Revenir « à la normalité », ce serait revenir à ce qui a provoqué la crise des soins

    Tract du #Syndicat de la #CNT #Métallurgie de région parisienne : http://www.cnt-f.org/urp/tracts/revenir-a-la-normalite-comme-avant

    Extrait :

    L’État est en cause. C’est lui qui a conduit sa politique financière et comptable à l’instar des entreprises privées : pas de stock et achats en flux tendus. Et tout occupé à rogner sur les « coûts » de l’hôpital, il ne s’est pas préoccupé de prévoir. Si le Covid 19 est nouveau, les épidémies non !

    Revenir « à la normalité » serait revenir à une politique sociale contre les salariés entraînant tours de vis sur les salaires, sur les conditions de travail, sur les retraites et les conditions du chômage. D’ailleurs, le Medef y pense déjà très fort.

    Revenir « à la normalité » serait continuer de produire ce que nous produisions avant, sans se préoccuper des conditions de production à l’autre bout du monde, sans se préoccuper des répercussions sur l’écologie et l’environnement, et sans se préoccuper de l’ utilité réelle de ce qui est produit, où, quand et comment.

    Nous sommes pour une production de biens et de services correspondant à l’expression des besoins des travailleurs (avec ou sans emploi). Ainsi en tant que métallos, nous ne sommes pas du tout sûrs que la construction de jets privés et d’avions, de yachts et de paquebots soient indispensables…

    #CNT31 #syndicalisme #1erMai #déconfinement #Santé #coronavirus #covid
    • Co chevron_right

      Pour sa réelection, Donald Trump va cibler la Chine

      Daniel Girard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 1 May, 2020 - 03:20 · 5 minutes

    Par Daniel Girard.

    Malgré les succès du confinement initial et du respect des normes de distanciation sociale, le décompte des décès du Covid-19 se poursuit vigoureusement aux États-Unis.


    Jusqu’à maintenant, le président Trump s’est distingué par sa gestion chaotique de la pandémie : début tardif d’un dépistage qui reste insuffisant et pénurie des équipements de protection pour le personnel soignant.

    Mais malgré ces heurts, la situation s’améliore dans plusieurs États, qui amorcent un déconfinement progressif.


    Ce déconfinement peut paraître hâtif compte tenu des risques sanitaires du retour au travail mais l’aide fédérale tarde pour plusieurs Américains et des milliers d’entre eux n’y ont pas droit. Pour certains, le retour au travail devient une question de survie.


    Plus de 26 millions d’Américains se sont inscrits au chômage et plusieurs entreprises ont dû suspendre leurs activités alors que leur avenir est sous un nuage d’incertitude.

    C’est cette Amérique ankylosée qui sera le théâtre du scrutin présidentiel opposant Donald Trump à Joe Biden au cours des six prochains mois.

    Propulsé par la croissance économique, la vigueur du marché de l’emploi et après avoir survécu aux initiatives du Parti démocrate pour l’écarter du pouvoir, Donald Trump semblait filer allègrement vers son deuxième mandat… jusqu’au coronavirus.

    Maintenant que l’économie américaine est terrassée et que l’Amérique compose difficilement avec la pandémie du Covid-19, l’avenir peut sembler sombre pour Donald Trump.

    Mais croire qu’il est abattu c’est mal le connaître.

    En 2016, lors de la course à l’investiture républicaine, il a défait les onze candidats qui s’opposaient à lui l’un après l’autre, incluant Jeb Bush, que l’ establishment républicain voyait déjà affronter Hillary Clinton en novembre.

    Lors de la présidentielle, le chef d’antenne de CNN, Wolf Blitzer, était tellement convaincu du couronnement d’Hillary Clinton qu’on a pu le voir en train de siroter du Martini devant les partisans de l’ex-secrétaire d’État le jour du vote.

    Donald Trump aime la bagarre

    Le magnat de l’immobilier a été élevé par un homme, Fred Trump, qui avait une vision darwinienne des relations sociales. Le plus fort l’emporte.

    Lors des prochains mois, le président Trump va rappeler aux travailleurs des États industriels du Midwest que l’ex-vice-président Joe Biden a fait partie d’une administration qui a renoncé à tenir tête à la Chine.

