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      Qui sont les hackers turcs responsables du piratage d’un site gouvernemental français ?

      news.movim.eu / Numerama · Monday, 8 April - 15:34

    Le site du CERC, un organisme gouvernemental, a été hacké par un groupe de hackers turcs ultranationaliste et néo-fasciste. Le piratage vise un site archivé depuis 2013, mais il s'agit quand même d'une adresse en .gouv.

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      Ce constructeur turc de voitures électriques est prêt à tout pour se faire remarquer

      news.movim.eu / Numerama · Monday, 15 January - 14:28

    Togg s’est lancé dans la production de véhicules électriques avec l'ambition d'arriver en Europe d’ici fin 2024. Pour attirer l’attention, la marque et son patron sont même prêts à quelques extravagances.

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      Tous ces dirigeants politiques courent après une usine Tesla

      news.movim.eu / Numerama · Monday, 18 September, 2023 - 10:11

    Depuis quelques années, Elon Musk est particulièrement courtisé par des dirigeants politiques du monde entier. Un point commun anime tous ces chefs d’État : obtenir de Tesla l’installation d’une de ses usines dans leur pays. [Lire la suite]

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      Face à Erdoğan, une opposition néolibérale et incohérente

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Friday, 16 June, 2023 - 16:38 · 13 minutes

    La victoire d’ Erdoğan à la présidentielle turque a été analysée en Europe comme une simple conséquence de l’autoritarisme du régime, qui aurait emprisonné ses opposants, bâillonné les médias et bourré les urnes. Or, si Erdoğan est incontestablement un autocrate, une telle lecture omet de pointer l’incohérence du programme de l’opposition. Celle-ci ne proposait en effet aucune solution à la question kurde et se contentait de promettre un retour au néolibéralisme le plus traditionnel. Article du journaliste turc Cihan Tuğal, publié par la New Left Review et traduit par Piera Simon-Chaix.

    La Turquie n’en a pas fini avec les difficultés. Le 28 mai dernier, Recep Tayyip Erdoğan a été réélu pour un troisième mandat avec 52 % des voix au second tour des élections, tandis que le candidat de l’opposition, Kemal Kılıçdaroğlu, obtient 48 % des votes. Alors que la plupart des sondages avaient anticipé un retournement de la majorité parlementaire, la coalition gouvernementale nationale-islamiste a conservé sa majorité avec 320 sièges sur 600 (contre 344 lors de la précédente législature). Et même si Kılıçdaroğlu a obtenu davantage de suffrages que les précédents concurrents d’Erdoğan lors de l’élection présidentielle, son parti n’a pas été à la hauteur des attentes puisqu’il n’a obtenu que 25 % des voix aux législatives, contre 30 % des suffrages lors des municipales de 2019. L’opposition était convaincue que la hausse brutale de l’inflation et le fiasco des opérations de secours après le tremblement de terre lui offrait une occasion inédite de battre Erdoğan. Pourquoi ces espoirs se sont-ils révélés infondés ?

    L’endurance du régime ne tient pas uniquement à son autoritarisme.

    Il existe tout d’abord des raisons institutionnelles évidentes qui expliquent la résilience de l’erdoğanisme. Le gouvernement monopolise les médias de grande écoute et le pouvoir judiciaire depuis des années. Les prisons débordent de militants d’opposition, de journalistes et de politiciens. L’opposition kurde, la seule force organisée du pays à ne pas pencher à droite, a vu ses maires démocratiquement élus remplacés par des agents nommés par l’État, qui ont consolidé l’emprise du gouvernement sur les provinces de l’Est et du Sud-Est. Il ne s’agit cependant que de la partie visible de l’iceberg : l’endurance du régime ne tient pas uniquement à son autoritarisme. Sa popularité est bien plus profonde. Pour le comprendre, il faut tenir compte de trois facteurs majeurs que la plupart des commentateurs et des politiques refusent d’envisager.

