faible, tels que le Bangladesh, le Bénin ou encore le Yémen, 50 % des écoles n’ont pas de toilettes. »

    Reconnaissons qu’on voit assez peu de femmes sanguinolentes dans les rues de Paris ou d’ailleurs pour cause d’impossibilité d’accéder à des protections périodiques… qui coûtent entre 0,09 euro pièce (pour le modèle de base) et 0,34 euro (pour le modèle écologique, bioresponsable, confort absolu, coton équitable-cultivé-sans-personne-de-couleur-ni-enfant-exploité).

    Remboursement des protections périodiques par… l’assurance maladie ?

    Depuis quand les règles sont-elles entrées dans la catégories des « soins » ouvrant droit à un remboursement ? Que l’on prélève les cotisations sociales des Français pour le cancer des uns, pour les transfusions des autres, de la chirurgie, des médicaments ou même des protections contre l’incontinence, qui n’est pas physiologique, c’est un fait entendu. Mais faire entrer dans la liste des produits remboursables une protection contre les règles, est-ce bien le rôle de la Sécu ?

    Être une femme serait donc devenu… une maladie dont il faudrait rembourser les effets indésirables ?

    Il est très choquant de faire assumer par la collectivité une différence naturelle. Si on pousse un peu le raisonnement (et mémé dans les orties), pourquoi ne pas rembourser les messieurs d’une boîte de kleenex puisque leurs rêves érotiques nocturnes et leur physiologie les oblige, quelle injustice, à utiliser de quoi s’essuyer ? Pourquoi n’y aurait-il pas, pour faire bonne mesure, une « précarité éjaculatoire » ?

    La Sécu, variable d’ajustement économique et électoral

    Restons sérieux. Montrer qu’on se préoccupe des femmes (opprimées et pauvres) en dépensant de l’argent public est facile. Plus facile que de modifier le droit du travail. Ou de toucher aux taxes. Mais cette politique permet de manifester ostensiblement comme dans d’autres pays, notre appartenance à la tendance woke , à la mode.

    La Sécurité sociale ne peut pas servir de variable d’ajustement à l’inflation, ne peut pas servir à « compenser » la pauvreté induite par tant de mauvaises décisions politiques. La Sécu ne devrait pas être un outil politique. Et pourtant… n’est-ce pas ce qu’elle est devenue depuis que les politiciens en recherche d’électorat ont su l’utiliser ? Nous en avons depuis ce lundi, une criante démonstration.

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      Migrations et frontières : une brève histoire du passeport

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 7 March, 2023 - 03:40 · 7 minutes

    Par Marie-Carmen Smyrnelis.

    Au moment où les responsables français discutent du « projet de loi pour contrôler l’immigration et améliorer l’intégration » il est utile de revenir sur l’histoire d’un document devenu essentiel aussi bien pour les individus que pour les États : le passeport.

    À quelques exceptions près, comme l’espace Schengen , il est actuellement impossible de franchir une frontière internationale sans un document officiel attestant de son identité et de sa nationalité. Le passeport est progressivement devenu indispensable pour toutes les personnes désirant se rendre dans un pays étranger.

    Son histoire reflète la lente construction des États-nations et des moyens qu’ils ont mis en place au cours des siècles pour mieux identifier leurs ressortissants, les distinguer des étrangers et enfin pour contrôler les mobilités.

    Le contrôle des flux de populations

    L’usage du passeport se développe à partir du XV e siècle en France mais également dans le Saint-Empire ou en Suisse, en remplacement des sauf-conduits qui, au Moyen Âge, étaient délivrés à des groupes de voyageurs (émissaires royaux, marchands, etc.) par leurs autorités pour garantir leurs droits lors de leurs déplacements.

    En témoigne d’ailleurs l’apparition en 1420 du mot passeport dans la langue française . Le document, auparavant délivré à des groupes, se transforme petit à petit. Dans le courant du XIX e siècle, il est remis à des individus ou du moins à des membres d’une même famille circulant ensemble.

    Il s’agit pour les États non seulement de faciliter mais aussi de limiter les mobilités de certains. Si l’arrivée trop importante d’indigents dans une région ou une ville fait toujours peur aux autorités de celle-ci, les départs de soldats et de marins, ou encore d’artisans et d’ouvriers, inquiètent tout autant – par crainte des désertions dans le premier cas, de la perte d’une main-d’œuvre éventuellement spécialisée dans le second.

    Pour les États du XIX e siècle, il est essentiel, au moyen des passeports, d’« étreindre » leur population, pour reprendre les termes de l’historien américain John Torpey dans son ouvrage publié en français en 2000 sous le titre L’Invention du passeport. États, citoyenneté et surveillance . Cette « étreinte » vise à affirmer la souveraineté de l’État sur le territoire national ; à en permettre la défense par la conscription ; à percevoir les impôts ; à identifier et recenser les citoyens ; à leur accorder aide et protection pendant leurs voyages ; et enfin à contrôler les mobilités à une époque où elles connaissent une forte croissance.

