• chevron_right

      Le « Plan industriel vert » de l’UE : échec programmé d’une transition incitative de marché

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Tuesday, 11 April, 2023 - 19:56 · 17 minutes

    Sans surprises, le « Plan industriel vert » de l’Union européenne refuse toute logique de planification ou de redistribution. C’est sur une matrice incitative qu’il est fondé : une série d’entreprises seront éligibles à des fonds publics et leur accès aux financements de marché sera facilité. Outre la confiance démesurée que ce plan accorde à l’hydrogène sur le plan de l’énergie, il est d’ores et déjà critiqué pour sa carence d’investissements publics dans le domaine des transports. Il consiste en effet à déverser des sommes considérables aux géants de l’automobile pour les inciter à transiter vers la voiture électrique… sans rien prévoir pour permettre aux Européens pauvres d’acheter ce bien destiné à une clientèle aisée. Ce plan, dont les maigres effets vertueux sont facilement réversibles – dans un contexte où les logiques austéritaires reprennent de l’ampleur – n’offre aucune réponse structurelle au défi de la transition énergétique.

    En 2019, Ursula von der Leyen n’avait pas hésité à comparer le Green Deal européen au premier pas de l’homme sur la Lune . La présidente de la Commission européenne dévoilait alors l’objectif de faire de l’Europe le premier continent à atteindre la neutralité carbone. Ce Green Deal, basé sur des fondations fragiles , s’est avéré n’être qu’une énième séquence technocratique dont Bruxelles a le secret.

    Les faibles sommes injectées n’ont pas été à la hauteur de l’objectif, et sa mise en œuvre a surtout penché en faveur des secteurs privé et financier, comme en attestent le choix de subventionner des projets jugés rentables pour les investisseurs. Le maigre budget censé compenser les effets de la décarbonation pour les régions dépendantes aux énergies fossiles était un signe : le Pacte vert ne servirait pas de moteur à une transition énergétique équitable.

    Plus de trois ans ont passé, et Ursula von der Leyen relance aujourd’hui le Green Deal avec un Plan industriel vert, qui prétend faire de l’Europe une figure de proue de l’objectif « zéro émission », en attirant sur le Vieux Continent les investissements dans les technologies propres. Ironie du sort, c’est à Davos, au Forum Économique Mondial, qu’a été annoncée cette initiative, de quoi enterrer les derniers espoirs de ceux qui comptaient sur l’Europe pour adopter une véritable juridiction écologique sur le plan industriel.

    Le plan de l’UE est une réponse directe à l’Inflation Reduction Act (IRA), votée aux États-Unis. Cette dernière débloque un budget de 370 milliards de dollars dans l’optique de bâtir une économie fondée sur les énergies propres. La majorité des fonds prend la forme de crédits d’impôt, mais aussi de prêts et de subventions. Déjà inquiets de la place de la Chine dans plusieurs secteurs clés faibles en carbone, les États membres de l’UE voient maintenant cette juridiction américaine comme une menace supplémentaire pour la compétitivité de leurs entreprises. Celles-ci, contrariées par l’IRA, sont tentées tentées de mettre les voiles outre-Atlantique pour fuir la flambée des prix de l’énergie en Europe et bénéficier d’un cadre fiscal plus avantageux.

    D’ores et déjà affaiblie par les conséquences de la pandémie sur les chaines d’approvisionnement et par la crise de l’énergie provoquée par la guerre en Ukraine, Bruxelles a été forcée de réagir. Les autorités de l’UE élaborent les conditions d’un déblocage massif de subventions visant à favoriser les investissements européens dans les « technologies propres », à décarboner l’industrie, et à accélérer la « croissance verte ».

    Pour ce faire, la Commission européenne a proposé le Net-Zero Industrial Act , pilier du Plan industriel vert, visant à assouplir l’octroi de permis afin d’accélérer les grands projets technologiques d’énergie propre. La Commission table également sur un accès facilité aux financements, le renforcement des compétences (dont une proposition d’académies d’industries « zéro émission »), et l’ouverture du marché pour développer de nouvelles voies d’exportation pour l’industrie européenne verte, et s’assurer un accès aux matières premières.

    Pour l’heure, l’UE ne dispose pas des liquidités suffisantes pour soutenir son plan, la Commission s’emploie donc à fluidifier et à accélérer les dépenses des États membres pour financer le Plan industriel vert. En temps normal, ces aides (considérées comme des ressources de l’État versées aux grandes entreprises sous forme de subventions, d’allègements fiscaux ou de participation publique) sont limitées par les règles de concurrence de l’Union au sein du marché intérieur.

    Le faible budget censé compenser les effets de la décarbonation pour les régions dépendantes des énergies fossiles était un signe : le Pacte vert ne servirait pas de moteur à une transition énergétique équitable.

    Les États membres peuvent également puiser dans les canaux d’investissements (comme InvestEU, REPowerEU, et le Fonds européen d’innovation). Les propositions visant à créer un nouveau fonds, elles, se heurtent aux désaccords entre les États, mais aussi aux limites du budget rachitique de l’Union européenne. Plusieurs responsables de banques et d’institutions européennes en appellent à la création d’une Union des marchés de capitaux , ce qui permettrait d’ouvrir l’accès aux finances du secteur privé grâce à un marché européen des obligations. Dans ce domaine, l’UE est clairement en retard sur Washington : les prêts bancaires sont actuellement la principale source d’emprunt des entreprises par rapport aux marchés obligataires en Europe, et c’est l’inverse aux États-Unis.

    Avec l’objectif « zéro émission », le Plan tente de réconcilier « la planète avec le profit ». En réalité, il ne peut que nuire aux objectifs de décarbonation affichés par l’Europe. Il aura pour effet d’accroître des profits déjà faramineux par un apport de fonds publics – une distribution abondante de carottes, sans aucun bâton. Des multinationales comme Shell, Iberdrola ou Enel, déjà bénéficiaires de subventions record sur l’hydrogène, réclament déjà cette nouvelle enveloppe . De leur côté, la grande industrie qui subit la hausse des prix de l’énergie et fait face aux défis du « virage vert » compte également profiter du Plan pour prendre de l’avance sur ses concurrents globaux. Des géants comme le groupe sidérurgique ArcelorMittal ou le groupe chimique allemand BASF n’ont pas manqué d’enjoindre l’UE à suivre le modèle américain pour, eux aussi, recevoir davantage de fonds publics.