    Le premier facteur est économique. En plus de recourir aux programmes d’aide sociale pour s’arroger la confiance des fractions les plus pauvres de la population, l’administration d’Erdoğan a intégré des outils de capitalisme d’État dans son programme néolibéral. Cette combinaison a permis de maintenir la Turquie sur un chemin certes peu conventionnel, mais toujours praticable malgré les aléas rencontrés. Le régime a ainsi mobilisé des fonds souverains, mis en place des substitutions aux importations et opté pour des incitations ciblées dans certains secteurs, tels que la sécurité et la défense. Il a également abaissé les taux d’intérêt et soutenu la production des industries low tech comme la construction. Si ces mesures ont rebuté les économistes orthodoxes et la classe managériale, elles ont renforcé l’emprise de l’AKP sur les petites et moyennes entreprises et les capitalistes dépendants de l’État, ainsi que sur leurs travailleurs.

    Le deuxième facteur est géopolitique. La politique étrangère du gouvernement, qui vise à établir la Turquie comme une grande puissance et un médiateur indépendant entre l’Orient et l’Occident, vient compléter son nationalisme économique. Bien sûr, la Turquie est en réalité dépourvue de la base matérielle nécessaire pour changer l’équilibre mondial des forces. Malgré tout, les partisans d’Erdoğan le présentent comme un puissant faiseur de rois, tandis que les adeptes les plus fous le voient comme le prophète d’un empire islamique en gestation. Une telle illusion participe du maintien de l’aura du président, et permet d’étayer sa légitimité, en particulier parmi les franges les plus à droite de l’AKP.

    Le troisième pilier de la puissance du régime est sociopolitique : il repose sur sa capacité à l’organisation de masse. L’AKP dispose d’une forte implantation locale et chapeaute une grande variété d’associations civiles : organismes de bienfaisance, associations professionnelles, clubs de jeunesse, syndicats… Le parti tire également profit de son alliance avec le parti d’extrême droite MHP (Parti d’action nationaliste), dont l’aile paramilitaire, les Loups gris, peut compter sur ses ancrages dans l’armée, l’éducation supérieure et les quartiers sunnites de classe moyenne. Pour les classes populaires, ces groupes sont synonymes d’un sentiment de puissance, de stabilité, de force et souvent d’avantages matériels, même en périodes de difficultés économiques. La seule mobilisation capable de les égaler est celle des organisations de masse kurdes (soutenues par leurs alliés socialistes dans les régions non-kurdes). Cependant, la prévalence du sentiment anti-kurde a pour l’instant entravé la formation d’un bloc contre-hégémonique rassemblant à la fois Turcs et Kurdes.

    Pendant plus d’un an, la campagne électorale turque a occulté, voire exacerbé, les problèmes les plus urgents auxquels est confronté le pays. L’opposition traditionnelle, communément surnommée la Table des six, est composée de partis laïcs et de centre-droite. Elle est dirigée par le Parti républicain du peuple (CHP) de Kılıçdaroğlu, le parti fondateur de la République turque. Si le CHP penchait plutôt à gauche dans les années soixante, il a viré à droite à partir du milieu des années 1990, à la fois en matière de politique économique et sur la question kurde. Le deuxième parti le plus important de la coalition est İyip, une ramification laïque du MHP, qui s’enorgueillit d’être tout aussi nationaliste sans néanmoins recourir de la même façon à la violence politique. Deux des partis moins importants de la coalition sont des dissidents de l’AKP, menés par l’ancien vice-Premier ministre Ali Babacan et l’ancien Premier ministre Amet Davutoğlu. Malgré leur base électorale minuscule, ces partis ont pesé d’un poids significatif dans le programme de l’opposition.

    Le programme peu enthousiasmant de l’opposition

    Durant la campagne, la Table des six a refusé de débattre des conséquences sociales et écologiques des réformes libérales de la Turquie des quarante dernières années ; elle a mis sous le tapis le coût de la dépendance à l’égard des puissances occidentales (qui n’a guère changé malgré la proximité croissante d’Erdoğan avec la Russie) et ne s’est pas prononcée sur la question kurde. Escamotant tous les enjeux les plus saillants du jeu politique, l’opposition a promis de conduire une grande « réhabilitation » supposée guérir tous les maux de la Turquie . Les parties les plus explicites de son programme consistait à rétablir l’État de droit et à réhabiliter les institutions étatiques en engageant des administrateurs compétents pour remplacer les fidèles d’Erdoğan.

    Même si Kılıçdaroğlu a saupoudré ses discours de vagues promesses de redistribution, cette approche néolibérale constituait le cœur de son programme de politique intérieure.

