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      L’État français, à des années-lumière du citoyen

      Jean Kircher · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 28 January, 2021 - 03:45 · 3 minutes

    état français

    Par Jean Kircher

    Pour nos sociétés modernes et démocratiques l’un des objectifs prioritaires devrait être le bien-être et le confort des citoyens afin qu’ils puissent vérifier et utiliser quotidiennement les progrès que nos gouvernements mettent en œuvre.

    En voyageant régulièrement dans toute l’Europe on se rend compte que pour la France et les Français le compte n’y est pas.

    L’État français très éloignés du citoyen, à bien des niveaux

    Ainsi le téléphone et les connections internet dont le réseau est supposé couvrir tout le territoire. Les zones blanches sont innombrables et il est courant que les services en cause répondent que nous sommes en bout de ligne. En dehors des grandes agglomérations c’est le cas partout. Dans le petit Luxembourg le moindre ménage dispose d’une connexion de 80 gigas. Pour avoir la même chose en France il faut passer par les grands opérateurs contre paiement supplémentaire.

    Ainsi les routes. En dehors du réseau autoroutier privé un tiers des autres routes sont en mauvais état . En période de neige les sableuses sont notoirement en sous-effectifs. Le seul service qui fonctionne remarquablement c’est le contrôle des vitesses.

    Sur les 800 000 ronds-points installés en Europe, 600 000 se trouvent en France . C’est la solution économique que notre grand pays a trouvé pour éviter de construire ponts, tunnels et contournements. L’automobiliste, lui, se démène dans des bouchons interminables et polluants.

    Rares sont les villes contournées. En Allemagne, toutes les grandes villes le sont et les villes moyennes sont traversées par des tunnels. La Suisse a voté un budget de 250 milliards sur dix ans pour relier toutes les grandes villes par des tunnels souterrains .

    Sur les autoroutes , les aires dédiées aux camions sont minuscules, les entrées en station deviennent donc de vrais parcours de combattant afin d’éviter que les poids-lourds n’encombrent le passage. Aménager de grands « Lorry-center » à l’allemande n’est pas prévu.

    Ainsi les voies navigables. Le gouvernement Jospin a définitivement enterré le projet Rhin-Rhône qui aurait pu devenir l’axe majeur européen de circulation des marchandises. Tant pis pour la pollution économisée et les routes dégagées.

    N’abordons même pas la monstrueuse désindustrialisation de la France dont nous n’avons pas fini de payer le prix.

    Nos villes deviennent tabou pour les automobilistes mais on ne construit pas pour autant les parkings de dégagement. Il s’agit juste de contenter les écologistes. Contourner définitivement la région parisienne ne fait pas partie des projets de nos penseurs.

    Tout se fait à l’économie car l’État n’a plus les budgets nécessaires pour ce genre d’investissements. Il s’agit prioritairement de payer les six millions de fonctionnaires dirigés par une oligarchie généreusement entretenue et très éloignée des réalités au-delà du périphérique parisien.

    Donc les besoins du peuple, on s’en moque. On embarque la populace dans de grands projets prestigieux qui font la grandeur de la France.

    Ainsi le Centre Pompidou qui fut en son temps un phare de la culture moderne française n’a jamais été entretenu pendant plus de 15 ans. Aujourd’hui il est fermé pour près de quatre années de rénovation . C’est typiquement français : on inaugure en grande pompe mais on ne prévoit plus les budgets d’entretien pour finalement recommencer à zéro. Pour beaucoup plus cher.

    Nous vivons de plus en plus dans une société virtuelle ou l’on confond webinars et télétravail avec efficacité et avenir, santé avec économie en berne, distantiel avec  présentiel pour finir avec un peuple appauvri et  méprisé.

    À force de prioriser le social assisté, les revendications des minorités bruyantes, le bien-être animal, celui des citoyens finit par être méprisé. Avec un niveau de vie en baisse, un chômage en hausse, un déficit désespérément chronique et un endettement sans fin, nous ne sommes pas prêts de voir notre quotidien s’améliorer.

    Mais le coq sur son tas de fumier continue de chanter…

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      Associations : stop aux subventions à tout-va

      Jean-Philippe Feldman · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 13 January, 2021 - 04:15 · 3 minutes

    subventions

    Par Jean-Philippe Feldman.

