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      Nucléaire : de 220 000 vers 300 000 emplois !

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 9 March, 2023 - 03:50 · 2 minutes

    En ce jeudi 9 mars 2023 se déroule à Blois une « journée d’affaires du nucléaire » dans le cadre de la semaine des métiers du nucléaire (du 6 au 10 mars) organisée sur l’ensemble du territoire national.

    Recrutements !

    Pour faire face aux futurs besoins de recrutements massifs, EDF et la Chambre de commerce et d’industrie France (CCI France) ont signé en 2018 un accord de coopération concernant la production d’énergies décarbonées (nucléaire et renouvelable) au profit du développement économique des territoires.

    Cette journée d’affaires du nucléaire permettra la rencontre entre les entreprises sous-traitantes potentielles de la filière nucléaire et les donneurs d’ordres en partenariat avec Pôle Emploi.

    Selon un représentant d’EDF (Jean-Paul Combémorel) : « Nous entrons dans une période qui, sur environ cinq années, va constituer un pic d’activité dans le cadre des travaux du grand carénage. C’est dire si nos besoins sont importants dans tous les métiers de l’industrie ».

    Les profils recherchés s’étalent de poste d’exécutant à celui d’ingénieur :

    « Ce sont tous les métiers traditionnels de l’industrie : électromécanique, électricité, soudure, chaudronnerie, nettoyage industriel […] Les perspectives sont nombreuses si l’on considère que la filière représente actuellement en France 220 000 emplois, et qu’il en faudra 300 000 à l’horizon 2035, soit 10 à 15 000 recrutements chaque année ».

    Une filière accessible aux entreprises locales

    Une idée reçue demeure sur le nucléaire dans la tête des patrons de petites et moyennes entreprises : cette filière exigeante serait difficile à intégrer.

    Or, le nucléaire est tout à fait accessible aux entreprises locales.

    Contrairement aux fausses promesses faites pour les énergies renouvelables , notamment éoliennes et solaires, les emplois dans le domaine du nucléaire sont durables et non délocalisables… en Chine.

    Une source d’énergie durable

    La richesse de la France et de l’Europe est amputée depuis plus de 20 ans par les choix énergétiques désastreux des gouvernements successifs et des élus irresponsables influencés par des écologistes antinucléaires.

    Des décisions délirantes ont conduit à limiter ou à vouloir supprimer la production électronucléaire pour développer les énergies renouvelables intermittentes (EnRI), surtout l’éolien et le photovoltaïque (PV) qui sont ruineux et fatals .

    Selon le nouveau PDG d’EDF Luc Rémond lors de son audition à l’Assemblée nationale le 28 février 2023, il est donc grand temps que la « collectivité » (citoyens, gouvernement et élus) soutienne le nucléaire sur le long terme.

    La filière représente aujourd’hui 220 000 emplois qualifiés non délocalisables et elle en représentera près de 300 000 à l’horizon 2035.

    Les bonnes volontés et les talents sont recherchés partout en France… dans le nucléaire !

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      Journée des femmes : la femtech au service de Fukushima

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 8 March, 2023 - 13:25 · 3 minutes

    Des voyages d’affaires ont conduit Kobayashi Miai à Fukushima où elle a rencontré une nature généreuse et des modes de vie qui ont changé ses perceptions et l’ont incitée à devenir entrepreneure.

    Là, elle a imaginé un moyen de distribuer des fruits dits de qualité inférieure, puis a développé un produit femtech (technologie féminine) utilisant des pelures de kaki asiatique qui sont normalement jetées. Des ressources locales en sommeil ont repris vie grâce à sa magie, reliant les zones urbaines et rurales et pointant vers un avenir dans lequel la société partage ses richesses.

    La force de l’entrepreneuriat

    Les pelures de kaki contiendraient des substances aux excellentes qualités désodorisantes et  hydratantes. Bien qu’elles soient normalement jetées pendant le processus de production d’anpo-gaki,  Hitobito les a utilisées pour développer des produits de soins féminins.

    « C’était une sensation de picotement – le genre de ce que vous ressentez lorsque vous rencontrez quelqu’un avec qui vous voulez passer le reste de votre vie. En tout cas, on se sentait comme à la maison . »

    C’est ainsi que Kobayashi Miai décrit sa rencontre avec Kunimi, une petite ville d’environ 9000 habitants dans la région de Fukushima, où elle a lancé une startup baptisée Hitobito – un nom qui combine les mots japonais pour soleil (salut), et (to) et peuple ( hito , exprimé séquentiellement comme bito). La ville de Kunimi est un lieu de producteurs de fruits qui ont accueilli Kobayashi à bras ouverts, l’amenant à créer une entreprise basée sur des produits agricoles normalement non-utilisés.

    Les habitants de Kunimi disent que « le travail signifie travailler pour la famille » et que « les enfants  ne sont pas censés être élevés ; ils grandissent naturellement ». De tels mots ont motivé Kobayashi à  repenser ses propres idées sur le travail et la vie.

    Kobayashi était autrefois une carriériste enthousiaste à Tokyo. Animée d’un fort désir de servir la société, après avoir obtenu son diplôme universitaire elle obtient un emploi au Bureau de recherche de la Chambre des représentants, qui entreprend les recherches et la préparation des documents nécessaires à la législation de la chambre basse du Parlement japonais. En mars 2011, vers la fin de sa première année au bureau, un tremblement de terre géant (officiellement appelé le grand tremblement de terre de l’est du Japon) a frappé le nord-est du pays. Elle a pris un congé pour s’engager dans un travail bénévole de déblaiement des décombres dans le Tohoku, une région du nord du Japon durement touchée. Mais s’est effondrée d’épuisement et a pris douloureusement conscience que la seule façon d’être utile à la région était de « faire quelque chose pour laquelle elle est vraiment douée ».

    Kobayashi a changé de carrière et a commencé à travailler pour une société de conseil, où elle pouvait  aider les entreprises régionales à trouver des solutions. Elle a commencé activement à faire du bénévolat pour des emplois impliquant la reconstruction post-catastrophe dans les zones dévastées de la région de Fukushima. De passage régulier à la préfecture, elle décide finalement de lancer sa propre entreprise : « Je peux faire davantage pour Fukushima, je peux agir de ma propre initiative pour quelque chose dont la région a vraiment besoin. »

    Elle était confiante dans les compétences qu’elle avait acquises grâce à son travail avec le gouvernement et la société de conseil.

    Kobayashi fait maintenant la navette entre ses deux bases, Tokyo et Fukushima, se partageant la garde de leurs enfants avec son mari. Elle reste équilibrée en étant réceptive aux enjeux entourant les  ressources régionales et les besoins de la ville, ainsi qu’aux différents ensembles de valeurs.

    Elle affirme :

    « Je pense que la femtech sera l’atout pour parvenir à la diversité et à l’inclusion. Les nouveaux produits femtech donneront aux gens la chance d’apprendre ensemble sur les problèmes de santé des femmes, et nous prévoyons de nous concentrer sur la sensibilisation, permettant aux hommes et aux femmes de réfléchir davantage à leur propre santé. »

    La ligne de soins féminins créés par Kobayashi porte l’appellation « Demain, je grimperai à un kaki « . Elle encourage les femmes à vivre à leur propre rythme en choisissant leur propre voie.

