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      Ménage et charge mentale: Pourquoi les femmes font du préventif et les hommes du curatif?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 22 May, 2022 - 05:30 · 5 minutes

    L'illustratrice Emma Clit a publié de nouvelles planches intitulées L'illustratrice Emma Clit a publié de nouvelles planches intitulées "Ça se met où ?".

    ÉGALITÉ - À la maison, les femmes et les hommes ne sont pas égaux . Si la répartition des tâches domestiques progresse lentement, elle reste une charge mentale pour les femmes. Selon un sondage publié le 7 avril et réalisé par l’Ifop , plus de la moitié des Françaises (57%) estiment en faire plus à la maison que leurs partenaires.

    Ces derniers leur donnent globalement raison puisque seulement un homme sur six (16%) assure être plus actif en la matière que sa conjointe. Et quand certains d’entre eux expriment le souhait de mettre davantage la main à la pâte, cela ne fonctionne pas toujours.

    C’est aussi ce qu’illustre la dessinatrice Emma Clit sur son compte Instagram . Dans une série de bandes dessinées intitulée ”Ça se met où?”, publiée le 19 mai, elle raconte l’histoire de Jean-Martin et Clarisse, un couple qui peine à bien se répartir les tâches ménagères .

    Enfin, c’est plutôt Jean-Martin qui ne prend pas sa part dans cette répartition. Mais si Clarisse, qui est habituée à tout faire elle-même lui laissait davantage cette place et arrêtait de vouloir tout contrôler, ça fonctionnerait, non? Eh bien, non. En partie car, en cas de manquement, c’est le plus souvent sur Clarisse que cela retombe. Par exemple, dans la bande dessinée, on peut y voir une maîtresse d’école s’adresser à Jean-Martin en exclamant: “Vous direz à la maman de lui acheter un manteau plus chaud”, en pointant du doigt l’enfant. Comme si le père ne pouvait pas s’en charger et que c’était la faute de la mère.

    Préventif vs. curatif

    “Je ne leur en veux même pas parce que les papas ne répondent pas, explique l’illustratrice au HuffPost . Les enseignants savent que les mamans, elles, elles vont répondre. Donc, au final, c’est un cercle vicieux”, car tout repose tout le temps sur les femmes. C’est pourquoi elles ont tendance à faire des tâches ménagères préventives et les hommes des tâches curatives, ce qui augmente leur charge mentale, estime la dessinatrice dans un propos étayé.

    Le ménage préventif se base sur le dicton “mieux vaut prévenir que guérir”. Il consiste à cuisiner des plats en avance pour toute la semaine , à trier régulièrement les papiers pour facilement retrouver celui qu’il nous faut en cas de besoin, à bien plier les vêtements dans l’armoire afin d’avoir la pièce que l’on veut à portée de main... Ce sont toutes ces petites tâches qui rendent la vie quotidienne plus facile. Le ménage curatif, lui, est l’inverse. Il consiste à se mettre au travail une fois que l’on n’a plus le choix. Cela crée des situations de stress . Comme Jean-Martin le dit dans la bande dessinée : ”À chaque fois que je fais le ménage, ma femme me dit que c’est mal fait! Elle repasse derrière moi... Du coup, je la laisse tout faire!” C’est ce que la dessinatrice appelle une stratégie de slacker .

    Des stratégies anti-ménage

    Emma raconte ainsi que, consciemment ou non, les hommes comme Jean-Martin peuvent développer des stratégies pour éviter les corvées de ménage , ou mal les réaliser, pour que les femmes finissent par les faire elles-mêmes. Parmi les stratégies répertoriées par Emma, la résistance passive, la mauvaise humeur, le zèle excessif, l’incompétence ou encore la technique de “l’autonomie niveau zéro”.

    Pas forcément volontaire

    L’autrice de Lucine et Enzo, qui explique le parcours d’un enfant atteint de TDAH, insiste sur le fait que ce n’est pas toujours volontaire. “C’est ce qu’on appelle le renforcement négatif. C’est-à-dire, quand quelqu’un voit que ne pas participer aux tâches n’entraîne pas de conséquence, alors il va continuer à ne rien faire”, précise Emma Clit, au téléphone. Dans la bande dessinée , Jean-Martin se dit que s’il “traîne à faire les tâches, elles se font “toutes seules”, donc [il] traîne à faire les tâches”.

    Pour que les rôles deviennent plus équitables, il faut selon elle de l’apprentissage. Faire les tâches ménagères, ce n’est pas inné, ni pour les femmes ni pour les hommes, sauf que les femmes ont appris à en faire toujours plus.

