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      Laissez-faire français : Condorcet (21)

      Benoit Malbranque · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 31 January, 2021 - 04:20

    Par Benoît Malbranque.

    Infatigable critique de l’intolérance, Nicolas de Condorcet était préparé à soutenir la liberté quand son ami Turgot accéda au Contrôle général des finances. Dès lors la carrière de Condorcet prend un tournant et il s’insère dans le débat économique, soutenant inlassablement les réformes libérales du nouveau ministre. Favorable à la concurrence, à la liberté du commerce, Condorcet réclamait aussi la suppression des corvées, des corporations, et la juste répartition des impôts…

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      « Si nous n’avions pas une petite place sur Amazon, nous serions morts »

      IREF Europe · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 11 November, 2020 - 04:00 · 7 minutes

    Par Frédéric Aimard.
    Un article de l’Iref-Europe

    Alexis, vous êtes gérant d’une librairie au Quartier latin. Êtes-vous content de la vaste campagne de soutien au secteur du livre sur internet et des mesures annoncées par le gouvernement en faveur des petites librairies ?

    Que voulez-vous que je vous dise ? Il y a quelques jours, je me suis surpris à penser du bien de plusieurs de nos ministres. J’ai trouvé Gérald Darmanin courageux d’aller à Tunis pour négocier le rapatriement des fichés S, et je me suis dit qu’on avait de la chance d’avoir une ministre de la Culture intelligente qui répondait enfin à une des plus vieilles revendications des librairies sur la question des tarifs postaux…

    Et puis ?

    Pour ce qui est du ministre de l’Intérieur je ne sais pas encore, mais si c’est du même tonneau que ce que Roselyne Bachelot a finalement décidé pour les librairies, ce sera encore un coup pour rien…

    Pourtant vous allez payer 0,01 euro pour poster un livre à vos clients !

    Pas nous, semble-t-il, seulement les petites librairies qui font l’essentiel de leur chiffre d’affaires dans le livre neuf… Et avec un système très administratif de remboursement… Nous sommes certes une très petite librairie, mais nous sommes spécialisés dans le commerce de livres d’occasion, ainsi que nos quatre confrères installés 500 mètres tout autour de nous.

    Nous sommes fermés dans un quartier déserté par ses habitants et ses étudiants. Nous essayons de faire de la vente par correspondance, et voilà que nos confrères du neuf ont un avantage et pas nous… Cela s’ajoute à bien des raisons d’énervement…

    Par exemple ?

    Nous avons tous reçu ces jours-ci le questionnaire de l’équipe municipale récemment réélue à Paris, qui nous demande lourdement (les questions sont tournées de telle manière que si on dit non, on apparaît comme un méchant) de nous prononcer en faveur du développement des boîtes d’échange de livres en libre-service sur le trottoir et de nous prononcer aussi pour la suppression de places de parking au bénéfice des vélos (alors que je ne fais jamais un déplacement sans au moins 4 ou 5 caisses de livres bien remplies dans mon coffre car, vu le prix du mètre carré à Paris, nos stocks sont évidemment en banlieue).


    Nous sommes fermés puisque c’est obligatoire et même si nous entrouvrons un peu pour faire du « clique et collecte », il n’y a personne dans les rues et notre clientèle n’est pas une clientèle de quartier, mais une clientèle qui vient (venait car c’était avant les samedis Gilets jaunes et les grèves des transports de décembre dernier) au Quartier latin pour acheter des livres. Donc oui, une mesure nous permettant d’alléger nos frais postaux aurait été utile.

    Mais nous en sommes exclus et la mesure annoncée relève du « C’est gratuit, c’est l’État qui paye » , c’est une mesure « socialiste », je veux dire démagogique, qui ne durera que peu de temps, le temps du confinement, le temps que la justice s’en mêle car c’est évidemment contraire à toutes les lois libérales et européennes de la concurrence.

    Vous êtes de toute manière condamné par la concurrence d’Amazon…

    C’est une question complexe. C’est surtout la Poste qui nous tue. Depuis des années, elle augmente ses tarifs publics sans proportion avec l’inflation pour compenser le fait que le courrier est en perte de vitesse. Je remarque par ailleurs qu’on la voit multiplier les investissements, un peu comme faisait Charbonnage de France lors de sa très coûteuse agonie.

    Des investissements qui tombent le plus souvent à plat, mal conçus, mal expliqués à des personnels bien souvent mal embouchés comme nous savons trop… En revanche, elle discute avec les gros expéditeurs, leur concède des tarifs négociés extrêmement favorables. Et elle est impitoyable avec les petits.

