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      Joseph Staline : top 10 de ses citations

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 13 March, 2023 - 03:30 · 4 minutes

    Par Jon Miltimore et par Lawrence W. Reed.

    La semaine dernière marquait le 70e anniversaire des funérailles de Joseph Staline, le dictateur marxiste qui a dirigé l’Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale et à l’apogée de son état de terreur.

    Staline, qui a suivi les traces sanglantes de Vladimir Lénine , a été victime d’une attaque cérébrale et est décédé à son Daach de Kuntsevo le 5 mars 1953. Il avait 74 ans. Des funérailles nationales ont eu lieu à Moscou quelques jours plus tard, le 9 mars, et, comme le veut la tradition soviétique, même les funérailles ont tourné au désastre. Lorsque des centaines de milliers de citoyens soviétiques sont venus « présenter leurs condoléances » (il est plus probable qu’ils aient eu peur d’attirer l’attention de la police d’État s’ils n’étaient pas présents ; le niveau de peur et de paranoïa en URSS était élevé, comme le montre de manière comique la bande annonce ci-dessus du film de 2017 La mort de Staline ), un mouvement de foule s’est formé, tuant des centaines de personnes, voire des milliers.

    « Les Soviétiques ont supprimé la nouvelle », a rapporté Vanity Fair des décennies plus tard.

    Ce fut une fin tragique mais appropriée au règne effroyable de Staline.

    Les historiens soviétiques estimeront plus tard que quelque 20 millions de civils sont morts sous le régime de Staline à cause de la famine, des exécutions, de la collectivisation forcée et dans les camps de travail.

    Malgré ces atrocités, l’agence Reuters a récemment publié un article sur l’héritage « mitigé » de Staline dans les pays qu’il a autrefois terrorisés.

    « Pourquoi devrais-je avoir une mauvaise opinion envers [Staline] ? », a déclaré à Reuters un habitant de Moscou identifié uniquement sous le nom d’Andrei, expliquant que le dictateur soviétique devrait être loué en raison de ses réalisations en temps de guerre.

    Les lecteurs peuvent bien sûr déterminer eux-mêmes si Staline était un héros communiste ou un tyran diabolique. Bien que nous soyons convaincus que les faits historiques parlent d’eux-mêmes, voici quelques citations (sourcées) de Staline lui-même qui pourraient aider les lecteurs à décider quel genre d’homme il était vraiment.

    1 « Les idées sont plus puissantes que les armes. Nous ne laisserions pas nos ennemis avoir des armes, pourquoi devrions-nous les laisser avoir des idées ? – cité dans Quotations for Public Speakers : A Historical, Literary, and Political Anthology de Robert G. Torricelli

    2 « La mort est la solution à tous les problèmes. Pas d’homme, pas de problème ». – New York Times , 1989

    3 « La gratitude est une maladie dont souffrent les chiens. -Cité dans Stalin’s Secret War (1981) de Nikolaï Tolstoï

    4 « Je considère qu’il est tout à fait indifférent de savoir qui, au sein du parti, votera et comment ; mais ce qui est extraordinairement important, c’est de savoir qui comptera les votes et comment ». -Propos tenus en 1923, cités dans les Mémoires de l’ancien secrétaire de Staline ( texte en russe en ligne )

    5 « L’éducation est une arme dont l’effet est déterminé par les mains qui la manient, par ceux qui doivent être frappés » – entretien avec H. G. Wells, 1934

    6 « La presse doit se développer jour après jour – c’est l’arme la plus tranchante et la plus puissante de notre parti. -Discours prononcé lors du douzième congrès du R.C.P.(B.), le 19 avril 1923.

    7 « Les communistes s’appuient sur une riche expérience historique qui enseigne que les classes obsolètes n’abandonnent pas volontairement la scène de l’histoire. – Entretien avec H. G. Wells , 1934

    8 « Un seul mort est une tragédie ; un million de morts est une statistique. » Quote investigator

    9 « Affirmer que nous voulons faire la révolution dans d’autres pays, nous immiscer dans leur vie, c’est dire des mensonges et ce que nous n’avons jamais préconisé ». -Staline dans un entretien avec Roy Howard, président de Scripps-Howard Newspapers , trois ans avant qu’il ne se mette d’accord avec Hitler pour envahir la Pologne.

