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      La rude quête de l’emploi pour les seniors en territoire rural, «violentés» en raison de leur âge

      news.movim.eu / Mediapart · Sunday, 15 January, 2023 - 17:45


    Le gouvernement veut reculer l’âge de la retraite, mais au pied du Larzac, des demandeurs d’emploi de plus 55 ans racontent leurs difficultés à retrouver un job dans un territoire désindustrialisé. «Je me suis vite retrouvé confronté au problème de mon âge», résume l’un d’eux.
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      www.mediapart.fr /journal/economie-et-social/150123/la-rude-quete-de-l-emploi-pour-les-seniors-en-territoire-rural-violentes-en-raison-de-leur-age

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      Comment le SMIC crée de l’inflation et du chômage

      Jacques Garello · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 5 January, 2023 - 03:30 · 14 minutes

    Certes, la vaccination et la sécurité font les Unes de la campagne électorale . Mais le pouvoir d’achat est également objet de débats, de programmes et de promesses des candidats déclarés ou putatifs. L’idée d’une hausse des salaires généralisée imposée à tous les employeurs est désormais banale, une hausse du SMIC ou un niveau de salaire garanti à toute personne active (2000 euros par exemple), l’accroissement substantiel des traitements des enseignants et soignants, la participation obligatoire des salariés aux profits ou au capital des entreprises et enfin (sans doute mesure la plus originale) le chèque inflation .

    Des arguments bien connus

    Cette belle unanimité au sein de la classe politique, majorité et opposition confondues, mais aussi dans le monde des partenaires sociaux (syndical et patronal) repose sur des arguments bien connus.

    Je rappelle ceux qui sont avancés le plus fréquemment.

    Relance économique

    C’est l’ argument keynésien classique consistant à augmenter le pouvoir d’achat afin de garnir les carnets de commandes des entreprises, donc favoriser l’investissement et l’emploi. Le niveau d’activité d’une économie nationale dépend du dynamisme de la demande globale.

    Réduction des inégalités

    Trop de salariés vivent en dessous du seuil de pauvreté, certaines personnes sont discriminées, comme les femmes, les étudiants, les seniors.

    Tiers système

    Entre capitalisme et socialisme, chercher à désamorcer la lutte des classes en associant capital et travail à travers la participation aux profits, au capital, à la décision.

    Certes, mon propos n’est pas de nier l’opportunité d’accroître les salaires ni la nécessité de remettre en marche l’ascenseur social, ni l’intérêt de la participation. Mais je conteste qu’il doive s’agir de mesures globales et imposées par l’État. Je soutiens, comme de nombreux économistes du monde entier, qu’une hausse globale des salaires et des revenus conduit inévitablement à l’inflation et au chômage.

    Je pourrais sans doute m’en tenir au raisonnement très classique des monétaristes : une émission inconsidérée de la masse monétaire n’a aucun effet réel sur la production, elle ne fait qu’augmenter le niveau général des prix.

    Je pourrais aussi faire référence à la célèbre courbe de Phillips dont les glissements démontrent la corrélation statistique entre taux d’inflation et taux de chômage : accepter et a fortiori provoquer l’inflation c’est créer plus de chômage.

    Mais je préfère rappeler la logique qui mène du décret public à la catastrophe. Le décret c’est la décision politique de financer une hausse des salaires et des revenus dans l’espoir d’augmenter le pouvoir d’achat et de créer des emplois. La catastrophe inévitable c’est le chômage massif et la perte du pouvoir d’achat, surtout pour les plus démunis.

    Il s’agit bien d’un rappel, je n’invente rien, je m’en remets aux idées et aux travaux d’économistes célèbres, par exemple Jacques Rueff, Hayek et Becker.

    Jacques Rueff : distribution de faux droits

    Dans la logique de l’échange, chaque personne reçoit en contrepartie de ce qu’elle donne.

    Augmenter les salaires est légitime quand le travail effectué a déjà apporté ou va apporter une contrepartie réelle, quand il a ajouté une valeur au produit. Cette valeur est marchande : c’est le prix pratiqué sur le marché en fonction de la demande des clients qui la mesurent. Jacques Rueff l’appelle « prix d’équilibre ». Le salarié est payé par l’employeur, qui est payé par le client. Le salaire est donc la rémunération du service rendu par celui qui a apporté son travail.

    Il est possible d’anticiper une valeur future : la contrepartie n’existe pas encore mais le marché s’annonce favorable, donc on peut imaginer un crédit et verser immédiatement un supplément de salaire qui sera compensé ex post par un supplément de recettes pour l’employeur.

    Mais qu’en est-il quand la hausse des salaires est décrétée par décision publique, et a fortiori quand l’État s’engage à financer cette hausse et à l’inscrire dans les finances publiques ? La politique de relance fait abstraction du marché car elle ignore si les clients accepteront le coût des produits proposés, compte tenu de leurs besoins et de leurs moyens.

    La monnaie est un instrument précieux des échanges, elle permet d’éviter les difficultés du troc, échange instantané de deux produits, précaire dans le temps et dans l’espace. Avoir de la monnaie c’est détenir un droit sur toutes les personnes qui composent la communauté de paiement.

    C’est, dirait-on aujourd’hui, un « passe économique ». S’il est délivré à des gens qui n’ont rien produit, ce passe est un faux droit : totalement ou partiellement il n’a pas été compensé par un apport productif antérieur et il ne le sera jamais. Le lien entre l’apport productif et sa rémunération est rompu.

    Très vite le mérite, l’ardeur au travail et l’apport productif disparaissent dans le pays, la croissance ne sera plus au rendez-vous et si dans un premier temps l’impression est celle d’un pouvoir d’achat accru puisque la manne étatique (versée directement  ou imposée par décret aux employeurs) est largement distribuée il s’ensuit très vite un déséquilibre entre droits distribués et contreparties réelles. Les biens et services que l’on peut se procurer avec les faux droits se font rares, les prix sur le marché libre grimpent rapidement, amputant lourdement le pouvoir d’achat dont disposaient les personnes aidées par la distribution de faux droits.

    Distribuer des chèques inflation pour compenser l’inflation c’est évidemment proposer une monnaie de singe, c’est le type même de faux droit. Ceux qui disposent de revenus indexés ou de patrimoines solides peuvent maintenir leur pouvoir d’achat, ceux qui veulent spéculer sur l’accélération de l’inflation réaliseront des profits. Ceux qui sont dans la pauvreté n’auront aucune défense.

    Hayek : mal-investissement, gaspillage de l’épargne

    La politique de relance par la dépense publique, elle-même financée par le déficit budgétaire et la dette croissante, fait de l’État le « stratège » de la croissance. On prête aux gouvernants la capacité de prévoir l’avenir et d’anticiper les besoins de la communauté nationale à long terme, tandis que le marché serait myope, ne prenant en compte que l’offre et la demande à court terme. « Gouverner c’est prévoir » (Mendès France).

    Cette idée est à la fois utopique et fallacieuse.

    Utopique car la visée principale de la plupart des politiciens est la prochaine échéance électorale, il faut y figurer avec des promesses qui ne seront jamais tenues.

    Fallacieuse car la planification globale, sous sa forme soviétique ou dans sa version « indicative », a toujours et partout échoué. Fallacieuse aussi parce que le marché prend en compte les anticipations des entrepreneurs dont le succès dépend essentiellement d’innovations qui reposent sur leur capacité d’anticiper la façon de mieux satisfaire les besoins de la communauté. L’art d’entreprendre ( entrepreneurship ) est de repérer avant tout autre les besoins du futur, il est stimulé par la concurrence et rémunéré par le profit.

