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      Vaccin Covid-19 : un mirage dans le désert

      Paul Touboul · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 19 February, 2021 - 04:30 · 8 minutes

    vaccin covid

    Par Paul Touboul.

    Depuis le début de la pandémie Covid-19 , il y aura bientôt un an , tout a été matière à dramatisation fondée sur l’image diabolisée de ce virus dont les effets sur l’espèce humaine seraient inédits, s’agissant de la mortalité induite comme du pouvoir à ressurgir dans l’avenir à tout moment.

    Même si avec le temps ont émergé des données rassurantes, telle une létalité modeste, de l’ordre de celle de la grippe, et se cantonnant presque exclusivement aux sujets de plus de 80 ans, le tragique a continué d’alimenter l’action gouvernementale, relayé et amplifié par les médias.

    Les cafouillages politiques

    De plus les mesures prises telles que le confinement initialement, puis le couvre-feu aujourd’hui continuent de brouiller une saine vision des choses. L’ambiance sur le sujet est devenue électrique.

    Au lieu de discussions ouvertes sur les options sanitaires possibles s’est imposée une voix officielle intolérante et déniant toute place à la controverse même appuyée scientifiquement. L’affaire s’est politisée et le fait de soulever des objections aux mesures en cours a été vue comme une opposition au chef de l’État et au gouvernement.

    À y regarder de plus près, il apparait avec le recul que nos gouvernants n’ont eu de cesse au fil du temps de rattraper la gestion calamiteuse de la pandémie de mars- avril 2020 où se sont accumulés les déboires (manque de tests, de masques, sous-équipement des hôpitaux) auxquels ils ont ajouté la décision ahurissante de ne pas traiter dès le début les sujets contaminés.

    Par la suite, l’entretien d’un climat anxiogène a fini par ancrer dans la population l’idée que l’on avait affaire à une maladie pas comme les autres, insaisissable, meurtrière, conduisant à inscrire dans cette optique la surmortalité des débuts et à faire oublier les éventuelles responsabilités.

    Et une fois le pic épidémique passé, l’on en a rajouté en multipliant les tests de dépistage, en maintenant la population en haleine, en annonçant une nouvelle vague épidémique à laquelle il fallait se tenir prêt.

    Bref, l’histoire continuait avec un gouvernement à la manœuvre, prêt à tout.

    Par contre la révision de certains errements du début n’a pas été faite en raison du risque d’effet boomerang incontrôlable. Tel est le cas du traitement d’attaque des contaminés définitivement mis aux oubliettes.

    Le mirage du vaccin

    Alors, face à une virose qui n’en finit pas, à en croire les taux de contamination, est apparu le vaccin , tel une oasis dans le désert. Une protection aussi large que possible est ainsi mise en jeu périodiquement lors des grippes saisonnières.

    Dans la situation actuelle il s’agit d’une circulation virale persistante considérée comme préoccupante mais sans véritable déferlante épidémique. Le nombre actuel de contaminés jugé critique concerne en grande majorité des sujets a-ou paucisymptomatiques.

    Alors faut-il pour autant vacciner largement ? de préférence qui ? et de quels produits disposons-nous ? pourquoi en fin de compte ne pas laisser se développer progressivement une immunité collective ?

    Rappelons que les vaccins diffusés en Europe depuis la fin de l’année dernière recourent à l’administration d’ARN messager porteur d’un spike du coronavirus dont la transcription à nos cellules est supposée déclencher la réaction immunitaire. Ils sont toujours officiellement en évaluation même si une autorisation anticipée de mise sur le marché leur a été délivrée par la FDA et les institutions européennes.

    Le public n’a à leur sujet aucune véritable information et retient simplement les scoops lapidaires lancés sur les chaines d’information, en l’occurrence des taux d’efficacité de 94,5 ou 95 %.

    Comme tout au long de cette crise, la fièvre monte, chacun sur les plateaux télé y va de ses opinions lancées à la cantonade et qui font fi d’une connaissance réelle du problème. Les discussions partent dans tous les sens et une fois de plus la moindre réserve sur l’opportunité d’une vaccination à grande échelle est cataloguée comme politiquement incorrecte.

    Le vaccin Pfizer à l’étude

    Pour la bonne information de chacun il importe de se référer à une récente publication du New England of Medicine du 31 décembre 2020 (vol. 383 no 27 2603-2615). Elle est intitulée « Safety and efficacy of the BNT162b2 mRNA Covid-19 vaccine ». En d’autres termes il s’agit du rapport établi par Pfizer à propos d’une évaluation préliminaire de son vaccin anti-Covid.

    Le suivi médian a été de deux mois ce qui limite la population d’étude à un peu plus de 37 000 sujets répartis après randomisation en deux groupes d’environ 18 000 chacun, l’un recevant le vrai vaccin et l’autre un placebo.

    Le vaccin, ou son placebo, a été administré en deux injections intramusculaires séparées l’une de l’autre de 21 jours. L’action à l’encontre d’une infection par le SARS-Cov-2 a été évaluée à partir du septième jour suivant la deuxième injection.

    Ainsi le vaccin était censé n’exercer sa pleine efficacité qu’au terme d’un délai de 4 semaines après la première injection. Les effets secondaires ont été aussi colligés.

    Le résultat central s’agissant d’efficacité se résume dans ces deux chiffres : 9 cas de Covid-19 dans le groupe vaccin contre 172 dans le groupe placebo, ce qui correspond à une efficacité vaccinale de 95 %.

    Par contre le nombre de contaminations apparues avant le terme de 4 semaines est de 41 chez les vrais vaccinés contre 103 chez les témoins, donnée certes qui couvre la période précédant la pleine efficacité du vaccin mais n’en est pas moins à mettre au passif du traitement.

    Autre réserve limitant la généralisation des résultats : la population des plus de 75 ans, qui, on le sait, sont les victimes privilégiées du coronavirus, ne représente dans ce travail que 4,5 % des cas. Les effets secondaires, douleur au point d’injection, fatigue, maux de tête ont concerné plus de la moitié des vaccinés, la fièvre 0,2 % des cas, les adénopathies 0,3 %. Il y a eu 2 décès contre 4 sous placebo.

    En clair le vaccin Pfizer n’est pas la panacée. Certes, l’efficacité n’est pas mise en doute, mais si l’on prend en compte les cas d’infection survenus avant que le vaccin ait donné toute sa mesure les résultats sont moins flamboyants. Surtout on peut s’étonner qu’un suivi de deux mois ait été jugé suffisant par les autorités compétentes pour autoriser une utilisation à large échelle.

    Quid du maintien de l’efficacité à plus long terme, quid de la protection vis-à-vis des variants, autant de questions sans réponse. Sans compter, on le sait d’expérience, que des effets indésirables peuvent survenir des mois ou des années après.

    En outre l’utilisation inédite à des fins vaccinales d’ARN messager méritait un surcroît de prudence et non cette plongée dans l’inconnu à laquelle les États se sont livrés. Certes les données rapportées ne concernent que le vaccin Pfizer. On peut néanmoins s’en inspirer dans le regard porté sur des produits analogues comme les vaccins Moderna ou Astra-Zeneca.

    Alors que conclure ?

    En premier lieu que l’on ne dispose pas avec les vaccins à notre disposition de solution miracle à la virose Covid-19. Les inconnues concernant leur véritable efficacité dans la crise actuelle, l’absence d’évaluation à moyen et long terme, justifient au mieux un usage raisonné prenant en compte l’ampleur des dangers liés à l’exposition au virus.

    Même si dans la publication de Pfizer la population des plus de 75 ans est très peu représentée, c’est pourtant à elle qu’une politique de vaccination doit s’adresser en priorité, le risque vital élevé primant sur les doutes quant aux effets indésirables à distance des produits disponibles. La même assertion s’applique aux sujets atteints de maladies chroniques débilitantes.

    Par contre, le problème d’une généralisation à l’ensemble de la population demeure non résolu. La situation sanitaire actuelle l’impose-t-elle ? On peut en douter s’agissant d’une présence virale à la marge qui certes reste bien implantée mais sans jusqu’alors la moindre trace d’un authentique tsunami, menace il est vrai brandie chaque jour dans les médias en relai de l’information gouvernementale.

