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      Vaccination des soignants : la mauvaise santé du pouvoir

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 22 February, 2023 - 03:40 · 7 minutes

    Je ne suis d’aucun clan, d’aucun parti, d’aucune Église. Je m’en tiens aux faits et aux données mais dans le domaine de la vaccination, je peux revendiquer être pro. Sans entrer dans le détail et gagner ces petites zones d’ombre où se tapit le diable. Sans occulter non plus les travers éventuels. Enfant, j’ai longuement rêvassé sur l’image d’Épinal, en couverture des manuels scolaires, vous savez, cet innocent Joseph Meister . Le pauvre berger de neuf ans irrémédiablement condamné n’attendait plus que l’échéance quand… bing , il fut sauvé par Pasteur et la science d’Auguste Comte. Ainsi, malgré mes prétentions à l’objectivité, je subis peut-être ce petit biais affectif : Thomas Kuhn l’a dit, la science n’est pas vérité. Elle n’est que paradigmes.

    Avant le covid, je militais en faveur de la vaccination Gardasil car les les cancers du col tuent 8 millions de femmes chaque année dans le monde. Ma fille chérie a d’ailleurs été vaccinée.

    Tant d’autres vaccins ont bouleversé la donne. Comme pour toute thérapeutique providentielle, comme pour toute forme de progrès, particulièrement en ces heures de trouilles systématisées, l’homme aime casser le jouet. Prenez le cancer de la prostate. Dans les années 1980, le dépistage par le PSA (Prostatic Specific Antigen) et la thérapeutique ont phénoménalement progressé. Peut-être avons-nous dans la foulée, transitoirement surtraité et surdépisté mais cette page est tournée de longue date. Au début des années 2000, certains confrères ont pris le dépistage en grippe avant que le débat ne s’équilibre à nouveau. Un certain temps… Souvenez-vous des paradigmes. Pourtant, j’entends encore, à l’occasion, qu’il est scandaleux de dépister le deuxième cancer de l’homme. Restons rationnels. Certes, la médecine est humaine et imparfaite mais les intentions des soignants sont en majorité louables.

    Le vaccin, nouvelle cible des énervés, subit le même sort que le PSA.

    Restons cohérents et laissons l’émotionnel aux non scientifiques. Hélas, un génial président a savonné la planche et engendré des générations de réfractaires, en proclamant « emmerder les non-vaccinés . » Du pur génie… Il n’avait pas dû recevoir le précieux vaccin Anti-Ab-Ruti, du laboratoire Gédu-Bonsens. L’objectif était-il de convaincre les indécis ou de soumettre indistinctement les peuples ? Tout est là, en réalité car quelle est la mission du dirigeant ? Diriger.

    Mais les vaccins, alors ?

    Médicalement, ils sont une providence mais ils font l’objet d’une intervention étatique du fait de leur poids sur la santé publique. Dès lors, le message est brouillé. L’État œuvre à soumettre. Cerfa et médecine ne font pas bon ménage , comme l’a démontré la crise liée au covid, avec ses absurdités récurrentes, ses bidules de premières nécessités, ses horaires ésotériques et ses leçons de vertu médico-républicaine… Nos fonctionnaires disposaient enfin d’une guerre et ils se sont rêvés stratèges. Le virus, lui, s’est naturellement éteint après deux à trois années de nuisance, comme ses huit précédents confrères l’avaient fait. Un simple benchmarking permet de constater que la mortalité, faible et concentrée sur la population des personnes âgées fragiles, n’a guère varié en fonction des politiques. 427 milliards d’euros ont été dilapidés en grande partie en pure perte. Ceux qui appellent à la redistribution des fortunes de nos milliardaires ont eu la démonstration de l’inanité de leurs thèses.

    Concernant le covid, le vaccin n’est pas stérilisant . Le vacciné reste en capacité d’infecter son patient. Chaque année, je me bats pour que le personnel se prémunisse contre la grippe afin de limiter les risques pour les patients les plus fragiles. J’ai le souvenir d’une infirmière, atteinte dans le service d’une hépatite B, dont le mari, contaminé dans l’alcôve, a perdu la vie. Hépatite fulminante .