    Hayek a expliqué les crises économiques par les erreurs d’investissement commises par l’intervention de l’État. Les signaux du marché , prix et profits, sont faussés ou occultés : par sa politique l’État fixe ou influence les coûts de production, y compris les taux d’intérêt. Deviennent artificiellement rentables des projets sans avenir tandis que les financements manquent aux entreprises innovantes.

    L’épargne disponible et les crédits bancaires sont gaspillés. Le mal-investissement dénoncé par Hayek a pris en France une importance spectaculaire et aggravée depuis au moins une décennie. Alors que l’on croyait être libéré du Commissariat au Plan depuis sa suppression en 2006, on l’a ressuscité sous forme de France Stratégie en 2013 et finalement François Bayrou est devenu Haut-Commissaire en 2020.

    Mais le plus important est incontestablement le sort réservé à l’épargne populaire, puisque tous les sommes accumulées sur les livrets A sont versées à la Caisse des Dépôts et Consignations , la plus forte puissance financière de France.

    La Caisse a ses filiales chargées notamment de l’équipement du territoire et du logement social, mais en 2012 a été créée la Banque Publique d’Investissement dont le capital est partagé entre la Caisse et l’État et dont la mission est de financer les PME présentées par les régions et qui ont un label « France relance » qui n’a pas seulement pour vocation de créer des start-ups mais aussi de sauver des entreprises jugées « stratégiques » en détresse. Comme si cet arsenal de mal-investissement n’existait pas notre ministre de l’Économie Bruno Le Maire a exhorté les Français à mieux utiliser leur argent et à favoriser la sortie de crise.

    Faute d’investissements pour satisfaire les vrais besoins de la communauté, les produits nécessaires sont soit absents, ce qui provoque la hausse de tous les prix (dont le contrôle est illusoire et qui accentue la pénurie), soit achetés à l’étranger, ce qui détruit la production nationale et supprime des emplois (et la propagande pour le « patriotisme économique » est inefficace même avec des mesures protectionnistes).

    La thèse du mal-investissement s’intègre tout naturellement dans l’effondrement social que produit l’inflation. L’histoire est sans appel : toutes les sociétés ont péri dans l’inflation, qu’il s’agisse entre autres de l’Empire romain, de l’Ancien Régime, de l’Allemagne des années 1930. La raison en est que l’inflation est mensonge, spéculation, corruption : la confiance disparaît, le contrat n’a plus de valeur, tout est permis, tout se dégrade. On peut se demander comment de telles évidences n’apparaissent pas à ceux qui prônent l’inflation, destructrice de vérité et de responsabilité.

    Gary Becker : gaspillage du capital

    Gary Becker est à juste titre considéré comme l’un des théoriciens du capital humain.

    L’expression n’est pas très heureuse car beaucoup d’intellectuels anticapitalistes, par exemple Bourdieu, lui reproche de faire de l’Homme une marchandise. On investit dans l’Homme comme dans une machine. Becker a dit tout autre chose et sans doute l’inverse : ce sont les qualités personnelles qui permettent à l’être humain de progresser sans cesse et ces qualités ne sont pas décidées par l’employeur ni par l’État, elles sont le fruit d’une démarche elle aussi personnelle pouvant être facilitée par l’éducation, le savoir et l’expérience, et qui peut se poursuivre tout au long de la vie.

    En quoi la hausse artificielle des salaires ou des revenus peut-elle agir sur le capital humain ? Gary Becker a étudié la question à propos du SMIC , dont il était un adversaire résolu. Le SMIC a pour effet d’amener les salariés à stopper leur propre investissement en capital humain, jusqu’à refuser ce que les employeurs leur proposent en ce sens. C’est qu’íls ne voient qu’un avantage financier mineur et qu’ils considéraient le SMIC comme un droit social qui devrait leur être garanti sans effort de leur part. En revanche la perspective de changer d’emploi, de travailler autrement, ne leur est pas souvent agréable.

    Le point de vue de Becker doit aussi être compris à la lumière de ce qu’il pensait de l’élément à son sens le plus important du capital humain : la famille, qui a été un autre aspect de son œuvre scientifique.

    C’est au sein de la famille que l’éducation se forme, et le désir d’épanouissement personnel naît de l’exemple des parents et des proches, et va durablement marquer l’être humain : faire mieux, vivre mieux, développer ses capacités, avoir l’esprit de service, l’esprit d’équipe. Sans doute l’école a-t-elle aussi un rôle décisif, et il est certain qu’il y a une corrélation entre le nombre d’années de scolarisation et le niveau de salaires.

    Mais on se rappelle la formule de Jules Ferry : « l’école instruit des enfants éduqués par leurs parents ». Ainsi le capital humain est-il affaire personnelle, incluant le milieu familial et l’expérience vécue, bien plus qu’un droit social. Or, le SMIC dans la plupart des pays apparaît surtout comme un droit social, il devient une affaire collective, syndicale et politique, plutôt qu’une culture des capacités et un épanouissement de la personnalité.

    Le résultat de cette erreur est la sous-qualification de très nombreux salariés et elle est d’autant plus accentuée que le niveau de SMIC est très élevé. De nombreux pays n’ont jamais connu le SMIC, et leur population, comme celle de la Suisse , n’en veut pas. D’autres pays ont un SMIC tout à fait symbolique (la plupart des États américains). D’autres y sont venus très tardivement, et à l’initiative de la classe politique : c’est le cas de l’Allemagne.

    D’autres enfin le remettent en cause : c’est le cas de l’Italie. Mais en France l’histoire du SMIC s’est inscrite dans le schéma syndical et politique au point que parmi les pays de l’OCDE le niveau de SMIC est le plus proche de celui du salaire médian. Gary Becker avait fait un article expliquant le niveau de chômage élevé dans certains pays européens comme le résultat du SMIC, débouchant sur la sous-qualification du personnel.

    L’une des conséquences de la sous-qualification est la perte de compétitivité des entreprises. Une autre est la recherche de la robotisation.

    Mais voici la plus grave : ce sont les salariés les moins qualifiés qui sont les premiers candidats au chômage en cas de réduction des effectifs, en cas de recherche de nouvel emploi. Ainsi le surcroît de droits sociaux signifie moins de protection pour une masse de salariés. D’ailleurs ouvrir de nouveaux droits sociaux ou accroître leur niveau actuel c’est ramener la dignité d’un être humain à son niveau de rémunération plutôt qu’à ses qualités, son mérite, son comportement. C’est un volet de l’économisme marxiste. À ce jeu un pays très politisé et très syndicalisé les rémunérations peuvent être totalement artificielles, nées de privilèges voire de corruptions (« le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument » Lord Acton ).

    Ainsi, contrairement à ce que professe la pensée unique le « progrès social » ne consiste pas à augmenter sans cesse et globalement et par décret le niveau des salaires ou des revenus, et en particulier le niveau minimum.