    10 « La gaieté est la caractéristique la plus remarquable de l’Union soviétique » – Staline en 1935 ( cette citation , prononcée sans ironie, inspirera plus tard une exposition d’art soviétique très populaire).

    Citation bonus :

    « Il n’y a pas de famine réelle, ni de décès dus à la famine… Pour dire les choses brutalement, on ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs. »

    Cette citation est souvent attribuée à tort à Staline, mais elle appartient en réalité au sympathisant de Staline Walter Duranty du New York Times , qui a prononcé ces mots en mars 1933, au plus fort de l’ holodomor ukrainien , une famine provoquée par l’homme qui a tué des millions de personnes.

    Sur le web

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      Les faiblesses du modèle chinois

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 21 February, 2023 - 04:00 · 16 minutes

    La Chine de Xi Jinping est sûre de sa toute-puissance et de son ascension au rang de première puissance mondiale. Mais il existe de nombreux facteurs qui viennent nuancer cette ambition et qui interrogent sur la durabilité de ce modèle chinois.

    Ces facteurs sont multiples et concernent chaque aspect de la société chinoise : politique, social, démographique, géopolitique et économique.

    Tout rattrapage a une fin

    Les commentateurs de la situation chinoise oublient la donnée principale : le rattrapage. Pourtant le Japon et bien d’autres nous ont montré la force et les limites de ce processus.

    Tout pays bénéficiant de l’ordre public, d’une administration moyenne et d’une partie notable de sa population sachant lire et écrire, rattrape très rapidement son niveau normal après une grande épreuve qui l’a ruiné. Pour l’Allemagne de 1945, cette épreuve a été le nazisme et la Deuxième Guerre mondiale, pour le Japon de la fin du XIX e siècle, l’époque féodale et un isolement séculaire, pour la Corée du Sud la démolition quasi totale du pays par la guerre du début des années 1950.

    Pour la Chine, qui avait été une grande puissance, ce fut l’anarchie de la fin du XIX e siècle jusqu’en 1949, puis la catastrophe maoïste.

    On a oublié aujourd’hui à quel point la Chine était tombée bas, avec notamment de gigantesques famines . Bien que beaucoup plus graves que les disettes indiennes, ces famines ont été moins médiatisées, Mao ayant érigé pour principe : « pas de journalistes, pas de famine ».

    Mon grand-père communiste me disait : « On peut dire ce qu’on veut de Mao, mais il a fourni un bol de riz à tous les Chinois », cela au moment même où ils mouraient plus que jamais de faim. Admirable propagande qui avait même gagné Saint-Germain-des-Prés ! Et l’on voit aujourd’hui des gauchistes vieillissants maudire leur admiration ignorante d’alors.

    Bref, la Chine a retrouvé un ordre public après Mao, ordre dictatorial comme en témoigne le massacre de Tiananmen , mais néanmoins fin de l’anarchie permettant enfin aux acteurs économiques, alors des entreprises et des fermes publiques, de fonctionner.

    Le nouveau patron, Deng Xiaoping autorisa le secteur privé et l’ouverture sur l’étranger. Rien d’étonnant que, partant de quasiment zéro, on ait eu des taux de croissance très importants pendant quelques décennies. Les investisseurs internationaux se sont rués sur ce pays où les salaires étaient très bas, la discipline totale et la population d’un niveau intellectuel et scolaire supérieur à celui d’autres pays de la planète, que je ne citerai pas par charité.

    Ces investisseurs internationaux ont apporté non seulement de l’argent mais surtout des technologies et des méthodes de travail. Ils ont formé des sous-traitants et le goût séculaire des Chinois pour le commerce et les affaires a fait le reste.

    La différence de développement avec l’Occident tirait la Chine vers le haut, mais cette force de rappel s’affaiblit mécaniquement au fur et à mesure que l’on s’approche du niveau de développement occidental, du fait notamment de la hausse des salaires et des budgets de recherche-développement, alors que l’on profitait jusque-là de l’apport gratuit des étrangers.