    Donc oui au vaccin chez les soignants, bien évidemment mais avec finesse. Concernant le covid, je ne partage pas l’avis de ceux qui plaident pour une obligation, avant tout pour des raisons médicales puisqu’il ne protège pas les patients exposés au soignant contaminé mais également pour d’autres motifs. Ce vaccin suscite la peur et le bon médecin cherche à apaiser, non à terroriser. Voulons-nous encore plus d’antivax ? Miraculeusement, sous la pression de l’opinion, le législateur semble enfin admettre ces évidences. Trop de malheureux ont payé de leur santé les obligations administratives diverses.

    Prenez les PCR. Récemment, un de mes patients a dû se ronger des mois avant d’avoir son IRM prostatique. Le délai habituel est de deux à trois mois mais il portait un pacemaker. L’IRM est un énorme aimant et organiser l’examen a pris du temps. Le patient redoutait, à juste raison, un cancer que l’IRM a confirmé. J’ai aussitôt programmé une biopsie mais le jour de l’intervention le pauvre a été renvoyé : il avait fait un test antigénique et non une PCR. Vacciné cinq fois, asymptomatique, il a dû attendre trois semaines supplémentaires avant d’avoir la preuve définitive de son cancer de prostate et d’embrayer sur le bilan d’extension avant la thérapeutique. Était-il judicieux de perdre plus de temps ? Le pire est que, quand je l’ai appelé pour m’excuser, alors qu’il avait été renvoyé avant même que je sois informé par la direction de la clinique, il s’est excusé. J’attends que le directeur ou tout fonctionnaire m’explique la différence entre un test antigénique et une PCR endonasale chez un asymptomatique vacciné. Hélas, les citoyens se soumettent à l’État, supposé éclairé. Si l’administration se substitue au pouvoir médical, la catastrophe ne peut que suivre.

    En l’absence de toute rationalité concernant la gestion de ce vaccin covid, si l’on admet que malgré toutes les évidences contraires, nos technocrates disposent d’une certaine forme d’intelligence, il ne reste que leur essentielle préoccupation, la soumission. Le pouvoir ne tolère que difficilement les reniements. On en revient à l’emmerdeur de non vaccinés. Comment rétropédaler quand on est allé aussi loin dans l’invective ? C’est difficile mais n’aurait-on pas dû éviter préventivement ces excès verbaux ? Cette évidence semble excéder les maigres compétences du chef des chefs, qui se laisse déborder par ses émotions, exposant au grand jour lesdites faibles aptitudes. Alors tout cela va prendre du temps. Nos mégalos qui n’aiment pas avaler leur chapeau vont pourtant devoir s’habituer à ce régime. Énergie, économie, écologie, diplomatie, l’heure de la facture approche.

    En 1969, la grippe asiatique a probablement fait autant de victimes que le covid, si l’on considère que le bloc communiste ne communiquait pas ses données. Alors, on envisageait de ne masquer que les femmes, supposées plus bavardes donc plus facilement vectrices. Sous le coup de l’émotion, on attaquait l’Institut Pasteur avec des arguments parfois aussi faibles que certains de ceux réservés à Bigpharma. On critiquait le grand Pompidou, qui s’en est évidemment mieux sorti que le petit Macron. Les années passant, je crains qu’il ne subisse ce type de revers de manière insistante. Il a créé les conditions de la crise en hystérisant un sujet médical. Qu’il assume. Ma préoccupation va au citoyen.

    Autres victimes de la politique de santé, les soignants exclus… Ils sont assez peu nombreux. Dans l’établissement où j’exerce cela se réduit à une infirmière mais une injustice est-elle moindre si elle ne touche que peu de monde ? Pompiers, infirmières, aides-soignants, des tas d’innocents ont été exclus de leurs entreprises et ostracisés pour de mauvaises raisons, liées à l’interprétation erronée de données médicales par des fonctionnaires plus rompus au Cerfa qu’à la biostatistique. Un grand président s’en excuserait et réintégrerait en masse. Un petit prétentieux se perdrait en manœuvres dilatoires, esquiverait, diluerait, prétexterait, fuirait, réinventerait… Nous verrons mais on n’échappe pas à sa condition. Sauf si l’on a reçu le vaccin que j’évoquais en première partie, évidemment.

    Retrouvez Bagatelles, le dernier audio book de Denis Dupuy sur Youtube .

