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      Palaiseau : assemblée du collectif contre la ligne 18

      alt.movim.eu / ParisLuttes · Saturday, 18 December, 2021 - 08:00 · 2 minutes

    Assemblée plénière du collectif contre la ligne 18 et le projet de destruction des terres du plateau de Saclay.

    Un an déjà pour le collectif contre la ligne 18 ! Que de chemin parcouru, mais encore beaucoup à parcourir !

    Rejoignez-nous pour un moment convivial de bilan et de réflexions sur l'avenir, dimanche 19 décembre à partir de 14h à la salle des Champs Frétauts, entrée rue Carnot à Palaiseau, à l'invitation de la Conviviale.

    https://nonalaligne18.fr

    Cet événement se déroulera dans le respect des règles sanitaires en vigueur (gestes barrières, port du masque et pass sanitaire, autotest sur place).

    Communiqué sur les actions contre la ligne 18 les 15 et 16 octobre [ 1 ]

    Une semaine après les Marches de terres ayant réuni plus de 500 personnes place de l'Hôtel de Ville à Paris et un an après le premier blocage du chantier , deux actions de désobéissance civile ont été menées les 15 et 16 octobre 2021 sur le plateau de Saclay et à Massy en Essonne pour alerter sur le désastre en marche avec l'avancée des travaux de la ligne 18 du Grand Paris Express.

    Vendredi 15 octobre, des militants ont grimpé en haut d'une grue d'un chantier aux abords du campus de l'université Paris Saclay afin de déployer une banderole portant l'inscription « SOS STOP L18 » . L'objectif était d'alerter les riverains du campus de Paris-Saclay à propos de la destruction des terres agricoles, forestières et naturelles du plateau, et de leur demander de se positionner sur ce sujet.

    Deux militants ont passé six heures en garde à vue avec une convocation au tribunal pour s'être opposés à l'exécution de travaux publics. Leur procès se tiendra en avril 2022 et le collectif contre la ligne 18 ( CCL18 ) appelle à leur soutien.

    Samedi 16 octobre, des militants du collectif contre la ligne 18 ( CCL18 ), d'Extinction Rebellion France et des Soulèvements de la Terre se sont introduits dans l a soirée KM9 organisée par la Société du Grand Paris à la gare de Massy-Palaiseau pour le baptême du deuxième tunnelier de la ligne 18. Les militants voulaient révéler l'autre face du projet du Grand Paris Express aux invités et réclamer l'abandon du projet de la ligne 18.

    Faisant fi de la loi climat et résilience votée en août dernier qui fixe comme objectif zéro artificialisation nette des terres d'ici à 2050, les organisateurs de la soirée KM9 se félicitaient en grande pompe de bétonner l'équivalent de la surface de Paris en Île-de-France avec feux d'artifices, DJ , cocktails et divertissements. Alors même que la renaturation des sols nécessaire au respect de cet objectif de non artificialisation des terres engendrerait pourtant des coûts situés entre 154 milliards et 632 milliards d'euros pour les dix ans à venir .

    Le collectif contre la ligne 18 considère cette attitude irresponsable et consternante car les terres agricoles limitent les inondations et fixent le dioxyde de carbone, enjeux cruciaux en pleine urgence climatique. De plus, l'artificialisation des sols est le premier facteur d'extinction de la biodiversité et l'autonomie alimentaire des régions va devenir une problématique de sécurité publique. Ceci n'est donc pas une fête mais c'est un enterrement. Celui de notre futur et de l'ensemble du vivant.


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      paris-luttes.info /palaiseau-assemblee-du-collectif-15575

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      Révoltes et manifestations dans les centres de rétentions confinés de Vincennes et du Mesnil-Amelot

      alt.movim.eu / ParisLuttes · Wednesday, 15 December, 2021 - 16:00 · 6 minutes

    Les révoltes se multiplient dans les centres de rétention de Vincennes et du Mesnil-Amelot. Au refus des expulsions, des conditions de vie et du racisme des flics, vient s'ajouter la crise sanitaire et plusieurs cas de Covid chez les détenus. Ce dimanche une manifestation coordonnée entre l'intérieur et l'extérieur a eu lieu.

    Ça bouge au centre de rétention [ CRA ] du Mesnil-Amelot !

    Publié le lundi 6 décembre 2021 sur le blog du collectif À bas les CRA

    Depuis plusieurs mois, les prisonniers du Mesnil-Amelot ont initié de nombreuses révoltes et mouvements de protestation, dont nous essayons de rendre compte sur le blog.

    La semaine dernière, une grève de la faim a été entamée. Le même jour, les prisonniers se sont rassemblés dans la Cour pour accrocher une banderole sur les grilles du CRA et protester bruyamment en secouant les grilles, ce qui a valu l'intervention de plus d'une cinquantaine de flics.

    Les prisonniers protestaient notamment en réponse à l'expulsion d'un prisonnier malien, qui était en France depuis plus de 25 ans et avait ici sa femme et ses enfants. Les autres revendications concernaient les conditions de vie, et notamment la bouffe dégueulasse et périmée, et le racisme quotidien des flics dans le CRA .
    Quelques jours plus tard (vendredi dernier), un prisonnier a perdu connaissance pendant le repas et s'est effondré dans le réfectoire : il a par la suite été testé positif au Covid…suite à cela, les prisonniers ont réalisé une banderole pour protester contre l'enfermement et la gestion du Covid par l'administration du CRA . En effet, deux bâtiments (le bat 3 et 4) ont été placés en confinement pendant 5 jours, ce qui signifie notamment l'interdiction des visites. Les flics les ont empêché d'accrocher la banderole mais ils ont pu la prendre en photo : faisons là tourner !

    Banderole des détenus
    « Libérez-nous, Covid et ses variants font des victimes au CRA 3 »

    Pour soutenir ces résistances, un parloir sauvage (manifestation derrière le centre de rétention) a été organisé : à l'intérieur et à l'extérieur, les deux manifs se sont répondues aux cris de Freedom, Hurriya, Liberté ! et tout le monde tapait sur les grilles. Les prisonniers ont réussi à sortir dans la cour, même ceux qui étaient dans les bâtiments 3 et 4 qui sont actuellement confinés à cause du Covid.

    … ça bouge à Vincennes aussi !

    Publié le mardi 7 décembre 2021 sur le blog du collectif À bas les CRA

    Après le mouvement de révolte de la semaine dernière dans le CRA de Mesnil-Amelot, dans le CRA de Vincennes aussi plusieurs moments de lutte ont eu lieu ces derniers jours.