    L’objectif implicite de l’opposition, cependant, consistait à revenir aux stratégies de développement national antérieures à 2010 et à rétablir des relations positives avec l’Occident. Le modèle économique des années 2000, élaboré par Babacan alors qu’il était une figure majeure de l’AKP, reposait sur une privatisation rapide, des afflux de capitaux étrangers et d’énormes déficits de la dette publique. Même si Kılıçdaroğlu a saupoudré ses discours de vagues promesses de redistribution, cette approche néolibérale constituait le cœur de son programme de politique intérieure.

    La politique étrangère proposée par l’opposition était tout aussi faible. La Table des six a en effet adopté une ligne largement pro-occidentale et anti-russe qui revenait en pratique à approuver l’hégémonie états-unienne au Moyen-Orient. Dans un même mouvement, l’opposition laissait de côté les problèmes régionaux les plus urgents, tels que les incursions de la Turquie en Irak et en Syrie. Questionné sur ces enjeux, Kılıçdaroğlu a affirmé que les institutions étatiques, telles que l’armée, étaient entièrement indépendantes, et qu’il était donc impossible de faire des promesses en leur nom. La coalition nationale-islamiste d’Erdoğan a, en revanche, laissé le champ libre aux sentiments anti-occidentaux et s’est engagée à affermir l’influence turque sur la scène mondiale, avec une campagne reposant sur l’entretien d’un fantasme national de renaissance ottomane.

    L’opposition espérait que la flambée de l’inflation et la mauvaise gestion publique, notamment du tremblement de terre, allaient mettre à mal la crédibilité du gouvernement. Mais le mécontentement soulevé par ces problèmes n’a finalement pas suffi à renverser le pouvoir en place. Il fallait une autre vision, substantielle, populaire, concrète. La Table des six n’en avait aucune. Son programme bancal et médiocre a scellé son destin.

    La question kurde

    L’opposition était également confrontée à une autre difficulté : le mouvement kurde. Les Kurdes étaient exclus de la Table des six depuis les débuts de l’alliance, même s’il était évident que Kılıçdaroğlu ne pouvait pas l’emporter sans leur soutien. En dépit du soutien du CHP et de ses alliés aux incursions militaires d’Erdoğan en Syrie et en Irak, la majorité des Kurdes considérait qu’il s’agissait d’un moindre mal et le parti kurde YSP et ses alliés socialistes ont apporté leur soutien à Kılıçdaroğlu quelques semaines avant les élections. Mais les négociations avec les Kurdes ont entraîné une fracture au sein de l’opposition. Le dirigeant du İyip, Meral Akşener, a ainsi quitté la Table des six juste avant l’annonce du YSP et n’est rentré dans le jeu que quelques jours plus tard. Lorsque les résultats du premier tour sont tombés — Erdoğan en tête avec une marge de 5 % —, de nombreux commentateurs ont fait remarquer que la tentative de Kılıçdaroğlu de conquérir les Kurdes lui avait coûté la base électorale nationaliste. De fait, les données suggéraient qu’un grand nombre de votants d’İyip avaient soutenu leur parti pour les élections législatives, mais sans donner leur voix à Kılıçdaroğlu pour les présidentielles.

    L’opposition a entamé un virage vers l’extrême droite durant l’entre deux tours, dans l’espoir d’attirer les votes anti-syriens et anti-kurdes tout en espérant pouvoir garder les votes kurdes motivés par l’opposition à Erdoğan.

    En réaction, l’opposition a entamé un virage vers l’extrême droite durant l’entre deux tours, dans l’espoir d’attirer les votes anti-syriens et anti-kurdes tout en espérant pouvoir garder les votes kurdes motivés par l’opposition à Erdoğan. Cette stratégie ambitionnait de récupérer les 5 % de voix du candidat radical anti-immigration Sinan Oğan, un ancien membre du MHP et seul autre candidat à la présidence au premier tour. Ayant échoué à obtenir le soutien d’Oğan lui-même, Kılıçdaroğlu a signé un pacte avec son partisan le plus en vue, Ümit Özdağ, en promettant d’expulser tous les migrants indésirables — Kılıçdaroğlu a avancé le chiffre de 10 millions — et de reprendre les politiques anti-kurdes d’Erdoğan. Les libéraux ont affirmé qu’il s’agissait d’une tactique électorale, et non d’un véritable engagement. Quoi qu’il en soit, la tentative a échoué. Seule la moitié des électeurs d’extrême-droite ont reporté leurs votes sur Kılıçdaroğlu au deuxième tour, tandis que ses appels du pied vers l’extrême-droite ont démobilisé les Kurdes, avec une participation en baisse dans les provinces de l’Est et du Sud-Est.

