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      Nucléaire : la relance ?

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 31 December, 2022 - 04:15 · 3 minutes

    En avant l’équipe de France !

    La relance actuelle du parc nucléaire français, bien que tardive, est une bonne nouvelle pour l’industrie et pour les Français. Mais sera-t-elle suffisante pour rattraper le retard pris pour une production d’électricité décarbonée, abondante et bon marché ?

    Aligner les planètes

    Si tous les acteurs marchent dorénavant dans la même direction, comme il y a 50 ans lors du grand lancement du nucléaire en France, pour constituer une équipe cohérente, alors oui la France sortira de l’ornière où l’ont conduit 20 ans d’incohérence , d’imprévoyance et de joutes politiques à courte vue pour cajoler un électorat vert minoritaire.

    Cette relance du nucléaire français par la commande annoncée à Belfort, début 2022, par le président de la République, de 6 réacteurs EPR, puis ensuite de 8 autres, est-elle trop molle dans sa mise en application ?

    Le ministère de la Transition énergétique infiltré par les antinucléaires et dont dépend le secteur énergétique en France semble trainer des pieds. Il donne l’impression d’œuvrer plus activement pour ériger des éoliennes et pour fermer la centrale nucléaire de Fessenheim que pour soutenir la relance du nucléaire.

    L’Agence pour la maîtrise de l’énergie (ADEME), notoirement antinucléaire , ne s’agite guère pour produire une étude théorique « 100 % d’énergie nucléaire » au même titre que son document idéologique , « Un mix électrique 100 % renouvelable en 2050 » aux hypothèses fantaisistes.

    Le Réseau de transport d’électricité (RTE), ayant eu à sa tête de 2015 à 2020 un ancien député ( François Brottes ) promoteur de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte ( LTECV ) de 2015 qui envisageait la fermeture de 14 réacteurs en 2035, ne semble pas non plus pressé de lancer ses forces dans la nouvelle bataille pour promouvoir le nucléaire.

    Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), bien qu’incluant le mot « atomique » dans son intitulé, semble davantage s’intéresser aux « énergies alternatives » qu’au nucléaire depuis plusieurs années. Son actuel administrateur général ( François Jacq ) ne semble pas vouloir modifier cette orientation.

    Les 36 pages de papier glacé du journal du CEA vers ses personnels « Les défis du CEA » de septembre/octobre 2022 (bien après le discours du président de la République à Belfort…) parle de tout : réchauffement climatique, communication quantique, imagerie cérébrale, photovoltaïque, réalité virtuelle, astrophysique, matériaux en couche ultra-mince, nanoélectronique, imagerie d’un crâne de mammouth, recherche sur les lasers, réseau électrique du futur, gaz et chaleur, anticorps monoclonaux thérapeutiques… Mais pas un mot sur le nucléaire !

    Depuis plusieurs années, c’est la tendance, mais il y avait au moins un entrefilet de nouvelles nucléaires. Comment le personnel du nucléaire perçoit-il cette absence d’intérêt ?

    Constituer l’équipe de France

    Des consignes claires ont-elles été données aux grands corps de l’État avec vérifications de leur prise en compte ou le gouvernement se paye-t-il de mots ?

    Qui pilote ce grand programme annoncé de construction de 14 réacteurs nucléaires ?

    Cette relance annoncée du nucléaire repose-t-elle sur une volonté molle ? Auquel cas rien ne suivra derrière les effets de manches et les déclarations ne seront pas suivies d’effets !

    Le renouveau efficace du nucléaire passe par un réalignement des planètes pour orienter tous les acteurs dans le sens de la nouvelle volonté présidentielle favorable au nucléaire. Il s’agit d’aligner durablement la limaille (les grands responsables de la production et de la distribution d’énergie) dans le sens du champ magnétique (la volonté politique).

    La production énergétique devrait être intégrée dans un grand ministère de l’Industrie plein d’allant et ne plus dépendre d’un ministère « antinucléaire » qui s’ingéniera au mieux à absorber les efforts comme une éponge et au pire à les saborder.

    Comme disait un célèbre savant (Albert Einstein) : « Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre ».

    Alors, en avant la nouvelle équipe de France des bâtisseurs qui, pendant au moins 30 ans, devra construire une quarantaine de nouveaux réacteurs de type EPR pour succéder au parc des 56 réacteurs nucléaires existants !

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      Macron sur son cheval « pâle »

      Patrick de Casanove · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 20 December, 2022 - 04:00 · 10 minutes

    « Responsabilité, mais en aucun cas panique » dit Macron.

    Il n’est pas Saint Jean-Paul II. Quand c’est Macron, les populations sont en droit de s’inquiéter.

    Quand un gouvernement inscrit son action sous le signe de la guerre , chacun doit s’inquiéter pour sa vie et sa liberté. C’est la porte ouverte à des coercitions majeures, des décisions qui pourront entraîner la mort d’innocents puisque c’est la guerre.

    C’est la justification du totalitarisme.

    La peur, mode de gouvernement

    Macron a créé la peur puis il a chevauché ce « cheval pâle » pour étendre son pouvoir. Certains justifient cette politique de la peur par l’obtention de l’obéissance des Français, pour leur bien. Si la peur est nécessaire, la politique est mauvaise. Si la confiance est obtenue, la politique est bonne.

    Il a créé l’effroi lors des épidémies de covid. Cet effroi était totalement injustifié du point de vue médical. La peur a permis de soumettre les populations, les enfermer, les vacciner en masse malgré les effets secondaires vaccinaux nombreux et graves, de les chosifier, réduites à un QR code pour mieux les contrôler, de mettre en place et tester une législation totalitaire.

    Cette législation est prête a être utilisée de nouveau dès que l’État le voudra. Ce sont ses décisions. Il en porte la responsabilité.

    Il a joué avec la peur à propos du « dérèglement climatique anthropique » et systématiquement négatif. Personne ne peut dire ce qu’est un climat réglé , le CO 2 est un « gaz de vie », il n’y a pas « d’ urgence climatique ». Le réchauffement à l’Holocène a permis l’explosion de la vie sur Terre, l’apparition de l’Histoire, la prospérité de l’humanité qui à l’ère glaciaire, se réduisait à quelques groupes à peine capables de survivre.

    Il a annoncé l’alarmante « fin de l’abondance ». Les pénuries n’ont rien d’apaisant et signent une politique socialiste. Il a accentué la peur avec la pénurie énergétique que lui et son gouvernement ont immédiatement instrumentalisée pour effrayer, faire obéir et culpabiliser les Français. C’est une crise artificielle, qu’il a délibérément provoquée en prenant des sanctions contre les Français au prétexte de punir la Russie. Les sanctions sont sa décision. Il en porte la responsabilité. Cette crise énergétique est préméditée. Nous n’avons pas besoin que des missiles de précision frappent nos infrastructures énergétiques, nous avons nos politiciens.

    Cela fait des années que pour complaire aux Khmers verts et être élus, les politiciens en charge du pays, quelle que soit leur étiquette, ont sabordé la filière nucléaire : défaut d’entretien, fermetures intempestives et idéologiques des centrales existantes, abandon des surgénérateurs etc. S’y ajoutent des centaines de milliards d’euros de mal investissement dans des énergies dites « renouvelables » non fiables, non pilotables, intermittentes, immatures technologiquement, polluantes à la fabrication, à l’implantation, à l’utilisation et à la fin de vie. Il n’est pas incohérent d’inclure dans cette liste les voitures électriques.

    Il nous a précipité dans une guerre contre la Russie, ce qui n’est pas rassurant. Il a envoyé de l’argent, des troupes françaises , du matériel de l’armée française à l’Ukraine. Il a choisi son camp. La guerre continue, des civils innocents meurent .

