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      Rapport RTE : l’illusion du 100 % renouvelables

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 2 February, 2021 - 04:00 · 7 minutes

    RTE

    Par Michel Gay.

    Le gestionnaire du réseau d’électricité (RTE) a publié le 27 janvier 2021 une étude conjointe avec l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur les « conditions et prérequis en matière de faisabilité technique pour un système électrique avec une forte proportion d’énergies renouvelables à l’horizon 2050 ». Chaque mot a son importance.

    Ce rapport a été commandé en octobre 2019 par le ministère de la Transition écologique qui, lorsqu’il lui a été remis, s’est arrêté sur le titre. Et il en a conclu un peu vite, par idéologie, qu’un système électrique avec 100 % d’énergies renouvelables était viable… alors que RTE annonce le contraire pour qui se donne la peine de lire les 180 pages du document !

    Le rapport de RTE et de l’AIE alerte même sur la dangereuse aventure d’un fort développement des énergies renouvelables « variables », voire intermittentes , qui nécessitent des conditions extravagantes. Tout cela sans évoquer le coût qui n’est pas abordé dans cette étude.

    Explorer n’est pas cautionner

    Il est normal d’explorer toutes les voies avant d’arrêter une décision engageant le pays pour des décennies.

    Cependant, l’avenir énergétique de la France ne doit pas être hypothéqué par des politiciens fous dansant la Carmagnole au bord du gouffre social en organisant méthodiquement le naufrage du système électrique français.

    Le Directeur de l’AIE (Fatih Birol) a même indiqué en langage nuancé que fermer des centrales nucléaires « serait une erreur ».

    Pour Bill Gates également, l’énergie nucléaire est nécessaire à l’avenir. Il déclare sur son blog :

    Le nucléaire est idéal pour faire face au changement climatique, car il s’agit de la seule source d’énergie évolutive, sans carbone et disponible 24 heures sur 24.

    Selon lui, ce moyen « idéal » fournira l’électricité qui permet aux voitures électriques de fonctionner sans combustible fossile et de faire fonctionner les pompes à chaleur qui remplaceront les chaudières au fioul et au gaz.

    Il déclare par ailleurs :

    La capacité de stocker l’énergie est si limitée que l’éolien et le solaire ne peuvent à eux seuls apporter une solution. Nous avons besoin d’un miracle de stockage ou d’une source d’énergie comme le nucléaire auquel nous pouvons faire appel à tout moment.

    La France s’est engagée à atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050 afin de respecter ses engagements en matière d’atténuation du changement climatique dans le cadre de l’accord de Paris.

    Pour y parvenir, le gouvernement français a récemment publié une nouvelle loi énergie-climat et s’est doté d’une Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) qui vise à atteindre la neutralité carbone.

    Cette SNBC repose en grande partie sur l’efficacité énergétique et un recours accru à l’électricité qui, en France, est déjà décarbonée à 93 %, en grande partie grâce à son parc de production nucléaire.

    Toutefois, selon RTE, sa durée de vie étant aujourd’hui estimée à 60 ans , la plupart des réacteurs auront été déclassés en 2050.

    Pour maintenir au minimum les émissions générées par le secteur de l’électricité, deux options sont donc envisagées en France :

    1. Remplacer les réacteurs en fin de vie par de nouveaux réacteurs nucléaires.
    2. Substituer intégralement ces réacteurs par des énergies renouvelables (EnR).

    Attention aux Si !

    L’étude de RTE et de l’AIE conclut sur le papier qu’il serait techniquement possible d’insérer une forte proportion d’EnR dans le système électrique avec une sécurité d’approvisionnement assurée, mais uniquement si quatre ensembles de conditions strictes et cumulatives étaient remplies en même temps :

    1) si l’évaluation des impacts sur la sûreté du système électrique des systèmes comportant une part importante de photovoltaïque distribué est poursuivie.

    2) si les sources de flexibilité sont développées de manière importante, notamment le pilotage de la demande, le stockage à grande échelle, les centrales de pointe (au gaz ?), ainsi que des interconnexions transfrontalières.

    L’étude souligne que la maturité et la disponibilité, aujourd’hui incertaines, ainsi que… le coût exorbitant (« qui peuvent être substantiels » selon le langage feutré de RTE) de ces flexibilités ne sont pas traités car dépassant « le cadre du présent rapport ». Elle précise aussi que « l’atteinte de ces exigences a des implications techniques et sociales profondes ».

    3) si le dimensionnement des réserves opérationnelles, le cadre réglementaire définissant les responsabilités d’équilibrage, et la constitution des réserves opérationnelles sont sensiblement révisés.

    4) si des efforts substantiels sont consacrés au développement des réseaux d’électricité à compter de 2030, tant au niveau du transport que de la distribution.

    RTE publiera courant 2021 une évaluation complète des différents scénarios électriques permettant d’atteindre la neutralité carbone.

    Le rapport de RTE : prévision ou science-fiction ?

    Pour faire une prévision robuste à 30 ans, il est indispensable de s’appuyer sur les techniques qui fonctionnent aujourd’hui, quitte à infléchir les prévisions quand de nouvelles technologies apparaissent.

    Lorsque les prévisions s’appuient sur des hypothèses farfelues comme des moyens de stockage de masse à un coût acceptable (inexistants aujourd’hui) ou le pilotage massif de la demande (coupures de courant…), ce n’est plus une prévision mais de la science-fiction.

    Ce rapport fait bien entendu le bonheur des vendeurs de gaz (et des Russes !) qui savent que cette ambition gouvernementale échouera et que n’ayant pas anticipé le renouvellement de ses centrales nucléaires, la France aura alors besoin en urgence de centrales électriques au gaz !

    Il semble que les béotiens des ministères français, et notamment madame Barbara Pompili, ignorent les sept points suivants :

    1. Le nucléaire n’émet aucun gaz à effet de serre , ni aucune fumée nocive.
    2. Le nucléaire prouve tous les jours, en France, depuis quarante ans, qu’il est sûr et peu coûteux .
    3. Il est pilotable (accélère et ralentit selon les besoins).
    4. Un gramme d’uranium fissionné par an et par Français suffit à produire 75 % de l’électricité en France.
    5. Tous les déchets sont gérés et non pas dispersés dans l’environnement.
    6. L’uranium peut se recycler au sein d’un surgénérateur ce qui permettrait d’avoir 1000 ans de réserve mondiale pour produire chaleur et électricité. La France, qui était la plus avancée dans ce domaine avec Phénix et Super Phénix, possède déjà 8000 ans de réserve pour ce type de réacteurs.
    7. Dans l’histoire de l’humanité, aucune énergie n’a fait moins de morts que l’énergie nucléaire, que ce soit par accidents ou par pollution de l’air.

    Le « défaut » du nucléaire est qu’il ne rapporte rien aux grandes entreprises étrangères qui ont intérêt à casser les centrales nucléaires pour les remplacer par n’importe quoi d’autre, et surtout du gaz.

    Ainsi, en Allemagne, les associations écologistes ont passé un pacte faustien avec les puissants cartels du charbon et du gaz. Cette kolossale industrie se porte bien dans ce pays et personne ne semble s’en scandaliser.

    En France, sous la pression politique du parti écologiste, un programme de développement délirant d’éoliennes et de photovoltaïque est en cours. La Cour des comptes a écrit en 2018 que son coût était faramineux et son résultat dérisoire en termes de production d’électricité. Elle aurait pu ajouter que ce programme était nul du point de vue du réchauffement climatique puisque l’électricité française est déjà décarbonée à 93 %.

    Les gouvernements successifs de la France devraient en finir avec leurs prétentions ruineuses sur les énergies renouvelables que des mythes abusifs et chimériques opposent au bon sens et à la réalité, et qui conduiront à la catastrophe .

    Nos gouvernants sont-ils devenus fous et aveugles pour le plus grand malheur du pays ?

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      Énergie : le gouvernement lit-il les rapports de France Stratégie ?

      Michel Negynas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 29 January, 2021 - 03:40 · 12 minutes

    France Stratégie

    Par Michel Negynas.

    Le Premier ministre dispose d’un organisme de prospective, France stratégie .

    La dernière étude de France Stratégie

    France Stratégie définit ainsi ses missions :

    « France Stratégie contribue à l’action publique par ses analyses et ses propositions. Elle anime le débat public et éclaire les choix collectifs sur les enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Elle produit également des évaluations de politiques publiques à la demande du gouvernement. Les résultats de ses travaux s’adressent aux pouvoirs publics, à la société civile et aux citoyens. »

    Elle succède au Commissariat général à la Stratégie et à la prospective, et elle est un lointain successeur au Commissariat général du Plan.

    Beaucoup de ses analyses tombent dans un écologisme parfois quasi radical. Il est d’autant plus remarquable qu’en matière d’énergie, elle tranche avec le politiquement correct. Elle vient de publier une note d’analyse sur la sécurité de l’approvisionnement électrique en Europe à l’horizon 2030 .