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      Le partage du temps de travail : une fausse bonne idée

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 6 March, 2023 - 04:30 · 3 minutes

    Le partage du temps de travail est un magnifique coup de marketing politique mais se révèle sur la durée une fausse bonne idée.

    Il a été imaginé il y a une quarantaine d’années par la gauche. Nous en payons lourdement les effets aujourd’hui.

    Imparable sur le plan de la communication : être généreux en travaillant moins et en donnant du travail aux autres. C’est ce type de raisonnement qui a conduit à pousser le concept de la retraite à 60 ans : en partant plus tôt à la retraite, on donne du travail aux plus jeunes. Et cerise sur le gâteau, dans cette affaire nous avons tous davantage de temps libre, condition nécessaire pour se réaliser pleinement.

    Un bémol à ce tableau idyllique : les résultats tangibles. Depuis que cette vision de la société et du travail s’est répandue et que nous sommes devenus de loin le pays où le temps de travail est le plus bas, nous déclinons régulièrement dans les classements mondiaux de PIB par tête, passant en quarante ans de la 7 e à la 33 e place. Et notre chômage reste élevé par rapport à celui de nos voisins.

    On vous expliquera que le PIB par tête n’est pas une bonne mesure de la prospérité. Il n’empêche qu’il faut regarder les choses en face : en Suisse , en 50 ans le PIB par tête qui était au niveau du nôtre dans les années 1970 est le double aujourd’hui ; fait significatif, le SMIC est à 4000 dollars, le pays affiche un chômage nul, un emploi industriel double et une balance commerciale largement excédentaire.

    Eh oui, nous sommes dans une économie ouverte où par la diminution du temps passé à son poste, toutes les mesures ayant pour effet d’augmenter le coût du travail handicapent nos industries manufacturières particulièrement exposées à la concurrence mondiale.

    Ramener le goût du travail

    Il faut reprendre les choses à la base et ne plus parler de travail mais de métier, d’un métier dont on est fier et que chacun pratique où qu’il se situe, à un niveau d’excellence mondiale.

    « Tous champions dans ce que l’on fait » : là réside la source de la compétitivité dans un monde ouvert. Il n’y a pas de petits métiers. Dans les années 1960, le fondateur du Singapour moderne Lee Kuan Yu avait fait de la propreté dans la rue et dans les logements le point de départ de sa politique. Il tenait tous les matins à balayer lui-même 50 mètres de trottoir et donnait des conseils sur le choix des balais et l’art de les manier. C’était une façon de montrer que toute tâche mérite d’être effectuée parfaitement. Il répétait qu’il avait davantage de respect pour un ouvrier pratiquant son métier au meilleur niveau que pour un cadre ou un fonctionnaire médiocre, fut-il très haut placé. Y a-t-il un meilleur moyen pour créer l’unité dans un pays ? Sans compter que lorsque l’excellence devient une valeur de la société, les produits s’améliorent dans tous les domaines, les clients du monde entier ne s’y trompent pas et les ventes explosent.

    Quand la dignité de chacun, conférée par l’excellence de ce qu’on produit, devient une valeur plus élevée que l’égalité formelle, l’harmonie se diffuse et la compétitivité ne tarde pas à se traduire en prospérité.

    Il faut repenser notre rapport au travail et redire à tous, notamment aux plus jeunes qu’un métier bien pratiqué est passionnant, qu’il permet de prendre des responsabilités, meilleur moyen pour s’épanouir. Quand le travail est bien fait, il est source légitime de fierté. Il est une façon unique de découvrir le monde quand on est porté par le déploiement international de son entreprise.

    Enfin, au contact de ses meilleurs concurrents mondiaux on peut ressentir les émotions des champions que nous applaudissons dans les stades. Le travail bien pratiqué n’est ni un enchaînement ni une punition, il peut être la voie la plus efficace pour pleinement s’accomplir en tant qu’être humain.

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      Réintroduisons la pratique manuelle dans les programmes scolaires

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 25 February, 2023 - 03:50 · 4 minutes

    Par Gabrielle Légeret. 1

    Les entreprises artisanales et industrielles sont sur le fil en matière de recrutement. Pour y remédier, il devient impératif de retisser, dès le collège, des liens entre les programmes scolaires et les pratiques manuelles afin de mieux valoriser l’intelligence de la main et espérer susciter des vocations.

    En France, en 2021, la part de l’industrie manufacturière dans le PIB est tombée à 9 % quand elle est de 19 % en Allemagne . 2 Tandis que le discours politique insiste sur les enjeux de relocalisation, le retard pris en quelques décennies en matière de vocations et de formations des métiers manuels pénalise aujourd’hui tout un pan de l’économie. Faute de vocation, faute de transmission. D’ici 10 ans ce sont près de 300 000 entreprises artisanales qui devraient être à reprendre .

    Au sein du système éducatif, tout a été fait pour rompre le lien entre les apprentissages et la pratique de la main. L’enseignement technique et manuel (ENT) où l’on faisait faire de la mécanique aux garçons et de la cuisine aux filles a peu à peu disparu du paysage scolaire. Voies de garage, filières moins prestigieuses réservées aux élèves peu scolaires : les filières manuelles sont réservées à ceux qui ne seraient pas aptes à suivre un cursus intellectuel. La supériorité du cérébral sur le manuel s’est imposée. Par conséquent, le collège unique poussé à son paroxysme ne semble valoriser qu’une seule forme d’intelligence et qu’une seule façon de réussir : celle des études supérieures. Ce sont des millions de jeunes que l’on prive d’exprimer leurs talents et leur potentiel autrement.

    La technologie, dernier lieu d’expérimentation de la matière, supprimée en sixièm e

    La suppression de la technologie en classe de sixième est un signal qui laisse entendre que cette matière serait accessoire.

    Pourtant, cette discipline était pensée comme « une démarche inductive où la fabrication est prétexte à la découverte des lois physiques qui déterminent le fonctionnement des objets ». 3 Si cette heure hebdomadaire avait troqué une grande partie de ses cours de soudure ou d’électricité pour ceux de l’informatique, elle demeurait le dernier lieu du collège où les élèves pouvaient expérimenter la matière.

    La pratique artisanale pour révéler les talents

    Aujourd’hui, comment donner envie à la jeunesse de choisir des filières manuelles si aucun temps ne leur permet de se confronter au plaisir de faire avec ses mains ?

    Depuis deux ans, l’ association De l’or dans les mains déploie au sein des collèges des programmes de pratique artisanale avec des professionnels : tracer les contours du patron de son jean avec une couturière grâce à son cours de géométrie, préparer la composition de sa pâte à céramique grâce au dernier chapitre de Sciences et vie de la Terre , construire son cadre photo en bois avec un compagnon ébéniste grâce aux mathématiques, monter et démonter un mécanisme de pendule avec un horloger.