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      La crise de la santé ne fait que rebondir

      Bernard Kron · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 24 November, 2022 - 03:30 · 6 minutes

    Le 17 novembre, l’ISNI a appelé à la mobilisation dans toute la France pour protester contre la quatrième année d’internat votée par l’Assemblée et le Sénat et contre les nouvelles obligations imposées par le PLFSS.

    Elle n’a pour l’instant entrainé aucune inflexion de la politique de santé.

    Le Conseil national de la refondation peut-il sauver notre système de soins ?

    À la lecture de l’ interview de mon confrère Philippe Denormandie dans Le Quotidien du Médecin du 10 novembre, ma réponse est négative car il est sourd aux appels des internes.

    En deux pages il ne donne que de vagues orientations alors que l’on sait parfaitement ce qu’il faudrait faire. Il n’y a malheureusement ni volonté politique ni savoir-faire, ce qu’avait déjà démontré mon analyse sur le Ségur de la santé .

    Les causes et les remèdes de ce désastre sanitaire sont décrites dans Blouses blanches colère noire .

    La désertification des campagnes a gagné les grandes villes, les études de médecine ne sont plus adaptées.

    La certification périodique ou réaccréditation des médecins diplômés sera applicable au 1 er janvier 2023 : en se plaçant au-dessus des ordres professionnels auprès desquels on cotise l’État pourra interdire d’exercice les médecins réfractaires. C’est reconnaître implicitement que dix années d’études formeraient de mauvais médecins.

    L’internat doit être réformé

    Une quatrième année d’internat en médecine générale est un non-sens car cela décalera d’une année l’installation des professionnels, entraînera une pénurie de remplaçants et retardera, pour ceux qui le souhaitaient (afin d’accéder au secteur II), la prise d’un poste d’assistant à l’hôpital.

    Les internes peuvent refuser cette quatrième année et saisir le Conseil d’État ou passer leur thèse pour s’installer. La soutenance de la thèse se fait au plut tôt après validation de trois semestres de formation et au plus tard trois années après l’obtention du DES.

    Le Sénat a voté cette loi sous les instigations du sénateur Bruno Retailleau. Les internes ont déjà choisi leur région après l’ examen classant ECNi .

    Ils ne veulent plus partir loin de leurs bases avant de s’installer, sauf pour des remplacements. Suivre cette quatrième année de médecine générale sans encadrement est inepte. Ce serait contre productif en retardant d’autant les installations qui manqueront ailleurs. Les vieux médecins n’auront pas de remplaçants et cesseront d’exercer. Le risque de démissions des praticiens hospitaliers déjà sous pression est réel. Je l’avais exprimé au Pr Philippe Juvin lors d’un long entretien. Malheureusement un élu ou un politique est persuadé d’avoir raison et quand il se trompe il persévère dans la même voie.

    Il n’y a qu’une solution : commencer l’internat un an plus tôt, mais le système LMD est un obstacle. Quelle erreur de l’avoir adopté. Donner une formation adaptée à l’exercice libéral devrait commencer pendant le deuxième cycle. Lors du débat sur les urgences au Sénat, le sénateur Jean-Paul Savary a évoqué mon livre pour soutenir mes propositions.

    C’est une bien triste situation qui va dégoûter les plus motivés à exercer une médecine libre. Des jeunes seront toujours attirés par un métier encore prestigieux et sans chômage mais ils se contenteront d’un salaire avec des semaines de travail de moins de 45 heures.

    L’hôpital se meurt d’être suradministré

    Les réformes ont éliminé les grands mandarins qui déplaisent au pouvoir par leur résistance. Ils ont été remplacés par des petits mandarinats administratifs qui se sont multipliés en créant de plus en plus de structures.

    Les hôpitaux doivent retrouver leur autonomie avec des accords complémentaires entre établissements. Un hôpital doit être centré sur le soin. Avec l’enseignement, la recherche et l’administration, un praticien hospitalier n’y consacre que 50 % de son temps.

    Il y a pénurie de personnels car le numerus clausus n’a pas été supprimé à l’internat, entraînant un manque de pédiatres et de réanimateurs. C’est ainsi 25 % des Français n’ont pas de pédiatre dans un rayon de moins de 100 km.

    À cela s’ajoutent l’absence des personnels non vaccinés toujours suspendus et la diminution des précautions sanitaires à la sortie de la pandémie.