    On a pas toutes les infos mais la semaine dernière pour résister à une expulsion un groupe de prisonniers tunisiens est arrivé à couper l'élec dans un bat du CRA ; ils ont quand même été renvoyés…

    Avant hier, dans un autre batiment du centre, gros mouvement de solidarité suite au placement en isolement d'un retenu : les autres prisonniers ont refusé d'aller manger tant qu'il était pas libéré, puis quand ils ont appris qu'il était placé en GAV ils se sont dit qu'ils voulaient manger mais le réfectoire avait fermé, du coup ils sont allés se servir directement. Voici un témoignage :

    //Des Tunisiens avaient un vol prévu, ils voulaient pas y aller. Ils ont coupé l'électricité, ils ont fait sauter le compteur, il y avait plus de lumière. Yavait un vol, c'était prévu pour 5 personnes, c'était un vol en groupe. Ils se sont entendus entre eux, ils ont foutu le bordel, yavait pas de lumière pendant 30mn, ils ont cassé des trucs dans le centre. Ils sont dans le bâtiment 2. Malgré tout ça, malgré le bordel on les a attachés, du renfort est venu et ils ont pris le vol. //
    //
    //Au bâtiment 1 hier dimanche il y a un tunisien qui est allé à l'accueil vers 18h, demander son ticket pour aller manger comme d'hab ; les policiers lui ont dit que c'était pas l'heure, alors qu'il était 18h10, le réfectoire s'ouvre à 18h. Ils ont commencé à s'échanger des mots, le policier est venu, ils se sont pris la tête et bagarrés, et ils ont ramené le tunisien à l'isolement. Nous on a dit « le mec il est malade il a un problème psychiatrique, si vous faites pas sortir le mec de l'isolement, personne ne mange ». Là tout le centre on était uni, le mec il est malade, ça fait 3 fois qu'il vient au centre, il alterne le psychiatrique et le CRA , il a pas vu le dehors depuis des mois. Moi c'est pareil depuis 2020 j'ai pas vu le dehors, prison CRA prison CRA . J'suis allé en prison, j'ai purgé ma peine ; ensuite je suis arrivé au CRA , j'ai fait 90 jours, et ils m'ont ramené en GAV , pour refus de test. La juge elle m'a donné 3 mois de prison, j'ai fait 1 mois et demi. Je sors de prison ils me ramènent encore ici.//
    //
    //On a dit on mange pas, si le mec ne sort pas d'isolement on ne mange pas. Personne ne s'est pointé pour venir manger. On a eu le seum car il ne l'ont pas libéré, on a appris qu'il l'avaient ramené en GAV . ///On s'est dit qu'il allait pas revenir aujourd'hui/, on s'est dit qu'est ce qu'on fait ? on pouvait pas dormir sans manger, si c'est comme ça, on va chercher à manger. Quand on est allé à l'accueil, ils ont dit non vous pouvez pas manger le réfectoire il est fermé. Nous on a dit on a fait ça pour un frère. ///Le mec il allait juste prendre un ticket, il voulait juste manger et il s'est fait frapper. /On a dit ok, on est rentré dans le réfectoire, on a cassé les portes, chacun s'est servi, du pain et tout ça, on a cassé le réfectoire. On a cassé les caméras. Les gradés sont arrivés, le commandant voulait parler avec nous ; on a dit non nous on fait ça pour le mec en question. Ils ont rien fait contre nous après parce qu'il y avait plus de caméras, on a pété les caméras, il y a rien comme preuves. Parmi nous y a pas de balance, nous on est bien solidaires. Quand y a un truc qui ne va pas on essaye d'être ensemble. //Le gars est pas rentré de GAV pour l'instant je pense qu'on l'a changé de bâtiment./

    Les luttes dans les CRA contre les expulsions, l'enfermement et les violences des keufs sont quotidiennes.
    Ce qui manque le plus souvent c'est une réponse organisée depuis l'extérieur, pour soutenir rapidement et de manière efficace les résistances et les mouvements collectifs.
    Appelons les cabines , faisons circuler leurs paroles, retrouvons-nous devant les CRA et dans la rue pour soutenir les révoltes, soyons solidaires avec les prisonniers-ères !

    Scandale sanitaire et manifestations

    Le 10 décembre la CIMADE annonçait se retirer du CRA du Mesnil-Amelot , les détenus sont confinés. Rien qu'au CRA3 , 19 personnes sont positives au COVID .
    Le 12 décembre, une manif coordonnée a eu lieu devant le CRA et dans le CRA , où les prisonniers ont brisé les barrières pour se rendre dans la cour.

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      Rassemblement à 17h à mairie d'Ivry suite à l'expulsion des hébergé·e·s du gymnase Joliot-Curie

      alt.movim.eu / ParisLuttes · Wednesday, 15 December, 2021 - 15:05

    Appel à rassemblement à 17h devant la mairie d'Ivry-sur-Seine suite à l'expulsion d'un gymnase.

    Ce mercredi matin, les ancien·nes habitant·es du CSA d'Ivry se sont fait expulser du Gymnase Joliot-Curie à Ivry.

    Iels avaient déjà été expulsé·es du CSA à la veille de la trève hivernale, et voilà qu'iels se font expulser du gymnase où la mairie avait accepté qu'iels dorment.

    Il n'y a pas de solution d'hébergement décent pour tou·tes.

    Rendez-vous devant la mairie d'Ivry à 17h pour un rassemblement mobile !

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      Des postiers sans papiers ?

      alt.movim.eu / ParisLuttes · Tuesday, 14 December, 2021 - 09:27 · 3 minutes

    Mercredi à 11h, des grévistes sans papiers de Chronopost et DPD se rassembleront devant le siège de DPD (11 rue Rene Jacques - 92130 Issy les moulineaux)

    Depuis le 15 novembre, 70 travailleurs sans-papiers du centre DPD du Coudray-Montceaux sont en grève et tiennent un piquet jour et nuit à l'entrée du site.

    Ils sont organisés dans un Collectif de Travailleurs Sans Papiers de Vitry ( CTSPV ), celui qui avait mené une lutte au Chronopost d'Alfortville en 2019 et avait gagné la régularisation de 70 grévistes et soutiens au bout de 7 longs mois de lutte. Le même collectif qui vient d'obtenir 83 cerfas dans une lutte contre la boîte d'interim RSI à Genevilliers. Sur place ils sont soutenus par le syndicat Solidaires (notamment SUD Poste 91, Solidaires 91 et la fédération SUD PTT ).

    DPD personne connaît mais en gros c'est une filiale de la poste qui gère du tri de gros colis, et ça ressemble aux immenses hangars qu'on voit dans les pubs d'Amazon, le truc bien dystopique quoi.