    Au fur et à mesure que chaque État se définit comme national, l’étreinte implique de surcroît l’établissement d’une distinction claire entre ses ressortissants et les étrangers, et donc des papiers pour la mettre en œuvre.

    Le passeport et les autres documents d’identification (livrets militaires et ouvriers par exemple) deviennent, pour chacun, obligatoires pour se déplacer et le cas échéant décliner son identité. Tout au long du XIX e siècle, en France, mais aussi au Royaume-Uni, en Prusse, en Grèce ou dans l’Empire ottoman, des lois et règlements sont édictés pour préciser leur forme et leur usage.

    Standardisation et précision du passeport

    De nombreux pays disposent alors de deux types de passeports, chacun assigné au contrôle d’un type différent de mobilité : ceux pour l’intérieur, destinés à la seule circulation au sein du pays, visent à limiter, comme aux siècles précédents, l’accès de certains (vagabonds, ruraux, etc.) principalement aux villes, tandis que ceux pour l’extérieur ont pour objectif de surveiller les départs vers l’étranger et d’empêcher les étrangers de pénétrer dans le pays sans que les autorités en soient informées.

    La jeune Grèce, créée en 1830, et l’Empire ottoman imitent en cela des pays comme la France ou l’Empire russe et adoptent les deux modèles de passeports, respectivement dès sa création et, pour le second, dans les années 1810. L’Empire ottoman a d’abord recours à des « feuilles de route » (ou passeports pour l’intérieur) avant de ressentir le besoin d’instituer en 1844 les passeports pour l’extérieur, établissant ainsi une distinction claire entre les papiers nécessaires aux diverses mobilités.

    Au XIX e siècle, les pays européens mais également les Empires comme le russe ou l’ottoman, tâtonnent pour normaliser le format de leurs passeports. Imprimés sur un registre à souche et sur du papier spécial pour lutter contre les falsifications, ils comportent le nom et le sceau de l’autorité émettrice (consulat à l’étranger, gouverneur de province, ministère des Affaires étrangères, préfet de région, etc.), ainsi que la date et le lieu de délivrance.

    Les informations sur le porteur du passeport s’affinent tout au long du siècle : ses nom, prénom, date et lieu de naissance, profession, lieu de résidence, s’ajoutent des caractéristiques physiques précises. Sont ainsi mentionnés taille, couleur de ses cheveux et des yeux, éventuels signes particuliers, et dans certains passeports, la forme de son visage, de sa bouche ou de son nez, la couleur de son éventuelle barbe ou moustache, de ses sourcils ou encore de son teint.

    À l’extrême fin du XIX e siècle, sont créées de nouvelles méthodes d’identification par le corps (empreintes digitales, anthropométrie) pour améliorer la reconnaissance des individus . Inspirées des techniques de l’identité judiciaire et d’abord, à partir de l’extrême fin du XIX e siècle, appliquées à des personnes recherchées par la police et à des catégories sociales particulièrement surveillées (tels que les Tsiganes), elles s’étendent très vite. Le signalement de l’individu devient plus précis. Les passeports du début du XX e siècle comprennent souvent une photographie, de même que les empreintes digitales de leur détenteur.

    Un justificatif d’identité nationale

    Jusqu’au début du XX e siècle, le passeport peut être utilisé pour établir son identité, mais pas nécessairement pour attester de sa nationalité. Les individus jouent souvent de cette ambiguïté et cherchent à s’appuyer sur ce document pour confirmer leur identité, y compris nationale, lors de chacun de leurs déplacements, et en particulier quand ils arrivent en pays étranger. De leur côté, les autorités de plusieurs pays le reconnaissent parfois comme une preuve de la nationalité lorsque la mention de celle-ci figure sur le passeport, sans toutefois que cela soit la règle. Par exemple, dans son article 18, le règlement ottoman sur les passeports de 1911 précise qu’« en cas de contestation de la nationalité, le passeport seul ne pourra pas être considéré comme une pièce justificatrice ».

    Le déclenchement de la Première Guerre mondiale change profondément la donne : les contrôles des passeports, donc des mobilités et des identités individuelles, sont rétablis sur tout le continent européen mais également aux États-Unis. Il s’agit d’interdire l’accès à certaines parties des territoires nationaux (dont les zones de combat), de mieux identifier les suspects d’activités pacifistes ou d’espionnage, de surveiller les départs vers l’étranger pour éviter que certains ne se soustraient à leurs obligations militaires et de distinguer les nationaux des étrangers dans un contexte d’exacerbation de la xénophobie.