    En résumé, le Plan industriel vert consiste en une politique verticale de cadeaux au secteur privé ; le débat collectif visant à déterminer les besoins sociaux et écologiques du continent n’a pas même été ouvert…

    Quand les oligopoles se repeignent en vert

    Selon toute vraisemblance, le Plan industriel vert risque d’accroître le caractère monopolistique du marché du renouvelable, et d’intensifier la compétition aux technologies propres au sein des oligopoles existants. Le projet est centré sur les batteries électriques, les panneaux solaires, les éoliennes, les biocarburants, ainsi que les techniques de capture d’hydrogène et de carbone – aux côtés de techniques de stockage inefficaces, coûteuses et inapplicables à grande échelle, qui représentent un danger écologique et social, mais ont l’indéniable mérite d’accroître les profits des géants de l’énergie.

    Ce sont en effet ces derniers (dont certains spécialisés dans les énergies fossile) qui continueront à profiter des coups de pouce des États (les cinq plus grandes entreprises d’hydrocarbure ont réalisé un profit record de 134 milliards de dollars en 2022) pour amplifier le marché de l’hydrogène et de la capture du carbone… sans que rien ne les empêche de revenir sur leurs timides engagements sur le renouvelable.

    Le Plan industriel vert, politique bureaucratique construite sur une logique d’aide aux entreprises, balaye l’idée d’une discussion collective sur les besoins sociaux et écologiques. Une occasion manquée de revoir les fondements d’une authentique transition verte de l’industrie, qui aurait pu planifier la décarbonation urgente de plusieurs secteurs. Ce plan s’entête plutôt à financer l’éternel modèle énergétique de marché, centralisé et court-termiste, qui fait la part belle aux actionnaires. Les quantités d’énergie et d’eau nécessaires au transport et à la production d’hydrogène ( exemples non exhaustifs ) rendent à elles seules cette solution non viable.

    L’Allemagne a expérimenté un pass mensuel à 9 euros donnant accès aux transports ferroviaires sur les réseaux locaux et régionaux. Une initiative dont l’impact a été positif, en particulier auprès des revenus les plus modestes. La surcharge d’usagers a cependant mis en évidence le manque criant d’investissements publics

    Qui plus est, on estime que le recours à l’hydrogène est plus coûteux que les énergies fossiles, même sur le long terme, ce qui implique un modèle sous perfusion constante de fonds publics. Une voie qui augure des subventions massives des oligopoles de l’énergie… à l’heure où l’Union s’oriente de nouveau vers l’austérité budgétaire !

    D’autres plans européens comme Hydrogen Strategy 2030 ou REPowerEU parient sur les investissements extérieurs de l’UE pour compenser sa faible capacité de production d’hydrogène. Car le Plan industriel vert souhaite toucher de nouveaux marchés avec ses technologies propres afin d’obtenir, à terme, de l’hydrogène à faible coût (qu’importent les possibles retombées socioéconomiques locales ). Ainsi, l’Europe compte sur l’Afrique et son potentiel en hydrogène, mais s’appuie également sur l’Ukraine, comme en atteste l’annonce début février 2023 d’un partenariat stratégique sur le biométhane, l’hydrogène et d’autres gaz de synthèse . En dépit des ravages de l’invasion russe et de la nécessité de répondre aux besoins locaux en énergie (renouvelable) durant la reconstruction de l’Ukraine, l’UE flaire une opportunité de sécuriser des importations d’hydrogène en Europe.

    Des véhicules électriques, mais pour qui ?

    Les véhicules électriques, tout comme les batteries et les stations de chargement, jouent un rôle majeur dans le Plan industriel vert. On peut cependant encore une fois déplorer l’absence de tout projet social en la matière – comme le développement des transports en commun ou la subvention de la mobilité partagée, dont les effets bénéfiques en termes écologiques ne sont plus à démontrer.

    Le virage vers l’électrique porte avec lui une question sociale. En effet, l’Union européenne comme les États-Unis voient leur demande en voitures décliner. Selon l’association des constructeurs européens d’automobiles, les ventes de 2023 n’atteindront certainement pas les niveaux d’avant la pandémie . Les constructeurs s’engagent désormais à orienter leur production vers le tout-électrique (Fiat d’ici 2027, Mercedes d’ici 2030 et Volkswagen d’ici 2033) en ciblant une clientèle aisée. Les ménages aux revenus plus modestes sont eux mis de côté, et continuent à se tourner vers le marché de l’occasion.

    De fait, aux États-Unis, les aides comme le crédit à la consommation proposé par l’IRA tentent d’apporter une solution à ce problème. En Allemagne, un système de subvention similaire est accusé de négliger les ménages à bas revenus et de privilégier les consommateurs aisés. De fait, les subventions à la consommation n’offrent aucune solution structurellement viable au problème du transport, mais peut tout juste encourager une acquisition volatile de biens privés sur fonds publics. La chute de 13,2% des ventes de véhicules électriques en Allemagne, suite à la décision de réduire ses subventions de moitié , en est l’illustration. Cette même mesure a provoqué une hausse de 3,5% des ventes de véhicules à essence… Le virage vers l’électrique semble avant tout profitable aux hauts revenus, ainsi qu’à l’industrie automobile, avide de fonds publics.

    Cette transition vers l’électrique s’explique aussi par la volonté de cette industrie de « verdir » son modèle économique grâce aux deniers publics. Les constructeurs, qui sont pourtant en mesure de financer la fabrication de modèles plus vertueux avec la technologie actuelle , choisissent de faire du lobbying contre les normes d’émission de CO2 (qui d’après eux, les forcent à réduire leurs investissements vers l’électrique) et préfèrent réclamer des subventions. En attestent les 22,5 milliards d’euros de profits réalisés par Volkswagen en 2022, 13% de plus que l’année précédente, ce qui n’a pas empêché le groupe allemand de faire pression sur les États d’Europe de l’Est pour financer la construction de leurs giga-usines à batteries. Un projet en la matière est actuellement en suspens , Volkswagen comparant les avantages respectifs de l’UE et des États-Unis d’après le vote de l’IRA… Quoi qu’il en soit, en République tchèque, la perspective de voir s’installer une giga-usine a provoqué l’ire de la population locale, inquiète des conséquences sur l’environnement, l’emploi et l’économie de la région.