    C’est-à-dire ?

    Si vous voulez poster un livre au moindre prix de La Poste, du moins en France, il faut mettre le livre dans une enveloppe que vous timbrerez au tarif « Lettre verte », voire courrier urgent, c’est-à-dire normal. Il est possible d’envoyer du courrier assez lourd.

    En revanche le paquet ne doit pas faire plus de 3 cm de haut. Cela a été fait pour empêcher qu’on expédie des livres souvent plus épais. De toute manière c’est interdit de mettre un livre dans une enveloppe courrier. Un inspecteur des postes m’a téléphoné un jour pour me le rappeler.

    Le principe du secret de la correspondance interdit à la Poste de regarder ce qu’il y a dans l’enveloppe, mais comme la mécanisation s’accompagne d’un pourcentage non-négligeable d’enveloppes déchirées, vous pouvez vite vous retrouver en faute. Vous devez vous rabattre sur un tarif colis. Chacun le connaît.

    Cela va bien pour la grand-mère qui envoie une fois de temps en temps un cadeau ou autre chose, mais pour expédier chaque jour professionnellement des livres, c’est d’un prix déraisonnable. Pendant ce temps-là, les éditeurs qui ont beaucoup de services de presse par exemple, et les entreprises importantes de vente par correspondance, ont trouvé le moyen, avec La Poste (dont Amazon est un bon client) ou avec ses concurrents, de payer trois ou quatre fois moins cher que nous.

    C’est pourquoi quand Roselyne Bachelot avait annoncé un « tarif trois à quatre fois moins cher pour les petites librairies » , je m’étais pris à espérer un rétablissement d’une concurrence normale entre les gros et les petits. Eh bien ce n’est pas ça qui a été décidé et nous nous retrouvons gros Jean comme devant.

    Et Amazon ?

    Je vais vous décevoir, mais il y a deux parties dans Amazon. Celle des centres de logistique où les fournisseurs et les personnels sont traités encore plus durement que par les supermarchés, c’est dire.

    La voie leur a justement été montrée par les inventeurs de supermarchés qui trouvent maintenant leur maître… Mais il y a aussi une « Market Place », un espace de vente ouvert aux indépendants, également géré très durement, mais vers lequel les clients, qui sont de nature grégaire, vont de toute manière.

    Alors si nous n’avions pas une petite place sur Amazon, nous serions morts aujourd’hui car les services alternatifs sont boudés par les clients. C’est malheureux, mais c’est comme ça. Les gens ont pesté contre la disparition des petits commerçants. Ils pestent contre Amazon, mais c’est là que nos contemporains regardent et comparent tout et achètent.

    Ils photographient un livre dans notre vitrine, entrent pour nous demander si ce livre est bien, et puis ils le commandent sur Amazon… Nous ne sommes pas à la tête du gouvernement français, voire européen et nous n’y pouvons rien. La Chine a réagi en créant un contre-Amazon.

    Mais nous, à notre niveau, eh bien Amazon tolère encore que nous puissions travailler. Ce qui nous est de plus en plus interdit par les bonnes âmes qui nous gouvernent, nous taxent, nous réglementent… Alors Amazon, dans les circonstances présentes, il ne faut peut-être pas en dire trop de mal.

    Vous êtes désespéré ?

    Pas encore, parce qu’il y a quelques dizaines de clients qui se signalent par un soutien généreux et amical, parce qu’il y a encore des choses que seul un vrai libraire peut dire ou faire et que nous avons ici cette compétence rare. Merci, merci à tous ceux qui feront le moindre geste pour nous permettre de passer encore une fois un cap très difficile pour nous comme pour tant de Français aux limites extérieures du « gros système ».

    Sur le web

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      Néolibéralisme, le bouc émissaire bien commode

      Johan Rivalland · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 18 May, 2020 - 03:30 · 13 minutes

    néolibéralisme

    Par Johan Rivalland.

    Le penchant de l’homme à chercher des boucs émissaires responsables de ses malheurs était l’objet du célèbre ouvrage de René Girard intitulé Le bouc émissaire . Il semble bien qu’en ces temps troublés, un néologisme déjà très en vogue depuis un certain temps occupe plus que jamais ce rôle bien commode et rédempteur.

    Il n’est plus un journal, un magazine, une émission radiophonique ou télévisuelle, un ouvrage à la mode, un discours public ou privé, qui ne nous serve à l’heure actuelle des analyses très vagues et très conventionnelles (mais qui se veulent originales) sur ce mystérieux mal qui nous ronge et qui a pour nom « néolibéralisme ». Ne me demandez pas de le définir, je ne sais pas ce que c’est.