    À l’issue de la guerre, les contrôles deviennent permanents. La surveillance de ceux qui franchissent les frontières nationales, à l’entrée ou à la sortie, est renforcée par de nombreux pays qui exigent, à l’image du Royaume-Uni, qu’à défaut de pouvoir présenter un passeport, l’individu puisse disposer d’un document d’identité, avec une photographie, attestant de sa nationalité. Les passeports de différents pays mentionnent désormais systématiquement la nationalité du porteur. Les catégories d’apatrides, exilés, étrangers prennent tout leur sens à partir de cette période tourmentée.

    Par ce long processus d’élaboration, le passeport emprunte progressivement la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. S’il évolue encore avec le développement de la biométrie , son objectif reste le même : celui de la construction d’une communauté nationale par l’identification et le contrôle de ses membres et de leurs mobilités. The Conversation

    Marie-Carmen Smyrnelis , Professeur ordinaire à l’Institut Catholique de Paris (EA 7403) et Fellow de l’Institut Convergences Migrations, Institut catholique de Paris (ICP)

    Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’ article original .

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      Fact-checking : attention à l’excès

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 3 March, 2023 - 03:50 · 4 minutes

    Depuis un certain nombre d’années se développe le phénomène de fact-checking (vérification de faits) au sein des médias et des réseaux sociaux.

    Le principe part d’un bon sentiment : avec la prolifération des informations, il faut démêler le vrai du faux. Toutefois, on assiste à une dérive au niveau des fact-checkers qui tendent de plus en plus à rejeter toute hypothèse qui n’irait pas dans le sens idéologique dominant en l’accusant de complotisme. Le problème est que certaines théories deviennent soit probables soit avérées, affaiblissant de fait le fact-checking et renforçant le vrai complotisme .

    Le cas du covid échappé du labo : de théorie du complot à hypothèse très possible

    Le cas de l’origine du Covid-19 est un bon exemple d’une dérive des fact-checker . En 2020, déclarer que l’origine de la pandémie est une fuite du laboratoire de Wuhan était qualifié de complotiste par la presse. Le fait que Donald Trump , alors président des États-Unis, ait relayé cette théorie a contribué à l’hostilité médiatique. Le problème est que cette réaction pavlovienne s’est cassé les dents face à l’évolution de la situation et des discours. On se retrouve désormais en février 2023 avec le FBI qui considère que l’hypothèse d’une fuite de laboratoire est désormais très probable .

    Certes, pour l’instant, rien n’est encore sûr et certain sur l’origine du virus mais les discours ont changé et nous sommes passés d’un débat interdit à un débat possible et encouragé.

    Une dangereuse généralisation du complotisme

    L’erreur d’un fact-checker est en soi plus grave qu’une simple erreur. En se positionnant comme le rempart contre la désinformation, en considérant comme complotiste une information qui ne l’est pas tant que ça détruit la confiance. Pire, la remise en question d’un narratif assimilé à de vraies théories farfelues (l’hypothèse de la fuite du labo placée côte à côte avec les complots liés à la 5G) fait progresser les secondes dans l’espace médiatique.

    De plus, en pointant que les théories relatives à l’ origine du covid sont propagées par des personnalités d’extrême droite, les fact-checkers leur font de la publicité involontaire. Et en considérant ces théories d’extrême droite, ils créent un tabou social, offrant à l’extrême droite l’exclusivité de cette théorie. Évidemment, quand celle-ci devient vraie ou possible, les gains politiques se font en faveur de cette dernière.

    L’exemple des viols à Cologne lors du Nouvel An 2016 illustre la façon dont les médias popularisent l’extrême droite en voulant lutter contre elle.

    Comme le précise le New York Times le 5 janvier 2016 : « Les agressions n’ont pas été mises en évidence par la police et ont été largement ignorées par les médias allemands durant les jours qui ont suivi. » Ce silence médiatique qui se voulait justifié pour éviter de donner du grain à moudre aux anti-immigrants a renforcé ces derniers.

    Le complot existe en politique et en géopolitique

    Rejeter l’idée de complot dans la vie politique est en soi un problème, car l’Histoire montre l’inverse. Les relations internationales et la géopolitique sont riches d’épisodes de manipulations et de stratégies peu éthiques. Une information présentée comme la narration de faits réels peut se révèler complètement fausse.

    L’une des plus célèbres est le massacre de Katyn pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus de 22 000 membres de l’intelligentsia polonaise ont été tués. Pendant toute la guerre froide, les Soviétiques ont imputé ce massacre aux nazis. À la chute de l’URSS, il a été révélé qu’il avait été commis par les Soviétiques sur ordre de Staline.

    Les Soviétiques ne sont pas les seuls à pratiquer la désinformation officielle. En 1989 l’affaire des charniers de Timișoara a provoqué un emballement médiatique occidental sur l’existence d’un charnier de plus de 4000 morts à Timișoara en Roumanie suite à la répression du dirigeant communiste Ceaușescu. Les images de ces charniers ont tourné devant les caméras occidentales. Problème : la large majorité des corps exposés n’avait rien à voir avec la répression et avait été extraite des cimetières. Si les médias se sont excusés par la suite, cette affaire reste un traumatisme pour le milieu médiatique.