    Ça peut surprendre qu'une énorme boîte comme La Poste, entièrement détenue par l'État, ex-fonction publique, emploie autant de sans papiers dans ce centre. Enfin ça peut surprendre quelqu'un qui découvrirait les luttes de sans papiers comme c'est mon cas. Dans les faits c'est carrément devenu un business plan du groupe. Pour pouvoir faire ça discrètement ils passent pas de cascades de sous-traitance.

    Par exemple dans ce cas précis, y'a La Poste, puis sa Filiale DPD , qui sous-traite à Derichebourg, qui sous-traite à Derichebourg interim. Au Chronopost d'Alfortville y'avait encore une couche de plus : La Poste -> Chronopost -> Essonne Mobilité -> Derichebourg Interim.. Le vrai casse tête auquel personne comprend rien.

    Du coup la plupart des gars bossent sous alias, et ils reçoivent des textos de Derichebourg du style « besoin de 10 manutentionnaires entre 12h et 21h, répond à tel num si dispo ». Et c'est des missions à la journée sans contrat sans rien. Tu lèves le petit doigt ? Un texto t'informe de la fin de ta mission.

    Et c'est comme ça partout. Dans tous les secteurs et toutes tâches que personne veut faire, tu trouveras ce genre de mécanismes pour faire bosser des sans-papiers, en dehors de tout droit du travail, dans des conditions qui ressemblent à celles du 19 e . Dans le nettoyage, la gestion de déchets, sur les chantiers, le tri de gros colis. Et qui tu retrouves dans tous ces secteurs ? Derichebourg le champion de France de la sous-traitance et de l'esclavagisme moderne. Derichebourg qui refuse à chaque lutte de filer le moindre cerfa nécessaire à la régularisation.

    Depuis quelques jours les camarades qui avaient gagné à Alfortville réinstallent leur piquet ! Deux luttes de sans papiers employés par la poste, du même collectif, soutenue par le même syndicat. Ces deux luttes commencent donc à se coordonner, et une première action commune est prévue.

    Ce sera un rassemblement mercredi 15/12 à 11H devant le siège de DPD France, (11 rue Rene Jacques - 92130 Issy les moulineaux).

    A priori il y aura aussi un cortège commun de ces trois luttes ( DPD , Chronopost, RSI ) à la manifestation antiraciste de samedi.

    Autour des grévistes de DPD , un collectif de soutien s'est monté, composé de syndicats, assos et orgas politiques et il se réunit toutes les deux semaines les mercredis à 18h à la maison des syndicats d'Évry, et essaie d'organiser la solidarité concrète autour de cette lutte.

    Comment on peut soutenir vous entends-je demander :

    • Venir causer et rapporter de la bouffe, des vêtements chauds ou autre sur le piquet (Chemin de Chevannes, Coudray-Montceaux, 91830). Ouais c'est à l'autre bout du monde tout à fait.
    • Venir aux différentes actions du collectif comme celle de mercredi matin.
    • Filer des ronds, soit sur cette cagnotte : https://www.cotizup.com/sanspapiersdpd soit par chèque à l'ordre SUD Poste 91, adresse Place du général de Gaulle, Évry village, 91000

    Sur ce je vous dis à mercredi,

    un soutien.

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      Le Déclin et la Chute du Péage de Croix-Sud

      alt.movim.eu / ParisLuttes · Tuesday, 14 December, 2021 - 07:30 · 5 minutes

    Nous partageons ici un extrait d'une brochure consacrée à la révolte qui a marqué l'hiver 2018-2019, publiée à l'occasion du troisième anniversaire de l'Acte III des gilets jaunes.

    Pétroleurs, pétroleuses

    Dans la nuit du 1 er au 2 décembre 2018, deux centaines d'habitants et d'habitantes de Narbonne et de ses environs ont répondu au soulèvement de dizaines de milliers de personnes partout en France, et plus spectaculairement sur les Champs-Élysées à Paris, en prenant d'assaut la barrière du péage de Croix-Sud. Cette nuit-là, les manifestantes et les manifestants ont mis en déroute les forces de l'ordre avant de ravager et d'incendier la barrière du péage, les locaux de l'entreprise criminelle Vinci, ainsi que les locaux de la gendarmerie chargée de faire respecter le paiement en règle du péage et des amendes – et, depuis peu, de casser du gilet jaune sur les ronds-points et les péages aux quatre coins du pays. Dans le feu de l'action, une personne était parvenue à démarrer un engin de chantier – un charriot élévateur télescopique, plus précisément – avant de s'en servir pour attraper un véhicule en feu, et de lancer le tout à l'assaut du péage, provoquant des dégâts considérables sur l'édifice qui obstruait la vue sur les arbres et les virages qu'il séparait.

    Les réactions, de tous côtés, ont illustré avec clarté la nature révolutionnaire de l'événement, venu clarifier en actes la situation et les positions de chacun. Les récupérateurs professionnels, sociaux-démocrates de toutes les nuances de rose en tête, toujours aux aguets, se sont empressés de déserter. Ils ne pouvaient pas dénoncer trop ardemment le geste, par crainte de s'aliéner une partie du mouvement des gilets jaunes. Mais ils ne pouvaient pas non plus le soutenir : non pas par crainte de s'aliéner le bon sentiment des forces de l'ordre, par ailleurs déjà acquises politiquement, mais bien parce que cet acte de révolte et de destruction a constitué une atteinte à l'ordre social qu'ils défendent, cachés derrière leurs fausses protestations et leur radicalisme de façade. Quant aux détracteurs du mouvement des gilets jaunes et aux autres défenseurs habituels de l'ordre et des bonnes mœurs, ils se sont empressés de dénoncer l'action de marginaux, d'alcooliques et de drogués. Si certains commentateurs leur ont fait l'honneur de reconnaître la détresse sociale et les difficultés économiques comme justification apparente de leur geste, aucun ne s'est avéré capable d'énoncer sa justification réelle. Les éditorialistes et les « responsables » de la politique bourgeoise de droite comme de gauche, de son néant, ont déploré l'irresponsabilité et le désordre, le pillage. Tout comme le parquet, qui a dénoncé « des scènes de chaos, de guérilla, d'apocalypse » initiées par « une foule bête et brutale ». Le militantisme et l'appartenance au mouvement des gilets jaunes a laissé la place au chômage et à la précarité.