    Mon dernier ouvrage, Exception française : Histoire d’une société bloquée de l’Ancien Régime à Emmanuel Macron , entend démontrer que les Français n’ont jamais été libéraux , aussi loin que l’on remonte dans l’histoire. Et s’ils ne l’ont pas été, cela tient à un faisceau de facteurs que la dernière livraison du Canard Enchaîné (6 janvier 2021) permet en partie de vérifier.

    Le journal satyrique, qui justifie souvent son appellation, appartient cependant à la galaxie des journaux de gauche. Un pléonasme en France, relèverait un mauvais esprit. Voilà déjà une explication de l’antilibéralisme français : l’absence d’offre intellectuelle pluraliste et une pensée trop souvent unique dans la presse tant écrite que parlée.

    Clientélisme et subventions en Auvergne-Rhône-Alpes

    Un article de cet hebdomadaire intitulé « Laurent Wauquiez aggrave l’effet de cerf », peut être ainsi résumé : dans la perspective des élections régionales, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes arrose de subventions les fédérations de chasse ; la présidente du groupe d’opposition écologiste s’insurge en pointant le clientélisme de la droite ; le président des chasseurs de la région se défend en évoquant un rééquilibrage après le tombereau de subventions déversé sur les associations environnementales durant les deux mandats précédents du socialiste Jean-Jack Queyranne.

    Contre les associations lucratives sans but

    Comme souvent, nos hommes politiques embrouillent tout. En effet, la question n’est pas de savoir quelles associations, qui pour la chasse, qui contre la chasse, vont se voir accorder des subventions, mais de cesser d’octroyer des subventions .

    En effet, une association est, ou plutôt devrait être, un organisme de droit privé, et comme tel recevoir des cotisations de membres privés, et non pas des associations lucratives sans but recevant, selon une périphrase, de l’argent public. Nos amis de Contribuables associés entendent le démontrer à longueur d’année.

    Pourquoi le libéralisme n’existe pas en France

    On comprend aussi pour quelle raison les libéraux ont du mal à exister dans un pays perclus d’interventionnisme et de clientélisme. Le marché politique joue à plein car la sphère publique pompe la majorité des richesses produites. Les associations dignes de ce nom peuvent plus difficilement bénéficier de la générosité des individus dont les finances sont obérées par la lourdeur des prélèvements obligatoires .

    Dès lors, beaucoup en ont tiré pour conséquence qu’il fallait trouver l’argent perdu là où il se trouvait, c’est-à-dire dans les poches de l’État, cette grande fiction à travers laquelle tout le monde vit aux dépens d’autrui. Frédéric Bastiat l’avait brillamment relevé il y a déjà plus d’un siècle et demi.

    En France, tout est ou devient public, tout est citoyen car pollué par la sphère publique. Briser cette servitude volontaire relève de la gageure car chacun s’accroche à ses privilèges ou lambeaux de privilèges. On peut s’en lamenter, mais il faut reconnaître que cette attitude n’est pas dénuée de logique, tant en ce qui concerne certains responsables associatifs peu scrupuleux que certains hommes politiques démagogiques, au sein de l’État providence le plus développé au monde. Et faire comprendre à la grande masse des individus -argument utilitariste- qu’ils auraient davantage à gagner à vivre sous un régime de liberté et surtout -argument non utilitariste et autrement essentiel- qu’ils seraient plus dignes s’ils ne mendiaient pas de l’argent public qui est en réalité toujours d’origine privée, exige manifestement beaucoup de patience et de pédagogie.

    Mais quel candidat de premier plan aux prochaines élections régionales osera dire : « Je n’octroierai plus de subventions à quelque association que ce soit et l’argent ainsi économisé permettra soit de diminuer les impôts soit de baisser les dépenses publiques soit les deux » ?

    Soyons un peu naïf en cette période difficile…

    Jean-Philippe Feldman  vient de faire paraître Exception française. Histoire d’une société bloquée de l’Ancien Régime à Emmanuel Macron , Odile Jacob, 2020.

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      Le commerce honteux des indulgences renouvelables

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 19 May, 2020 - 02:45 · 3 minutes

    renouvelable

    Par Michel Gay.

    Comme au Moyen-Âge, le gouvernement a rétabli le commerce lucratif des indulgences pour enrichir les producteurs d’électricité renouvelables qui peuvent ainsi verdir l’électricité , quel que soit le « péché » de son origine fossile ou nucléaire.