    Et ce n’est pas rassurant, surtout qu’en matière industrielle, 2030 c’est demain. Il y a donc peu de chances que la situation puisse être significativement améliorée d’ici là.

    Quelques extraits

    Dès les premières phrases :

    « Dans la prochaine décennie, les nombreux arrêts de centrales pilotables, au charbon ou nucléaires, actuellement programmés et dont les conséquences concrètes semblent assez peu intégrées dans le débat public, pourraient renforcer l’importance de cette question. »

    Et le diagramme introductif dit tout : au niveau européen, la demande en pointe est supposée rester constante à 400 GW ; de 50 GW de surcapacité en 2020 (à condition que tout fonctionne à 100 %,) on passe à 25GW de sous capacité en 2035. Ces chiffres sont en plus optimistes car les puissances par nature sont inégalement réparties géographiquement, comme par exemple l’hydraulique. Or, les distances et les capacités d’interconnexion ne permettent pas de faire n’importe quoi.

    La première leçon est qu’il faut raisonner :

    • au niveau européen, alors que chaque État décide de diminuer ses capacités en espérant se faire dépanner au besoin par les autres.
    • en capacités pilotables, car les producteurs intermittents et aléatoires ne peuvent assurer une quelconque fourniture à la pointe d’hiver. Le soi-disant foisonnement du vent et du solaire sur toute l’Europe est une légende urbaine.

    Mais France Stratégie enfonce le clou :

    En France, on est déjà limite, même en raisonnant en capacité moyenne ; et la pénurie à 2035 est concentrée sur l’Allemagne, la Belgique et la France, c’est-à-dire le cœur du réseau européen.

    RTE essaie de chiffrer les probabilités que l’on soit en situation tendue compte tenu des scenarii de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE). Elles sont loin d’être nulles. On peut donc s’attendre à des périodes d’extrêmes fragilités du réseau. Elles donneront lieu à des coupures coordonnées si tout se passe bien. Mais tout incident, même mineur, peut provoquer le black out en cascade dans une telle situation. La gravité  de cette éventualité est extrême. L’approche devrait donc être sécuritaire, et pas probabiliste.

    Mais ce n’est pas tout.

    « Par ailleurs de fortes proportions d’ENRi complexifient le pilotage des réseaux, comme l’a montré la première période de confinement. L’apparition de congestions de plus en plus fréquentes sur les réseaux, en particulier de distribution, oblige les GRT (les centres de contrôle)  à faire du « redispatching » et à déconnecter sélectivement un certain nombre d’installations (« écrêtement»). Ces opérations sont d’autant plus complexes que les ENR ont priorité d’injection sur le réseau, sont très réparties sur le territoire et peuvent connaître des variations de production très rapides. L’Observatoire Capgemini a rappelé dans son édition datée du 3 novembre 202029 que l’Allemagne et le Royaume-Uni ont subi pour ces raisons des quasi black-out respectivement les 21 avril et 23 mars 2020, en pleine crise de la Covid, les gestionnaires de réseau s’étant trouvés à court de moyens permettant de conserver l’équilibre du système. »

    Comme cela a été maintes fois signalé sur Contrepoints , l’éolien et le solaire , en plus de ne guère contribuer à la production, fragilisent le réseau.

    Sur le plan économique et ses conséquences sur l’investissement, France stratégie observe, comme tous les experts :

    « L’arrivée de quantités massives d’ENRi, avec des coûts marginaux quasi nuls, sans tenir compte des conditions d’intégration au système électrique, a entraîné une chute des prix de marché de gros, de plus en plus souvent négatifs. Ce marché ne permet plus de déclencher les investissements nécessaires à la transition énergétique, ou simplement au maintien d’un accès fiable à l’électricité. »

    Enfin, France stratégie met les pieds dans le plat :

    « Le nouveau cadre européen de gouvernance (de l’énergie) tend à valoriser les investissements vertueux d’un point de vue environnemental, en particulier avec la taxonomie verte. Cependant, pour assurer l’atteinte de ses objectifs, il est essentiel d’assumer ses implications politiques. »

    La taxinomie verte a fait l’objet d’un article ici .

    Traduite en langage clair, si l’Europe veut vraiment poursuivre sa fuite en avant vers les énergies éoliennes et solaires, il faudra dire aux citoyens qu’ils devront baisser leur consommation et au besoin, admettre des coupures d’électricité.

    En conclusion, parmi ses recommandations, France Stratégie ne peut que dire :

    « Les énergies renouvelables matures posent des problèmes spécifiques d’intégration au réseau alors même qu’elles devraient voir à court terme leur part en puissance dépasser celle des centrales conventionnelles. Au risque de rendre non pilotable le système électrique, elles doivent donc le plus rapidement possible être en mesure de contribuer à son équilibre technique (participation à la réserve, au traitement des congestions réseaux […] Au niveau européen, on observe qu’en contradiction avec les objectifs climatiques et d’indépendance énergétique, plusieurs pays européens ont décidé de compenser les fermetures de centrales au charbon ou nucléaires par la mise en service de centrales à gaz, un moyen de production flexible et peu capitalistique. Cela se fait dans l’urgence pour certains (Belgique), de façon plus planifiée pour d’autres (Italie, Allemagne, Espagne) ou de manière prévisionnelle pour d’autres encore (pays de l’est de l’Europe). »

    Il n’y a donc pas que sur Contrepoints qu’on peut lire ça.

    Il est possible que les propos alarmistes distillés depuis quelques mois soient consécutifs à cette étude, et que nos gouvernants découvrent le problème. Mais ce n’est pourtant pas la première fois que France Stratégie tire la sonnette d’alarme.

    Il y a des précédents

    En août 2017, elle a publié une étude sur la transition énergétique allemande , qui est le modèle de notre transition puisque comme eux, nous voulons atteindre plus de 90 GW d’énergie intermittente (ils en sont en fait, maintenant, à 110 GW)

    Une des conclusions est la suivante :

    « La facture présentée au consommateur est très élevée pour la montée en puissance des ENR déjà accomplie, environ 25 milliards d’euros par an sur une durée de vingt ans. Les ENR qui se développent aujourd’hui sont encore soutenues financièrement et des coûts annexes imprévus, mal quantifiés mais très importants, apparaissent pour la construction de lignes et le maintien de la sécurité du réseau. Mais le plus inquiétant à court terme est peut-être la sécurité d’approvisionnement, car le réseau est aujourd’hui fragilisé par des flux massifs non contrôlables et intermittents d’électrons lorsque le solaire et l’éolien tournent à plein. »

    C’était en 2017, peut-être faut-il du temps à un gouvernement pour réaliser… sauf que France Stratégie faisait déjà en 2014 les constatations suivantes dans une étude intitulée « La crise du système électrique européen ».

    Cette étude s’attache plutôt aux conditions de marché, qui sont elles aussi surréalistes. Mais on y trouve :

    « L’’intégration massive d’énergies renouvelables subventionnées et prioritaires sur le réseau conduit à une situation de surcapacité, déprime les prix de l’électricité sur le marché de gros (ils deviennent même parfois négatifs) et dégrade fortement la rentabilité des centrales thermiques à gaz : dans l’UE-27, près de 12 % des capacités thermiques fonctionnant au gaz pourraient fermer en l’espace de trois ans. Or ces centrales sont indispensables à l’équilibre du système qui doit faire face à l’afflux d’ENR intermittentes et aléatoires. Dans le même temps, d’importants investissements sont nécessaires au renouvellement des infrastructures vieillissantes. Plusieurs grands opérateurs, en graves difficultés financières – leur endettement net a doublé au cours des cinq dernières années –, auront du mal à y faire face .

    C’est-à-dire qu’à cause des caractéristiques des ENR, ces programmes de transition  sont tellement irréalistes qu’ils génèrent des conditions de marché qui éjectent les investissements nécessaires à la sécurisation du réseau ; en 2020, on en voit le résultat. On voyait déjà le problème dans les services du gouvernement en 2014.

    Et si on veut chercher les avis des vrais experts, il faut aller en 2012. En vue de préparer la Loi sur la transition écologique, une commission a été mise sur pied . Elle était dirigée par messieurs Grandil et Percebois, experts mondialement reconnus en collaboration avec France Stratégie.

    Elle a fait huit propositions dont la troisième :

    « Ne pas se fixer aujourd’hui d’objectif de part du nucléaire à quelque horizon que ce soit, mais s’abstenir de compromettre l’avenir et pour cela maintenir une perspective de long terme pour cette industrie en poursuivant le développement de Gen-4. La prolongation de la durée de vie du parc actuel paraît donc la meilleure solution (sous la condition absolue que cela soit autorisé par l’ASN) »

    En fait, la loi de Transition énergétique a pris l’exact contrepied des huit propositions !

    Est-ce que ça va changer ?