    L’ establishment démocrate est resté les bras croisés tandis que la Chine fermait son marché aux entreprises américaines, dévaluait sa monnaie, profitait de la délocalisation au détriment des industries du rust belt et s’adonnait au larcin de la propriété intellectuelle américaine.

    L’administration Obama croyait que l’intégration de la Chine à l’économie mondiale allait la mener à respecter les règles du jeu et à se démocratiser.

    Cela ne s’est pas produit. La Chine a continué de fermer son marché aux Américains, les États-Unis ont perdu des millions d’emplois, ont vu des entreprises péricliter et la Chine n’a pas avancé d’un pas dans la démocratie comme en témoignent sa rigidité envers Hong Kong et son traitement des lanceurs d’alertes lors de l’éclosion de la pandémie du coronavirus à Wuhan.

    Donald Trump n’a pas attendu d’être élu en 2016 pour dénoncer les pratiques commerciales déloyales de la Chine. Il a commencé à dénoncer Pékin sur Twitter dès 2011.

    Le président américain pourra souligner, à juste titre, qu’il s’est battu pour les travailleurs des États industriels du Midwest en obligeant la Chine à renégocier des ententes commerciales et en lui imposant des droits de douane lors des impasses.

    Il rappellera aux électeurs que l’économie américaine était au beau fixe avant d’être désarçonnée par le coronavirus. Un virus qui aurait été stoppé, ajoutera-t-il, si l’OMS inféodée à la Chine avait fait son travail dès les premiers signes de contamination interhumaine.

    Il sera difficile pour Joe Biden de concurrencer Donald Trump sur ce terrain.

    Contrairement à Donald Trump, Joe Biden n’est pas un bon bagarreur.

    Une affirmation étrange de Joe Biden

    Il a récemment affirmé que Donald Trump allait repousser à plus tard la date du scrutin présidentiel prévu le 3 novembre.

    Donald Trump n’a pas l’autorité pour ordonner ce changement.

    La constitution américaine stipule que le président américain est élu tous les quatre ans, le mardi qui suit le premier lundi de novembre. Il intègre ensuite ses fonctions le 20 janvier à midi. Il n’existe aucune disposition prévoyant un cas d’exception.

    Trouver ces informations ne demandait pas un grand esprit analytique. Il suffisait simplement de feuilleter la constitution américaine.

    Joe Biden aura une tâche ardue en combattant Donald Trump.

    Ce sera Sleepy Joe contre Mike Tyson.

    • Co chevron_right

      Restreindre l’offre de transports : la fausse bonne idée

      Hadrien Gournay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 28 April, 2020 - 03:30 · 5 minutes

    transports

    Par Hadrien Gournay.

    Comme le mentionne cet article du journal Le Figaro , Valérie Pécresse souhaite rationner les transports en commun après le 11 mai. Et dans quelle mesure ! Elle souhaite ni plus ni moins diviser par cinq la fréquentation qui avait cours en temps normal.

    Cette proposition est en première analyse une restriction radicale à la liberté de circuler devant laquelle n’importe quel amoureux de la liberté doit s’interroger. Je pourrais toutefois manifester une certaine compréhesion pour ce type de mesure.

    N’ai-je pas tenté de définir ce qu’avaient de spécifiques les situations d’intérêt général ? Encore faudrait-il que la restriction de la fréquentation des transports en commun en période d’épidémie présente les caractères d’une mesure d’intérêt général.

    Épidémie et intérêt général

    Les transports en commun jouent visiblement un rôle de premier plan dans la propagation de l’épidémie. Bus, métro et RER associent confinement dans un lieu clos et brassage d’un très grand nombre de personnes.

    Mais pour confirmer ce caractère, il faudrait en outre être en mesure de montrer que l’intérêt personnel de tous ne soutient pas l’intérêt commun. Or, personne ne souhaite tomber malade. Pourquoi ne pas laisser les individus faire eux-mêmes l’arbitrage entre ce risque et le gain apporté par leur travail ou leurs autres activités ? À titre personnel j’avais d’ailleurs renoncé au métro une semaine avant la date du confinement.

