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      Élections américaines : pas tant midterms que point final de la présidentielle 2020

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 15 November, 2022 - 12:00 · 7 minutes

    En ce mardi 15 novembre 2022, l’ancien président américain Donald Trump va-t-il annoncer sa candidature présidentielle pour 2024 ? Après avoir déclaré pendant la campagne des élections américaines de mi-mandat qui ont eu lieu le 8 novembre dernier qu’il allait « très très très probablement » être candidat en 2024 et après avoir fait monter le suspense d’un cran à la veille du scrutin en promettant « une très grande annonce » pour le 15, tout porte à croire que oui.

    Si ce n’est qu’après les midterms , les désirs de Donald Trump n’ont plus grand-chose à voir avec la réalité électorale.

    Dans le système bipartisan des États-Unis, rares sont les présidents qui ont vu leur majorité confortée à la Chambre des représentants après deux ans de gouvernement. Popularité, prospérité – rien n’y fait, que vous vous appeliez Kennedy (Dem) en 1962 ou Reagan (Rep) en 1982 et 1986. Même Donald Trump y a perdu sa majorité républicaine en 2018 en dépit d’indicateurs économiques plutôt favorables. La conservation d’une majorité au Sénat, théoriquement plus accessible en raison du renouvellement limité à un tiers des sièges est à peine plus simple.

    Dans le cas précis du Démocrate Joe Biden élu à la Maison-Blanche en 2020 la plupart des commentateurs s’attendaient à une défaite ravageuse car à la « malédiction » pour ainsi dire structurelle de ce vote s’ajoutait un bilan synonyme d’inflation, de dette abyssale et de récession annoncée particulièrement apte à s’attirer une sévère sanction des électeurs. Ajoutez une propension à la bourde à répétition et une complaisance avancée à l’égard de la planète woke et la déconfiture aurait dû être complète.

    Or les résultats de l’élection sont tombés plutôt loin de ce gentil scénario catastrophe ardemment espéré par le camp républicain. Si les Démocrates perdent effectivement des sièges à la Chambre des représentants, ils conservent le Sénat, institution bien utile lorsqu’il s’agit de signer des traités internationaux ou d’approuver des nominations présidentielles (comme ce fut du reste le cas pour Donald Trump en 2018) et s’en sortent finalement dans une moyenne tout à fait honorable pour des midterms . Autrement dit, l’élection annoncée imperdable pour les Républicains s’est révélée étrangement douce pour le moral de l’exécutif démocrate.

    Non pas que les Républicains n’aient pas engrangé de belles victoires. Après tout, ils sont en passe de reprendre la Chambre des représentants et la majorité sénatoriale des Démocrates reste courte. De plus, d’importants élus du parti ont été largement reconduits à leur poste de gouverneur, notamment Ron DeSantis en Floride , Greg Abbott au Texas, Phil Scott dans le Vermont ou Chris Sununu dans le New Hampshire. Preuve s’il en est que la gouvernance républicaine telle que pratiquée au niveau local garde une vraie attractivité.

    Mais précisément, comment expliquer le brillant succès de Chris Sununu quand dans le même temps, son collègue candidat au Sénat pour le même État Don Bolduc a dû s’incliner platement face à la candidate démocrate ? Peut-être par le fait que ce dernier appartient au groupe de ces candidats propulsés contre vents et marées à la candidature des midterms par Donald Trump sur l’unique critère de leur adhésion à sa thèse de « l’élection volée » en 2020. Des candidats dont même les électeurs républicains se sont détournés, empêchant ainsi le parti de capitaliser pleinement sur la faiblesse du bilan de Joe Biden.

    Dans un éditorial sanglant publié au lendemain de l’élection, le Wall Street Journal (conservateur) qualifie M. Trump de « plus grand loser du Parti républicain » dès le titre et se livre ensuite à une litanie des plus éclairantes sur toutes les occasions manquées de cette absurde façon par le camp républicain. L’affaire Bolduc pour commencer, puis par exemple :

    En Arizona, le républicain Blake Masters soutenu par Trump est arrivé derrière le sénateur (démocrate) Mark Kelly avec 47 % contre 51 %. C’est un État que le gouverneur Doug Ducey a remporté avec 14 points d’avance en 2018. M. Ducey aurait pu gagner le siège au Sénat, mais M. Trump s’est engagé dans une guerre contre lui parce qu’il a refusé d’avaliser ses théories de fraude lors de la présidentielle 2020.

    Etc. La liste est longue et déprimante.

    En novembre 2020 déjà, alors que Donald Trump ne montrait aucun signe de vouloir reconnaître sa défaite, le même Wall Street Journal lui avait en quelque sorte lancé une mise en garde frappée au coin du bon sens.

    En substance, Donald Trump avait tous les droits de demander des recomptes lorsque les résultats étaient très serrés et il avait de même tous les droits de faire appel à la justice s’il pensait que des fraudes avait eu lieu. Mais pour cela, il lui faudrait un peu plus de biscuits que des déclarations aussi tonitruantes que vagues sur la « massive fraud » qui se dressait contre lui.

    Si à l’issue de toute la procédure Joe Biden venait à conserver les 270 grands électeurs nécessaires pour accéder à la Maison-Blanche, le Wall Street Journal exprimait alors l’espoir que Donald Trump concéderait sa défaite avec élégance, ceci pour ne pas entacher de l’aigreur du mauvais perdant ce qu’il avait réalisé de bien sur le plan économique comme sur le plan diplomatique en quatre ans de mandat à la tête des États-Unis et afin de ne pas handicaper son parti pour la suite.