    D’une manière générale, ces problèmes dépassent la pédiatrie. C’est tout l’hôpital public qui est en train de s’effondrer.

    Le Ségur et la loi Ma santé 2022 ne règlent rien.
    Les personnels suspendus ne reviendront pas car la plupart ont choisi une autre orientation ou sont partis dans des pays voisins plus attractifs.
    Les écoles de soignants n’attirent plus, un tiers des écoles d’infirmières sont vides. La durée moyenne de la carrière d’une infirmière à l’AP-HP ne dépasse pas cinq années.
    Les agences de santé s’empilent ainsi que les postes administratifs : 34 % en France contre 22 % en Allemagne, ce qui représente un budget équivalent à 100 000 postes de soignants.
    À l’Assistance Publique de Paris, les internes et les infirmières ne peuvent pas se loger avec un salaire de 2000 euros par mois.

    L’urgence hospitalière pourrait être mieux prise en charge.

    Il faut des lits et du personnel disponibles pour éviter l’attente aux urgences, laquelle peut atteindre de 12 à 24 heures. La submersion des services pédiatriques par l’épidémie de bronchiolite est un phénomène récurrent. Chaque hiver les services sont submergés par les problèmes respiratoires aigus.

    Le manque de médecins disponibles en ville incite les patients à se rendre aux urgences car ils savent qu’ils seront pris en charge avec un examen biologique et un scanner. Malheureusement, des malades meurent sur des brancards car les urgences graves se mélangent avec la bobologie. Avec la pénurie de chirurgiens, les retards s’accumulent. Une simple appendicite devient une péritonite et une occlusion se perfore faute d’être opérée à temps. 45 % des urgences chirurgicales sont prises en charge avec retard.

    Le tri par le 15 mis en place par le nouveau ministre de la Santé ne fera que déplacer le problème car le tri par téléphone nécessite un personnel formé et donc des médecins régulateurs alors que l’on manque de soignants.

    Il faut réformer l’accueil aux urgences en le partageant avec les urgentistes et les internes (à condition de les préparer dès le deuxième cycle d’études).

    Pour conclure

    Le CNR ne se concrétisera que par des réunions consensuelles et stériles. La politique de santé conservera les mêmes orientations : limiter l’offre pour diminuer les dépenses de santé.

    Puis ce sera l’effondrement.

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      Obliger les soignants à se faire vacciner ? Chantage et manipulation !

      Patrick de Casanove · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 7 March, 2021 - 04:45 · 8 minutes

    vacciner

    Par Patrick de Casanove.

    La peur fait délirer. Le gouvernement a réussi à créer une telle panique avec la Covid que l’affolement et l’émotionnel priment dans toute décision.

    La dernière trouvaille serait l’obligation vaccinale pour les soignants, accusés de transmettre la Covid en tant qu’infection nosocomiale.

    Revue de presse

    Dans Les Échos : « Dans les services Covid, on a 80 % de vaccinés mais ailleurs beaucoup moins. Ce n’est pas possible. C’est inacceptable. Le Covid-19 est devenu la première maladie nosocomiale à l’hôpital. Ceux qui ne veulent pas le faire maintenant, c’est par principe », relève un participant au Conseil de défense, qui souligne qu’il y a déjà plusieurs vaccins obligatoires pour les soignants (contre l’hépatite B par exemple).

    « On ne peut plus accepter que des personnels refusent la vaccination » , a lancé le Pr François Chast mardi 2 mars sur France Inter. Pour cet ancien chef de la pharmacie de l’hôpital Necker à Paris, la piqûre « fait partie des bonnes pratiques », au même titre que « le port de la charlotte, du masque ou de la blouse pendant les soins ».