    Les défenseurs de la proposition formulée par madame Pécresse pourraient faire valoir deux types d’arguments.

    D’abord, il existera toujours une proportion d’humains particulièrement stupides et en l’occurrence leur stupidité affectera d’autres personnes qu’eux-mêmes.

    Ensuite s’il n’y a pas distorsion complète entre intérêt individuel et intérêt commun dans les épidémies, il n’y a pas non plus identité. La probabilité de tomber malade et l’espérance mathématique liée à cette probabilité et au risque de contagion ultérieur pour d’autres sont deux choses distinctes.

    Toutes ces réflexions seraient de nature à me laisser assez indécis sur une telle proposition ne pouvant ni la soutenir ni m’y opposer avec vigueur.

    Cependant, cette organisation de la pénurie rappelle certaines habitudes des économies socialistes. Ne dit-on pas que le socialisme est synonyme de pénurie ?

    Pénurie et socialisme

    À y regarder de plus près, le socialisme aboutit à des résultats semblables par des moyens opposés.

    Dans l’hypothèse la plus simple, la pénurie résulte d’une réduction de l’offre d’un bien ou d’un service donné lorsque les producteurs privés , harassés par la pression fiscale ou bridés par des prix administrés, sont dissuadés de le fournir. Une intervention peut également rendre un bien déterminé plus accessible qu’il ne le serait dans les conditions du marché. C’est le cas lorsque sa gratuité est financée par l’impôt. La pénurie résulte alors du fait que l’augmentation de la demande pour les biens gratuits excède l’accroissement de l’offre. Ces deux formes de pénuries sont aussi immanquablement associées aux politiques socialistes qu’elles sont involontaires.

    À ces deux formes de pénuries involontaires, associées aux politiques socialistes, s’ajoute souvent une troisième, plus sournoise car parfaitement voulue mais non assumée publiquement. Lorsque dans la deuxième forme de pénurie la demande d’un bien augmente, l’État est censé suivre l’augmentation de cette demande. Ce processus sans fin se révèle très vite intenable. L’État trouve alors dans l’organisation de la pénurie un moyen qu’il pense élégant pour rétablir un équilibre.

    C’est ainsi que pour lutter contre la hausse des dépenses de santé consécutive à la gratuité des soins, à partir de Mitterrand les gouvernements ont cherché faire baisser l’offre médicale et réduire l’accès aux soins afin de restreindre la demande et « donc » le budget de la Sécurité sociale. Ils imposèrent par exemple un numerus clausus .

    Pourtant, le problème ayant pour origine une intervention ne serait-il pas plus simple de la remettre en cause ? Et puisqu’il résultait d’une gratuité artificielle pourquoi ne pas faire payer au moins partiellement le patient ? Ou mieux encore laisser sa place à l’initiative privée ?

    Mais ce qui est déjà difficile pour un gouvernement normal devient carrément impossible à un gouvernement socialiste. Ce serait remettre en cause sa raison d’être  et renoncer à son pouvoir ! Plutôt leur faire des croche-pieds à l’entrée des urgences que faire contribuer les patients ! Et quelle meilleure manière d’exercer ce pouvoir que d’inciter, père nourricier d’un côté, à offrir des sucreries en abondance à l’enfant et père fouettard de l’autre à tordre la main du garnement plongée dans la boite à bonbons ?

    Or, ne sommes-nous pas exactement dans le même cas ?

    Solutions toute simples pour les transports

    La demande excessive pour les transports en commun résulte bien de politiques publiques. Les principaux axes de ces interventions aux résultats similaires ont deux faces. L’une est la dissuasion des moyens de transports individuels à commencer par la voiture. L’autre est la subvention de l’utilisation des transports en commun, notamment à Paris.

    Ne serait-il pas temps de revenir au moins provisoirement sur ces deux aspects de l’interventionnisme en matière de transports ? Pourquoi ne pas mettre fin au harcèlement des automobilistes ? Cela inclurait la s uppression de la TIPP et de la TVA sur l’essence et une fluidification du trafic en zone urbaine. Le rétablissement des voies sur berge à Paris pourrait faire partie du dispositif . De même, une augmentation substantielle de la part de l’usager dans les transports en commun serait salutaire. La sélection par le prix permet de trier ceux dont les besoins sont les plus urgents. Elle favorise également les hauts revenus mais cette conséquence n’est pas plus injuste que la différence des revenus elle-même.