    Et cette force de rappel est d’autant plus faible aujourd’hui que le régime politique est moins favorable aux entrepreneurs, comme nous allons le voir.

    La mainmise du président Xi

    Bien qu’ayant effectué les deux mandats constitutionnels le président s’est vu réinvesti à la tête de la Chine en octobre 2022, et avec des pouvoirs inégalés depuis Mao.

    La constitution oblige à révérer « la pensée XI » comme jadis celle de Mao. Il s’est entouré exclusivement de fidèles, après notamment l’éviction de Hu Jintao.

    Il n’y a maintenant qu’une seule ligne avec comme conséquence probable la rigidité dans la prise de décisions, le conformisme et l’autocensure de crainte de déplaire… ce n’est d’ailleurs pas sans risque tant pour la Chine que pour le reste du monde si l’on pense à Vladimir Poutine, à la théocratie iranienne, à l’épisode nazi et bien d’autres.

    Le poids de l’idéologie et du nationalisme

    Idéologie et nationalisme mènent au pire, et en voici des exemples récents :

    – le rejet des vaccins européens pour utiliser des vaccins nationaux moins efficaces, ce qui est une des causes des excès de la politique zéro-covid ayant paralysé l’activité économique. D’où l’ouverture brutale pour éviter l’effondrement économique et la flambée des contaminations qui a suivi.

    – le mépris des relations internationales avec de violentes attaques verbales et de fausses informations. Le tout suivi de rétropédalages lorsque l’on constate que l’étranger est indispensable dans tel ou tel domaine ou que l’isolement va coûter cher.

    – le resserrement du contrôle du parti en rappelant la nécessité pour toute entreprise, étrangères compris, d’accepter une intrusion dans la gestion par une cellule du parti.

    Le refus de la jeunesse de se sacrifier pour la cause

    Aujourd’hui les jeunes Chinois vivent mieux que leurs ainés et comprennent de moins en moins l’utilité des sacrifices qui leur sont demandés. Ils ne se jettent plus corps et âmes dans le travail pour sortir de la misère et refusent de plus en plus de faire les 6×9 (9 heures par jour, 6 jours sur 7).

    Les jeunes se considèrent comme les principales victimes de la stratégie zéro-covid qui aura duré trois années. À Shangaï et dans d’autres villes chinoises, chaque sortie entraînait le risque d’être contaminé ou de devenir cas contact et donc de voir l’immeuble entier confiné pendant deux semaines : impossible de sociabiliser, de se construire un réseau, de bâtir son avenir, etc.

    Malgré une censure très réactive, des témoignages ont filtré sur l’exaspération des jeunes contre la politique zéro covid et parfois contre le régime.

    La maladresse de la télévision nationale montrant une foule internationale sans masques pour le mondial de football au Qatar a déclenché la fureur.

    La catastrophe économique s’étant ajoutée à cet état d’esprit, le régime a brusquement levé les confinements.

    Une péripétie : redémarrer l’économie en déclenchant une crise sanitaire

    Comme prévu, il en est résulté une flambée des contaminations et des décès . Les chiffres officiels restent très en dessous de ce que l’on peut subodorer au vu de l’embouteillage des entrepôts frigorifiques où sont stockés les cadavres et celui des centres de crémation.

    L’estimation occidentale évoque un à deux millions de décès supplémentaires, surtout de personnes âgées, du fait de la moindre efficacité des vaccins chinois et de leur préférence pour la médecine traditionnelle. Les Occidentaux estiment que les confinements ont freiné l’immunité naturelle et que la demande de soins intensifs pourrait être de 16 fois la capacité existante.

    Les autorités estiment que la reprise économique qui semble rapide justifie cette prise de risque dont les conséquences sont pour l’instant inconnues, faute de chiffres officiels fiables.

    Mais la reprise n’est pas la croissance : pour l’instant il s’agit d’un simple rattrapage par rapport au creux du confinement.

    Revenons aux problèmes structurels.

    Vers la fin du réservoir de main-d’œuvre

    Un des ressorts de la croissance chinoise est le travail des migrants internes, les mingong . Les Chinois, comme les Soviétiques, restent à vie rattachés à leur commune de naissance par le passeport intérieur .