    C’est phénoménal de voir ces jeunes prendre confiance en eux en découvrant qu’ils ont le pouvoir de faire avec leurs mains et avec leur tête. Ce format permet à la fois aux jeunes de prendre conscience des ressources territoriales à proximité de chez eux, de créer des liens avec d’autres disciplines avec lesquelles ils pourraient être fâchés et d’encourager les enseignants à aborder certains chapitres de leurs programmes scolaires à travers la pratique et la manipulation.

    Valoriser d’autres formes d’intelligences

    Réintégrer la pratique artisanale au sein des programmes scolaires, c’est aussi montrer à la jeunesse qu’il existe différentes formes d’intelligences, de parcours et de réussites.

    « Faire intervenir des artisans de leur territoire permet aux jeunes d’entendre des témoignages de professionnels auxquels ils peuvent s’identifier, et de transformer leurs représentations de la réussite » raconte Marc Petit, proviseur d’un collège du Loiret, et partenaire de l’association De l’or dans les mains. À l’instar de cette association, plusieurs acteurs comme L’Outil en main , le dispositif À la découverte des métiers d’art de l’Institut national des métiers d’art ou le programme Manufacto d’Hermès proposent des actions concrètes pour permettre aux jeunes de découvrir ces métiers par la pratique.

    Lorsque l’on sait que ces moments d’expérimentation de la matière peuvent déterminer tout une existence et la confiance des jeunes en eux-mêmes, on ne peut qu’appeler à leur systématisation au sein de tous les collèges du territoire.

    1. Présidente de l’association De l’or dans les mains
    2. Les Échos , La part de l’industrie manufacturière dans le PIB in Une industrie européenne fragilisée par de multiples chocs, Guillaume de Calignon, publié le 1er février 2023
    3. Circulaire du 7 septembre 1962 qui a pour objet l’Enseignement de la technologie (BO du 17-9-62), complétée par les instructions du 1er juillet 1963 « Enseignement de la technologie dans les classes de quatrième et de troisième modernes » (BO du 11-7-63).
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      L’actionnariat salarié chez TotalEnergies

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 21 February, 2023 - 04:30 · 5 minutes

    Divine surprise que tous ces articles relatant les 100 000 euros perçus en moyenne par les salariés de La Redoute , une magnifique démonstration de la puissance de l’actionnariat salarié. La somme passe très bien dans l’opinion : il y a bien sûr dans ce cas une dimension chance, la mise était faible, c’est arrivé vite mais ça a été aussi un énorme travail et le fruit d’une cohésion exceptionnelle de toutes les équipes. Voilà une juste récompense  !

    Par contre, on a peu parlé de l’ actionnariat salarié chez TotalEnergies sur lequel la foudre médiatique s’est acharnée. Même s’il est très élevé, le profit n’a rien d’exceptionnel si on le ramène au chiffre d’affaires (7 %) et aux capitaux propres (16 %).

    Les Français n’ont tout simplement pas réalisé la taille considérable atteinte par leurs champions dont ils devraient avant tout être fiers. Curieusement, personne n’a expliqué que TotalEnergies est une société qui accorde une grosse part à l’actionnariat salarié (7,2 %) et que cela représente 100 000 euros de capital par employé et un dividende de 7000 euros en 2022 ; ce qui rend encore moins acceptable le blocage des raffineries .

    Voilà deux bonnes raisons pour évoquer ce dispositif qui pourrait, si chacun en connaissait toutes les facettes, changer les conditions du dialogue social et le rapport de nos compatriotes avec l’entreprise.

    La valeur créée par l’entreprise

    Il faut d’abord revenir sur le concept de valeur créée par l’entreprise : d’une part la valeur annuelle et d’autre part l’augmentation de la capitalisation de l’entreprise sur la longue durée.

    La valeur annuelle créée, soit la différence entre ventes et achats de matières premières, était partagée entre salaires, investissement, impôts et dividendes 1 . Les ordonnances de 1964 inspirées par le général de Gaulle ont permis à travers l’intéressement et la participation d’associer les salariés à la création annuelle de valeur.

    Avec l’actionnariat salarié on est sur une autre dimension. Il s’agit de la participation à la création capitalistique de valeur sur le très long terme grâce aux actions acquises par le personnel.

    L’intéressement et la participation sont largement développés : en 2022, 11 millions de personnes ont perçu en moyenne 1700 euros. C’est moins le cas pour l’actionnariat salarié qui n’a percé que dans les très grandes entreprises cotées comme TotalEnergies. L’investissement des salariés dans les affaires cotées est de l’ordre de 50 milliards, soit 3,3 % de la capitalisation, alors qu’il n’est que de 1,5 milliard  pour les PME et ETI. Au global on ne parle donc pas de chiffres considérables.

    Il y a plusieurs raisons à cela.

    D’abord beaucoup de réticences du côté des syndicats qui sont très prudents en la matière et qui considèrent que « le risque c’est pour le patron ! ».

    Ensuite, jusqu’à un passé récent le marché financier ne lui était pas non plus favorable craignant que la présence d’administrateur salarié ne freine les restructurations même dans le cas où celles-ci étaient nécessaires.

    Enfin du côté des entreprises familiales les arguments sont d’un autre ordre et d’ailleurs tout à fait respectables : les familles considèrent que ce sont elles qui doivent porter l’ensemble des risques, craignant que les employés soient perturbés s’ils savent qu’ils le portent eux aussi.

    Ce qui a changé depuis quelque temps c’est que grâce au marché boursier, il est avéré que les entreprises à fort actionnariat salarié ont des performances meilleures que la moyenne. Le private equity ne s’y est d’ailleurs pas trompé et c’est lui qui en est aujourd’hui le premier pourvoyeur.

    Si on veut le développer dans les PME/ETI il y aurait intérêt à s’intéresser à ce qui se passe aux États-Unis et leur plan 4O1(k) . Il s’agit d’un fonds diversifié dans lequel les salariés investissent en respectant une condition : les actions de leur entreprise ne peuvent pas dépasser 50 %. Cette formule est confortable pour les familles qui restent maîtres du temps, elle atténue le problème du risque et permet au personnel disposant de la liquidité disponible dans le fonds soit de racheter les actions des familles quand celles-ci décident de vendre, soit de participer aux augmentations de capital si l’entreprise vient à en lever.

    L’actionnariat salarié, réponse au problème de la retraite et changement de la relation au travail

    L’actionnariat salarié est de toute évidence ce qu’il faut pousser aujourd’hui. Il est la prolongation naturelle de l’intéressement et de la participation ; à la différence qu’il est un investissement risqué, il ne faut pas le cacher. Y adhérer doit donc être une décision personnelle qui ne peut en aucun cas être forcée par la loi.

    On peut réduire le risque en organisant un système de décote et d’abonnement mais on ne l’annulera jamais totalement. La façon la plus efficace de le développer c’est de baisser la fiscalité de la vente des actions détenues plus de 25 ans, l’expérience montrant que les salariés gardent longtemps leurs actions. C’est une façon élégante d’encourager le capitalisme patient nécessaire à l’élaboration de stratégies puissantes et qui redorera l’image fiscale de notre pays.