    La cohérence du système libéral, par opposition au système collectiviste, c’est que les trois questions systémiques sont résolues par le « plébiscite quotidien du marché » pour reprendre Hayek :

    • que produire ? (révélation des préférences)
    • comment produire ? (choix et organisation des facteurs de production)
    • pour qui produire ? (répartition des revenus)

    Il s’agit donc d’un système décentralisé, fondé sur des décisions individuelles coordonnées par l’échange libre. Par opposition le système collectiviste repose sur le plan impératif qui confie la réponse aux trois questions à une autorité politique centrale (« la démocratie politique garantit la démocratie économique » disait Georges Marchais). Il va de soi qu’il n’y a pas de tiers système contrairement à ce que la classe politique croit dans beaucoup de pays, dont la France marquée par l’étatisme jacobin.

    L’élite française se croit autorisée à décréter ce qui est bon pour le peuple, qui en conçoit finalement rejet de la classe politique. Les Français seraient-ils condamnés à choisir entre le virus du despotisme et le virus du populisme ? Nous le saurons bientôt, mais un vaccin libéral serait le bienvenu.

    Un article publié initialement le 1 décembre 2021 .

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      L’année 2023 va être violemment sobre

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 4 January, 2023 - 04:35 · 5 minutes

    Décidément, 2023 commence sur les chapeaux de roues et pas seulement parce que le premier janvier est tombé un dimanche : au vu des petites nouvelles passées discrètement, presque inaperçues, pendant la période des fêtes, voilà une année qui ne pourra qu’accumuler les bonnes surprises !

    Mentionnons déjà l’arrivée, dès ce premier janvier, de la Croatie parmi les pays membres de la zone euro : ayant fait le choix bizarre de rejoindre le groupe des pays européens qui se sont attachés un gros boulet à la cheville en espérant courir plus vite, la Croatie abandonne donc la kuna pour l’euro et pourra bientôt goûter aux joies des bidouilles infernales de Christine Lagarde et ce alors que les taux d’emprunt des différents pays de la zone n’arrêtent pas de grimper et que l’écart entre les principaux pays (Italie, France, Allemagne) continue de croître gentiment. Alors que les dettes des pays concernés n’ont cessé de grossir suite aux dernières crises, on se demande un peu ce qui pousse la Croatie à venir rejoindre des pays comme la France notamment dont la santé économique laisse de plus en plus perplexe.

    Et cette constatation n’est pas une simple figure rhétorique : des signaux évidents s’empilent calmement derrière les petits articles de la presse de grand chemin et pour qui veut les voir ils indiquent clairement l’état de délabrement avancé du pays.

    On pourrait citer la dernière intervention d’Emmanuelle Wargon, l’actuelle présidente de la Commission de régulation de l’énergie, énième bidule chargé de fourrer ses doigts bureaucratiques boudinés dans le marché pas du tout libre et concurrentiel de l’énergie en France , par ailleurs passablement saboté par toute l’élite politique depuis plus de 30 ans et dont la corruption et l’iniquité sont en train d’exploser au museau de tous les Français dans l’odeur de prout gêné d’une classe dirigeante en dessous de tout.

    Titillée par un gros micro mou radiophonique, Wargon a ainsi frétillé d’aise en expliquant que « l’appel à la sobriété énergétique » (lire : la propagande du rationnement) avait été entendu, constatant joyeusement que la consommation électrique avait baissé en France de 9 % sur les quatre derniers mois par rapport à la même période l’année dernière. Concédant malgré tout que les températures clémentes de la fin d’année ont probablement aidé à réduire cette facture (non, sans blague !?), elle ne va tout de même pas jusqu’à relier cette baisse de consommation pourtant historique dans son volume avec un effondrement pourtant évident de l’économie française.

    Pour elle (et d’ailleurs comme pour le reste du gouvernement, complètement aux fraises), il s’agit du résultat réfléchi d’un effort consenti par les consommateurs particuliers et les entreprises pour aboutir à ce résultat. Que c’est confortable ! Au moins ne s’agit-il pas du tout (mais non mais non) du résultat nettement moins glamour de l’évaporation de toute marge de manœuvre financière de la part des ménages qui, faute de pouvoir payer leurs factures, arrêtent de se chauffer purement et simplement, ou de la fermeture pure et simple d’un nombre statistiquement significatif d’artisans, de commerçants et d’industriels qui ne peuvent tout bonnement plus travailler.

    Pour certains, rouvrir après les fêtes est un non-sens économique : les prix sont montés si haut qu’il n’est tout juste plus rentable de continuer à produire. Alors que Wargon y voit une sobriété qui s’installe, l’observateur réaliste verra des entreprises qui licencient, des artisans qui cessent leur activité et des commerçant qui ferment.

    Et qui dit fermetures, licenciements et autres abandons de la part des entreprises dit aussi chômage : et alors que les journaux de révérence n’hésitent pas à louanger une baisse officielle du chômage en France, laissant certains ministricules évoquer sans pouffer des notions aussi grotesques que celle du plein emploi pour la France , les petits détails statistiques montrent quant à eux qu’à force d’éliminer différentes catégories de statistiques et de radier à tour de bras les demandeurs d’emploi, on ne peut en effet qu’obtenir des chiffres véritablement rosifiés mais plus trop en rapport avec la réalité tangible d’un pays qui s’enfonce.

    Et qui dit chômage dit aussi augmentation de la misère : alors que Macron prétendait par son action améliorer le pouvoir d’achat des Français, tout indique qu’il est en train de le leur évaporer à grande vitesse. En témoigne l’augmentation de 17 % sur l’année des vols à l’étalage , qui concerne surtout… du beurre, des morceaux de fromage, des boîtes de conserve ou des denrées alimentaires dont le prix  dépasse rarement quelques euros.

    En somme, l’année 2023 n’a que quelques heures mais on sait déjà que la trajectoire n’est pas la bonne : les dettes accumulées ces dernières années sont devenues impossibles à porter, les déficits budgétaires abyssaux ne faisant que l’obésifier avec obstination ; les décisions politiques géostratégiques et notamment énergétiques qui ont été prises ces vingt dernières années et surtout ces douze derniers mois portent à présent leurs fruits empoisonnés au point que même la remise en marche de toutes les centrales nucléaires n’épargnera pas aux Français de payer de façon exorbitante une énergie pourtant bon marché ; la lourdeur administrative, la bureaucratie galopante, l’absolu détachement aux réalités du pays des dirigeants français conduisent l’ensemble de l’industrie française à la ruine complète.

    Au-delà d’un numéro vert qu’on nous a pour le moment épargné (mais qui est probablement dans les cartons d’un de ces énarques en roue libre), le seul début de solution que cette bande de saboteurs (dont une partie est, il faut bien le dire, parfaitement idiote) parvient à émettre est la distribution grotesque de chèques divers et variés attachés à l’habituelle usine à gaz de conditions et de démarches : comme un lapin Duracell de la fiscalité délirante, l’État prélève de façon de plus en plus frénétique des taxes et impôts toujours plus lourds afin de financer la distribution de chèques toujours plus nombreux, en lieu et place de réduire ses dépenses et ses ponctions.

    Moyennant un peu d’enrobage rhétorique typique de la macronitude actuelle, l’année 2023 s’annonce donc être celle de la récession douce, la dépression amortie, du chômage apaisé et pour beaucoup, de la misère tranquille.