    Laisser le soin aux multinationales de remplacer leurs véhicules à essence par des modèles électriques, sans repenser la structure même de la mobilité individuelle, ne contribuera pas à une véritable transition écologique. En particulier quand les géants continuent de s’appuyer sur les pays d’Europe de l’Est pour produire à moindre coût. La manne publique qui est déversée aux entreprises de l’automobile constitue autant d’argent qui n’est pas investi dans les transports publics : dans de nombreux pays, certains trajets sont plus coûteux en train qu’en covoiturage.

    L’UE, qui s’appuie sur la capacité des multinationales à concevoir des technologies propres, ne prend aucune hauteur de vue sur les bénéficiaires et la finalité de cette course au « zéro émission ».

    L’été dernier, l’Allemagne a expérimenté durant trois mois un pass mensuel à 9 euros donnant accès aux transports ferroviaires sur les réseaux locaux et régionaux. Une initiative qui a démontré la popularité des infrastructures publiques, en particulier auprès des revenus les plus modestes. Toutefois, la surcharge d’usagers due au succès de cette expérience a mis en évidence le manque criant d’investissements publics – nécessaires pour étendre le réseau, améliorer la fréquence des transports et la capacité d’accueil.

    L’extractivisme et ses conséquences sont également absents du Plan industriel vert. On estime que la demande mondiale en lithium, indispensable à la fabrication des batteries électriques, sera multipliée par 40 d’ici 2040 . La ruée vers les minéraux rares risque d’amener son lot de dégâts environnementaux et de provoquer des expropriations et l’épuisement des ressources en eau, tout en creusant davantage les inégalités et en augmentant le niveau d’émissions. Le Critical Raw Materials Act, texte faisant partie du Plan industriel vert, vise lui à accroître les projets d’extraction minière dans l’UE. Ironiquement, les auteurs de ce texte ont conscience de l’opposition populaire face à un tel projet (son impopularité est même inscrite dans le texte), et choisissent d’assurer l’accaparement des ressources en dehors des frontières européennes, en faisant payer aux pays du Sud le coût écologique et social de la croissance verte du Vieux continent.

    Atténuer les risques, quoiqu’il en coûte

    Le Plan industriel vert n’introduit pas la moindre remise en question, et n’imagine aucune politique industrielle à la hauteur des enjeux sociétaux actuels : des emplois de qualité, des transports et services publics fiables, et un accès aux énergies renouvelables à prix raisonnable. Le projet tient essentiellement à atténuer les risques d’investissement des multinationales et à tirer parti du financement privé pour mettre en œuvre la décarbonation.

    Dès 2015, suite au plan Juncker de 315 milliards d’euros, la Cour des comptes européenne émettait des doutes quant à la capacité de la Commission à lever de telles sommes par garantie publique, qualifiant même d’illusoires les ambitions de l’UE en la matière. InvestEU, qui succède désormais au plan Juncker et doit aider à financer le Pacte vert et le Plan industriel vert, montre déjà des signes de faiblesse. Pour Daniela Gabor, économiste à l’université de Bristol, l’atténuation des risques n’est pas une solution pour atteindre la décarbonation à temps et à grande échelle.

    En réalité, elle découle plutôt d’une logique de rentabilité : un projet ne sera financé que s’il permet un retour rapide sur investissement. Cette approche n’implique aucune remise en question sur le type d’économie et d’industrie nécessaires à une véritable transition écologique.

    Il n’est donc pas étonnant que les actionnaires réclament les bonnes grâces de l’État pour développer des technologies propres, eux qui redoutent avant tout les faibles profits à court terme (ce qui est à craindre pour des secteurs florissants). Les fonds publics devraient toutefois être réservés à des projets d’énergies renouvelables viables et sûrs, qui eux nécessitent un capital patient et des prêts concessionnels. Le Plan industriel vert reste pourtant muet sur la question de conditionnalité. Éclaircir ce point permettrait d’identifier les bénéficiaires malhonnêtes et d’empêcher les subventions « vertes » de se retrouver dans les poches d’entreprises polluantes, qui elles peuvent facilement se financer sur les marchés.

    Le cas du PDG d’Iberdrola, José Galán , est particulièrement frappant. Ce dernier a touché une rémunération de 13,2 millions d’euros en 2021, année où le Tribunal suprême (institution au sommet du pouvoir judiciaire en Espagne) enquêtait sur sa participation à des faits de corruptions, d’atteinte à la vie privée et de fraude. Le salaire du dirigeant équivalait à 171 fois le montant du salaire moyen de ses employés (qui lui chutait de 1,3 %).

    Pour 2023, l’entreprise espagnole d’électricité Iberdrola s’attend à un bénéfice net situé entre 8 et 10 %, et ses actionnaires peuvent encore s’attendre à recevoir de juteux dividendes. Pourtant, cette année encore, la Banque européenne d’investissement a approuvé un prêt concessionnel de 150 millions d’euros à l’entreprise pour la construction de centrales d’énergies renouvelables en Italie. Iberdrola avait déjà bénéficié d’au moins 650 millions d’euros en 2021, puis de 550 millions d’euros en 2022. Les multinationales gonflées aux aides publiques qui distribuent d’énormes dividendes seront bien les véritables bénéficiaires du Plan industriel vert.

    Les États européens tentent désespérément de doper la compétitivité industrielle de l’UE à l’ère du zéro émission. Mais pour l’heure, leurs initiatives se concentrent sur de fausses solutions comme l’hydrogène à grande échelle, moyen efficace d’augmenter les profits des grandes entreprises mais aucunement de transiter vers une énergie plus propre. L’UE, qui s’appuie sur la capacité des multinationales à concevoir des technologies propres, ne prend aucune hauteur de vue sur les bénéficiaires et la finalité de cette course au « zéro émission ».