    Financement du parc nucléaire français

    Le financement de la construction du parc nucléaire français actuel n’a bénéficié d’aucun apport de l’État.

    La société EDF a dû emprunter, y compris hors de l’Hexagone, et assumer le remboursement répercuté sur le prix de vente de l’électricité parmi la moins chère d’Europe. L’entreprise EDF a pris tous les risques industriels de l’investissement et de la construction des 58 réacteurs actuellement en fonctionnement dont profitent tous les Français depuis plus de 30 ans.

    Cependant, le marché de l’électricité ayant été ouvert à la concurrence en 2007, l’État a souhaité favoriser l’arrivée de concurrents afin qu’ils puissent trouver leur place sur le marché.

    L’État a donc imposé à l’entreprise EDF des tarifs réglementés de vente et l’a obligé à céder un quart de sa production nucléaire (100 térawattheures) à un « prix d’ami » aux nouveaux fournisseurs alternatifs souhaitant la concurrencer.

    De plus, EDF doit assumer « en même temps » tous les risques du système et de la production (dont l’intermittence des énergies renouvelables éoliennes et solaires).

    L’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) a ainsi été créé par la loi n° 2010-1488 du 7 décembre 2010 portant nouvelle organisation du marché de l’électricité (dite loi NOME ) afin que chaque fournisseur alternatif concurrent d’EDF puisse bénéficier, s’il le souhaite, d’un accès à l’électricité nucléaire de 42 euros par mégawattheure, fixé depuis 2012.

    Ce droit « de tirage » est partagé entre tous les fournisseurs et couvre en moyenne 68 % de leurs besoins. Si la demande totale dépasse ce plafond, les droits de chacun sont revus à la baisse.

    Les fournisseurs alternatifs achètent la différence auprès d’autres producteurs ou sur le marché de l’énergie au prix du marché. Quasiment aucun fournisseur alternatif n’est producteur d’électricité. Le fournisseur n’est qu’un intermédiaire qui veut bien se servir chez EDF mais sans en prendre les risques !

    Le plafond de l’ARENH n’étant plus suffisant pour répondre à la demande, une plus grande quantité d’électricité est achetée sur le marché à un prix plus élevé que celui fixé par l’ARENH (sauf en périodes de prix négatifs dues aux surproductions intempestives éoliennes et solaires), et les factures des Français augmentent , alors que le prix de l’électricité nucléaire historique n’augmente pas.

    L’ARENH est-il obligatoire ?

    Non.

    Les fournisseurs sont libres d’exercer ce droit ou non pour leurs clients. Il est possible d’acheter la totalité de l’énergie nécessaire à l’approvisionnement des clients via d’autres canaux.

    Certains fournisseurs renoncent à leur droit d’ARENH pour des raisons politiques ou d’image (c’est le cas du fournisseur Enercoop).

    Ce dispositif appauvrit donc EDF en réduisant ses marges sur l’énergie du côté des clients (avec les tarifs réglementés de vente) et du coté des fournisseurs (avec l’ARENH).

    L’électricité peut-elle être vraiment verte ?

    Il n’existe qu’un seul réseau électrique en France qui mélange toutes les productions, qu’elles soient d’origine fossile, nucléaire, renouvelable, ou autres.  Il est donc impossible de certifier à un client que l’électricité est 100 % verte.

    Néanmoins, il existe un système de traçabilité via les Garanties d’origine afin de pouvoir suivre la quantité d’énergies renouvelables injectée dans le réseau électrique français (ou européen).

    Les fournisseurs d’électricité ( y compris EDF …) en achètent pour la consommation de leurs clients qui veulent acheter « vert ».

    Ainsi, un producteur d’électricité issue de sources d’énergies renouvelables peut vendre d’un côté son électricité à un acteur et de l’autre ses garanties d’origine…

    Un des deux acteurs pourra alors se revendiquer 100 % vert alors qu’il produit son électricité avec du gaz ou du charbon !

    C’est ainsi qu’un fournisseur d’énergie a le droit de dire qu’il est 100 % renouvelable car il a payé une Garantie d’origine, un impôt vert, une forme de racket institutionnalisé.

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      Le monde d’après et les fatigants « yakas » des gentils people

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 8 May, 2020 - 03:40 · 9 minutes

    Par Nathalie MP Meyer.