    Sur le web

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      Assurance-chômage: pendant les fêtes, l’Élysée ne fait pas de cadeaux

      news.movim.eu / Mediapart · Monday, 26 December, 2022 - 18:30


    Un projet de décret transmis aux partenaires sociaux la veille du réveillon de Noël prévoit, à la surprise générale, de durcir davantage les règles de l’assurance-chômage en réduisant de 40% la durée d’indemnisation si le taux de chômage passe sous les 6%. Une stratégie visant à préparer les esprits à un énième tour de vis, sur fond de désaccords au sommet de l’État.
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      C’est officiel, la réforme de l’assurance-chômage a fait beaucoup de perdants

      news.movim.eu / Mediapart · Thursday, 22 December, 2022 - 17:28


    Selon le bilan de l’Unédic, enfin rendu public, les coupes dans les droits des demandeurs d’emploi ont abouti à une baisse moyenne de 16% des allocations versées, et à un recul jamais atteint du nombre de chômeurs indemnisés. Et la prochaine réforme aggravera la situation.
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      Travail : la grande évasion

      Pierre Robert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 6 December, 2022 - 04:30 · 7 minutes

    La notion de « fuite devant la monnaie » est familière aux économistes.

    Celle de « fuite devant le travail » pourrait bientôt s’imposer dans le champ de leur réflexion au vu de la situation de pénurie de main-d’œuvre observée dans de nombreux secteurs et de l’émergence de comportements sociaux dévalorisant l’effort.

    Cherche conducteur de tramway désespérément

    On sait que l’hôtellerie et la restauration peinent à attirer des candidats . Mais on observe aussi des difficultés aiguës de recrutement de professeurs, de soignants, de soudeurs, d’électriciens, de plombiers, de menuisiers et même de conducteurs de transport en commun que les opérateurs ont de plus en plus de mal à trouver .

    On en est arrivé au point où une compagnie comme Keolis, une filiale de la SNCF, est réduite à embaucher des étudiants et des jeunes retraités pour conduire ses tramways en Île-de-France. Dans une annonce parue sur son site le 22 novembre dernier elle propose des contrats à durée indéterminée à temps partiel pour transporter les passagers sur la ligne T9 qui relie Paris à Orly.

    Outre ses offres de primes et de treizième mois, l’entreprise s’engage formellement à trouver l’« organisation de travail la mieux adaptée (aux) contraintes personnelles » des nouvelles recrues, une promesse tout à fait en phase avec l’esprit du temps. Comme le montrent de nombreuses enquêtes internationales reprises par l’ASMP, dans leur grande majorité les salariés français attendent énormément de leur travail sans être toujours disposés à donner beaucoup en échange. C’est ce que confirment les résultats d’une enquête récente menée par la fondation Jean Jaurès.

    Génération flagada

    Publiée le 21 novembre dernier, elle s’intitule « Les jeunes et l’entreprise : quatre enseignements . »

    Selon son auteur, Jérémie Peltier, la crise sanitaire a marqué un tournant, « un moment d’interrogation sur le travail, sur la qualité de vie au travail, sur la place du travail dans la vie des individus. Il y a eu comme une relativisation de la place du travail dans la vie des jeunes. Il est moins statutaire, moins identitaire. Il y a une dimension sacrificielle qui existe beaucoup moins qu’avant ».

    Il est en effet frappant de constater que pour la majorité des 18-24 ans (certains encore étudiants, d’autres ayant un emploi), l’entreprise est avant tout « un lieu du vivre ensemble », une entité ayant pour mission de s’engager dans la défense de la planète , un outil pour faire avancer certaines causes (égalité homme/femme, lutte contre les discriminations)

    Pour 40 % d’entre eux le rôle principal d’une entreprise est de favoriser l’épanouissement de ses membres, c’est-à-dire de leur donner les moyens « d’acquérir la plénitude de leurs facultés intellectuelles et physiques » tout en leur permettant de mener une vie de famille épanouie.

    La valeur qui leur donne le plus envie de rejoindre un employeur est dans 57 % des cas « le respect ». Si leurs valeurs personnelles ne sont pas respectées, nombre d’entre eux croient dans les vertus du quiet quitting , attitude consistant à systématiquement en faire le moins possible. Manifestement les positions de David Graeber estimant que 80 % des emplois sont des bullshit jobs n’ayant aucun sens ont cheminé dans les esprits. Cela n’empêche nullement les sondés de déclarer que leur principale attente vis-à-vis de leur employeur est d’être bien payé.

    À l’évidence, il leur échappe qu’une entreprise est avant tout un lieu de production de biens et de services, que comme toute organisation elle impose des contraintes à ses membres et qu’un travail hautement productif est la condition sine qua non de la prospérité. Voyant dans l’entreprise un outil de développement personnel, il est logique qu’ils critiquent leurs ainés en estimant qu’ils ont beaucoup trop sacrifié leur vie privée à leur vie professionnelle. C’est pourtant au travail des générations passées qu’ils doivent les conditions matérielles d’une existence bien plus douce qu’autrefois.

    La France, une URSS qui aurait réussi ?

    On peut raisonnablement faire l’hypothèse que ces attitudes et ces comportements ne sont pas sans lien avec le degré très élevé de socialisation de notre économie : très faibles coûts des études universitaires, gratuité de nombreux services publics, omniprésence de l’État providence, multiplicité des aides et des revenus sociaux.

    Dans ce contexte la France se rapproche désormais dangereusement d’une situation à la soviétique où les gens ne sont plus motivés à travailler.

    Dans la défunte URSS où chacun était autoritairement affecté à un emploi, le chômage était inexistant.  Mais en l’absence de motivation au travail et d’innovation, les gains de productivité étaient très faibles et le pouvoir d’achat stagnait à un très bas niveau dans un contexte de pénurie généralisée. Ce cercle vicieux nous menace aujourd’hui, à l’heure où le rêve d’un pays sans usine tourne au cauchemar. Il y a une quarantaine d’année nos élites ont de fait enclenché une série de décisions qui nous ont conduit là où nous sommes arrivés, un pays déserté par l’industrie et peuplé de personnes allergiques au travail, un pays autrefois sûr de lui mais aujourd’hui surendetté.

    La pénurie d’électricité qui nous menace de coupures à répétition cet hiver est un symptôme de plus de cette évolution funeste. Si le parc nucléaire dont nous avons hérité du travail et des impôts des générations précédentes est dans un si lamentable état, c’est le fruit d’une politique énergétique délibérée. L’industrie nucléaire où nos entreprises ont jadis brillé a été jugée à l’aune de critères politiques et moraux biaisés : trop centralisée, trop polluante, trop dangereuse, il fallait impérativement réduire son emprise. Aujourd’hui nos centrales fonctionnent à la moitié de leur potentiel. Pour les remettre en état il faut faire appel à des soudeurs étrangers en grande partie américains car nous avons négligé de former le personnel compétent.

    En misant tout sur les services et la création d’emplois tertiaires, en accablant l’industrie de taxes trop lourdes et de normes environnementales trop contraignantes, on l’a laissé filer à l’étranger. Exit donc l’industrie qui pue, qui pollue, qui est mauvaise pour la planète, cette entité mystérieuse dont il faut aveuglément « prendre soin ».

    En revanche, la finance a prospéré enrichissant au passage tant de nos anciens hauts fonctionnaires passés avec armes, bagages et pantoufles dans le privé. Cette caste a donné un très mauvais exemple en cumulant de très hautes rémunérations, des parachutes dorés, des retraites chapeaux et autres moyens d’enrichissement rapide. Après des décennies d’économie dirigée, ce qui a émergé de cette fusion entre la haute administration et les milieux d’affaires c’est un capitalisme de connivence pas si lointain de celui qui s’est imposé en Russie dans l’ère post soviétique.