    En période de crise sanitaire de telles propositions n’ont rien de radical. Après tout, quoi qu’on pense du bien-fondé de la subvention aux transports et de la pénalisation des automobilistes en temps normal, elles pourraient ne plus être bénéfiques en période d’épidémie.

    Mais bien sûr, le coronavirus ne parviendra pas à les remettre en cause. Le socialisme et l’écologie politique sont des virus bien plus résistants.

    • Co chevron_right

      Retour à l’école le 11 mai : faire confiance et prendre le risque

      Stanislas Kowalski · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 27 April, 2020 - 14:00 · 4 minutes

    coûte que coûte

    Par Stanislas Kowalski.

    Ne soyons pas mesquins dans nos reproches.

    L’annonce de la réouverture des écoles le 11 mai a suscité beaucoup d’indignation. On voit même des pétitions émerger pour demander le retrait de cette décision.

    Il y aurait beaucoup à redire sur la gestion de la crise du Covid-19 par le gouvernement français. La lenteur à réagir, le confinement indifférencié , le manque de moyens, les réquisitions et autres lourdeurs administratives que le gouvernement n’a pas su lever ou qu’il a introduites.

    Prenons le temps d’écouter vraiment

    Pourtant, si nous prenons le temps de l’écouter vraiment, l’allocution du président Macron du 13 avril dernier ne mérite pas que l’on pousse des hauts cris. Bien sûr, il tente de présenter son action sous un jour favorable. C’est de bonne guerre, mais il ne dit rien d’aberrant.

    Il reconnaît vaguement des erreurs et même si ce n’était que précautions oratoires, il est plutôt rassurant de l’entendre dire qu’il faut être humble, que l’avenir est incertain, que certains pays d’Asie ont dû relancer la quarantaine après avoir commencé à déconfiner. Il en a rabattu sur son arrogance initiale.

    Le retour à l’école

    Beaucoup ont entendu que les enfants devront retourner à l’école le 11 mai , et s’inquiètent à juste titre de la situation sanitaire à ce moment. Le danger aura-t-il disparu ? Rien n’est moins sûr. Mais la véritable annonce, c’était que le confinement était prolongé jusqu’au 11 mai.

    Pour la suite, M. Macron n’a fait qu’annoncer l’intention de déconfiner progressivement , sous conditions, avec des règles qui seront édictées d’ici là. Il est fort possible que l’échéance soit repoussée. Pas de quoi s’effrayer. C’est un délai d’un mois qu’il s’est donné pour ajuster ses mesures. Ce n’est pas comme s’il avait ordonné à tous les enfants et les professeurs de retourner à l’école dès demain au milieu de l’épidémie.

    Une grosse partie de la polémique est venue d’un tweet d’Olivier Faure, relayée comme il se doit par les médias. Ainsi va le jeu journalistique. Il faut bien transmettre les commentaires du premier secrétaire du Parti Socialiste. Faut-il reprendre la pique assassine dans le titre ? C’est une autre question.

    M. Faure a cru déceler une intention inavouée derrière la réouverture des écoles, « renvoyer travailler les parents » . L’avantage avec les sous-entendus malveillants, c’est qu’on n’a pas besoin d’analyser la situation. Les gens se chargeront d’interpréter. Il est clair que celui-ci repose sur la réputation de Macron comme président des riches ne se souciant pas du peuple.

    Renforcer un préjugé est facile et permet de marquer sa présence sur la scène politique quand on n’a pas grand-chose à dire. Cela permet aussi d’évincer les questions sérieuses.

    Renvoyer les parents au travail

    Quand bien même Macron aurait effectivement l’intention inavoué de renvoyer les parents au travail, s’agit-il d’une intention inavouable ? Nous allons bien être obligés de retourner au travail .