    Covid, Macron donnait le change

    Les maladies font peur depuis l’aube des temps. Ce sont des adversaires d’autant plus angoissants que leurs vecteurs sont invisibles. Les gens demandent protection. Le gouvernement a beau jeu de « protéger ». Les gens jugent la gravité de l’épidémie à la sévérité des coercitions qu’ils subissent. Ils souffrent pour être sauvés.

    Des milliers de personnes sont mortes : manque ou retard de soins (Plan blanc) ; retard de diagnostic ; suicide en conséquence des mesures d’enfermement et de coercition sociale ; effets secondaires létal du vaccin anti covid obligatoire et de masse alors que ces personnes en parfaite santé ne seraient jamais mortes du covid ; manque de soins précoces quand elles l’avaient contracté.

    Le Sénat se penchait déjà sur ces problèmes le 1er décembre 2021 : troubles des règles, fausses couches, déficit de naissances etc.

    Il y a aussi les statistiques Vaccine Adverse Event Reporting System (VAERS ) aux États-Unis et l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) en France .

    Malgré tout cela, Macron pouvait donner le change lors de sa gestion du covid en prétendant agir pour « sauver des vies » et « protéger » les Français « quoi qu’il en coûte ». Bien des Français ont gobé sa propagande. Les milliers de vies sacrifiées étaient présentées comme le prix à payer pour en sauver d’autres. Des sacrifices humains en quelque sorte.

    Énergie, impossible de donner le change

    Parlant des coupures d’électricité engendrées par cette politique de pénurie énergétique, Laurent Meric, porte-parole d’Enedis, a inquiété tout le monde. Il a fallu rassurer .

    Macron est alors allé au charbon : « Ce débat est absurde […] le rôle des autorités publiques ce n’est pas de transférer la peur, ni de gouverner par la peur. »

    Les décès liés à la gestion du covid étaient considérés comme des dégâts acceptables. Ce n’est plus le cas des éventuels décès qui seraient liés à la crise énergétique. Dans le premier cas le coupable désigné de la souffrance infligée n’était pas un humain mais un virus. Le coupable véritable, le gouvernement, était occulté. Dans le second le coupable véritable, le gouvernement, ne peut pas se cacher. Il apparaît au grand jour. Un traumatisme causé par un humain sur un autre être humain est plus délabrant qu’un traumatisme d’origine non humaine.

    Macron peut agiter la guerre en Ukraine, les gens sont de plus en plus conscients qu’il est le responsable de la situation du pays.

    Malheureusement au lieu de revenir à une politique saine et utile il persévère et continue à enfoncer le pays.

    La peur changera t-elle de camp ?

    Aurait-il peur ? Aujourd’hui le « cheval pâle » s’est emballé. Il lui faut calmer les ardeurs anxiogènes gouvernementales et médiatiques.

    « Appeler chacun à la responsabilité pour qu’il y ait de la sobriété ». Si coupures d’électricité il y a, c’est de la faute des Français qui n’auront pas fait d’économies suffisantes. Si ce qui reste de l’industrie s’effondre à cause de la politique énergétique, les particuliers, qui ne représentent que 20 % de la consommation d’électricité, ne souffriront pas de coupures. « Le travail du gouvernement c’est qu’il y ait une planification »

    Le souvenir des Gilets jaunes le hante. Il a du les réprimer et les traiter comme des criminels. Que se passera-t-il quand les Français se rendront compte qu’ils sont victimes d’une politique abjecte et abreuvés de mensonges ?

    Par la faute de Macron la situation de la France n’est pas brillante. L’énergie c’est la vie. Les coupures d’électricité ne se réduisent pas à avoir froid et mettre un pull à col roulé, ni à être privé de téléphone ou d’ordinateur. L’électricité est partout dans la vie quotidienne, les systèmes électriques, les systèmes automatiques sont multiples. Sans énergie, en particulier sans électricité, plus d’entreprises, plus d’agriculture, plus d’industrie agroalimentaire . William Saurin et Garbit mettent la quasi-totalité de leur production à l’arrêt.

    Des millions de nos compatriotes sont déjà en grande pauvreté, en grande précarité de logement ou alimentaire. Cela pourrait pousser ceux qui n’ont plus rien à perdre à se révolter. Dans cette hypothèse, les nouveaux Gilets jaunes qui descendront dans la rue seront probablement plus coriaces et moins pacifiques que les précédents.

    Le pouvoir a peur, d’où l’ appel à rendre les armes dites illégales , c’est-à-dire la pétoire du grand-père. Les mafieux, les trafiquants, les malfaiteurs, les terroristes garderont leurs kalachnikovs et tout le matériel occidental que l’Ukraine revend au marché noir . Le pouvoir craint la violence du désespoir. Désarmer la population diminue considérablement ses moyens de révolte.

    Seul l’État reste armé, il garde le monopole de la violence légale. Il se protège d’un éventuel recours à la violence légitime à son encontre.

    « Le droit de celui dont on attaque la liberté, ou, ce qui revient au même, la propriété, les facultés, le travail, est de les défendre même par la force; et c’est ce que font tous les hommes, partout et toujours quand ils le peuvent. » Frédéric Bastiat, Services privés, service public. (1850)

    Malveillance

    Pourquoi une telle malveillance ? L’État est-il psychopathe ?

    Le psychopathe n’a aucune empathie pour autrui, n’accorde aucune valeur à la vie humaine, à la personne qui est réifiée.

    Pourquoi un tel manque de maturité et de culture ?

    Il faut remarquer que l’âge moyen des derniers gouvernements indique que leurs membres ont subi depuis l’école primaire jusqu’à l’enseignement supérieur l’éducation issue des idées de 1968 et des pédagogues. Ils ont été élevés par des adultes ayant eux mêmes subi en grande partie cette éducation. La question du lien de cause à effet avec cette médiocrité mérite d’être posée. Ils n’ont pas la culture nécessaire pour avoir une pensée critique. Il faudrait espérer alors que ni Macron ni son gouvernement ni l’Union européenne n’ont vu venir, imaginé que les conséquences catastrophiques de leurs politiques seraient causes de souffrances immenses pour la population. Ces souffrances seraient donc accidentelles.

    À moins qu’obnubilés par la création d’un monde nouveau, d’un Homme nouveau , les souffrances infligées aux populations soient considérées comme un mal nécessaire et donc délibérées. Ce qu’il faut observer c’est la ténacité dans la nocivité. Se tromper une fois peut arriver, c’est une erreur. Se tromper deux fois est une faute. Continuer à se tromper n’est plus une erreur : c’est voulu et répond à un objectif.

    Bastiat reviens !

    « Que faut-il donc faire ?
    Voici ma pensée. Je la formule dans toute sa naïveté au risque de faire dresser les cheveux sur la tête à tous les financiers et praticiens.
    Diminuer les impôts. — Diminuer les dépenses dans une proportion plus forte encore.
    Et pour revêtir cette pensée financière de sa formule politique, j’ajoute :
    Liberté au dedans. — Paix au dehors. » Frédéric Bastiat, Paix et liberté le budget républicain (1849)

    Liberté au dedans :

    « Pour moi, je pense que lorsque le pouvoir a garanti à chacun le libre exercice et le produit de ses facultés, réprimé l’abus qu’on en peut faire, maintenu l’ordre, assuré l’indépendance nationale et exécuté certains travaux d’utilité publique au-dessus des forces individuelles, il a rempli à peu près toute sa tâche.

    En dehors de cercle, religion, éducation, association, travail, échanges, tout appartient au domaine de l’activité privée, sous l’œil de l’autorité publique, qui ne doit avoir qu’une mission de surveillance et de répression. » Frédéric Bastiat, À MM. les électeurs de l’arrondissement de Saint-Sever 1846

    Paix au dehors :

    En finir avec les sanctions, renouer avec la Russie, écouter ce qu’elle dit, en finir avec la censure, cesser d’entretenir la guerre en Ukraine, penser d’abord à la France.