    Le Plan industriel vert ne répond à aucun des grands défis industriels européens. Il omet la question cruciale des exigences de réinvestissement, celle des limites aux rachats d’actions et versements de dividendes, qui représentent la contrepartie tant redoutée par les multinationales dopées à l’argent public. L’essentiel est ailleurs : le problème majeur reste l’incapacité à repenser en profondeur la politique industrielle de l’UE. Une telle refonte n’aura lieu qu’à condition de pouvoir discriminer entre secteurs propres et polluants, et ne sera possible que grâce à une stratégie d’investissements publics, visant une véritable transition écologique.

    Les approches technocratiques tentant de faire coexister préservation de la planète et intérêts du marché ne mènent nulle part. Seule une véritable rupture démocratique permettra l’avènement de la transition écologique et la sortie du jeu à somme nulle qui découle des logiques d’entreprise.

    • Co chevron_right

      Les 10 commandements de la transition énergétique, de Philippe Charlez

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 28 February, 2023 - 03:30 · 5 minutes

    La question du réchauffement climatique souffre d’être confisquée par une écologie politique manichéenne qui clôt le débat plus qu’elle ne l’ouvre. Tel pourrait être le point de départ du dernier livre de Philippe Charlez Les 10 commandements de la transition énergétique , qui entend nous expliquer comment l’innovation technologique peut donner des solutions efficaces pour décarboner notre société.

    Plutôt que de se laisser enfermer dans la confrontation taillée sur mesure par les écolos entre « climatosceptiques » et « climato-alarmistes », le physicien choisit la voie de l’argumentation scientifique raisonnée pour réfuter les arguments de ceux qui nient la réalité du changement climatique, sans verser dans l’idéologie alarmiste.

    Les termes du débat

    Avec une clarté pédagogique remarquable et un véritable souci de poser les termes du débat sur la question, M. Charlez explore les différentes questions touchant à la question du réchauffement sans détours, tout en discutant les positions concurrentes avec intelligence et érudition.

    Les questions du CO 2 , de l’effet de serre, de l’origine du réchauffement sont traitées et débouchent sur la nécessité d’améliorer les modèles climatiques évaluant sa progression :

    « Améliorer la physique des modèles et la puissance des ordinateurs reste les principaux leviers pour réduire des marges d’incertitude encore trop importantes. Nourrissant le doute, elles empêchent de prendre les décisions les plus pertinentes en s’abritant derrière le principe de précaution souvent inutile et socialement très dévastateur. »

    Incapables de trouver un récit positif permettant de miser sur le progrès scientifique pour résoudre le problème du réchauffement climatique, les élites occidentales laissent prospérer les discours les plus pessimistes et les plus alarmistes, en particulier les récits « collapsologiques » à la Greta Thunberg ou autres sectes décroissantistes :

    « Surfant sur la montée des peurs et des « passions tristes », [le « monde de Greta »] rejette les élites et transforme une vérité locale en une vérité générale. Exigeant d’appliquer partout et sans aucune nuance le principe de précaution souvent au mépris des faits et des données, il représente une nouvelle forme d’obscurantisme ».

    Croissance soutenable, pas croissance verte

    Pour Philippe Charlez, une croissance durable nécessite de s’appuyer sur une croissance soutenable, c’est-à-dire qui réponde efficacement aux besoins du présent sans sacrifier ceux des générations futures. Cela passe par une nouvelle réflexion sur le développement humain. Celui-ci intègre traditionnellement à la fois des dimensions économiques et sociétales mais néglige la dimension énergétique.

    Philippe Charlez propose donc d’introduire la notion d’« intensité énergétique » pour la corriger :

    « Elle rapporte la consommation d’énergie à son PIB. Contrairement à la notion très « malthusienne » d’économies d’énergie, l’intensité énergétique est un indicateur conciliant création de richesse et consommation d’énergie. Plus l’intensité énergétique est faible plus le pays est efficace sur le plan énergétique. Optimiser la consommation d’énergie de notre société de croissance réclame de réduire son intensité énergétique. »

    La réflexion proposée par Philippe Charlez, après avoir posé le problème et donner de nouveaux indicateurs sur la question énergétique, expose ensuite des pistes concrètes pour s’engager dans une transition énergétique fondée sur un modèle de croissance optimiste.

    Elle passe par un meilleur accompagnement de la réduction des passoires thermiques, la réduction de la consommation énergétique dans les transports ou encore l’optimisation d’énergie dans l’industrie. Dans ces domaines l’auteur prend soin de reconnaître la difficulté d’implémenter de nouvelles pratiques sans pénaliser l’économie, en plaidant pour un ciblage des aides et une meilleure transparence dans les processus de transition.

    Moins de renouvelables, plus de nucléaire

    Pour Philippe Charlez, la croissance durable passe aussi par un changement des comportements, plus responsables, par la décarbonisation de la société c’est-à-dire le « grand remplacement » de procédés industriels thermiques fonctionnant sur les énergies fossiles par des procédés utilisant l’électricité, possiblement l’hydrogène, des réseaux de chaleur ou la biomasse.

    Cela ne signifie pas prendre le chemin de la « croissance verte » et de son utopie de « 100 % » d’énergie renouvelable :

    « La croissance verte nous donne l’illusion d’une indépendance énergétique retrouvée : elle ne fera que déplacer notre dépendance pétrolière vers une dépendance minière encore plus marquée. Si la nature a offert gratuitement le Soleil et le vent à tous les Terriens, il n’en est pas de même pour les métaux critiques indispensables pour les traduire en électricité verte. »

    Ses promoteurs se font silencieux quant aux conséquences industrielles et surtout environnementales concrètes liées à leur utopisme radical.

    Dans la bataille pour la transition écologique, Philippe Charlez exhorte à reconsidérer l’apport positif du nucléaire, que la classe politique française a combattu puis délaissé, essentiellement par clientélisme politique :

    « Comparé à ses compétiteurs, le nucléaire a un avantage décisif en termes de lutte contre le réchauffement climatique : il représente une source d’énergie pilotable et décarboné. Sur l’ensemble de son cycle de vie, un MWh nucléaire émet 12 kgCO 2 , contre 15 pour l’éolien, 24 pour l’hydraulique, 45 pour le solaire photovoltaïque, 230 pour la biomasse, 490 pour le gaz et 890 pour le charbon. »

    Énergie plus propre et plus sûre, c’est surtout la question du traitement des déchets qui inquiète l’opinion publique, bien que la question soit traitée avec rigueur par le CIRES.