    Des solutions pour se rapprocher de l’égalité

    Mais comment faire pour pallier ce problème? La dessinatrice conseille aux couples de lister les tâches à faire, en précisant bien la fréquence et la durée de ces dernières, et se les répartir en fonction des préférences de chacun. Afficher cette liste sur le frigo peut permettre de l’intégrer plus facilement et de créer de nouvelles habitudes .

    Évidemment, il n’existe pas de solution miracle. “C’est un problème plus global, qui est enraciné de longue date dans notre culture patriarcale ”, souligne l’illustratrice sur Instagram . Et puis, pas question de “culpabiliser les femmes” si après avoir mis en place des stratégies, la répartition des tâches n’opère pas. “Ce n’est pas sur elles que tout repose. Il faut un changement radical dans la société, et cela passe majoritairement par le monde médiatique et artistique, confie Emma Clit au HuffPost . On a besoin de plus de représentation dans les médias , les séries, les livres...”

    À voir également sur Le HuffPost: Elle redonne vie aux tenues de sa grand-mère, restées 70 ans dans une valise

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      Élisabeth Borne Première ministre: Une nomination historique, mais... - DOSSIER DU HUFFPOST

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 21 May, 2022 - 16:11 · 3 minutes

    Élisabeth Borne est la première femme à s'installer à Matignon depuis 30 ans. Élisabeth Borne est la première femme à s'installer à Matignon depuis 30 ans.

    POLITIQUE - C’est une scène inédite au 21e siècle, mais qui est appelée à se reproduire ces prochaines semaines. Face au président de la République, c’est une femme qui va prendre place au premier conseil des ministres du nouveau gouvernement , lundi 23 mai à 10 heures du matin.

    Élisabeth Borne est en effet devenue lundi 16 mai la deuxième Premier ministre de la Ve République, la première depuis Édith Cresson il y a 30 ans. Un événement que l’on aimerait ne plus avoir à commenter dans quelques années parce qu’il sera devenu banal, mais qui reste historique tant la France a beaucoup de mal à rendre paritaire les postes de pouvoir.

    C’est pourquoi depuis quelques jours, la nomination d’Élisabeth Borne (qui a mis -avec Emmanuel Macron- une petite semaine à composer sa première équipe) et ses conséquences sur la sphère politique et la société en général sont largement commentées.

    Le HuffPost n’a pas fait exception. Voici une sélection des articles que nous avons écrits à ce sujet.

    Élisabeth Borne dédie sa nomination ”à toutes les petites filles”

    Sur le perron de Matignon, Élisabeth Borne a salué et remercié l’ancien Premier ministre Jean Castex qui a fait ses adieux à ses collaborateurs. La nouvelle cheffe du gouvernement a choisi de dédier son premier discours à “toutes les petites filles” et les exhortant à aller au bout de leurs rêves.

    Un “e” sépare Cresson de Borne et ça en dit long sur l’évolution de la vie politique

    Nommée par François Mitterrand en 1991, Édith Cresson était une femme Premier ministre. Élisabeth Borne a été choisi par Emmanuel Macron en 2022 comme sa Première ministre. Il a fallu 30 ans pour opérer ce changement qui, s’il ne se joue qu’à une lettre, est loin d’être anecdotique.

    Cette mise au point d’Amélie Mauresmo tombe à pic après la nomination d’Élisabeth Borne

    L’ancienne numéro une du tennis mondiale devenue directrice du tournoi de Roland Garros est ravie de la nomination d’Elisabeth Borne à Matignon. Mais comme elle l’a dit sur le plateau de C a Vous , sur France5, elle attend surtout avec impatience “le jour où on ne parlera plus de genre, mais d’aptitudes”, en sport comme en politique.

    30 ans avant Élisabeth Borne, les pires attaques sexistes subies par Édith Cresson

    Le 15 mai 1991, Édith Cresson est devenu la première femme nommée au poste de Premier ministre sous la Ve République. C’est un déferlement d’attaques sexistes qui l’attend pour les onze mois suivants. Rien de tout cela n’est heureusement arrivé à Elisabeth Borne.

    L’hommage aux “petites filles”, un incontournable pour les femmes de pouvoir

    Lors de la passation de pouvoir avec Jean Castex, la Première ministre Elisabeth Borne a dédié sa nomination à toutes les petites filles. Un clin d’œil de plus en plus incontournable pour les femmes qui, de Christine Lagarde à Hillary Clinton, accèdent à de hautes fonctions.