    Il y aurait 250 millions de travailleurs venus de la campagne chinoise et travaillant dans les villes sans bénéficier des avantages sociaux des citadins. Ils laissent en général leurs enfants à la charge des grands-parents restés au village, à qui ils envoient une partie de leur salaire.

    Ils vivent souvent entassés dans des logement préfabriqués près des usines, voire dans l’usine elle-même, avec un horaire hebdomadaire pouvant atteindre 80 heures, tandis que leurs enfants sont scolarisés dans les écoles de village de second ordre.

    Cette main-d’œuvre bon marché est l’un des ressorts de la croissance mais le déclin démographique mène à s’interroger sur sa permanence.

    Le décrochage démographique

    La Chine aujourd’hui ce sont 1,4 milliard d’habitants mais avec une pyramide des âges qui se transforme.

    Dans un premier temps, le pays a bénéficié du « dividende démographique » : les dernières décennies de croissance démographique génèrent provisoirement beaucoup d’actifs, avec peu de personnes à charge. Peu d’enfants, du fait de la politique de l’enfant unique, et peu de personnes âgées du fait de la croissance d’une génération sur l’autre quelques décennies plus tôt.

    Dans un deuxième temps, une partie de ce grand nombre d’actifs dépasse les 60 ans, âge de la retraite pour les hommes (55 ans pour les femmes), tandis que la baisse des naissances (1,3 enfant par femme seulement) diminue la proportion des actifs de moins de 30 ans et donc celle des moins de 40 ans dans 10 ans.

    Actuellement, le pays est dans une situation intermédiaire moyennement dégradée avec 70 % de sa population en âge de travailler, contre 60 % en Europe. Mais c’est provisoire puisqu’en 2050 la Chine connaitra 250 millions d’actifs en moins par rapport à aujourd’hui. Et cela pour faire face à 24 % de personnes âgées contre 7 % aujourd’hui.

    Un autre facteur plombe la fécondité malgré la fin de politique de l’enfant unique : le manque de femmes. Aujourd’hui il y a 104 hommes pour 100 femmes, du fait d’avortements visant les filles lors de la politique de l’enfant unique.

    Et le phénomène perdure malgré la fin de cette politique car une famille sur deux ne prévoit qu’un seul enfant du fait du coût de l’éducation et du logement. Or comme c’est le garçon qui s’occupera des parents, ces derniers ont recours aux avortements sélectifs, auxquels s’ajoute une forte mortalité des filles qui sont souvent négligées puisque destinées à soutenir une autre famille.

    Sur ce problème, je vous conseille mon article sur la Corée du Sud , pays soumis à des problèmes analogues mais où l’on est libre de faire des études démographiques poussées.

    Le régime chinois semble n’avoir découvert ce gigantesque problème qu’en 2022 à l’occasion du dernier recensement, et tente de réagir par une politique nataliste, sans résultat pour l’instant. De toute façon, quand bien même elle serait efficace que ça ne changerait leur pyramide des âges que progressivement de 2040 à 2080 !

    Une percée géopolitique qui s’étiole

    Après l’ouverture de la Chine, réussie sous Deng Xiaoping et continuée par ses successeurs, Xi renoue avec une tradition maoïste d’isolement du pays face à l’Occident et sa morale présentée comme « décadente ». L’épisode le plus remarquable a été celui des « loups combattants » ces diplomates injuriant le pays hôte, ce qui a nui à l’image de la Chine. On constate un retour à une diplomatie plus classique.

    Au-delà des moyens employés, l’objectif est maintenant de créer un nouvel ordre mondial , qui ne serait plus dominé par l’Occident, en cherchant à dialoguer avec les pays « périphériques » : Afrique, Amérique du Sud, Europe de l’Est, Asie Centrale…

    Mais après une première phase « généreuse » voyant la Chine construire des infrastructures payées à crédit, les bénéficiaires se retrouvent endettés envers la Chine et donc dépendants. Avec de plus le désagrément de devoir céder des infrastructures, des ports par exemple, donnés en garantie.

    Ce piège de la dette chinoise est une des causes du rejet des Chinois par les populations , au Sri Lanka par exemple.