    On pourrait tout aussi légitimement imaginer la fin prochaine de la virose. Alors, en pareil cas, vacciner aussi une population qui n’a pas à craindre pour sa vie et même, dans sa majorité, n’aura que peu ou pas de symptômes, a tout d’un pari exorbitant compte tenu que le rapport bénéfice-risque du vaccin demeure mal connu.

    Par conséquent la prudence doit être de rigueur et l’imposition gouvernementale laisser place à une prise de décision individuelle éclairée par une information fondée sur l’état des connaissances. Malheureusement dans le climat hystérique d’aujourd’hui, le débat sur le sujet est escamoté et c’est à l’évidence un scandale de plus dans la longue série de couacs qui a émaillé depuis le début l’histoire de la Covid-19 dans notre pays.

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      S’opposer aux restrictions sanitaires n’est pas un crime

      Olivier Maurice · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 19 February, 2021 - 04:25 · 12 minutes

    restrictions sanitaires

    Par Olivier Maurice.

    Que tous ceux qui pensent que ne pas être d’accord avec les mesures gouvernementales de restriction des libertés se rassurent : vous n’êtes pas immoraux, vous n’êtes pas égoïstes, vous n’êtes pas criminels, vous n’êtes pas inciviques et de plus, vous n’êtes pas seuls.

    Réclamer la liberté, ce n’est pas vouloir faire mourir les autres

    Cet argument inacceptable n’a que trop duré.

    Ce n’est pas parce que vous fêtez Noël en famille , que vous voulez tuer Papi et Mamie.

    Ce n’est pas parce que vous buvez un verre à la terrasse d’un café que vous allez assassiner votre voisine de palier.

    Ce n’est pas parce vous regardez un film au cinéma ou que vous visitez un musée que vous envoyez votre grand-tante à l’hôpital.

    Ce n’est pas parce que vous suivez des cours dans une salle de classe que vous remplissez les services de réanimation.

    Ce n’est pas parce que vous refusez de ruiner votre vie, votre avenir, votre pays que vous êtes un mauvais citoyen.

    Vous en avez juste assez de ne pas être traité comme des êtres humains. Assez d’être un élément de statistique, de compte budgétaire, une entrée dans une base de données ou une ligne dans un tableur.

    Vous en avez juste assez d’être manipulé par la peur et l’injonction.

    Vous avez absolument raison de penser que votre vie vaut bien plus qu’une pourcentage, qu’un calcul politicien et qu’une manipulation corporatiste.

    Vous avez absolument raison de penser que ceux qui nous font la leçon en accumulant les prétextes fallacieux depuis un an doivent cesser immédiatement de plonger le pays dans la ruine et de détruire des millions de vies par calcul politicien ou pire, par simple jouissance de faire entendre leur voix.

    Coupable et responsable

    Tout d’abord, c’est le virus, c’est la maladie générée par le virus qui tue. Ce ne sont pas les individus.

    Il faut absolument sortir de ce film diffusé partout en boucle, même si on sait que ce sujet est un très bon client pour l’industrie du spectacle. Nous ne sommes pas dans l’apocalypse zombie. Les autres ne sont pas des morts-vivants qui rôdent dans l’ombre et qui risquent à tout moment de vous sauter dessus pour vous transformer à votre tour en créature démoniaque.

    Il faut absolument arrêter de penser et surtout de dire et de claironner que si nous sommes en danger, cela serait dû au comportement des autres .

    Quand vous sortez et qu’il pleut, est-ce que c’est la faute des autres si vous êtes mouillés ? Clairement non et ce serait totalement stupide de prétendre cela.
    Eh bien, depuis maintenant plusieurs semaines, depuis plusieurs mois, il pleut. Il pleut parce que l’on est en hiver et que certains tombent malades, attrapent un rhume, une grippe ou la covid. Il pleut comme il a toujours plu.

    Parce que la vie sur Terre, c’est comme ça et ce sera toujours ainsi. Nous ne sommes pas les seuls sur cette planète et nous ne maîtrisons pas tout. Les animaux, les bactéries, les virus aussi partagent ce monde avec nous. Et sur cette planète, tantôt il pleut, tantôt il fait beau, tantôt il est sain de se balader, tantôt c’est très dangereux, tantôt les loups sont dans les bois, tantôt la faim les pousse à sortir. Tout dépend de là où nous nous trouvons et à quel moment.

    En ce moment, sortir est dangereux, parce qu’un être vivant qui vit sans doute depuis bien plus longtemps que l’espèce humaine sur cette planète, un être vivant microscopique a décidé de faire ce que tout être vivant est programmé à faire : se reproduire. Pour se reproduire, il a besoin de nourriture et manque de chance, cette nourriture, c’est nous.

    Hideuse ironie que celle d’un monde où les individus sont tellement perdus qu’ils voudraient donner des droits aux animaux, les préserver dans leur naturalité et déclarent ignoble qu’ils veulent vivre et se reproduire.

    Restrictions sanitaires et morale inversée

    Mais est-ce égoïste, immoral ou criminel de penser ainsi, comme on nous le répète quotidiennement ?

    Pour répondre à cette question, il est nécessaire d’observer d’où vient cette accusation.

    Elle vient des mêmes qui pensent que l’Homme détruit la planète et qu’il est la cause de tous les maux du monde, de ceux qui pensent que tout ce qui s’y produit est la faute d’une autre chimère, d’un autre personnage de fiction : la société, le système, les autres.

    La nature a fait l’homme heureux et bon, mais […] la société le déprave et le rend misérable.

    Et on apprend encore religieusement cette bêtise de Jean-Jacques Rousseau à l’école. Et on étudie encore cette autre déduction ridicule de Jean-Paul Sartre :

    L’enfer c’est les autres.

    Ce jugement n’est que la conséquence directe de cette façon de penser. Mais comment s’étonner de cette morale inversée quand depuis l’enfance on donne aux individus ce qu’ils ont envie d’entendre, c’est-à-dire qu’ils sont le centre du monde : des êtres purs, merveilleux ayant naturellement droit à tout. Que tous les malheurs qui peuvent leur arriver ne sont jamais de leur fait, jamais de leur faute, jamais de leur responsabilité, jamais de leur cause, ne sont jamais les conséquences de leurs actes.

    Quand vous sortez en sandales et en chemise sous une pluie battante, ne vous étonnez pas d’être mouillés. Mais quand vous nous expliquez avec aplomb que si vous êtes mouillés, c’est parce que les autres ne vous protègent pas avec un parapluie, vous dépassez clairement les bornes de la décence.

    Ceux qui sont nés dans l’euphorie des Trente glorieuses, qui ont eu la chance incroyable de vivre leur adolescence alors que l’Occident s’opposait à la dictature communiste par la liberté de vivre et d’entreprendre et qui aujourd’hui accablent la liberté et la jeunesse d’aujourd’hui, sont clairement les pires de tous.

    Ça suffit !

    L’épidémie ne signifie pas la fin du monde. Il suffit de cette fable ridicule pour faire peur aux enfants.

    Est-ce que cela veut dire que le virus n’est rien ? Absolument pas : la maladie peut être grave, très grave, mortelle, nous le savons tous. Et elle touche en majorité les plus fragiles . Nous le savons tous également.

    Mais il n’y a absolument rien de nouveau là-dedans. Les maladies ont toujours été plus graves pour les personnes fragiles. Les prédateurs se sont toujours attaqués aux plus faibles. Les maisons de paille se sont toujours envolées avant les maisons de brique.

    Existe-t-il un devoir moral de protéger les plus faibles ? Oui également. Mais cela aussi, c’est d’une évidence simpliste.

    Commençons déjà par cesser de croire qu’il puisse y avoir un quelconque besoin de rappeler et de renforcer ces banalités. Il n’y a absolument aucune gloire à avoir, ni aucune vertu à s’enorgueillir, à clamer de telles évidences. Nous sommes ici tout bonnement au niveau zéro de la réflexion et de l’empathie.

    L’épidémie de covid ne signifie pas la fin du monde. Mais la crise que les mesures d’exception, leurs coûts, leurs conséquences, le précédent qu’elles ont créé et le très discutable résultat qu’elles ont pu avoir risquent très fortement de signifier la fin d’un monde.