    À présent, suite à sa défaite, l’opposition traditionnelle est prise entre un libéralisme impossible à perpétuer et un nationalisme hors de contrôle. Le premier repose sur un certain nombre de perspectives illusoires : adhésion de la Turquie à l’UE, Pax Americana au Moyen-Orient et modèle économique domestique dépendant de la faiblesse du crédit. La décennie la plus prospère de la Turquie, les années 2000, reposait sur l’argent frais de l’Occident et sur des niveaux élevés de dette publique et privée. Ce modèle est devenu impossible à cause du considérable essoufflement des flux monétaires mondiaux suite aux augmentations des taux d’intérêt en Occident. Le tournant nationaliste de l’AKP des années 2010 a eu lieu en réaction à cette évolution. Son industrie militaire et ses politiques de substitution des importations ont fourni la base matérielle de ses invectives contre l’Occident d’une part et les Kurdes d’autre part. À défaut d’un soubassement matériel équivalent, les franges nationalistes les plus à droite de l’opposition classique sont creuses. Avant le deuxième tour, il est devenu clair que l’opposition ne pouvait pas égaler la rhétorique anti-kurde du gouvernement et elle a alors tenté de faire son beurre des sentiments anti-syriens. Sans les soubassements nationalistes dont jouit le régime, ce pari était cependant voué à l’échec. Il a simplement eu pour effet de rendre l’extrême-droite encore plus légitime et de renforcer les fondations idéologiques de l’erdoğanisme.

    La question qui se pose désormais à la Turquie est de savoir s’il existe la moindre chance de prendre un autre chemin non-libéral, non-nationaliste, tourné vers l’avenir plutôt que vers le passé. Au cours de son troisième mandat d’Erdoğan, le nationalisme économique orienté vers l’exportation dépendra de l’exploitation accrue du travail bon marché. En théorie, cela ouvre des possibilités d’organisation des classes subalternes, grandes oubliées de tous les partis traditionnels. Plutôt que d’imiter les politiques d’exclusion du gouvernement, les forces anti-Erdoğan pourraient consacrer leur lutte à l’inclusion des travailleurs et des Kurdes dans leur coalition. L’opposition, après avoir constaté son incapacité à égaler le président en exercice en matière de nationalisme, pourrait plutôt tenter d’introduire le mouvement kurde dans le champ de la politique « acceptable ». Elle s’est pour l’instant trop reposée sur les classes moyennes, les bureaucrates et les « experts » dans sa lutte contre le populisme autoritaire d’Erdoğan. La défaite historique de 2023 est le signe qu’une opposition viable doit avant tout élargir sa base de soutien.

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      Élections en Turquie : le fondateur de Wikipédia tacle Elon Musk sur la liberté d’expression

      news.movim.eu / Numerama · Monday, 15 May, 2023 - 11:15

    Elon Musk algo

    Les élections en Turquie ont été l'occasion pour le fondateur de Wikipédia de moquer les positions d'Elon Musk sur la liberté d'expression, qui ne seraient que de l'affichage. [Lire la suite]

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      Quels sont les appareils de combat du premier porte-drones de la Turquie ?

      news.movim.eu / Numerama · Wednesday, 12 April, 2023 - 11:55

    La Turquie a déployé son premier porte-avions, devenu un porte-drones durant sa fabrication. L'armée turque dispose d'une imposante flotte d'appareils téléguidés qui pourront être opérés depuis ce navire. [Lire la suite]

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      Gare aux escrocs qui veulent tirer profit des séismes en Turquie et en Syrie

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Saturday, 18 February, 2023 - 15:00

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    Dans les moments de grands drames comme celui que vivent la Turquie et la Syrie, il est naturel et humain de vouloir aider. Les sollicitations sont nombreuses, provenant d'organisations bien connues… Mais aussi d'escrocs qui profitent de l'occasion pour voler de l'argent.