    L’actionnariat est une aide sans pareille à la résolution du problème de la retraite.

    Faites vous-même le calcul !

    Un collaborateur investit régulièrement 5 % de son salaire. Si ce salaire est abondé de 50 % et si la rentabilité sur longue durée se situe à 4 % (la bourse c’est 6 %) après 45 ans de travail le collaborateur aura constitué un capital qui augmentera sa retraite d’au moins 50 %.

    On parle alors d’un changement de société ! Quand les salariés actionnaires deviennent… actionnaires salariés c’est-à-dire quand leur investissement dans l’entreprise représente une part importante de ce qu’ils possèdent, ils appréhendent toutes les dimensions de l’entreprise, non seulement l’aspect opérationnel par l’intéressement mais aussi sa dimension stratégique par la montée de la valeur de leur investissement. Et ce d’autant plus qu’en mettant ensemble leurs actions ils peuvent prétendre à des postes au conseil d’administration et participer de plain-pied aux décisions et à la gouvernance. On peut alors s’attendre à un changement fondamental de la relation au travail.

    C’est pour cela qu’en mettant en lumière toutes les vertus d’une formule que notre pays ferait bien de développer, cette affaire de La Redoute est à classer comme une excellente nouvelle à partager sans modération !

    1. En 2021 de la façon suivante : 61 % allaient aux salariés, 17 % à l’investissement, 16 % à l’État sous forme d’impôts et 6 % aux actionnaires.
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      Le « chômage fantôme » européen

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 11 February, 2023 - 03:40 · 4 minutes

    Par Daniel Lacalle.

    Le dernier rapport sur l’emploi aux États-Unis fait apparaître des points forts et des points faibles.

    Le nombre total d’emplois salariés non agricoles a augmenté de 223 000 en décembre, et le taux de chômage est tombé à 3,5 %. Toutefois, le marché du travail américain continue d’afficher une croissance négative des salaires réels, le ratio emploi/population est de 60,1 % et le taux de participation à la population active est de 62,3 %. Selon le Bureau of Labor Statistics (BLS), ces deux mesures ont enregistré peu de changements nets depuis le début de 2022 et restent chacune à 1 point de pourcentage en dessous de leur valeur en février 2020.

    Les chiffres de l’emploi aux États-Unis sont constamment disséqués par les analystes et il existe une critique salutaire dans la recherche indépendante qui aide certainement énormément à comprendre la santé du marché du travail. Cependant, la situation est bien pire dans l’ Union européenne .

    Les derniers chiffres du chômage sont très inquiétants, mais ce qui l’est encore plus, c’est d’analyser le « chômage fantôme ».

    Dans son dernier rapport Economic Outlook or Europe 2023-24, UBS montre la différence significative entre le chômage officiel dans la zone euro et le chômage caché provenant des travailleurs catégorisés au chômage et des travailleurs sans emploi qui ne comptent pas comme chômeurs officiels. Le taux de chômage officiel dans la zone euro est toujours élevé, à 6,5 %. Le taux de chômage le plus élevé est celui de l’Espagne (12,5 %), suivi de la Grèce (11,4 %) et de l’Italie (7,8 %).

    Le chômage des jeunes est également très élevé. Leur taux de chômage moyen dans l’Union européenne s’élève à 15,1 %, avec en tête l’Espagne (32,3 %), la Grèce (31,3 %) et l’Italie (23 %).

    Toutefois, selon UBS, le chômage fictif dans la zone euro s’élève à 8,8 %, avec l’Espagne à 15 %, l’Italie à 8 % et l’Allemagne bien au-dessus de 5 %, alors que le taux officiel est de 3 %.

    Les économies européennes excluent les travailleurs inoccupés du taux de chômage officiel de diverses manières. Il s’agit notamment de déduire du chiffre du chômage les personnes qui ne travaillent pas mais bénéficient d’une formation et de mini-emplois, ainsi que celles qui ont un contrat à long terme mais ne travaillent que quelques mois par an. Ils n’apparaissent pas comme chômeurs même s’ils ont accès aux allocations de chômage.

    Quelle que soit la façon dont on veut regarder ces chiffres, ils montrent les erreurs d’une intervention lourde et de la rigidité du marché du travail. La première source de rigidité est le coût du travail. Les taxes élevées sur la sécurité sociale et le travail font qu’il est plus difficile pour les entreprises de réduire le chômage. Le cout fiscal sur le travail est si élevé dans des pays comme l’Espagne et la Grèce qu’une entreprise paie près de 1800 euros sur un salaire net de 1000 euros. Si l’on y ajoute un grand nombre de charges réglementaires et de pénalités, on constate qu’un système conçu pour protéger les travailleurs laisse en fait des millions de personnes sur le carreau, en particulier les jeunes.

    Il existe également des obstacles importants à la réduction du chômage, notamment les impôts directs et indirects très élevés sur les sociétés, ainsi que les barrières linguistiques et culturelles.

    Le programme européen d’emplois précaires a été largement salué comme un excellent moyen de protéger les travailleurs pendant les confinements malencontreux de la crise du covid. S’il a certainement permis de réduire le taux de chômage officiel, le chômage virtuel a augmenté pour atteindre 21,7 %. Aux États-Unis, un marché du travail très flexible a tout de même vu le chômage passer à 14,7 % en avril 2020. Cependant, aux États-Unis, la réouverture a entraîné une réduction rapide avec une croissance plus rapide des salaires, tandis qu’en zone euro, la croissance des salaires est restée faible et continue d’être négative en termes réels, avec une perte importante du pouvoir d’achat des salaires aggravée par le pic inflationniste de 2021-22. Alors qu’aux États-Unis, la croissance des salaires réels a diminué de 1,1 % selon le BLS, dans la zone euro, le chiffre nominal au troisième trimestre 2022 n’était que de 2,1 % de croissance des salaires, ce qui signifie un chiffre réel négatif de 6,8 %.

    Il y a de nombreux défis différents à prendre en compte et les comparaisons sont toujours difficiles. Mais il y a une tendance négative indéniable en Europe qui est une conséquence directe de l’augmentation constante de l’intervention dans l’économie : un chômage élevé chez les jeunes, un chômage beaucoup plus élevé sur les marchés du travail rigides par rapport aux marchés plus flexibles, et une tendance inquiétante de destruction du pouvoir d’achat des salaires. Mes amis des États-Unis devraient en prendre note. Si vous copiez les politiques économiques européennes, vous obtenez des niveaux de chômage et de salaires réels européens.

    Sur le web

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      Droit à la paresse : une conséquence de notre État-providence

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 10 February, 2023 - 04:30 · 5 minutes

    Il faut faire grève. Il faut manifester. Il faut se mobiliser. Il faut s’opposer à cette réforme des retraites. Cette proposition de loi est totalement injuste et inacceptable.

    Imposer un départ à la retraite à 64 ans : hors de question !

    Je revendique le droit à la paresse, le droit de ne pas être obligé de travailler.

    Et ce n’est pas de l’ironie, je suis totalement d’accord avec Sandrine Rousseau . Sérieusement !

