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      Après le procès Johnny Depp-Amber Heard, le message fort de l'instigatrice de #MeToo

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 3 June, 2022 - 09:13 · 3 minutes

    Tarana Burke, ici au mois d'octobre 2020. Tarana Burke, ici au mois d'octobre 2020.

    VIOLENCES - Non, le verdict du procès de Johnny Depp et Amber Heard ne va pas mettre fin au mouvement #MeToo . C’est celle qui l’a lancé, l’Américaine Tarana Burke, qui l’assure, ce jeudi 2 juin, dans un long et fort message partagé sur son compte Twitter.

    “Le mouvement #MeToo n’est pas mort. C’est le système qui l’est”, écrit la militante de 48 ans en introduction. Originaire de New York, Tarana Burke, qui a commencé sa carrière en tant qu’éducatrice, a été propulsée en Une des médias en 2017 et a reçu une multitude d’honneurs, dont celui de faire partie des personnalités de l’année du Time . Les mots qu’elle emploie ce jeudi ne sont pas anodins, ils font référence aux nombreux dépités qui ont suivi l’annonce du verdict.

    Ce mercredi, les sept jurés ont reconnu Amber Heard coupable de diffamation pour avoir dénoncé dans une tribune du Washington Post , en 2018, les violences conjugales dont elle disait avoir été victime. Elle a été condamnée à payer des millions de dollars à son ex-compagnon, lui-même reconnu coupable de diffamation.

    “Quand vous avez le verdict que vous désirez, vous dites que ‘le mouvement fonctionne’. Quand ce n’est pas le cas, il est mort, continue Tarana Burke. Quand Weinstein est allé en prison, on a entendu des ‘#MeToo a gagné‘. Quand Cosby est rentré chez lui, c’était plutôt: ‘Quel coup dur, #MeToo a perdu’.”

    “On est un mouvement”

    Elle poursuit: “Entre-temps, des millions de personnes qui n’avaient jamais pu prononcer les mots ‘ça m’est arrivé’ ont libéré la honte, une honte qu’elles n’avaient pas à porter. Nous avons aussi élaboré le premier programme politique du pays créé uniquement avec des survivantes et, pour la première fois depuis qu’Anita Hill a pris la parole il y a trente ans, nous avons eu un dialogue à l’échelle national sur la question du harcèlement sexuel, mais aussi sur l’ensemble des violences sexuelles dans ce pays. À cela s’ajoutent les diverses lois et politiques adoptées.”

    Tarana Burke est persuadée d’une chose. “Ce mouvement est bel et bien VIVANT, écrit-elle en lettres majuscules. Vous voulez tous jouer au ping-pong et faire n’importe quoi de ce hashtag parce qu’il ne signifie rien pour vous. Vous essayez de le tuer tous les mois. Mais ce hashtag signifie quelque chose pour des millions et des millions de personnes.”

    D’après elle, #MeToo est synonyme de liberté. “Il signifie la communauté. C’est la sécurité. C’est le pouvoir. Vous ne pouvez pas nous tuer. On est au-delà du hashtag. On est un mouvement”, conclut Tarana Burke.

    L’impact du verdict

    Son message est porteur d’espoirs, mais n’efface pas les craintes des féministes à l’égard du verdict qui risque de décourager les victimes de violences sexuelles à les dénoncer ou porter plainte. “On est très inquiets, en tant que collectif, des répercussions de ce verdict pour l’écoute de la parole des victimes”, a expliqué Maëlle Noir, membre de la coordination nationale du collectif Nous Toutes, dans cet article du HuffPost .

    Selon cette dernière, “ce verdict apprend aux femmes victimes que dénoncer les violences, ça a un prix -dans le cas de ce procès, 15 millions de dollars- et ça donne comme signal que dénoncer les faits de violence ça ne vaut pas le coup et qu’il vaut mieux se taire.”

    Un point de vue partagé par la première concernée, Amber Heard. Sur Instagram, elle a déclarée être “encore plus déçue par ce que ce verdict signifie pour les autres femmes”. “C’est un revers, déplore l’actrice. C’est un retour à une époque où les femmes qui prennent la parole publiquement sont humiliées.”

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