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      La Toussaint : fête de l’espoir

      Jacques Garello · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 1 November, 2022 - 03:40 · 5 minutes

    En ce jour de Toussaint, je ne crois pas inutile de rappeler le sens profond de cette grande fête, qui peut aujourd’hui inspirer notre croisade pour la liberté.

    La Toussaint est une fête joyeuse

    Tout d’abord, et les chrétiens le savent bien, la Toussaint n’est pas une fête triste, mais une fête joyeuse. La Toussaint est un jour d’allégresse. Il y a de la joie à honorer tous ceux, connus et inconnus, qui ont vécu dans la sainteté. Et ils sont des multitudes.

    « J’ai vu une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues » nous dit l’Apocalypse de Saint Jean. C’est rappeler que la sainteté est un chemin offert à tous les hommes. Toussaint, c’est la démocratisation de la sainteté.

    L’allégresse ne vient pas que du passé, de la mémoire des saints qui nous ont précédés, mais aussi du futur, de la promesse que tous ceux qui vivent dans la sainteté, et nous tous qui y sommes appelés, vont accéder à une vie d’où le temps et les larmes auront été effacés. Toussaint est un acte de foi dans un avenir de joie, c’est une fête de l’espoir. Et, chose encore plus importante, cet espoir est offert à tous les hommes : tous saints si nous le voulons. La sainteté n’est pas réservée à une infime minorité de bienheureux, qui font et qui auront fait des choses remarquables dans leur vie.

    Certes de grands personnages comme Jean XXIII ou Jean Paul II qui seront canonisés en avril 2014 sortaient de l’ordinaire et ont pesé sur le sort de millions de croyants et incroyants. Mais chacun peut venir grossir la « foule immense », car la sainteté ne signifie pas être « héroïque et grandiose, auréole et mystique » (Guillaume de Menthière). Il y a dans la sainteté une grande dose d’humilité, elle est souvent faite de petites attentions aux autres, de petites victoires sur soi. On rapporte que « Saint François de Salles a dû batailler trente ans pour apprendre à fermer une porte sans la claquer » ; la douceur, la maîtrise de sa violence, la marche vers la sérénité, nourrissent cette sainteté au quotidien, aussi profonde que l’admirable sacrifice des martyrs qui sont persécutés et meurent pour leur foi.

    Il n’est pas surprenant que le texte de l’Évangile de la Toussaint soit celui des Béatitudes. Car les Béatitudes montrent les divers chemins vers la sainteté, ouverts aux « pauvres de cœur, aux doux, à ceux qui pleurent, à ceux qui ont faim et soif de la justice, aux miséricordieux, aux cœurs purs, aux artisans de la paix, à ceux qui sont persécutés pour la justice, à ceux que l’on insulte et que l’on persécute pour leur foi ».

    À tous ceux qui empruntent ces chemins, le Christ fait la promesse décisive :

    « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux » .

    Si je veux transposer le sens de la Toussaint au monde profane, c’est un appel à l’allégresse qui s’impose aujourd’hui. Je vois trop souvent autour de moi des gens qui se lamentent, qui se révoltent ou au contraire se résignent. Les uns pleurent sur leur santé perdue, ou celle d’un être cher, les autres sur leur famille détruite, d’autres encore sur leur misère et leur insécurité, qui menacent les leurs. On les comprend, mais le désespoir les paralyse, alors que le courage de lutter les soulagerait – puissent-ils y accéder avec notre aide peut-être. Mais la sinistrose a envahi le débat public : nos gouvernants, nos élus, n’ont-ils pas perdu toute raison, notre patrimoine, notre travail, notre liberté ne sont-ils pas menacés, voire ruinés, et notre nation n’est-elle pas divisée et livrée à la haine et à la violence ? Nous sommes loin de l’esprit des Béatitudes !

    À mes yeux, ce n’est pas le moment de pleurer sur la France du déclin, sur la tombe de la liberté. Ce n’est pas le moment de la fuite en avant, de la radicalisation des désespoirs, de la revanche des injustices. C’est le moment de montrer le chemin. Il nous reste quelques mois avant les échéances politiques majeures de 2017 pour amorcer et développer la reconquête des esprits, et cette bataille devra se prolonger sans cesse, sans la trêve d’une victoire (probable) des oppositions en 2014.

    Éclairer les Français sur les béatitudes libérales

    Voilà notre mission.

    D’ailleurs les béatitudes libérales ne sont pas éloignées des béatitudes chrétiennes. Elles exigent toutes deux une véritable conversion personnelle : reprendre courage, y croire à nouveau, encore et toujours, et aller vers ceux qui doutent, vers ceux qui souffrent, vers ceux qui veulent harmonie, justice et paix.

    J’ai eu depuis quelques semaines l’occasion de rencontrer des centaines de personnes, connues et inconnues, qui sont attentives et réceptives au message de la liberté et de la responsabilité. C’est cette « foule immense » qu’il faut maintenant informer, enseigner, motiver. Elle sera le levain de la pâte libérale, à enfourner peut-être en 2017, ou avant, ou après.

    Je sais que l’une des caractéristiques de notre démission collective est le scepticisme, nourri d’années de déraisons et d’échecs. Certains d’entre vous me prennent ou me prendront pour un rêveur. Mais d’une part je crois que les Français manquent de rêve, il faut leur en donner, d’autre part le rêve est devenu réalité durable dans un grand nombre de pays, qui ont retrouvé prospérité et harmonie sociale. Alors, profitons de la leçon d’allégresse que nous donne la Toussaint et essayons, en toute modestie et en toute conscience de nos imperfections, de nous parer des vertus de nature à nous inscrire dans la lignée de tous les saints.


    Sur le web

    Un article publié initialement le 1 novembre 2013.