    Pas plus que ne le savent vraiment ceux qui le dénoncent , puisqu’à son sujet ils sortent souvent des propos incohérents ou contradictoires qui montrent qu’ils se font leur propre idée du mal en question, en étant tantôt dans le domaine du fantasme, tantôt dans l’erreur la plus manifeste.

    Chacun peut d’ailleurs mettre ce qu’il veut derrière ce mot, c’est ce que l’on constate en écoutant ou lisant les propos des uns et des autres sur tous les côtés de l’échiquier politique ou dans la large palette des « intellectuels ».

    Nous voici presque revenus aux temps mythiques de la chasse aux sorcières. À quand les procès ? À quand les condamnations en bonne et due forme ? À quand les interdits ? (cela a déjà plus que largement commencé).

    Dix-septième volet de notre série « Ce que le libéralisme n’est pas ».

    Un leurre bien commode

    « Le monde va mal. Une pandémie l’a touché. Nous sommes pris au dépourvu. Tout va mal, tout s’écroule. Qu’a-t-il donc pu se produire ? D’où cela est-il venu ?

    – Le néolibéralisme, pardi !
    – Des morts plein les hôpitaux, plein les Ehpad, plein les demeures.
    – Le néolibéralisme.
    – Mais comment a-t-on donc pu ne pas voir venir ? Pourquoi n’avons-nous rien prévu ?
    – Le néolibéralisme.
    – Nous avions pourtant le meilleur système de santé au monde…
    – Le néolibéralisme.
    – Comment avons-nous pu laisser faire ? Comment en sommes-nous arrivés là ?
    – Le néolibéralisme.
    – Des riches toujours plus riches, des pauvres toujours plus pauvres, des hôpitaux sans moyens, un monde sans contrôle, une planète qui va disparaître, un effondrement total… (dépité) : et que sais-je encore ?
    – Le néolibéralisme, vous dis-je.
    – Mais que faire alors, docteur ?
    – Un seul remède : se couper du monde, mettre fin aux égoïsmes et à cette fichue société de consommation. Et promouvoir les solidarités, en lieu et place, en restaurant la paix, l’amour et la solidarité. Vivre d’amour et d’eau fraîche. Chanter la joie, la planète, les petits oiseaux et mettre fin à cette monstrueuse haine qui nous tue à petit feu.
    – Et quoi d’autre ?
    – Mettre fin à cette odieuse mondialisation.
    – Quoi encore, docteur
    S’unir contre cette hydre qu’est le néolibéralisme.

    Le fameux « monde d’après » contre le néolibéralisme

    Les adversaires du néolibéralisme sont légion, ils n’ont même jamais été aussi nombreux et font actuellement feu de tout bois. Les anaphores aussi ont le vent en poupe. Et en la matière, nous avons de grands champions , grands prophètes du désormais très prisé « monde d’après ». Nicolas Hulot égrène ainsi ses 100 préceptes, plus idylliques et exaltés les uns que les autres.

    Sans oublier ces indécents, insupportables et révoltants donneurs de leçons qui, telle une Juliette Binoche – pas à une contradiction près – vivent dans l’aisance, promeuvent les valeurs du luxe (tant que cela rapporte), mais entendraient priver ceux qui ont besoin de consommer. Tandis que d’autres encore – à l’image de notre chère petite Greta – prônent, là aussi pour les autres, ce qu’ils ne s’appliquent pas vraiment à eux-mêmes .

    Mais en matière d’anaphores, nous avons aussi ceux qui, sans cette fois-ci se réfugier derrière l’épouvantail de l’odieux néolibéralisme, s’en prennent plus directement au libéralisme lui-même. À l’image de Laurent Dandrieu, rédacteur en chef culture à Valeurs actuelles (un journal naguère d’esprit plutôt libéral, qui semble en être devenu en l’espace de trois ou quatre ans à peine, un adversaire farouche), qui écrit dans le numéro du 14 mai 2020 un article intitulé « Ne pas faire du libéralisme une vache sacrée ». Une longue litanie déclinée en « C’est bien au nom d’une logique libérale que… », avec pêle-mêle :

    – la mise en cause de la libre circulation des biens et des personnes (vivons confinés),

    – celle du non renouvellement des stocks de masques (bien sûr, la faute au libéralisme, cela va de soi),