    Visiblement, les décideurs ont pris peur. Mais c’est juste pour 2023 ! Après ça ira mieux, on pourra arrêter 14 centrales nucléaires ! Pour l’instant, envers et contre tout, on en reste à la stratégie initiale décidée à des fins purement électorales. Contre l’avis de la Cour des comptes, de l’Académie des technologies, de France Stratégie…Un KW d’éolien et de solaire est toujours censé être équivalent à un KW gaz ou nucléaire !

    Évidemment, d’autres organismes gouvernementaux sèment le trouble : l’ADEME s’aligne plus ou moins sur Greenpeace, et RTE reste dans l’ambiguïté.

    RTE vient de publier, en liaison avec l’agence internationale de l’Energie, un rapport  faussement intitulé dans la presse : 100 % d’électricité renouvelable c’est possible.

    En réalité, les aspects économiques et sociaux ne sont pas abordés, et pour cause. Mais que dit le rapport ?

    « Ce nouveau rapport, Conditions et prérequis en matière de faisabilité technique pour un système électrique avec une forte proportion d’énergies renouvelables à l’horizon 2050, met en avant quatre ensembles de conditions techniques strictes, qui devront être remplies pour permettre, avec une sécurité d’approvisionnement assurée, l’intégration d’une proportion très élevée d’énergies renouvelables variables dans un système électrique de grande échelle, comme celui de la France :

    • Même si elles doivent encore faire l’objet d’une démonstration à grande échelle, il existe un consensus scientifique sur l’existence de solutions technologiques permettant de maintenir la stabilité du système électrique sans production conventionnelle. Des difficultés spécifiques pourraient concerner les systèmes comportant une part importante de photovoltaïque distribué pour lesquels il est nécessaire de poursuivre l’évaluation des impacts sur le réseau de distribution et la sûreté du système électrique.
    • La sécurité d’alimentation en électricité (adéquation des ressources) — la capacité d’un système électrique à approvisionner la consommation en permanence — peut être garantie, même dans un système reposant en majorité sur des énergies à profil de production variable comme l’éolien et le photovoltaïque, si les sources de flexibilité sont développées de manière importante, notamment le pilotage de la demande, le stockage à grande échelle, les centrales de pointe, et avec des réseaux de transport d’interconnexion transfrontalière bien développés. La maturité, la disponibilité et le coût de ces flexibilités doivent être pris en compte dans les choix publics.
    • Le dimensionnement des réserves opérationnelles et le cadre réglementaire définissant les responsabilités d’équilibrage et la constitution des réserves opérationnelles devront être sensiblement révisés, et les méthodes de prévision de la production renouvelable variable continuellement améliorées.
    • Des efforts substantiels devront être consacrés au développement des réseaux d’électricité à compter de 2030, tant au niveau du transport que de la distribution. Cela nécessite une forte anticipation et un engagement public en matière de planification à long terme, d’évaluation des coûts et de concertation avec les citoyens pour favoriser l’acceptation des nouvelles infrastructures. Ces efforts peuvent néanmoins être partiellement intégrés au renouvellement des actifs de réseau vieillissants. »

    Autrement dit, c’est presque possible, à condition de résoudre des impasses technologiques et économiques dont tous les experts disent qu’elles ne seront jamais opérationnelles, en tout cas pas à l’horizon 2050.

    Avec des avis comme ça, on n’est pas prêts de changer de stratégie ! Sauf après un black out ?

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      Les énergies renouvelables handicapent-elles la Chine ?

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 26 January, 2021 - 03:50 · 8 minutes

    énergies renouvelables

    Par Michel Gay.

    Fin 2020, plusieurs provinces dans le sud de la Chine (Zhejiang, Hunan, Jiangxi…) ont connu des restrictions de consommation d’électricité et des délestages occasionnant des arrêts de production.

    La Chine manque-t-elle d’électricité à cause des énergies renouvelables ?

    Ce phénomène est aujourd’hui un sujet d’actualité brûlant en Chine. La capacité installée du parc électrique chinois croît pourtant rapidement, atteignant 100 gigawatts (GW) chaque année, dont 60 GW d’énergies renouvelables intermittentes (EnRI).

    Alors pourquoi cette pénurie d’électricité ?

    Deux explications :

    Les restrictions de consommation d’électricité sont provoquées artificiellement dans certaines provinces parce que leur administration doit respecter les normes définies par le gouvernement sur le contrôle de la consommation électrique. C’est le cas de la province du Zhejiang qui était sur le point de dépasser ses seuils en cette période de fin d’année.

    La pénurie d’électricité a obligé de nombreuses entreprises à acheter des groupes électrogènes diesel onéreux et polluants pour assurer leur fonctionnement.

    Un manque de production d’électricité , notamment dans le Hunan et le Jiangsu dû au déploiement massif et rapide des EnRI. Les causes résultent d’un vent et d’un soleil faibles pendant une période froide hivernale entraînant une production éolienne et solaire diminuée, alors que beaucoup d’entreprises rattrapaient leur retard causé par l’épidémie de Covid-19, et que la consommation d’électricité pour le chauffage a augmenté.

    L’éolien comme le photovoltaïque sont des sources d’énergies fatales subventionnées dont la part importante dans la production d’électricité diminue la rentabilité des autres filières conventionnelles. C’est en particulier le cas pour les centrales au charbon qui dominent dans la production d’électricité chinoise et fournissent une ressource électrique stable et pilotable.

    La Chine ne peut donc pas satisfaire en même temps sa sécurité d’approvisionnement en électricité, le développement des EnRI et la baisse de production des centrales au charbon qui permet de pallier les variations de l’éolien et du solaire.

    Le paradoxe chinois avec le développement des énergies renouvelables

    Assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité implique paradoxalement la construction de nouvelles centrales au charbon dans certaines régions chinoises alors qu’elles fonctionnent aujourd’hui seulement 4300 heures par an en moyenne à l’échelle nationale. L’équilibre financier estimé à 5500 heures ne peut plus être atteint avec l’essor des EnRI subventionnées prioritaires sur le réseau.

    Toutefois, le développement des EnRI atteindrait rapidement le maximum supportable pour la sécurité du réseau d’électricité si la filière au charbon ne disposait pas d’une capacité excédentaire pour compenser leurs absences et sécuriser l’approvisionnement.

    Dans cet objectif, la Chine envisage de subventionner les prix de l’électricité issue du charbon bien que la pollution atmosphérique soit devenue un problème politique important pour le pouvoir chinois.

    Préoccupations écologiques

    Le 19ème Comité central du Parti communiste chinois a souligné le besoin de nouveaux progrès dans le domaine de la « civilisation écologique ». La promotion de la croissance à faible émission de carbone et la réduction des rejets des principaux polluants ont été encouragés.

    Dans ce contexte, la mise en service d’une quarantaine de réacteurs nucléaires depuis dix ans dans le pays (dont 30 réacteurs ces cinq dernières années) a apporté une contribution importante à la protection de l’environnement.

    Pour une même puissance installée, le nucléaire produit en continu trois fois plus d’électricité que l’éolien et presque sept fois plus que le photovoltaïque.

    Le choix du type de réacteur à construire s’est porté sur le réacteur chinois de génération III Hualong 1, dont la mise en chantier de quatre nouveaux réacteurs a été autorisée en septembre 2020, annonçant leur déploiement pour les dix prochaines années.

    Le premier réacteur chinois tête de série Hualong 1 de génération III a été connecté au réseau le 27 novembre 2020 à Fuqing. Il avait été mis en chantier en novembre 2014.

    Le journal Le Quotidien du Peuple a souligné que ce couplage au réseau marquait ainsi l’entrée de la Chine dans les rangs des pays avancés en matière nucléaire en brisant le monopole de la technologie étrangère. Ce pays dispose dorénavant d’un tissu industriel complet dans le domaine nucléaire et dispose des compétences requises.

    Le Hualong 1 est appelé à jouer un grand rôle en renforçant la confiance de l’État dans la technologie chinoise ainsi que des pays concernés par la stratégie des nouvelles routes de la soie.

    De plus, son coût de construction en Chine ne représente que 60% du coût d’un réacteur importé.

    Le Président Xi Jinping a dit…

    Lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations-Unies en septembre 2020, le président chinois Xi Jinping a déclaré :

    « Nous visons à ce que les émissions de CO2 atteignent leur maximum avant 2030 et à ce que la Chine atteigne la neutralité carbone d’ici 2060 ».

    Dans cette perspective, le mécanisme de « développement propre » qui inclut le nucléaire sera appliqué.

    Au cours de la période du 13ème plan quinquennal, les EnRI ont connu un taux de croissance annuel moyen de 32 %, permettant à la Chine de se classer au premier rang mondial en la matière. Les parcs chinois représentaient 210 GW pour l’éolien et 204 GW pour le photovoltaïque à la fin de 2019, soit 20 % de la capacité installée électrique du pays (plus de 2000 GW). Ils ont fourni presque 10 % (700 TWh) de la production d’électricité chinoise (7500 TWh) en 2020.