    La Chine n’est donc plus aujourd’hui le sauveur qu’elle prétendait être. À cela s’ajoute un mépris des populations locales qui rappelle de mauvais souvenirs coloniaux. Le démarrage en fanfare en Afrique est ainsi menacé.

    Mais si la base grogne, la plupart de leurs gouvernants restent prochinois pour des raisons financières pratiques. En effet, les entreprises chinoises ne souffrent pas des mêmes contraintes légales anticorruption que les entreprises occidentales, qui risquent un procès dans leur État de droit, et sont ainsi moins « attractives » pour les gouvernants corrompus.

    Enfin, l’image de la Chine s’est dégradée depuis quelques années, notamment en Occident, dont la Chine dépend pourtant pour beaucoup de matériaux ou matériels indispensables, et comme marché pour ses exportations.

    Ces difficultés chinoises sur le plan international sont aggravées par la question taïwanaise , sur laquelle Pékin proclame que la réunification se fera au besoin par la force. Or toute intervention militaire de la Chine entrainerait des conséquences imprévisibles.

    L’émission de gaz à effet de serre et la pollution

    C’est un problème aigu en interne mais également à l’international.

    En interne, la pollution atmosphérique est un gros sujet de mécontentement. Les industries polluantes qui entouraient Pékin et lui cachaient le soleil ont été éloignées mais pas fermées.

    La Chine consomme autant de charbon en un jour que la France en un an, et représente 52 % de la consommation mondiale de charbon en 2020.

    La pollution de l’ eau empoisonnée par les déchets industriels et domestiques , est un danger direct pour la population et dégrade la production agricole. Les riches Chinois préfèrent acheter leur nourriture à l’étranger.

    À l’international, le fait que la Chine soit devenue le premier pollueur mondial en termes annuels avant les États-Unis dégrade également son image.

    Certes la Chine répond qu’en cumulé depuis le début de la révolution industrielle, les États-Unis restent en tête.

    Mais ce qui compte dans l’esprit des écologistes c’est bien la contribution actuelle puisqu’on ne peut pas changer celle du passé.

    Or la Chine continue à polluer chaque jour davantage alors que les pays occidentaux continuent à croître, certes plus modérément que la Chine jusqu’à présent, mais tout en faisant néanmoins baisser leurs émissions.

    Comme les autres pays du sud, la Chine répond que son développement nécessite la consommation des ressources naturelles : charbon, pétrole, gaz, bois, eau… et que les pays occidentaux ont beau jeu de faire la morale alors qu’ils sont développés.

    L’orgueil chinois bute sur sa dépendance envers l’étranger

    Comme nous l’avons vu, l’économie chinoise dépend du reste du monde, ce qui nécessite des relations commerciales et politiques avec l’extérieur et entre en contradiction avec une diplomatie agressive.

    On remarque déjà une baisse sensible des investissements de certains grands groupes comme Apple ou Google, qui délocalisent certains de leurs centres de production vers d’autres pays d’Asie du Sud-Est, l’Inde ou le Mexique.

    Et ça ne concerne pas que les entreprises américaines : 23 % des entreprises européennes sont en train de réfléchir à transférer leurs activités et leurs projets d’investissements hors de Chine.

    Dans les deux cas, les entreprises n’apprécient pas la politique intérieure chinoise, qui vise un contrôle total des vies individuelles et des entreprises .

    Pour les pays occidentaux, ce n’est plus simplement une question souvent annexe concernant les droits de l’Homme , mais une véritable menace pour le fonctionnement de leurs forces vives, les entreprises.

    La dette publique et privée

    La Chine est un pays profondément endetté, surtout si on tient compte de sa dette invisible.

    Cette dernière correspond au classement discret de dettes contractées en contrepartie de dépenses d’infrastructures, dettes qui ne seront jamais remboursées si les infrastructures en question se révèlent non rentables. Ces dettes resteront à la charge des banques ou des collectivités locales voire du gouvernement.

    Cette tentation de multiplier les infrastructures est d’autant plus forte qu’elle gonfle les chiffres de croissance, ce qui est bon pour la carrière des autorités locales et pour l’image de la Chine à l’étranger. À cela s’ajoute le « capitalisme de connivence » : certaines infrastructures sont lancées par copinage politique et en général financier et non pour des raisons d’utilité économique.