    – la dépendance vis-à-vis de la Chine pour l’approvisionnement en masques à cause de la logique économique des coûts de production (le libéralisme, bien sûr, avec son amour entre autres des lourdes charges qui pèsent sur les entreprises, c’est bien connu…),

    – la renonciation à l’indépendance pharmaceutique de la France, qui a laissé aux mains de la Chine et de l’Inde la production de la quasi-totalité des médicaments, au risque de nous asphyxier en cas de conflit mondial (mais c’est bien sûr !),

    – l’abandon par la France de certains de ses fleurons industriels passés sous fleuron étranger (l’inverse, par contre, n’existe pas),

    – la privatisation envisagée par l’État (cherchez l’erreur) d’autres entreprises stratégiques telles ADP,

    – la folie (reprenant les formulations de notre cher Président, il y a peu encore qualifié de libéral ) de déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie à d’autres (halte à l’invasion, replions-nous !).

    Passons sur l’idée de « logique libérale », pour peu que le libéralisme soit doté d’une logique organisée, voire planificatrice, là où elle est plutôt – nous l’avons évoqué à de multiples reprises – une philosophie du droit et des libertés fondamentales. Il n’en reste pas moins que c’est bien de bouc émissaire qu’il s’agit ici. Comme si tous les problèmes évoqués avaient bien pour source commune et fondamentale le libéralisme.

    C’est pourquoi le même journal, dans un numéro spécial du Spectacle du monde, éditait un dossier intitulé « Coronavirus, le monde d’après », dossier entièrement à charge contre le néolibéralisme, la mondialisation libérale, l’idéologie mondialiste, les mécanismes qui ont affaibli l’État, l’individualisme, la soumission commerciale et le consumérisme. Des thèmes devenus chers aujourd’hui à ce journal de droite qui en a fait quelques-unes de ses cibles privilégiées.

    Aujourd’hui, en effet, plus rien ne distingue vraiment droite et gauche en la matière. Et tous s’accordent à rêver du fameux « monde d’après » .

    La course à l’étatisme

    Et pour cela, un seul remède, si l’on en revient à notre fameux docteur, sur le mode « Malade imaginaire » : l’argent (public) qui coule à flots. Là encore, nous sommes dans la surenchère. Droite et gauche confondues, chacun y va de ses propositions à qui mieux mieux. Il suffit de créer de l’argent en abondance … et même de la dette perpétuelle . Mais pourquoi diable n’y a-t-on pas pensé plus tôt ? (Jean-Luc Mélenchon, lui était un visionnaire, avec quelques-uns de ses amis).

    À gauche comme à droite, cela ressemble même à une véritable compétition , mettant en avant ceux qui se sentent une âme de hérauts. Un Julien Aubert, comme le montre bien Nathalie MP Meyer , ne fait-il pas ainsi partie de ceux qui « osent » dresser le bilan de la « mondialisation néolibérale » ? Oubliant le fait que l’on savait ce qui risquait fortement d’arriver mais qu’on ne l’avait pas anticipé dans les actes.

    Nonobstant qu’il est resté proche de ceux qui ont gouverné la France il y a peu encore (sans jamais s’être réclamés du libéralisme, loin s’en faut) et doivent assumer, de fait, une part certaine de l’héritage français, Julien Aubert ose qualifier la politique sanitaire de la France de « digne du Tiers-Monde » et met en cause la « pensée bruxello-budgétaro-néolibérale » de la droite (tout un programme). Oubliant au passage que la droite française n’a jamais été libérale.

    Il réclame ainsi l’avènement d’un État-stratège et la souveraineté de la France. Ne se distinguant guère de ce que propose la quasi-totalité de l’échiquier politique actuellement, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen, sans oublier les grands journaux, de Marianne ou Libération à Valeurs actuelles .

    Mais surtout, il omet de remarquer, comme le rappelle une nouvelle fois et à juste titre Nathalie MP Meyer, que la France reste championne des dépenses publiques et que les effectifs de la fonction publique demeurent eux aussi à un niveau record.

    Comment oser, dans ce contexte, qualifier la politique de la France -que ce soit hier ou aujourd’hui – de « néolibérale » ? Il faut vraiment être de très mauvaise foi ou inculte. Ou alors ne plus avoir le sens des réalités et se laisser emporter par ses fantasmes et la perte du sens des réalités (je pencherais plutôt pour cette solution, en y ajoutant toutefois une certaine dose d’opportunisme politique, bien sûr).