    En tout état de cause, pour beaucoup, beaucoup trop de gens, l’ombre que ces décisions font porter sur leur avenir est à fois indéniable, extrêmement sombre et terriblement menaçante. Pour eux, cela se rapproche de plus en plus de la fin de leur monde.

    Le monde d’avant

    On entend énormément parler du monde d’après et du monde d’avant . Mais rappelons-nous ce qu’était vraiment le monde d’avant. Ou plutôt, essayons de reconstituer ce qu’il était.

    Pas le monde de l’avant cette dernière folie. Le monde d’avant, le monde de 10 000, 5000, 2000, 200 ans d’Histoire. L’Histoire n’est pas une page blanche. Le futur l’est. Mais nous vivons dans le mirage d’être capable d’effacer le futur, d’effacer le réel, d’effacer l’Histoire, pour créer une chimère d’un futur certain et contrôlé.

    Ce n’est pas vous qui êtes égoïste, immoral ou criminel. Ce sont ceux qui pensent que le passé doit être réduit à néant et que le futur peut être totalement maîtrisé, qui sont des sots, des fous, de dangereux malades.

    Et surtout d’incroyables égoïstes nombrilistes qui ne pensent qu’à protéger leur petit confort et à défendre leurs ridicules privilèges. Chacun dans une société a un rôle à remplir, chacun a sa place à occuper. Et ce rôle n’est pas d’attendre des autres qu’ils fassent ce que par paresse, par ennui ou par calcul, on n’a pas envie de faire.

    Le monde a vécu dans le passé de terribles tragédies et est passé à travers d’horribles épreuves.

    La peste noire a tué entre un tiers et la moitié de la population européenne en cinq ou six ans. La grippe espagnole a fait entre deux et cinq fois plus de victimes que la Première Guerre mondiale. La folie des Hommes a pu créer d’horribles drames, mais il ne faudrait pas oublier que la nature est de loin la plus implacable des meurtrières.

    L’Histoire de l’Homme, l’histoire de l’Humanité, c’est une guerre implacable contre la Nature qui dure depuis des milliers d’années et nous ne devrions ressentir aucune honte, aucune culpabilité d’avoir gagné de si nombreuses victoires éclatantes. Nous devrions en être extrêmement fiers.

    Refusons la tyrannie

    Non, il n’est pas immoral de s’opposer fermement aux restrictions des libertés qui nous sont imposées.

    Ce qui est parfaitement immoral, c’est d’accuser de meurtre et de mise en danger de la vie d’autrui des millions de parfaits innocents et de réduire leur liberté pour un crime qu’ils n’ont pas commis et qu’ils ne commettront sans doute jamais.

    Ce qui est ignoblement immoral, c’est la punition collective pour les innocents et l’immunité pour les coupables. Si transmettre la maladie est un crime, que l’on mette donc en prison ceux qui ont contaminé leur voisin ! Ce qui est encore plus immoral que la punition collective pour les innocents, c’est la punition collective pour les innocents d’un crime qui n’en est pas un.

    C’est profondément immoral, profondément injuste.

    Non, il n’est pas égoïste de réclamer le retour des libertés . Ce qui est parfaitement égoïste, c’est de demander aux autres de payer le prix de votre sécurité et de votre liberté. Ce qui est ignoblement égoïste, c’est de contraindre les autres pour ne pas avoir à se contraindre soi-même.

    Ce qui est encore plus égoïste, c’est de faire payer aux plus faibles, aux plus démunis, le prix de son simple confort. Quel sera le prix pour les générations futures de toutes ces restrictions, de toutes ces aides distribuées, de toutes ces entreprises fermées, de toutes ces dettes accumulées ? Quel est le prix que doivent déjà payer les étudiants , les écoliers, les précaires, les indépendants ?

    C’est profondément égoïste, incroyablement inconséquent.

    Non, ce n’est pas criminel de vouloir sortir, se retrouver, échanger, de vouloir tout simplement vivre. Ce qui est criminel , c’est d’utiliser la force, la contrainte, la violence, pour obtenir ce dont nous avons envie.

    Et que cette violence soit légale ou non ne change absolument rien. Ce n’est pas parce qu’il est écrit sur un bout de papier, ce n’est pas parce qu’une majorité, une minorité ou un groupuscule quelconque a inscrit sur un bout de papier qu’il serait dorénavant légal de voler, de détenir, de déposséder, d’enfermer ou de contraindre que ces actions changeraient leur nature profonde. La violence légale, le crime légal n’en reste pas un moins de la violence, ne reste pas moins un crime. Même s’il a été convenu et reconnu que son usage serait justifié ou préférable.

    Un crime reste un crime. Et l’usage de la force et de la contrainte est un crime.

    Pour finir, ce n’est pas du tout incivique que de se rebeller contre cette tyrannie. Ce n’est en aucune façon de la désobéissance. Il ne faut pas plus en être honteux qu’en être fier. Il ne faut pas confondre respecter les individus qui vous entourent et respecter la loi et la puissance politique.

    Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas d’accord, que vous le dites ou même que vous le criez très fort, que vous manquez de respect envers les individus avec lesquels vous vivez, que vous manquez de respect envers les autres, envers les plus faibles comme envers les plus forts d’ailleurs. Ce n’est même pas manquer de respect envers les lois et la puissance politique.

    Ce sont ceux qui vous interdisent de faire entendre votre désaccord qui vous manquent profondément de respect. Ce sont ceux qui vous traitent comme des enfants , comme des irresponsables, comme des inconséquents, comme des moins que rien qui font preuve d’un manque total de civisme. Pire, d’un manque total de savoir vivre.

    Et ce manque patent de respect, on ne peut que le constater chaque jour. Vous êtes de plus en plus en plus nombreux à vous faire entendre. Et il n’y a aucune gloire à avoir su reconnaître où se situent réellement la morale, la justice, le crime et le respect d’autrui depuis le début de cette folie. Quoique.

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      Troisième confinement, un choix qui serait fatal pour le pays

      Auteur invité · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 18 February, 2021 - 03:50 · 6 minutes

    troisième confinement

    Par Philippe Folliot 1

    Si un troisième reconfinement a été écarté par l’ exécutif , la situation reste pour l’heure fragile. Les derniers chiffres relativement stables de l’évolution de l’épidémie nous prouvent que nous avons eu raison de faire confiance aux Français et que nous devons tout faire pour poursuivre dans ce sens, tant il est vrai que nos concitoyens sont éprouvés, lassés, voire véritablement en souffrance vis-à-vis de cette crise sanitaire dont l’issue est sans cesse reportée depuis près d’un an.

    Le vaccin nous offre certes un espoir de sortie, cependant la durée de la campagne de vaccination en cours est incompressible. Organisation matérielle et humaine, logistique et transport des doses, mobilisation de la population parfois sceptique : tout cela demande du temps. Aussi devons-nous continuer nos efforts pour épargner nos hôpitaux et nos soignants, et prendre soin de la santé de tous, en particulier des plus fragiles.

    Acceptabilité minime

    C’est pourquoi je pense que l’acceptabilité d’un troisième confinement sera minime après cette année extrêmement difficile pour bon nombre de Français.

    Je pense aux jeunes , aux étudiants, qui souffrent de l’enseignement à distance, de la solitude et de moyens financiers rendus plus restreints par la crise, car nombreux sont les jobs étudiants qui ne peuvent reprendre à cause de la situation.

    À cet âge où se fondent les amitiés les plus solides, où naissent les premiers amours et où les premiers jalons vers la vie professionnelle sont jetés, exiger de s’enfermer une fois de plus dans un logement souvent exigu aurait des conséquences psychologiques majeures, pour le présent et pour l’avenir, qu’aucun de nous n’est encore capable de mesurer.

    Je pense également aux artisans, commerçants, restaurateurs, PME, aux acteurs de la culture, du sport, de la vie associative…, qui ont dû suspendre leur activité, momentanément ou sans limite de durée annoncée, et qui sont durement touchés par les conséquences économiques de la crise. Pour certains, ces efforts ont déjà coûté la vie de leur entreprise.