    Spectaculaire déferlante de tribunes people mignonnettes et engagées, dans nos médias hier matin ! Juliette Binoche dans Le Monde , Nicolas Hulot également dans Le Monde , Vincent Lindon dans Mediapart – tous à leur façon nous adjurent et adjurent les pouvoirs publics de faire advenir un « monde d’après qui sera radicalement différent de celui d’aujourd’hui ».

    Problème : comment accepter leurs sempiternelles conclusions sur l’hyper-urgence climatique, la relocalisation et la taxation des riches quand leur analyse du monde d’avant est si totalement déconnectée de la réalité ?

    Juliette Binoche, people qui compare le Covid et le climat

    Comme souvent lorsque Juliette Binoche intervient politiquement dans les médias, il s’agit de prendre fait et cause pour la planète avec le soutien de notre champion hexagonal du catastrophisme écologique, le physicien Aurélien Barrau .

    On n’est donc guère étonné de lire, une fois de plus, dans le mini texte publié hier par l’actrice – et signé par largement plus de people qu’il ne compte de mots et d’arguments – que le plus grave danger nous menace.

    Nouveauté du moment dictée par les circonstances, les auteurs considèrent que la pandémie de Covid-19 n’est rien comparée à ce qui nous pend au nez si les gouvernements n’apportent pas enfin une réponse sérieuse à l’apocalypse écologique et climatique qui se profile inéluctablement. Sachons tirer la leçon de la grave crise sanitaire du moment pour bien comprendre que plus grave encore, plus destructeur encore, nous attend :

    « La catastrophe écologique en cours relève d’une « méta-crise » : l’extinction massive de la vie sur Terre ne fait plus de doute et tous les indicateurs annoncent une menace existentielle directe. À la différence d’une pandémie, aussi grave soit-elle, il s’agit d’un effondrement global dont les conséquences seront sans commune mesure. »

    Plus de 25 000 morts en France en quelques semaines d’un côté, pas un seul de l’autre, sauf dans des projections toujours repoussées à plus tard depuis les premières alarmes émises par le Club de Rome en 1972 : ainsi que j’ai déjà eu l’occasion de le souligner, l’opération « récup » du Covid-19 par les acharnés du climat est lancée.

    Mais poursuivons. La tribune Binoche est certes plutôt indigente (dans sa rédaction, dans son développement, dans son argumentation ; lisez, vous serez effarés), mais elle propose cependant un plan d’action : puisque c’est le « consumérisme » , caractéristique très capitaliste et très libre-échangiste du monde d’avant, qui nous a placés devant les affres de l’urgence écologique et climatique, stoppons le consumérisme qui est de toute façon un exploiteur à la limite  de l’assassin :

    « Le consumérisme nous a conduits à nier la vie en elle-même : celle des végétaux, celle des animaux et celle d’un grand nombre d’humains. »

    Voilà une réflexion curieuse, alors que nous sommes en plein confinement et que nos économies, nos activités au sens large, sont à l’arrêt. Si consumérisme sans foi ni loi il y avait dans le monde d’avant, force est de constater que le consumérisme en question a été gelé du jour au lendemain sans états d’âme pour sauver des vies face au risque de croiser un coronavirus dans l’espace public ou sur son lieu de travail. Et cela au prix de pertes immenses pour beaucoup d’entreprises et de citoyens.

    Pour Juliette Binoche et ses cosignataires, il est donc « inenvisageable de revenir à la normale » , mais la normale qu’ils décrivent n’est pas la normale de la réalité et les solutions – anticapitalistes – qu’ils préconisent sont celles qui ont répandu pauvreté et anéantissement des libertés individuelles de l’URSS du XXe siècle au Venezuela d’aujourd’hui.

    Nicolas Hulot, veut votre bien de gré ou de force

    Nicolas Hulot et Vincent Lindon s’inscrivent exactement dans le même schéma dans leurs tribunes respectives, le premier ayant un tropisme écologique marqué tandis que le second s’en tient à l’aspect social des choses.

    L’ancien ministre de l’Écologie estime que si l’on veut éviter les crises de l’avenir, il faut à tout le moins remettre à plat notre modèle actuel, et emprunter, à l’inverse, le chemin de la relocalisation , des changements de consommation, de la redistribution , de la taxation des hauts revenus et du retour de l’État-providence et stratège avec contrepartie d’investissement dans la transition énergétique.