    Pour se défendre et éviter le pire, les personnes accusées n'ont pas eu d'autre choix que de plaider la bêtise et le regret, c'est-à-dire de renoncer à leur juste révolte et d'ôter toute sa légitimité à leur geste – par lequel les pétroleurs et les pétroleuses du péage de Croix-Sud ont éclairé leur bataille et leur fête . Afin de ne pas finir redevables du groupe Vinci, qui leur a réclamé 10 millions d'euros en guise de dédommagement, il fallait que les personnes accusées abandonnent leur posture militante et se réduisent elles-mêmes à leur condition de précarité ou de chômage, sur laquelle ont largement insisté les journalistes et les avocats. Quant à la police, elle aussi a joué son rôle jusqu'au bout. D'abord, en se constituant partie civile contre les personnes accusées, à qui les gendarmes ont demandé pas moins de 700 000 euros de réparations. Ensuite, en torturant psychologiquement et physiquement les personnes accusées afin d'obtenir d'elles des aveux et des éléments susceptibles d'obtenir plusieurs condamnations en justice. Oui, les forces de l'ordre ont eu recours à la torture psychologiques pour faire plier leurs « suspects » en les isolant, en les enfermant dans des cellules sordides et infâmes, en les menaçant, en leur faisant croire que leur sort était joué d'avance, en leur faisant miroiter des réductions de peine en échange de leur collaboration. Non, rien ne permet de prouver que les forces de l'ordre n'ont pas infligé de sévices corporels aux personnes enfermées, qu'elles ne leur ont pas imposé des privations de repas, etc. Les procès-verbaux, les compte-rendu et les déclarations de bonnes intentions ne sauraient remettre en question l'extrême violence inhérente à l'institution policière. Cette institution participe à la production d'une vérité tronquée, qui est celle de la justice bourgeoise, et à laquelle nous ne saurions nous fier. La fabrication de faux coupables par les policiers dans l'affaire de Viry-Châtillon, pour ne citer qu'elle, suffit à l'illustrer. La présomption d'innocence est un mythe qui s'arrête aux manuels universitaires des étudiantes et des étudiants en droit ; en dehors de leurs amphithéâtres et de leurs dissertations, il n'y a que la lutte des classes et la domination instituée de la bourgeoisie.

    Laissons les avocats et les juges se lamenter sur l'absurdité et l'ivresse dans cet acte de révolte. C'est le rôle d'une publication révolutionnaire, non seulement de donner raison aux pétroleurs et aux pétroleuses du péage de Croix-Sud, mais de contribuer à leur donner des raisons, d'expliquer théoriquement la vérité dont l'action pratique exprime ici la recherche.

    Pour avoir accès au reste de la brochure, ça se passe au lien suivant : https://lacharlatanerie.wordpress.com/le-declin-et-la-chute-du-peage-de-croix-sud/

    Groupe Révolutionnaire Charlatan
    Twitter : https://twitter.com/GRCpaname
    WordPress : https://lacharlatanerie.wordpress.com/
    Contact : contact_grc@protonmail.com

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      [ACAB] Un joyeux 13/12 à tou·te·s !

      alt.movim.eu / ParisLuttes · Monday, 13 December, 2021 - 12:12 · 2 minutes

    Aujourd'hui, 13 décembre, comme chaque jour, on ne peut pas faire autrement : on n'aime pas la police. Mais alors, vraiment pas…

    Chaque jour, des anecdotes, des « faits divers », des drames, des petites et grandes oppressions nous le rappellent. Des vexations de deux minutes aux « bavures » mortelles, éternelles : la police nous nuit.

    Alors ici, on ne va pas s'étendre en arguments. Un 13 décembre, ça se fête, ça ne se discute pas ! Voici donc quelques régalades créatives, en musique, en graffiti, en affiche, etc.

    Il y a quelques jours, l'émission de radio « Dans l'herbe tendre », diffusée sur Canal Sud à Toulouse , a commis une spéciale « Tout le monde kiffe la police » au titre fort ironique puisque la playlist risque de crisper plus d'un condé :

    • Yves Mathieu - Pestaille !
    • Nanni Svampa - Al mercato rionale
    • Bijou - P-38
    • Jacques Higelin - Les chaussettes à clous
    • B James - La police assassine
    • GAM - Allez les gars
    • Les Frères Jacques - J'emmène les gendarmes
    • Catherine Sauvage - Pétition d'un voleur à un roi voisin
    • Alpha Blondy - Brigadier Sabari
    • La Bolduc - Les policemen
    • Énigme cinématographique
    • Gnawa Diffusion - Bleu, blanc, gyrophare
    • MAP - La chasse est ouverte
    • Mini mix Renaud
    • Marc Robine - L'amour qui s'fout de tout
    • La Rumeur - P.O.R. C.

    Cette émission a été directement inspirée par un ouvrage excellent, publié en 2015 par l'Amicale des chansonniers amateurs bénévoles : « Quand la police nous fait chanter ». Il s'agit d'un recueil de citations à propos de la police, prises à travers les époques, principalement à partir de paroles de chansons. Réjouissant.

    À part ça, sur Paris-banlieue comme ailleurs, on voit régulièrement des bouts de phrases hostiles à la police sur les murs de nos rues, de nos cités, ou dans le métro, dans des parcs, dans des établissements scolaires, au taf, au tribunal, dans des salles de gardav' aussi bien sûr, en fait un peu partout. Voici quelques exemples chopés dehors ou sur internet depuis deux-trois ans :

    Paris XX e , mars 2014
    Bagnolet, mai 2014
    Place de la Réunion, Paris XX e , novembre 2014
    Paris XIX e , mars 2015
    Statue de la place de la République, Paris III e -X e - XI e , octobre 2015
    Marche contre les abattoirs, Paris, 4 juin 2016
    Manif antifa, Paris X e , 4 juin 2016
    Manif contre la loi Travail et son monde, Paris, 14 juin 2016
    Métro Gallieni, Bagnolet, juin 2016
    Bagnolet, juin 2016
    Place d'Italie, Paris XIII e , septembre 2016
    Boulevard de la Chapelle, Paris XVIII e , décembre 2016

    Mais puisqu'on ne peut pas décemment rester sur ces sentiments de haine, aussi justifiés soient-ils, quittons-nous en chanson avec un message « positif » :

    Gros bisous et vive l'anarchie.

    A/C/A/B
    1/3/1/2

    Article publié initialement sur Paris-Luttes le 13 décembre 2016.

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      13 décembre 1983 - Gala de soutien à Radio libertaire avec Léo Ferré

      alt.movim.eu / ParisLuttes · Monday, 13 December, 2021 - 07:00 · 1 minute

    Le 13 décembre 1983, un gala de soutien à Radio-Libertaire, dont l'existence demeurait alors menacée, avait lieu à l'Espace BASF , près de la place Balard à Paris, avec Léo Ferré. Plus de 6 500 spectateurs y assistèrent.