    Beaucoup d’autres sont dans l’incertitude des lendemains, dont ils ne sont pas sûrs qu’ils s’en remettront. Alors que les déficits se creusent de manière abyssale, que le différentiel de croissance avec nos principaux partenaires économiques augmente, nous assistons, tétanisés, à l’affaiblissement économique de notre pays qui fait que le « quoi qu’il en coûte » pourrait bien se fracasser sur le mur des réalités financières !

    Le drame humain

    Sur le plan humain, ce sont aussi tous ces drames intrafamiliaux, aggravés par la promiscuité, que nous devons éviter à tout prix : je pense avant tout aux femmes et aux enfants victimes de violences. Je pense aussi à ces couples séparés contraints de vivre sous le même toit, etc.

    Songeons en outre à tous ces foyers ruraux, éloignés de tout, dont les membres souffrent d’autant plus de l’isolement, de la solitude pour certains, que les commerces sont éloignés et fermés, que les services publics sont restreints et de plus en plus dématérialisés, alors même que le seul accès à internet dans ces zones est déjà une lourde problématique en soi.

    Il faut saluer ici le travail formidable des maires, élus locaux et agents qui répondent aux besoins concrets de leurs administrés, en particulier dans ces villages sans commerce de proximité, ni pharmacie. Face à la situation d’angoisse que cette pandémie provoque pour les administrés les plus fragiles ou isolés, parfois sans aucun moyen de se déplacer, la mobilisation des équipes municipales est dans la plupart du temps la seule solution pour apaiser un peu les tensions.

    Dans ces municipalités, il existe d’ailleurs, selon moi, un danger majeur de démocratie lié aux mesures sanitaires. En effet, dans les petites communes,  beaucoup de maires et d’adjoints, non-retraités, exercent une profession en dehors de leur fonction, qui les contraint à l’exercer, en temps normal, au-delà de l’horaire du couvre-feu.

    J’ai alerté le Premier ministre de l’impossibilité pour ces élus locaux de mener correctement leur mission dans ces conditions, et surtout de faire remonter les requêtes de leurs administrés aux échelons supérieurs. Il a répondu à cette lettre avec intérêt et célérité, assurant que toutes les missions menées durant les horaires du couvre-feu étaient considérées comme relevant d’une activité professionnelle et qu’elles faisaient bien partie des exceptions à celui-ci.

    C’est un signal extrêmement positif de sa part, car il en va de la relation de confiance entre élus et populations, mais aussi de l’égalité entre citadins et ruraux en matière de citoyenneté.

    L’apparition de nouveaux variants parfois plus contagieux ou plus dangereux nous plonge encore un peu plus dans l’incertitude, dans le doute sur la suite à venir. À nous, personnels politiques, de ne pas aggraver la situation en ne jouant pas aux druides, aux voyants, et encore moins aux prédicateurs. Faisons ce pourquoi nous avons été élus : évaluons la situation, débattons démocratiquement et tranchons sur les recommandations à faire. C’est pourquoi je pense que de nombreuses mesures alternatives , intermédiaires , peuvent et doivent être tentées.

    Renforcer la confiance accordée aux Français

    Cela passera peut-être par une territorialisation de celles-ci – le couvre-feu, comme je l’ai dit, n’est guère adapté à la vie rurale – mais aussi par un maintien et même un renforcement de la confiance accordée aux Français .

    Reconnaissons-le : les appels à la désobéissance civile n’ont pas pris dans notre pays comme c’est le cas chez certains de nos voisins. Je suis persuadé que le civisme des Français a encore de la ressource et qu’en nous appuyant sur lui, nous pourrons, sinon l’éviter totalement, du moins repousser au maximum la menace d’un nouveau confinement.

    Le troisième confinement, si nous ne pouvons y échapper, devra être l’ultime recours, pour mobiliser les dernières forces et les jeter dans la bataille au moment où nous serons sûrs de l’emporter sur le virus ; non une mesure de passage avant une nouvelle, mais une mesure de fin. Cela seul pourra le faire accepter aux Français à bout de souffle.

    La lutte contre la covid-19 est comme un marathon : lancer son accélération finale avant le dernier kilomètre ne sert à rien, si ce n’est à s’épuiser, alors que la vue de la ligne d’arrivée, elle, galvanise et donne le courage d’aller puiser encore plus profond en soi. Nous ne sommes pas parvenus à ce dernier kilomètre, aussi ménageons-nous, ménageons les corps, les esprits et les consciences, et quand le moment viendra, je sais que nous répondrons tous présents.

    1. Philippe Folliot est sénateur du Tarn, membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Il est le président du parti l’Alliance Centriste.
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      Le passeport vaccinal, une forme d’apartheid

      Charles Boyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 18 February, 2021 - 03:40 · 2 minutes

    passeport vaccinal

    Par Charles Boyer.

    Parmi les nombreuses dérives qui fleurissent ayant pour prétexte la Covid-19 , on commence à entendre des appels plus ou moins voilés à la mise en place d’un passeport vaccinal ou passeport immunité, qu’il dise ou pas son nom.

    Écoutons par exemple ici les propos d’un intervenant se considérant libéral :

    Ou encore, ici , de la part d’une corporation professionnelle.

    De quoi s’agit-il ? Concrètement, c’est fort simple : celui qui ne serait pas vacciné ne pourrait pas accéder à la plupart des établissements commerciaux, aux transports, aux voyages.

    Dès lors, il s’agit de refuser l’accès de certains endroits à une portion de la population, refus exercé par ceux qui font les règles et qui se réservent ainsi l’accès à ces lieux ségrégués.

    Une des motivations pour ces mesures est la peur, voire le dégoût, de cette population que l’on exclut. Une autre motivation est, pour ceux qui énoncent cette règle, de faire régner leur autorité sur ceux se voyant interdire divers accès.

    Ce n’est par nature pas différent des précédentes discriminations institutionnalisées, comme par exemple l’apartheid en Afrique du Sud ou encore la ségrégation raciale sévissant dans le sud des États-Unis jusqu’à ce que la lutte du mouvement des droits civiques y mette fin dans les années 1960.

    L’apartheid était fondée sur un critère aberrant, la couleur de peau ; le passeport vaccinal le serait sur un autre, la conformité à une procédure médicale ou pharmaceutique.

    Apartheid au sens strict

    L’usage du terme apartheid pourra certes choquer car il désigne un régime brutal et même meurtrier. C’est cependant bien ce que nous énonçons, apart signifant séparé en néerlandais et à part en français.

    Ce n’est qu’ultérieurement que survient la brutalité, laquelle devient inévitable pour faire durer et respecter ces règles si injustes et humiliantes. Nous ne savons pas et, espérons que nous ne le saurons jamais, si le passeport vaccinal pourrait mener à cela.

    Rien ne peut justifier l’adoption de ce type de discrimination liée à un vaccin contre un virus saisonnier frappant majoritairement des personnes fragiles qui doivent donc être protégées préférentiellement par vaccination ou par d’autres mesures.

    Ceci est d’ailleurs exprimé clairement par le conseil de l’Europe, par le point 7.3.2 dans ce document .

    Que se fassent vacciner ceux qui le souhaitent, mais toute tentative de contraindre ceux qui ne présentent pas de risques est choquant et contraire à l’éthique.

    La Covid-19 a déjà été utilisée pour justifier des mesures injustes et dévastatrices : confinements, couvre-feux, fermetures d’écoles, de commerces, port déshumanisant du masque inutile en extérieur .

    N’acceptons pas qu’une certaine forme d’apartheid se mette en place.

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      Crise sanitaire : pour aider les jeunes, il faut libérer l’économie

      Adnan Valibhay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 17 February, 2021 - 04:15 · 4 minutes

    Par Adnan Valibhay.

    La période actuelle est certainement l’une des plus difficiles que la jeunesse ait eu à connaître. Le désespoir de chacun croît. Le mal-être constant est omniprésent.

    Tous sont bouleversés par la crise sanitaire , ainsi que par ses conséquences sur les libertés. Nombreuses sont les personnes qui souffrent affreusement de la distance à l’égard de tous qui leur est imposée. Nombreuses sont celles dont l’espérance se tarit. Nombreuses sont celles qui sombrent dans la dépression.