    La nomination d’une Première ministre ne doit pas occulter tout ce qu’il reste à faire

    Vous ne trouverez aucune voix pour dénoncer la nomination d’une femme à Matignon. Seulement la mise en avant du choix d’Élisabeth Borne, car deuxième femme Première ministre en France, souligne les retards en matière d’égalité hommes-femmes. C’est ce que nous ont dit plusieurs associations féministes.

    Quels effets concrets le choix d’une Première ministre peut-il avoir sur les petites filles?

    Pour les petites filles, pouvoir s’identifier à des personnalités qui leur ressemblent a de l’importance. Mais concrètement, quels sont les effets des “role models” sur celles qui s’y identifient? Des chercheurs français s’étaient penchés sur le sujet dès 2015. Auprès de près de 20.000 lycéens, ils ont voulu étudier les effets sur les parcours et les comportements des élèves féminines lorsqu’elles ont la possibilité d’échanger avec des scientifiques.

    À voir également sur Le HuffPost: L’opposition n’a pas attendu pour attaquer les bilans d’Élisabeth Borne

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      Isabelle Rome, une spécialiste de la cause des femmes à l'Égalité femmes-hommes

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 20 May, 2022 - 16:49 · 2 minutes

    Isabelle Rome, magistrate engagée en faveur des femmes battues et des droits des détenus, a été nommée ministre déléguée en charge de l'Égalité entre les Femmes et les Hommes (capture d'écran d'une vidéo mise en ligne en décembre 2018). Isabelle Rome, magistrate engagée en faveur des femmes battues et des droits des détenus, a été nommée ministre déléguée en charge de l'Égalité entre les Femmes et les Hommes (capture d'écran d'une vidéo mise en ligne en décembre 2018).

    POLITIQUE - Spécialiste du sujet, elle franchit le fossé et se lance en politique. Isabelle Rome, nommée ce vendredi 20 mai ministre déléguée auprès de la Premier ministre Elisabeth Borne en charge de l’Égalité Femmes-Hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, est une magistrate engagée pour la défense des femmes battues et les droits des détenus.

    Avant d’être nommée à 59 ans pour remplacer Elisabeth Moreno , elle a été Haute fonctionnaire chargée justement de l’égalité femmes-hommes au Ministère de la Justice, après une longue carrière de magistrate du siège.

    Plus jeune juge de France, Isabelle Rome n’a que 23 ans lorsqu’elle est nommée en 1987 juge de l’application des peines à Lyon. Elle a ensuite occupé divers postes dans la magistrature: juge d’instruction, secrétaire générale de la présidence, puis juge des libertés et de la détention à Pontoise. Impliquée dans plusieurs associations d’aide aux détenus, aux toxicomanes et aux réfugiés, elle rejoint quelques années la Délégation interministérielle à la ville.

    Un choix salué

    Conseillère technique de la garde des Sceaux socialiste Marylise Lebranchu en 2001, elle a collaboré à un ouvrage sur la militante révolutionnaire anarchiste Louise Michel. Isabelle Rome est aussi l’autrice de “Liberté égalité, survie” (2020) sur les violences faites aux femmes et de “Dans une prison de femmes, une juge en immersion” (2018), préfacée par l’ancien Garde des Sceaux Robert Badinter .

    Elle a écrit “Vous êtes naïve, Madame le juge”, apostrophe d’un commissaire de police à la jeune juge d’application des peines qu’elle était, “coupable” aux yeux du policier “d’avoir accordé trop légèrement une liberté conditionnelle”.

    La magistrate a siégé au Haut conseil à l’Égalité Hommes-femmes de 2015 à 2019. Au ministère de la Justice, elle avait été nommée en juillet 2018 Haute fonctionnaire en chargé de l’Égalité entre les hommes et femmes. Sa mission était d’améliorer “l’accès des femmes aux plus hautes responsabilités”, de “favoriser un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle”, de “veiller à une plus grande féminisation des titres, grades et fonctions”. Un parcours qui a suscité plusieurs messages de satisfaction à l’annonce de sa nomination.

    Elle est mariée avec Yves Rome, ex-président socialiste du conseil général de l’Oise.