    Force est de constater que malgré l’absence persistante de preuves pour soutenir le vol qu’il dénonce, M. Trump n’en a tenu aucun compte, bien au contraire. Tout ce qui arrive aux États-Unis n’est pour lui que séquelle de l’élection présidentielle et curieusement on dirait bien que les électeurs lui ont donné raison au sens où leur vote de la semaine dernière, peu concerné par l’état de l’Union au bout de deux ans d’administration démocrate, a surtout consisté à dire qu’ils ne voulaient plus entendre parler ni de Trump ni de ses doléances aussi perpétuelles que non-étayées sur « l’élection volée ».

    Autrement dit, tout se passe comme si les midterms de cette année étaient en fait la finition soignée, le parachèvement ultime, le point final et définitif mis à l’élection présidentielle de 2020. Un point final dont M. Trump est exclu pour de bon par les électeurs républicains eux-mêmes, pas si extrémistes ni aussi polarisés dans leur ensemble qu’on pourrait le croire.

    Joe Biden jubile, évidemment. Mais en réalité, pour lui, les vraies difficultés ne font que commencer. Sans le trublion Trump pour lui servir de faire-valoir, tout se complique. Enfin libérés de l’emprise trumpienne, les électeurs sont dorénavant en mesure de tourner leurs regards vers la politique menée à la Maison-Blanche afin de l’apprécier pour ce qu’elle est ou n’est pas, plutôt qu’en fonction d’un adversaire si peu crédible qu’on a même vu des donateurs démocrates financer des candidats de Trump lors des primaires des midterms dans le but de favoriser la victoire finale de leurs propres candidats.

    Tout est en place maintenant pour qu’une candidature républicaine dépouillée des aspérités inutiles du trumpisme et revenue aux valeurs du conservatisme fiscal et de la protection des libertés voulues par les Pères fondateurs trouve un écho significatif dans le pays dès 2024.

    À voir et entendre l’ancien président lancer ses flèches contre de possibles concurrents lors de la future primaire républicaine pour 2024, contre Ron Desantis notamment, on devine cependant que le Parti républicain aura encore fort à faire pour atténuer les dommages causés par son intempérance verbale et politique. Mais son charisme ne porte plus. Bloqué dans le sillon détraqué du même disque grinçant, il est même devenu mortellement ennuyeux.

    Sur le web

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      Midterms 2022 : les hauts et les bas du libéralisme

      Pierre-Guy Veer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 15 November, 2022 - 04:00 · 5 minutes

    Novembre est la saison des élections aux États-Unis. Cette année, en plus des élections au Congrès, plusieurs États ont avancé des questions à leurs citoyens afin de faire avancer ou reculer leurs libertés.

    Et l’excellente lancée de la légalisation de la marijuana se poursuit. Deux nouveaux États, le Maryland et le Missouri, l’ont légalisé à des fins récréatives. Ce sont maintenant 21 États qui font fi des restrictions fédérales selon lesquelles le pot est au même niveau de la cocaïne, c’est-à-dire que aucun usage médical n’est reconnu. À ce sujet, 37 États ont légalisé la marijuana à cette fin. Le Dakota du Sud, du Nord et l’Arkansas ont toutefois rejeté des mesures similaires.

    Mais le Colorado a poussé sa défiance des lois fédérales (fort probablement) anticonstitutionnelles sur les drogues en légalisant les drogues et plantes psychédéliques. Il reste à espérer que l’organisme gouvernemental créé en même temps pour gérer cette légalisation fera mieux que son équivalent pour la marijuana. En effet, les prix « légaux » sont plus élevés, ce qui encourage fortement le marché noir.

    Toujours au Colorado, on a rejeté une mesure qui aurait permis aux restaurants et bars de vendre de l’alcool à emporter et la livraison des boissons alcoolisées.

    L’avortement en jeu

    Par ailleurs, depuis le rejet par la Cour suprême des lignes directrices sur l’avortement, plusieurs États ont déjà durement légiféré sur le sujet – ils avaient des lois rendant l’opération illégale dès le rejet de Roe vs Wade .

    Mais durant cette élection, plusieurs États ont soumis leurs propositions et les défenseurs de l’IVG ont de quoi se réjouir. Avec des majorités écrasantes respectives de 76 % et 65 %, le Vermont et la Californie ont amendé leur Constitution pour y officialiser des « libertés reproductives » et interdire au gouvernement de violer une telle liberté.

    Bonne nouvelle : la Californie a également inclus l’accès aux contraceptifs dans cette mesure. Malgré leur inclusion depuis 2012 dans la loi sur la santé d’Obama, leur accès est encore restreint par la FDA , qui gère l’accès aux médicaments. Les mettre en vente libre au même titre que le paracétamol pourrait permettre d’éviter des grossesses non désirées.

    Le Michigan a également approuvé une mesure semblable à la Californie à environ 56,5 %. Au Kentucky, les électeurs ont rejeté un amendement explicitant la non-existence d’un droit à l’avortement. Au Montana, les électeurs ont rejeté une proposition qui aurait obligé des soins médicaux à tout fœtus né même suite à un avortement et fortement mis à l’amende quiconque s’y soustrairait.

    La diminution de l’emprise de l’État…

    Toujours au sujet de bonnes nouvelles pour la liberté, trois États ( Vermont , Tennessee et Oregon ) ont définitivement aboli l’esclavage. Peu de gens se souviennent que le 13e amendement de la Constitution fédérale abolissant l’esclavage « l’autorise » encore comme punition. La Louisiane a rejeté une proposition semblable.