    Il serait impossible ici de faire le tour de l’ouvrage de M. Charlez, tant le propos est riche et s’inscrit dans une réflexion ambitieuse initiée dans son livre précédent L’utopie de la croissance verte : Les lois de la thermodynamique sociale .

    La démarche est optimiste, scientifique, et s’appuie sur des solutions reposant sur l’innovation et l’inventivité humaine pour faire face à une crise sans précédent dans notre histoire. Elle mérite d’être explorer avec soin pour sortir d’un débat trop souvent parasité par les passions pessimistes et les idéologies illibérales du moment.

    Philippe Charlez, Les 10 commandements de la transition énergétique , VA éditions, 2022, 177 pages.

    • Co chevron_right

      Il n’y aura pas de transition énergétique sans progrès technologique

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 13 February, 2023 - 03:40 · 3 minutes

    Par Gilles David.

    Construire ou reconstruire des centrales nucléaires et modifier nos comportements ne suffira pas à changer la donne. Avec seulement 0,9 % des émissions mondiales de CO 2 , la France n’aura presqu’aucun impact sur la nécessaire transition écologique mondiale.

    Pour vraiment être moteur, il nous incombe de mobiliser nos scientifiques et ingénieurs pour développer les nouvelles technologies nécessaires et de remettre en cause les dogmes de la décroissance. Toujours pionnier en la matière, notre pays a le devoir moral de porter haut les couleurs du progrès technologique face aux menaces de théories malthusiennes qui se répandent.

    Emission de CO 2 et croissance du PIB : une corrélation démentie

    Si, historiquement, il est établi que les émissions de CO 2 sont liées à la quantité de ressources économiques dont une civilisation dispose (cf. Edgar Hertwich « A Global, Trade-Liked Analysis, Environmental Science and Technology » 1 ), cette théorie est désormais démentie pour les pays aux PIB les plus élevés. Preuve en est que parallèlement à une baisse drastique de leurs émissions ces économies ont malgré tout connu une croissance économique. C’est le cas, notamment, du Royaume-Uni dont le PIB par habitant a progressé entre 2009 et 2020 .

    Figure 1  : Évolution des émissions de CO₂ par habitant et du PIB, Royaume-Uni

    Dans ce cas précis, le remplacement des énergies fossiles par des énergies à faibles émissions, dont le nucléaire n’est qu’une des facettes, en est la principale explication. Preuve que certaines technologies peuvent s’avérer plus efficaces que certains discours mortifères.

    En finir avec l’illusion de l’épuisement des ressources

    Ce mythe ne date pas d’hier puisque déjà au XVIII e siècle William Stanley Jevons théorisait un déclin rendu inévitable du fait d’un manque de ressources naturelles disponibles, conséquence d’un niveau de vie des populations en forte progression 2 . Cette théorie fait le lit de nombre de décroissants mais est pourtant contredite par les faits.

    Ainsi, depuis 2010, la consommation d’électricité domestique par habitant n’a cessé de baisser dans les pays occidentaux. Ce phénomène résulte d’importants gains en termes d’efficacité énergétique. Aujourd’hui, les ménages américains consomment ainsi moins d’électricité qu’il y a cinq ans.

    Il s’explique par le fait que plus de 450 millions de LED y ont été installées à ce jour contre moins d’un demi-million en 2009. Idem avec les ampoules fluocompactes (CFL) encore plus courantes, et que plus de 70 % des ménages utilisent.

    Pourtant, en matière d’efficacité énergétique dans un pays comme le nôtre, le potentiel reste énorme et très sous-exploité, parce que le coût de l’énergie était, est et sera peut-être encore demain, à un prix trop bas pour être économisé.

    Autre mythe auquel il convient de tordre le cou pour, enfin, donner toute sa place au progrès technologique : le Peak Oil ou pic pétrolier. Depuis longtemps, des experts cherchent à déterminer le moment où les réserves mondiales d’hydrocarbures commenceront à décliner. Hélas, annoncé depuis toujours, ce moment risque de se faire attendre. Malgré les tensions géopolitiques, les instabilités spéculatives ou les crises traversées par certains pays, leur succès ne se dément pas 3 . Pire, depuis 2008, la production mondiale de pétrole a même progressé plus vite que la demande.

    En réalité, le Peak Oil se produira bien mais pas pour les raisons avancées par les partisans de la décroissance. Il sera le résultat d’une raréfaction de la demande et non de la ressource, raréfaction provoquée par le progrès technologique. N’avons-nous pas arrêté de chasser la baleine lorsque d’autres alternatives plus efficaces et moins coûteuses ont permis de s’éclairer ?

    1. Edgar G. Hertwich and Glen P. Peters, Carbon Footprint of Nations: A Global, Trade-Linked Analysis, Environmental Science and Technology (2009)
    2. Missemer, A. (2015). La peur du déclin économique face à l’épuisement des ressources naturelles, de W. Stanley Jevons à Herbert S. Jevons (1865-1915). Revue économique, 66, 825-842.
    3. Orsenna, E. (2014). L’énergie nucléaire, une solution à ne pas écarter. Dans : L. des économistes & E. Orsenna (Dir), Un monde de ressources rares (pp. 83-92).
    • Co chevron_right

      Une transition énergique vers le pas d’énergie du tout

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 7 December, 2022 - 12:00 · 5 minutes

    Jadis, les fiers Gaulois (dont certains extrémistes chuchotent qu’ils seraient nos ancêtres) avaient peur que le ciel leur tombe malencontreusement sur la tête. Quelques millénaires plus tard, la Science ™ aidant, ces superstitions évidemment ridicules se sont évaporées et ne reste plus que la douce réalité de la programmation gouvernementale rigoureuse.