    Gare aux escrocs qui veulent tirer profit des séismes en Turquie et en Syrie

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      Les Centres de Progrès (31) : Göbekli Tepe (Religion)

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 12 February, 2023 - 04:00 · 10 minutes

    Un article de Human Progress

    Notre trente-et-unième Centre de Progrès est Göbekli Tepe, le site avec les plus anciennes structures monumentales connues et peut-être les plus anciennes preuves archéologiques de la pratique religieuse. Bien qu’il y ait de nombreux désaccords sur les origines de la religion, de nombreux chercheurs décrivent Göbekli Tepe comme le premier temple, sanctuaire ou lieu saint construit par l’homme. Göbekli Tepe rappelle la capacité de l’humanité à créer des monuments impressionnantes, ainsi que la longue histoire des systèmes de foi et leur profonde influence sur le monde.

    Göbekli Tepe se trouve dans le sud-est de ce qui est aujourd’hui la Turquie, à une trentaine de kilomètres de la frontière avec la Syrie. Aujourd’hui, seule une petite partie du site de culte préhistorique a été fouillée, et une grande partie reste probablement enfouie sous terre. Göbekli Tepe est composée de grandes enceintes annulaires mesurant jusqu’à 65 pieds de large, ainsi que des dispositions de piliers rectangulaires qui ont pu autrefois soutenir des toits. Chaque anneau est composé de plus de 40 piliers de pierre en forme de T, certains pouvant atteindre 18 pieds de haut. Environ 250 autres piliers pourraient être enterrés . Certains des piliers découverts sont lisses, mais beaucoup présentent des sculptures détaillées de type totem représentant des personnes, des symboles abstraits et une grande variété d’animaux : renards, lions, taureaux, scorpions, serpents, sangliers, oiseaux, araignées et insectes. Certaines sculptures semblent être en partie humaines et en partie animales et pourraient représenter des divinités. Les piliers sont les plus anciens mégalithes connus, précédant de plusieurs millénaires le plus connu, Stonehenge.

    Des promenades encerclent désormais le site principal des fouilles, permettant aux touristes de regarder les piliers sous différents angles. Et un toit a été construit au-dessus des pierres pour protéger les sculptures et les archéologues du soleil brûlant. En juillet, la température moyenne dans la région dépasse les 37,5 °. Bien que le climat ne soit classé que comme semi-désertique, il ne pleut presque jamais en été.

    Göbekli Tepe à son apogée

    Mais si vous pouviez visiter Göbekli Tepe à son apogée, vous rencontreriez un monde très différent. Le climat était plus humide et l’environnement était une vaste prairie avec des chèvres et des gazelles sauvages. En regardant les champs à l’infini, vous pouviez voir de grandes herbes, comme l’épeautre, le blé et l’orge, onduler dans le vent. Les rivières et les oiseaux aquatiques étaient peut-être également visibles. La vue sur les plateaux environnants était excellente, car Göbekli Tepe est située au sommet d’une colline. Göbekli Tepe signifie d’ailleurs « colline ventrue » en turc.

    La datation au carbone 14 suggère que les structures actuellement exposées de Göbekli Tepe ont été construites sur plusieurs siècles, certaines parties datant peut-être de 9500 avant J.-C. et d’autres construites aussi récemment que 8000 avant J.-C. ou même 7000 avant J.-C. C’était une époque de changements importants. Des communautés comme les anciens Natufiens de Jéricho , à l’époque néolithique, située à 800 km au sud-ouest de Göbekli Tepe, étaient en train de passer de la chasse et de la cueillette nomades à la sédentarisation et à l’agriculture. Les habitants qui ont construit Göbekli Tepe étaient encore principalement des chasseurs-cueilleurs, mais il est probable qu’ils pratiquaient également l’agriculture dans des villages pendant une partie de l’année. Les preuves archéologiques montrent que leur régime alimentaire se composait essentiellement de viande mais qu’il était complété par des céréales qu’ils cultivaient probablement.

    L’érection et la sculpture des premiers monuments de l’humanité était une entreprise minutieuse qui nécessitait un investissement de plusieurs générations en temps, en travail et en savoir-faire. Des centaines d’hommes étaient probablement impliqués. Ceux qui ont construit Göbekli Tepe n’avaient pas encore de poterie ou d’outils en métal, ni le soutien d’animaux domestiqués ou de véhicules à roues. Des outils en silex auraient été suffisants pour sculpter les piliers faits de calcaire relativement tendre.