    Mais une proportion élevée d’EnRI dans la production d’électricité crée une forte instabilité. En 2019, des fluctuations de puissances journalières ont dépassé 100 GW sans correspondre aux besoins nationaux. Ces gigantesques variations subites rendent difficiles la gestion de l’équilibre des systèmes électriques car les capacités disponibles de production flexibles au gaz et au fioul sont relativement faibles en Chine.

    À mesure que la part de production des EnRI augmente, les capacités de régulation de la puissance active, de la fréquence et de la tension diminuent, fragilisant ainsi les réseaux électriques qui risquent de plus en plus de pannes en chaîne de grande ampleur.

    Lors du Sommet des Nations Unies tenu le 12 décembre 2020 sur l’ambition climatique, le président chinois XI Jinping a déclaré que d’ici 2030, la Chine :

    1. Abaisserait ses émissions de CO2 par unité de produit intérieur brut (PIB) de plus de 65 % par rapport au niveau de 2005.
    2. Porterait environ à 25 % la part des énergies non fossiles dans la consommation des énergies primaires (les quatre sources non fossiles sont l’éolien, le solaire, l’hydraulique et le nucléaire).
    3. Porterait à 1200 GW au moins la capacité installée des filières éoliennes et solaires (moins de 450 GW aujourd’hui).

    Il s’agit d’un nouvel engagement sur la réponse de la Chine au changement climatique après avoir annoncé en septembre 2020 l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2060.

    Ces annonces montrent la volonté de la Chine d’utiliser toutes les sources d’énergie propre, notamment l’énergie nucléaire et l’hydroélectricité.

    Toutefois, le développement de la filière hydroélectrique reste limité. Déjà 90 % des ressources économiquement exploitables ont déjà été utilisées. Son potentiel est estimé à seulement 402 GW, et les dix prochaines années seront la période finale de son développement.

    En revanche, le nucléaire présente un fort potentiel de développement en Chine.

    Le Livre Blanc sur les énergies

    Le Livre blanc intitulé Le développement des énergies en Chine dans une nouvelle ère publié le 21 décembre 2020 prévoit un rythme de lancement atteignant six nouveaux réacteurs nucléaires chaque année. Le parc nucléaire chinois, aujourd’hui doté de 48 réacteurs, représente une puissance de 50 GW. Il classe la Chine au troisième rang mondial, juste derrière la France et les États-Unis.

    En parallèle, 14 réacteurs sont en construction, représentant une puissance de 15 GW. La capacité installée du parc nucléaire en service et en construction en Chine dépasse donc les 65 GW, ce qui le place au deuxième rang mondial devant la France.

    Et ce parc nucléaire devrait atteindre 150 GW en 2035, conduisant ce pays au premier rang mondial devant les États-Unis (100 GW).

    Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères (WANG Wenbin) a déclaré les 24 décembre 2020, dans une conférence de presse, que son pays avait aussi l’intention d’investir dans des centrales nucléaires de l’Union européenne .

    Malgré un passage difficile aujourd’hui dans sa production d’électricité, la Chine se donne les moyens de ses ambitions pour répondre à ses besoins, tout en visant la neutralité carbone en 2060.

    Toutefois, cet objectif n’est peut-être qu’un affichage politique à l’international pour l’image écologique de la Chine.

    Bien que la Chine se dote massivement de centrales nucléaires (moins de 5 % de la production actuellement) et d’EnRI (moins de 10 % de la production) pour remplacer partiellement les centrales au charbon, à gaz et au fioul qui représentent encore près de 85 % de sa production actuelle, cet objectif sera difficile à atteindre.

    Mais qui sait ce dont est capable la Chine ?

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      Les dégâts de l’éolien et du solaire : les coûts d’acheminement de l’électricité

      Michel Negynas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 29 December, 2020 - 03:45 · 9 minutes

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    Par Michel Negynas.

    L’éolien et le solaire bénéficient de règles complètement anti libérales dans le cadre européen de libéralisation de l’électricité : obligation d’achat de la production, quand il y en a, par le réseau électrique, quel que soit son besoin, et tarifs subventionnés garantis sur des périodes longues. En outre, il en existe une autre, moins connue : l’éventuel surcoût directement lié à leur développement est supporté par le réseau de transport et de distribution.

    Rappelons, de plus, que l’intermittence de ces moyens de production impose d’investir en double dans un réseau de production pilotable, nécessaire pour assurer la continuité du service les nuits sans vent. Cela réduit en fait à néant l’utilité de développer ces producteurs d’énergie aléatoire, qui sont en fait un doublon par rapport à ce qui est absolument nécessaire. Pire, leurs caractéristiques en font des perturbateurs du réseau, ce qui a des conséquences technologiques et financières.

    Quelques notions simples sur notre électricité

    Nous utilisons du courant alternatif au lieu de courant continu : il varie autour de zéro lors d’un cycle et cela 50 fois par seconde, c’est sa fréquence. Cela a plusieurs avantages :

    • il est plus facile à produire par des machines tournantes, et inversement peut faire tourner des moteurs très simples.
    • par le biais des transformateurs, on peut adapter la tension (les volts) et le courant (les ampères) au transport et à l’usage, pour limiter les pertes.
    • le passage à zéro 50 fois par seconde aide les disjoncteurs à couper le courant quand il le faut.

    Par contre, il présente quelques inconvénients.

    • gestion de deux types d’énergie : l’énergie active, qui seule peut se transformer en énergie mécanique, et l’énergie réactive, consommée par certains utilisateurs. C’est une composante importante des réglages du réseau, assez peu connue du grand public.
    • les lignes électriques très longues posent des problèmes de stabilité. C’est pour cela que pour des liaisons à longue distance, on revient à du courant continu au moyen de convertisseurs électroniques. Et c’est pour cela aussi qu’équilibrer géographiquement les puissances sur le réseau se fait de proche en proche. Ce n’est ni évident, ni instantané.

    Les gestionnaires de réseau doivent donc régler les puissances actives et réactives, la tension et la fréquence du réseau dans des limites contractuelles pour que tout fonctionne, avec des contraintes géographiques, et cela à la microseconde près.

    Heureusement, le réseau a la faculté de s’adapter un peu de lui-même lorsqu’il est alimenté par de gros turbo-alternateurs, lesquels ont une grande inertie mécanique et fournissent les deux types d’énergie. Les réglages se font par les régulateurs de ces machines, ainsi qu’avec des équipements assez simples, comme des condensateurs.

    Les dégâts collatéraux des énergies diffuses, intermittentes et aléatoires

    La production diffuse

    Dans des régions à forte densité de population comme l’Europe, centraliser la production d’électricité est une évidence. On montre en effet que les coûts énergétiques sont corrélés à la surface occupée par les moyens de production.

    En outre, plus un réseau est interconnecté, plus il est facile et peu onéreux d’assurer la continuité d’alimentation. (Si vous voulez que votre maison photovoltaïque soit réellement autonome en énergie, il vous faut un diesel de secours pour les jours sans soleil et les pannes). L’interconnexion exige la centralisation de la conduite du réseau.

    En outre, une production à l’aide de grosses unités est plus facile à gérer qu’une multitude de petites unités. C’est une des difficultés intrinsèque à la « production citoyenne » et à la couverture de la France d’éoliennes de 3 MW ou de champs photovoltaïques de 1 ou 2 MW ; ou pire, d’installations en toiture de quelques kW…qui modifient la nature même du réseau électrique de distribution, puisqu’il devient aussi réseau de production.

    Le réglage du réseau

    Une grande partie des petites éoliennes, installées en majorité sur le territoire, de 1 à 3 MW, sont incapables de régler quoi que ce soit. Elles ne participent pas à la stabilité du réseau, au contraire, elles le perturbent. Tant que leur puissance installée totale est assez faible par rapport au réseau, cela n’a pas grande importance.

    Mais les plans de développement de la Programmation pluriannuelle de l’énergie changent la donne. Les grandes éoliennes off shore , elles, doivent s’équiper pour participer à la stabilité du réseau car leur impact individuel n’est pas négligeable : c’est au prix d’une grande complexité des appareillages internes, sources de pannes et d’incidents, et d’équipements spécifiques sur le réseau..

    En ce qui concerne le solaire, qui produit du courant continu, l’injection dans le réseau nécessite de toute façon un convertisseur électronique plus ou moins complexe.

    Mais tout ça n’a aucune inertie : si on n’avait que des ENR sur un réseau, il serait impossible à régler et stabiliser. En outre, tous les équipements électroniques cités produisent un courant très haché, source de pertes et nécessitant eux-mêmes d’autres dispositifs pour le lisser.

    La variabilité instantanée de la production

    La prévision de la production des ENR aléatoires est en gros possible en gros à long et moyen terme. Les variations sur la journée sont moins prévisibles, mais le réseau peut s’adapter, même avec des centrales nucléaires, toutefois au prix d’usure prématurée et de surcoûts.