    Dans les deux cas, ces mensonges servaient de propagande pour manipuler la masse. Qu’il s’agisse d’un État comme l’URSS ou d’un groupe tel celui qui voulait renverser le régime communiste roumain, la désinformation n’a pas attendu la montée des extrêmes. Elle est de fait une composante de l’action politique.

    Par conséquent, il ne faut pas être naïf et tomber dans une totale paranoïa. Recouper les sources plutôt que suivre une référence ultime est l’un des meilleurs moyens de lutter contre la désinformation.

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      « La tyrannie du divertissement » d’Olivier Babeau

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 3 March, 2023 - 03:30 · 15 minutes

    Cet ouvrage absolument passionnant et particulièrement instructif s’inscrit dans la réflexion sur le temps long, à l’instar de deux autres essais que nous avons présentés très récemment : Les écologistes contre la modernité de Ferghane Azihari et L’amour et la guerre de Julien Rochedy. Même remontée dans le temps depuis le Paléolithique et le Néolithique jusqu’à aujourd’hui, en retraçant de grands bouleversements ayant eu lieu à différentes époques entre les deux. Même apport de connaissances époustouflant, qui ne manque pas de surprendre le lecteur par les enseignements que l’on peut en tirer. Un vrai travail de fond, des réflexions approfondies qui interrogent nos pratiques à l’aune du monde contemporain.

    La civilisation du loisir

    À l’heure où une partie des Français sont dans la rue pour protester contre la énième tentative de réforme des retraites, il est intéressant de prendre du recul afin de réfléchir à l’évolution des sociétés humaines au cours des millénaires, en particulier en matière de travail et de loisirs.

    Jamais, remarque Olivier Babeau , l’être humain n’a eu autant de temps libre depuis le début de la civilisation. Mais l’utilise-t-il de manière opportune ? Rien n’est moins sûr. Surtout à l’ère du numérique , qui a favorisé le plaisir immédiat , la recherche du moindre effort, la superficialité, le divertissement, et… l’isolement. Au détriment de la culture qui enrichit, de l’ouverture aux autres, de l’équilibre personnel.

    Pourtant, la question de l’utilisation du temps libre est une question relativement nouvelle. Pris en tenaille entre travail et nécessités, les humains n’ont pas toujours eu cette chance de pouvoir bénéficier d’autant de temps pour soi. Allongement de l’espérance de vie et recul du temps de travail ont bouleversé nos modes de vie en nous permettant d’accéder à beaucoup plus de temps qu’avaient pu en avoir les générations qui se sont succédé depuis au moins la révolution industrielle. Mais pour en faire quoi ? C’est un vrai défi en soi. Et la thèse défendue par Olivier Babeau est que nous traversons une crise du loisir. Ce temps disponible étant presque entièrement dominé par le divertissement , pris dans un tourbillon ravageur qui a pour effet d’enfermer et de creuser les inégalités de manière dramatique, voire tyrannique.

    Une histoire du temps libre

    Ce qui m’a véritablement frappé à la lecture du livre est, d’une part que l’on connaisse aujourd’hui avec tant de précision comment nos ancêtres préhistoriques occupaient leur temps et d’autre part que la très longue histoire des premiers hominidés (qui remonte à deux millions et demi d’années) jusqu’au Néolithique est marquée par une vie orientée en grande partie vers l’oisiveté, contrairement à tous les a priori que l’on peut avoir selon une sorte de « présent éternel » bien éloigné de ce que nous pouvons connaître au cours de notre ère. Je n’entrerai pas dans la précision mais j’ai dévoré la lecture des chapitres et conseille à tous ceux qui sont curieux la lecture du livre, tant il est riche en surprises.

    La vraie rupture est le passage au Néolithique, la sédentarisation ayant transformé profondément les communautés humaines mais paradoxalement restreint sensiblement le temps libre, contrairement à ce qui avait pu en partie en motiver l’érection. Il devient alors un marqueur et un outil de pouvoir, jusqu’à nos jours, la hiérarchisation des sociétés datant en quelque sorte de cette époque.

    Olivier Babeau nous invite à un voyage à travers le temps, mettant en lumière les trois grands usages du temps libre au fil des siècles et des époques, avec en exergue la conception du sens de l’existence et de l’art de vivre. On distingue ainsi le loisir aristocratique – tout entier tourné vers la préoccupation de tenir son rang, de se définir par l’appartenance au groupe -, le loisir studieux – fondé sur le perfectionnement de soi, l’amélioration de ses capacités -, et le loisir populaire – qui s’épuise dans l’instant et dont la finalité semble être de passer le temps, se délasser, se divertir. Avec son lot d’implications, à chaque époque, bien marquées.