    Retrouvez-ci dessous dans notre diaporama l’intégralité du gouvernement d’Elisabeth Borne:

    À voir également sur le HuffPost : Ces deux députées nous expliquent leurs mesures pour arriver à l’égalité femmes-hommes

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      L'Espagne envisage l'instauration d'un congé menstruel

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 13 May, 2022 - 12:58 · 3 minutes

    Une jeune femme souffrant de crampes d'estomac dans un bureau. Une jeune femme souffrant de crampes d'estomac dans un bureau.

    RÈGLES - Déjà en place en Corée du Sud, au Japon, en Zambie et en Indonésie, le congé menstruel pourrait faire son entrée en Europe. L’Espagne envisage en effet d’en accorder un aux femmes souffrant de règles très douloureuses.

    Cette mesure fait partie d’un projet de loi “pour la protection des droits sexuels et reproductifs” qui sera transmis à l’exécutif espagnol pour approbation mardi 17 mai. Selon El Pais , le texte prévoit l’instauration d’au moins trois jours de congé maladie par mois, avec possibilité de l’étendre jusqu’à cinq jours.

    “Il est important de clarifier ce qu’est une menstruation douloureuse. Nous ne parlons pas d’inconfort léger, mais de symptômes graves tels que diarrhée, maux de tête sévères et fièvre, a expliqué Angela Rodriguez, secrétaire d’État espagnole à l’Égalité, dans les colonnes du journal El Periodico . Si quelqu’un a une maladie avec de tels symptômes, un handicap temporaire lui est accordé. Il devrait en être de même pour les menstruations.”

    La santé menstruelle

    La mise en place de ce congé ne sera pas la seule mesure discutée par les parlementaires espagnols, mardi prochain. Le texte de loi parle de “santé menstruelle” et précise que “les stéréotypes et mythes sur les menstruations qui existent encore et qui compliquent la vie des femmes, seront combattus”. Pour cela, plusieurs autres propositions seront débattues.

    Parmi elles, la suppression de la TVA pour certains articles d’hygiène féminine, la gratuité des protections périodiques dans les centres de réinsertion, les prisons et, à plus long terme, toutes les instances publiques. Ces produits seront livrés à celles qui en ont besoin sans aucune médiation et seront ” éco-responsables et respectueux de la santé des femmes autant que possible”.

    Au-delà de la thématique des menstruations, le texte de loi comprend des mesures concernant la reproduction. Par exemple, il est proposé que les mineures de 16 ans puissent avoir recours à l’ IVG sans autorisation de leurs tuteurs légaux.

    La crainte d’une stigmatisation

    Vraie bonne idée? Pour que ces politiques publiques soient utiles, les personnes concernées par le congé menstruel doivent se sentir libres de l’utiliser. Or, il pourrait être la cause d’une stigmatisation si les femmes en congé menstruel sont traitées différemment de leurs collègues qui n’en prennent pas.

    Le texte de loi n’est pas définitif, assurait à l’agence Europa Press jeudi 12 mai, Nadia Calviño, première vice-présidente du gouvernement espagnol. D’autant plus que certaines organisations, dont le syndicat l’Union générale des travailleurs (UGT), s’inquiètent d’une possible “stigmatisation” des femmes.

    “Ce gouvernement croit en l’ égalité des sexes et y est absolument attaché, et nous n’adopterons jamais de mesures qui pourraient aboutir à la stigmatisation des femmes”, a rassuré Nadia Calviño.

    En France, le congé menstruel n’est pas encore un débat . Marginal, il se met doucement en place dans certaines entreprises. Depuis le mois de janvier 2021, La Collective, une coopérative montpelliéraine, propose à ses salariées de bénéficier d’un jour de congé par mois en cas de règles douloureuses. Un congé rémunéré sans qu’il y ait besoin d’un certificat médical. Cette initiative a également été entreprise le 8 mars 2022, journée internationale des droits des femmes , par Louis, une start-up toulousaine spécialisée dans la fabrication de mobilier en bois.

    Selon un sondage Ifop réalisé en mars 2021 pour 20minutes , les Françaises sont 68% à approuver l’idée d’un congé menstruel généralisé dans toutes les entreprises.

    À voir également sur Le HuffPost : Cette boulangère fait de l’art avec du pain au levain

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      Sur l'avortement, l'Oklahoma signe l'une des lois les plus restrictives

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 4 May, 2022 - 05:34 · 2 minutes

    Le gouverneur de l'Oklahoma Kevin Stitt après la signature d'une loi punissant l'avortement le 12 avril 2022 (AP Photo/Sue Ogrocki) Le gouverneur de l'Oklahoma Kevin Stitt après la signature d'une loi punissant l'avortement le 12 avril 2022 (AP Photo/Sue Ogrocki)

    ÉTATS-UNIS - Le gouverneur républicain de l’Oklahoma, dans le sud des États-Unis , a annoncé avoir signé ce mardi 3 mai une loi interdisant l’avortement après six semaines de grossesse, l’une des plus restrictives du pays, alors que la Cour suprême s’apprêterait à revenir sur ce droit au niveau fédéral.