    D’autres ( Colorado ) ont voté pour une diminution de l’impôt sur le revenu, ( Arizona ) rejeté de nouvelles taxes de vente et étonnamment pour la Californie , rejeté un nouveau palier d’imposition pour les hauts revenus. Le Tennessee a constitutionalisé le « droit au travail » (pas d’obligation de payer une cotisation syndicale), le Nevada exclut désormais toute violation des droits fondamentaux basée sur une panoplie de caractéristiques et le Montana exige maintenant un mandat avant l’accès aux données électroniques d’une personne.

    Car en suivant la logique de plusieurs hoplophobes selon quoi le Second amendement ne s’applique qu’aux mousquets, il irait de soi que le Quatrième amendement ne s’appliquerait pas aux courriels.

    … et son augmentation

    Malheureusement, plusieurs initiatives montrent que vox populi non est sagere (la voix du peuple n’est pas celle de la sagesse).

    En Californie, deux propositions qui auraient légalisé le jeu et confirmé l’interdiction du tabac parfumé ont été rejetées. L’État de la vice-présidente continue ici de montrer son déclin . Si l’expérience du Massachussetts est un indicateur, alors la Californie pourrait connaître une hausse des ventes de cigarettes ordinaires ainsi qu’une hausse du marché noir pour les produits nouvellement interdits. « Protéger les enfants » est l’excuse la plus nulle qui soit.

    Au Nevada et au Nebraska , une hausse du salaire minimum a été approuvée. Ceux qui supportent cette mesure adorent généralement ce qu’on voit : de meilleurs salaires et un chômage encore très bas, comme on a répété ad nauseam à Seattle . Mais ils ignorent (ou refusent de considérer) ce qu’on ne voit pas : une diminution de la population active.

    Aux États-Unis du moins, la population active est soit employée soit activement à la recherche d’un emploi. Un chômeur trop découragé dans sa recherche finira par l’abandonner, diminuant artificiellement les statistiques. Considérant que la population active du pays chez les 16-20 ans n’a pas augmenté depuis la récession de 2008, une hausse quelconque du salaire minimum, surtout dans un État bon marché comme le Nebraska , aura des effets néfastes sur les jeunes travailleurs.

    De retour au Colorado maintenant : une proposition de consacrer 0,1 % des revenus de l’impôt au logement abordable est passée de justesse. Oh, il certain que l’État profiterait de logements plus abordables, le prix médian des maisons dépassant 580 000 dollars. Mais dans trop de grandes villes comme Denver, la réglementation empêche un développement résidentiel plus dense, laissant des quartiers entiers au développement unifamilial. Utiliser des fonds publics ne changera pas le problème.

    Finalement, une chimère chouchou des Démocrates a maintenant force constitutionnelle en Oregon : le « droit » à des soins de santé abordables. N’en déplaise aux Orégoniens, garantir un droit positif ne saurait assurer sa pratique.

    De toute façon, le gouvernement est le seul responsable de ces prix exorbitants en santé. D’un encouragement artificiel à l’assurance à une forte limitation du nombre de médecins et des écoles de médecine en passant par des obligations n’ayant aucun sens actuariel, le gouvernement ne peut résoudre ses problèmes en mettant des garanties ou en injectant plus d’argent.

    Bref, les élections 2022 ont été assez bonnes pour le libéralisme au niveau des États. Au niveau fédéral, espérons que les Républicains obtiennent une majorité de sièges à la Chambre des représentants. En effet, un président et un Parlement de couleur différente « aide » au blocage législatif et ainsi à l’adoption de moins de lois.

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      Midterms (2) : l’importance des élections locales

      Philippe Lacoude · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 15 November, 2022 - 03:40 · 12 minutes

    Comme nous l’avons vu dans la première partie , les élections américaines de mi-mandat se sont déroulées mardi dernier.

    Elles furent définitivement un résultat en demi-teinte pour les deux partis : d’un côté, le parti du président Biden a perdu la Chambre des représentants, l’empêchant de contrôler le budget et de l’autre, les Républicains n’ont pas réussi à gagner le Sénat dont le sort encore indécis ne sera finalement peut-être pas décidé avant le 6 décembre lors du second tour en Géorgie.

    L’importance du local

    Cependant, les élections n’ont pas seulement concerné le niveau fédéral. Elles ont aussi déterminé le choix de nombreux gouverneurs, députés, sénateurs, juges, shérifs, procureurs, référendums et une foultitude de responsables locaux en charge de l’eau, des forêts, des écoles, etc.

    Contrairement à la France où l’inénarrable énarque du moment préside à tout dans la médiocrité caractéristique de sa classe parasitaire, le pouvoir est très diffus aux États-Unis.

    Les États décident d’une grosse partie du droit (dont presque tout le droit criminel) ; ils financent quasiment 100 % des écoles (y compris les salaires des enseignants) dont ils décident du programme ; ils disposent de la vaste majorité des officiers de police ; et depuis juin ils décident aussi intégralement de la politique de l’avortement…

    Pour donner une idée de la question de la division des pouvoirs, notons que le gouvernement fédéral dépense 19,8 % du PIB, les 50 États en dépensent 10,2 % et les comtés et municipalités 8,4 % ( ici et ). Et encore, ces chiffres ne tiennent pas compte des 2,9 % du PIB d’aides fédérales aux collectivités locales.

    Ceci illustre bien l’importance de cette foultitude d’élections locales.

    Gouverneurs

    Jusqu’à mardi, alors que les Républicains détenaient 28 des postes de gouverneur du pays, les Démocrates en détenaient 22. Cette année, 16 élections avaient lieu dans des États avec des gouverneurs démocrates tandis que 20 auront pris place dans des États où les Républicains occupaient le siège.