    Petit verbatim :

    C’est le moment de débattre, par exemple, du revenu universel, de la taxe sur les transactions financières, de la relocalisation d’un certain nombre d’activités […] Cette crise (du Covid-19) a mis en évidence notre dépendance aux productions faites au bout du monde, notamment en Asie.

    La priorité des priorités, c’est d’aller chercher l’argent là où il est, de taxer de manière plus importante les revenus qui ne sont pas issus du travail, de mettre fin à ce capitalisme sauvage.

    Consumérisme destructeur pour les uns, capitalisme sauvage pour les autres, ce serait notre monde d’avant.

    Mais où Nicolas Hulot a-t-il été chercher que la France, avec ses dépenses publiques, ses prélèvements obligatoires et ses déficits budgétaires plus élevés que partout ailleurs dans le monde développé n’était pas déjà et depuis longtemps un État-providence hautement redistributif ? Et fort peu efficace, comme en témoignent hélas son chômage de masse et son instabilité sociale permanente :

    Où a-t-il vu que la transition énergétique n’était pas résolument engagée par l’État alors que nous sommes en train de sacrifier notre filière nucléaire conformément aux vœux (absurde au regard des émissions de CO2) des écologistes ?

    Et comment peut-il déduire de la crise sanitaire du Covid-19 que le problème des masques rencontré en France est typique de la dépendance dans laquelle nous placent la mondialisation et le libre-échange ?

    En ce domaine, on s’est surtout aperçu que l’État français, responsable du monopole de la Sécurité sociale et de la santé publique, n’avait pas jugé utile depuis pas mal d’années de disposer de stocks de masques en cas de pandémie. D’où réquisitions et interdictions au secteur privé d’en commander, ce qui n’a d’ailleurs rien résolu. C’est seulement depuis que la grande distribution est à nouveau autorisée à commercer sur ce marché, c’est-à-dire depuis le 24 avril, que les Français ont enfin accès à des masques de protection en grande quantité…

    Beaucoup d’approximations, donc, et beaucoup de points passés sous silence tant ils desservent la marche glorieuse de notre pays vers un monde d’après plus climato-collectiviste et plus autoritaire que jamais . D’où, j’imagine, le petit coup de pression que Nicolas Hulot s’est senti en droit d’envoyer en fin d’entretien :

    Le monde d’après sera radicalement différent de celui d’aujourd’hui, et il le sera de gré ou de force.

    De la part d’un homme qui continue d’être la personnalité politique préférée des Français avec 50 % de bonnes opinions en avril 2020, c’est charmant.

    Vincent Lindon, people cégétiste ?

    Pour sa part, Vincent Lindon s’appuie sur la mauvaise gestion macroniste de l’épidémie – ce en quoi on peut difficilement lui donner tort – pour s’interroger :

    Comment ce pays si riche, la France, sixième économie du monde, a-t-il pu désosser ses hôpitaux jusqu’à devoir, pour éviter l’engorgement des services de réanimation, se résigner à se voir acculé à cette seule solution, utile certes, mais moyenâgeuse, le confinement ?

    Sa réponse est toute trouvée : la santé a été livrée par Emmanuel Macron, et Nicolas Sarkozy avant lui, aux fausses valeurs de la rentabilité et du profit qui prévalent dans le système marchand, jusqu’à faire de la vie des Hommes une marchandise. Et pas seulement la santé. En réalité, tout notre service public, c’est-à-dire tout ce qui fait la France, en est là. Un discours qui rejoint à merveille ceux que la CGT, le NPA ou Jean-Luc Mélenchon nous servent depuis bien longtemps.

    M. Lindon n’a pas dû avoir connaissance des petits graphiques ci-dessus. Et manifestement, aucun des experts qu’il a consultés pour rédiger sa tribune n’a jugé utile de lui dire que la France est (avec l’Allemagne) le pays d’Europe qui dépense le plus pour la santé, soit 11,3 % du PIB.

    Aucun ne lui a signalé non plus qu’en France, 35 % des emplois hospitaliers ne sont ni médicaux ni paramédicaux , tandis que ce pourcentage tombe à 24 % en Allemagne, pays qui s’en est nettement mieux sorti que nous face au Coronavirus.