    C’est le cas des créations d’autoroutes ou de TGV non indispensables… et surtout du logement , problème mieux connu parce qu’il touche un très grand nombre de Chinois.

    On lance la construction de logements qui ne seront jamais habités : d’une part pour des raisons démographiques puisqu’il n’y aura pas assez de jeunes ménages ; d’autre part parce qu’il s’agit d’une spéculation : on achète sur plan un logement dont on n’a pas besoin, en espérant le revendre avec un bénéfice plus tard… et on réalise aujourd’hui qu’il n’aura pas forcément d’acheteurs !

    La plus grande faillite est celle du promoteur Evergrande . Il y en a de multiples autres sans parler de ce qui est dénoué discrètement sans que la dette n’apparaisse dans les statistiques nationales.

    Le total des dettes chinoises connues, intérieures et extérieures est de l’ordre de 40 000 milliards de dollars , soit 15 % des dettes mondiales.

    Seuls les États-Unis seraient davantage endettés mais ce n’est pas un souci pour eux tant que le dollar n’est pas contesté.

    En conclusion

    Les problèmes s’additionnent et rendent l’avenir imprévisible.

    Les optimistes pensent que tout cela obligera le régime à évoluer dans le bon sens, d’un point de vue occidental du moins. Se fondant sur l’exemple de l’Iran, de la Russie et de bien d’autres les pessimistes estiment que la surveillance et la répression maintiendront le régime en place.

    Les sinologues donnent raison aux pessimistes en rappelant que le peuple chinois est conditionné à révérer le pouvoir et à s’y soumettre.

    Depuis des millénaires, l’administration impériale y compris celle de l’empereur actuel, Xi Jinping, se méfie des innovations et des conflits, d’où un vigoureux droit pénal pour les réprimer. Mais il n’y avait pas de droit civil, de propriété ou des contrats. Donc pas de capitalisme.

    L’entrepreneur reste à la merci du pouvoir. On comprend pourquoi les idées occidentales sont haïssables.

    À mon avis, d’une manière ou d’une autre, les problèmes que nous venons d’évoquer auront d’importantes répercussions sur l’économie.

    La Chine pourrait devenir une sorte d’URSS : tout pour l’armée, rien pour le peuple.

    La décennie qui vient verra l’orgueil chinois être sévèrement atteint. Les répercussions politiques sont imprévisibles et peuvent aller jusqu’au déclenchement d’une guerre pour masquer les problèmes.

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      Après le passé de l’URSS, voici celui de la Food and Agriculture Organization

      Carl-Stéphane Huot · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 15 December, 2022 - 03:30 · 4 minutes

    L’actuelle demande d’une plus grande protection de la biodiversité via la protection des forêts mondiales à la COP15 de Montréal (décembre 2022) repose sur une falsification importante des données sur les forêts mondiales . Voici l’histoire.

    C’est la Food and Agriculture Organization des Nations Unies (FAO) qui s’occupe à intervalle plus ou moins régulier de prélever et mettre en forme lisible les statistiques sur la superficie que les forêts occupent dans le monde. La première édition date de 1948 et la dernière de 2020. Le résultat peut être lu ici .

    Des données publiques falsifiées

    J’ai repris les différentes éditions du Global forest ressources assessment de la FAO. En ne lisant que la valeur « courante » -celle de l’année de publication- on peut lire d’abord une baisse de 1948 à 1990, la superficie des forêts du monde passant de 40 à 34 millions de km 2 . Par la suite une croissance intéressante  est survenue, amenant une mesure de 41 millions de km² en 2020, au moins égale sinon légèrement supérieure à la valeur de 1948. Déjà là nous avons un premier problème : où est la déforestation massive que se plaisent à dénoncer les groupes environnementalistes depuis des années?