    Radio Libertaire commence à émettre le 1 er septembre 1981 sur la bande FM .
    Les galas de soutien à Radio Libertaire se succèdent en 1983, en juin Bernard Lavilliers fait l'Olympia, en décembre, à l'espace Balard, Léo Ferré réunit 6 500 spectateurs.

    Le 13 décembre 1983, à l'Espace BASF , Léo ferré se produisit lors du premier gala de soutien pour Radio Libertaire alors menacé d'interdiction par l'Etat.
    Le Monde Libertaire du 22 décembre 1983

    Le 28 août 1983, les CRS saccagent le studio, saisissent l'émetteur. Les techniciens de la Préfecture de police démontent l'antenne.
    5 000 personnes défileront à Paris le 3 septembre 1983. Suite à cette manifestation, Radio Libertaire recommencera à émettre.

    Soutenue en France et à l'étranger par le mouvement libertaire et de nombreux artistes, des syndicalistes et des militants associatifs, Radio Libertaire mènera un long combat pour la liberté d'expression.
    Depuis 40 ans les ondes de cultures et de luttes de Radio Libertaire sont maintenues sur le 89.4 MHz, dès 2004 en streaming sur internet.

    Podcasts – Streaming – Programmes – Actus – Contacts

    www.anarchiste.info/radio/libertaire

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      La Cave : un nouveau lieu de lutte et d'organisation à Aubervilliers !

      alt.movim.eu / ParisLuttes · Sunday, 12 December, 2021 - 16:00 · 1 minute

    La Mairie d'Aubervilliers se défait de lieux ouverts à l'initiative publique pour y installer des magasins, ne la laissons pas faire !
    Ouverture d'un nouveau lieu de lutte et d'organisation à Aubervilliers : « La Cave ».

    La mairie a pris la décision de ne pas renouveler le bail de l'association « La Collective » pour transformer ce local situé au 2ter rue du Moutier en cave à vin. Même si l'opération n'a pas abouti, elle dénote d'une volonté de privatiser l'espace public. Cette opération prive le quartier de lieux de rencontre pour le remplir de commerces inaccessibles à la plupart des habitant·e·s actuel·le·s d'Aubervilliers.

    Nous, activistes et habitant·e·s de la ville, refusons cette logique qui fait primer le profit sur l'humain et souhaitons restituer au quartier un lieu d'activité basé sur l'auto-organisation et la gratuité.

    Rejoignez-nous pour imaginer cet espace ensemble !

    Programme des jours à venir :

    • Dimanche 12 décembre – 12h : cantine solidaire
    • Lundi 13 décembre – 18h : conférence et débat sur l'extrême droite
    • Mardi 14 décembre – 18h : discussion autour des saccages olympiques avec le collectif Saccage 2024
    • Mercredi 15 décembre – 14h-18h : Exposition photo sur les jardins d'Aubervilliers
      20h : ciné débat sur l'éco-féminisme : luttes anti-nucléaires et féminisme
    • Jeudi 16 décembre – 19h : discussion « et si on gagne la lutte aux jardins d'Aubervilliers »
      20h30 : discussion-rêverie sur « à quoi peut ressembler un monde sans spécisme »

    Rendez-vous au 2ter rue du Moutier à Aubervilliers !

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      COVID : Les Vrais Complots

      alt.movim.eu / ParisLuttes · Monday, 6 December, 2021 - 15:00 · 19 minutes

    Cette contribution anonyme est une analyse anarchiste radicale du mouvement international “antivax” et des théories du complot qu'il propage. Elle liste également quelques-unes des authentiques conspirations que la pandémie a favorisées.

    Texte paru en anglais et en français sur Itsgoingoingdwon.org

    En préambule, il me faut préciser que je n'ai pas une confiance aveugle en “la science” telle qu'elle existe actuellement. Le discours scientifique a été utilisé de nombreuses fois dans l'histoire pour justifier et rationaliser l'existence de systèmes de domination allant jusqu'au génocide. Je ne suis pas non plus nécessairement en faveur des mesures d'obligation vaccinale concernant le coronavirus.

    Cela étant dit : le seul argument que je puisse entendre concernant l'hésitation à se faire vacciner, c'est la peur de l'inconnu. Tout ce qui est nouveau est potentiellement effrayant, y compris la pandémie prise dans son ensemble. Je comprends parfaitement cette peur, que je partage ; ce que je veux critiquer ici, ce sont les théories du complot qui animent l'aile la plus réactionnaire du mouvement antivax international, ainsi que les utilisations opportunistes de cet affect de peur par des groupes réactionnaires et fascistes.

    Cette pandémie a permis aux États et aux grandes entreprises de conduire de nombreuses actions qu'on pourrait qualifier de “complots”, partout dans le monde. J'en décrirais certaines dans cet article. Mais curieusement, au lieu de dénoncer ces actions (tragiquement prévisibles au vu les dynamiques de pouvoir déjà en place), nombre de militants réactionnaires préfèrent échafauder des théories absurdes pour défendre le capitalisme, nier le fait que certaines communautés sont plus durement touchées que d'autres par la pandémie, et répandre des thèses conspirationnistes qui promeuvent une idéologie raciste et/ou antisémite.

    Lorsqu'on observe la réaction de ces militants aux mesures d'obligation (notamment vaccinales) prises pour contrer la pandémie, on peut analyser les ressorts de leur discours et en comprendre la popularité, en particulier chez les fondamentalistes religieux, la police et les personnes sensibles aux discours *New Age*.

    Certaines théories évoquent Bill Gates et de mystérieuses “nano-puces”, d'autres parlent de testicules et de tétons, et de nombreuses autres de Georges Soros. Vous en connaissez certainement d'autres encore plus farfelues.

    Le point commun de ces théories absurdes, c'est qu'elles jouent sur la peur de l'inconnu. Toutes, en outre, évitent soigneusement de mettre en cause les institutions et les systèmes qui sont responsables de l'irruption de cette pandémie dans notre système mondialisé, et qui l'ont utilisé pour consolider les domination de classe et (aussi impossible que cela puisse paraître) augmenter les fortunes déjà obscènes des plus riches.

    Les fascistes, les fondamentalistes religieux et les amateurs de *New Age* se retrouvent autour de ces théories. Ce sont des groupes qui, au moins en Occident, ont en général des existences assez privilégiées, ou du moins la possibilité d'accéder à une forme de contentement personnel dans une société profondément injuste. Il est donc assez peu surprenant qu'ils tombent d'accord pour s'opposer à l'obligation vaccinale.