    La sagesse antique ne propose pas de se tourner vers une divinité mais de se tourner vers soi. Elle est, chez les Romains, une conversio ad se . C’est une éthique de la maîtrise dont le but est, comme chez Sénèque , de dépasser la simple voluptas (plaisir) pour parvenir à la laetitia (bonheur, joie). […] Quand Cicéron emploie le terme d’ humanitas , des humanités, il désigne les activités de l’esprit qui font devenir pleinement humain, par opposition à l’animal, et pleinement civilisé, par opposition aux Barbares […] L’humaniste italien Plutarque écrit au XIV e siècle La Vie solitaire , un éloge de la solitude permettant à l’homme de progresser vers la perfection morale et intellectuelle.

    Autre élément qui m’a frappé au cours de cette lecture, ce chiffre éloquent (toujours au moment où le pays s’émeut sur la question des retraites et où certains jugent de bon ton de réclamer un droit à la paresse ) : le temps de travail représentait 12 % de celui d’une vie éveillée en 2015, contre… 70 % en 1841 ! On mesure à quel point la déconnexion avec le temps long est préoccupante en matière de réalités.

    De fait, le temps pour soi s’était largement éclipsé pour le plus grand nombre depuis la révolution industrielle en particulier et dans une moindre mesure depuis la révolution néolithique, comme nous l’avons vu. Sa renaissance s’inscrit dans les fantastiques progrès économiques réalisés, permettant cette tendance au cours des toutes dernières décennies . Un nouvel arbitrage entre travail et loisir a permis cette « explosion du temps libre », mais il s’agit aussi d’un « cadeau empoisonné ».

    L’accroissement des inégalités

    Car tout le problème est là : l’accroissement des inégalités se fait sans qu’on en ait conscience, par la différence dans les temps de travail des professions dites supérieures et de celles qui exigent toujours moins de temps de travail (il convient de lire le détail des explications pour bien en comprendre les mécanismes), et plus encore dans la mauvaise utilisation de ce temps libre, cœur du livre. Sans que l’auteur porte de jugement moral sur le travail, précisons-le bien.

    Même si Olivier Babeau juge heureux ce retour historique à plus de temps de loisirs et le voit comme un réel progrès, il entend en effet nous interroger non plus sur le sens du travail mais sur la question « non moins redoutable » du sens du loisir. Le problème étant que le triomphe du loisir est allé de pair tant avec une forme de désespérance existentielle (et de consommation d’antidépresseurs et autres drogues) que d’une inégalité croissante du fait que le divertissement est venu occuper presque tout le temps de loisir disponible de certaines catégories de gens.

    Les conditions de la réussite se sont ainsi profondément transformées. Les classes supérieures ont fait du loisir un travail devenu clef de la reproduction sociale, qu’on le veuille ou non. Et c’est ce que notre auteur explore de manière passionnante.

    Les hiérarchies sociales ont été longtemps déterminées par la puissance physique. Puis, dans les sociétés de classe, par la naissance. Au XIX e siècle, la possession du capital en était la clé. Depuis un siècle, les places s’attribuent désormais par ce que l’on peut appeler le talent. Les muscles, les ascendants, le patrimoine financier, ne sont plus la clé la plus générale et certaine du succès. Désormais, c’est le cerveau.

    Dans cette course à la compétence, les laissés-pour-compte sont ceux qui s’enferment dans le culte de l’immédiat et du divertissement sans fond, sans même prendre conscience qu’ils seront les perdants de demain. Car en matière d’inégalités, on se trompe de cible en se fixant sur les revenus ou le patrimoine, qu’il faudrait selon beaucoup prélever en vue de fabriquer une égalité durable. Or, montre Olivier Babeau, ce n’est pas le facteur le plus déterminant. Ces politiques échouent d’ailleurs, car fondées sur un mauvais diagnostic, insiste-t-il. En ce sens, faire le procès du mérite est une grave erreur , dont la faute revient aux conceptions erronées de Jean-Jacques Rousseau sur la société pervertie et l’idéalisation de la nature qui serait bonne .

    Le nouvel ordre du monde lance des défis inédits. L’occupation des meilleures places sociales y demande plus que jamais une forme d’excellence qui ne s’acquiert que par un effort prolongé et méthodique. La compréhension de ce mécanisme nous livre une grille de lecture des dynamiques égalitaires qu’il faut à présent détailler, car le temps libre y joue un rôle central.

    En effet, le capital culturel joue un rôle important dans les trajectoires de vie. Hélas, le système éducatif échoue à corriger les inégalités en la matière par ses choix hasardeux . On assiste depuis trop longtemps, déplore l’auteur, au déclin du courage . Là où la volonté et le sens de l’effort constituent des facteurs-clé de la réussite, il s’agit de valeurs qui n’ont plus vraiment la cote. Dans ce contexte, le travail sur soi se trouve discrédité et la démocratisation du loisir studieux est un échec.