    C’est d’ailleurs grâce à ce contrôle précis du temps (le chef de l’État ne s’est-il pas jadis proclamé maître des horloges ?) que Babeth Borne, la première des ministres, a récemment admis dépendre du ciel et de sa bonne volonté à ne pas nous infliger des températures trop fraîches : avec ce réchauffement climatique qui n’en finit pas, facétieux qu’il est, de nous imposer des hivers froids, des automnes humides, des étés chauds et des printemps doux, il se pourrait en effet que les prochaines semaines soient refroidies d’une petite bise venue de l’Est . Non seulement, Poutine refuse de nous vendre le gaz que nous lui boycottons, mais en plus souffle-t-il un vent glacial sur nos braises froides !

    En vertu de quoi, l’ensemble de l’appareil d’État doit se résoudre à envisager de prochaines coupures d’électricité pour certains particuliers, sur certains départements, à certaines heures. On se rappellera l’un des inutiles factotums gouvernementaux nous assurer en juillet dernier qu’il n’y aurait aucune coupure de gaz ou d’électricité en hiver et on pourra mesurer la valeur de la parole politique alors que, petit à petit, ces mêmes commis républicains font mine de s’organiser pour, justement, de prochaines coupures.

    Olivier Véran, le visqueux porte-parlote du gouvernement, nous assure à présent qu’ il n’y aura aucun black-out cet hiver . Vu son historique rutilant , il faudrait envisager une razzia sur les groupes électrogènes dans le pays.

    Bref, entre deux appels à la sobriété dégoulinant de niaiserie médiatique, on s’achemine donc cahin-caha vers un nouvel épisode d’improvisation gouvernementale complète : à part quelques petits articulets maigrichons d’une presse encore et toujours à la ramasse, l’éventualité maintenant palpable de coupures franches du courant dans le pays ne semble pas entraîner la prise de conscience pourtant nécessaire des dirigeants.

    Si bien évidemment ces clowns nous rappellent à chaque fois que les hôpitaux et autres services essentiels ne seront pas privés d’énergie (vu ce qui s’est passé les deux dernières années, le moindre nanogramme de confiance à ce sujet est déjà trop généreux), on est en droit de s’interroger sur la façon dont la population va réagir si elle se trouve subitement sans la moindre possibilité d’appeler des secours.

    Depuis les zones rurales où l’infrastructure est notoirement moins redondante jusqu’aux riantes cités émotives au droit alternatif, peut-être certains habitants trouveront ombrage d’être privés d’électricité, de téléphone, de chaleur et de lumière pendant quelques heures propices aux visites indésirables. On se rassurera en se rappelant qu’il n’y a aucune chance que le peuple patrouille pour faire régner l’ordre : la confiscation des armes des citoyens va bon train, merci et c’est une pure coïncidence bien évidemment.

    Il n’en reste pas moins que, déjà, des planifications sont faites pour les écoles : comme l’explique l’excuse qui sert actuellement de ministre de l’Édulcoration nationale , chaque matinée de coupure sera une nouvelle opportunité pour nos chères têtes blondes de redécouvrir l’École à la Maison, et une joie renouvelée pour les parents d’improviser la garde de leurs chérubins au lieu d’aller travailler. Dans un pays où l’emploi ne manque pas, la productivité si bonne qu’elle en frise l’insolence, l’inflation basse et les contraintes familiales si faibles, cela va très bien se passer. Les confinements de 2020 et 2021 ont amplement prouvé leur efficacité ; gageons que les matinées sans électricité apporteront un nouveau lot de surprises à partager en famille.

    On regrette au passage qu’en cas de délestage, l’Assemblée nationale ne soit pas immédiatement fermée pour la journée voire la semaine ce qui nous ferait une pause utile dans l’avalanche de lois débiles actuellement pondues par la basse-cour législative dont on soulignera du reste les caquètements furieux devant la baisse du chauffage : la transition énergétique ne fait pas bon ménage avec les locaux mal isolés de la représentation nationale et nos députains s’en plaignent maintenant à qui veut les entendre. On ne pourra que rire de cette engeance qui déplore les effets dont elle chérit pourtant les causes.

    Décidément, la Pensée Complexe du En Même Temps ™ , c’est quelque chose de subtil ! Tout indique en effet qu’avec les fines décisions gouvernementales, nous allons mourir de froid pour lutter contre le réchauffement climatique et le moteur électrique sera obligatoire lorsqu’il n’y aura plus d’électricité. Pourtant, une solution existe et consisterait à utiliser, entretenir et développer notre filière nucléaire ou rouvrir Fessenheim récemment fermée sans raison. Rassurez-vous, ce n’est pas cette solution qui a été choisie mais une autre, plus polluante écolo-consciente, qui consiste à rallumer la centrale au charbon de Saint-Avold .

    En tout cas, la semaine qui s’annonce sera décisive en matière de coupures puisque les opérateurs nationaux d’électricité (Enedis et RTE) ont annoncé une simulation à l’échelle nationale le 9 décembre prochain. Apparemment, des communications destinées au public seront régulièrement diffusées le soir à partir de 17 heures pour annoncer les prévisions de coupures du lendemain ; les Français se remémoreront alors leurs vibrantes heures télévisuelles de la période covidesque où, transis d’effroi à coup de bulletin BFMTV, ils se rassemblaient dans la communion quotidienne pour vanter les soignants ou vilipender les antivax. La similarité avec ce qu’on tente de mettre en place ici ne surprendra que les plus perméables aux techniques de manipulations de cabinets de conseil infiltrés au plus haut de l’État…

    Magnifique pays que la France qui, en quelques décennies, est passé d’un affirmatif  « Gouverner, c’est prévoir » à un petit « Gouverner, c’est pleuvoir » sous un Hollande résolument humide pour s’achever dernièrement par un « Gouverner, c’est pas voir » lorsque la France privée d’électricité devra se mouvoir à tâtons dans les tunnels de plus en plus sombres de l’Histoire.

    Sur le web

    • Co chevron_right

      Hausse des tarifs d’électricité : la Covid-19 a bon dos

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 13 January, 2021 - 04:00 · 4 minutes

    covid II

    Par Michel Gay.

    Alors que la sécurité d’approvisionnement diminue et que le gestionnaire du réseau d’électricité (RTE) envisage des coupures de courant cet hiver, la Commission de régulation de l’électricité (CRE) prévoit une nouvelle augmentation de 1,7 % de l’électricité le 1er février 2021 pour les particuliers.