    Les pronostics – calculés comme la moyenne des sondages en tenant compte de leurs biais passés – donnaient les Républicains gagnants dans la plupart de ces 36 États et prédisaient qu’ils finiraient avec deux gouverneurs de plus.

    Si les résultats sont encore incertains dans l’Arizona et le Nevada où il reste apparemment des milliers de bulletins à compter à cause d’un système absolument consternant , il apparaît probable que ce sont en fait les Démocrates qui finiront avec deux gouverneurs supplémentaires.

    En effet et comme prévu, les gouverneurs du Maryland et du Massachussetts, États très à gauche dans lesquels les Républicains avaient pris le pouvoir lors de la débâcle démocrate de 2014 , retournent dans le camp démocrate.

    Dans le reste du pays, les deux partis ont des gains et des pertes en nombre à peu près égaux.

    En Arizona, la Républicaine Kari Lake – soutenue par le président Trump – n’a pas réussi à atteindre les chiffres donnés par les sondages. Ancienne présentatrice de télévision, brillante oratrice, elle a pourtant fait une excellente campagne où elle n’a pas abdiqué devant les attaques de tous ses détracteurs, même quand elles venaient de son propre parti ( ici ou ).

    Son relatif échec – puisqu’on ne sait toujours pas qui va gagner cette élection – est un indicateur de la nocivité de l’ancien président qu’on peut aussi évoquer pour expliquer la cuisante défaite de Tudor Dixon au Michigan, de Doug Mastriano en Pennsylvanie ou de Derek Schmidt au Kansas : tous les candidats au poste de gouverneur aidés par Donald Trump au cours des primaires républicaines ont perdu.

    A contrario , le gouverneur de Géorgie, Brian Kemp , qui avait battu le trumpiste lors des primaires, a été aisément réélu alors même que le candidat trumpiste à la sénatoriale dans le même État n’a pas pu franchir la barre des 50 % comme nous l’avons vu précédemment. En d’autres termes, dans presque 5 % des cas, les électeurs géorgiens ont voté pour un gouverneur républicain ( opposé par le président Trump) et pour un sénateur démocrate.

    Au Texas, le Républicain Greg Abbott bat largement le gauchiste Robert O’Rourke – qui se fait appeler « Beto » pour faire plus hispanique – pour la seconde fois. Ses idées bizarres en matière d’immigration ( ici ) ou ses projets chimériques sur les armes à feu ( ici ) n’ont apparemment pas aidé à faire passer ses propositions de hausses d’impôts ( ).

    Ceci dit, même si les Républicains n’ont pas eu de chance mardi, il n’en reste pas moins que certains candidats républicains – même s’ils ont perdu – ont fait des scores remarquables dans des bastions de gauche, comme Lee Zeldin à New York et Christine Drazan dans l’Oregon.

    Mais l’élection de la soirée revient définitivement à Ron DeSantis en Floride.

    L’avocat de Harvard, historien de Yale, engagé pendant la guerre d’Iraq, Judge Advocate General dans les Navy SEAL , lieutenant commander de la navale, décoré de la Bronze Star et de la Marksmanship Medal , ancien député fédéral , est en train de devenir la nouvelle bête noire de la gauche.

    Après avoir refusé de tout fermer en Floride pendant la pandémie, résisté aux syndicats d’enseignants sur les questions raciales et de genre, empêché les mesures anti-armes à feu, détruit les wokes de Disney, supporté des baisses d’impôts, baissé les taxes sur l’essence, le gouverneur a réussi à se faire réélire avec près de 60 % de voix.

    A noter que son accès au poste de gouverneur était déjà projeté par les sondages, mais avec une marge de seulement 5 %.

    Dans le comté de Miami-Dade – à près de 70 % hispanique ou latino selon les registres du recensement –, DeSantis mène de 10 points. Ceci contraste fortement avec ce qui s’est passé lors de son élection précédente, en 2018, lorsque les Latinos ont opté à 54 % pour Andrew Gillum, le challenger démocrate de DeSantis à l’époque.

    Législatures

    Aux États-Unis, il y a 1972 sénateurs et 5411 représentants dans les États.

    Les élections législatives de ce mardi avaient lieu pour 88 chambres législatives d’État dans 46 États. Environ 56 % de tous les sièges des chambres hautes et 92 % de tous les sièges des chambres basses étaient à pourvoir.

    Avant les élections, les Démocrates détenaient 14 trifectas – contrôle du gouverneur et des chambres législatives –, les Républicains détenaient 23 trifectas et 13 États avaient un gouvernement divisé ( ici ).

    C’étaient les premières élections affectées par le cycle de charcutage électoral de 2020 qui a redistribué les législatures des États sur la base des données du recensement américain de 2020.

    Pour l’instant, les Démocrates devraient renverser au moins trois chambres – les deux chambres du Michigan, plus le Sénat du Minnesota.

    Dans les deux États, la réélection d’un gouverneur démocrate le soir des élections signifierait que les Démocrates obtiendraient un trifecta , c’est-à-dire qu’ils occuperaient le poste de gouverneur ainsi que les deux chambres législatives.

    Ceci mettrait un frein à la tendance républicaine de ces 20 dernières années.

    Après cette élection, sur 50 États, les Républicains détiendraient le pouvoir dans 29 chambres basses et dans 30 chambres hautes avec environ 55 % des élus.

    Référendums

    Sans aller plus loin dans les résultats locaux comme les élections de juges, de shérifs, de procureurs, ou de maires , finissons sur le sujet des référendums.

    Nous retrouvons en cette élection tous les travers bien connus de la démocratie directe.