    S’il faut la défendre « Je dirais au pouvoir : manquez-vous de force pour maintenir l’ordre au dedans et l’indépendance au dehors ? Voilà de l’argent et des hommes, car c’est au public et non au pouvoir que l’ordre et l’indépendance profitent. » Frédéric Bastiat, À MM. les électeurs de l’arrondissement de Saint-Sever 1846

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      Les Français ont l’électricité qu’ils ont voulue dès 1997

      André Pellen · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 20 December, 2022 - 03:30 · 12 minutes

    Tout a été dit sur la fondation, en 1997, de l’entreprise socialo-écologiste de sabotage de l’ industrie électronucléaire française dont nous payons aujourd’hui les pots cassés. Yves Bréchet en a récemment fait l’implacable rétrospective devant une commission parlementaire. Il n’a épargné personne et a souligné combien la ruine de notre filière à neutrons rapides va coûter durablement cher à notre économie et plus encore au confort matériel de notre population.

    Le propos est ici de porter un regard sans complaisance sur les séquelles d’un évènement que d’aucuns ont trop tendance à passer sous silence, en tout cas à en minorer la responsabilité dans ce qui arrive aujourd’hui au pays : « la consultation nationale Grenelle-Environnement visant à refonder la politique de l’écologie et à rendre compatible la croissance avec les limites d’un monde fini » .

    À l’automne 2007, le nouveau locataire de l’ Élysée avait à peine posé ses valises que le terrain de jeu d’une Commission Nationale du Débat Public – CNDP – dont on ne compte plus les prodigalités socioéconomiques grouillait d’inventeurs plus géniaux les uns que les autres. Trois ans plus tard, le résultat de la cogitation populaire fut à la hauteur de l’ambition du législateur : on programmait ce que les Français redoutent et même condamnent aujourd’hui, dans l’allégresse des temps nouveaux d’une transition pleine de promesses ! En témoigne le Rapport Poignant-Sido d’avril 2010 dont les conclusions du groupe de travail sur la maitrise de la pointe électrique sont synthétiquement rapportées en suivant.

    On croit y lire les prescriptions des Pannier-Runacher, Bruno Le Maire et autre Olivier Véran, au mot près !

    Solutions techniques pour réduire la demande à la pointe, notamment par le biais des effacements de consommation

    Pour renforcer la sécurité d’approvisionnement à moyen et long terme lors des pointes de consommation d’électricité, il est nécessaire de maîtriser la croissance de la demande à la pointe selon trois axes :

    1. La maîtrise globale de la demande
    2. La maîtrise des usages contribuant à la croissance de la pointe
    3. Le développement des effacements de consommation

    La maîtrise de la demande

    Elle se place dans la droite ligne des objectifs du Grenelle de l’environnement notamment en termes d’amélioration de l’isolation des bâtiments. La programmation pluriannuelle des investissements de production d’électricité préconise sur cette même base une stabilisation de la consommation en électricité.

    En particulier, le gouvernement a fixé un objectif de 38 % de réduction de la consommation d’énergie des logements d’ici 2020, ce qui correspond à un passage de 240 KWh/m 2 par an à 150 KWh/m 2 par an en moyenne. La Loi Grenelle 1 dispose que toutes les constructions neuves faisant l’objet d’une demande de permis de construire déposée à compter de la fin 2012 et par anticipation à compter de la fin 2010 s’il s’agit de bâtiments publics et de bâtiments affectés au secteur tertiaire devront présenter une consommation d’énergie primaire inférieure à un seuil de 50 kWh/m 2 par an en moyenne (équivalent du label BBC actuel).

    Le mécanisme des certificats d’économie d’énergie introduit par la Loi POPE permet de piloter finement la réduction des consommations par la fixation d’objectifs chiffrés aux vendeurs d’énergie (électricité, gaz, chaleur, froid et fioul domestique). Sur la première période (du 1er juillet 2006 au 30 juin 2009), un objectif de 54 TWh avait été fixé, cet objectif étant réparti entre les opérateurs en fonction de leurs volumes de ventes. Cet objectif est assorti d’une pénalité financière de 2 c€/KWh pour les vendeurs d’énergie ne remplissant pas leurs obligations dans le délai imparti.

    La maîtrise de certains usages contribuant à la pointe

    Elle est d’ores et déjà engagée, notamment pour ce qui concerne l’éclairage. L’éclairage public constitue un gisement d’économie d’énergie. Un remplacement des luminaires les moins performants (principalement les lampes à vapeur de mercure, soit 30 % du parc) permettrait de réduire en partie l’appel de puissance lié à l’éclairage le soir en hiver. Il pourrait être envisagé de cibler en particulier les 35 700 communes de moins de 10 000 habitants, rassemblant plus de 50 % de la population française et pour lesquelles une rénovation de l’éclairage public pose des difficultés spécifiques…

    …Proposition 5 du gouvernement

    Lancer un plan de communication sur la fixation du point de consigne du chauffage à 19° et de la climatisation à 26°. Engager une démarche d’État exemplaire dans ce domaine pour tous les bâtiments publics…

    Le pilotage d’urgence

    Le délestage est la solution d’effacement la plus radicale et la plus efficace. Elle permet de sauvegarder l’équilibre du système électrique. On peut parler de délestage à partir du moment où le client n’est plus consulté. Lorsqu’un secteur géographique est délesté, il n’est plus du tout alimenté en électricité.
    En Californie, les Programmable Communicating Thermostat (PCT) permettent de commander temporairement une hausse de la température de consigne des climatiseurs de 1 à 3°C en période de pointe estivale et le client – informé de ce changement – garde la possibilité de rétablir la température initiale. Ces dispositifs sont obligatoires dans les logements neufs…

    Proposition 7

    Favoriser l’équipement de chauffages électriques et des climatiseurs neufs par des dispositifs permettant de les couper durant une durée prédéterminée sur un signal émis par le gestionnaire du réseau de distribution (GRD). Rendre progressivement ces dispositifs obligatoires pour les chauffages et les climatiseurs neufs.

    L’information d’urgence aux personnes a montré son efficacité en Bretagne, où le dispositif EcoWatt a permis de sensibiliser la population et d’effacer la consommation de l’équivalent d’une ville de 4000 habitants…

    Proposition 8

    Mettre en place sur l’ensemble du territoire national un dispositif pour sensibiliser les consommateurs aux enjeux de la réduction de consommation, notamment de chauffage ou de climatisation, lors des périodes de tension sur le système électrique…

    Le pilotage contractualisé de la charge

    Le consommateur peut choisir de passer un contrat directement avec son fournisseur ou bien avec une tierce partie, appelée « agrégateur » , qui se charge de valoriser l’effacement par ailleurs.

    Les contrats de pilotage de la charge passés directement entre le fournisseur et le consommateur concernent en général des sites industriels importants.

    Les contrats de pilotage contractualisé de la charge passés entre des petits consommateurs et des agrégateurs posent néanmoins des difficultés plus importantes.

    Il est aussi très difficile de contrôler le réalisé en temps réel, ce qui explique par exemple la pertinence du seuil de 10 MW aujourd’hui. RTE a néanmoins lancé une expérimentation sur l’ajustement diffus selon un jeu de règles transitoires validé par la CRE en 2007.

    Par ailleurs, RTE a proposé d’abaisser de 1 MW le seuil actuel évoqué plus haut – correspondant à la taille minimum d’une unité d’agrégation – à 250 KW dans les règles du mécanisme d’ajustement soumises actuellement à l’approbation de la CRE…

    Proposition 10

    Rendre explicite dans la réglementation la possibilité pour les sites au tarif réglementé de vente de valoriser des effacements.