    Le grand public a retenu que le travail n’était pas le meilleur moyen d’améliorer sa condition, que l’idéal était de trouver un moyen de faire fortune très vite et très jeune et que si on n’y parvenait pas il restait le loto.

    Une apathie dangereuse

    La population active se compose aujourd’hui en majorité de personnes du tertiaire effectuant si possible en télétravail des tâches de plus en plus dématérialisées. Dans cet environnement, elles tendent à perdre le contact avec les réalités économiques de base, d’autant plus que l’enseignement d’économie qu’ils ont pu recevoir a été le plus souvent indigent . Cela les incline à croire dans les vertus de l’argent magique et dans la toute-puissance de l’État pour les protéger en dernier ressort.

    Si on se tourne vers le passé, la chute de l’ex-URSS devrait pourtant leur donner toutes les raisons d’en douter. Une économie qui ne fait pas de gains de productivité et dont la production n’est pas compétitive est vouée à s’effondrer.

    Si on se tourne vers l’avenir, le tableau n’est pas plus rassurant.

    Comme souvent, une œuvre de science-fiction permet de s’en faire une idée. Dans Zardoz , un film de 1973, John Boorman met en scène une société d’individus vivant éternellement jeunes dans un univers où ils sont protégés de tout et même de la mort grâce à une intelligence artificielle. Mais, avec le temps, ils ont fini par sombrer dans l’apathie et leur bulle est détruite par des brutes venues du monde extérieur.

    Pendant que nous nous querellons pour savoir s’il faut ou non travailler plus longtemps ou constitutionnaliser l’IVG , la Chine s’arme massivement, les États-Unis se réindustrialisent à grande vitesse en utilisant tous les leviers de leur hégémonie et la Russie post-soviétique envahit ses voisins…

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      Maroc : le marketing au service des jeunes diplômés contre le chômage

      Kaoutar Zaidane · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 1 December, 2022 - 03:40 · 4 minutes

    Selon le Haut-Commissariat au plan marocain, « entre le troisième trimestre de 2021 et celui de 2022, avec une création de 136 000 postes en milieu urbain et une perte de 194 000 en milieu rural, l’économie nationale a perdu 58 000 postes d’emploi au niveau  national » et le taux de chômage a atteint au troisième trimestre de l’année 2021 12,3 % au niveau national,

    Effrayant et réel, les jeunes Marocains ont du mal à décrocher un emploi. Chaque entreprise publique ou privée voulant conjuguer croissance et bénéfice passant par la conception d’offres de produits (ou services) en fonction des attentes des consommateurs doit impérativement commencer par des études de marchés pointues lui permettant de mieux cerner le besoin des consommateurs potentiels.

    Découper le marché en des groupes homogènes sur la base d’un ensemble de critères (sociodémographiques, psychologiques, comportementaux…) est la deuxième étape connue sous l’appellation de segmentation. Cette dernière ouvre le bal pour le ciblage qui consiste à choisir le ou les segments sur lesquels l’entreprise sera la plus compétitive, pour enfin déterminer sa position dans l’esprit des consommateurs, choisir un positionnement adéquat à la vision stratégique de l’entreprise.

    La phase de réflexion vient d’être achevée et l’entreprise devra passer à l’action.

    Le marketing mix (ou 4P) devra prendre place : l’organisation détermine les caractéristiques spécifiques du produit (ou service) offert, tranche pour le prix, choisit la politique de communication la plus adaptée à la nature de l’offre et enfin distribue son produit pour une meilleure couverture du marché.

    Nous avons maintenant un aperçu de la démarche suivie par les entreprises avant de voir le jour et lancer des appels de recrutement.

    Fraîchement diplômé ? Vous n’arrêterez pas d’entendre la fameuse question :

    « Khdmti wla mazal ? » (as-tu trouvé un poste ou pas encore ?)

    Et si vous répondez par non, la société vous aide à trouver des excuses : nous sommes en pleine crise ;  les offres d’emploi sont limitées ; si vous n’avez pas de piston vous n’obtiendrez jamais d’un job digne de votre niveau académique et intellectuel.

    Vous confirmez ? Secouez-vous et pensez-y encore une fois. Vous êtes capables d’être parmi les meilleurs. Vous saurez décrocher l’une des offres d’emploi plus en plus nombreuses. Vous devriez vous convaincre que si vous ne trouvez pas un emploi ce n’est pas intégralement à cause de la crise financière mais plutôt à celle des profils.

    Êtes-vous déjà remis en question ? Avez-vous une idée claire sur ce que vous voulez réellement ? En avez-vous les acquis demandés ?

    Que font les entreprises pour vous faire une place sur le marché ?

    Ne croyez-vous pas que je, vous, ils, sommes des produits (compétences) à vendre ? Nous nous vendons à une entreprise ayant des attentes et besoins spécifiques que nous devrions satisfaire (vous êtes la solution).

    Propulsons les étapes du marketing dans notre quête d’ emploi . Vous verrez, c’est magique mais vous trouverez que c’est efficace.

    Vous ne pouvez pas être recruté sans avoir exploré les tendances du marché de l’emploi, les entreprises opérant dans le secteur de votre spécialité, les évolutions du métier recherché…

    L’évidence dit qu’il faut commencer par une étude de marché. Puis il faut que vous découpiez l’ensemble de ces entreprises en petits groupes en prenant par exemple le domaine d’activité, le chiffre d’affaires, la présence à l’international comme critères de  segmentation. Vous avez maintenant une vision de plus en plus claire de là où vous voulez travailler, il faut donc cibler les entreprises qui vous font le plus vibrer. En dernier lieu, de cette phase invisible, vous devriez déterminer la position que vous voulez détenir dans l’esprit de votre recruteur (par exemple je veux qu’il pense à moi à chaque fois qu’il évoque le dynamisme).

    Vous êtes désormais prêts à passer à l’action. Vous avez entre les mains toutes les données permettant d’intégrer le monde de l’entreprise.

    Comme évoqué plus haut tout en restant fidèle à la démarche marketing suivie par les entreprises, il faut parler du mix marketing. Il s’agit d’abord du produit qui est vous-même : vous devriez donc vous connaître avant de vous vendre. Se remettre en question, connaître ses points forts, ses lacunes, ses ambitions ainsi que son projet professionnel, tel est la clé du succès dans sa quête de travail.

    Vous devriez en suite connaître votre propre valeur et réussir à négocier votre salaire qui constituera votre prix sur le marché de l’emploi.

    Personne ne peut nier qu’actuellement, le monde est connecté à internet et nous avons tous au moins un compte sur les réseaux sociaux. Il faut en profiter et se faire une e-notoriété qui incitera les entreprises à vous contacter. Faites-vous de la publicité en répondant présent sur les sites d’embauche (Rekrute.ma, dreamjob.com… la liste est longue)

    Enfin soyez mobiles et distribuez-vous partout, soyez prêts à vous être disponibles pour toute proposition d’entretien ; ceci vous aidera à vous y habituer et à vaincre votre stress.

    Je conclue mon article en attirant votre attention sur le fait que si vous vous organisez et que vous suiviez ces étapes vous aurez toujours votre piston sur vous, c’est désormais vous. Je vous souhaite à tous bonne chance.

