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      Pourquoi le ver de terre butine comme l'abeille - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 10 May, 2022 - 08:59 · 6 minutes

    Sa seule activité sociale est sexuelle. Mais là encore, il est d’une grande sobriété en ne s’accouplant qu’entre bonshommes comme tous les hermaphrodites protandres. Et pour les soucieux du détail, ils s’éjaculent mutuellement à la base de l’encolure en comparaison avec la morphologie d’un cheval. Et presque tous pratiquent la position du tête-bêche. Presque tous, car même chez les vers de terre, la diversité règne. Sa seule activité sociale est sexuelle. Mais là encore, il est d’une grande sobriété en ne s’accouplant qu’entre bonshommes comme tous les hermaphrodites protandres. Et pour les soucieux du détail, ils s’éjaculent mutuellement à la base de l’encolure en comparaison avec la morphologie d’un cheval. Et presque tous pratiquent la position du tête-bêche. Presque tous, car même chez les vers de terre, la diversité règne.

    ANIMAUX - Le ver de terre butine! Mais attention, butiner n’est pas polliniser. Butiner vient de butin, polliniser de pollen. Polliniser, c’est féconder par du pollen. Le vent pollinise sans butiner! “ Les soldats se dispersent pour butiner. Qu’on se hâte de butiner.” Voltaire. Butiner, c’est chaparder, faire du butin, mais c’est aussi glaner ou picorer. C’est dans ce sens que le ver de terre butine.

    Il butine, mais sans mettre en réserve une partie de son butin comme l’abeille à miel. Je précise à miel, car c’est l’une des rares abeilles à en faire sur les quelque 1000 espèces qui logent en France.

    Il y a quasiment 2 fois plus d’espèces d’abeilles que d’oiseaux, mais une seule produit du miel pour se chauffer ou se nourrir. Les autres consomment sur place comme le ver de terre . Ou bien transportent leur butin pour nourrir leurs frères et sœurs, ou leur descendance. Ce que ne fait pas le ver de terre. Lui, c’est un solitaire qui abandonne ses œufs à leur propre sort!

    Sa seule activité sociale est sexuelle. Mais là encore, il est d’une grande sobriété en ne s’accouplant qu’entre bonshommes comme tous les hermaphrodites protandres. Et pour les soucieux du détail, ils s’éjaculent mutuellement à la base de l’encolure en comparaison avec la morphologie d’un cheval. Et presque tous pratiquent la position du tête-bêche. Presque tous, car même chez les vers de terre, la diversité règne.

    Ne serait-ce qu’au niveau du taux de reproduction. Quand certains pondent beaucoup et vivent peu de temps, d’autres pondent peu, mais vivent aussi longtemps qu’un renard à l’état naturel ! Atteignant leur maturité sexuelle au même âge que lui, on qualifie aujourd’hui leurs galeries de terrier ! La comparaison s’arrête là, le renard restant un redoutable prédateur de ver de terre qui peut en avaler jusqu’à quatre à la minute !

    Pères indignes

    Bref, tous les vers de terre partagent d’abandonner leurs œufs contrairement à la majorité des abeilles. Et de les abandonner trop souvent à leur funeste sort, car ils n’ont que des ennemis. De la cigogne en passant par le merle, la taupe ou le lézard vert, le hérisson ou le crapaud, la liste serait trop longue. Sans oublier le champion du monde, le blaireau, qui peut en consommer jusqu’à 100 kg par an. Même les limaces en croquent.

    Toutes les espèces de vers de terre pondent sans couver, mais toutes ne butinent pas ! Non qu’elles soient dépourvues d’ailes, elles pourraient fort bien grimper le long des tiges comme certaines grimpent nicher dans les choux pendant l’hiver. Ou grimpent dans les arbres pour ne pas périr noyées lors d’inondations! Un comportement surprenant observé dans le Marais poitevin et en Amazonie. Le professeur Lavelle, l’un des grands spécialistes sur la scène mondiale:  « En Amazonie, un ver du genre Andiodrilus, qui vit dans des forêts inondables, grimpe dans les arbres, quand elles sont inondées, pour s’agglutiner dans les Broméliacées, des plantes de la même famille que l’ananas. Quand l’eau se retire, les vers se laissent tomber sur le sol. Comment savent-ils qu’il y a des refuges dans ces arbres ? Comment savent-ils que l’eau s’est retirée ? »

    Pour le savoir, il faudrait se mettre dans la tête d’un ver de terre. Vivre sa vie… pas très excitant de se mettre dans sa peau ! Nous ne saurons donc jamais, comme nous ne saurons jamais comment, dans les ténèbres du sol, deux vers de terre savent qu’ils ont la même envie au même moment ! Sachant qu’ils ne s’accouplent qu’entre individus de la même espèce. Ne faisons pas l’économie de cette évidence,  à une heure où beaucoup continuent de croire que couper un ver de terre en deux en fait deux !!! Ou en couper deux en deux en font quatre. Quand on en tranche un, on retranche tout simplement son cerveau de son second cerveau, l’intestin.

    Néanmoins, chez certains vers marins plats de l’embranchement des Plathelminthes, des vers primitifs qui n’ont rien à voir avec nos amis lombrics, si on leur coupe la tête, elle repousse ! Et elle repousserait avec toutes les mémoires de l’ancienne !!

    Quel butin?

    Bref, chacun aura compris que les vers de terre ne butinent pas les fleurs ! Alors, que butinent-ils ? Un autre nectar sécrété par les racines des plantes, un liquide visqueux et riche en sucre, mais pauvre en protéines, un mucilage appelé : exsudats racinaires. Et via le processus biochimique de la photosynthèse, les plantes peuvent consacrer jusqu’à un tiers de leur production d’hydrates de carbone à sa fabrication. Des exsudats racinaires et du nectar floral dont l’unique fonction est de mettre en appétit : appâter des pollinisateurs pour se reproduire, appâter pour se nourrir.

    En effet, contrainte par la fixité et la rude concurrence alimentaire qu’elles se livrent en sous-sol, en créant une dynamique dans leurs “pattes”, elles attirent microbes, mycorhizes et autres invertébrés, dont les vers de terre, récupérant ainsi des nutriments pour leur croissance. Elles accélèrent aussi, et ainsi, la minéralisation de la matière organique du sol et la disponibilité des éléments nutritifs, et récupèrent (aussi) l’urée dont est chargé le mucus des vers de terre. Elles créent leur propre écosystème nourricier.

    Le 15 sept. 2014, des chercheurs ont publié dans Nature que les vers de terre stimulent la croissance des plantes. Et plus que de la stimuler, leur présence avait entraîné une augmentation de 25 % des rendements. Même si cette étude est la première publiée sur le sujet, plus de 300 expériences avaient auparavant conclu que les vers de terre font de l’effet aux plantes ! Et parmi elles, l’idée que les vers de terre favoriseraient également certaines bactéries spécialisées dans la production d’hormones de croissance.

    En conclusion, nous savons si peu de choses sur tous les mécanismes qui se déroulent sous nos pieds. Le sol reste une grande inconnue, un trou noir où tout porte à croire que ce sont tout de même les plantes qui mènent la danse.

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