    Nous pouvons vivre un moment sur ses réserves, décaler un peu ses vacances, ses dépenses et ses activités, mais au-delà d’une semaine ou deux, il ne s’agit plus d’un report, mais d’une perte sèche. On ne peut consommer que ce qui a été produit. Le gouvernement ne pourra pas compenser tous les dégâts que le confinement inflige à l’économie (si tant est qu’il puisse avoir aucun effet globalement positif, transfert n’est pas relance).

    Il est clair aussi que la durée de l’épidémie risque de dépasser largement ce qui sera supportable économiquement. Il faudra peut-être des années avant que la population soit protégée par l’immunité acquise. Certains estiment qu’il faudra que 60 ou 70 % de la population ait été infectée pour que l’épidémie s’éteigne.

    Nous allons nous trouver devant des dilemmes terribles : perdre des gens pour éviter d’en perdre davantage du fait du désastre économique. Ce ne sont pas des vies contre du profit. Ce sont des vies contre des moyens de subsistance, au fond des vies contre des vies, avec des probabilités difficiles à calculer de part et d’autre. Faire de tels calculs a un côté un peu répugnant, mais être responsable implique de les faire. On n’y coupera pas.

    On peut regretter que cette tâche incombe à M. Macron et à son équipe, que les données soient centralisées par l’OMS ou que les politiciens soient si ignorants en matière de gestion des risques. En attendant, c’est sur eux que ça tombe. Et il va bien falloir suivre un peu les consignes pour que l’action collective ait un minimum de chances de succès. En ces circonstances, nous avons besoin de sang froid et de remarques constructives, pas de petites phrases assassines. Faire confiance est risqué, mais avons-nous vraiment le choix ?

    • Co chevron_right

      Jean Castex, le « super mec » du déconfinement ?

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 27 April, 2020 - 03:45 · 8 minutes

    jean castex

    Par Nathalie MP Meyer.

    Si rien ne change d’ici là, c’est aujourd’hui lundi 27 avril 2020 que Jean Castex, le « Monsieur Déconfinement » nommé au début du mois par le Premier ministre, doit présenter aux élus locaux le cadre général du plan de déconfinement qui s’appliquera en France à partir du 11 mai. Le cadre seulement, autrement dit les grands principes, car pour ce qui est du plan détaillé, il devrait être dévoilé mardi aux députés par Édouard Philippe en personne :

    Il semblerait donc que les membres de l’exécutif aient fini par se mettre d’accord sur une stratégie d’ensemble. Car depuis qu’Emmanuel Macron a lancé la date du 11 mai telle une bouée de sauvetage à des citoyens de plus en plus asphyxiés par l’implacable « restez chez vous » qui fonde le confinement français, on ne compte plus les couacs, recadrages et autres changements de pied du gouvernement. Édouard Philippe avait pourtant prévenu ses ministres : pas question de « réfléchir à voix haute ».

    Réfléchissent-ils seulement ? La question se pose tant les impréparations et les atermoiements français devant l’épidémie de Covid-19 se sont révélés criants comparativement à la situation allemande, pour prendre un exemple voisin. Toujours est-il que de Macron aux ministres et des ministres aux grands élus territoriaux, chaque jour passé à « réfléchir » au déconfinement apporte son lot de confusions, voire de contradictions supplémentaires :

    • La population sera-t-elle déconfinée plus ou moins rapidement en fonction de l’âge et de l’état de santé des personnes comme l’avait suggéré le Président dans son allocution du 13 avril ou cette approche est-elle inutilement discriminante et anticonstitutionnelle ?
    • La reprise scolaire sera-t-elle laissée à l’appréciation des parents ou sera-t-elle obligatoire comme l’avait d’abord affirmé le ministre de l’Éducation ?
    • Le port du masque sera-t-il imposé partout ou seulement dans les transports en commun ?
    • La territorialisation du déconfinement sera-t-elle régionale, comme le réclament la plupart des Présidents de région ou s’agira-t-il d’appliquer des consignes nationales à des réalités plus locales où les maires (dûment contrôlés par les préfets, ne rêvons pas) auront la main ?
    • Quid des tests de dépistage, quid de la réouverture des bars, restaurants, et salles de spectacle, quid des coiffeurs et des commerces ? Etc.