    Sachant que l’injection est potentiellement efficace pour limiter les contaminations, « si cette prévention n’est pas faite, elle devient une faute professionnelle », a-t-il asséné…

    Dans Ouest-France : « Jeudi soir, le Premier ministre Jean Castex les a appelés « solennellement » à se faire vacciner « très rapidement » , pour permettre le retour d’une « vie sociale apaisée » dans ces établissements et un assouplissement « du droit de visite pour les familles ». »

    Et aussi : « Plus largement, avec environ 30 % de soignants vaccinés, « clairement, ça ne suffit pas », a insisté Olivier Véran, qui enverra vendredi une lettre à l’ensemble des professionnels de santé pour les inciter très fortement à se faire vacciner. »

    Et le Huffingtonpost ajoute : « Je vous le demande pour vous-même, votre entourage, les Français. » Dans une missive publiée ce vendredi 5 mars dans l’après-midi sur son compte Twitter, le ministre de la Santé Olivier Véran incite l’ensemble des soignants à aller se faire vacciner contre le covid-19. »

    Émotionnel, chantage, culpabilisation, manipulation

    L’émotionnel, c’est la peur du soignant contaminant. Ce qui est d’autant plus paniquant que le soignant est une personne qui rassure, prend soin, et qui guérit autant que faire se peut. Cela peut passer pour une trahison et un manque d’éthique professionnelle.

    Il y a aussi du chantage à la reprise de la vie normale pour les personnes en établissement, et à la sanction professionnelle pour le soignant.

    Également de la culpabilisation : le soignant se voit chargé du fardeau de la responsabilité d’infections nosocomiales, donc de décès, et de la prolongation des mesures coercitives.

    En vérité le gouvernement fuit ses responsabilités et fait porter par d’autres le poids de ses manques. Si l’épidémie continue ce n’est pas de la faute du gouvernement qui fait le job. C’est celle des personnes qui ne respectent pas les gestes barrière et des soignants qui ne sont pas vaccinés. Ce sont des boucs émissaires.

    Il s’agit d’une manipulation. Elle consiste à faire passer un doute pour une certitude. Le vaccin est décrit comme « potentiellement efficace pour limiter les contaminations ». « Potentiellement » signifie « d’une façon qui est plausible ou possible ». C’est reconnaître que l’effet troupeau , s’il est espéré, n’est pas avéré.

    La HAS reconnaît que cette protection collective n’est pas certaine . Elle ne fait pas partie des objectifs vaccinaux.

    « Les premiers objectifs du programme de vaccination contre le Sars-Cov-2 seront de réduire la morbi-mortalité attribuable à la maladie (hospitalisations, admissions en soins intensifs et décès) et de maintenir les activités essentielles du pays, particulièrement celles du système de santé pendant l’épidémie. Pour que la stratégie vaccinale vise le contrôle de l’épidémie, il est nécessaire d’attendre que les études établissent la preuve que les vaccins ont une efficacité possible sur la transmission du virus.. » .

    Le Conseil d’État en prend d’ailleurs acte : « L’administration fait néanmoins valoir, d’une part, l’existence d’études récentes invitant à la prudence quant à l’absence de contagiosité des personnes vaccinées, d’autre part, l’incertitude scientifique sur l’immunité conférée par la vaccination en cours à l’égard des variants du virus » .

    Se faire vacciner ou non : retour au sang froid, au bon sens et aux faits

    Petit rappel sur les infections nosocomiales

    Le pionnier dans la découverte et le traitement des maladies nosocomiales, Ignace Philippe Semmelweis , a établi en 1847 le socle de leur prévention. C’est la désinfection et le lavage des mains.

    Toutes ne peuvent être évitées mais il est possible de les réduire fortement. La prévention concerne à la fois les soignants, les patients et les visiteurs. Ce sont les soignants qui sont au cœur de la polémique aujourd’hui. Regardons les recommandations qui les concernent, ainsi que l’explique le Docteur Sandra Fournier , de l’Équipe Opérationnelle d’Hygiène Direction de l’organisation Médicale et des relations avec les Universités, AP-HP :

    « Les infections nosocomiales ne sont pas toutes évitables mais le respect par tous de règles simples d’hygiène permet de diminuer le risque.

    Les membres du personnel

    • se désinfectent les mains à l’aide de solutions hydroalcooliques avant et après chaque soin,
    • portent des gants en cas de contact avec du sang ou tout autre produit d’origine humaine
    • nettoient et désinfectent le matériel et les surfaces entre chaque patient. »

    Quand elle existe, la vaccination ne figure pas parmi les préconisations systématiques de prévention des maladies nosocomiales. La vaccination contre l’hépatite B est obligatoire pour les professionnels de santé, mais c’est pour protéger… le soignant, d’une maladie autrement plus grave que la Covid.