    Troisième axe

    Depuis deux ans déjà, une CRE et un RTE très actifs travaillaient dans l’ombre à cette notion de contrat d’effacement entre consommateurs et « fournisseurs » ou entre consommateurs et « agrégateurs ». Ce qui suit en dit long sur l’élasticité des missions et des prérogatives que les deux organismes s’autorisèrent abusivement pour l’occasion…

    Attardons-nous sur la délibération de la Commission de Régulation de l’Énergie du 9 juillet 2009 portant communication sur l’intégration des effacements diffus au sein du mécanisme d’ajustement : signé Philippe de Ladoucette.

    Le développement des effacements diffus pourrait permettre, au bénéfice des consommateurs, de renforcer la sécurité du système électrique, de maîtriser la demande d’énergie et de réduire les émissions de gaz à effet de serre… Dans sa décision du 5 décembre 2007 relative aux règles transitoires de mise en œuvre des effacements diffus, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a invité les acteurs à poursuivre leur concertation…

    Recommandations de la CRE pour les évolutions futures

    La loi du 10 février 2000 impose, dans le cadre du mécanisme d’ajustement, que l’opérateur d’effacements diffus rémunère les fournisseurs dont les clients se sont effacés pour l’énergie injectée par ces fournisseurs et valorisée par l’opérateur d’effacements diffus.

    La CRE veillera à ce que les modalités de rémunération et les modalités d’intégration d’effacements diffus dans le mécanisme d’ajustement n’entravent pas indûment le développement de ces effacements diffus…

    Par ailleurs, la CRE considère que la question de la validité des données de comptage provenant des opérateurs d’effacements, revêt un caractère prioritaire. La mise en place d’un dispositif apportant aux acteurs la confiance nécessaire dans les données fournies par les opérateurs d’effacements diffus, favorisera leur développement. Elle demande donc à RTE de lui faire une proposition avant le 31 décembre 2009, en concertation avec les acteurs.

    En outre, la CRE souhaite élargir le champ de développement des effacements diffus. À cet effet, elle invite RTE :

    –  à définir en concertation avec les acteurs concernés les modalités de la contractualisation par RTE d’une capacité d’effacement de consommateurs raccordés aux réseaux publics de distribution, capacité qui devra être rémunérée à son juste prix. Sur la base des résultats de l’expérimentation, ces travaux devront permettre une contractualisation avant mi-2010 ;

    –  à étudier d’autres dispositifs permettant la valorisation des effacements diffus en dehors du mécanisme d’ajustement.

    …Favoriser la mise en place d’un dispositif public de soutien aux effacements diffus, au titre de leurs externalités positives.

    Se sachant avant tout chargés de garantir les capacités d’approvisionnement du pays et de veiller à la réalité de la production concurrente d’EDF, la CRE et RTE auraient dû très tôt se déssolidariser d’une prévarication n’ayant pas tardé à devenir patente, consistant à dissimuler que, pour l’essentiel, ladite production est factice. Que reste-t-il, en effet, des « fournisseurs d’électricité » soit-disant en lice au 31 décembre 2010 ? …de ceux qui ne demeurent pas sous perfusion ARENH, s’entend !

    La duperie de ces 25 dernières années

    Ainsi, ces 25 dernières années, les Français ne se sont-ils pas seulement fait duper par une Dominique Voynet qui s’en vante publiquement, et pas seulement par ses complices encore à la manœuvre ; ils se sont également fait duper par l’administration Sarkozy à laquelle ils doivent ce qui précède et, surtout, une loi NOME et un dispositif ARENH en train de les ruiner et de ruiner leur pays. C’est pourquoi leur naïveté, leur indifférence et/ou leur complaisance clientéliste ne peuvent aujourd’hui que se payer au prix fort ; d’autant que s’en défendre, en arguant du retard pris par la France en équipement éolien, n’est pas recevable : le mardi 6 décembre dernier à 8 heures, nos 17 GW éoliens – la puissance de 17 tranches nucléaires ! – payés au prix exorbitant de quelque 120 milliards d’euros ne fonctionnaient qu’à 12 % et ne couvraient que 3 % de la consommation nationale, quand le pays importait 18 % de cette dernière ; les mix électriques de la veille et du lendemain ne valant guère mieux.

    Dès lors, enfler indéfiniment une glose faite de lamentations, de déplorations et de condamnations toujours plus caractérisées ne présente d’autre intérêt que se compter dans les chapelles partisanes ; certainement pas celui d’aider à prévenir aussi peu que ce soit le drame énergétique en train de se nouer. La plupart des journalistes et des observateurs qui s’y livrent – dont nombre de romanciers et de résistants pro nucléaires de la 25ème heure – semblent n’avoir pas la moindre idée du complexe techno-industriel que le pays doit reconstituer d’urgence, ni de ses statut, mode et niveau de financement les plus appropriés, quand c’est de ça qu’ils devraient traiter en priorité et que devraient partir les revendications économiques et sociales les plus instantes.

    Les plumes de presse les plus compétentes et les plus lucides auraient même déjà dû exiger que soient prises sans tarder les dispositions suivantes, préalable absolu à toute initiative industrielle : réformer en profondeur CRE, ASN et RTE, notamment le recrutement de leurs personnels, une place et des prérogatives dans les chaînes de décisions économiques et industrielles devant encourir la censure d’un parlement qu’il convient de doter d’un comité de surveillance à l’expertise techno industrielle incontestable et contrôlable à tout moment ; supprimer les structures théodules ADEME, HCTISN et autre CESE faisant double emploi avec ce comité ; reconsidérer avec attention prérogatives et domaine de compétence de l’OPECST et, surtout, supprimer la funeste imposture démocratique CNDP, se parant fallacieusement de la légitimité électorale.

    Il faut garder à l’esprit que, confronté à un tel carcan règlementaire et institutionel, le plan Messmer n’aurait jamais réalisé l’exploit de mettre en un peu plus de 20 ans une soixantaine de tranches nucléaires sur le réseau national, si tant est qu’il eût pu y en mettre seulement le dixième. Il n’y a pas de secret : ce pays n’a pas la moindre chance de réitérer peu ou prou un tel exploit, sans recourir à la mobilisation politique, administrative, économique et industrielle que le gouvernement Messmer jugea indispensable… sans faire d’EDF la SNCF de l’électricité, ce qu’elle ne fut surtout pas dans la période pré-Mitterrandienne.

    Bref, les Français doivent se décider à savoir et à revendiquer ce qu’ils veulent vraiment, avant qu’il ne soit trop tard, sachant qu’il est déjà trop tard pour les plus de 65 ans…

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      L’année 2023 s’annonce décidément pleine de surprises et la France vide d’industries

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 14 December, 2022 - 12:00 · 5 minutes

    Comme l’avait courageusement souhaité Bruno Le Maire au début de l’invasion ukrainienne par la Russie, l’économie est maintenant à genoux, avec le petit souci qu’il s’agit de l’économie française : après neuf mois de sanctions diverses et de décisions – notamment énergétiques – parfaitement consternantes, la France réalise grâce à quelques bidouillages statistiques audacieux un magnifique surplace artistique avec une croissance symbolique autour du chiffre fétiche de notre ministre de l’Économie, à savoir zéro.

    Après douze mois d’une tension palpable sur tous les marchés, des problèmes d’approvisionnements et une conduite du pays essentiellement faite à tâtons, le bilan n’est pas tout à fait aussi rose que celui qu’on nous vendait en janvier 2022. Cependant, ce qu’il y a de bien avec l’énergie c’est que les effets de politiques désastreuses ne mettent pas dix ans à se manifester et au moins peut-on voir dès aujourd’hui le résultat concret des agitations spasmodiques du petit Bruneau de Bercy : c’est un effondrement du déficit commercial français record qui nous attend pour boucler l’année, qu’on devra certainement coupler à des faillites mémorables pour les entreprises françaises.