    Le mouvement antivax se renforce partout dans le monde depuis maintenant plusieurs années, mais il est intéressant de constater qu'il a acquis une assise beaucoup plus large aux USA au moment où Trump a réalisé que le virus allait affecter plus particulièrement les pauvres et les personnes racisées, des populations pour qui l'accès aux soins est plus difficile et dont les conditions de vie rendent l'application des gestes barrières complexe, voire impossible. On peut à mon sens dater cette montée en puissance du mois d'avril 2020, lorsque Trump a demandé à Fauci [ 1 ] si il n'était pas possible de “laisser faire le virus”.

    Ce mouvement est en fait un avatar de l'absurde “guerre culturelle” qui fait rage aux USA et s'étend au reste du monde. Il a un côté très américain : revendicatif et violent, mais sans aucune épaisseur politique. Il s'inscrit dans une tradition historique très protestante, destinée à s'assurer que les citoyens se battent entre eux sans jamais lever la tête pour critiquer ceux qui profitent grassement de leur souffrance. Mais l'extrême droite antivax ne s'intéresse pas à ce genre de considérations, sauf quand il s'agit d'accuser les Juifs.

    attention mon pote, cet étranger veut ton cookie

    Ce qui est très clair, c'est que le mouvement antivax est sous-tendu par une vision du monde qui cherche à défendre le marché à tout prix, quel que soit le nombre de morts, et que ses principaux porte-paroles refusent catégoriquement de prendre en compte les notions d'oppression systémique ou ciblée. Ce qui est clair aussi, c'est que même si cela peut parfois nous faire ricaner, ce n'est pas une putain de blague.

    Pour revenir aux théories du complot : avec un opportunisme évident, les gouvernements et les grandes entreprises utilisent cette pandémie pour consolider leur pouvoir et modifier les institutions à leur profit, provoquant des tragédies partout dans le monde. Plutôt que de faire ce constat, les antivax préfèrent échafauder des fictions absurdes. Pourquoi ?

    Je pense tout simplement que ces personnes refusent d'admettre que le système qu'elles défendent voit la pandémie comme une opportunité pour préserver le *statu quo*, accroître encore la fortune des plus riches et consolider les structures de dominations existantes, au beau milieu d'une crise globale d'une rare intensité. C'est une lecture de la situation qui exige une forme d'introspection et une authentique critique sociale matérialiste, deux traits totalement étrangers à la pensée réactionnaire qui profite de la confusion actuelle pour recruter de nouveaux adeptes. Cette pensée est engagée dans la défense de cette société profondément injuste, considérée comme “le meilleur système possible”.

    La version conservatrice de la “liberté de disposer de son corps” ne s'applique qu'à certaines personnes, et est truffée de contradiction obscènes. La majorité de ces pourritures n'a aucun problème avec l'idée qu'une femme meure des suites d'un avortement clandestin, par exemple. De la même manière, les flics qui refusent d'appliquer les amendes pour non-respect du confinement n'hésiteraient pas un instant à traquer, voire à tuer quelqu'un qui volerait de la nourriture pour ne pas crever de faim.

    Qu'on ne se trompe pas : j'ai un vrai putain de problème avec l'idée que le gouvernement m'impose quoi que ce soit. C'est un élément majeur de ma vision du monde. Mais à chaque fois que je sors d'un magasin avec moins de fric dans ma poche que quand j'y suis entré, c'est parce que le gouvernement m'impose de le faire sous peine d'aller en taule. Même si je suis affamé, je suis contraint de respecter ce contrat non écrit : pas d'argent, pas de bouffe.

    Le gouvernement m'interdit, sous peine de prison, de faire tout un tas de choses dont je pourrais avoir envie. S'opposer d'un coup à cet état de fait, mais uniquement sur quelque chose comme un vaccin (alors que presque tout le monde en a reçu plusieurs dans l'enfance), c'est tout de même se braquer sur un point extrêmement limité et superficiel.

    Pour répondre aux soucis un peu *New Age* concernant le vaccin, on peut faire le parallèle avec le cancer (la maladie, pas le signe astrologique). Le cancer, tout comme le coronavirus, est un produit de notre société industrielle. Il tue bien plus que le COVID : c'est la maladie la plus meurtrière dans le monde après les pathologies cardiaques. L'un des seuls traitements efficaces est la chimiothérapie, produite par la même science et la même société qui a produit la maladie. De la même façon que nous sommes contraints d'utiliser des brosses à dent en plastique, produites à la chaîne par des ouvriers sous-payés (aux USA , souvent des personnes incarcérées), pour évacuer de nos bouches les débris de la nourriture merdique que nous sommes contraints d'avaler, nous devons comprendre que cette société est, dans certains cas, à la fois coupable de nos maux et la seule source possible des moyens d'y survivre.

    Je l'ai dit, j'ai de l'empathie pour celles et ceux qui se battent contre la peur de l'inconnu. Les personnes souffrant de troubles anxieux, notamment, ont toute ma compréhension, y compris lorsqu'elles hésitent à se faire vacciner. Je n'étais moi-même pas très tranquille lorsque j'ai été faire ma première injection.

    Mais si vous regardez les photos des manifestations, par exemple aux Pays-Bas ou en Italie, vous verrez des militants portant l'étoile jaune que les Nazis ont imposés aux Juifs pendant la Shoah.

    Ils comparent directement la prétendue “souffrance des non-vaccinés” à celle des personnes visées par un génocide. Pour moi, c'est une ligne rouge. Cette comparaison est insupportable. C'est évidemment une grossière exagération, mais c'est surtout une approche qui permet aux réactionnaires de se poser en victimes opprimées sans avoir à reconnaître l'existence des oppressions bien réelles (racisme, sexisme, homophobie, etc.) inhérente à la société qu'ils et elles veulent défendre. Elle porte, à mon sens, une tentative de décrédibiliser les luttes de celles et ceux qui sont réellement opprimées, dans la lignée des révisionnistes qui nient l'existence de la Shoah ou l'importance de l'esclavage dans l'histoire américaine.

    Tout ceci ne suffit pas à faire le tour de la question, et j'ai probablement oublié des éléments essentiels, mais je voudrais à présent lister quelques théories du complot qui ne sont pas des putains de théorie, mais de réelles conséquences de la pandémie.

    J'ai trouvé deux définitions de “complot” sur Internet : “plan secret élaboré par un groupe de personnes dans le but de nuire ou de causer du dommage à d'autres”, et “fait de conspirer, d'élaborer secrètement des plans”. Les théories du complot, elles, sont “la croyance qu'une organisation secrète et très influente est responsable d'un événement donné”.