    Les étudiants touchés

    Les étudiants aussi sont particulièrement touchés . Les étudiants aussi ont droit à l’avenir. Les étudiants aussi peuvent être fragiles. Ils se sentent pourtant oubliés.

    Beaucoup doutent terriblement. Beaucoup cherchent désespérément des stages. Beaucoup travaillent avec ardeur. Beaucoup souffrent de l’isolement. Beaucoup sombrent dans le nihilisme.

    Face à ce marasme sans précédent, face à l’urgence de la situation, des voix s’élèvent pour tenter de les aider. Les interrogations s’enchaînent tandis que les réponses n’adviennent nullement.

    Certes, la jeunesse bénéficie désormais de la pitance publique pour se sustenter en ne déboursant pas moins que la coquette somme de un euro , mais aucune solution réelle ne leur a été proposée.

    Généraliser l’assistanat n’est pas la solution

    Pour ne pas changer ses vieilles habitudes, la gauche souhaite unanimement étendre le RSA dès l’âge de 18 ans . En d’autres termes, favoriser l’assistanat plutôt que de permettre aux jeunes d’accéder à la liberté en construisant dès maintenant leur indépendance.

    La majorité présidentielle, par la voix du délégué général de la République en marche (LREM), Stanislas Guérini, entend faire bénéficier la même tranche d’âge d’ un prêt de 10 000 euros à taux zéro remboursable uniquement si un certain niveau de revenu est atteint. Soit pérenniser l’endettement des Français en fragilisant l’avenir de ceux qui auront la lourde tâche de bâtir la France de demain.

    Dans le même temps, les facultés restent fermées. En effet, l’ ordonnance du juge des référés du Conseil d’État du 10 décembre 2020 estime que le distanciel assure l’accès à l’enseignement supérieur rejetant ainsi le recours formé par 77 enseignants chercheurs de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. En conséquence, la reprise des cours en présentiel ne peut se faire que très progressivement, à titre tout à fait sporadique, soit symboliquement alors même que nul enseignement digne de ce nom ne saurait se transmettre sans dialogue socratique.

    Les théâtres et les musées, les restaurants et les discothèques, les festivités et les cérémonies, demeurant prohibées, l’économie est également sous pression. Une telle politique, en plus d’être destructrice du point de vue culturel, met sous la sellette bon nombre de jeunes pour qui ces activités tendaient à être des ressources vitales par lesquelles ils vivaient décemment en toute indépendance sans demander l’aumône à qui que ce soit.

    La gestion invasive de la crise sanitaire

    En conséquence, il est demandé à l’État de réparer ce qu’il fait subir à la population alors même que c’est sur chacun que pèsera tôt ou tard le poids de cette gestion invasive de la crise sanitaire , par notamment des hausses d’impôts directs ou indirects, des cotisations sociales toujours plus importantes, soit par un accroissement du cauchemar fiscal.

    Sachant qu’il n’est en principe pas de son ressort d’être à ce point présent dans la vie de ses sujets, n’est-il pas grand temps pour lui de faire marche arrière en libérant les Français ?

    Cette omnipotence de l’État n’est pas sans évoquer cette réplique d’Antigone dans la tragédie éponyme de Sophocle :

    « Je ne croyais pas, certes, que tes édits eussent tant de pouvoir qu’ils permissent à un mortel de violer les lois divines : lois non écrites, celles-là, mais intangibles. »

    Ce n’est pas d’aujourd’hui ni d’hier, c’est depuis l’origine qu’elles sont en vigueur, et personne ne les a vues naître. Il semble en effet constant que la liberté est un droit naturel auquel est aujourd’hui porté des atteintes de plus en plus significatives.

    Déjà, au XVIIe siècle Pascal écrivait :

    « Sans doute, l’égalité des biens est juste ; mais ne pouvant faire qu’il soit force d’obéir à la justice, on a fait qu’il soit juste d’obéir à la force ; ne pouvant fortifier la justice on a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent ensemble, et que la paix fût, qui est le souverain bien. »

    Monsieur le Président de la République, ouvrez les facultés, libérez l’économie plutôt que d’oppresser les jeunes Français !

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      Vous reprendrez bien un peu d’état d’urgence ?

      Claude Robert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 12 February, 2021 - 04:25 · 5 minutes

    sécurité globale

    Par Claude Robert.

    La torpeur populaire a atteint des sommets face à ce qui aurait dû déclencher l’un des plus grands scandales du pays. Certes, plus de 500 plaintes ont été déposées contre Agnès Buzyn, Édouard Philippe et Olivier Véran pour « mensonge d’État » et « non-assistance à personne en danger ». Mais c’est bien peu en comparaison de la longue succession de ratages depuis le démarrage de la pandémie .

    Il semble malgré tout que l’opposition se réveille, maintenant que le parlement s’apprête à voter un prolongement de « l’état d’urgence sanitaire », ce régime dérogatoire de l’État de droit. Ce régime qui permet à l’État de subtiliser une grande partie des libertés individuelles.

    Ce régime d’exception qui pourtant perdure ! Et qui nous a fait perdre notre statut de démocratie à part entière selon le classement établi par The Economist (La Croix 5/02/21). Sans pour autant nous épargner les conséquences dramatiques de la pandémie : 4 fois plus de morts/million d’habitants que la moyenne mondiale, et la seconde plus forte récession de l’OCDE 1 !

    En réalité, le scandale n’est pas tant dans la violence des restrictions imposées par l’État que dans son incapacité à organiser une riposte cohérente et ciblée. Rien de bien nouveau sous le soleil, hélas : de la même façon qu’il dépense sans compter pour soigner les symptômes de notre déclin économique sans jamais s’attaquer aux causes structurelles 2 , le gouvernement Macron lutte contre la pandémie en actionnant des outils d’un autre âge alors qu’il n’a toujours pas mis en place une organisation de crise à la hauteur des circonstances.

    Confinement et couvre-feu, des solutions quasi médiévales

    Ainsi, le ministre de la Santé souhaite prolonger l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 1 er juin, date qu’il juge « cohérente au regard de la dynamique de l’épidémie », le temps que « la campagne de vaccination produise pleinement ses effets » ( Le Figaro 8 février 2021).

    Pour mémoire, celui-ci a été instauré du 23 mars au 10 juillet 2020, puis du 17 octobre 2020 jusqu’à présent. Il a permis au gouvernement d’imposer deux confinements et un couvre-feu, local puis général, à 20 heures puis dès 18 heures, le tout avec l’obligation d’une déclaration dérogatoire de déplacement digne de l’Occupation.

    Assurant que seules sont imposées les « mesures nécessaires et proportionnées à la catastrophe sanitaire » (Le Figaro 8 février 2021) Olivier Véran tente de convaincre que tout a été essayé et qu’il n’existe aucun autre moyen de lutte.

    Or, une toute nouvelle étude réalisée sur 175 pays et publiée dans Nature Scientific Report (RTBF 22 janvier 2021) met clairement en exergue la moindre efficacité des mesures de confinement, à la fois plus contraignantes pour les populations et dont les effets sont très lents, tout comme les restrictions de circulation. Selon cette étude, les mesures « non pharmaceutiques » qui ont prouvé la meilleure efficacité pour réduire l’incidence du virus sont « l’annulation des événements publics, l’imposition de restrictions sur les réunions privées et la fermeture des écoles et des lieux de travail ».

    Bertrand Verheyden, l’un des auteurs de l’étude de conclure :

    Ce sont les politiques qui réduisent la mobilité dans les lieux où il y a les plus grands rassemblements, où la densité est la plus forte, où la fréquence d’interactions est la plus forte […] qui fonctionnement le mieux ; les politiques les moins efficaces sont celles qui restreignent la mobilité des individus, en particulier la restriction de la mobilité interne, d’une ville ou d’une région à l’autre ainsi que l’annulation des transports publics.