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      Halloween, la Toussaint, commémoration des défunts : ne mélangeons pas tout !

      Gabrielle Dubois · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 31 October, 2022 - 03:40 · 4 minutes

    Par Gabrielle Dubois.

    Plus nous nous familiarisons avec nos histoire, culture et littérature françaises, plus nos racines s’enfoncent et se solidifient, et plus nous nous fortifions et nous grandissons.

    Alors, le 31 octobre, il n’est pas interdit de creuser une citrouille et de manger des bonbons, non ! Mais le 1 er novembre, remémorons-nous que c’est jour de fête, et le 2 novembre, souvenons-nous des vies passées qui ont forgé nos vies présentes.

    S’ouvrir à d’autres coutumes, oui ; y oublier notre mémoire, non.

    Le 1er novembre, c’est la Toussaint

    Le 1er novembre, c’est la Toussaint . C’est la fête de tous les saints, ces hommes et ces femmes proches de nous par leur cheminement, leurs doutes, leurs questionnements… en un mot : leur humanité. Ces chercheurs de la lumière, qui l’ont trouvée et l’ont partagée.

    La sainteté n’est pas une voie réservée à une élite. Le pape Jean-Paul II nous l’a fait comprendre en béatifiant et canonisant un grand nombre de personnes, Témoins de l’amour de Dieu.

    Le 2 novembre, c’est la commémoration des défunts

    Le 2 novembre, le lendemain de la Toussaint, c’est la commémoration des défunts, jour qui nous invite à prier pour les morts et à leur demander de prier pour nous.

    Au XIIIe siècle, Rome inscrivit ce jour de commémoration sur le calendrier de l’Église universelle. La conviction s’est établie que les vivants ont à prier pour les morts. Mais n’oublions pas qu’on peut aussi leur demander de prier pour nous et de s’associer aux difficultés de notre vie. 1

    Un vaste mouvement de solidarité spirituelle

    Ce jour-là, le 2 novembre, les chrétiens sont invités à participer à un vaste mouvement de solidarité spirituelle. Rien de mortifère ou déprimant : le souvenir d’une personne a autant de facettes que la personne elle-même. Pour les croyants, c’est un vrai témoignage de foi dans la résurrection et la vie éternelle.

    Pour cux qui doutent, cette solidarité spirituelle est un lien fort au-delà du temps et de l’espace qui nous rattache à nos racines proches ou lointaines. En évoquant les défunts avec nos descendants, ce lien nous permet de ne pas les laisser perdus, sans attaches. Voici d’ailleurs quelques belles évocations d’illustres défunts.

    Victor Hugo honore la mémoire de Théophile Gautier :

    Je te salue au seuil sévère du tombeau.
    Va chercher le vrai, toi qui sus trouver le beau.
    Va ! Meurs ! la dernière heure est le dernier degré.
    Pars, aigle, tu vas voir des gouffres à ton gré :
    Tu vas voir l’absolu, le réel, le sublime.
    Tu vas sentir le vent sinistre de la cime
    Et l’éblouissement du prodige éternel…

    Alexandre Dumas honore la mémoire de Gustave Doré :

    « Il fallait la disparition subite de Gustave Doré pour causer un nouvel étonnement au milieu de toutes les choses qui nous étonnent à cette heure. Mais ces choses passeront et l’œuvre de cet infatigable ne passera pas…

    Soyons respectueux pour ceux qui, comme Doré, n’ayant vécu que cinquante ans, ont pu donner, pendant quarante, le plus grand exemple qu’on puisse donner aux hommes, celui du travail incessant, de la passion de l’Idéal et de l’acharnement à le poursuivre. »

    Maupassant se souvient de son cher Flaubert :

    « Plus la mort du pauvre Flaubert s’éloigne, plus son souvenir me hante, plus je me sens le cœur endolori et l’esprit isolé. Son image est sans cesse devant moi, je le vois debout, dans sa grande robe de chambre brune, qui s’élargissait quand il levait les bras en parlant. Tous ses gestes me reviennent, toutes ses intonations me poursuivent, et des phrases qu’il avait coutume de dire sont dans mon oreille comme s’il les prononçait encore.

    Je sens d’une façon aiguë la hideuse monotonie des événements et des choses, et cet isolement moral dans lequel nous vivons tous, mais dont je souffrais moins quand je pouvais causer avec lui ; car il avait, comme personne, ce sens des philosophes qui ouvre, sur tout, des horizons, vous tient l’esprit aux grandes hauteurs d’où l’on contemple l’humanité entière. »

    Théophile Gautier en mémoire de son ami Balzac :

    « La postérité a commencé pour Balzac ; chaque jour il semble plus grand. L’édifice qu’il a bâti s’élève à mesure qu’on s’en éloigne. Le monument n’est pas achevé, mais, tel qu’il est, il effraye par son énormité, et les générations surprises se demanderont quel est le géant qui a soulevé seul ces blocs formidables et monté si haut cette Babel où bourdonne toute une société. »

    Flaubert pleure son « cher maître George Sand » :

    « Il fallait la connaître comme je l’ai connue pour savoir tout ce qu’il y avait de féminin dans ce grand homme, l’immensité de tendresse qui se trouvait dans ce génie. Elle restera une des illustrations de la France et une gloire unique…

    Cette mort de ma vieille amie m’a navré. Mon cœur devient une nécropole où il reste pourtant de la place pour les vivants. Comme le vide s’élargit. Il me semble que la Terre se dépeuple. C’est une raison pour tenir davantage à ceux qui restent, pour aimer encore plus ceux qu’on aime. »

    Article publié initialement 2 novembre 2019

    1. Greg Dues, Guide des traditions et coutumes catholiques.