    Il faut faire grève. Il faut manifester. Il faut se mobiliser. Il faut s’opposer à cette réforme des retraites. Non pas pour obtenir l’abandon de la réforme, non pas pour s’opposer à Emmanuel Macron , même pas pour embêter Éric Ciotti et faire rager les Républicains.

    Il faut faire grève, il faut manifester, il faut se mobiliser pour que tout ce système de protection sociale qui détruit le pays depuis près d’un siècle maintenant s’effondre en emportant avec lui le socialisme corrompu qui a envahi jusqu’au moindre petit rouage de la société.

    Il est temps que la servitude s’arrête.

    Tourner la page du collectivisme

    Sandrine Rousseau a totalement raison quand elle appelle à la diminution du temps de travail et au partage des richesses ! Pour cela, il y a urgence à faire voler en éclats le système collectiviste moribond qui entraine le pays dans l’abime. Il y a urgence à le remplacer par un modèle économique et social juste, solidaire et performant, le seul au monde d’ailleurs qui ait jamais montré ses preuves : le libre marché, le libéralisme.

    Il est temps de mettre fin à 150 ans de socialisme, à 90 ans de national-bolchevisme et à 40 ans de soviétisme.

    Le Droit doit redevenir le Droit. Il doit cesser d’être une distribution de privilèges financés par la spoliation des uns au bénéfice des autres. Tout le monde a le droit d’être paresseux. Tout le monde a le droit à la paresse. C’est un droit naturel que le socialisme nous arrache dès trois ans quand commence le lavage de cerveau destiné à faire des petits Français de bons contribuables, de bons petits soldats au service de sa majesté l’État français.

    Le piège de l’État-providence

    La France n’est pas née avec la défaite d’Alésia, ni avec le baptême de Clovis, ni avec le sacre de Charlemagne, ni même avec la Révolution ou le sacre de Napoléon. La France actuelle, la République démocratique de France est née le 18 janvier 1871 au Château de Versailles quand les princes allemands ont proclamé Guillaume 1° de Prusse Empereur d’Allemagne et ont fixé les termes de l’armistice imposée à l’armée française vaincue.

    Depuis cette date, la France est entrée dans un monde parallèle, un monde fantasmagorique, celui de l’État providence bismarckien.

    En imposant en 1871 la République aux Français humiliés et vaincus, le stratège prussien voulait conserver le contrôle sur ce voisin à la fois si riche mais si inorganisé et si indiscipliné. Quoi de mieux que cette bonne vielle démocratie inventée par l’aristocratie athénienne pour museler toute opposition populaire en offrant à ces leaders des postes très bien payés et totalement inutiles ?

    Le pari se révéla raté. Qui aurait pensé que ce système imposé par la force et l’humiliation allait devenir une fierté nationale ? Qui aurait osé imaginer que la fille ainée de l’Église allait reprendre à son compte et se complaire avec délectation dans ce mensonge profondément immoral ? Qui aurait pensé que les irréductibles Gaulois allaient passer les 150 années suivantes à pleurnicher sur leur sort en se fustigeant du soir au matin de ne pas jouer assez collectif, de ne pas être assez disciplinés, de ne pas être assez romains ?

    C’est pourtant ce qui est arrivé. Cent cinquante ans plus tard, nous en sommes toujours au même point. Le pays est toujours enfermé dans un étroit carcan d’idées fumeuses qui maintient en place la servitude volontaire.

    Droits et privilèges

    Le droit à la paresse revendiqué par Sandrine Rousseau n’est pas un droit. C’est l’octroi d’une faveur rendue possible uniquement par la contrainte exercée sur les autres. Ce faux droit n’est rien d’autre qu’une allocation perçue non pas sous forme monétaire mais sous forme de temps libre à être nourri, chauffé, logé, éduqué, diverti par les autres. Une allocation de plus, financée par un impôt de plus, dans un pays où tout repose sur la redistribution . Un privilège, l’aumône de quelques piécettes prélevée sur le butin pour faire taire la foule.

    Est-ce que 150 ans est une durée expérimentale suffisante pour se rendre compte que toute cette usine à gaz qui consiste à prendre l’argent quelque part pour le distribuer ailleurs ne marche pas, ne sert à rien et est profondément injuste en plus d’être totalement immorale ?

    Même les farouches partisans du socialisme se prennent les pieds dans le tapis. La confusion est devenue si grande qu’on en est à écouter du soir au matin des gens nous expliquer que le système par répartition est un salaire différé, s’insurger des dividendes des entreprises tout en fustigeant la capitalisation, parler de diminution du temps de travail tout en sacralisant le salariat…

    Il faut se réveiller

    Mais si vous voulez que votre retraite soit effectivement un salaire différé, il suffit d’épargner ce salaire. Ce n’est pourtant pas compliqué à comprendre.

    Si vous voulez que les dividendes bénéficient aux travailleurs, il suffit de permettre aux travailleurs de devenir actionnaires, soit directement, soit au travers de fonds de pensions ! Ça non plus, il n’y a pas besoin d’une intelligence transcendantale pour le concevoir !

    Si vous voulez être libre de votre temps de travail, il n’y a pas cinquante solutions : soit vous convenez avec votre employeur de cette liberté, soit vous êtes votre propre employeur ! Pourquoi y aurait-il besoin de Sandrine Rousseau pour négocier votre contrat de travail ou de prestation ?

    Pourquoi ? Parce que l’immense usine à gaz soviétique construite dans l’édifice national-bolchévique qui repose sur les fondations socialistes creusées sur les ruines de l’ancien régime en copiant le plan de l’État-providence bismarckien est en fin de vie. Les tuyaux fuient de toute part, la cuve est vide et les parasites aux commandes, trop habitués au chauffage et aux repas gratuits, n’ont aucune idée de comment effectuer les réparations.

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      La valeur travail a perdu de sa valeur

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 6 February, 2023 - 03:50 · 12 minutes

    Par la rédaction de la Nouvelle Lettre.

    Depuis quelques semaines la valeur travail est souvent évoquée.

    La réforme des retraites est l’occasion pour les uns de se demander si les Français ne devraient pas travailler plus longtemps, pour les autres de déplorer de prolonger une vie de travail pénible et sans joie : être enfin heureux sans travailler. On s’étonne du refus apparent des jeunes de se mettre au travail : préférer la précarité, les allocations éventuelles plutôt que d’accepter des offres d’emploi toujours considérés comme trop mal payés et pas assez dignes. Et de façon générale, l’arbitrage d’une grande partie des Français, même de condition modeste, est en faveur des loisirs plutôt qu’aux heures supplémentaires : les RTT , la semaine de 35 heures, les ponts sont les bienvenus, même si les loisirs coûtent cher : alors pourquoi ne pas gagner plus en travaillant moins ?

    Les définitions de la valeur travail : c’est mal parti

    Paradoxalement c’est celui qui est considéré comme le fondateur de la science économique qui a égaré les générations suivantes sur la nature de la valeur travail. Dans la Richesse des Nations (1776) Adam Smith propose trois définitions différentes de la valeur travail.