    Il n’existe aucune preuve que quelqu’un ait jamais vécu à Göbekli Tepe, bien que certains chercheurs pensent qu’il s’agissait néanmoins d’une colonie . La question de savoir si le site offrait un accès suffisant à l’eau pour subvenir aux besoins des résidents est très controversée, et l’absence de vestiges de fosses à ordures suggère que personne ne dormait sur le site. Peut-être qu’une seule personne (comme un prêtre ou un chaman) ou un petit nombre de personnes y résidaient, ne laissant aucune empreinte archéologique découverte à ce jour. Mais même si les bâtisseurs de Göbekli Tepe ont campé ailleurs, le site était certainement très actif. C’était peut-être ce qui se rapprochait le plus d’un centre urbain pour des chasseurs-cueilleurs nomades.

    En se détournant des magnifiques prairies vers les structures imposantes de Göbekli Tepe, on aurait été frappé par l’arôme du sanglier, de la gazelle, du cerf rouge et du canard fraîchement rôtis et on aurait vu les chasseurs-cueilleurs locaux commencer un festival au milieu de leurs monuments. Les chercheurs pensent que les chasseurs-cueilleurs se réunissaient sur le site pour danser, célébrer, boire de la bière à base de céréales fermentées et dîner ensemble. Outre les ustensiles de préparation des aliments, les archéologues ont jusqu’à présent découvert sur le site quelque 650 plateaux et récipients en pierre sculptée, certains suffisamment grands pour contenir plus de 50 gallons de liquide. Plus de 100 000 fragments d’os d’animaux sauvages suggèrent également un festin. Ces festins rituels pourraient avoir vu le jour entre 8000 et 6000 ans avant J.-C., lorsque le passage à l’agriculture a lié la rareté ou l’abondance relative de la nourriture à certaines saisons de l’année. Parmi les festivités organisées à Göbekli Tepe, il est possible que des fêtes du travail aient été organisées tout au long de la construction du site, sur plusieurs générations, pour célébrer l’achèvement des différentes sections du temple.

    Des séders de la Pâque juive aux sucreries de l’Aïd al-Fitr (surnommé « fête du sucre ») de l’Islam, et des dîners de Noël du christianisme aux déserts de base du Diwali de l’hindouisme, les fêtes religieuses continuent d’avoir une grande importance pour les communautés du monde entier.

    On ignore encore beaucoup de choses sur la nature de Göbekli Tepe et la religion qui a pu inspirer sa création. Des sculptures de vautours bien visibles sur le site ont incité certains chercheurs à conclure que la religion était un « culte funéraire » centré sur la vénération des morts. Cependant, aucun reste humain n’a été découvert pour suggérer que Göbekli Tepe a été un cimetière. D’autres pensent que le site était lié à l’astronomie et que ses sculptures font référence aux constellations et aux comètes. Certains pensent que Göbekli Tepe était un temple dédié à Sirius l’étoile la plus brillante car les piliers centraux l’auraient encadré lors de son ascension. Cependant, la principale équipe d’archéologues qui fouille le site rejette les allégations d’un lien astronomique.

    Certains chercheurs pensent également que Göbekli Tepe a pu être un lieu saint attirant des visiteurs chasseurs-cueilleurs de tout le Levant et d’aussi loin que l’Afrique. La connaissance du site se serait transmise de bouche à oreille puisque l’écriture n’existait pas encore. Selon le journaliste Charles Mann, « Göbekli Tepe était peut-être la destination d’un pèlerinage religieux, un monument pour les voyageurs spirituels qui souhaitaient vivre une expérience religieuse, à l’instar des pèlerins qui se rendent aujourd’hui au Vatican, à la Mecque, à Jérusalem, à Bodhgaya (où Bouddha a été illuminé) ou à Cahokia (l’énorme complexe amérindien près de Saint-Louis) ».

    Les objets trouvés sur le site confirment cette théorie. Les chercheurs ont trouvé la trace de certains artefacts en obsidienne dans des volcans situés à des centaines de kilomètres de là, et d’autres outils trouvés dans les ruines présentent des styles de sculpture suggérant des origines lointaines comme la Méditerranée orientale. Cependant, ces objets pourraient également être arrivés à Göbekli Tepe par le biais d’échanges entre différentes bandes de chasseurs-cueilleurs.