    Si l’on lit un peu plus, on peut s’apercevoir qu’à partir de 1990  à peu près la FAO augmente sensiblement et systématiquement les valeurs passées, ce qui fait apparaître une baisse continue de la superficie des forêts et une disparition assumée des écosystèmes. La valeur de 1990 a été revue à la hausse  à chaque édition successive depuis. De 34 millions de km² en 1990, on est passé à 36 millions en 1995, à 40 millions en 2000, à 41 millions en 2005, et à 42 millions en 2010 et 2020. Pour une différence après 30 ans de « plus » de 7 millions de km². Cela permet donc, par comparaison, oh surprise !, de faire apparaître une baisse de deux millions de km² entre 1990 et 2020 et aux environnementalistes de crier à la déforestation continue.

    Rendu là, on peut quand même éliminer un argument, celui du délai de transmission des données. En effet, les données sur l’agriculture prennent environ trois ans avant d’être (à peu près) complètement transmises par les pays à la FAO. Il est donc possible qu’il y ait une certaine différence entre deux éditions pour cette raison. Il est possible qu’il y ait des erreurs de frappe ou que l’utilisation d’une meilleure méthode permettent de faire apparaître un meilleur estimé des données sylvicoles. Mais cette correction dépasse largement cela. Après 30 ans, il s’agit ni plus ni moins que d’une entreprise de falsification systématique des données publiques.

    On peut y ajouter tout ce qui est dépensé par les gouvernements pour améliorer la qualité de l’air et de l’eau, sans compter toutes les restrictions gouvernementales via les lois et règlements, sous la pression des environnementalistes.

    Je ne vois donc que deux alternatives : ou les actions des gouvernements en environnement sont complètement sans effet, ou la baisse de biodiversité n’est que du gros n’importe quoi.

    Les problèmes qui en découlent sont nombreux

    On peut s’en douter. Et ils dépassent largement le cadre de la FAO.

    Mentionnons-en quelques-uns :

    Ces données nous appartiennent, à vous et à moi en premier lieu. Nous payons des gens par nos taxes pour mesurer ici la superficie des forêts en plus d’évaluer les proportions des différentes espèces et le pourcentage d’arbres morts par exemple. Quelles que soient les valeurs obtenues et la précision (même relative) de celles-ci, nous devons exiger qu’elles soient conservées. Cela permet entre autres de juger de l’efficacité des politiques pour améliorer la situation, quitte à en abandonner certaines si le rapport coût-bénéfice n’est pas au rendez-vous.

    La conservation des données participe aussi à la reddition de compte que nos gouvernements nous doivent. Si celle-ci n’est pas satisfaisante elle doit être prise en considération lors du choix périodique de nos représentants élus.

    Cela finit par semer le doute dans la population sur les intentions réelles de nos gouvernements, sans compter leur capacité à résoudre un problème quel qu’il soit. Ce n’est pas en truquant les données que les gouvernements vont nous prouver leur sérieux.

    On a beaucoup parlé des conspirationnistes durant la crise liée au covid. Ce genre de falsification entraîne probablement à chaque fois une hausse de leur nombre, rendant le débat public tout de même un peu plus difficile chaque fois. Certes les gouvernements peuvent à bon droit se réjouir de la hausse de leur nombre car cela complexifie la reddition de compte.

    En effet, plus les conspirationnistes sont sous le feu de la ramp, moins ils ont à rendre de comptes. Il suffit de balayer toute question, même sérieuse et bien étayée en l’accusant d’émaner de la mouvance conspirationniste.

    Cela a pour effet de focaliser l’attention sur certains problèmes au détriment d’autres qui seraient possiblement plus pressants au gré de l’agenda politique de certains. Il serait bien de pouvoir définir un certain nombre de problèmes, de leur assigner un niveau de préoccupation réaliste et de débattre des méthodes de résolution voire des montants que l’on peut réellement y consacrer. Au lieu de cela, certains peuvent s’immiscer dans le débat politique sans être élus, ni être redevables et imposer leurs vues -même clairement fausses- sans tenir compte du reste.

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      Géorgie : Ivanishvili quitte la politique après avoir amené le pays au seuil de l’OTAN et de l’UE

      Guillaume Périgois · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 27 January, 2021 - 03:40 · 4 minutes

    Géorgie

    Par Guillaume Périgois.

    La semaine dernière, la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili était à Bruxelles pour rencontrer les dirigeants de l’UE au Parlement, à la Commission et au Conseil ainsi que le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, qui a à nouveau souligné que la Géorgie était sur la voie de son adhésion à l’OTAN.