    Le travail incorporé

    La valeur d’un produit se mesure au nombre d’heures de travail qu’il a nécessité.

    Le travail épargné

    La valeur d’un produit se mesure au nombre d’heures de travail épargnées. Je suis prêt à acheter un produit parce que son coût est inférieur à la peine qu’il me faudrait pour le produire moi-même.

    Le travail échangé

    La valeur d’un produit se mesure à l’appréciation par chacun de ce qu’il gagne et de ce qu’il perd en achetant le travail de l’autre.

    On peut facilement observer l’incohérence entre les trois propositions.

    Malheureusement c’est la première des trois qui sera retenue, d’abord par David Ricardo , ensuite par son disciple direct Karl Marx dont on a pu dire qu’il était le dernier des classiques.

    Cette définition ignore totalement le contenu personnel et psychologique de la valeur, elle implique une économie sans échange, un travail mesuré en unités d’heures passées quels que soient l’intérêt et le besoin du produit fabriqué et quel que soit le travailleur. Marx se réfèrera à une heure de travail « socialement utile » toujours mal payée par un employeur qui détient les machines (outils de production, capital de l’entreprise) et donne au salarié une rémunération juste suffisante pour sa survie et sa reproduction. La différence entre prix d’un produit et rémunération minimale du salarié est le profit. Le salarié avait donné une valeur économique nouvelle, cette plus value est désormais confisquée dans la poche du capitaliste.

    L’échange et le marché n’apparaissent qu’avec la deuxième définition.

    Ici il y a déjà une appréciation subjective, un choix personnel : ai-je intérêt à produire ce bien ou à l’acheter ? Je compare ce qu’il faudrait que je travaille pour me le procurer et ce que me facture en heures de travail celui à qui je l’achète. Mais le calcul de la valeur des heures de travail est encore à la base de la décision du travailleur. Il est certain toutefois que cette conception est déjà plus proche de la pensée profonde d’Adam Smith, qui a consacré son premier chapitre de La Richesse des Nations à la « division du travail ». Le travail partagé est toujours plus efficace que le travail totalement effectué par une simple personne : faire fabriquer une épingle par un seul opérateur conduit à un nombre d’épingles ridiculement faible à la fin de la journée de travail. Au contraire mettons dix opérateurs, dont chacun assurera une partie de la fabrication, et on pourra avoir plusieurs centaines d’épingles par jour.

    Cependant, seule la troisième définition correspond à la vraie pensée d’Adam Smith.

    Pour cela il faut remonter à un ouvrage écrit 17 ans plus tôt : la Théorie des sentiments moraux . Dans cet ouvrage Adam Smith explique comment fonctionne réellement l’économie. Elle repose sur l’échange, né lui-même de la diversité des besoins et de leur subjectivité. Personne n’est autosuffisant : nul ne peut se contenter de son propre travail. Pour satisfaire ses propres besoins, l’individu est obligé de chercher à satisfaire le besoin de quelqu’un d’autre. Comprendre ce dont les autres ont besoin, se mettre à leur service : voilà un exercice quotidien, une recherche permanente. C’est ce qu’on appelle l’empathie : se mettre à la place des autres. Dans ces conditions, la valeur du travail n’est autre que la valeur du service rendu à l’autre et les deux parties à l’échange sont gagnantes parce qu’elles n’ont pas la même appréciation de ce qu’elles donnent et de ce qu’elles reçoivent. L’économie est donc échange, l’économie est service de la communauté, et il n’y a rien de plus extraverti que le marché, contrairement à ce que Ricardo et Marx vont enseigner en voyant partout des signes de rente, c’est-à-dire de gain sans travail : rente des propriétaires fonciers chez Ricardo, rente des propriétaires de capital chez Marx.

    La lutte des classes : la valeur du travail politiquement faussée

    Avec le Manifeste Communiste (rédigé surtout par Engels), les marxistes vont voir dans la valeur travail l’illustration d’une exploitation permanente dont sont victimes les travailleurs salariés.

    En effet, les travailleurs ne peuvent se révolter contre la spoliation dont ils sont victimes. Le conflit entre capitalistes et prolétaires va se généraliser. Les classes intermédiaires vont progressivement disparaître, et venir grossir les rangs des exploités. Les paysans quittent la terre pour aller dans l’industrie, les artisans ne peuvent résister à la concurrence déloyale des grandes compagnies. Il  faut que l’ordre soit maintenu et trois institutions de la société contemporaine vont s’en charger : l’État, toujours du côté des forts, la religion qui fait accepter la servitude volontaire, la famille qui éduque les enfants à la soumission et la hiérarchie.

    Dans une version rajeunie au XX e siècle, de nombreux économistes socialistes ou communistes vont essayer de démontrer que l’échange n’est jamais égal.

    Il y a d’abord l’échange entre les entreprises de taille faible ou moyenne et les grandes entreprises capitalistes. Les grandes entreprises peuvent produire moins cher parce qu’elles produisent en plus grande quantité, donc elles amortissent les coûts fixes sur un plus grand nombre de produits fabriqués (Piero Sraffa). L’échange peut être aussi inégal à cause de l’asymétrie d’information : le vendeur en sait plus sur son produit que l’acheteur, la vraie concurrence (d’après cette théorie) exigerait l’atomicité (uniquement des entreprises de faible taille dont aucune ne pourrait imposer ses conditions), l’homogénéité (les produits rigoureusement semblables), la fluidité (libre entrée et libre sortie du marché), la parfaite transparence (tous les prix et coûts sont connus de tous), la libre circulation des facteurs de production (travail et capital).

    Les néoclassiques ont ainsi multiplié les hypothèses selon lesquelles l’échange est inégal.

    Pour ces néo-classiques, tantôt socialistes (Joan Robinson) tantôt conservateurs (Friedman) les marchés parfaits n’existent pas, puisque l’échange est inégal. Seuls les économistes dits Autrichiens insistent sur la subjectivité des choix , à cause de la différence d’appréciation que peuvent avoir les échangistes selon le temps considéré (il y a des heures plus longues que d’autres !) et le savoir accumulé (l’expérience affine l’échange). Il ne s’agit donc pas d’une pression politique d’une communauté sur une autre mais d’une infinie diversité d’opinions et de besoins.

    Les prévisions des néoclassiques concernant la disparition des grandes firmes, voire même du capitalisme, ne se sont pas vérifiées, du moins tant que la classe politique n’a pas réussi à protéger et subventionner les produits ou les entreprises, créant ainsi des cryptomarchés, et ce qu’on appelle le capitalisme de connivence ( crony capitalism ), alliance entre le monde des affaires et la classe politique.

    Le travail, le capital, et puis quoi ?

    La lutte des classes ramène la valeur du produit à celle de ses deux composantes, appelées encore facteurs de production : travail et capital.

    Mais dans les années 1960 le progrès de la comptabilité et de l’analyse économique a permis de découvrir qu’il existait sans doute autre chose que ces deux facteurs. On s’est aperçu en effet que la même dotation en capital ou en travail pouvait déboucher dans des entreprises différentes sur des résultats très différents aussi. On a alors pensé à un « facteur résiduel ». La chose a pris de l’importance quand le facteur résiduel mesuré parvenait dans certaines branches ou entreprises à expliquer la moitié de la valeur du produit.