    Selon l’historien Tristan Carter, Göbekli Tepe représentait « une zone très cosmopolite… presque le point nodal du Proche-Orient. En théorie, des gens avec des langues et des cultures très différentes pouvaient se rassembler ».

    À un moment donné, les Néolithiques ont décidé d’enfouir Göbekli Tepe. Peut-être que leur religion a changé et que le site a perdu sa pertinence pour eux, ou peut-être que l’enterrement était lui-même un rituel lié à leurs croyances spirituelles particulières. Le remarquable niveau de préservation du site est dû à la manière dont il a été enfoui. Les chasseurs-cueilleurs ont ensuite construit une autre couche de piliers en pierre sur le temple enterré.

    Les croyances religieuses continuent de donner un sens, une structure et une paix intérieure à de nombreuses personnes aujourd’hui – environ 93 % de la population mondiale, pour être précis. Si les effets négatifs de l’extrémisme religieux violent sont indéniables et si les conflits religieux ont causé de nombreuses souffrances, la foi a également élevé l’humanité à bien des égards.

    En fait, l’inspiration religieuse est un facteur commun à plusieurs des Centres de progrès.

    Certains chercheurs pensent que la religion de l’ancienne civilisation de la vallée de l’Indus était peut-être fondée sur la propreté, ce qui a contribué à encourager les réalisations de Mohenjo-Daro en matière d’assainissement.

    À Bagdad, durant l’âge d’or de la ville, l’interprétation de l’islam qui prévalait alors a contribué à motiver la recherche scientifique et la quête du savoir.

    Dans la Florence de la Renaissance, la foi a inspiré de nombreux artistes de premier plan et l’Église catholique a financé des projets artistiques révolutionnaires.

    Au cours du siècle des Lumières écossais, qui a donné naissance aux sciences sociales modernes, la branche modérée dominante de l’Église presbytérienne a accueilli des penseurs d’avant-garde à Édimbourg.

    Plus tard, d’éminents ecclésiastiques anglicans ont soutenu la quête avant-gardiste de Londres pour mettre fin au commerce mondial des esclaves. Dans chacun de ces cas, la religion a encouragé une certaine forme d’innovation positive.

    Il ne s’agit pas de minimiser les dommages que peuvent causer certaines religions très peu libérales. Citons par exemple l’interprétation restrictive de l’Islam qui a finalement contribué à détruire le statut de Bagdad en tant que centre d’apprentissage ou le mouvement chrétien extrémiste dirigé par le frère radical Savonarole qui a cherché à détruire les œuvres d’art de Florence.

    Heureusement, on trouve aujourd’hui des penseurs épris de liberté parmi les adeptes de toutes les grandes religions. Par exemple, voyez l’étude de Mustafa Akyol sur les arguments en faveur de la liberté chez les musulmans, les écrits de Stephanie Slade sur les arguments en faveur de la liberté chez les catholiques et les travaux d’Aaron Ross Powell sur les arguments en faveur de la liberté chez les bouddhistes. Leurs écrits illustrent comment la foi peut défendre la liberté nécessaire pour découvrir et créer des choses remarquables.

    Si nous ne saurons peut-être jamais pourquoi Göbekli Tepe a été construit, les structures mégalithiques et les sculptures complexes du site symbolisent sans doute le pouvoir de la dévotion religieuse. La sophistication et la réussite artistique incarnées par cette création d’une société largement pré-agricole sont stupéfiantes. Si le site a effectivement servi de lieu de rassemblement où les peuples préhistoriques vénéraient ensemble des divinités aujourd’hui oubliées, il témoigne des nombreuses façons dont l’humanité a cherché à comprendre sa place dans l’univers et à exprimer sa révérence. Ce site mystérieux et gigantesque de l’âge de pierre mérite d’être notre trente-et-unième Centre du progrès.

    Traduction  Contrepoints

    Sur le web

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      Pourquoi Twitter a-t-il été bloqué en Turquie après le séisme ?

      news.movim.eu / Numerama · Wednesday, 8 February, 2023 - 16:34

    Séisme tremblement de terre

    Plusieurs opérateurs en Turquie ont entravé l'accès à Twitter, alors que le pays a été secoué par deux puissants séismes cette semaine. [Lire la suite]

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