    En quoi donc l’état d’urgence sanitaire serait-il nécessaire s’il sert à imposer des mesures coercitives peu efficaces ? La question mérite d’être posée…

    Politique de dépistage, d’isolement et de prévention aux abonnés absents

    Les pays les plus efficaces dans la lutte contre la pandémie ont un point commun, celui d’avoir mis rapidement en place des stratégies couvrant toute la chaîne de propagation du virus, avec d’une part des actions rapides et systématiques de détection des porteurs du virus et de leur isolement, de recherche des cas contact, et d’autre part, des mesures de protection et de restrictions en matière de proximité des individus.

    Bien sûr, la mise à disposition rapide de vaccins contre le coronavirus est une chance formidable. Mais elle ne doit pas faire illusion : la durée d’immunité procurée est pour le moment inconnue, tout comme la pérennité du vaccin en cas de mutation du virus le rendant inopérant. Par ailleurs, la vaccination n’empêchant pas totalement la contagiosité des porteurs, elle ne servira que de simple ralentisseur de la circulation virale.

    C’est donc pitié de voir le gouvernement français promettre la livraison rapide de doses de vaccins comme étant la solution miracle à la pandémie, livraison qu’il n’est d’ailleurs même pas capable d’obtenir dans des délais aussi rapides que chez la plupart de nos voisins ! De fait, après les atermoiements sur les masques et les tests puis sur l’ application Stopcovid , les ratés se poursuivent et confirment le manque cruel d’efficacité du gouvernement actuel.

    Peu réactif, probablement insuffisamment compétent (si ce n’est motivé), le gouvernement Macron semble cumuler trois défaillances majeures.

    Absence d’anticipation : elle le force à réagir trop tard et de façon exclusivement défensive (logistique des masques, des tests, des vaccins à la traîne)

    Absence de discernement : elle lui fait opter pour les solutions lourdes et contre- productives plutôt que ciblées (le confinement et le couvre-feu, les mesures de chômage partiel généralisé, l’absence de dépistage et de tracking)

    Autoritarisme réflexe : faute de fibre pédagogique et de confiance dans les Français (application Stopcovid mort-née, confinement puis couvre-feu, questionnaire de justification de déplacement, fermeture des restaurants, des bars, des salles de spectacle et des stations de ski), au lieu d’exiger et de contrôler la mise en place de mesures de limitations des flux de clientèle, ce qui aurait été d’un moindre coût économique et psychologique pour tout le monde.

    Sur le web

    1. Worldometer au 18/02/21, OCDE, estimation 2020.
    2. Ce qui est également l’apanage des gouvernements précédents.
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      Covid-19 : si le virus ne disparaît pas, l’État de droit est-il condamné ?

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 11 February, 2021 - 03:30 · 4 minutes

    Covid-19

    Par Frédéric Mas.

    Quand finira la crise sanitaire créée par la covid-19 ? Dans un article publié le 4 février dernier, Bloomberg s’est essayé à une estimation chiffrée en s’appuyant sur le rythme des vaccinations. Selon les autorités américaines, il faudrait que soit vacciné entre 70 et 80% de la population pour qu’on puisse envisager un retour à la normale :

    « Israël, le pays ayant le taux de vaccination le plus élevé au monde, se dirige vers une couverture de 75 % en deux mois seulement. Les États-Unis y arriveront juste à temps pour le Nouvel An 2022 (bien que le Dakota du Nord puisse y arriver six mois plus tôt que le Texas). La vaccination se déroulant plus rapidement dans les pays occidentaux plus riches que dans le reste du monde, il faudra sept ans à l’ensemble du monde au rythme actuel. »

    Sept années pour en finir avec la pandémie ? À Singapour, qui pourtant arrive dans le peloton de tête des pays ayant le mieux géré la crise covid selon l’Institut Lowy , les autorités ne sont pas beaucoup plus optimistes. Le ministre de l’Éducation Lawrence Wong a estimé en janvier qu’il faudra sans doute attendre entre 4 et 5 ans pour que la crise se calme et que le monde revienne à une situation normale comparable à celui d’avant.

    « À un moment donné, la pandémie passera, mais il faudra peut-être quatre à cinq ans avant de voir enfin la fin de la pandémie et le début d’une normalisation post-Covid. À quoi ressemblera ce nouveau monde post-Covid ? Personne ne peut le dire » a-t-il déclaré selon Channel News Asia.

    La France plus rassurante que le reste du monde

    En France, le gouvernement s’est voulu beaucoup plus rassurant que le reste du monde. La situation sera rétablie d’ici juin, nous a-t-on déclaré sur un ton optimiste. Si tout se passait bien.

    Cette manière de communiquer dure depuis maintenant pratiquement un an. Si tout se passe bien, vous retrouverez votre vie d’avant, qui, soyez-en assurés, reviendra bientôt.

    Chaque semaine, rien ne se passe comme prévu, et les confinements, reconfinements, couvre-feux, fermetures autoritaires des magasins et des écoles perdurent ou s’aggravent. Les vaccins devaient nous sauver du brouillard sanitaire, et puis finalement, ça ne change rien.

    Le virus est plus « diabolique » et plus « intelligent » que prévu, selon Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique.

    Il se joue des politiques publiques et réapparaît sous de nouvelles formes pour justifier l’existence d’un État autoritaire qui nous materne, nous protège et nous parle comme à des enfants. De nombreux scientifiques réclament le reconfinement. Pas sûr que la France en ait encore les moyens.

    Pourtant, « l’État stratège » a réussi à rater sa campagne vaccinale, comme il s’est planté sur les masques et les tests quelques mois auparavant. Si on se rapporte à l’indicateur de suivi de vaccins créé par Bloomberg, la France va attendre des années pour sortir du tunnel, loin derrière Israël ou la Grande-Bretagne.

    Chaque semaine, les Français attendent la bonne parole d’un gouvernement qui a organisé sur fond d’état d’urgence sanitaire son propre isolement politique. Décidant en comité restreint, s’appuyant sur un conseil scientifique au fonctionnement opaque, l’exécutif distille unilatéralement les informations et impose des normes bureaucratiques et sanitaires qui échappent à l’évaluation des organes démocratiques ordinaires.

    Ceux-ci sont jugés globalement incompétents par ceux qui ont transformé la crise sanitaire en crise morale, politique et économique sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.

    Tout cela est temporaire, nous dit-on, mais si le temporaire durait des années ? Les Français doivent-ils se résigner à vivre en régime d’exception, ballottés par les déclarations étatiques tantôt rassurantes, tantôt effrayantes, sous prétexte que le virus ne disparaît pas ?

    La réponse du gouvernement ne doit pas être seulement sanitaire, mais institutionnelle.

    À suivre.

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      L’OMS en rupture avec le tout répressif sanitaire

      Olivier Maurice · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 10 February, 2021 - 04:00 · 11 minutes

    oms

    Par Olivier Maurice.

    Depuis le début de l’apparition du SARS-COV2 , une multitude d’études ont été menées à travers la planète pour essayer de comprendre le mécanisme de transmission du virus et pouvoir en déduire des stratégies sanitaires les plus à même pour ralentir, stopper ou gérer au mieux la propagation de la maladie.

    Les résultats de ces études arrivent peu à peu, ce qui a amené l’OMS à infléchir ses recommandations pour tenir compte de ces informations. À l’entrée de l’hiver, l’organisme sanitaire international a en effet clairement effectué un virage à 180 degrés pour désavouer fermement la politique du tout répressif sanitaire qui est devenue la règle dans de nombreux pays.

    Le présent article fait suite à un précédent billet publié dans ces colonnes le 28 octobre et qui en faisait état, à l’heure où la politique suivie en France semble elle aussi subir un infléchissement : l’inattendu statu quo dans les mesures sanitaires qui est survenu la fin de le semaine dernière et qui coïncide bizarrement avec la publication de recommandations de l’OMS bien plus précises et concrètes de la nouvelle politique sanitaire préconisée par l’organisme international.

    Il semblerait bien que le changement de conduite décidé par Emmanuel Macron soit en effet, et entre autres choses (les critères économiques et d’acceptation sociale y ayant sans aucun doute été pour beaucoup) dans la ligne de celle de l’OMS et donc dans celle d’une rupture avec les recommandations de plus en plus critiquées du conseil scientifique.