    Mais il existe une variabilité à très court terme : une rafale de vent, un train de nuages qui passe… Celle là est très perturbante pour le réseau. C’est particulièrement vrai pour l’éolien, on le voit sur la figure suivante (Puissance/vitesse) dans la zone des vents intermédiaires, qui peuvent être prépondérants à certaines saisons, et où une faible variation de vitesse entraîne une grande variation de puissance.

    l Source

    L’éloignement entre sources de production (régions venteuses) et lieux de consommation

    Ce problème est particulièrement vrai en Allemagne, entre mer du Nord et Ruhr ou Bavière. On a vu qu’en fait, l’électricité se transporte mal sur de longues distances, avec des pertes.

    Les remèdes

    Les ingénieurs ayant une créativité infinie, presque tous ces problèmes ont une solution technologique à base de batteries pouvant stocker quelques minutes de production, de condensateurs ou d’appareillages très sophistiqués à base de semi- conducteurs.

    Jusqu’à une certaine limite cependant. Par exemple l’Irlande, dont le mix est très riche en ENR, expérimente ces difficultés et n’aura de salut qu’en renforçant son interconnexion avec l’Angleterre et peut-être la France. Il va sans dire que toutes ces considérations rendent impossible techniquement un scenario tout ENR.

    Mais voilà, tous les gadgets précités ont un coût… pris en charge non pas par la production qui les rend nécessaires, c’est-à-dire l’éolien et le solaire, mais par les réseaux… En France, le raccordement des ENR est à la charge du réseau, peu de gens le savent.

    C’est ainsi que RTE (Réseau de Transport de l’Électricité) en charge du réseau Haute Tension et ENEDIS, en charge du réseau de distribution, annoncent des investissements faramineux : en tout, 102 milliards sur 15 ans. Et bien qu’ils s’en défendent, une grande partie est directement liée au développement du solaire et de l’éolien.

    RTE annonce 33 milliards : 13 milliards concernent l’adaptation du réseau , 8 milliards le renouvellement des ouvrages les plus anciens , 7 milliards le raccordement des énergies marines , 3 milliards le numérique et 2 milliards pour les interconnexions transfrontalières.

    Autrement dit, la maintenance représente 7 milliards : tout le reste c’est pour les ENR, c’est-à-dire pour les raccordements et pour sophistiquer une conduite du réseau rendue plus complexe.

    Comme l’admet François Brottes, président de RTE : « C’est un peu comme un athlète de très haut niveau qui pratiquait il y a quelques années le triathlon – nucléaire, hydraulique, thermique – et qui maintenant pratique le décathlon : il y a beaucoup d’énergies nouvelles, de modes de consommation nouveaux. » Sauf que le triathlon suffisait…

    ENEDIS annonce 69 milliards. C’est curieux, car la PPE ne prévoit pas d’augmentation de la consommation.

    Il y en a 5,7 pour le compteur Linky si on compte les dépenses totales. La rentabilité est basée sur les économies de personnel qui pourraient être faites sans le Linky. Il y a déjà des procédures permises via une photo du compteur envoyée par mail… En fait, le cœur du Linky, c’est son disjoncteur, qui ne remplace pas le disjoncteur de protection de l’installation. Il est là pour servir un jour, peut être… Il attend son heure, une nuit sans vent par exemple.

    Mais il y a d’autres postes importants : « On passe d’un réseau où l’électricité va dans un sens, du producteur au consommateur, à un système électrique conçu et exploité de manière totalement différente, avec des acteurs nouveaux », remarque Marianne Laigneau, nouvelle Présidente d’Enedis…

    L’entreprise doit ainsi raccorder actuellement 90 % des nouvelles installations renouvelables au réseau d’électricité. Soit 450 000 producteurs d’électricité en tout, pour une capacité de 26 gigawatts raccordés en dix ans… ( Les Échos )

    L’autre poste important, c’est la mobilité électrique : pour 2022, Enedis vise donc aussi 100 000 bornes raccordées au réseau, contre près de 30 000 aujourd’hui. Cela permettra de recharger un million de véhicules électriques environ. « Notre rôle est d’être un facilitateur de cette mobilité électrique. Nous ne vendons rien », insiste Marianne Laigneau.

    L’entreprise aide, par exemple, les collectivités à déterminer quel serait l’endroit le plus pertinent pour installer des bornes de recharge. « Après on tire des câbles » pour connecter ces bornes au réseau, explique la nouvelle dirigeante…( Les Échos )

    Eh oui, on l’oublie toujours, mais multiplier les sources de production et consommation de l’électricité, c’est tirer des câbles de cuivre et d’aluminium. Pas très écologique, et ruineux.

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      Les énergies renouvelables sont toxiques pour l’éternité

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 9 November, 2020 - 04:25 · 8 minutes

    Par Michel Gay 1 .

    Les quantités de déchets provenant de l’éolien et du solaire photovoltaïque, notamment, sont beaucoup plus importantes que ceux du nucléaire pour une même quantité d’électricité produite.

    Et ces déchets « renouvelables » sont éternellement toxiques, contrairement aux déchets radioactifs dont la dangerosité décroît avec le temps.

    L’électricité nécessite des moyens de production

    L’électricité est toujours issue de moyens (éoliennes, panneaux, barrages, centrales,…) générant des déchets lors de leur construction (extraction des matières premières du sol), de leur exploitation et de leur démantèlement.

    Une partie seulement des déchets éoliens et photovoltaïques est recyclée , le reste (les déchets ultimes) est abandonné dans des décharges, brûlé ou enfoui .

    Ainsi, pour l’éolien, le béton et le ferraillage des socles ne sont pas retirés du sol, et certaines pales sont enfouies dans des décharges , ou brûlées avec émissions de molécules toxiques organochlorées ( dioxines ) .

    Les quantités de matières premières (principalement béton, acier, aluminium et cuivre) et de déchets doivent être comparées à l’aune de la production d’électricité de chaque moyen de production.

    Ainsi, pour une même puissance installée , un réacteur nucléaire, à présent prévu pour fonctionner 60 ans, produit annuellement en France environ 4 fois plus d’électricité (pilotable, elle…) qu’une éolienne dont la durée de vie est de l’ordre de 20 ans. Il faudra donc construire successivement trois éoliennes pour atteindre les 60 ans.

    Pour une même production d’électricité que le nucléaire, la consommation de matériaux de construction des éoliennes doit donc être multipliée par 12 (4 x 3), ce qui engendre autant de déchets.

    Pour les panneaux photovoltaïques, le gâchis écologique est encore pire. Leur temps de fonctionnement équivalent pleine puissance en Europe (facteur de charge) est d’environ 1000 heures, soit 7,5 fois moins que le nucléaire. Leur durée de vie étant de 30 ans, ils consomment 15 fois plus de matériaux que le nucléaire pour une même production d’électricité.

    Le nucléaire est considérablement moins gourmand en matières premières et laisse beaucoup moins de déchets que l’éolien et les panneaux photovoltaïques pour une même quantité d’électricité produite, et c’est là un avantage considérable .

    De plus, les matières premières nécessaires au développement de l’éolien et du solaire photovoltaïque sont peu présentes dans le sous-sol de l’Europe qui devra donc les importer et s’inscrire dans une compétition internationale pour s’en procurer. Ce « détail » a visiblement échappé aux zélateurs des énergies renouvelables.

    Et des métaux « critiques »

    L’éolien et le solaire utilisent aussi des métaux qui leur sont spécifiques, dits critiques (terres rares), notamment dans les aimants permanents des génératrices d’électricité.

    Ainsi, les éoliennes en mer (durée de vie 20 ans) utilisent environ 200 kg de néodyme et de dysprosium par mégawatt (MW) installé, soit 600 kg sur une durée de 60 ans (10 grammes par mégawattheure (MWh) produit).

    Ces terres rares , bien que ni toxiques ni radioactives par elles-mêmes, sont séparées avec des produits chimiques agressifs de minerais contenant des éléments radioactifs (thorium, uranium et leurs descendants). Leur exploitation accumule donc des quantités importantes de déchets ultimes toxiques ou radioactifs mal gérés, à l’origine de graves problèmes sanitaires , notamment en Chine.

    Quelle consommation ?

    Si le nucléaire consomme environ 20 grammes de combustible uranium par MWh, seule une petite partie ( un gramme par Français et par an) constitue des déchets ultimes potentiellement dangereux. Ils sont définis avec précision, parfaitement confinés et gérés en France par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs ( ANDRA ).

    Mais l’opinion publique en a peur à cause des déclarations anxiogènes incessantes des médias qui soulignent complaisamment, à tort, les progrès du recyclage des déchets issus du démantèlement de l’éolien et du photovoltaïque.

    Or, l’éolien consomme 250 grammes de composites et de fibre de verre non recyclés par MWh.