    Si la culture sert à distinguer, c’est, conclut la vulgate bourdieusienne, qu’elle ne sert qu’à ça et qu’elle a été créée en vue de ça. Il n’est pas envisagé qu’il puisse s’agir d’une conséquence parmi d’autres, d’un effet collatéral de la sophistication de groupes sociaux développant des mœurs particulières. Autrement dit, Bourdieu n’accepte à aucun moment que la distinction puisse être une conséquence et non une fin. Celui qui apprend à lire dans une population d’analphabètes se distingue pourtant profondément, accède à un monde entièrement différent qui changera toute sa manière de vivre. Il n’a pas appris pour s’éloigner de ses semblables, il s’est éloigné car il a appris.

    Le loisir en miettes

    Dès lors, dans la deuxième moitié du XX e siècle, se cultiver devient suspect et cet instrument bourgeois qu’est le savoir doit être aboli. C’est ainsi, qu’au nom de la « justice », on s’ingéniera à affaiblir la mystique du travail et à abandonner la démocratisation de la culture, réalisant ainsi ce que prophétisait Hannah Arendt .

    Le tourisme de masse et ses artifices n’en est que le symptôme. Tandis que le service public de l’audiovisuel s’est fourvoyé dans un divertissement formaté bien éloigné des missions qu’il s’était fixé à l’origine, symbole à la fois de l’horreur politique et du « loisir en miettes », réduit à ce dramatique accaparement du « temps de cerveau disponible » dont le réseau Tik Tok constitue le reflet le plus emblématique.

    L’économie de l’attention est fondée sur la capacité à mettre à profit nos instincts les plus primaires. Une course qui prend notre cerveau reptilien comme levier. En substituant la culture à la nature, la civilisation a créé depuis longtemps une tension entre la façon dont fonctionnent notre corps et notre esprit, conçus pour le monde d’il y a cent mille ans, et notre mode de vie. La civilisation a progressé bien plus vite que nos structures biologiques. Depuis l’accélération époustouflante des évolutions technologiques, le décalage avec notre cerveau est devenu une béance. C’est là, dans ce décalage entre notre cerveau de chasseur-cueilleur et notre vie d’homme vainqueur de la nature et capable d’explorer l’espace, qu’interviennent ceux qui veulent nous influencer.

    On peut ainsi constater que tout le temps gagné grâce aux technologies, aux innovations et aux découvertes scientifiques, a en fin de compte été dilapidé de manière dérisoire, « dans le néant d’une fuite en avant solitaire », à très peu se cultiver ou développer notre rapport aux autres, mais plutôt à « scroller » et à se divertir jusqu’à l’ennui, voire la dépression, inversant le sens même qui pouvait lui être alloué.

    Le divertissement était le moment fugitif de délassement d’une vie harassante. Il est devenu un état de transe habituel, parfois interrompu par de courts moments de labeur. Le loisir distrayait du travail. Aujourd’hui le travail vient distraire d’une vie de loisirs. N’avons-nous pas perdu beaucoup en perdant le sens du temps, de la lenteur, de la durée ?

    Dans cette « dictature de l’immédiateté », les écarts se creusent de plus en plus entre classes sociales, ayant des retentissements aussi bien en termes de réussite que de santé et d’espérance de vie. Les comportements à risque et l’attrait de l’immédiat sont beaucoup plus puissants au sein des classes dites populaires, tandis que ceux qui ont la capacité à différer les plaisirs et ont un rapport différent à la vie auront plus de chances de réussir leur vie.

    Savoir différer une satisfaction immédiate au profit de gratifications futures est une compétence essentielle. Plus grande est la maîtrise de soi, plus grande est la réussite.

    Constat cruel mais imparable qui démontre que la transmission des valeurs joue un rôle déterminant dans notre avenir. Les enfants favorisés « reçoivent un rapport différent à la vie, au savoir, à la prise de risque, à la curiosité, à l’effort. Et c’est sans doute ce qui est le plus déterminant dans l’inégalité des destins ». Inversement, ceux issus de milieux moins favorisés ont une plus forte propension à se laisser soumettre, voire à consentir à la manipulation cérébrale, au culte de l’immédiat, de la captation de l’attention, de la récompense immédiate, laissant toute latitude à ceux qui veulent asservir nos esprits de le faire.

    Et le constat à la fois de leur plus grand échec scolaire, mais aussi du moindre développement de leur cerveau est proportionnel à l’importance de leurs comportements addictifs liés aux écrans, et ce de plus en plus dès leur plus jeune âge, dans un environnement souvent peu propice aux interactions et stimulations, surtout lorsque leurs parents eux-mêmes sont hyperconnectés et repliés sur leurs écrans .