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      Les 6 causes du chômage

      Jacques Garello · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 6 November, 2022 - 03:40 · 2 minutes

    Par Jacques Garello

    Même si le mois de septembre a enregistré une baisse importante du taux de chômage, ce qui a enthousiasmé les médias et le gouvernement, le chômage reste un problème endémique pour la France et un échec de la politique menée par François Hollande : depuis son élection en mai 2012, le ministère du Travail a recensé 617 000 chômeurs supplémentaires en catégorie A.

    Alors qu’approche l’année électorale 2017, la question du chômage, qu’il monte ou qu’il baisse selon les catégories dont on parle ou qu’on ignore , sera primordiale dans les choix des électeurs. On ne peut plus faire l’économie de regarder en face quelles sont les causes réelles de ce drame si corrosif pour la société.

    Nous avons expliqué l’importance du chômage depuis des années dans cette rubrique de conjoncture, au risque de lasser nos lecteurs.

    Ce que nous proposons aujourd’hui est de hiérarchiser les causes, compte tenu des enseignements de la science économique, ignorée bien sûr de quelques Nobel comme Stiglitz ou Krugman.

    1. La fiscalité personnelle progressive

    Elle attaque ceux qui réussissent. Les contribuables arbitrent donc en faveur du loisir et réduisent leur activité.

    La reaganomics s’est inspirée de cette réalité. L’ effet Laffer montre que la baisse de la progressivité accroît les recettes fiscales : les gens se mettent à travailler dès que ce n’est plus pour le fisc.

    2. Le SMIC

    Surtout quand il est proche du SMIC médian, il frappe par priorité les juniors et les seniors, en fermant la porte de l’emploi à ceux qui n’ont pas encore ou déjà plus une qualification élevée.

    Plus généralement, le SMIC rend le travail qualifié meilleur marché et dissuade celui qui a un emploi peu qualifié d’améliorer sa qualification. Il devient plus vulnérable au chômage.

    3. La rigidité du marché du travail

    Elle est due aux législations et à l’action syndicale.

    Les petits boulots sont interdits et la précarité est prohibée.

    4. La fiscalité des entreprises

    Cette fiscalité dissuasive empêche les entreprises d’investir, mais aussi tous les investisseurs potentiels.

    5. Le poids des charges sociales

    Ce poids excessif réduit la compétitivité des entreprises, comme la fiscalité, et il pénalise particulièrement les systèmes d’assurance-maladie et de retraites fondés sur la seule répartition.

    Avec une logique assurancielle et une capitalisation le poids diminue.

    6. Le malinvestissement

    L’État confisque l’épargne pour choisir des investissements non rentables, les projets rentables disparaissent faute de financement. Le malinvestissement se produit également en cas de politique monétaire laxiste, l’accès au crédit étant possible pour des emprunteurs insolvables, et l’inflation permettant d’éponger les dettes.

    Cher François Hollande, vous avez trois mois pour suivre ce régime : si vous réussissez, nous voterons pour vous. Mais serez-vous candidat ?

    Article publié initialement le 27 octobre 2016 .


    Sur le web .

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      Hausses des taux : les banques centrales jouent avec le feu

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Wednesday, 2 November, 2022 - 07:07 · 17 minutes

    Prises de court par l’inflation, les banques centrales américaine (Fed) et européenne (BCE) augmentent leurs taux d’intérêt de manière effrénée, dans l’espoir d’endiguer l’emballement des prix. Le but assumé est de provoquer une hausse du chômage et une baisse des salaires, comme l’a reconnu le président de la Fed, Jerome Powell. Au risque de plonger l’économie mondiale en récession sans parvenir à casser la hausse des prix. Tout semble en effet indiquer que le relèvement des taux ne pourra pas agir directement sur l’inflation, dont les causes se situent du côté d’un resserrement de l’offre plus que d’un excès de demande. L’ONU et Wall Street semblent désormais considérer que l’entêtement des banquiers centraux fait peser un grave risque sur l’économie mondiale.

    Le 21 septembre 2022, la Federal Reserve (Fed) a augmenté son principal taux directeur de 75 points de base. Il s’agissait de la 7e hausse en moins d’un an, faisant passer progressivement le taux directeur de 0.25 à 3.25 %. Un niveau jamais atteint depuis 2007. Il est désormais question d’une hausse identique au mois de novembre . Au-delà du chiffre, c’est la vitesse d’augmentation qui surprend. La Fed a justifié cette nouvelle politique de contraction monétaire par la nécessité de contrôler l’inflation, qui ne montre aucun signe de ralentissement aux États-Unis. Publiés le 13 octobre, les chiffres de septembre marquent une hausse de 0.4 % de l’indice des prix, soit une augmentation de 8.2% par rapport au mois de septembre 2021.

    Suivant la Fed, la Banque centrale européenne (BCE) a également entrepris une politique de hausse des taux excédant les prévisions des marchés en augmentant son taux directeur de 75 points au mois de septembre, puis d’autant le 27 octobre, contre l’avis de la France et l’Italie. Le Financial Times relevait ainsi une tendance globale à la hausse des taux observée sur 20 des principales banques centrales. Avec deux caractéristiques importantes : la vitesse inédite des hausses de taux, et la détermination des banquiers centraux à continuer dans cette voie aussi longtemps que nécessaire.

    Le choix du chômage

    Pour comprendre pourquoi la Fed augmente ses taux aussi drastiquement, il faut revenir aux fondamentaux des modèles économiques qui pilotent son action. Le principe de base de sa politique monétaire (lire notre article Inflation, aux origines de la doxa néolibérale ) repose sur la présomption d’un lien étroit entre le taux de chômage et l’inflation. Selon cette théorie, lorsque le taux de chômage est élevé, les entreprises peuvent baisser les salaires (ou contenir les augmentations), ce qui réduit le revenu disponible des ménages, donc la consommation et in fine les pressions inflationnistes sur les prix. Inversement, lorsque le taux de chômage est faible, les salariés sont en mesure d’arracher de meilleurs salaires tandis que les entreprises doivent offrir des rémunérations plus élevées pour recruter. Le revenu des ménages augmente, la consommation progresse et les prix s’ajustent à la hausse. Il existerait ainsi un taux de chômage d’équilibre, appelé NAIRU (Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment) permettant de maintenir une inflation basse et une croissance économique décente. En temps normal, les banques centrales tendent à ajuster leurs taux directeurs pour essayer de maintenir le chômage à un niveau proche du « NAIRU ». Ce qui est particulièrement vrai pour la Fed, dont les prérogatives ne se limitent pas à « garantir la stabilité des prix » (comme la BCE, qui doit cibler un taux d’inflation de 2%) mais également « maintenir le plein emploi » et « modérer les taux d’intérêt à long terme ». Selon ses modèles économiques, des taux élevés pénalisent le crédit et l’investissement, ce qui provoque un ralentissement économique et une hausse du chômage. Inversement, des taux bas doivent faciliter l’accès au crédit, l’investissement, la consommation, et donc l’emploi.

    Jerome Powell, le président de la Fed, a explicitement reconnu que sa politique allait conduire à « une période prolongée de croissance en dessous des tendances normales » et à « un relâchement du marché du travail » – c’est-à-dire une récession et des vagues de licenciements massifs.