    En effet, plus 20 tonnes de ces matériaux carbonés sont nécessaires pour la fabrication des pales d’une seule éolienne de 2 MW (produisant 80 000 MWh en 20 ans, soit 60 tonnes pour produire 240 000 MWh sur une période de 60 ans).

    Pour les panneaux photovoltaïques, le silicium (encore 90 % des panneaux actuels) est extrait industriellement de silice issue des rares filons de quartz très pur, et non à partir du sable des plages.

    Le tellure (un des éléments les plus rares de l’écorce terrestre) et le cadmium font partie des éléments toxiques qui sont intimement liés à leur support. Leur recyclage est donc difficile et insuffisant . La durée de vie infinie de ces déchets qui s’accumulent les rend potentiellement plus dangereux que ceux du nucléaire.

    100 % renouvelables avec du stockage ?

    Si, en plus, comme l’ADEME l’envisage , l’électricité éolienne et photovoltaïque devait être stockée avec de l’hydrogène ou du méthane « vert », alors il serait nécessaire de construire 4 fois plus d’éoliennes ou de panneaux solaires, multipliant ainsi les déchets (à ajouter à ceux de la chaîne de production de l’hydrogène ou du méthane) pour une même quantité d’électricité fournie au consommateur.

    Il y aurait donc environ 50 fois plus (4 x 12 pour l’éolien ou 4 x 15 pour le solaire) de matières premières à extraire et de déchets à traiter qu’avec des centrales nucléaires pilotables… qui ne peuvent être remplacées que par d’autres centrales également pilotables à gaz et à charbon, comme en Allemagne .

    Or, ces dernières émettent de grandes quantités de CO2, de méthane, et aussi d’uranium , de cendres, de particules fines et de polluants atmosphériques dangereux, dont une grande partie est dispersée dans l’air et restent pour toujours dans les sols jusqu’à de grandes distances des lieux d’émission !

    La désinformation de l’opinion publique sur le nucléaire par certains politiciens « verts », avec la complicité de la plupart des grands médias, souligne uniquement ses dangers potentiels (notamment ceux des déchets) et passent sous silence ceux, bien plus importants, des autres modes de production d’électricité, ainsi que leur  dépendance aux matières premières nécessaires.

    En revanche des associations écologistes semblent apprécier le gaz importé de Russie comme énergie dite de transition. Mais elles restent étonnamment discrètes sur la toxicité chimique permanente (et donc éternelle) de l’arsenic, du cadmium, du fluor, du mercure, du cuivre du cadmium, du tellure, et des polymères incrustés dans le verre… présents dans les éoliennes et les panneaux photovoltaïques, avec encore bien d’autres éléments non recyclables dangereux pour la santé.

    Or, la forte toxicité de ces éléments et de leurs composés non recyclés ne décroît pas avec le temps et s’accumulent.

    En définitive, par rapport au nucléaire, pour disposer d’une même quantité d’électricité, l’éolien et le solaire consomment beaucoup plus de matières premières et sèment beaucoup plus de déchets toxiques… pour l’éternité ! 2

    1. Article établi à partir du Chapitre 11 du document « Éolien et photovoltaïque : la trahison des clercs » de Bernard Durand et Jean-Pierre Riou.
    2. Annexe

      Les déchets nucléaires sont-ils dangereux ?

      Non, s’ils sont rigoureusement gérés comme c’est actuellement le cas .

      La radioactivité est présente depuis toujours partout dans notre environnement . Il y a des éléments radioactifs naturels dans l’atmosphère, les rivières, les sols, le béton de nos habitations, le bois de nos meubles, dans presque tous nos aliments et, bien sûr, dans les engrais potassiques épandus dans les champs.

      Il y a aussi de l’uranium 238 et du thorium 232 naturels par dizaines de kilogrammes (la teneur peut varier de 0,1 kg à 50 kgs par tonne) dans les premiers mètres du sous-sol de nos jardins, avec leurs descendants radioactifs, dont le radon 222 et le polonium 210. Le Rhône charrie environ 30 tonnes d’uranium chaque année.

      Les organismes, dont le nôtre, ont développé des mécanismes de défense cellulaire efficaces (jusqu’à une certaine dose). Notre corps contient des éléments radioactifs comme le carbone 14 et le potassium 40 (10 à 20 mg) dont la demi-vie (le temps nécessaire pour que la moitié se désintègre) est de plus d’un milliard d’années !

      L’espérance de vie des Français n’est pourtant pas diminuée , ni celle des habitants de la Bretagne, du massif-central ou des Alpes, car les doses de radioactivité reçues sont faibles et probablement bénéfiques .

      L’important n’est pas la durée de vie des déchets radioactifs (dont la radioactivité est d’autant moins intense et dangereuse qu’elle dure longtemps), mais les doses susceptibles d’être reçues.

      Or, celles provenant de la production d’électricité nucléaire et de ses déchets sont, et seront, très faibles et ponctuelles (et le plus souvent nulles) devant celles provenant de la radioactivité naturelle généralisée partout dans la nature (sols, rivières, air, mers,…).

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      L’imposante montée en puissance nucléaire de la Chine

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 15 October, 2020 - 03:10 · 5 minutes

    nucléaire

    Par Michel Gay.

    Le futur Quatorzième Plan quinquennal chinois prévoit que l’imposant programme électronucléaire continuera de se développer en Chine.

    Cent GW nucléaires en Chine pour 2025

    La China Nuclear Energy Association (CNEA) a récemment publié un Livre bleu intitulé Le rapport sur le développement de l’énergie nucléaire en Chine pour l’année 2020 .

    Fin 2019, le parc nucléaire chinois était doté de 47 réacteurs en exploitation, représentant une puissance installée de 49 gigawatts (GW), en augmentation de près de 10 % par rapport à l’année précédente. Il faut y ajouter 13 réacteurs en construction pour une puissance de 14 GW, record mondial du nombre de réacteurs en construction.

    La puissance totale des réacteurs en exploitation et en construction représente près de 63 GW.

    La Chine se situe pour le moment à la troisième place mondiale pour la puissance nucléaire installée, derrière les États-Unis et la France.

    La production d’électricité d’origine nucléaire frôle les 350 térawattheures (TWh) en 2019, soit une augmentation de 18 % par rapport à l’année précédente. Elle approche la production d’électricité nucléaire française (400 TWh) qui est pourtant la deuxième au monde après celle des États-Unis.

    La production d’électricité nucléaire chinoise représente aujourd’hui presque, ou seulement 5 % de toute sa production d’électricité encore essentiellement issue du charbon soit environ 70 % .

    Deux-cents GW en 2035

    Le Livre bleu chinois souligne que le nucléaire jouera un rôle important dans le remplacement des énergies fossiles en Chine. Il prévoit six à huit nouveaux réacteurs chaque année pendant le Quatorzième Plan quinquennal et dans le programme de long terme.

    Ainsi, fin 2020 , le parc nucléaire chinois sera doté de 51 réacteurs en exploitation et de 17 en construction, représentant respectivement une puissance installée de 52 GW et de 19 GW.

    En 2025 et au rythme actuel, le parc en service aura une puissance installée de 70 GW, dépassant celui de la France qui est de 61 GW aujourd’hui après la fermeture politique de Fessenheim . Et 30 GW seront en construction, soit au total 100 GW, ce qui représente une augmentation de près de 60 % par rapport à l’année 2019.

    Enfin, en 2035, il est prévu une puissance nucléaire en service et en construction de 200 GW.

    Une montée en puissance tous azimuts du nucléaire

    La Chine va prendre une place croissante dans le paysage nucléaire international et faire émerger des technologies innovantes dont elle fera bénéficier son industrie grâce à la dynamique des écosystèmes scientifiques voisins comme le numérique.

    Les réacteurs de troisième génération tels que le Hualong 1 , dont la mise en service devrait débuter fin 2020, et le CAP1400 équiperont majoritairement les nouvelles centrales nucléaires chinoises.

    La Chine a annoncé le 4 septembre le chargement du combustible dans le réacteur tête de série Hualong-1 de Fuqing-5, à peine 64 mois après avoir coulé le premier béton.

    Ce pays ne se contente plus de construire et d’exploiter des réacteurs conçus à l’étranger : en s’inspirant des technologies françaises et américaines il a acquis une maturité technologique et industrielle qui lui permet dorénavant de concevoir et construire des réacteurs dans des délais qu’aucun pays ne réussit plus à atteindre.

    Ainsi, sans attendre le retour d’expérience du démarrage du premier réacteur Hualong-1, la Chine a officiellement ouvert la voie à la construction de ces nouveaux réacteurs dont 12 sont en construction ou autorisés. La Chine veut s’appuyer dorénavant sur cette technologie domestique, appelée à devenir le nouveau standard pour le parc nucléaire chinois. Le coût de ces réacteurs est annoncé autour de 4,5 milliards d’euros pour un délai de construction de 60 mois, largement inférieur au coût annoncé des autres réacteurs de troisième génération dans le monde.