    On pourrait discuter de ces définitions, mais je veux m'en servir pour illustrer quelques événements liés au COVID qui, pour des raisons que j'ignore, n'ont pas retenu l'attention des réactionnaires antivax. Je le fais à la fois pour attirer l'attention sur ces événements et pour montrer à quel point ce mouvement préfère inventer des complots imaginaires plutôt que de s'intéresser aux conséquences bien réelles de la pandémie. La question que je voudrais poser à travers ces exemples est la suivante : pourquoi le mouvement “antivax”, dans son ensemble, ne s'intéresse-t-il pas à ces conspirations bien réelles, plutôt qu'à des complots dont il n'existe pas la moindre preuve ?

    Les Milliardaires

    La pandémie a suscité une crise économique sans précédent qui continue de prendre de l'ampleur et affecte à présent une bonne partie de la population mondiale. Partout, la précarité et la pauvreté se normalisent et s'aggravent, et le coût de la vie continue d'augmenter. Les banques centrales ont, à ce jour, injecté environ 7 000 milliards de dollars dans l'économie pour éviter le krach, promettant une inflation haute et de nouvelles mesures d'austérité dans les années à venir.

    Dans le même temps, la fortune cumulée des milliardaires n'a fait qu'augmenter, passant en 2019 de 5 000 à 13 000 milliards de dollars, et 700 personnes supplémentaires ont rejoint leurs rangs. Ces deux chiffres sont inédits dans l'histoire économique globale, et ils s'inscrivent dans l'une des crises économiques les plus profondes que nous ayons vu de notre vivant. On peut donc se demander si ces banques ont injecté cet argent dans l'économie d'abord pour rassurer les super-riches sur leurs futurs hôtels de luxe dans l'espace, ou si c'est simplement que même en pleine crise, le système capitalisme fait tout son possible pour préserver le statu quo et enrichir ceux qui en bénéficient le plus.

    La Surveillance

    D'Israël à la Corée du Sud, de la Grèce à la Chine, le *contact tracing*, les systèmes de pass sanitaires, et diverses autres méthodes innovantes de surveillance ont été normalisées dans le but de “gérer l'épidémie”. L'utilisation d'une crise pour faire passer ce qui serait vu en temps normal comme une ingérence insupportable de l'État dans la vie des gens, un classique en politique (souvenons-nous du *Patriot Act* en 2001), joue à plein dans de nombreux pays du monde. Pour quitter notre domicile, on peut nous imposer de dévoiler des informations médicales personnelles. Dans un pays comme la Grèce, ou les investissements en sécurité (police, armée, technologies de surveillance) dépassent de loin les dépenses de santé, on peut voir ces mesures comme une tentative d'installer un véritable appareil de surveillance à la Big Brother, camouflé en un protocole d'urgence à court terme.

    Il est probable que certaines de ces techniques se normalisent, ouvrant ainsi la porte à de nouvelles formes de surveillance plus invasives qui étaient jusqu'ici mal vues (voir illégales) en Europe. Cette utilisation opportuniste de la pandémie pour augmenter et normaliser les techniques de surveillance peut être vue comme les prémisses d'un monde encore plus contrôlé.

    Pourquoi Le COVID , Et Pas Le Cancer Ou Les Maladies Cardiovasculaires ?

    Au niveau mondial, le COVID n'est que la troisième maladie la plus meurtrière, loin derrière les pathologies cardiaques et le cancer. Comment se fait-il alors que les gouvernements ne subventionnent pas une alimentation plus saine ? Pourquoi laisse-t-on encore des entreprises minières et chimiques relâcher des toxines cancérigènes dans l'air et l'eau potable ? Si les gouvernements mondiaux sont capables de mettre en place des mesures aussi lourdes et coûteuses pour lutter contre le COVID , pourquoi ne pas le faire également contre ces maladies bien plus meurtrières ?

    Une explication possible, c'est que le cancer et les cardiopathies provoquent des morts lentes et affectent majoritairement les pauvres, qui n'ont pas la possibilité d'accéder à une alimentation saine ni à des lieux de vie exempts de contaminants cancérigènes. Crucialement, ces pathologies insidieuses n'empêchent pas immédiatement leurs victimes de travailler, et dans la plupart des cas, ne les emportent que lorsqu'elles ont déjà un certain âge et ont donc donné l'essentiel de leurs capacités de travail. Les gouvernements ne seraient-ils pas plus préoccupés par une diminution de la main-d'œuvre disponible, occasionnée par la mort rapide qui accompagne le COVID sévère, que par la santé et la sécurité de l'humanité ?

    Le “Nationalisme” Vaccinal

    La campagne globale de vaccination peut être elle-même considérée comme un complot visant à éliminer les pauvres et les habitants du “tiers-monde”. Le “nationalisme vaccinal”, c'est à dire en pratique la priorité donnée aux personnes et aux nations plus riches dans l'accès à la vaccination, constitue un véritable génocide passif. Les antivax occidentaux, aveuglés par leurs privilèges, sont incapables de percevoir cette réalité. Lorsqu'on examine la situation vaccinale en Inde, à Haïti ou sur la majorité du continent africain, on ne peut s'empêcher de se questionner : les obstacles bureaucratiques qui ont empêché tout transfert de connaissances concernant les vaccins sont-ils une conspiration visant à réduire drastiquement la population des pays “sous-développés” ? Peut-on parler ici de conspiration, ou est-ce simplement une description de la situation ?

    Un exemple à plus petite échelle est celui du début de la vaccination en Israël. Alors que cet État affichait le plus haut taux de vaccination au monde, l'accès des Palestiniens au vaccin a été délibérément réduit. Ce déséquilibre dans l'accès à la vaccination constitue une agression ciblée, utilisant les outils de la médecine, de la part de l'État israélien sur la communauté palestinienne.

    Le Brésil, sous la coupe du dirigeant fasciste Bolsonaro, est dans une situation analogue : de nombreuses communautés indigènes accusent l'État brésilien de génocide, et certains ont même porté ces accusations devant la justice. Dès l'arrivée au pouvoir de Bolsonaro, les barons de l'agriculture et de l'élevage ont immédiatement commencé à s'accaparer de larges pans de la forêt amazonienne, menant une véritable guerre contre les populations autochtones et les défenseurs de la nature. Cherchant à raser la forêt pour installer des pâtures, ils ont simultanément eu recours à la violence physique et à l'incendie criminel. L'arrivée du COVID a donc été une opportunité pour Bolsonaro, qui s'est très vite aperçu que les populations indigènes seraient plus vulnérables à cette maladie, d'autant qu'elles n'ont que rarement accès à la médecine conventionnelle.