    En effet, force est de constater que ces faillites sont déjà très nombreuses en Angleterre et au Pays-de-Galles , en Allemagne , et qu’il apparaît donc logique de considérer que l’Hexagone suit la même trajectoire sous l’impulsion courageuse de notre Mozart de la finance.

    Certes, pour le moment, on n’en parle pas trop mais la situation est bel et bien critique : on trouve ainsi un nombre croissant de signaux de moins en moins faibles comme au tribunal de commerce de Lyon (deuxième juridiction de France) qui enregistre un bond de 42 % des faillites supplémentaires par rapport à l’année dernière et craint que l’année 2023 ne soit franchement pire…

    Et si pour le moment les titres de la propag presse française ne laissent pas filtrer un tableau trop sombre, on commence à voir ces effets délétères déborder sur ces plateaux télé qui se font une spécialité de vendre de l’émotion par pack familial : les faillites sont maintenant plus qu’évoquées régulièrement.

    Alors que les prix de l’énergie explosent, que les approvisionnements ne sont plus ni bon marché ni même assurés tant certaines chaînes logistiques ont été bousculées par les confinements et autres expériences sociales débiles, les petits commerçants sont en première ligne lorsque la conjoncture se resserre d’un coup. L’exemple du boulanger invité par Hanouna n’est qu’une illustration de ce qui se passe en vitesse accélérée à l’échelle de tout le pays, à mesure que les factures énergétiques s’empilent.

    Et il ne faut pas regarder bien loin pour constater que ce qui touche les petits commerçants et artisans finit aussi par atteindre les entreprises moins familiales, moins locales et plus importantes. Ainsi, signalons par exemple la fermeture de la plupart des chaînes de production de William Saurin ; certains taquins y verront un gain net pour la gastronomie française mais plus sérieusement cela se traduira surtout par une nette diminution des approvisionnements en conserves alimentaires. Peut-on se réjouir d’étalages potentiellement vides ?

    Il est d’ailleurs intéressant de constater que si la presse évoque quelque peu ces entreprises et ces commerçants qui, confrontés à des prix d’exploitations exorbitants, sont obligés de mettre la clé sous la porte, cette même presse se fait bien plus discrète sur d’autres exploitations dont les difficultés ne se feront sentir qu’en fin d’année prochaine : si les boulangers ferment maintenant parce que l’énergie est trop chère, de nombreux agriculteurs ne peuvent tout simplement pas semer maintenant parce que ce n’est juste plus rentable. Or, ce qui n’est pas planté aujourd’hui ne provoquera de pénurie que bien après-demain lorsqu’il n’y aura rien à récolter à la fin de l’été 2023. Explosion du prix des engrais et des intrants en général, explosion des prix des carburants utilisés par les machines-outils et les matériels agricoles, tout concourt à une récolte 2023 nettement moins abondante que les récoltes précédentes.

    Bref, à la désindustrialisation déjà avancée de la France il va falloir ajouter l’abandon du secteur agricole à son tour. Cette crise majeure qui va plonger les Français dans le noir puis la misère et nos imbéciles de gouvernants dans l’hébétude, semble échapper au débat public. Et pour rappel, la loi qui vise à la fermeture de 12 réacteurs nucléaires supplémentaires d’ici 2030 n’a toujours pas été abrogée.

    Pire : ne disposant que du marteau monétaire pour résoudre leurs problèmes qui ressemblent maintenant tous à des clous, les clowns à roulettes au pouvoir ont tenté d’amoindrir les effets de cette crise énergétique en distribuant des billets et des chèques, pensant pouvoir remplacer la production de mégawatts par une distribution généreuse du pognon gratuit des autres. Las, ça ne marchera pas : s’il fut jadis aisé de noyer les soucis provoqués par les subprimes dans l’argent facile, si l’endettement pouvait constituer un camouflage temporaire de la crise grecque puis plus tard des problèmes provoqués par les confinements, il sera en revanche complètement contre-productif de reproduire les mêmes méthodes avec des problèmes de logistique et de production.

    Alors oui, malgré les chiffres issus de statistiques manifestement frelatées indiquant une croissance atone plutôt qu’une récession ferme, il faut s’attendre à une année 2023 particulièrement raide pour tout le monde ou presque. Et oui, cette austérité contrainte n’est que le fruit des choix politiques énergétiques lamentables cumulés depuis plus de trente ans et a été accélérée par les décisions toujours politiques de ces derniers mois en matière d’énergie et de commerce international.

    Les engagements politiques étant ce qu’ils sont, nous allons au casse-pipe.

    Heureusement, toute la faune écoloboboïde a déjà compris qu’en renommant la récession sanglante qui arrive en « décroissance », le peuple ira en chantant vers ce nouveau paradis de miel (rationné) et de lait (surtaxé). Et si cette joyeuse diminution (forcé) de la production et de la consommation laisse quelques ventres vides et provoque quelques grincements de dents, bah, ce n’est pas grave.

    On sait comment faire.

    Sur le web

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      Incurie énergétique : William Saurin délocalise

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 13 December, 2022 - 03:50 · 3 minutes

    Le 7 décembre 2022, le groupe alimentaire Cofigéo (William Saurin, Garbit, Raynal, Roquelaure et Zapetti) a annoncé la fermeture de quatre usines (sur huit en France) dès le 2 janvier 2023, ce qui représente environ 80 % de sa production .

    Il y a quelques jours, son président Mathieu Thomazeau évoquait « un point de rupture » en parlant du mur du coût de l’électricité et du gaz et l’impossibilité pour ses conserveries françaises de continuer à fonctionner au vu des prix de l’énergie.

    De nombreuses entreprises françaises, notamment dans l’agroalimentaire, s’apprêtent à affronter une tempête économique.

    Une décision actée

    Les sites de Capdenac (Aveyron), de Pouilly-sur-Serre (Aisne), de Camaret-sur-Aigues (Vaucluse) et de Lagny (Marne) seront mis à l’arrêt.

    Huit cents des 1200 salariés se verront appliquer un accord d’activité partielle de longue durée (APLD).

    « Cette décision a pour objectif de faire face à la hausse spectaculaire des coûts d’énergie (gaz et électricité nécessaires à la cuisson et à la stérilisation des plats et recettes cuisinés), qui seront multipliés par 10 dès le début de l’année » a indiqué le groupe dans un communiqué.

    Ce groupe international va-t-il délocaliser dans des pays où le coût de production est moins élevé ?

    Facture énergétique trop élevée

    Déjà la semaine dernière, Cofigeo, qui réalise 330 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 90 % en France, avait alerté sur l’envolée de sa note énergétique au 1er janvier 2023. « Elle passera du jour au lendemain, de 4 millions à 40 millions d’euros » chiffrait auprès du Figaro son président (Mathieu Thomazeau).

    Le groupe insiste sur « l’impérieuse nécessité de répercuter ces vagues d’inflation qui vont s’amplifier dès le premier janvier avec la fin de nos couvertures énergétiques ».

    Depuis le 1er décembre 2022, distributeurs et industriels de l’alimentaire sont ainsi en discussions pour fixer les prix pour 2023. Une revalorisation « sensible » est prévue au vu des prix du gaz et de l’électricité.

    Jusque-là, hormis quelques acteurs de l’industrie lourde comme Duralex , aucun fabricant de l’alimentaire n’avait pris une décision aussi radicale. D’autres groupes agroalimentaires pourraient être en grandes difficultés en 2023, fragilisant encore un peu plus le tissu industriel français.