    En réalité Ricardo ne s’était pas trompé seulement sur la rente mais aussi sur le capital. Pour lui, et à la différence de Jean-Baptiste Say , le capitaliste apporte son investissement et c’est ce qui seul importe. Parce qu’il était financier mais pas entrepreneur (à la différence du Français dont la famille avait une fabrique à Lyon) il n’avait pas perçu le rôle décisif joué par le chef d’entreprise. Certes à son époque la plupart des entreprises étaient créées par des personnes qui apportaient un investissement, un capital financier, souvent une fortune personnelle. Mais Jean-Baptiste Say avait eu le souci de distinguer l’investisseur et l’entrepreneur, même si les deux jouaient parfois le même rôle. L’investisseur peut être un financier, un épargnant, un prêteur : il attend un revenu sous forme d’intérêt, dont le taux est prévu par contrat, par contraste l’entrepreneur va être rémunéré, mais par un profit.

    C’est sans doute l’économiste de l’école autrichienne Israël Kirzner qui a le mieux saisi la nature et l’importance de « l’art d’entreprendre » ( entrepreneurship ).

    Et voilà une source de valeur qui ne doit rien ni au travail ni au capital mais qui fixe le succès ou l’échec d’une entreprise.

    En quoi consiste donc cet art ?

    Précisément à observer les signaux du marché, à observer les déséquilibres actuels, qui se traduisent par des variations de prix (pénuries ou excédents) ou de profits (innovations ou saturations dans le marché). L’art d’entreprendre n’exige pas nécessairement de produire du nouveau mais à comprendre qu’il y a quelque chose à faire pour mieux cerner et mieux servir les besoins : parfois déplacer le lieu de l’offre (le chaland est davantage en manque ici que là), le mode de présentation, etc. En un mot : « être en avance d’une idée ». C’est la seule façon d’assurer le profit à long terme de l’entreprise : le premier innovateur réalise des profits qui vont vite disparaître puisque les concurrents vont vite apparaître sur le créneau, il faut donc lancer autre chose pour assurer la pérennité du succès. L’entrepreneur n’est donc pas un être d’exception, c’est celui qui a une bonne idée . Ce n’est pas un superman (comme le laissait penser Schumpeter) c’est un business man , celui qui flaire les bonnes affaires, c’est-à-dire qui est en phase avec les besoins de la communauté. On en revient bien à la bonne définition d’Adam Smith : l’échange révèle la valeur. La valeur ne vient pas du travail. C’est l’échange qui donne sa valeur au travail.

    Le travaillisme à la française

    Le travaillisme a été au départ une version à peine édulcorée du socialisme. Le labour party est apparu en Angleterre au début du XX e siècle comme une volonté d’introduire les syndicats dans la vie publique britannique. On ne peut pas soutenir que le travaillisme français ait le même objectif. Certes en France les syndicats ont le désir de participer à la vie publique – ils en donnent la preuve chaque jour. Mais le travaillisme français s’inscrit souvent dans la logique de la lutte des classes. Unir capital et travail dans la paix sociale.

    Comme tout ce qui se passe dans notre pays ce travaillisme est né étatiste. Cela signifie que ce sont les gouvernements qui ont décidé que les entreprises françaises devaient s’organiser pour unir le capital et le travail. L’exemple le plus clair est celui des lois Debré qui ont introduit la participation. Mais au lieu de laisser chaque entreprise libre ou non d’instaurer la participation, et libre ou non d’en définir les modalités, tout a été réglementé. On a mélangé des dispositions concernant les retraites avec d’autres qui amorcent une cogestion de l’entreprise. Cet empirisme n’a aucun sens et d’ailleurs n’a pas empêché de s’accompagner d’un syndicalisme de moins en moins « participatif » et de plus en plus politisé et radical. Le « droit du travail », contraire du droit au travail (c’est-à-dire la liberté de chercher un emploi) est changé sans cesse et toujours dans le même sens.

    Aujourd’hui le travaillisme se voudrait encouragement à travailler davantage : sage intention ! Mais comment y parvenir avec les lois Auroux, la semaine Aubry, avec la redistribution massive et arbitraire qui fait que sont pénalisés ceux qui travaillent ? Nous entendons de beaux discours sur la joie et la dignité que peut apporter le travail, mais pourquoi subventionner des entreprises publiques où personne ne travaille sérieusement tandis que les salariés du secteur privé paient des impôts et taxes sur l’argent qu’ils ont gagné par leur travail ?

    La jeunesse elle-même est éduquée dans la voie du non-travail. Pas question de classement ni de contrôle, cela pénalise les enfants et n’est pas conforme à l’égalitarisme. Dans ces conditions c’est la position sociale des parents qui garantit une situation passable mais qui malgré tout exigera chaque semaine un week-end prolongé, du jeudi soir au lundi matin. Pourquoi plus de médecin généraliste, pourquoi les déserts médicaux ? Pourquoi tant de jeunes talents qui s’expatrient ? Pourquoi le record européen des jeunes chômeurs ?

    En France le travaillisme est un déguisement politique. Restaurer le travail exige une rupture avec l’État providence, avec le droit du travail, avec les retraites par répartition, avec les dérives éducatives, avec les monopoles et privilèges publics. Pour restaurer le travail il faut reconduire beaucoup de Français sur le chemin de la responsabilité personnelle. Les libéraux connaissent le chemin : libre entreprise et libre échange, privatisations et concurrence.

    Sur le web

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      Travail : la grande évasion

      Pierre Robert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 6 December, 2022 - 04:30 · 7 minutes

    La notion de « fuite devant la monnaie » est familière aux économistes.

    Celle de « fuite devant le travail » pourrait bientôt s’imposer dans le champ de leur réflexion au vu de la situation de pénurie de main-d’œuvre observée dans de nombreux secteurs et de l’émergence de comportements sociaux dévalorisant l’effort.

    Cherche conducteur de tramway désespérément

    On sait que l’hôtellerie et la restauration peinent à attirer des candidats . Mais on observe aussi des difficultés aiguës de recrutement de professeurs, de soignants, de soudeurs, d’électriciens, de plombiers, de menuisiers et même de conducteurs de transport en commun que les opérateurs ont de plus en plus de mal à trouver .

    On en est arrivé au point où une compagnie comme Keolis, une filiale de la SNCF, est réduite à embaucher des étudiants et des jeunes retraités pour conduire ses tramways en Île-de-France. Dans une annonce parue sur son site le 22 novembre dernier elle propose des contrats à durée indéterminée à temps partiel pour transporter les passagers sur la ligne T9 qui relie Paris à Orly.