    Suite à une précédente réunion en décembre 2020, la Géorgie a vu son partenariat avec l’OTAN renforcé par des capacités de défense accrues, ce qui rapproche encore plus la Géorgie d’une éventuelle adhésion à l’ OTAN.

    Les efforts soutenus de Tbilissi pour rejoindre l’Alliance atlantique se comprennent aisément. La principale tension sous-jacente à la politique géorgienne est en effet issue des efforts incessants de la Russie pour faire pression sur son voisin méridional afin qu’il reste dans son orbite.

    L’ancienne république soviétique a mené une guerre de cinq jours contre la Russie en août 2008 , déclenchée par l’ancien président géorgien Mikheil Saakashvili, en dépit des mises en garde de hauts fonctionnaires américains, dont Condoleezza Rice, à son encontre. Douze ans après, Moscou occupe toujours l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, soit un cinquième du territoire géorgien.

    Au cours de la dernière décennie, les dirigeants politiques géorgiens ont ainsi travaillé à une adhésion à l’UE et à l’OTAN, de la mise en œuvre d’un accord d’association avec l’UE à l’accueil d’exercices multinationaux de l’OTAN en 2019 et 2020.

    Cette relation toujours plus étroite, patiemment tissée entre la république du Caucase et l’Ouest, est principalement à mettre au crédit de son ancien Premier ministre Bidzina Ivanishvili, qui a récemment décidé de passer le témoin à la nouvelle génération pour se consacrer à la philanthropie.

    L’homme le plus riche de Géorgie a en effet déclaré, le 11 janvier dernier, qu’il avait décidé de quitter définitivement la vie politique après la victoire du parti Rêve géorgien aux élections législatives d’octobre 2020. Monsieur Ivanishvili a déclaré :

    « J’ai décidé de me retirer complètement de la politique et de lâcher les rênes du pouvoir. Je quitte mon poste de président du parti, ainsi que le parti lui-même »

    Bidzina Ivanishvili, dont le patrimoine est estimé à 5 milliards d’euros, a fait fortune dans la Russie post-soviétique en rachetant un ensemble d’exploitations minières, d’usines sidérurgiques, de banques et de biens immobiliers au cours des années 1990. Il en a vendu la majorité avant son élection au poste de Premier ministre en octobre 2012 en tant que chef du parti qu’il a créé, Rêve géorgien. Outre son départ, il a annoncé qu’il consacrerait plus de 90 % de sa fortune à ses activités philanthropiques.

    Au-delà de cette plus grande proximité avec l’OTAN, la Géorgie semble avoir franchi un cap au cours des dernières années.

    La pauvreté a été réduite de moitié , passant de 32,5 % en 2006 à 16,3 % en 2017, les moins favorisés bénéficiant des politiques du gouvernement et des nouvelles opportunités économiques.

    Depuis 2012, le pays est aussi devenu l’un des meilleurs endroits au monde pour faire des affaires.

    Le classement annuel Doing Business dressé par la Banque mondiale place la Géorgie à la septième place, devant le Royaume-Uni (huitième place), loin devant la France (32ème place) et bien au-dessus de 26 des 27 États membres de l’UE.

    Dans son rapport 2020 sur la liberté économique dans le monde, le think tank libéral canadien Fraser Institute place la Géorgie parmi les leaders mondiaux en termes de liberté économique : « La Géorgie est classée au huitième rang des pays les plus libres économiquement, derrière Hong Kong, Singapour, la Nouvelle-Zélande, la Suisse, l’Australie, les États-Unis et l’île Maurice » .

    La démocratie de cet ancien État satellite de l’URSS est maintenant solidement ancrée, comme en témoignent trois élections libres et équitables consécutives.

    Le Parlement européen a ainsi fait l’ éloge des élections législatives d’octobre 2020 , déclarant que « les candidats ont pu faire campagne librement, ce qui a donné aux électeurs un véritable choix entre plusieurs plateformes ».

    Un processus démocratique stable, un ancrage politique et stratégique à l’ouest et une économie libre : l’ancien Premier ministre laisse en héritage un pays qui peut se tourner vers l’avenir avec optimisme.