    Où sont les responsables du désastre ?

    Le prix de l’électricité a commencé à exploser (+ 48 % en 10 ans entre 2011 et 2021) bien avant la guerre en Ukraine qui n’a été que le révélateur en accélérant une situation déjà malsaine.

    L’hedomadaire Le Point du 26 octobre 2022 donnait quelques pistes dans un article retentissant de Géraldine Woessner : « Électricité : enquête sur une débâcle ».

    Y figurent en bonne place : Dominique Voynet (qui s’est vantée d’avoir sabordé le nucléaire à Bruxelles), Ségolène Royal, Barbara Pompili, Corinne Lepage ainsi que des dizaines d’autres politiciens et activistes « influenceurs ».

    Les Français, écœurés par tant de bêtises cumulées depuis 20 ans, semblent tétanisés par l’ampleur du désastre orchestré par des incompétents pusillanimes ou pire par des idéologues assouvissant leur haine de l’industrie et du capitalisme en détruisant la production d’énergie abondante, stable et bon marché, notamment nucléaire, à la base de la civilisation moderne.

    Que font les grands médias (à l’exception de quelques-uns comme C-news, Europe 1, RMC) qui ne placent pas les politiques devant leurs contradictions ?

    Une politique des chèques (d’échec ?) puisés dans la poche des contribuables/consommateurs et redistribués à tous les vents tente de colmater les brèches par où pourraient fuir les colères populaires.

    Cette politique à courte vue vise à masquer un échec total dû à un amateurisme au plus haut niveau de l’État dans la gestion du pays. Suffira-t-elle à contenir le désespoir grandissant devant tant de sottises et de cécité ?

    La destruction des moyens de production d’énergie et le sacrifice du nucléaire par une cohorte d ’apparatchiks européens ( dont François Hollande ) pour conquérir ou se maintenir au pouvoir au risque d’une guerre civile rappelle douloureusement la célèbre phrase de Churchill (après les accords de Munich en 1938 sacrifiant la Tchécoslovaquie sur l’autel d’une paix illusoire) :

    « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre.

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      De la Start-Up nation à la Black-Out nation

      Yannick Harrel · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 12 December, 2022 - 04:30 · 5 minutes

    Une dépêche du 7 décembre rédigée par l’AFP et reprise par la presse généraliste a signalé le déroulement d’une conférence organisée par RTE (Réseau de transport de l’électricité) et les syndicats GIMELEC (groupement des entreprises de la filière électronumérique) et IGNES (Industrie du génie numérique, énergétique et sécuritaire). L’objectif de ladite conférence était de préparer les professionnels à s’adapter à une nouvelle donne énergétique, pilotée par le baromètre EcoWatt .

    Si les écogestes (sous-entendu en opposition aux pollugestes que nous pratiquons depuis des décennies) ont été réitérés, c’est surtout un mode opératoire qui a été promotionné durant cette conférence pour chaque catégorie de bâtiment concerné. Mais plus qu’une volonté d’éveiller les consciences, ce serait plutôt une volonté sous-jacente de tout connecter qui retient l’attention du lecteur :

    « Les solutions existent pour réduire la consommation électrique. Ce mercredi 7 décembre, le président du directoire du gestionnaire du réseau de transport d’électricité français (RTE) Xavier Piechaczyk, a appelé au déploiement « massif » d’installations connectées et intelligentes, de contrôle du chauffage ou de l’éclairage notamment – transformer sa maison en « smart home » afin de mieux réagir en cas de tensions sur le réseau. »

    Le sophisme énergétique de l’hyperconnectivité

    Étrange plaidoyer s’il devait s’avérer que celui-ci a été prononcé puisque le principe repose sur une double aporie :

    1. Comment inciter à une connectivité décuplée puisque la problématique est précisément le risque de cessation d’approvisionnement en courant électrique mettant hors service tout notre appareillage électro-numérique ?
    2. Quelle organisation, publique ou privée, pourrait piloter et gérer tout cet amas de données parfois très intrusives, sachant que les fermes de serveurs sont considérées comme hautement énergivores ?

    Questions incidentes : ne devrait-on pas prôner la sobriété technologique en corollaire de la sobriété énergétique ? Ne serait-il pas plus judicieux de préparer à un mode de fonctionnement dit « dégradé » en cas de survenance d’une coupure électrique ?

    L’on pourrait m’objecter que les bâtiments concernés pourraient basculer sur un système de batteries stationnaires (a contrario des batteries mobiles). Seulement le fond du problème demeurerait identique, uniquement déplacé : ces batteries doivent être chargées préalablement et rechargées postérieurement à leur emploi, et plus leur autonomie serait conséquente, plus leur charge serait énergivore. Sachant qu’une famille en maison individuelle peut consommer facilement 10 kWh/jour (sans omettre le coût assez élevé d’un tel système, de plusieurs milliers d’euros, guère à la portée de tous les ménages et même de professionnels), la majorité desdites batteries ont une énergie disponible entre 2 et 6 kWh (exception faite du Powerwall Tesla qui peut culminer jusqu’à 13,5 kWh). Alors imaginez-vous le nombre de batteries en série nécessaires pour un immeuble où plusieurs foyers vivent en son sein, d’autant qu’il est très fortement probable qu’un tel édifice soit équipé d’un ascenseur.

    L’on notera aussi que les véhicules électriques font l’objet d’une attention toute particulière puisqu’il est recommandé au sein du manuel sur les écogestes de les réapprovisionner uniquement en heures creuses. Du reste, la Suisse envisage même leur interdiction de recharge en cas de stress énergétique sur le réseau électrique helvète cet hiver 2022-2023, très dépendant de l’approvisionnement par ses voisins français et allemands. Au sein de ma propre thèse d’ingénierie, j’ai démontré que l’électromobilité s’accompagnait d’un surplus (superflu) technologique souvent rédhibitoire pour la consommation énergétique et aggravant l’émission de divers polluants en sus d’autres maux comme le dysfonctionnement (ou détournement) électronique.

    Les écogestes, cache-misère du suicide civilisationnel

    Au passage, le même président du directoire ressasse le mantra gouvernemental (ou du cabinet de conseil mandaté) en répétant que les coupures ne sont pas une fatalité. Oubliant au passage de préciser que la situation pitoyable du secteur énergétique repose sur un défaut de production et non de consommation ! Et que des gouvernants avisés auraient ajusté prévisionnellement la production à la consommation et non l’inverse ! Encore aurait-il fallu avoir des stratèges et des ingénieurs aux commandes. Un peu comme ces élus et ces décideurs politiques qui décident de réduire la vitesse sur les axes de circulation au nom de la sécurité parce qu’ils n’ont plus les moyens de sécuriser le réseau routier alors que le principe serait la capacité, et dont la liberté, d’aller toujours plus vite et toujours plus loin selon les besoins des usagers.

    Et en filigrane, ce plaidoyer pour une automatisation de l’environnement professionnel et domestique ne manque pas d’interroger sur la problématique de la cybersécurité inhérente, d’autant que le réseau serait raccordé à une grille électrique intelligente ( Smart Grid ). Et quid des données collectées : qui, quand, quoi, où, pourquoi, comment et combien ?

    En définitive, toute notre civilisation qui repose sur une énergie accessible et à coût modéré est en train de voler en éclats non du fait de limitations techniques de production et d’acheminement ou d’incapacité du personnel qualifié à œuvrer mais par la volonté d’un personnel politique dirigeant, national et surtout européen, de satisfaire des appétits oligarchiques appuyés par les idiots utiles de l’écologisme politique.