    Situation actuelle : entre l’OMS et le conseil scientifique

    Depuis le début de la crise sanitaire, c’est le conseil scientifique instauré par le ministère de la Santé qui trace la ligne de conduite, pour les citoyens, les responsables d’établissements publics et le gouvernement.

    Cette stratégie , nous la connaissons maintenant tous, tant elle a été martelée un peu partout, elle est basée sur quatre axes :

    • Le comportement individuel : gestes barrières, port du masque etc.
    • Les limitations de regroupement collectifs : fermetures des bars, restaurants, salles de sport et salles de spectacles et annulations des rassemblements.
    • Les mesures de restriction des déplacements et des activités : confinement et couvre-feu.
    • La prise en charge hospitalière des cas graves.

    À l’analyse des dernières informations diffusées par l’OMS et par les diverses équipes de recherches à travers le monde, il apparait de plus en plus clairement que cette orientation fortement héritée du principe de précaution et de la peur qui a traversé le pays, est très éloignée, pour ne pas dire diamétralement opposée à celle préconisée par l’organisme de santé mondial.

    Malheureusement en France, comme d’ailleurs dans de nombreux pays occidentaux , le sujet a depuis longtemps largement débordé le débat scientifique pour se rapprocher de plus en plus d’un affrontement politique, à la limite du débat philosophique ou même de la controverse religieuse.

    Ce chahut qui règne depuis les premiers jours ne laisse rien prédire de bon quand l’évidence des faits révélera l’inutilité, voire la lourde nuisance de la stratégie décidée et que ce constat s’ajoutera aux conséquences sociales, économiques et même sanitaires de cette stratégie politique bien plus que sanitaire ou scientifique.

    Modèle double de contamination

    On en sait donc dorénavant beaucoup plus à la fois sur les modalités de transmission de la maladie.

    Ce que montrent les études, et qui semblerait être une spécificité du SARS-COV2, est que la contagiosité de la maladie varie énormément d’un cas à l’autre. Cependant, vu le nombre maintenant très important d’études, on peut clairement identifier deux modes distincts.

    Le premier mode, que l’on pourrait qualifier de domestique est de loin le plus présent dans les études . Il se produit principalement dans deux environnements : le milieu familial et les établissements de santé.

    Dans ce cas-là, il semble clairement établi que le virus n’est pas très contagieux, mais que ce soient le confinement et la promiscuité qui sont les raisons principales de la diffusion de la maladie.

    Une personne infectée au sein d’une famille va « en moyenne » contaminer 20 % du foyer, ce qui est très peu, et signifie souvent une seule autre personne, le conjoint de préférence. Au sein des établissements de santé, la propagation semble identique : le « cas zéro » allant lui aussi contaminer une ou deux personnes et ainsi de suite.

    C’est principalement à cause du confinement dans ces espaces clos où le contact avec les personnes infectées est régulier, proche et continu, que la maladie se répand alors de proche en proche, touchant ainsi la population la plus susceptible de se voir contaminer : personnes âgées, faibles, malades etc.

    Les exceptions à la règle

    Les études montrent également qu’en dehors de ce mode principal de propagation (faible contamination, majoritairement personnes proches et en contact prolongé), on a pu constater cependant un certain nombre de phénomènes très rares de soudaine et très forte contamination .

    Dans ces cas, les transmissions sont très rapides et simultanées et ne proviennent pas d’un phénomène de chaîne, mais d’une contamination à partir d’une source unique, ce que des études ADN ont permis de confirmer.

    De plus, ces contaminations très larges, que l’on a pu appeler des phénomènes de super-contamination ( super spreading event ou SSE) se produisent sur des espaces très importants en termes de superficie et sans contact proche et continu avec la source d’infection, ce qui est totalement opposé au scénario domestique.

    L’explication serait que ces contaminations seraient dues à la vaporisation d’aérosol se développant dans les poumons de certains individus. Ces microparticules très fines et légères se déplaceraient très loin (plusieurs centaines de mètres) et passeraient à travers les protections habituelles (isolement dans des pièces séparées, masques, hygiène…)

    Bien évidemment, quand cette contamination se produit dans une réunion, un rassemblement religieux ou une fête de village, elle donne souvent lieu à une réaction médiatique importante et on a vite fait d’incriminer les organisateurs plutôt que se retourner contre la nature même du virus.

    Or les observations de SSE dans des milieux cloisonnés (prisons, trains, hôtels, paquebot, restaurants…) démentent complétement cette causalité du  rassemblement : des distanciations physiques de plusieurs dizaines, voire centaines de mètres n’ayant pas empêché ces contaminations de se produire.

    Il semblerait bien qu’il soit quasiment impossible de contrer une diffusion d’aérosol à l’origine de ces dispersions, de plus celle-ci devient rapidement diffuse au fur et à mesure que ceux-ci se dispersent dans l’environnement.

    Explication de la dynamique observée

    Pour résumer ces deux modes :

    • Dans la grande majorité des cas, la maladie est peu contagieuse et la contamination se produit en grande majorité dans le milieu familial, surtout lorsqu’il y a confinement.
    • Il peut cependant arriver que des contaminations larges se produisent (SSE) sur de grandes superficies.

    Ce double modèle explique enfin les diverses dynamiques que l’on peut observer et qui rendent à premier lieu le comportement du virus assez incompréhensible.

    On a ainsi très clairement observé une pic de contamination des 20-30 ans avant la vague de l’automne qui a elle ensuite touché majoritairement les personnes plus âgées.

    Cela serait expliqué par le fait que les 20-30 ans seraient par leur mode de vie davantage exposés aux contaminations fortuites. Les contaminations domestiques auraient ensuite pris le dessus : la fin des vacances, puis les mesures de restrictions des libertés successives ont resserré la promiscuité et ce seraient ces contacts prolongés intra-familiaux et dans les établissement de santé qui expliqueraient la flambée des cas observée en octobre.

    Ce serait donc le confinement, tant d’ailleurs celui imposé par la politique sanitaire que celui qui survient plus naturellement avec les mauvaises conditions météo et la reprise des activités routinières qui seraient responsables de la vague de l’automne.

    L’explication étant que lors des beaux jours, les personnes contaminées fortuitement ne sont pas suffisamment en contact avec leurs proches pour que la propagation domestique se développe et s’emballe.

    Implications

    Le premier constat qui s’impose devant cette meilleure compréhension de la dynamique épidémique est qu’il est totalement inutile de culpabiliser les gens comme le font depuis maintenant un an les autorités, les médias et malheureusement aussi une bonne partie de la population :

    • Soit vous êtes contaminé ou contaminateur fortuit et vous allez contaminer un nombre énorme de personnes à votre insu ou vous serez juste au mauvais endroit au mauvais moment, et ce malgré toutes les précautions que vous et les autres pourrez prendre.
    • Soit, vous êtes comme plus de 95 % des personnes infectées et infectieuses : vous êtes peu contagieux et des mesures prophylactiques simples seront suffisantes.

    Le second constat est plus lourd de conséquences. Il signifie que le prix du confinement n’est pas seulement social et économique, il est également très lourd d’un point de vue sanitaire et social.

    En effet, il est totalement incertain que les mesures de réduction de liberté auraient un quelconque effet sur la diffusion de l’épidémie en réduisant le nombre de personnes exposées aux virus ambiants, les études décrivant clairement des cas de diffusion massive non pas par chaîne de contamination, mais par simple diffusion dans l’environnement.

    Par contre, il semble clair que les mesures de confinement augmentent considérablement les risques de contaminations intra-familiales et celles survenant parmi des personnes vivant en communauté. Or ce sont précisément elles, les personnes les plus exposées aux conséquences de la maladie, et c’est précisément ce mode de transmission le plus observé.

    Les recommandations de l’OMS

    C’est pourquoi l’OMS a émis plusieurs recommandations répétées afin en premier lieu d’exhorter les autorités à obtenir le consentement des populations et de se détourner des mesures autoritaires qui sont au mieux inutiles, au pire fortement contre-productives.