    Concrètement, cette théorie implique qu’une politique monétaire visant à réduire l’inflation doit nécessairement provoquer une hausse du chômage. Jerome Powell, le président de la Fed, l’a explicitement reconnu en déclarant que sa politique de hausse des taux allait conduire à « une période prolongée de croissance en dessous des tendances normales » et à « un relâchement du marché du travail » – c’est-à-dire un ralentissement économique pouvant déboucher sur une récession et des vagues de licenciements massifs. La Fed a ainsi indiqué viser un taux de chômage de 4.4% à la fin de l’année, soit un point au-dessus du taux actuel et 1.2 million de chômeurs supplémentaires. Ces chiffres masquent une réalité sociale plus dramatique, faite de baisse des salaires réels et de précarisation accrue, en plus du million d’emplois détruits.

    La décision assumée de provoquer une hausse du chômage pourrait se justifier – dans une certaine mesure – si elle était véritablement un mal nécessaire : une petite part de la population perdrait son emploi et certaines entreprises feraient faillite, mais l’ensemble de la société retrouveraient du pouvoir d’achat et de la stabilité financière.

    En temps normal, un tel « compromis » parait difficile à vendre à l’opinion, comme le reconnaissait Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du FMI et macro-économiste influant, lorsqu’il évoquait « la difficulté d’expliquer à un travailleur qu’il est nécessaire qu’il perde son emploi pour lutter contre l’inflation ». A choisir, un travailleur préfère généralement conserver son salaire, quitte à le voir rogné de 8% par l’inflation, que de perdre son emploi. Or, si la récession semble désormais inévitable, rien ne permet d’assurer qu’elle débouchera sur une baisse de l’inflation. Les travailleurs du monde entier pourraient ainsi se retrouver avec la peste et le choléra : une crise économique avec tout ce que cela implique et une inflation persistante.

    La hausse des taux ne garantit pas la baisse de l’inflation

    Interrogé par la sénatrice démocrate Elizabeth Warren lors d’une audition sous serment devant le Sénat des États-Unis, le président de la Fed avait reconnu que sa politique de hausse des taux n’aurait pas d’impact sur la hausse du prix de l’énergie et des produits alimentaires de base. Et pour cause : ces biens de consommation courante présentent ce que les économistes appellent une demande « inélastique ». En clair, il s’agit de consommation contrainte. Quel que soit le prix, le consommateur peut difficilement arrêter de faire le plein d’essence, de se chauffer ou de se nourrir. Powell a également été forcé d’accorder le point à Elizabeth Warren lorsque cette dernière lui a fait remarquer que les tensions sur les chaines d’approvisionnement n’allaient pas disparaître avec la hausse des taux. En effet, on voit mal comment les pénuries de composants électroniques qui ralentissent la production de certains produits manufacturés pourraient disparaître suite à une baisse de la demande qui résulterait d’un ralentissement économique provoqué par la hausse des taux.

    Powell avait alors admis que sa politique visait à « assouplir le marché de l’emploi », c’est-à-dire éviter une boucle inflationniste prix-salaires qui verrait l’inflation produire une hausse des salaires venant alimenter la hausse générale des prix.

    Mais la théorie économique du « Nairu » sur laquelle semblent reposer ses craintes n’est plus valide depuis des années déjà, comme le notait le Nobel d’économie Paul Krugman. En 2019 Jerome Powell l’avait d’ailleurs admis lors d’une autre audition au Congrès, face à l’élue socialiste Alexandria Ocasio-Cortès . Avant 2020, les faibles taux de chômage constatés aux États-Unis, en Allemagne, au Japon et en Grande-Bretagne n’avaient pas provoqué d’inflation notable, malgré les politiques monétaires par ailleurs expansionnistes des banques centrales respectives. Les milliers de milliards créés par les banques centrales sont en effet restés dans la sphère financière, où une inflation de la valeur des actions a effectivement été constaté. Par ailleurs, les faibles niveaux de chômage dans les pays cités plus haut masquaient une plus grande précarisation de l’emploi et l’explosion des temps partiels (hors Japon). De plus, en Europe comme aux États-Unis, le taux de syndicalisation est au plus bas. Malgré le retour de l’inflation, le rapport de force capital-travail reste donc défavorable aux travailleurs, ce qui rend l’apparition de boucles prix-salaires résultant d’un vaste mouvement social peu probable. On l’a vu en France récemment, où malgré un énorme levier de négociation, les raffineurs ont été contraints d’accepter des hausses de salaire inférieures à l’inflation face à des entreprises pétrolières réalisant pourtant des profits records.

    Si les rémunérations augmentent aux États-Unis, c’est avant tout du fait de la politique volontariste de Joe Biden et de mouvements sociaux isolés et non-coordonnées à l’échelle nationale. Ces hausses restent modestes, très inférieures à la hausse du taux de profit des entreprises et en dessous de l’inflation . Du reste, lorsqu’on observe les tendances à l’échelle mondiale, l’existence de boucle prix-salaire ne s’observe que marginalement dans certains pays.

    Plus de la moitié de l’inflation observée outre-Atlantique proviendrait de la hausse des marges des entreprises.

    À l’inverse, il est de plus en plus communément admis que l’inflation actuelle provient d’abord des pénuries d’offre provoquées par la reprise post-covid mal anticipée par les producteurs, les tensions sur les chaînes d’approvisionnements, la guerre en Ukraine, les aléas climatiques et une stratégie assumée de la part de nombreuses entreprises de profiter de la crise pour accroitre leurs marges en augmentant leurs prix. Aux États-Unis en particulier, on ne compte plus les exemples de PDG admettant publiquement que l’inflation leur fournit une excuse rêvée pour augmenter leur prix. Plus de la moitié de l’inflation observée outre-Atlantique proviendrait ainsi de la hausse des marges des entreprises . Un récent éditorial du Financial Times exhorte d’ailleurs la Fed à admettre cette réalité plutôt qu’à poursuivre vainement des hausses de taux.

    Tous ces éléments pointent vers une inflation causée par des tensions sur l’offre, la demande n’excédant pas les tendances observées avant le covid. Ce qui implique que les hausses des taux de la Fed ne puissent agir que très indirectement sur l’inflation, et vraisemblablement au prix d’une récession sévère.

    Le risque d’une grave récession inquiète les places financières

    Le débat qui anime les places financières porte essentiellement sur la vitesse d’augmentation des taux et la capacité de la Fed à ralentir l’économie sans provoquer trop de dégâts. Powell parle ainsi de « soft landing » (atterrissage en douceur), sans convaincre les marchés financiers, de plus en plus critiques. Comme le notait le magazine Jacobin , Citigroup et Moody’s estiment désormais qu’une récession est l’issue la plus probable. La banque UBS jugeait « particulièrement notable que la Fed admette le risque d’une récession ». Devant le Congrès, les patrons des principales banques ont alerté à ce propos, Jamie Dimond (JP Morgan) déclarant « ces hausses de taux vont assurément provoquer une récession et une hausse du chômage ». Le fonds d’investissement Blackrock jugeait les projections de le la Fed trop optimistes, tout en critiquant une stratégie qualifiée « d’arbitrage brutal » entre prix et salaires qui va « provoquer une large récession ». Surtout, Blackrock ne voit pas en quoi la hausse des taux va contenir l’inflation, qu’il considère provenir d’un problème d’offre.

    Pour Wall Street, il s’agit de prévenir leurs clients qu’une forte dépréciation des actifs financiers est à l’horizon, si la Fed poursuit dans la même voie. Et cette préoccupation va au-delà des simples marchés boursiers. La Banque Mondiale s’inquiétait du fait que « les banques centrales vont sacrifier leur économie à la récession pour contrôler l’inflation ». Les Nations Unies ont alerté sur le fait que les politiques monétaires risquaient « d’infliger des dégâts supérieurs à la crise financière de 2008 et à la pandémie de covid-19 de 2020 ».