    Encore un aveuglement, encore un pan de notre réalité qu’il ne fait pas bon exhumer. Imaginez la déprime nationale si un observateur un peu trop naïf en déduisait que le problème de la France n’est pas une question de « moyens » qui feraient défaut au secteur public mais une utilisation spectaculairement suboptimale des abondantes sommes prélevées aux contribuables couplée à un affaiblissement concomitant du secteur privé qui ne dispose plus alors des capitaux suffisants pour créer de la richesse donc de l’emploi, donc du pouvoir d’achat, donc de l’autonomie !

    Bref, ignorance réelle ou amnésie volontaire, Vincent Lindon ne risquait pas de se livrer à des déductions aussi scandaleuses. Au contraire, sa solution massue pour un monde meilleur passe principalement par la création d’une taxe sur le patrimoine des Français les plus riches. Là où l’ISF rapportait environ cinq milliards d’euros par an, il envisage un prélèvement exceptionnel (dont il préférerait qu’il devienne pérenne) de 37 milliards d’euros qui serait redistribué à raison de 2000 euros par foyer non assujetti à l’impôt sur le revenu.

    Ce qui est merveilleux avec nos gentils people – mais la remarque vaut aussi pour nos gentils politiciens, nos gentils syndicalistes, nos gentils intellectuels, nos gentils journalistes et la plupart de nos gentils concitoyens – c’est que pas un instant ils ne songent à se demander « d’où vient l’argent » avec lequel ils jonglent par milliards avec tant de généreux plaisir.

    Comment feront-ils lorsqu’il auront finalement épuisé l’argent des autres, comme disait Margaret Thatcher ? Chut, on ne parle pas de ces choses-là. Ça promet.

    Sur le web

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      « Rétablir la vérité » sur la production éolienne

      news.movim.eu / Contrepoints · Wednesday, 4 March, 2020 - 04:00 · 6 minutes

    éolienne

    Par Michel Negynas.

    Un article de l’hebdomadaire Le Point du 27 février reprend le discours des promoteurs des énergies dites renouvelables, qui s’émeuvent des quelques doutes émis en public par le président Macron et madame la ministre de l’Écologie, Élisabeth Borne.

    Il est normal que les industriels de ces énergies défendent leur secteur, qu’on leur donne la parole, et qu’on écoute leurs arguments. Il est moins normal que ces gens prennent les Français pour des imbéciles.

    Extraits de l’article et commentaires :

    Enfin, pour soutenir l’essor des éoliennes, les professionnels entendent « rétablir la vérité » concernant leurs machines, dit Nicolas Wolff. S’ensuivent deux-trois mises au point techniques. Nicolas Wolff réfute l’accusation du député LR Julien Aubert, pour qui « les énergies renouvelables ne participent pas à la transition énergétique car elles se substituent au nucléaire [qui n’émet que très peu de CO2, NDLR] ». Selon le président de FEE, un rapport de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, établit que l’essor de l’éolien, du photovoltaïque ou encore de la biomasse s’accompagne d’une baisse des énergies fossiles, comme le charbon. « Le rapport de RTE dit qu’en 2019 l’éolien et le solaire ont permis de réduire nos émissions de 22 millions de tonnes de CO2, en France et à l’étranger », souligne Nicolas Wolff.

    Voyons de plus près les chiffres, selon le rapport 2019 de RTE.

    C’est effectivement ce que dit RTE, en charge du réseau en France. Mais c’est curieux. Entre 2018 et 2019, les ENR ont bien fait 7 TWh de plus, mais le thermique fossile, générateur de CO2, 3,7 TWh de plus ! On a arrêté le charbon, pas à cause des ENR, mais juste parce qu’on a voulu. Et on a fait davantage de gaz et même de fioul. Et le nucléaire a baissé : mais est-ce à cause d’une moindre disponibilité, ou parce qu’il a dû, réglementairement, s’effacer devant les ENR ?

    L’article poursuit :

    Comme dans un numéro de duettistes, Jean-Louis Bal, son homologue du Syndicat des énergies renouvelables, prend la parole pour tordre le cou à ce qu’il considère comme une autre idée reçue : l’intermittence des éoliennes, qui obligerait à mettre en route des centrales thermiques (gaz ou charbon) pour pallier le manque de vent. « La production éolienne n’est pas intermittente, elle est variable et prévisible, elle s’intègre parfaitement dans le réseau de transport d’électricité sans avoir besoin d’un recours à la production thermique », dit-il. « Arrêtons de raconter des choses fausses. »

    Alors là, c’est le bouquet ! Regardons ce qui s’est passé en février, semaine 6 et 7.