    Se former aux loisirs

    Olivier Babeau ne s’en tient cependant pas au diagnostic et au fatalisme de l’aliénation par le loisir. Il pense au contraire qu’il est tout à fait possible de réagir, d’adopter des stratégies réfléchies de préservation du cerveau. Elles passent bien entendu par l’éducation, l’apprentissage du bon usage des technologies, la restauration de l’égalité des chances par une réforme de l’école, à condition que les politiques ne se contentent pas, comme toujours, de commander des rapports à des commissions de réflexion, qui ne débouchent pour ainsi dire jamais sur quoi que ce soit de concret.

    Il en appelle ainsi à une revalorisation radicale du métier d’enseignant, qui doit « redevenir l’élite et la fierté de la nation » (à niveaux de salaires très fortement revalorisés, qui doivent attirer les meilleurs profils), et à une restauration de l’esprit de la skholè , de la capacité à transmettre du savoir, loin de la démagogie de tout ce qui a sonné le glas de l’école , cette dernière devant être profondément transformée, selon des modalités qu’il détaille dans le livre, en particulier le mentorat.

    À condition de hiérarchiser et équilibrer en parallèle les loisirs, de manière à combattre l’ignorance , sans quoi tout cela serait vain. Là aussi, il consacre la fin de l’ouvrage à en détailler les idées, selon une hiérarchisation fondée sur le principe du « Jouir judicieusement des loisirs », et sans prendre parti pour une forme artistique ou une époque. Sans non plus nier l’importance du divertissement, mais simplement en en réduisant la place excessive et hégémonique, de manière à trouver une meilleure harmonie, par la modération et la véritable émancipation.

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      Mettons fin à la « call-out » culture

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 2 March, 2023 - 03:30 · 4 minutes

    Par Dan Sanchez.

    On n’entend plus beaucoup parler de « culture de la dénonciation » ( call-out culture ). Le terme a été supplanté par celui de « culture de l’annulation » ( cancel culture ). C’est regrettable, car la première est un problème plus fondamental à traiter que la seconde.

    La culture de l’annulation est un sous-ensemble et une excroissance de la culture de la dénonciation .

    Le « call-out » désigne une honte publique visant à infliger une punition sociale aux comportements non conformes (en particulier les idées fausses) afin d’imposer la conformité comportementale. Et l’annulation est simplement l’une des formes les plus sévères de cette punition.

    La menace implicite de toute humiliation est la dissociation : moins d’amis, de fans, d’adeptes, de clients, de possibilités d’emploi, de partenaires commerciaux, etc. Et l’annulation est une désolidarisation quasi-totale : c’est l’ostracisme social.

    Les annulations ne sont que des batailles particulièrement brutales au sein d’une guerre plus large et constante de honte mutuelle qui envahit notre discours public, en particulier sur Internet. Pour éviter les batailles, nous devons résoudre la guerre.

    La culture du call-out comme endoctrinement

    Pour comprendre pourquoi cette guerre est si pernicieuse et futile, prenons un exemple typique de la culture de la dénonciation en action.

    Disons qu’un guerrier de la justice sociale a vent de quelqu’un qui exprime une hérésie contre l’orthodoxie woke . Le SJW « dénonce » publiquement l’hérétique. Une foule woke se rassemble et une « session de lutte » en ligne commence.

    Comment l’hérétique pourrait-il réagir ?

    Il pourrait se mettre en colère contre les attaques et par conséquent s’accrocher encore plus à son hérésie. L’appel peut se retourner contre lui.

    Mais il peut aussi réussir. L’hérétique visé peut être ébranlé par les dénonciations et effrayé par la menace de dissociation implicite dans les attaques. Il ne veut pas perdre ses amis, ses fans, ses adeptes, ses clients, ses partenaires commerciaux, etc. Alors il fait des courbettes, exprime des regrets, renonce à son hérésie passée et professe l’orthodoxie, jusqu’à devenir lui-même un inquisiteur qui renforce l’orthodoxie.

    Maintenant, pourquoi ferait-il cela ?

    Il est concevable que la honte et sa menace implicite l’aient poussé à réexaminer ses croyances, ce qui aurait pu l’amener à accepter la foi dans son cœur et à se repentir sincèrement.

    Mais il est beaucoup plus probable qu’il se conforme à l’orthodoxie principalement par souci de préservation et d’avancement personnel : pour préserver et faire progresser son statut social parmi les personnes bien élevées.

    C’est exactement ce que ses inquisiteurs faisaient probablement lorsqu’ils l’ont interpellée en premier lieu : signaler la vertu au nom de la crédibilité wok.

    Les inquisiteurs peuvent se féliciter de lui avoir « donné une leçon ». Mais ce genre de leçon n’est pas une véritable éducation, mais un endoctrinement.