    À vrai dire, il en va du confinement comme de l’état d’urgence. Une fois que les pouvoirs publics ont décidé d’y plonger un pays jusqu’au cou pour contrer tel ou tel danger spécifique au prix de l’abandon généralisé de quelques libertés individuelles essentielles, il leur est pratiquement impossible d’imaginer comment en sortir. « Vous rendez-vous compte de la responsabilité s’il y avait un nouvel attentat quinze jours après la fin de l’état d’urgence ? » , disait à l’époque Manuel Valls.

    Aujourd’hui, même angoisse, même rengaine implicite : vous rendez-vous compte de la responsabilité s’il l’on devait constater un rebond de l’épidémie quinze jours après la fin du confinement ? À suivre ce raisonnement, l’on ne sortirait jamais des situations d’exception imposées en « temps de guerre ».

    Du reste, si l’état d’urgence a été levé, nombre de ses dispositions ont été intégrées dans le droit commun.

    Par chance, si j’ose dire, le confinement imposé pour nous protéger des dangereux assauts du coronavirus contre notre santé a été assez rapidement identifié comme étant lui-même un danger tout aussi terrible pour notre survie sociale et économique.

    Il est donc question d’en sortir.

    On a justement sous les yeux l’exemple de l’Allemagne qui a commencé son déconfinement sous conditions il y a une semaine. Or Angela Merkel a dû lancer récemment un rappel à l’ordre en direction de ses compatriotes, les pressant de respecter les consignes de distance sociale ainsi que le calendrier de retour à la normale afin d’éviter toute nouvelle vague épidémique.

    Tout montre donc que l’opération n’a rien de simple, y compris dans les pays les mieux équipés sur le plan médical et où le confinement initial fut loin d’être aussi paralysant et déresponsabilisant qu’en France.

    Sans compter que la possibilité de voir la contestation sociale reprendre de plus belle dès que le confinement sera allégé n’est pas sans inquiéter le gouvernement.

    Le dossier s’annonce ainsi tellement complexe et il est potentiellement si ravageur pour l’exécutif, qu’on est tout étonné d’apprendre qu’il s’est trouvé un « inconscient » en la personne de Jean Castex pour accepter pratiquement du jour au lendemain d’endosser aux yeux des Français le rôle particulièrement exposé de « Monsieur Déconfinement ».

    Aucune « inconscience » là-dedans, me rétorquerait probablement Jean Castex s’il en avait l’occasion, mais le sens du devoir qui fait les grands serviteurs de l’État, ainsi qu’il l’a expliqué lui-même dans un entretien au quotidien régional L’Indépendant :

    « Je mesure pleinement la très grande difficulté de cette fonction et je reste humble devant la tâche, mais ma doctrine est que quand mon pays va mal, je ne réfléchis pas, j’y vais. […] J’ai été formé pour être serviteur de l’État donc lorsqu’on m’appelle je me dois d’être présent. »

    Et de fait, le parcours de Jean Castex, 55 ans, est essentiellement celui d’un haut fonctionnaire très classiquement formé à Sciences-Po et à l’ENA.

    Après un passage à la Cour des comptes et à la préfecture du Vaucluse, il intègre le ministère de la Santé comme Directeur de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (époque Chirac, 2005-2006) puis devient le Directeur de cabinet de Xavier Bertrand lorsque celui-ci passe au ministre du Travail après l’élection de Nicolas Sarkozy (2007-2008).

    En 2010, il rejoint l’Élysée, d’abord comme conseiller du Président Sarkozy pour les Affaires sociales en remplacement de Raymond Soubie, puis en tant que secrétaire général adjoint de l’Élysée, fonction qui prend fin en 2012 avec l’élection de François Hollande.

    Entretemps, en 2008, il a été élu maire UMP (puis LR) de Prades, commune de 6000 habitants située dans les Pyrénées-Orientales, puis réélu au premier tour en 2014 avec plus de 70 % des suffrages et à nouveau réélu au premier tour en mars dernier avec un score de 75 %. Il est également Conseiller départemental des Pyrénées-Orientales depuis 2015 et Président de la communauté de commune « Conflent Canigo ».