    “Je représente la totalité des quatre millions d’habitants de l’Oklahoma qui, de manière écrasante, veulent protéger les enfants à naître”, a écrit sur Twitter Kevin Stitt en promulguant le texte voté par le parlement de l’État jeudi dernier.

    “Je veux que l’Oklahoma devienne l’État le plus pro-vie dans le pays”, a-t-il dit en utilisant l’expression consacrée par les Américains opposés à l’avortement. Le texte prévoit des exceptions médicales pour l’accès à l’avortement, mais pas en cas de viol ou d’inceste.

    Tempête autour de la Cour suprême

    Cet État conservateur accueillait depuis quelques mois des milliers de Texanes cherchant à avorter, après le passage d’un texte similaire dans cet État voisin.

    Depuis septembre 2021 déjà, le Texas a mis en place une loi interdisant toute IVG à partir du moment où un battement de coeur de l’embryon est perceptible à l’échographie, soit quatre semaines environ après la fécondation.

    La légalité de textes similaires dans d’autres États est étudiée par la Cour suprême depuis plusieurs mois.

    Mais, lundi soir, la publication par le journal Politico d’un projet de décision de la Cour suprême à ce sujet indique que l’institution fédérale serait sur le point de remettre aux États le pouvoir d’autoriser, ou non, les IVG, près de 50 ans après les avoir rendues légales dans tout le pays.

    La fuite de ce document, dont l’authenticité a été confirmée par la Cour qui a rappelé qu’il ne s’agissait pas de la décision définitive, a fait l’effet d’une bombe à Washington et poussé le président démocrate Joe Biden à rappeler son soutien au droit à l’IVG.

    Si la plus haute juridiction venait à annuler la jurisprudence “Roe v. Wade” , le pays reviendra à la situation d’avant 1973 quand chaque État était libre d’interdire ou d’autoriser l’avortement.

    En tout 26 États conservateurs, pour la plupart dans le centre et le sud du pays comme le Wyoming, le Tennessee ou la Caroline du Sud sont prêts à interdire l’avortement purement et simplement.

    À voir également sur Le HuffPost: Au Texas, cette lycéenne profite de la remise de diplôme pour défendre le droit à l’avortement

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      Le droit à l'avortement visé par la Cour Suprême aux États-Unis, une boîte de Pandore pourrait s'ouvrir

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 3 May, 2022 - 12:41 · 6 minutes

    Manifestation devant la Cour suprême de Etats-Unis le 3 mai 2022 Manifestation devant la Cour suprême de Etats-Unis le 3 mai 2022

    ÉTATS-UNIS - Les révélations de Politico ont fait l’effet d’une bombe et pas seulement outre-Atlantique. Le site d’informations américain, s’appuyant sur une fuite inédite de documents, a indiqué lundi 2 mai s’être procuré l’avant-projet d’une décision majoritaire rédigé par le juge conservateur de la Cour suprême , Samuel Alito, et daté du 10 février. Cette dernière permettrait tout simplement d’annuler l’arrêt historique de Roe v Wade, reconnaissant depuis près d’un demi-siècle le droit à l’avortement.

    Pour l’instant, il s’agit d’un premier brouillon qui va donner lieu à des échanges et des corrections, et la décision ne devrait pas être officiellement rendue avant juin. Si la possibilité d’un tel retour en arrière a déclenché un tollé dans le camp démocrate, elle inquiète aussi en ce qu’elle pourrait ouvrir une terrible boîte de Pandore, pour d’autres domaines relatifs à l’égalité des droits, que soit pour les femmes ou les personnes LGBT .

    “La décision de la Cour suprême sur l’avortement ouvre un champ des possibles qui est plutôt inquiétant. Elle serait en effet basée sur la remise en cause du droit à la vie privée. Or, de nombreuses décisions ont depuis été basées sur le même principe”, détaille Jean-Eric Branaa, maître de conférence à Paris 2 Panthéon Assas.