    Je crois qu’il est utile de les mentionner car les libéraux qui n’ont pas étudié les sciences économiques pensent souvent que les problèmes de la France ou de la Belgique disparaîtraient si on laissait les gens poser eux-mêmes les questions auxquelles l’électorat répondrait intelligemment.

    En fait, sur les centaines de référendums de ce mardi, il se dégage plusieurs tendances :

    • Un grand nombre de référendums concernent des questions absolument débiles comme l’Amendement 8 de l’Alabama qui va donner le droit à l’État de réviser la réglementation des systèmes d’égouts privés dans le comté de Shelby. Je prends cet exemple extrême car il est emblématique : d’abord, la question n’est clairement pas d’un niveau constitutionnel ou d’un niveau étatique. C’est littéralement l’urinoir de Clochemerle ! De plus, 78 % des votants d’un État entier se liguent contre trois propriétaires…
    • Presque toutes les baisses d’impôt sont acceptées avec de larges majorités.
    • Presque toutes les hausses d’impôt sont rejetées avec de larges majorités… sauf évidemment lorsqu’elles s’appliquent aux riches comme pour la question 1 dans le Massachussetts qui a été votée à 52 % et va résulter en un doublement des impôts pour les « riches », inscrit dans la Constitution !
    • Presque toutes les dépenses nouvelles sont adoptées.
    • En particulier, les dépenses financées par la dette sont toujours votées à de très larges majorités. J’en veux pour preuve mon propre comté où les électeurs ont voté tranquillement à 69 % pour 268 millions de dollars de dépenses d’infrastructures pour les écoles, à 77 % pour 74 millions de dollars de dépenses pour divers bâtiments publics et à 76 % pour 51 millions de dollars de dépenses de ponts et chaussées. Le tout financé par la dette.

    En d’autres termes, comme prévu par les économistes des choix publics , les référendums de ce mardi ont creusé l’écart entre les dépenses et les recettes…

    Par ailleurs, les questions salariales trouvent toujours des réponses vers la hausse…

    Au Nevada, le Oui est en tête de la question 2 qui vise à augmenter le salaire minimum à 12 dollars de l’heure à compter du 1er juillet 2024. Au Nebraska, les électeurs ont donné le feu vert à une augmentation de salaire minimum de l’État de 9 dollars de l’heure à 10,50 dollars de l’heure à compter du 1er janvier 2023. En 2024, le salaire minimum passerait à 12 dollars de l’heure, suivi d’un salaire horaire de 13,50 dollars en 2025 et de 15 dollars de l’heure en 2026.

    Ces résultats sont identiques à ceux concernant les référendums d’initiative populaires sur cette même question dans tous les autres États qui ont essayé lors des élections précédentes.

    Dans l’Illinois, l’ amendement 1 – adopté à 58,4 % des voix ! – précise entre autres que le droit fondamental des syndicats publics de négocier – qui peut inclure tout, le salaire, les avantages sociaux, les heures travaillées, les conditions d’emploi, les procédures d’embauche et de licenciement – ne peut jamais être diminué même si l’État est en difficulté fiscale.

    C’est exactement transformer en loi constitutionnelle ce que les communistes français appellent les « avantages acquis ». En d’autres termes, le système de retraite ou les avantages que les employés publics obtiennent le premier jour de leur service doivent être les mêmes (ou meilleurs) lorsqu’ils prendront leur retraite des décennies plus tard.

    Ceci dit, la question d’un référendum n’est pas toujours économique.

    Les électeurs de Californie, du Vermont et du Michigan ont approuvé mardi les mesures de vote inscrivant le droit à l’avortement dans la Constitution de leurs États tandis que ceux des États traditionnellement conservateurs du Montana et du Kentucky ont rejeté les mesures qui en auraient restreint l’accès.

    Les votes signalent un soutien au droit à l’avortement après que la Cour suprême en juin a annulé l’ arrêt historique de 1973 Roe vs. Wade et le droit constitutionnel fédéral à la procédure, renvoyant ainsi la question au niveau des États.

    En août, les électeurs du Kansas avaient également rejeté une mesure de vote qui aurait donné à la législature de l’État le pouvoir de restreindre l’accès à l’avortement par le biais d’un amendement constitutionnel de l’État.

    Dans cinq États, les électeurs décidaient de légaliser ou non la marijuana à des fins récréatives : le Maryland et le Missouri ont approuvé leurs propositions tandis que l’Arkansas, le Dakota du Nord et le Dakota du Sud ont rejeté leurs mesures.

    Sur les armes à feu, les électeurs de l’Iowa ont décidé d’étendre les droits des armes à feu dans leur État avec l’approbation de l’amendement 1. La mesure ajoute un libellé à la Constitution de l’État indiquant que « le droit du peuple de détenir et de porter des armes ne doit pas être enfreint » . La proposition exige également que toutes les restrictions sur les armes à feu soient soumises à un « examen rigoureux » ( strict scrutiny ), la norme appliquée aux lois par les tribunaux pour déterminer si elles sont constitutionnelles.

    A contrario , la mesure 114 de l’Oregon imposerait de nouvelles restrictions sur les armes à feu, interdisant les chargeurs de plus de 10 cartouches. La proposition exige également que les acheteurs potentiels d’armes à feu suivent un cours de sécurité et réussissent un contrôle de leurs antécédents avant d’obtenir un permis pour acheter une arme à feu.

    Cette proposition est probablement complètement inconstitutionnelle après l’arrêt Bruen de la Cour suprême des États-Unis cet été ( ici et ) mais elle est emblématique des problèmes des référendums d’initiative citoyenne : il y aura toujours quelque part une majorité pour violer allègrement les droits d’une petite minorité.

    Conclusion

    Finalement, cette élection prépare la campagne électorale présidentielle de 2024. Le président Biden a répété à maintes reprises qu’il serait candidat en 2024.