    L’arrivée d’un quatrième opérateur nucléaire en Chine (Huaneng après CNNC, CGN et SPIC) confirme la forte volonté chinoise d’accélérer le développement de son parc nucléaire et de favoriser la construction nationale afin d’accroître son indépendance dans un contexte de montée continue des tensions avec les États-Unis. Le taux de localisation annoncé est supérieur à 95 % pour le dernier réacteur de Tianwan 5 mis en service ce mois-ci, en octobre 2020.

    De plus, la Chine continue à promouvoir la diversification des usages du nucléaire par la production de chaleur industrielle et urbaine avec de petits réacteurs SMR ( Small Modular Reactor ), notamment à l’intérieur des terres. Plusieurs réacteurs de démonstration SMR sont prévus pour le chauffage urbain et comme centrales électriques flottantes.

    Elle étudie aussi l’utilisation de la chaleur des grands réacteurs électrogènes (exemple du chauffage urbain opéré à partir des réacteurs AP1000 de Haiyang), y compris sur les projets de réacteurs chinois neufs comme le CAP1400.

    En Europe et en France

    Pendant que l’Europe a choisi de se tirer une balle dans le pied en pariant sur les énergies renouvelables, et non sur le nucléaire, la Chine progresse dans les domaines de l’enrichissement de l’uranium, des assemblages de combustible nucléaire, du retraitement, de l’entreposage, et du stockage géologique du combustible usé.

    Dans ce contexte, il sera difficile pour la France et l’Europe de maintenir leur avance technologique. Développer des coopérations avec ses grands acteurs et une présence sur le marché chinois devraient faire partie des priorités des autorités pour profiter d’un effet d’entraînement et éviter le décrochage technologique.

    La Chine sera le leader mondial dans tous les domaines nucléaires dans 15 ans, et peut-être même avant.

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      Photovoltaïque : vous avez dit État stratège ?

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 19 September, 2020 - 03:40 · 7 minutes

    Photovoltaïque

    Par Nathalie MP Meyer.

    C’est cocasse. Au moment précis où le gouvernement se pare des mille vertus de la planification étatique de long terme en nommant un Haut-Commissaire au plan qui lui-même se pare des mille vertus de l’intérêt général qui supplanterait à tous les coups les intérêts particuliers, on apprend via une « source gouvernementale » citée par le quotidien économique Les Échos que Bercy 1 envisagerait de revenir sur certains tarifs de rachat que l’État avait garanti par contrat, parfois pour 20 ans, aux acteurs de la filière photovoltaïque.

    Dirigisme et reniement. Vous parlez d’un État stratège !

    Si le marché est myope, selon la formule favorite mais ignorante des planistes, force est de constater que de son côté, l’État planificateur prétendument extra-lucide sur les développements du futur est aveugle.

    Ou, pour le dire plus exactement, aveuglé par son volontarisme idéologique, ainsi que l’exemple de l’énergie solaire électrique nous en apporte une nouvelle preuve.

    Les énergies renouvelables, pour l’intérêt général

    Dans le cadre de la transition écologique qui occupe – je ne vous apprends rien – le devant de la scène politique depuis le début des années 2000, la France s’est donné le double objectif aberrant 2 de baisser ses émissions de CO2 et la part du nucléaire dans sa production d’électricité. D’où la nécessité de mettre le paquet sur les énergies renouvelables, en pratique le photovoltaïque et l’éolien, l’hydraulique étant déjà bien implanté depuis longtemps.

    Tout ceci s’inscrivait bien évidemment dans le cadre de l’intérêt général – protection de la planète, santé, climat, bonheur parfait – que nos gouvernants se flattaient et se flattent toujours de connaître et de respecter scrupuleusement à tout instant.

    Le photovoltaïque très soutenu par l’État

    À ce titre, le photovoltaïque (c’est-à-dire le solaire électrique) a bénéficié de toutes les attentions gouvernementales par le biais de mécanismes de soutien incluant abondance de subventions et prix de rachat très incitatif garanti par EDF sur longue période.

    Inutile de dire que cet eldorado construit de toutes pièces a suscité de multiples vocations. D’où surchauffe de la filière. D’où, déjà en 2010, décision de geler provisoirement les nouveaux projets qui se bousculaient aux guichets de l’État afin de revoir à la baisse les prix de rachat qui leur seraient applicables dorénavant.

    Que s’était-il passé ? C’est simple, c’est classique et cela vaut pour tous les domaines d’intervention de l’État : les aides garanties se substituent au fonctionnement concurrentiel du marché et les acteurs de la filière aidée n’ont plus à leur disposition le mécanisme des prix pour évaluer si le secteur entre dans une phase d’excédent (prix en baisse) ou une phase de pénurie (prix en hausse) et ajuster le tir en conséquence.

    Les subventions sont là, les prix garantis aussi, sans oublier ce sentiment très agréable d’investir dans un projet évidemment citoyen et solidaire… et vogue la galère !

    Il est assez amusant de constater qu’en 2010, le gouvernement Fillon proclamait « vouloir mettre fin à la création d’une véritable bulle spéculative »… qu’il avait lui-même provoquée suite au Grenelle de l’environnement de décembre 2007.

    Mais à l’époque, si l’on voit bien que l’État se trouvait déjà contraint d’avaler son chapeau de grand planificateur, il ne s’agissait que de réviser les prix qui seraient garantis aux contrats à venir. Un moindre mal si l’on peut dire, même si la filière n’avait guère apprécié les changements de pied à répétition du gouvernement.

    L’État revient sur des contrats signés avec les acteurs du photovoltaïque

    Aujourd’hui, une nouvelle étape est en passe d’être franchie car il s’agirait de revenir sur des contrats effectifs, en l’occurrence ceux qui furent signés avant 2011 et dont certains stipulaient un prix garanti pendant 20 ans.

    Il se trouve que le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance chapeauté par Bruno Le Maire est en train de plancher sur le Projet de loi de finances pour 2021. On sait que le plan de relance consiste à déverser à nouveau un « pognon de dingue » dans l’économie, mais ce ne serait pas plus mal si l’on trouvait quelques petites économies à réaliser, histoire de montrer que les finances publiques sont gérées.

    Il se trouve en outre que dans son rapport sur le soutien public aux énergies renouvelables de mars 2018, la Cour des comptes signalait (entre autres remarques peu flatteuses) une disproportion manifeste entre les aides octroyées et la production de la filière :

    « Pour le photovoltaïque par exemple, les garanties accordées avant 2011 représenteront 2 milliards d’euros par an jusqu’en 2030 (soit 38,4 milliards en cumulé) pour un volume de production équivalent à 0,7 % du mix électrique. »

    Mais la voilà, la bonne idée ! Qui pourrait reprocher au gouvernement de vouloir remédier aux petits défauts de gestion mis au jour par la Cour des comptes ?

    Les prix de rachat fixés il y a dix ans (par qui ? on se le demande…) étaient beaucoup trop élevés compte tenu de l’évolution ultérieure du secteur et ce ne serait que justice pour le contribuable que de revenir à des tarifs de rachat plus conformes au prix de marché actuel ! Après calcul, Bercy a évalué que cela pourrait représenter une économie de 600 millions d’euros par an.

    Instabilité permanente

    Comble du foutage de gueule étatique, la rupture des contrats pourrait même trouver une justification juridique au nom de l’intérêt général – exactement comme la décision initiale de subventionner lourdement la filière fut prise en son temps au nom de l’intérêt général !

    On se doute cependant que les termes des contrats ont joué dans les calculs des investisseurs privés et que toute modification revient à mettre en péril les entreprises du secteur, les emplois qui les accompagnent ainsi que les banques qui ont apporté leur concours sur la foi du soutien de l’État.

    Sans compter l’instabilité juridique permanente dans laquelle doivent naviguer les entreprises dont l’activité dépend comme on le voit du bon vouloir et des humeurs changeantes des pouvoirs publics.

    On pourrait penser à première vue que le gouvernement a parfaitement raison de vouloir remettre de l’ordre dans un dispositif beaucoup trop coûteux pour les finances publiques au regard de ce qu’il produit, mais il faut bien voir que la faute originale réside dans la décision « stratégique » de stimuler artificiellement les énergies renouvelables.

    Ce que l’exécutif envisage actuellement n’est jamais qu’une tentative de réparer ses mauvais choix au prix d’une remise en cause gravissime de sa signature.