    Comment ne pas abonder dans le propos d’un Nicolas Meilhan qui énonce abruptement et froidement que la France et l’Europe sont en voie de tiers-mondisation ? Je veux bien insister sur ce propos : c’est plus qu’une erreur politique, c’est un suicide civilisationnel. Là est la nuance et tous les écogestes n’y feront rien, surtout avec une surdose de technologisme, car le bon sens prévaut d’avertir qu’il ne faut attendre aucune bonne solution de ceux qui ont provoqué et amplifié les maux de notre temps.

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      La crise énergétique en Allemagne

      Jean Kircher · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 11 December, 2022 - 04:00 · 3 minutes

    Les Allemands sont durement touchés car ils payent plus cher que nous les folles décisions de leurs gouvernants Schroeder et surtout Merkel.

    Sous la pression de leurs gardes rouges 2.0, ils ont pris des options à long terme qu’ils regrettent amèrement aujourd’hui : gaz russe et abandon de la filière nucléaire.

    Quelles sont les réalités et les moyens pour s’en sortir ?

    Les Allemands ne paniquent pas comme nous… Concrètement le gouvernement avance : pour redresser le même désastre hospitalier que le nôtre, l’État débloque un budget de 8 milliards sur 5 ans alors qu’en France nos visionnaires débloquent 200 millions d’euros !

    Pour assurer le passage de l’hiver ils ont remis des dizaines de centrales thermiques en route en assumant le désastre CO 2 que cela provoque.

    Plutôt que de faire des discours ils agissent. À tel point que nous leur achetons des KW à raison de 6 millions d’euros par heure.

    « Il n’y a aucune indication de menace », affirme le ministère fédéral allemand des Affaires économiques et de l’Action climatique. L’Agence fédérale des réseaux considère comme « extrêmement improbable » l’hypothèse de crises.

    L’Allemagne fournit tout de même onze pays en électricité. Elle a d’ailleurs signé un accord avec la France visant à assurer son approvisionnement en électricité cet hiver (un comble !). Pour faire face à la demande, elle cite les « mesures de précaution » qu’elle a mises en place. Certaines centrales destinées aux urgences peuvent désormais produire de l’électricité. Leurs capacités ont été augmentées ainsi que dans les usines de biogaz. Des centrales à charbon fermées depuis plusieurs années dans un objectif de transition énergétique vers le renouvelable ont aussi été autorisées à rouvrir temporairement (source Paperjam).

    La Belgique est approvisionnée à 48 % par l’énergie nucléaire. La mise à l’arrêt des deux centrales belges prévue en 2025, va probablement être retardée.

    Par ailleurs les Allemands ont aménagé dare-dare un nouveau terminal gazier pouvant recevoir du gaz liquide.

    Par anticipation le réseau de distribution de gaz peut très rapidement être réutilisé dès l’arrivée de l’hydrogène. La France ne desservant que les villes en gaz aura du mal à faire de même.

    Dans la ville de Neuss, un groupe scolaire est devenu totalement autonome en mixant le biogaz d’une exploitation agricole voisine avec du photovoltaïque pour produire de l’électricité afin d’alimenter l’ensemble du site y compris la piscine olympique…

    M. Scholz se rend en Chine (sans beaucoup de succès d’ailleurs) et la ministre des Affaires étrangères va en Inde (plutôt fraîchement accueillie). En effet, le monde extérieur leur pardonne moyennement leurs frasques climatologiques pour les riches mais que les moins riches ne peuvent pas se payer. (voir Cop27)

    Et en France ?

    Bizarrement personne ne sait vraiment ce qui est prévu en France. Les débats tournent autour des centrales à l’arrêt avec toutes les polémiques autour de la culpabilité de tel ou tel président. Le gouvernement navigue entre annonces de catastrophes et messages rassurants du sieur Macron. Tout cela ressemble furieusement à une belle cacophonie doublée d’une bonne dose d’incompétence.

    Les Allemands eux se retroussent les manches et leur système fédéral décentralisé permet une réaction rapide plutôt que d’attendre la bénédiction du tout-puissant…

    Mais surtout grâce à ses excédents budgétaires et son petit endettement l’Allemagne détient un solide trésor de guerre ! Elle a les moyens et les subventions prévues pour la France en déconfiture vont maintenant être utilisées pour ses propres besoins y compris l’aide aux entreprises, les transports ferroviaires à prix très bas et plus généralement la meilleure manière de lutter contre l’inflation galopante. Tout en gérant l’arrivée de millions d’immigrés venant d’Ukraine.

    À la sortie on verra qui sera le gagnant dans cette affaire..

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      Coupures de courant : la soviétisation continue

      Jonathan Frickert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 5 December, 2022 - 04:30 · 4 minutes

    N’avoir école que l’après-midi, nous en avions tous rêvés lorsque nous foulions les bancs de l’école. Pourtant, ce qui était un doux rêve pour beaucoup s’apparente aujourd’hui à un cinglant cauchemar.

    L’annonce nous vient du ministre de l’ Éducation nationale , Pap N’diaye, lors de l’Educatech Expo qui s’est tenue en fin de semaine Porte de Versailles à Paris. Ce rendez-vous incontournable de l’innovation éducative a donc été paradoxalement l’occasion pour le ministre de faire une des annonces les plus régressives pour le secteur : la fin de l’école matinale les jours de coupures programmées d’électricité. Ces coupures se diviseraient en trois créneaux : 8 h-10 h, 10 h-12 h et 18 h-20 h, soit les heures d’école et de périscolaire qui étaient pourtant totalement exclues selon le chef de l’État en juin dernier.

    Si la capitale était un temps exclue du dispositif, c’est bel et bien l’ensemble de l’ Hexagone qui devrait être concerné, à l’exception de la Corse, reliée au réseau italien.

    Numéros d’urgence et alarmes indisponibles

    Afin de préparer progressivement la population à ces coupures, une circulaire était publiée par Matignon ce jeudi à l’attention des préfets.

    Une préparation est d’autant plus nécessaire qu’Internet et les téléphones mobiles devraient évidemment être eux aussi mis hors service durant ces coupures, à l’exception des lignes téléphoniques en T, connectées à des lignes en cuivre. De façon parfaitement surréaliste, ces coupures devraient également concerner les systèmes d’alarmes et même les numéros d’urgence. Le 112, qui devrait être l’objet d’une campagne de communication dans les prochains jours, serait quant à lui légèrement épargné.

    Outre l’éducation, c’est donc l’ensemble de notre mode de vie, y compris salarié, qui est ici rationné.

    Six à dix délestages

    En tout, près de quatre millions de clients du réseau électrique devraient être simultanément concernés par les six à dix délestages électriques que la cellule interministérielle de crise prévoit cet hiver.

    Ces délestages seront annoncés trois jours à l’avance par SMS avant d’être confirmés le lendemain, soit 48 heures avant. Dans la foulée, RTE, la société publique qui gère, depuis sa création en 2000, le réseau électrique sous contrôle d’EDF, conseille l’utilisation de l’application EcoWatt, équivalent de Bison Futé ou de Météo France permettant de visualiser en temps réel le réseau électrique.

    Une nouvelle conséquence des mesures écologistes

    Ces coupures inédites de l’aveu même de RTE sont destinées à éviter toute panne généralisée du réseau.

    Les causes de ce nouveau rationnement de notre mode de vie sont connues : inflation post-covid, conflit russo-ukrainien et surtout démantèlement en règle du parc nucléaire français . À l’heure où nous écrivons ces lignes, ce sont 30 réacteurs, soit plus de la moitié des 56 que compte la France, qui sont aujourd’hui à l’arrêt en raison de l’abandon des infrastructures énergétiques françaises depuis de nombreuses années, grâce à des évangélistes écologistes pour qui l’inflation et la pauvreté ne sont que des dommages collatéraux dans leur combat contre le progrès.