    L’élection était très suivie par de nombreux conservateurs car le président Trump a constamment laissé entendre qu’il lancerait sa campagne de retour à la Maison Blanche dès cette semaine.

    Donald Trump donne depuis des semaines un aperçu du type d’attaques qu’il déploierait contre Ron DeSantis si le gouverneur de Floride tentait de se mettre en travers de sa route. À la veille des élections, Trump a proféré une vague menace de révéler des informations sur Ron DeSantis qui pourraient lui nuire s’il se présente.

    Exactement 5 sièges de représentants de la Floride ont changé de bord. Si la majorité de la Chambre des représentants finit par se jouer à exactement 5 sièges près, comme cela pourrait bien être le cas, Ron DeSantis aura non seulement gagné la Floride avec 20 % d’avance – contre seulement 1,2 % et 3,3% pour Trump contre Clinton en 2016 et Biden en 2020 – mais il aura aussi mobilisé tant d’électeurs pour voter pour lui qu’il aura finalement changé la donne au niveau national.

    Les conservateurs – aussi mauvais soient-ils en politique depuis des décennies – ne sont peut-être pas tous complètement incapables de compter.

    Montage des couvertures du New York Post – 9 et 10 novembre 2022

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      Air Force One nous rappelle le coût d’une présidence impériale

      Reason · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 8 November, 2022 - 03:30 · 3 minutes

    Par Christian Britschgi.

    Maintenir une présidence impériale dans les airs n’est pas une proposition bon marché. D’une manière ou d’une autre, cela devient de plus en plus cher.

    Jeudi, l’avionneur Boeing a annoncé que les deux jets Air Force One de remplacement qu’il construit seront encore retardés et dépasseront le budget. D’après le Wall Street Journal , l’entreprise s’attend à perdre 766 millions de dollars supplémentaires sur les nouvelles navettes présidentielles qui ont également des années de retard. Cela porte les pertes totales de la société sur le projet à deux milliards de dollars.

    Boeing a invoqué une multitude de raisons pour expliquer les retards et les dépassements de coûts, notamment la faillite de l’un de ses fournisseurs, les problèmes de chaîne d’approvisionnement causés par le covid et la difficulté à trouver des travailleurs possédant les habilitations de sécurité requises.

    Le prix fixe de son contrat Air Force One signifie que les contribuables ne sont pas responsables des dépassements de coûts, mais Boeing a déclaré qu’il pourrait quand même demander plus d’argent. Selon le Wall Street Journal , l’entretien des navettes Air Force One actuelles, vieilles de 30 ans, coûtera toujours plus cher au public.

    Les 3,9 milliards de dollars que les contribuables donnent à Boeing pour construire deux avions sont tout de même assez exaspérants en soi. Le coût des nouveaux jets s’explique en partie par les équipements de sécurité et de communication dont ils doivent être équipés et par la taille massive des avions de ligne. Tout cela doit permettre au président de rester en contact permanent et sécurisé avec l’administration au sol, tout en laissant suffisamment de place aux journalistes, aux dirigeants étrangers et aux autres membres de sa suite pour voyager avec lui.

    Tout cela prend rapidement des allures monarchiques. En effet, malgré ses meilleurs efforts historiques, l’ Amérique s’est retrouvée avec un président impérial, assis au sommet d’un vaste État fédéral qui dépense des milliers de milliards de dollars par an pour diverses interventions et interférences dans la vie des citoyens. Le président est également le commandant de l’une des plus grandes armées de l’histoire mondiale, dont les forces sont constamment impliquées dans des conflits et des opérations militaires à l’étranger.

    Pour tous ceux qui préféreraient un État fédéral beaucoup plus petit et moins dépendant des caprices de l’exécutif , le prix énorme d’Air Force One rappelle à quel point nous sommes loin de cette réalité.

    Dans l’idéal, le président n’aurait pas besoin de s’occuper 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 des détails des réglementations relatives au lave-vaisselle et des frappes de drones tout en s’envolant vers un autre sommet sur le changement climatique. S’il ne l’était pas, nous serions tous un peu plus libres, un peu plus riches et un peu plus en sécurité aussi. Le président bénéficierait également d’un emploi du temps moins chargé. Avec moins de responsabilités, il pourrait se permettre de mettre son téléphone en mode avion pendant ses déplacements.

    Ce n’est pas le monde dans lequel nous vivons. Une Maison-Blanche volante de 3,9 milliards de dollars est sans doute une nécessité pour un président moderne. Nous serions mieux avec un président qui pourrait faire son travail en voyageant en classe affaires.

    Sur le web

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      États-Unis : les démocrates sont maîtres de l’esquive

      Pierre-Guy Veer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 6 November, 2022 - 04:30 · 4 minutes

    Durant une campagne électorale, un politicien et son parti crieront leurs réussites sur tous les toits. À défaut d’accomplissements, ils utiliseront l’énergie du désespoir pour détourner l’attention. Les démocrates, aux prises avec une inflation galopante, une augmentation vertigineuse de la criminalité et de l’immigration irrégulière, ont choisi la seconde voie.

    Le tout commence au sommet avec Joe Biden. Ayant malheureusement tenu sa promesse de détruire l’industrie de l’énergie , il cherche maintenant à diminuer les prix de l’essence afin de sauver la mise pour les élections la semaine prochaine. Il a notamment fait pression sur l’OPEP, et plus particulièrement l’Arabie Saoudite, pour que leur coupure de production attende après l’élection, en vain.