    Le problème est qu’à force de répétition, ces discours creux et purement politiques finissent par s’imprimer dans les esprits, et par déboucher sur toujours les mêmes recettes à base de protectionnisme (quelle que soit sa coloration, « vertueux » ou autre). Dont Pascal Salin , entre autres, avait particulièrement bien mis en lumière les effets dévastateurs .

    L’exemple de la course au vaccin

    Après le scandale des masques , vient la grande naïveté au sujet de la recherche d’un vaccin. Nous n’en sommes même pas encore à l’assurance d’en trouver un rapidement que déjà on se dispute ou on érige certaines morales au sujet de la gratuité que devra avoir l’éventuel vaccin, de son caractère de « bien commun » et de l’interdiction éventuelle que devra avoir l’entreprise qui le trouvera d’en dégager des bénéfices.

    Oubliant les vertus de la concurrence et des initiatives privées sur la stimulation de la recherche, on veut à tout prix imaginer une grande coopération internationale, sous l’égide de gouvernements ou d’organismes publics, dans un contexte de guerre larvée entre la Chine et les États-Unis, qui veulent vraisemblablement en faire une arme pour asseoir leur domination.

    On se souvient du triste spectacle des cargaisons de masques subtilisées par des États à d’autres États. On entrevoit aussi l’immense problème qui va immanquablement se poser le jour où un vaccin sera enfin prêt à être fabriqué mais qu’il faudra de nombreux mois pour en produire des quantités suffisantes pour approvisionner toute la planète. Et on veut faire croire que les États rivaux sauront s’entendre tout d’un coup pour définir les « bonnes » priorités ?

    En attendant, plutôt que de laisser de grands laboratoires tels que ceux de Sanofi travailler en toute quiétude, on leur dresse déjà de mauvais procès avant l’heure . Craignant là encore, n’en doutons pas, les fameux travers du grand méchant « néolibéralisme ». On est toujours mieux servi par la magnifique puissance publique qui, elle, est réputée si efficace.

    Au fait… quel était, déjà, ce fameux « meilleur système médical au monde » ? Ah oui, la France. Et son glorieux service public que le monde entier nous enviait (mais ayant dégénéré sans qu’on s’en soit rendu compte en gestion « néolibérale » ?).

    Et quel est le pays dans lequel on déplore à l’heure actuelle le plus de victimes du covid-19 en proportion de la population ? Ah oui, le Royaume-Uni. Et son fameux système de santé… totalement étatisé. Mais je suis sans doute mauvaise langue.

    Toujours est-il que pendant ce temps-là, la Chine réalise actuellement des essais de 5 vaccins sur un échantillon de 2500 cobayes , pardon, humains. Tous vraiment volontaires ? Et attendra-t-elle, vous croyez, pour lancer la première son vaccin à l’échelle de la planète, pendant que les autres pays se livreront à une foire d’empoigne sous couvert de plan de recherche publique concerté qui relève plus de l’incantation que d’autre chose ? J’en doute.

    Le protectionnisme, du néolibéralisme ?

    Car à bien écouter nos politiques, nous en sommes plutôt à mettre en avant les valeurs de patriotisme. N’est-ce pas d’ailleurs ce que la Chine ou l’Amérique trumpienne tentent d’ériger également ? Tandis que l’Inde, de son côté, semble pratiquer le national populisme. Mais est-ce vraiment le modèle que nous souhaitons suivre ?

    Car le patriotisme chinois, c’est aussi la propagande autour de la supériorité chinoise (il est vrai que nous aussi ne manquions jamais de faire référence à notre « meilleur système de santé au monde, tel que rappelé plus haut).

    En conclusion, si le « néolibéralisme », aux contours flous et mal définis, est un bouc émissaire bien commode pour exorciser tous les maux réels ou imaginaires qui nous poursuivent, nous ferions bien d’envisager des modes de coopération bien plus réalistes et sereins.

    Oui à des relocalisations bien choisies et bien pensées (qui peuvent être d’initiative privée) dans des cas très précis, lorsqu’il y a un réel risque de mise en péril de notre sécurité (peut-on toujours coopérer sans risque avec des États totalitaires ?), mais non, ne nous imaginons pas reconstruire de toutes pièces un monde idéal et fantasmé, fondé autour d’un protectionnisme dont l’histoire a montré qu’il était l’un des plus grands dangers qui nous menacent et une source d’appauvrissement de tous lorsqu’il devient généralisé par un regrettable effet d’escalade.

    Le bien de tous me semble résider plutôt dans l’échange et la coopération (essentiellement privée) que dans les grands schémas ou les grandes constructions théoriques fondés davantage sur le rejet que sur la confiance.

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