    Tout comme Trump, son frère en esprit, Bolsonaro a rapidement réalisé que le virus allait affecter beaucoup plus largement les communautés les plus exclues et marginalisées. Restreindre l'accès au vaccin et empêcher l'extension des infrastructures médicales en Amazonie est, jusqu'à aujourd'hui, l'une des armes de Bolsonaro dans sa guerre contre les communautés indigènes et la forêt amazonienne. La tactique est ancienne : les puissances coloniales européennes ont par exemple sciemment répandu leurs maladies parmi les peuples amérindiens lors de leur conquête des Amériques. Plutôt que de pleurer sur le vaccin lui-même, comme le font les antivax, on peut considérer que le défaut d'accès au vaccin est le véritable complot.

    Maintenir L'ordre

    La Thaïlande et la Grèce, parmi d'autres, ont utilisé la pandémie pour restreindre la liberté d'association et le droit à manifester. L'utilisation de la pandémie par l'État grec pour attaquer le mouvement social et maintenir l'ordre public est à présent bien documentée. La Thaïlande, quant à elle, est l'un des pays qui présente le plus de disparités entre pauvres et riches, et a connu ces dernières années des mouvements étudiants massifs contre le *statu quo* et la monarchie. Le gouvernement Thaï, comme d'autres un peu partout dans le monde, s'est empressé d'utiliser la pandémie pour restreindre et criminaliser les réunions publiques, arguant de l'urgence sanitaire. C'est une astuce connue et qui est utilisée par de nombreux régimes autoritaires. Les antivax tendent à se focaliser sur la fermeture des restaurants ou des salles de sport, mais il est tout à fait exact que de nombreux gouvernements ont sauté sur l'occasion d'utiliser le virus pour masquer la répression de leurs opposants politiques.

    La Quatrième Révolution Industrielle

    Des milliards d'humains ont dû rester chez eux sans pouvoir travailler, et pourtant, nos sociétés industrielles automatisées ont pu continuer à nourrir leurs populations. Cela a-t-il pu montrer aux industriels, aux capitalistes et aux technocrates les possibilités d'une automatisation encore plus grande ? Ce processus sera-t-il accéléré par la crise sanitaire, déprimant encore un peu plus le marché du travail et ouvrant la voie à un future dystopique et féodal ?

    Deux secteurs ont largement profité de la crise : la livraison de nourriture à domicile assistée par algorithme et les services de streaming vidéo qui recyclent les vieilles sitcoms. Le monde est devenu encore plus isolé, plus aliéné…mais il continue de tourner. Ceux qui en sont les maîtres ont-ils découverts de nouveaux seuils dans ce que les humains sont capables de supporter ? Le coronavirus a-t-il produit un abaissement des attentes collectives sur nos conditions de vie ? Historiquement, les épidémies globales ont été l'occasion de nouveaux développements dans l'industrialisation : qu'en est-il aujourd'hui ?

    Cinq complots, donc, qui ne sont qu'une petite sélection des manipulations opérées avec la bénédiction des États capitalistes depuis le début de la pandémie. Et pourtant, les antivax (qu'ils soient du genre *new age*, intégristes religieux ou carrément fascistes) préfèrent se complaire dans la dénonciation des “Illuminati” qui n'existent que dans les mèmes plutôt que de mettre en cause l'élite bien réelle qui tient les rênes du pouvoir.

    Nous avons cité plus haut une définition des théories du complot qui implique des “organisations secrètes et très influentes”. Plutôt que de cibler quelques individus, ou une hypothétique “cabale juive”, on pourrait appliquer ce descriptif à l'ensemble du système capitaliste (États et grandes entreprises), qui est institutionnalisé, en place et systémique. Les réactionnaires vont s'obnubiler sur un visage en particulier, ignorant le cœur pour préserver l'intégrité du corps tout entier. Leur mouvement antivax est aussi superficiel qu'il est raciste, et est tout simplement incapable d'intégrer le fait que les authentiques complots liés à la pandémie font en fait partie du fonctionnement normal du modèle de société qu'ils défendent. Ils vont utiliser l'origine chinoise du virus pour étaler leur racisme, tout en ignorant totalement des sujets comme la surexploitation humaine des terres ou l'élevage industriel, qui sont les causes premières de la présente crise.

    Les réponses anarchistes à la pandémie ont été multiples : grèves des loyers, créations de groupes d'entraides mutuelle pour amortir les chocs liés à la crise économique, projets de santé mentale pour se soutenir mutuellement dans cette période angoissante et contrer la tendance globale à l'isolement social. Nous nous sommes également opposés à certaines mesures qui n'avaient aucun sens sanitaire, comme les diktats pris par les gouvernements grecs, israéliens ou hongrois.

    Le mouvement anarchiste a dû se positionner politiquement en trouvant un équilibre entre la nécessaire protection des plus vulnérables et la critique des mesures sécuritaires prises par les États durant la pandémie.

    Pendant ce temps, les réactionnaires s'en prennent physiquement à des médecins, des enseignants ou des hôtesses de l'air. L'establishment “de gauche” jette l'opprobre sur quiconque ose exprimer sa frustration devant les mesures sanitaires, sans prendre en compte une seule seconde la manière dont elles affectent différemment les gens selon leur classe sociale ou leur degré de privilège. Nous, anarchistes, rejetons tout autant cette abjecte soumission aux mesures autoritaires que son pendant d'extrême droite, véritable culte de la mort aux relents raciste. Trouver cet équilibre en tant que mouvement est essentiel, car ce “moment pandémique” risque de s'installer durablement.

    La crise a mis à nu les conflits de classe, et la totale déconnexion entre revenu et utilité sociale. Elle a été l'occasion de soulèvements partout dans le monde, des États-Unis à la Thaïlande, révélant au plus grand nombre l'absurdité fondamentale de nos sociétés stratifiées. En tant qu'anarchistes, notre riposte doit se fonder d'abord sur le soutien et l'entraide, à la fois matérielle et émotionnelle. Les gouvernements du monde entier vont continuer d'utiliser la pandémie comme prétexte pour augmenter le niveau de contrôle social, tout en tentant de réécrire l'histoire pour passer leurs erreurs sous silence. Nous devons continuer d'identifier et de dénoncer ces tentatives, et empêcher les réactionnaires, les pseudo-hippies *new age* et les intégristes religieux de détourner la colère légitime du peuple vers d'autres cibles.

    Nous devons rejeter tout ce théâtre politique, aussi bien le soutien aveugle à toute les mesures liberticides de la gauche libérale que l'abject opportunisme de la droite réactionnaire.

    Texte paru en anglais et en français sur Itsgoingoingdwon.org


    [ 1 ] Immunologue américain reconnu et conseiller en chef de santé publique de 8 présidents successifs, il a été par la suite une cible du mouvement antivax/complotiste

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