    Maintenant, il menace de riposte , incluant l’arrêt de livraison d’armes. N’a-t-on pas destitué Donald Trump pour un quiproquo semblable ? Le sénateur démocrate qui préside le comité des Affaires étrangères ne semble pas repérer l’ironie. Le Royaume ne s’en est d’ailleurs pas laissé imposer .

    Comme ça n’a pas fonctionné, il est de retour à sa politique de drainage de la réserve stratégique de pétrole et de demande hypocrite aux sociétés pétrolières de diminuer leurs prix et augmenter leur production. Hypocrite parce que, en coulisse , son administration pense que La Grève est un manuel d’instruction.

    Toutefois, les pires exactions sont au niveau local puisque les élections de mi-mandat ont lieu pour le Congrès et plusieurs postes de gouverneur.

    Immunité pour cause de handicap ?

    Récemment en Pennsylvanie, il y a eu un débat entre les deux principaux candidats malgré la promesse du démocrate John Fetterman d’en garder au moins trois. Ce dernier a souffert de fibrillation auriculaire et cardiomyopathie juste avant la primaire et a depuis adopté la « stratégie Biden » de faire campagne dans son sous-sol. Il a ainsi pu éviter la défense de ses idées suspectes comme libérer un tiers de la population carcérale et bannir l’industrie pétrolière de son État.

    On a confronté Fetterman sur cette dernière position. Malgré un dispositif de surtitres, il a été incapable d’expliquer pourquoi il affirme soudainement soutenir l’industrie à laquelle il ne voue que mépris . Sa performance fut d’ailleurs pénible à voir, lui qui avait toute les misères du monde à formuler une phrase intelligible.

    Mais n’osez pas le mentionner ! Cela vous rend « coupable de discrimination », vous voulez renier les accommodements à d’autres handicapés, vous vous seriez moqués de Stephen Hawking, et je ne sais quoi d’autre. On a même humilié une journaliste qui a osé décrire la réalité : Fetterman semblait incapable de la comprendre sans sous-titres instantanés.

    Un souci superficiel

    Finalement, plusieurs candidats démocrates au poste de gouverneur montrent leur incapacité à adhérer aux craintes de leurs électeurs.

    À New York, la gouverneure ne « comprend pas » pourquoi son opposant républicain insiste autant sur la hausse de la violence. Non seulement a-t-il été touché, directement et indirectement , par cette épidémie apparente de violence, mais plusieurs criminels vicieux ont été relâchés presque derechef après leur arrestation à cause d’une abolition presque entière des cautions ou du laxisme du procureur de Manhattan.

    Et ce n’est qu’à quelques semaines du vote que la gouverneure sortante a enfin décidé d’augmenter les forces policières dans le métro de New York. Mais considérant son dédain du deuxième amendement protégeant le port d’arme, on voit bien que c’est par pur opportunisme.

    Finalement en Arizona, contre vents et marées, il semble que la candidate républicaine Kari Lake pourrait remporter la course contre son opposante démocrate. Comme la première a fait carrière dans les médias, elle connaît donc très bien leurs pièges et est parfaitement capable de se défendre d’une manière délicieusement baveuse rappelant Trump.

    En effet, elle est sur la sellette parce qu’elle défend le « grand mensonge » que l’élection de 2020 fut volée. Il n’en fallait pas moins pour que Lake rappelle que l’intégralité des médias a promu le mensonge que l’élection de 2016 fut directement influencée par une collusion entre les Russes et Trump, et que la candidate démocrate de Georgie (en campagne) n’a toujours pas admis la défaite.

    Les médias se sont également ligués contre Lake, suite à une accusation de son opposante, la suspectant d’avoir payé quelqu’un pour pénétrer les bureaux démocrates. Mais quand il fut montré qu’il n’en était rien, ce fut le silence radio et la démocrate esquivait constamment la question pour revenir à l’avortement.

    Bref, si la tendance se maintient, il semble que la vague rouge sera un raz-de-marée. Les démocrates montrent leur désespoir en dépensant des sommes folles dans des courses normalement « sûres » et en cherchant le soutien de démocrates populaires comme Barack Obama.

    Si tel est le cas, ils n’auront qu’eux à blâmer. Une telle insouciance et arrogance devant les soucis des électeurs, fussent-ils loin de la réalité, montre que leur unique but est le pouvoir. Les électeurs ne sont qu’accessoires.

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      Militarisme américain : la lettre des 30 démocrates ne changera rien à Washington

      Finn Andreen · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 1 November, 2022 - 04:00 · 4 minutes

    Le 22 octobre 2022, trente élus de l’aile gauche du parti démocrate américain ont publié une lettre dans laquelle ils ont appelé le président Joe Biden à faire des efforts pour « chercher un cadre réaliste pour un cessez-le-feu ». Cela a eu un grand retentissement aux États-Unis car jusqu’à présent, de telles suggestions n’avaient pas été entendues ouvertement, surtout venant du parti démocrate au pouvoir.

    Est-ce que cela veut dire qu’une pression politique est lentement en train de prendre forme à Washington, pression qui permettrait d’initier des premières tentatives de pourparlers avec la Russie pour mettre une fin à ce conflit et diminuer les souffrances du peuple ukrainien ? Pas pour l’instant.

    Les cosignataires démocrates de cette lettre demandent un début de négociations car leurs soutiens dans la gauche anti-guerre s’attendent aujourd’hui à ce genre d’initiatives. Cette lettre est une manière pour eux de répondre à cette demande, surtout après de récentes protestations publiques à leur encontre.