    Elle sera même de 3,02 % pour les professionnels. Cette dernière hausse sera donc répercutée sur les produits manufacturés vendus ensuite aux particuliers.

    De qui se moque-t-on ?

    Selon la CRE, cette hausse serait alimentée par de nombreux facteurs, « presque tous » liés à la crise économique et aux conséquences sanitaires de la pandémie.

    Tout est dans le « presque tous » et dans la valeur relative accordée à ces facteurs dans cette hausse.

    La CRE évoquerait notamment « l’évolution des coûts de commercialisation due aux effets de la crise sanitaire liée au Covid-19 » et « l’augmentation du coût de l’approvisionnement en énergie » des fournisseurs sur le marché de gros.

    Mais ce ne sont que des causes secondaires…

    La cause principale, passée sous silence, est constituée par les énormes subventions attribuées par dizaines de milliards d’euros aux éoliennes et aux panneaux photovoltaïques.

    Mais le plus fort réside dans la justification de cette hausse par la CRE.

    Ainsi est-il indiqué que :

    « La hausse du prix de gros de l’électricité s’inscrit dans un contexte global de remontée du prix des commodités, avec des hausses du prix du charbon de 12 % » alors que le charbon n’existe pratiquement plus dans la production nationale d’électricité ( 0,3 % en 2019 ),

    « du prix du gaz (PEG) de 9 % » alors que le gaz représente moins de 8 % de la production d’électricité,

    « du prix du Brent de 19 % » alors que le pétrole est quasiment inexistant (0,4 %) dans la production française d’électricité,

    « et du prix du quota CO 2 de 20 % » alors que justement la production d’électricité émet peu de CO2 en France et que ces émissions sont stables ou en baisse !

    L’électricité avait déjà augmenté de 5,9 % le 1er juin 2019, de 1,23 % le 1er août 2019, de 2,4 % en février 2020, et de 1,54 % en août 2020.

    La faute à qui et à quoi ?

    Qui paie les milliards d’euros de subventions annuelles engagés pour 20 ans pour « soutenir » éoliennes et panneaux photovoltaïques ?

    Qui paie les milliards d’euros supplémentaires nécessaires pour alimenter les certificats d’économie d’énergie servant notamment à isoler (plus ou moins bien) les logements pour… un euro ?

    Qui paie les folies dépensières de certains de nos élus comme, par exemple, des routes solaires inefficaces et ruineuses ou des stations hydrogène superflues ?

    Qui paie pour intégrer dans la facture du réseau de RTE le raccordement de l’immense gabegie (25 milliards d’euros) des éoliennes en mer pour en diminuer artificiellement le coût total ?

    La Covid-19 et le nucléaire ont bon dos

    Accuser la Covid-19 et le nucléaire d’augmenter le coût de production d’électricité est un écran de fumée scandaleux alors que, dans le même temps, presque tous les « distributeurs » d’électricité viennent biberonner la production nucléaire bas tarif (42 euros par mégawattheure) que leur procure l’accès régulé à l’énergie nucléaire historique (ARENH).

    Ils demandent même une augmentation du plafond de l’ARENH dans le but de pouvoir concurrencer davantage le producteur EDF aux prix de production… trop bas !

    La Commission européenne veut niveler les prix de vente de l’électricité… par le haut pour favoriser la concurrence des entreprises danoises et allemandes dont le coût de production est trop élevé ! Le prix de vente de l’électricité dans ces deux pays y est deux à trois fois plus élevé qu’en France à cause des éoliennes et des panneaux photovoltaïques qu’il faut subventionner !

    De plus, les antinucléaires cherchent par tous les moyens à faire augmenter le coût de production du nucléaire sous des tracasseries diverses en apeurant la population avec des déclarations péremptoires et fausses ( Tchernobyl et son « nuage », Fukushima , incidents sans gravité montés en épingle à Fessenheim …)

    La facture va grimper

    Oui, notre facture d’électricité augmente avec le soutien financier inconditionnel des gouvernements successifs aux énergies renouvelables depuis 10 ans. Et c’était prévisible depuis 10 ans .

    Le pire est à venir car le gouvernement actuel, comme les précédents, ne fait rien pour enrayer la machine infernale de la désastreuse « transition énergétique » fondée sur les énergies renouvelables intermittentes et soutenue par la loi de transition énergétique pour la croissance verte d’août 2015.

    Seuls quelques parlementaires « audacieux » alertés par différents rapports de la Cour des comptes commencent à s’émouvoir de la facture démentielle pour les Français.

    Une Commission d’enquête sur le coût des énergies renouvelables présidée par le député Julien Aubert a rendu ses conclusions en juillet 2019 et souligne la gabegie financière des énergies intermittentes éoliennes et photovoltaïques.

    Les parlementaires découvrent l’ampleur de certains circuits financiers « autonomes » et la profondeur des sables mouvants où disparaissent inutilement par dizaines de milliards d’euros l’argent que les consommateurs paient par des taxes sur leur factures d’électricité, de gaz, et aussi de carburant , et par leurs impôts !

    Quelqu’un va-t-il enfin mettre fin à cette incroyable mascarade ruineuse pour les Français ?

    • Co chevron_right

      Transition énergétique : mission impossible

      Michel Negynas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 13 January, 2021 - 03:40 · 6 minutes

    la production

    Par Michel Negynas.

    Rappel : il est normal que les industriels de l’énergie éolienne défendent leur secteur, qu’on leur donne la parole, et qu’on les écoute. Il est moins normal que ces gens prennent les Français pour des imbéciles.

    Les responsables des syndicats d’énergie renouvelable (Solaire et éolien, pas biomasse et hydraulique, qui servent souvent à noyer le poisson dans les chiffres de production) sont des adeptes de la vérité alternative. Nous en avons déjà parlé ici.

    Après la semaine difficile que nous venons de passer ( Contrepoints s’en est fait largement l’écho) par suite d’une absence quasi-totale de vent, on aurait pu penser que cette corporation se fasse discrète. Il n’en n’est rien. Ils en rajoutent. BFM TV aussi .