    Contacté par Le HuffPost , ce spécialiste de la politique américaine rappelle ainsi que la Constitution américaine délègue aux États certains pouvoirs, quand d’autres, à l’instar de la diplomatie ou du militaire, restent du domaine fédéral. Tout ce qui n’est pas précisé par le texte constitutionnel est du ressort des États. “Or, à la Cour suprême, il y a les juges ‘progressistes’ qui estiment que la Constitution doit évoluer avec son temps et les ‘originalistes’ qui estiment que si cela n’est pas écrit dans la Constitution, alors c’est le rôle du Congrès de s’en saisir et de faire voter une loi s’il l’estime nécessaire”, détaille Jean-Eric Branaa. Voilà pour le décor.

    Cela fait 50 ans que les conservateurs attendent ce moment." Jean-Eric Branaa, spécialiste de la politique US

    En 1973, lorsque les juges de la Cour suprême rendent l’arrêt Roe v Wade , ils reconnaissent simplement que les femmes ont le droit de disposer de leur corps dans le cadre du “droit à la vie privée”, ou “right to privacy” en anglais, et peuvent donc décider en conscience de mettre un terme à une grossesse ou non.

    “Or les juges originalistes estiment que le “right to privacy” n’existe pas dans la Constitution”, précise ainsi Jean-Eric Branaa. De fait, dans son brouillon le juge Alito rappelle bien que “le droit à l’avortement qui n’est pas dans la Constitution, fait partie du “droit à la vie privée” qui ne figure pas non plus dedans”.

    Contraception, mariage pour tous...

    Comme Jean-Eric Branaa, ils sont nombreux à pointer du doigt un raisonnement qui serait susceptible de remettre en cause d’autres droits et d’autres décisions de justice. Notamment celle qui a permis en 2015 d’ouvrir le droit au mariage pour tous, ou celle qui a notamment permis de rendre à nouveau légal la sodomie au Texas en 1983. Un risque pointé du doigt par l’élue démocrate Alexandria Ocasio Cortez mais aussi par l’éminente juriste Melissa Murray - elle-même un temps pressentie pour être nommée par Joe Biden à la Cour suprême.

    “La Cour suprême ne va pas en rester seulement à l’avortement - ils viennent pour le droit à la vie privée sur lequel repose Roe, qui comprend le mariage gay + les droits civils.”

    “Juste un rappel hebdomadaire que cela ne se terminera pas avec l’avortement... Les protections concernant le mariage homosexuel, la contraception et l’autonomie individuelle qui ne sont pas explicites dans la Constitution sont également sur la sellette”

    Jean-Eric Branaa en liste de nombreux autres également sur son compte Twitter.

    Comme le note également le journaliste américain Mark Joseph Stern , le cas texan autour de la légalisation de la sodomie ou du mariage pour tous sont précisément cités dans le brouillon par Samuel Alito. “Ces tentatives de justifier l’avortement à travers des appels à des droits plus larges à l’autonomie (...) vont trop loin. En généralisant ces critères à haut niveau, on pourrait finir par justifier un droit fondamental à consommer des drogues illégales, à la prostitution. Aucune de ces revendications n’est profondément enracinée dans l’histoire”, écrit notamment le juge de la Cour suprême.

    Que peuvent faire Biden et Harris?

    Joe Biden peut toujours préparer une loi fédérale pour inscrire le droit à l’avortement mais cela reste un sujet trop sensible, qui dépasse les simples clivages. Quant à un amendement de la Consitution, il requiert un vote aux deux-tiers des deux chambres et une ratification par trois-quarts des Etats”, détaille Jean-Eric Branaa. Autant dire que la Maison Blanche a peu de chance de réussir en passant par cette voie. “Cela fait 50 ans que les conservateurs attendent ce moment”, indique-t-il.

    En revanche, selon le spécialiste, Joe Biden et Kamala Harris pourraient bien décider de nommer plus de juges à la Cour suprême pour faire pencher les votes d’ici à juin. Depuis 1869, ils sont neuf juges, nommé à vie par le Président. Actuellement cinq sont conservateurs et quatre sont progressistes. “Il n’y a aucune limitation du nombre de juges à la Cour suprême. Biden a toujours refusé en disant que ce serait changer les règles du jeu, mais sur cette question-là, un changement de pied n’est pas à exclure”, estime Jean-Eric Branaa. Il table notamment sur une annonce à venir en ce sens de Kamala Harris. Pour l’instant, ni le président, ni sa vice-présidente n’ont réagi officiellement.

    À voir également sur Le HuffPost: Ce robot va aider les mexicaines à avorter, là où c’est interdit