    La protection des personnes à risque est essentielle. Si un soignant est vacciné mais ne respecte pas les gestes barrière il peut transmettre la maladie. S’il n’est pas vacciné et les respecte, il ne la transmettra pas.

    Si la personne fragile est vaccinée et que le soignant ne l’est pas, elle sera certainement protégée. Si elle n’est pas vaccinée et que le soignant l’est, sa protection est bien plus incertaine.

    En tout état de cause, être vacciné ne dispense pas le professionnel d’appliquer les protocoles de prévention sus-cités. C’est plutôt sur ce terrain là qu’il faut creuser, si la volonté est réellement de diminuer les maladies nosocomiales et pas de culpabiliser les soignants.

    « Toute insuffisance dans l’organisation des soins crée de nouvelles portes d’entrée potentielles d’infection.
    Cinq types d’erreur sont particulièrement lourdes de conséquences :

    • hygiène des mains défectueuse
    • désinfection insuffisante
    • asepsie insuffisante
    • stérilisation inefficace
    • antibiothérapie aveugle. »

    D’abord ne pas nuire

    Le bon sens consiste à faire de la médecine, donc à regarder les indications vaccinales. Cela permet d’apprécier la balance bénéfice/risque. « Le port de la charlotte, du masque ou de la blouse pendant les soins », le lavage des mains n’ont jamais porté tort à personne. Mais aucun vaccin n’est anodin. Leurs effets secondaires existent.

    La maladie est très peu mortelle et il existe des traitement précoces, non validés, mais efficaces. Beaucoup de personnes n’ont aucun risque de décéder de la maladie. Pour elles le risque vaccinal est plus important que son bénéfice.

    La profession de soignant comprend implicitement l’acceptation de risques pour sa vie. Il n’est cependant pas éthique d’imposer un risque vaccinal certain, même faible, à des personnes pour qui le risque vital lié à la maladie est nul. Surtout si c’est pour, peut-être, éviter un risque « potentiel » à des personnes fragiles.

    Cette prise de risque ne peut être que librement consentie. Ces personnes fragiles peuvent être protégées bien plus efficacement par d’autres moyens qui ne portent tort à personne : respecter les préconisations pour éviter les infections nosocomiales, les gestes barrière, vacciner celles qui le souhaitent, traiter précocement en cas d’infection .

    Se faire vacciner ou la liberté de disposer de sa personne

    Cela comprend son corps, son esprit, son libre arbitre. Le libre arbitre permet de dire Non. Ce Non doit être respecté. Nul, pas même l’État, ne peut imposer à autrui une action qui pourrait altérer son intégrité physique ou psychique. Nul, pas même l’État, ne peut détruire le libre arbitre de quelqu’un.

    « Personnalité, Liberté, Propriété, — voilà l’homme. » Frédéric Bastiat, La Loi (1848).

    Toute atteinte à la personne lui nie son humanité, la chosifie.

    L’atteinte à la liberté de quelques-uns détruit celle de tous.

    « Quand ils ont détruit le libre arbitre des restaurateurs, je n’ai pas protesté, je ne suis pas restaurateur,
    Quand ils ont détruit le libre arbitre des sportifs, je n’ai pas protesté, je ne suis pas sportif,
    Quand ils ont détruit le libre arbitre des soignants, je n’ai pas protesté, je ne suis pas soignant,
    Quand ils ont détruit mon libre arbitre, il n’y avait plus personne pour protester. » (inspiré par le poème de Martin Niemöller à Dachau).

    L’État totalitaire

    La société que les politiciens ont créée depuis des années est une société infantilisante. Avec gestion de la Covid l’infantilisation atteint des sommets. Les individus sont considérés comme des enfants irresponsables, incapables de prendre une bonne décision. Il sont de plus présentés comme caractériels et capricieux, opposants par principe, des « Gaulois réfractaires ».

    De même que les enfants sont sous la responsabilité de leurs parents, les Français, ces grands gamins, doivent être sous la tutelle de l’État . Au prétexte de la Covid, l’État dispose de leur personne, aliène leur propriété, détruit leur liberté.

    C’est du totalitarisme.

    Le propre du totalitarisme est de régner par la peur. Gouverner la France par la peur c’est la trahir. Honte à ceux qui gouvernent par la peur.