    Sur toute la France, l’éolien est passé par des minis de 1,5 GW pour une puissance installée de 16 GW ! En effet qu’il a été « variable »… pas intermittent, variable. Enfin, presque intermittent….

    Mais le pire, c’est la vitesse de variation, par exemple le jeudi de la semaine 7, en un peu plus de 24 heures un aller-retour vertigineux de 10 GW !

    Le nucléaire a dû lui aussi faire des allers-retours de plus de 10 GW, pour compenser, ce qui est possible, mais pas très bon ni pour la durée de vie des équipements, ni pour la sécurité.

    Le gaz a trinqué lui aussi ; c’est désastreux pour le rendement, donc pour le CO2.

    Comme dit dans l’article, la production éolienne s’intègre parfaitement… au prix de contorsions dangereuses pour les autres. Et qu’en sera-t-il lorsque nous aurons non pas 16 mais 45 GW d’éolien ?

    Avec ses 50 GW d’éolien, l’Allemagne a le même problème. Elle le dilue sur tous ses voisins par les lignes d’interconnexion. Oui, mais si tout le monde l’imite ?

    Bien sûr, on a une certaine prévisibilité via la météo ; mais pas à l’heure près ! Et même si c’est prévisible, c’est bel et bien aléatoire.

    On pourrait penser que la pénurie de vent est très rare, avec le foisonnement comme ils disent. Eh bien non. Cela arrive très souvent.

    Par exemple :

    Pendant 3 semaines, du 21 mai au 12 juin 2018, l’éolien a fourni à peine 1,5 GW pour 13 GW installés.

    Peut-être que cela n’arrive pas en hiver, période où nous avons les pointes annuelles de consommation ? Perdu là aussi, par exemple :

    Ces jours-là, du 3 au 6 décembre 2017, en plein hiver, les 12 GW d’éolien n’ont jamais dépassé 1 GW pour l’ensemble de la France, avec des pointes de consommation à 80 GW…

    En réalité, le vent tombe parfois pratiquement à zéro, et si on peut prévoir la production « en gros », il est impossible d’affiner à l’heure près. Et aléatoire ne veut pas dire « non prévisible ». Aléatoire signifie qu’on ne maîtrise pas, que ça vient quand ça veut.

    L’éolien est donc bien éminemment variable, quasi intermittent, et aléatoire.

    Autres arguments, la création d’emplois offerte par la filière éolienne (1300 par an, pour un total de 18 000) et son peu d’impact sur l’environnement. Les éoliennes, jure Nicolas Wolff, sont à plus de 95 % recyclables, et la filière entend fournir plus d’efforts en ce sens. Les opérateurs s’engageront à enlever l’intégralité des fondations d’un mât une fois sa vie achevée, alors qu’aujourd’hui une partie du socle de béton reste enfouie. Ils augmenteront aussi la part de provisions financières destinées à recycler les futurs mâts, de plus en plus grands.

    Tout est recyclable dans une éolienne, sauf les pales. Il y en a entre 20 tonnes (éoliennes de 2 MW) à 100 tonnes (8MW) par éolienne, en composite de carbone et de résines diverses. On ne sait pas les recycler, ni même les traiter comme déchets.

    Et lorsque nous aurons 15 000 éoliennes, nous aurons 300 000 tonnes de ces saletés. Là encore on joue sur les mots, c’est sans doute 95 % en poids, vu que chaque éolienne a déjà un socle de 1500 tonnes de béton, un mât de 200 tonnes d’acier… qui eux sont recyclables, en théorie.

    Quant à l’emploi, pour l’instant, il profite surtout en Allemagne, au Danemark et en Espagne…

    Pour le socle de béton , aucune réglementation n’impose de le recycler, ni même de l’enlever lors du démantèlement, et les provisions obligatoires sont nettement insuffisantes.

    Nous sommes au stade de promesses gratuites. Aucun opérateur n’achète d’ailleurs les terrains d’implantation ; ce sont des baux… c’est pratique en cas de faillite, la dépollution reviendra au propriétaire en dernier recours.

    Le président du Syndicat des professionnels de l’éolien demande donc un « climat de confiance ». Il faut, dit-il, « arrêter de raconter des choses fausses ».

    Alors là, nous sommes d’accord.