    La stratégie recommandée par l’OMS est d’ailleurs très proche de celle suivie par les pays orientaux ayant eu l’expérience de l’épidémie de SARS de 2003. Elle consiste en résumé dans la mise en place des actions suivantes :

    • Dépistage et identification des proches par contact tracing afin de rompre les chaines de contamination.
    • Mise en quarantaine (et non en confinement) de toutes les personnes infectées, afin de les soigner et d’éviter l’aggravation de la maladie, tout en diminuant le risque de diffusion ambiante.

    L’objectif est très simple et semble bien plus réaliste que l’espoir d’un endiguement qu’aucun pays n’a réussi à obtenir : rompre au plus vite les chaînes de contamination, non pas pour empêcher les flambées épisodiques, mais pour éviter que la primo-infection ne se propage, certes avec un R0 bien plus faible, mais dans la plupart des cas, avec des conséquences bien plus graves.

    Un changement de cap indispensable selon l’OMS

    Cette stratégie est bien plus pragmatique que l’espèce de fortification sanitaire que l’on a voulu instaurer. Les contaminations ambiantes semblent en effet quasiment impossibles à identifier ou à éviter, les mesures de distanciation sociale ne protégeant pas suffisamment du virus alors présent un peu partout dans l’environnement.

    Surtout, elle se focalise sur la réalité de la maladie, et non sur les événements exceptionnels et médiatiques où coïncident diffusion large et rassemblement de personnes.

    Les seules solutions concrètes consistent à identifier les foyers domestiques pour briser au plus vite les chaînes de transmission.

    Pour ce faire, diverses solutions techniques peuvent être mises en œuvre : outils informatiques bien sûr, mais l’OMS recommande bien plus la prise en charge par les acteurs locaux comme les médecins traitants et la mise en place d’outils d’alerte, permettant de localiser les flambées infectieuses, insistant bien sur le fait que la proximité, la durée et la nature du lieu de contamination déterminent le risque d’infection, en premier lieu duquel se situe le milieu familial.

    C’est cette stratégie (très décriée en France et dans les pays où les structures médicales centralisées sont très puissantes politiquement) qui a été par exemple mise en place dans la région de Madrid , avec pour conséquence une seconde vague bien moindre.

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      Scandale des masques : l’éternel retour du colbertisme

      Jonathan Frickert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 8 February, 2021 - 04:40 · 5 minutes

    masques

    Par Jonathan Frickert.

    « Ci-gît l’auteur de tous impôts
    Dont à présent la France abonde
    Ne priez point pour son repos
    Puisqu’il l’ôtait à tout le monde. »

    Cette cinglante épitaphe restée anonyme serait dédiée à Jean-Baptiste Colbert. Le principal ministre d’État de Louis XIV a laissé derrière lui une doctrine économique qui a tristement su traverser les siècles. Si elle n’est évoquée que périodiquement dans le débat public, le dernier rapport sénatorial consacré à la gestion de la crise sanitaire vient nous rappeler qu’elle est toujours bien présente dans l’esprit de nos élites.

    Médicaments, masques : une guerre sans armes

    S’il y a dix jours, l’Assemblée nationale a voté la fin de la Commission d’enquête relative à la gestion de la crise sanitaire , provoquant l’ire des élus d’opposition, telle n’a pas été l’issue de la Commission sénatoriale mise en place fin juin. Après avoir entendu près de 133 personnes et mené quelques 47 auditions, la commission dirigée par le sénateur LR Alain Milon a rendu public début décembre son rapport intitulé « Santé publique : pour un nouveau départ » .

    Lors de la conférence de presse présentant le texte , l’élu du Vaucluse a noté que la rhétorique guerrière du président de la République n’en était qu’une. Lorsqu’on fait une guerre, on est armés. Dans une guerre sanitaire, les armes sont certes les vaccins, les médicaments mais également les masques de protection.

    Or, ces derniers ont largement manqué. Entre 2011 et 2016, les stocks de masques FFP2 ont été divisés par 1000, passant de 700 millions à 700 000 en 5 ans, tandis qu’en octobre 2018, le directeur général de la Santé a décidé de détruire 613 millions de masques chirurgicaux pour n’en racheter qu’un sixième.

    Une administration trop présente

    Le rapport pointe plusieurs causes illustrant la prise de pouvoir de l’administration sur le politique et en particulier le rôle trop important au Conseil de défense, la multiplication des instances entraînant davantage d’opacité et de complexité et donc moins de confiance de la part des Français , mais également la dépendance beaucoup trop grande du Conseil scientifique vis-à-vis des impératifs politiques.

    Les avis rendus par l’équipe autour de Jean-François Delfraissy auraient ainsi tenu compte de la pénurie de masques et, par effet domino, n’auraient pas été aussi pertinents qu’ils auraient dû l’être.

    Au cœur de ce fiasco, le nom du directeur général de la Santé résonne plusieurs fois. Jérôme Salomon serait notamment allé jusqu’à faire modifier un rapport scientifique afin de justifier un changement de doctrine animé par des impératifs budgétaires au mépris des règles déontologiques les plus basiques, n’ayant par la suite jugé utile que de commander un dixième du milliard de masques préconisés par Santé publique France .

    Les masques : une gestion à 420 millions d’euros

    De ce constat ressort un coût abyssal pour les deniers publics.

    Le rapport sénatorial note ainsi qu’au 15 juin 2020, les 4 milliards de masques commandés auront coûté 2,8 milliards d’euros à l’État, soit 30 fois leur prix initial.

    Mais ce coût n’est rien à côté de celui provoqué par l’absence de reconstitution des stocks de masques fin 2018 qui s’élève à près de 450 millions d’euros. Les sénateurs estiment que si le réapprovisionnement avait été fait, le prix en aurait été divisé par 17.

    La seule impréparation des organismes de santé vis-à-vis des masques aurait donc coûté près de 420 millions d’euros au contribuable français.

    La fin de l’État-fournisseur

    Face à ce désastre, le rapport prône plusieurs solutions allant notamment dans le sens d’une plus forte décentralisation, comme une gestion locale des stocks de masques et un suivi régulier de l’état des stocks.

    On voit donc s’amorcer un changement salutaire de paradigme où l’État-fournisseur est remplacé par l’État-inspecteur. Un infléchissement qui masque toutefois une logique bien tenace : le retour du colbertisme.

    Le textile sauvé par l’impréparation de l’État ?

    Les sénateurs notent que la négligence de l’État aurait contribué à l’atrophie du secteur durant la dernière décennie. Rappelons que le secteur connaît depuis les années 1970 une crise profonde due en partie à son manque de compétitivité face à la concurrence asiatique.

    Dans ce sens, le rapport appelle à un soutien massif des pouvoirs publics dans la production nationale de masques grand public.

    La pandémie a ainsi permis d’augmenter l’offre textile, tout en facilitant l’émergence d’une filière française de production, en particulier au regard de l’amélioration constante des produits fabriqués. Le rapport liste ainsi un certain nombre d’avis de différents organismes ayant permis d’orienter la production vers des masques plus efficaces.

    S’il est vrai que les crises ont souvent été des facteurs d’innovation , celle que nous connaissons semble surtout être une source d’innovation bureaucratique.

    La situation est donc ironique. Malgré l’incurie hissée au rang de politique sanitaire, l’État parvient tout de même à s’auto-féliciter d’avoir permis de relancer un secteur atrophié depuis des années…

    Un (in)variant français

    Le colbertisme est fondé sur la recherche d’excédents commerciaux au moyen d’une politique protectionniste favorisant en partie l’émergence de monopoles.

    Douze ans après la mort de son fondateur, Boisguilbert critiquera les fondements de cette doctrine . Il note que la richesse d’une nation n’est pas liée à sa masse monétaire mais au dynamisme de sa production et de ses échanges. Ce précurseur des physiocrates qui sera l’un des pères de l’économie politique moderne voit également dans le colbertisme un mépris de l’agriculture et une source de pression fiscale et d’endettement inutile.

    Malgré cela, le colbertisme est tragiquement devenu un invariant du débat public brandi par de nombreux élus, notamment à l’extrême droite, incapables de voir qu’il fut la source principale de la connivence d’État qu’ils prétendent dénoncer.

    Malgré un réquisitoire opportun contre la complexité et l’impréparation bureaucratique, le rapport sénatorial sur la gestion de crise ne fait donc pas exception à cette constante bien française.