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      Couvre-feu et confinement ne sont qu’un appoint, vaccinons pour en finir

      Jean-Paul Laplace · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 5 March, 2021 - 04:20 · 7 minutes

    confinement

    Par Jean-Paul Laplace.

    Le lundi 1 er mars, la presse a fait écho aux propos du président de la République, incitant des jeunes gens à « tenir encore 4 à 6 semaines » , et à supporter encore le couvre-feu dès 18 heures.

    On ne peut que saluer ce propos qui, en proposant un horizon, vient soutenir l’espoir du retour à une vie libre de sa spontanéité sociale et affective.

    Mais on s’interroge aussitôt. S’agit-il d’un propos rassurant, d’une simple espérance, ou d’un raisonnement fondé ? Voilà qui incite à évaluer les solutions disponibles face à la situation actuelle sur le territoire national.

    Une situation à haut risque

    De fait l’épidémie ne faiblit pas vraiment en France où l’on enregistre en moyenne quelques 21 000 cas positifs et 300 décès quotidiens. Après l’embellie de l’espoir porté par les vaccins, l’irrésistible expansion des divers variants fait redouter une mise en défaut de la protection vaccinale.

    Les hôpitaux avaient retrouvé une configuration presque normale et repris le cours des hospitalisations ordinaires ou programmées. Les voici à nouveau confrontés à un afflux important de patients, au bord de la saturation, avec des personnels déjà usés par les mois écoulés, et contraints à déprogrammer les interventions non urgentes.

    N’imaginons pas que le Ségur de la Santé ait résolu les problèmes graves de l’institution hospitalière. Quelques pansements sur les plaies, mais aucune réforme de fond qui au demeurant ne pourrait porter ses fruits qu’à moyen terme.

    Le virus est partout à un niveau qu’il convient de contenir.

    La situation peut à tout moment déraper, les exemples récents de Nice ou de Dunkerque, ou encore celui de la Moselle, sont là pour le rappeler. La France a connu il y a peu (le 24 février 2021) un pic journalier à 31 519 cas confirmés de contamination, chiffre que nous n’avions pas connu depuis mi novembre 2020.

    Ce sont aujourd’hui vingt départements qui sont en alerte renforcée. L’Île-de-France qui représente une population considérable est dans une situation alarmante. L’accroissement de l’incidence y est le double de la moyenne nationale, soit + 16,6 % le 26 février et les entrées en réanimation sont en augmentation continue.

    Légèreté et maladresses

    Jouant comme à son habitude les Père Fouettard, le Premier ministre répète le 2 mars, évoquant les départements dits sous tension, que « les semaines qui arrivent vont être difficiles » . Mais, à son tour, il assure quand même que « l’horizon va s’éclaircir ».

    Bien sûr on s’efforce de casser les chaînes épidémiques, de disperser les rassemblements festifs clandestins et de calmer sa majesté Carnaval. On incite avec insistance au télétravail. On interdit la vente d’alcool qui favorise les regroupements conviviaux autour des points de vente et incite au relâchement de l’attention.

    Malencontreusement décrié par des acteurs publics voici un an, on redécouvre les vertus du port du masque. Ainsi le Préfet des Yvelines décide-t-il par arrêté (2 mars 2021) de l’obligation du port du masque dans l’ensemble du département. Enfin ! serions-nous tentés de dire, s’agissant d’une mesure simple et d’une efficacité certaine.

    Il y a bien longtemps en effet que le port systématique du masque en tout temps et en tout lieu a été rendu obligatoire, par exemple sur l’ensemble du territoire de la Communauté urbaine de Lyon. Et l’on découvre avec incrédulité que dans des villes comme Dunkerque et Nice où l’épidémie a flambé récemment, le port du masque n’était pas obligatoire !

    Qui, du maire ou du préfet, a tant tardé à l’imposer ? Peu importe ; mais cette carence fautive n’a pas empêché plusieurs maires de pleurnicher devant les caméras compatissantes pour réclamer davantage de vaccins pour leur ville. Comme si le fait d’avoir manqué de rigueur autorisait des manquements aux règles d’une répartition équitable.