    Proche du Premier ministre Édouard Philippe qui vient comme lui de la droite, il retrouve le chemin des fonctions officielles avec l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir. C’est ainsi qu’en 2017, il est nommé délégué interministériel aux JO 2024 de Paris, fonction qui s’élargit en 2018 à celle de délégué interministériel aux grands événements sportifs puis, en 2019, à celle de Président de l’Agence nationale du Sport créée à cette occasion.

    Pour résumer, disons que Jean Castex a été le « Monsieur Santé et Hospitalisation » de Xavier Bertrand, le « Monsieur Social » de Nicolas Sarkozy puis le « Monsieur Sports et JO » d’Emmanuel Macron avant de devenir maintenant son « Monsieur Déconfinement ».

    Sachant qu’à l’instigation d’Édouard Philippe, il a bien failli être aussi « Monsieur Intérieur » en remplacement de Gérard Collomb et « Monsieur SNCF » en remplacement de Guillaume Pepy, on ne peut que s’extasier devant la totale disponibilité et la remarquable polyvalence dont il fait montre. Pas étonnant que ses amis parlent de couteau suisse à son sujet : non seulement il y va « sans réfléchir » quand l’État en détresse l’appelle mais il semble taillé pour le sortir de tous les mauvais pas.

    Nul doute que son expérience de la haute fonction publique conjuguée à ses qualités d’élu de terrain plébiscité par ses administrés et à ses relations politiques cultivées aussi bien à droite qu’à gauche y sont pour beaucoup.

    Ajoutez son petit accent du sud-ouest qui contribue à faire oublier son profil d’énarque, et vous avez le « super mec » idéal ( terme de l’urgentiste Patrick Pelloux) pour faire passer le plus harmonieusement possible la pilule du déconfinement dans tous les recoins de la société.

    Pour le Premier ministre qui l’a nommé, Jean Castex est avant tout :

    « un haut fonctionnaire qui connaît parfaitement le monde de la santé et qui est redoutable d’efficacité ».

    Une description basée sur ses capacités administratives qui en dit long sur ce qu’on attend de lui : qu’il mobilise toute la technocratie dans laquelle il évolue depuis toujours pour élaborer un de ces plans millimétrés d’autorisations et d’interdictions dont l’État français a le secret.

    Une mission captée cinq sur cinq par l’impétrant :

    « J’ai été appelé […] pour prendre en charge une mission technique et administrative et en aucun cas politique et ministérielle. »

    Sur le papier, ce sera certainement magnifique.

    Dans la pratique, il est à craindre que les Français, à nouveau infantilisés et déresponsabilisés, soient une fois de plus les grands exclus de décisions qui les concernent au premier chef. Une situation délétère qui s’auto-alimente en continu puisque tous, particuliers, commerçants, entrepreneurs, en sont à attendre sagement que l’État leur dicte les consignes du déconfinement.

    • chevron_right

      Mathias Poujol-Rost ✅ · Thursday, 23 April, 2020 - 07:52

      Contact publication

    Quels aménagements pour les piétons lors de la phase de déconfinement ?
    CNT Education : “Nous ne sommes pas la garderie du Medef”.

    Contre la réouverture des écoles et établissements à partir du 11 mai ! : http://www.cnt-f.org/fte/2020/04/19/classes-en-lutte-nous-ne-sommes-pas-la-garderie-du-medef-retour-a-lecole-davant/

    Proposition de modèle de lettre de parent-e d’élève pour s’opposer au retour en classe de son ou ses enfant-s : https://iaata.info/Lettre-de-parent-e-d-eleve-pour-s-opposer-au-retour-en-classe-de-son-ou-ses-4185.html

    Tout le monde a bien compris que la réouverture des écoles est nécessaire afin que les enseignant.es puissent garder les enfants dont les parents doivent retourner au travail. Preuve en est que les universités ne rouvriront pas, les étudiant.es n’ayant besoin de personne pour se garder. La réouverture des classes le 11 mai est une décision à motif purement économique, au détriment de l’intérêt sanitaire de la population.

    #Éducation #coronavirus #covid #syndicalisme #CNT #CNT31 #11mai #déconfinement #parents #Santé #NosViesPasLeursProfits