    Aux États-Unis, le taux d’emprunt immobilier moyen s’établit désormais à plus de 7,5%, contre 3% en 2021. Soit le plus haut taux en 22 ans, qui provoque de sérieuses craintes d’un retournement du marché immobilier, la demande s’effondrant face à l’inaccessibilité du crédit. Or, une chute brutale de ce secteur pourrait avoir des retombées économiques et financières dramatiques. Tout cela pour des résultats qui se font attendre sur le front de l’inflation.

    Les Nations Unies ont alerté sur le fait que les politiques monétaires risquaient « d’infliger des dégâts supérieurs à la crise financière de 2008 et à la pandémie de covid-19 de 2020 ».

    En septembre, l’indice des prix américains a augmenté de 0,4% par rapport au mois d’août, alors que le marché du travail résistait, tout en ralentissant son rythme de créations d’emplois. Mais si l’économie américaine semble supporter les hausses de taux (à l’exception du marché immobilier), la politique de la Fed impacte déjà négativement le reste du monde.

    En effet, ses hausses de taux provoquent une appréciation spectaculaire du dollar face aux autres monnaies. Ceci s’explique autant par l’attractivité des bons du trésor fédéral que par la confiance accrue dans l’économie américaine, qui semble plus capable de faire face à la conjoncture économique en tant que pays exportateur net de matières premières et énergie (pétrole, gaz, céréales,…). Si l’appréciation du dollar permet aux Américains de réduire le prix des biens importés tout en profitant davantage de leur manne gazière et pétrolière, pour le reste du monde, les effets sont problématiques. Le dollar demeure la monnaie d’échange internationale. Ainsi, la chute de 20% de l’euro augmente mécaniquement le prix du pétrole de 20%, avant même de prendre en compte la hausse de ce dernier. La livre sterling a également perdu plus de 20% de sa valeur face au dollar. Autrement dit, la FED est en train d’exporter l’inflation à tous les autres pays, développés comme émergents.

    Pour limiter cet effet, les autres banques centrales ont emboité le pas à la Fed, augmentant leurs taux – entre autres – pour défendre leur monnaie. Au risque de provoquer à leur tour une récession dans leurs pays respectifs, sans parvenir à juguler l’inflation. Le 27 octobre, Christine Lagarde a reconnu que « l’économie de la zone euro va vraisemblablement ralentir de façon significative au troisième trimestre (…) la récession se profile à l’horizon ». Elle a pourtant justifié une nouvelle hausse des taux de 75 points de base en affirmant qu’un « ralentissement de la demande permettra de faire diminuer l’inflation et la pression sur les prix, notamment de l’énergie ». Des déclarations qui tiennent de la méthode Coué, la BCE ayant par ailleurs admis que l’inflation ne provenait pas d’un emballement de l’économie ou des salaires, mais des prix de l’énergie et de l’alimentation, dont elle prévoit une poursuite de l’augmentation. Comme pour la FED, la Banque centrale européenne admet qu’elle n’a pas de prise directe sur l’inflation tout en assumant prendre le risque de pousser l’économie vers la récession.

    Cette politique monétaire établit un précédent historique inquiétant : jamais une banque centrale n’avait encore renoncé à soutenir ses États membres en période de guerre. Or, le conflit qui oppose objectivement l’UE à la Russie s’ajoute à de nombreuses autres crises nécessitant un soutien monétaire. Citons la crise climatique, une récession déjà actée en Allemagne et l’envolée des prix de l’énergie qui menace le tissu industriel européen. Les États de l’Eurozone vont pourtant devoir financer leur effort de guerre via les marchés financiers, à des taux en hausse du fait de la politique monétaire de la BCE, qui demande par ailleurs aux États d’engager des efforts de désendettement. Tous les ingrédients sont réunis pour provoquer une violente récession.

    De plus, l’augmentation des taux va réduire la capacité du secteur privé et des États à investir dans les domaines indispensables que sont la transition énergétique, l’adaptation au changement climatique et les infrastructures. L’augmentation de la charge de la dette va également réduire les marges de manœuvre des États et collectivités locales en matière de politiques sociales, voire nécessiter des coupes budgétaires drastiques dans les services publics et la protection sociale. La France est d’autant plus exposée que le gouvernement Macron a émis des obligations indexées sur l’inflation, une décision incompréhensible, sauf à vouloir vider le trésor public pour enrichir les investisseurs privés, comme l’a implicitement admis Bruno Le Maire face au Parlement .

    Une attitude incompréhensible, à moins de l’analyser comme une politique de classe.

    Aux États-Unis, l’action de la Fed peut s’analyser comme un effort visant à protéger les détenteurs de capitaux de l’inflation, tout en brisant la capacité du mouvement ouvrier et syndical à obtenir de meilleures conditions de travail. Les mouvements de grèves et de syndicalisation, encore timides et cantonnés à certaines grandes entreprises et secteurs industriels (fret ferroviaire, transport routier, Amazon, Starbucks…) ont déjà provoqué une réaction violente du patronat . Et les commentaires de Jerome Powell sur l’importance d’assouplir le marché du travail sont suffisamment explicites. En juin, il avait estimé que le rapport de force capital/travail était « trop favorable aux travailleurs », confirmant que sa politique monétaire vise aussi à réduire les capacités de négociations des syndicats, et pas uniquement « faire baisser les salaires pour faire baisser l’inflation », comme il l’avait expliqué dès le mois de mai . Les économistes de la Fed estiment pourtant que la politique monétaire de Powell va provoquer une sévère récession, selon les révélations de The Intercept . Ce qui n’empêche pas Powell de poursuivre la hausse des taux. Du reste, la Fed est sujette à l’intense lobbying des grandes banques privées et syndicats patronaux, qui avaient dépensé des millions de dollars pour obtenir la nomination de Powell.

    Mais au-delà du réflexe de classe, qu’on retrouve également du côté de la BCE, l’autre explication de l’entêtement à augmenter les taux tiendrait dans le manque d’alternatives apparentes. À moins d’intervenir directement dans l’économie, en finançant des initiatives publiques visant à agir sur les causes profondes de l’inflation (investissement dans les infrastructures, dans la transition énergétique,…) et confrontées à l’inaction relative des gouvernements, les banques centrales s’en remettent à ce qu’elles savent faire de mieux : agir sur leur taux directeur. Parfois sans y croire, comme le notait le Financial Times . Le journal économique de référence rapportait que Isabel Schnabel, une des principales économistes de la BCE, estimait que les modèles de la Banque Centrale Européenne n’étaient plus valides et que la hausse des prix serait durable, malgré la hausse des taux.

    Se pencher sur d’autres modes d’action remettrait en cause le modèle néolibéral, et dans le cas de la BCE, la logique des traités européens. Quel que soit le bout par lequel on analyse le problème, il s’agit donc bien d’une politique de classe. L’inflation rogne les salaires et l’épargne. La hausse des taux permet de mieux rémunérer les capitaux tout en cassant le pouvoir de négociation des salariés et ainsi maintenir les salaires bas. Mais les conséquences de cette stratégie pourraient échapper au contrôle des banques centrales, en provoquant une grave récession à l’échelle mondiale, avec toute la souffrance que cela implique pour les classes laborieuses de par le monde.