    La fausse bonne idée

    Quoi qu’il en soit, il était un peu tard pour intervenir, à Dunkerque ou à Nice, et ne restait pour soulager les hôpitaux que la mesure primitive de la restriction de liberté pour limiter les contacts. Le couvre-feu a donc été privilégié. Mais au-delà du classique 18 heures à 6 heures, déjà contesté avec l’allongement de la période diurne, on a innové en inventant le couvre-feu du week-end.

    Un coup de génie ! On essaie d’enfermer les gens justement les deux jours où, en principe libérés des contraintes de la semaine, ils espèrent s’aérer, voir autre chose que quatre murs, forts de cette certitude (établie) selon laquelle les contaminations surviennent très majoritairement en intérieur mais très peu en plein air.  L’incompréhension, déjà grande, gagne encore dans l’esprit des Français.

    Néanmoins, rusés comme à leur habitude, en région PACA, les Français ont massivement quitté les communes littorales soumises à ce couvre-feu d’un nouveau genre, pour filer vers l’arrière pays et ses stations de ski. Ainsi avons-nous assisté à de gigantesques embouteillages de véhicules offrant aux caméras de télévision l’image de la promiscuité de leurs occupants… Le contraire du but recherché !

    Nous saurons bientôt si un semblable dispositif sera étendu dès le 6 mars à d’autres départements, incitant à d’autres évasions ! On n’ose imaginer quel pourrait en être le résultat en Île-de-France, alors qu’on redoute déjà une vague différée consécutive au retour massif des vacances d’hiver de la zone C le 28 février.

    L’espoir en deux solutions

    En réalité tout doit être fait pour éviter le confinement autoritaire sous quelque forme que ce soit, et nous disposons de deux solutions complémentaires.

    La première procède de nos comportements individuels, de notre vigilance à respecter les gestes barrière simples, peu onéreux, et efficaces, même face aux variants : distanciation, port du masque, hygiène et gestes adaptés.

    Ces comportements individuels sont une arme essentielle au bénéfice de la collectivité. Et je suis heureux de constater que le ministre en charge de la Santé le dise enfin : « Le comportement de chacun au quotidien est important ».

    La seconde solution qui nous est offerte est celle de la vaccination. La chance qu’elle représente est encore sous-estimée, eu égard à sa grande efficacité potentielle. Son déploiement est hélas beaucoup trop lent. Elle montrera toute sa puissance à la condition d’être rapide et massive, et de surmonter quelques écueils.

    Le bénéfice attendu ne doit pas être anéanti dans les marécages d’une administration défaillante ou frileuse, empêtrée dans ses procédures et ses instructions interminables. Là réside le plus grand risque d’échec.

    Les réticences exprimées devant tel ou tel vaccin, motivées par des peurs ou des incompréhensions, sont navrantes. Alors que la vaccination a été étendue depuis le 6 février 2021 à l’ensemble des professionnels de santé, seulement 25 % des 600 000 doses d’AstraZeneca destinées aux soignants auraient été utilisées en un mois. Beaucoup de Français auraient aimé pouvoir profiter de ce stock dormant.

    Enfin il est choquant qu’aussi peu de soignants soient à ce jour vaccinés. En Île-de- France, au 26 février 2021, seulement 34 % du personnel médical de l’APHP aurait reçu une première injection et entre 16 et 17 % des autres personnels.

    Dans le même temps, Santé publique France dénombrait 44 401 cas de Covid nosocomiale dont plus de la moitié concerne des patients (26 839) et 186 décès au 14 février 2021. Cela est grave.

    Le vaccin mieux que le couvre-feu

    En définitive, le confinement complet généralisé nous est interdit de fait, et en brandir la menace serait très maladroit. Les confinements limités sous forme de couvre-feu peuvent au mieux permettre de limiter la surcharge des hôpitaux, ce qui est probablement le but recherché. Mais en aucun cas le couvre-feu, de plus en plus mal toléré, ne constituera la solution susceptible de nous conduire au bout du tunnel.

    Seule la vaccination nous montre la sortie de crise, mais elle va devoir changer de rythme, et vite. L’espoir d’une issue perceptible dans quatre à six semaines, indiqué par le chef de l’État et repris depuis par la communication du gouvernement, repose à l’évidence sur un calcul raisonné, fondé sur la mise en œuvre rapide et massive des vaccins dont la livraison est acquise ou programmée. Il faut pour cela que l’intendance suive…

    Nous avons tous envie d’y croire.