    L’électricité comme signe de civilisation

    L’homme se distingue de l’animal par la découverte puis la domestication qu’il a opéré sur le feu. Cette maîtrise a permis à notre espèce de nombreuses avancées techniques et biologiques, de la nourriture moins énergivore au travail des matériaux en passant par le rôle social du feu autour duquel s’est constitué le foyer, mot dont la sémantique même ne cache rien de son rôle social.

    De la même manière, ce qui distingue l’homme moderne de son prédécesseur est la maîtrise cette fois de l’électricité au XIX e siècle et dont dépend aujourd’hui l’ensemble de la vie humaine récente.

    L’absence d’électricité est donc un signe profond de dé-civilisation et de régression de notre mode de vie.

    La tiers-mondisation heureuse

    Si vous avez aimé les pénuries de masques, les confinements, les couvre-feux, l’inflation, la fin de l’abondance et les pénuries d’essence, vous devez être profondément heureux de ce qui s’apparente donc à un nouvel épisode de soviétisation de l’Hexagone.

    Ce nouvel épisode n’est rien d’autre qu’une tiers-mondisation heureuse car planifiée. L’effondrement économique et social n’est plus une fatalité puisqu’il est annoncé tout sourire par une élite politique expliquant joyeusement que tout est sous contrôle.

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      La réindustrialisation de la France est bien mal partie

      Claude Sicard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 24 November, 2022 - 03:50 · 5 minutes

    Beaucoup de temps a été perdu du fait que nos autorités se sont fondées sur la loi dite des trois secteurs de l’économie qui voudrait qu’une société moderne soit une société « postindustrielle ».

    Comme nous l’avons montré dans d’autres articles , les travaux de Jean Fourastié sur l’évolution des sociétés ont été mal interprétés. Dans Le grand espoir du XX e siècle paru en 1949, un ouvrage au succès considérable, cet économiste avait mis en évidence les évolutions en termes d’emplois, et non pas de valeur ajoutée. Nos dirigeants ont trop vite conclu qu’une société moderne est une société sans industrie. Fourastié avait pourtant bien pris comme critères de classification des activités la vitesse à laquelle évolue le progrès technique. Une société moderne a des effectifs industriels effectivement limités mais la valeur ajoutée par personne est devenue très importante de sorte que le secteur secondaire continue à figurer en bonne place dans le PIB des sociétés avancées.

    Cette erreur impardonnable a conduit l’économie française à la ruine : le secteur industriel ne contribue plus que pour 10 % à la formation du PIB alors que ce ratio devrait normalement avoisiner 18% à 20 % du PIB. La France est à présent le pays le plus désindustrialisé de tous les pays européens, la Grèce mise à part. Il s’agit donc maintenant de remonter la pente en réindustrialisant au plus vite le pays. Mais l’environnement n’est guère favorable à la réussite de ce pari. D’une part la fiscalité qui pèse sur les entreprises est trop lourde et la compétitivité des entreprises industrielles s’en ressent fortement. D’autre part, le droit du travail alourdit considérablement la gestion des entreprises et les empêche d’être flexibles en les paralysant.

    Comparé, par exemple, au droit du travail de la Suisse, le notre paraît aberrant : il est dissuasif pour les candidats voulant se lancer dans une aventure industrielle. Malgré un coût du travail extrêmement élevé, la production industrielle par personne de la Suisse est la plus élevée d’Europe et sa balance commerciale est chaque année largement positive, ses exportations étant régulièrement supérieures à ses importations.

    Du fait de la guerre en Ukraine vient s’ajouter un obstacle supplémentaire : le coût de l’énergie est subitement multiplié par trois ou par quatre.

    Le JDD du 20 novembre dernier publie un article très intéressant intitulé « Délocalisations énergétiques : le nouveau péril ».

    La journaliste Emmanuelle Soufi cite différentes entreprises qui délocalisent de ce fait leur production.

    Par exemple, cette PME de 100 personnes délocalise en Espagne sa production de pizzas pour les rapatrier ensuite par camions frigorifiques.

    Toshiba reporte sur les États-Unis sa fabrication d’encre pour photocopieuses.

    La firme Safran retarde l’ouverture d’un nouveau site à Feyzin, où elle voulait produire des freins d’avion, une fabrication où le gaz représente 40 % du prix de revient : en attendant, la production de ces freins est basculée sur des usines aux États-Unis ou en Malaisie.

    Un dirigeant d’entreprise explique : « La France avait deux avantages : les compétences de sa main- d’œuvre et les prix de l’énergie. Les premières sont devenues une denrée rare et les seconds se sont envolés ».

    Pour le seul secteur industriel, les charges nouvelles liées à l’augmentation soudaine du coût de l’énergie s’élèvent à 6 milliards d’euros.

    Le plan France 2030 d’Emmanuel Macron va-t-il permettre de relever le défi auquel le pays doit faire face ? Lancé en octobre 2021, il est trop tôt pour se prononcer mais on peut craindre qu’il soit très insuffisant.

    Une note du ministère de l’Économie et des Finances du 18 novembre 2022 énonce :

    « Le Président de la République Emmanuel Macron dévoilait il y a un an le plan d’investissement France 2030. Avec 54 milliards d’euros, ce plan doit permettre de rattraper le retard industriel français, d’investir massivement dans les technologies innovantes ou encore de soutenir la transition écologique. Il vise en particulier la création de nouvelles filières industrielles et technologiques ».

    Initialement, il s’agissait de seulement 30 milliards d’euros étalés sur 5 ans pour « relever des défis accablants », sans que l’on sache exactement sous quelle forme allait être fourni l’appui de l’État à des entreprises. Le frein essentiel est en fait le climat social du pays, un droit du travail paralysant et des syndicats qui persévèrent dans leur stratégie de lutte permanente contre le patronat, un comportement hérité de la charte d’Amiens qui date de 1906.

    On est très loin du climat dans lequel fonctionne la Suisse dont l’économie est extrêmement performante : jamais de grèves, les conflits se réglant obligatoirement par le dialogue du fait d’un accord entre le patronat et les syndicats remontant à 1937, un Code du travail se limitant à une trentaine de pages et des semaines de travail pouvant aller jusqu’à 45 heures voire 50 heures. L’âge de départ à la retraite est fixé à 65 ans depuis 1948. Les syndicats et le patronat se comportent comme des partenaires sociaux ayant décidé par la convention Paix sociale signée le 19 janvier 1937 de régler les conflits par le dialogue. Les licenciements se font selon des règles très simples : préavis de un mois la première année puis deux mois de la seconde à la neuvième année de présence, ensuite trois mois au-delà ; il n’y a pas nécessairement obligation d’en indiquer le motif ni d’accorder des indemnités particulières. La fiscalité des entreprises est plus légère qu’en France et les cotisations – tant patronales que salariales – sont bien inférieures aux nôtres.

    Notre pays est très loin d’être en mesure de s’acheminer sur cette voie. Par conséquent il est à craindre que le pari de réindustrialiser notre pays dans des délais raisonnables ne puisse être tenu. Les syndicats continuent à se cantonner dans des luttes stériles contre le patronat et les partis d’opposition luttent contre le capitalisme, comme on l’a vu encore tout récemment avec le projet de taxation des « super-profits ».

    On ne peut que s’interroger : pourquoi notre pays est-il incapable de s’inspirer de l’expérience des pays qui ont une économie qui fonctionne bien ? Il y a pourtant autour de nous des économies prospères et dynamiques !

    La Suisse, tout spécialement, en est un : elle a un PIB per capita de 93 457 dollars, alors que la France en est à un PIB par tête de seulement 43 518 dollars. De tels chiffres mériteraient d’être connus des Français, mais aucun média ne s’aventure à jeter le pavé dans la mare. On ne peut que se demander pourquoi.