    Outre ses offres de primes et de treizième mois, l’entreprise s’engage formellement à trouver l’« organisation de travail la mieux adaptée (aux) contraintes personnelles » des nouvelles recrues, une promesse tout à fait en phase avec l’esprit du temps. Comme le montrent de nombreuses enquêtes internationales reprises par l’ASMP, dans leur grande majorité les salariés français attendent énormément de leur travail sans être toujours disposés à donner beaucoup en échange. C’est ce que confirment les résultats d’une enquête récente menée par la fondation Jean Jaurès.

    Génération flagada

    Publiée le 21 novembre dernier, elle s’intitule « Les jeunes et l’entreprise : quatre enseignements . »

    Selon son auteur, Jérémie Peltier, la crise sanitaire a marqué un tournant, « un moment d’interrogation sur le travail, sur la qualité de vie au travail, sur la place du travail dans la vie des individus. Il y a eu comme une relativisation de la place du travail dans la vie des jeunes. Il est moins statutaire, moins identitaire. Il y a une dimension sacrificielle qui existe beaucoup moins qu’avant ».

    Il est en effet frappant de constater que pour la majorité des 18-24 ans (certains encore étudiants, d’autres ayant un emploi), l’entreprise est avant tout « un lieu du vivre ensemble », une entité ayant pour mission de s’engager dans la défense de la planète , un outil pour faire avancer certaines causes (égalité homme/femme, lutte contre les discriminations)

    Pour 40 % d’entre eux le rôle principal d’une entreprise est de favoriser l’épanouissement de ses membres, c’est-à-dire de leur donner les moyens « d’acquérir la plénitude de leurs facultés intellectuelles et physiques » tout en leur permettant de mener une vie de famille épanouie.

    La valeur qui leur donne le plus envie de rejoindre un employeur est dans 57 % des cas « le respect ». Si leurs valeurs personnelles ne sont pas respectées, nombre d’entre eux croient dans les vertus du quiet quitting , attitude consistant à systématiquement en faire le moins possible. Manifestement les positions de David Graeber estimant que 80 % des emplois sont des bullshit jobs n’ayant aucun sens ont cheminé dans les esprits. Cela n’empêche nullement les sondés de déclarer que leur principale attente vis-à-vis de leur employeur est d’être bien payé.

    À l’évidence, il leur échappe qu’une entreprise est avant tout un lieu de production de biens et de services, que comme toute organisation elle impose des contraintes à ses membres et qu’un travail hautement productif est la condition sine qua non de la prospérité. Voyant dans l’entreprise un outil de développement personnel, il est logique qu’ils critiquent leurs ainés en estimant qu’ils ont beaucoup trop sacrifié leur vie privée à leur vie professionnelle. C’est pourtant au travail des générations passées qu’ils doivent les conditions matérielles d’une existence bien plus douce qu’autrefois.

    La France, une URSS qui aurait réussi ?

    On peut raisonnablement faire l’hypothèse que ces attitudes et ces comportements ne sont pas sans lien avec le degré très élevé de socialisation de notre économie : très faibles coûts des études universitaires, gratuité de nombreux services publics, omniprésence de l’État providence, multiplicité des aides et des revenus sociaux.

    Dans ce contexte la France se rapproche désormais dangereusement d’une situation à la soviétique où les gens ne sont plus motivés à travailler.

    Dans la défunte URSS où chacun était autoritairement affecté à un emploi, le chômage était inexistant.  Mais en l’absence de motivation au travail et d’innovation, les gains de productivité étaient très faibles et le pouvoir d’achat stagnait à un très bas niveau dans un contexte de pénurie généralisée. Ce cercle vicieux nous menace aujourd’hui, à l’heure où le rêve d’un pays sans usine tourne au cauchemar. Il y a une quarantaine d’année nos élites ont de fait enclenché une série de décisions qui nous ont conduit là où nous sommes arrivés, un pays déserté par l’industrie et peuplé de personnes allergiques au travail, un pays autrefois sûr de lui mais aujourd’hui surendetté.

    La pénurie d’électricité qui nous menace de coupures à répétition cet hiver est un symptôme de plus de cette évolution funeste. Si le parc nucléaire dont nous avons hérité du travail et des impôts des générations précédentes est dans un si lamentable état, c’est le fruit d’une politique énergétique délibérée. L’industrie nucléaire où nos entreprises ont jadis brillé a été jugée à l’aune de critères politiques et moraux biaisés : trop centralisée, trop polluante, trop dangereuse, il fallait impérativement réduire son emprise. Aujourd’hui nos centrales fonctionnent à la moitié de leur potentiel. Pour les remettre en état il faut faire appel à des soudeurs étrangers en grande partie américains car nous avons négligé de former le personnel compétent.

    En misant tout sur les services et la création d’emplois tertiaires, en accablant l’industrie de taxes trop lourdes et de normes environnementales trop contraignantes, on l’a laissé filer à l’étranger. Exit donc l’industrie qui pue, qui pollue, qui est mauvaise pour la planète, cette entité mystérieuse dont il faut aveuglément « prendre soin ».

    En revanche, la finance a prospéré enrichissant au passage tant de nos anciens hauts fonctionnaires passés avec armes, bagages et pantoufles dans le privé. Cette caste a donné un très mauvais exemple en cumulant de très hautes rémunérations, des parachutes dorés, des retraites chapeaux et autres moyens d’enrichissement rapide. Après des décennies d’économie dirigée, ce qui a émergé de cette fusion entre la haute administration et les milieux d’affaires c’est un capitalisme de connivence pas si lointain de celui qui s’est imposé en Russie dans l’ère post soviétique.

    Le grand public a retenu que le travail n’était pas le meilleur moyen d’améliorer sa condition, que l’idéal était de trouver un moyen de faire fortune très vite et très jeune et que si on n’y parvenait pas il restait le loto.

    Une apathie dangereuse

    La population active se compose aujourd’hui en majorité de personnes du tertiaire effectuant si possible en télétravail des tâches de plus en plus dématérialisées. Dans cet environnement, elles tendent à perdre le contact avec les réalités économiques de base, d’autant plus que l’enseignement d’économie qu’ils ont pu recevoir a été le plus souvent indigent . Cela les incline à croire dans les vertus de l’argent magique et dans la toute-puissance de l’État pour les protéger en dernier ressort.

    Si on se tourne vers le passé, la chute de l’ex-URSS devrait pourtant leur donner toutes les raisons d’en douter. Une économie qui ne fait pas de gains de productivité et dont la production n’est pas compétitive est vouée à s’effondrer.

    Si on se tourne vers l’avenir, le tableau n’est pas plus rassurant.

    Comme souvent, une œuvre de science-fiction permet de s’en faire une idée. Dans Zardoz , un film de 1973, John Boorman met en scène une société d’individus vivant éternellement jeunes dans un univers où ils sont protégés de tout et même de la mort grâce à une intelligence artificielle. Mais, avec le temps, ils ont fini par sombrer dans l’apathie et leur bulle est détruite par des brutes venues du monde extérieur.

    Pendant que nous nous querellons pour savoir s’il faut ou non travailler plus longtemps ou constitutionnaliser l’IVG , la Chine s’arme massivement, les États-Unis se réindustrialisent à grande vitesse en utilisant tous les leviers de leur hégémonie et la Russie post-soviétique envahit ses voisins…