    Quelle est la différence ? L’éducation consiste à aider quelqu’un à accepter un ensemble de croyances en l’aidant à les comprendre. L’endoctrinement consiste à utiliser des conséquences imposées pour inciter quelqu’un à accepter un ensemble de croyances sans esprit critique. Ces conséquences imposées peuvent être des « carottes », comme des pots de vin, ou des « bâtons », comme des menaces d’annulation.

    L’endoctrinement de la vérité ?

    La culture du rappel/de l’annulation est souvent associée à la gauche politique mais de nombreux conservateurs et libéraux y participent également. Certains affirment que la culture du rappel n’est mauvaise que lorsque les valeurs imposées sont mauvaises : par exemple, l’utilisation de la honte pour imposer des valeurs gauchistes nuisibles est mauvaise, mais son utilisation pour imposer des valeurs conservatrices et libérales est bonne.

    La honte a une fonction sociale et peut être éducative ; elle peut communiquer de bonnes valeurs d’une manière qui incite les individus à s’interroger sincèrement sur leurs propres erreurs et vices. Mais dans la culture actuelle du discours en ligne, le péché mortel de la colère nous pousse trop souvent à abuser de la honte. Une honte excessive n’induit pas l’introspection mais la terreur, pas l’éducation mais l’endoctrinement.

    Et s’il est possible d’endoctriner les gens pour qu’ils se conforment à de bonnes valeurs, ce n’est pas conseillé. Les croyances endoctrinées ont tendance à disparaître dès que les carottes et les bâtons qui les soutenaient sont retirés.

    De plus, l’endoctrinement est un jeu perdant pour les partisans des croyances bonnes et vraies. En effet, la réussite de l’endoctrinement dépend de l’efficacité (et de l’impitoyabilité) avec laquelle les inquisiteurs manient leurs carottes et leurs bâtons, et non de la bonté ou de la vérité des croyances endoctrinées.

    En participant à la guerre culturelle, les champions du bien et du vrai perdent leur avantage unique et décisif dans le concours d’idées. Le jeu gagnant pour la vérité et la justice n’est pas l’endoctrinement et l’inquisition, mais l’éducation : il ne s’agit pas simplement d’établir et d’imposer une conformité extérieure, mais de faciliter une compréhension authentique et une conviction sincère. C’est le terrain de jeu sur lequel la bonté et la vérité sont les facteurs décisifs.

    Comme l’a écrit Leonard Read, les partisans de la liberté et de la vertu doivent « se débarrasser de cette notion gênante qui conduit de nombreuses personnes à conclure que les techniques utilisées par les communistes, par exemple, pour détruire une société libre peuvent être efficacement employées pour faire progresser la compréhension de la liberté ».

    La cause de la liberté a besoin d’éducateurs, pas d’inquisiteurs.

    Sur le web

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      Conférence IREF : la guerre en Ukraine avec Thierry Wolton

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 28 February, 2023 - 03:30 · 1 minute

    Jeudi 9 mars à 19 heures, l’IREF a le plaisir d’organiser une conférence avec Thierry Wolton, journaliste et essayiste spécialiste des régimes communistes et post-communistes : « Guerre en Ukraine : comment en est-on arrivé là ? Quels sont les risques ? Comment la finir ? »

    Lauréat du prix Jan-Michalski de littérature 2017, Thierry Wolton est l’auteur de plusieurs ouvrages dont une monumentale Histoire mondiale du communisme en trois volumes, au cours desquels il propose une méditation sur les origines, les causes et les conséquences du phénomène communiste.

    En 2008, il a publié un livre prémonitoire Le KGB au pouvoir. Le système Poutine . Alors que l’URSS n’existe plus et que le communisme a disparu d’Europe, les héritiers du KGB soviétique continuent de régner en maîtres à Moscou. Dans Le négationnisme de gauche (Grasset, 2019), il analyse l’aveuglement historique et idéologique d’une certaine gauche concernant les crimes du communisme, et qui trouve ses racines dans l’aveuglement des intellectuels vis-à-vis de cette idéologie durant le XX e siècle.

    Pour Thierry Wolton, l’invasion russe de l’Ukraine a des origines profondes et il faut compter parmi celles-ci la compromission et l’indifférence vis-à-vis de l’idéologie communiste en Occident. Depuis longtemps, nous disposons de toutes les informations nécessaires pour ne nourrir aucune illusion sur Poutine et son régime. Pourtant, le mythe d’une Russie encerclée par l’Otan continue de résonner au point de donner un blanc-seing aux exactions du régime et de l’armée russe – voire de faire porter la responsabilité de la guerre sur les pays occidentaux.

    Animée par Nicolas Lecaussin, directeur de l’IREF, cette conférence sera l’occasion de s’intéresser aux causes de la guerre en Ukraine, des risques pour ce pays mais aussi pour le monde occidental de manière générale. Enfin, il conviendra d’analyser les différentes voies possibles pour en sortir.

    Rendez-vous au 35 avenue Mac-Mahon, 75017 Paris.

    Pour vous inscrire, cliquez ici

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