    « Les énergies renouvelables ne se sont pas développées aussi vite que prévu. On paye le développement trop long de certains projets. Il y aurait moins de tension sur le réseau si on avait respecté nos objectifs » estime Alexandre Roesch, délégué général du Syndicat des énergies renouvelables (SER).

    L’objectif de la transition énergétique est de multiplier par trois la puissance installée en éolien, et par cinq en solaire.

    Voyons ce que cela donne.

    Ci-dessous la courbe de production de la semaine, selon le site ECO2 mix.

    Source : https://www.rte-france.com/eco2mix/la-production-delectricite-par-filiere

    Pendant toute la semaine, l’éolien a fourni une puissance ridicule : 1 à 2 GW, avec 17 GW installés. Le vent s’est mis à souffler en week-end, alors qu’on en avait moins besoin.

    Le solaire a été lui aussi négligeable, de très brèves pointes à 3,5 GW maximum à la pointe de midi, et évidemment zéro à la pointe du soir. Ceci pour 10 GW de puissance installée.

    L’ensemble des énergies intermittentes a donc fourni au maximum 2 GW à la pointe du soir, pour 27 GW installés (soit 15 EPR). Même avec 90 GW installés (ce qui est l’objectif) on aurait eu un peu plus de 6GW… Ce qui relativise quand même pas mal le discours de M Roesh ! En fait, il nous prend vraiment pour des débiles… ou peut-être est-il sûr de ses arrières, il peut dire n’importe quoi en toute quiétude, pour une raison qui nous dépasse… ou pas.

    L’hydraulique a pu être exceptionnellement haute, à 17 GW : elle ne dépasse généralement pas 15 GW. Merci aux dernières pluies et chutes de neige.

    Le GAZ, 12 GW installés, a fourni 8 GW, c’est probablement le maximum disponible, surtout qu’il doit en garder sous le pied pour accompagner de brusques sautes de vent. Il est possible aussi que les équipements de cogénération ne soient pas forcément disponibles.

    Le nucléaire a fourni 52 GW. C’est un taux de disponibilité de 85 %, ce n’est pas si mal.

    Charbon et fuel étaient au taquet, c’est-à-dire de l’ordre de 2,5 GW au maximum : un peu plus que les réacteurs arrêtés de Fessenheim … Et la biomasse apporte à peine 1 GW.

    Par ailleurs, toute la semaine on a fait jouer la clause contractuelle d’EJP (effacement des jours de pointe) pour ceux qui ont encore ce type de contrats.

    Pendant les pointes, on a importé jusqu’à 8 GW, une partie étant redirigée vers l’Angleterre, paradis de l’éolien, et l’Espagne, paradis du solaire. Les deux étaient comme nous en mauvaise posture. C’est l’Allemagne, comme d’habitude, qui nous sauve la mise, avec son double langage.

    Le cas du nucléaire

    Le consultant de BFM l’admet :

    « Même si ce n’est pas le coeur du problème, la centrale de Fessenheim a sans aucun doute été fermée trop tôt. L’urgence était politique, pas industrielle. Fermer des centrales au charbon, c’est bien pour le climat, mais il faut que d’autres prennent le relais » , juge Nicolas Goldberg.

    C’est sûr, il y avait urgence politique ! Mais 1600 MW en moins, ce n’est pas grave…

    La « faible » disponibilité des centrales nucléaires (85 %, contre 8 % pour les énergies intermittentes) est expliquée par les confinements Covid.

    En réalité, on commence à avoir des problèmes de programmation de la maintenance des centrales car elles produisent moins, puisqu’on donne la priorité aux ENR. Il est ainsi plus difficile de synchroniser le calendrier des rechargements en combustible. Et nous n’avons pas connu le pire : février s’annonce plus critique de ce point de vue, si nous subissons à nouveau un anticyclone et un froid de canard. Heureusement, les équipements en compteurs Linky avancent bien !

    Et l’Allemagne dans tout ça ?

    On peut consulter ses données sur le site de l’institut Fraunhofer Energy Charts

    L’Allemagne a 62 GW d’éolien dont 8 en mer, et 52 GW de solaire, soit 114 GW d’ENR intermittentes.

    Mais elle a aussi 77 GW de fossiles (fioul, gaz, charbon, lignite), encore 8 GW de nucléaire, 8 GW de biomasse et 4 GW d’hydraulique, soit 97 GW de production pilotable. Sa consommation max est plutôt de 70 GW. (En Allemagne, on se chauffe au gaz). Elle prévoit d’arrêter nucléaire et charbon, soit 29 GW et installera sans doute quelques centrales à gaz. Mais elle ne sera plus excédentaire sans soleil et sans vent. Alors voyons comment s’est passé la semaine.

    Pendant les jours les plus critiques, mercredi et jeudi, les 115 GW sont tombés à 5 GW à la point du soir… pas de quoi exporter du renouvelable. Par contre, le lignite et le nucléaire étaient au maxi !

    Les performances de l’ off shore rendent le bilan allemand des ENR un peu meilleur, mais l’ off shore varie exactement comme le on shore. Que ce soit dans un pays, ou entre pays, ou entre on shore et off shore , contrairement aux arguments cent fois entendus, il n’y a pas foisonnement dans la situation d’anticyclone sur toute l’Europe. Et la roue de secours allemande risque bien d’être supprimée.

    Et selon l’association EIKE nous avons eu une chute brutale de fréquence, près de la limite de premier niveau de sécurité, le 8 janvier à 13 h 14. (Pointe de la mi journée). C’est la plus grosse alerte depuis 2006. Les causes ne sont pas claires, mais on peut craindre une fragilité du réseau causée par l’absence d’inertie des ENR intermittentes.

    Conclusion de BFM TV

    Le risque, en attendant, c’est que l’on reporte la fermeture de ces centrales au charbon. La fermeture du site de Cordemais, en Loire-Atlantique, est conditionnée à la mise en service de l’EPR de Flamanville et de la centrale au gaz de Landivisiau. Pour l’instant, sa fermeture a été repoussée en 2024, voire en 2026.

    Un risque, ou une chance in extremis ?

    Prions pour un mois de février obéissant au changement climatique.