    Mais il n’y a pas réellement une remise en question de la part de ces cosignataires de la politique étrangère néoconservatrice en vigueur à Washington. Cette lettre est loin d’être une révolte envers un parti démocrate alliés aux faucons néoconservateurs, car elle suit la position de la classe politique américaine, en identifiant la Russie comme seule responsable du conflit actuel. Il faut se rappeler que la base d’un accord de paix était à portée de main fin mars 2022 à Istanbul entre la Russie et l’Ukraine, lorsque cette initiative a été torpillée début avril 2022 par Boris Johnson avec, indiscutablement, l’Oncle Sam dans les coulisses.

    De plus, cette lettre ne remet pas en question le soutien humain, financier, militaire et logistique des États-Unis à l’Ukraine. Le conflit aurait probablement pu prendre fin bien plus tôt si les Occidentaux n’avaient pas encouragé Kiev à encaisser de lourdes pertes tout en les dopant d’armes. Comme le signale The Hill , publication de centre-gauche à Washington, ses « cosignataires ont voté pour plus de 50 milliards de dollars sous diverses formes d’aide à l’Ukraine depuis l’invasion de la Russie et, dans la lettre, n’ont exprimé aucun regret à cet égard, liant l’aide aux succès militaires ukrainiens. »

    Pis encore, après la publication de cette timide lettre, la forte réaction du parti démocrate a immédiatement fait rentrer dans le rang ces politiciens soi-disant « militants et révoltés », puisqu’ils se sont immédiatement dédits du contenu . La leader de ce groupe de 30 députés, la congresswoman Pramila Jayapal, s’est désavouée de manière humiliante de cette lettre en disant, très improbablement, qu’un de ses stagiaires l’avait publiée à son insu…

    Pas d’intérêt de négocier pour Washington

    Cet épisode épistolaire n’indique donc pas un début de changement de la politique américaine envers l’Ukraine, mais plutôt le contrôle obsessionnel qu’exerce le parti démocrate et le manque de débat à Washington en ce qui concerne la politique extérieure. De la même manière, un consensus quasi-général existait parmi la classe politique américaine lors des guerres illégales contre la Serbie en 1999 et contre l’Iraq en 2003.

    Cet indécent alignement politique n’est qu’un signe de plus du caractère fasciste du gouvernement fédéral des États-Unis, où les intérêts commerciaux du complexe militaro-industriel influencent fortement depuis des décennies la politique extérieure, avec des conséquences tragiques pour le monde entier. En effet, ce n’est pas une surprise que les ventes des grandes sociétés d’armement américaines, comme Raytheon , sont en forte hausse depuis la début de la guerre en Ukraine.

    Il n’y a probablement que deux choses qui peuvent contraindre aujourd’hui la Maison Blanche et le département d’État à accepter la négociation avec la Russie (avec ou sans implication de l’Ukraine elle-même) afin d’arriver à un cessez-le-feu : les élections de mi-mandat du 8 novembre 2022 ou une imminente victoire militaire russe. Dans le premier cas, un probable nouveau congrès républicain pourrait décider de ne plus accorder de financement à l’Ukraine après les dizaines de milliards déjà octroyés, ce qui augmenterait les possibilités de pourparlers. Dans le deuxième cas, l’offensive russe qui se prépare pour cet hiver pourrait forcer Washington à entrer en négociations si l’Ukraine était sur le point de capituler.

    Le rôle du libéralisme dans un monde instable

    Sur le long terme, uniquement un changement en profondeur de la culture politique à Washington pourra altérer son comportement délétère et déstabilisateur mondial, y compris pour les pays européens. L’inévitable arrivée du monde multipolaire va avoir tendance à réduire le pouvoir de nuisance de l’État fédéral américain dans le monde. Cependant, le risque de conflit augmentera temporairement, car Washington ne semble pas vouloir accepter son déclin naturel avec grâce.

    Un tel changement politique éventuel à Washington nécessiterait forcément une réduction de l’influence de l’État profond, notamment incarné par les dix-huit services de renseignement impliqués ces dernières années dans la censure , la manipulation politique et la violation des libertés individuelles. Un tel bridage ne pourrait être possible qu’avec une résurgence du libéralisme anti-étatique à la Old Right , ce mouvement conservateur libertarien typiquement américain.

    Il y a peu de signes de cela aujourd’hui, mais la situation politique actuelle, non seulement aux États-Unis mais ailleurs en Occident, montre plus que jamais l’importance des idées libérales pour contrecarrer la croissance du pouvoir de l’État.

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      La républicaine Liz Cheney battue à la primaire par une pro-Trump

      news.movim.eu / Mediapart · Wednesday, 17 August, 2022 - 09:21


    La vice-présidente républicaine de la commission d’enquête sur les événements du 6 janvier 2021 paie son opposition à l’ancien président. Ce dernier a soutenu sa rivale, l’avocate Harriet Hageman, qui a remporté mardi la primaire dans le Wyoming.
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      Au Wyoming, qui sauvera Liz Cheney, la républicaine anti-Trump?

      news.movim.eu / Mediapart · Monday, 15 August, 2022 - 16:30


    S’enfoncer dans les délires de Donald Trump ou reconduire son opposante numéro 1 au sein de son parti? Une certaine idée de la démocratie américaine se joue mardi 16 août dans les primaires républicaines de l’«État des cow-boys».
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      Au Kansas, l’avortement à l’épreuve des urnes

      news.movim.eu / Mediapart · Monday, 1 August, 2022 - 09:27


    Mardi 2 août, l’État américain se prononce par référendum sur la protection de l’avortement. Une première depuis la révocation de l’arrêt «Roe v. Wade». Bien que très encadrée, l’IVG reste légale jusqu’à la 22e semaine, ce qui fait du Kansas un refuge au cœur du Midwest conservateur, où la pratique a été largement prohibée.