    Mais il y a plus inquiétant encore. Car si le projet de renégocier à la baisse les prix de rachat du photovoltaïque aboutit, l’État stratège se sera renié en bonne et due forme pour dégager un peu de marge budgétaire afin de recommencer exactement la même manœuvre avec le plan de relance post-confinement dont on sait qu’il doit lui aussi être vert, vert et vert :

    « Nous avons fait le choix de relancer l’économie par l’écologie. Sur 100 milliards d’euros, 30 milliards sont destinés au financement de la transition écologique. Mais notre ambition va plus loin : chaque axe du plan de relance doit apporter une contribution à la transition écologique. » (Plan de relance, dossier de presse , page 12)

    Gageons que dans quelques années, la Cour des comptes nous informera une fois de plus du gaspillage irréfléchi qui a présidé à l’élaboration et à la mise en œuvre de ce « plan » tout bardé de volontarisme écologique.

    Autrement dit, l’État s’imagine être le seul capable de penser et d’agir à long terme, bien loin de la « dictature de l’instant » qui serait la marque indélébile d’un libéralisme forcément « impulsif » – comme disait Pierre Massé, ancien Commissaire général au Plan du temps du Général de Gaulle – mais sa parole ne l’engage à rien !

    Il peut d’autant plus facilement sautiller de plan A en plan B, se renier et se retourner au gré des nécessités politiques et/ou électorales du moment (dictature de l’instant !) qu’il dispose de l’arme de l’intérêt général, concept aimable et malléable très pratique pour faire taire les critiques, quels que soient les échecs qui jalonnent ses foucades et revirements successifs. Vous avez dit État stratège ?

    Sur le web

    1. Au moment où j’écris, le gouvernement n’a ni infirmé ni confirmé l’information des Échos , mais le procédé ressemble beaucoup à une fuite orchestrée pour imposer une future négociation.
    2. Aberrant car le nucléaire fournit une énergie décarbonée.
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      Le commerce honteux des indulgences renouvelables

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 19 May, 2020 - 02:45 · 3 minutes

    renouvelable

    Par Michel Gay.

    Comme au Moyen-Âge, le gouvernement a rétabli le commerce lucratif des indulgences pour enrichir les producteurs d’électricité renouvelables qui peuvent ainsi verdir l’électricité , quel que soit le « péché » de son origine fossile ou nucléaire.

    Financement du parc nucléaire français

    Le financement de la construction du parc nucléaire français actuel n’a bénéficié d’aucun apport de l’État.

    La société EDF a dû emprunter, y compris hors de l’Hexagone, et assumer le remboursement répercuté sur le prix de vente de l’électricité parmi la moins chère d’Europe. L’entreprise EDF a pris tous les risques industriels de l’investissement et de la construction des 58 réacteurs actuellement en fonctionnement dont profitent tous les Français depuis plus de 30 ans.

    Cependant, le marché de l’électricité ayant été ouvert à la concurrence en 2007, l’État a souhaité favoriser l’arrivée de concurrents afin qu’ils puissent trouver leur place sur le marché.

    L’État a donc imposé à l’entreprise EDF des tarifs réglementés de vente et l’a obligé à céder un quart de sa production nucléaire (100 térawattheures) à un « prix d’ami » aux nouveaux fournisseurs alternatifs souhaitant la concurrencer.

    De plus, EDF doit assumer « en même temps » tous les risques du système et de la production (dont l’intermittence des énergies renouvelables éoliennes et solaires).

    L’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) a ainsi été créé par la loi n° 2010-1488 du 7 décembre 2010 portant nouvelle organisation du marché de l’électricité (dite loi NOME ) afin que chaque fournisseur alternatif concurrent d’EDF puisse bénéficier, s’il le souhaite, d’un accès à l’électricité nucléaire de 42 euros par mégawattheure, fixé depuis 2012.

    Ce droit « de tirage » est partagé entre tous les fournisseurs et couvre en moyenne 68 % de leurs besoins. Si la demande totale dépasse ce plafond, les droits de chacun sont revus à la baisse.

    Les fournisseurs alternatifs achètent la différence auprès d’autres producteurs ou sur le marché de l’énergie au prix du marché. Quasiment aucun fournisseur alternatif n’est producteur d’électricité. Le fournisseur n’est qu’un intermédiaire qui veut bien se servir chez EDF mais sans en prendre les risques !

    Le plafond de l’ARENH n’étant plus suffisant pour répondre à la demande, une plus grande quantité d’électricité est achetée sur le marché à un prix plus élevé que celui fixé par l’ARENH (sauf en périodes de prix négatifs dues aux surproductions intempestives éoliennes et solaires), et les factures des Français augmentent , alors que le prix de l’électricité nucléaire historique n’augmente pas.

    L’ARENH est-il obligatoire ?

    Non.

    Les fournisseurs sont libres d’exercer ce droit ou non pour leurs clients. Il est possible d’acheter la totalité de l’énergie nécessaire à l’approvisionnement des clients via d’autres canaux.

    Certains fournisseurs renoncent à leur droit d’ARENH pour des raisons politiques ou d’image (c’est le cas du fournisseur Enercoop).

    Ce dispositif appauvrit donc EDF en réduisant ses marges sur l’énergie du côté des clients (avec les tarifs réglementés de vente) et du coté des fournisseurs (avec l’ARENH).

    L’électricité peut-elle être vraiment verte ?

    Il n’existe qu’un seul réseau électrique en France qui mélange toutes les productions, qu’elles soient d’origine fossile, nucléaire, renouvelable, ou autres.  Il est donc impossible de certifier à un client que l’électricité est 100 % verte.

    Néanmoins, il existe un système de traçabilité via les Garanties d’origine afin de pouvoir suivre la quantité d’énergies renouvelables injectée dans le réseau électrique français (ou européen).

    Les fournisseurs d’électricité ( y compris EDF …) en achètent pour la consommation de leurs clients qui veulent acheter « vert ».

    Ainsi, un producteur d’électricité issue de sources d’énergies renouvelables peut vendre d’un côté son électricité à un acteur et de l’autre ses garanties d’origine…

    Un des deux acteurs pourra alors se revendiquer 100 % vert alors qu’il produit son électricité avec du gaz ou du charbon !

    C’est ainsi qu’un fournisseur d’énergie a le droit de dire qu’il est 100 % renouvelable car il a payé une Garantie d’origine, un impôt vert, une forme de racket institutionnalisé.

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      « Planet of the Humans », produit par Michael Moore, pas tendre avec les renouvelables

      Charles Boyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 1 May, 2020 - 03:25 · 2 minutes

    Planet of humans

    Par Charles Boyer.

    Pour Earth Day, le Jour de la Terre , Michael Moore a lancé, en tant que producteur, un nouveau documentaire dont il a le secret. Sa cible, cette fois-ci ? Les énergies renouvelables. Pour une figure de proue de la gauche, c’est suffisamment inhabituel pour mériter d’être signalé.

    Le film est en ligne et peut être vu, par exemple, sur Youtube.

    On ne peut qu’accueillir à bras ouverts un film qui ne regarde pas, comme il est d’usage, l’éolien et le solaire avec des lunettes roses pour la seule raison qu’ils seraient verts. Car que signifie ce mot ? Que nécessitent la mise en œuvre et la production de ces technologies ? Les décrire d’une épithète de couleur ne nous avance guère, le diable se cachant dans les détails. Contrepoints , pour sa part, sort des sentiers battus depuis 10 ans sur cette question, avec force détails et sans concession.

    Parmi les points relevés dans Planet of the Humans , on trouve entre autres :

    • Les énergies intermittentes ne peuvent pas fonctionner sans le secours des combustibles fossiles.
    • Mieux encore, elle font baisser le rendement des combustibles fossiles et augmentent donc leur consommation et leurs émissions.
    • Les informations données sont fausses, par exemple les deux points ci-dessus ne sont pas clairement expliqués.
    • Les entreprises, comme Apple et Tesla et de nombreuses autres, mentent lorsqu’elles affirment ne consommer que des renouvelables.
    • La durée de vie de ces installations est souvent courte.
    • Leur mise en place réclame beaucoup de combustibles fossiles.
    • Leur construction demande des quantités gigantesques de ressources et de matières premières.
    • Elles nécessitent la destruction de très grandes surfaces de forêts, de déserts et d’ autres zones naturelles de grande valeur.
    • Ce qui est nommé biomasse consiste à brûler des forêts.
    • Elles ne méritent pas particulièrement le label vert.
    • Elles ne créent pas autant d’emplois que promis, loin de là .
    • L’écologisme s’apparente à une religion .

    Malheureusement, tout n’est pas rose dans ce film des déçus du monde vert : sur le fond, l’idée demeure qu’il est nécessaire que les humains minimisent leur impact sur la planète ; ce qui est fondamentalement anti-humain et conduit fatalement à appeler de ses vœux la dépopulation . Ce point de vue est devenu très répandu mais il n’est pas le seul envisageable, ni même forcément le meilleur.

    D’une part, l’idée même de surpopulation est contestable . De l’autre, il est tout à fait défendable de considérer que l’épanouissement humain est la première des priorités et que, dès lors, l’Homme se doit d’améliorer la planète .

    Tout compte fait, ce film peut être considéré comme un tournant et chacun gagnera à le visionner pour se faire son propre avis.