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      7 conseils financiers tirés du Livre des Proverbes

      Foundation for Economic Education · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 28 December, 2022 - 03:40 · 7 minutes

    Par Annie Holmquist.

    Demandez à un m illenial ou un membre de la génération Z de vous parler de sujets liés à la technologie et vous aurez probablement droit à une encyclopédie de connaissances. Mais si vous leur demandez de prendre une décision financière ou d’aborder un sujet lié à l’argent, vous risquez d’obtenir un regard vide.

    Plus des deux tiers des personnes âgées de 18 à 41 ans « veulent des conseils sur des sujets financiers mais ne savent pas comment les obtenir. »

    C’est ce qu’a révélé un sondage Harris Poll au début de l’année.

    Et étant donné que 70 % des milléniaux et 65 % de la génération Z passent d’un salariat à un autre, il n’est pas difficile d’imaginer quels types de conseils financiers pourraient leur être nécessaires.

    Malheureusement, cette dernière série de statistiques montre qu’il est hors de question d’engager un coach financier à plus de 250 dollars de l’heure en moyenne pour la plupart de ceux qui cherchent des conseils. Pour que vous ne désespériez pas, j’ai de bonnes nouvelles sur les endroits où vous pouvez trouver des conseils financiers inestimables et gratuits, disponibles au bout de vos doigts. Ils sont généreusement dispersés dans un livre ancien : le Livre des Proverbes .

    Voici quelques-uns des conseils financiers qu’il vous offre.

    1. Choisissez la diligence plutôt que la paresse

    Les avertissements contre la paresse y sont nombreux et beaucoup d’entre eux opposent directement le paresseux à la fourmi qui travaille dur en été pour stocker de la nourriture pour l’hiver. Personne n’a envie d’être comparé à un paresseux et beaucoup d’entre nous se féliciteraient probablement en affirmant ne pas être des paresseux. Mais les Proverbes mettent douloureusement en évidence certains aspects plus fins et négligés de la paresse, comme la tendance à gaspiller, à se la couler douce et à faire de multiples pauses, et à parler beaucoup au lieu d’agir et d’achever une tâche.

    Les Proverbes 14-23 :

    Il y a du profit dans tout travail mais les paroles ne mènent qu’à la disette.

    Comme ceux qui s’endettent, les Proverbes nous disent que ceux qui choisissent la voie de la paresse seront les serviteurs de la société et non les dirigeants et seront vaincus par la pauvreté plutôt que par la richesse. Ceux qui sont diligents dans leurs affaires seront les influenceurs de la société, « se tenant devant les rois » et augmentant leur profit et leur richesse matérielle.

    Les Proverbes 10-4 :

    Celui qui traite avec une main molle devient pauvre, mais la main du diligent enrichit.

    2. Choisissez un partenaire ayant une bonne éthique de travail

    L’un des meilleurs investissements financiers qu’une personne puisse faire est de choisir un conjoint financièrement avisé. Le célèbre Proverbe 31 en dresse le portrait en décrivant une femme qui fait du bien à son mari, et non du mal, en étant une travailleuse assidue réfléchissant sagement à un achat important avant d’investir son argent, qui ne gaspille pas et qui gère même ses propres entreprises à domicile.

    Selon les Proverbes, une épouse vertueuse vaut bien plus que des rubis, mais l’industrie fait partie de la vertu.

    Les Proverbes 12-13 :

    Elle lui fera du bien et non du mal chaque jour de sa vie. Elle cherche la laine et le lin et travaille volontiers de ses mains.

    3. Pensez à long terme

    Pour ceux qui vivent au jour le jour, penser au long terme semble être la dernière chose à envisager sur la liste des soucis de la vie. La bonne nouvelle c’est que préparer l’avenir n’est pas forcément difficile. Selon les Proverbes, cela peut être aussi simple que d’entretenir des amitiés sur lesquelles nous pouvons compter pour obtenir de l’aide dans les moments difficiles. Garder nos affaires et nos finances en bon ordre est une autre façon de se préparer à des temps difficiles.

    En outre, nous devons tenir compte du fait que nos enfants et petits-enfants sont également susceptibles de connaître des difficultés financières. Préparer un pécule ou un héritage pour eux à l’avance, nous disent les Proverbes, est la marque d’un homme de bien.

    Les Proverbes 13-22 :

    Une personne de bien laisse un héritage aux enfants de ses enfants, mais la richesse d’un pécheur est mise en réserve pour le juste.

    4. Évitez les combines pour gagner de l’argent rapidement

    Il peut sembler excitant et facile de « gagner 90 dollars par heure en travaillant à domicile », mais les Proverbes suggèrent que la précipitation à s’enrichir conduit à la pauvreté et au manque.

    Les Proverbes 21-5 :

    Une bonne planification et un travail acharné mènent à la prospérité, mais les raccourcis hâtifs mènent à la pauvreté.

    Ceux qui accomplissent fidèlement leur travail abonderont en bénédictions.

    5. Adoptez un style de vie intègre

    Les jeunes sont souvent encouragés à faire des folies et à profiter de la vie dès leur plus jeune âge. Mais une telle vie débridée peut avoir des conséquences financières négatives. L’attrait pour la nourriture, la boisson et un style de vie libre peut conduire à dépenser de manière extravagante et mener finalement à la pauvreté, nous disent les Proverbes.

    Ceux qui mènent une vie juste évitent les styles de vie extravagants et pratiquent l’honnêteté dans leurs relations d’affaires, ne sont pas prêts à accepter un pot-de-vin ou à mentir afin d’accroître leur richesse. Vivre une vie intègre promet de grandes récompenses parmi lesquelles « la richesse, l’honneur et la vie », nous disent les Proverbes.

    En outre, en période de troubles et d’agitation politique, c’est une vie juste et droite – et non la richesse – qui sauve un individu de la mort.

    6. Évitez les emprunts

    Emprunter de l’argent pour l’école, la voiture et la maison est devenu le mode de vie des Américains ces dernières années, à tel point qu’il est désormais courant d’emprunter même pour les dépenses de base. En fait, plus de 50 % des Américains déclarent avoir une dette de plus de 1000 dollars sur leur carte de crédit.

    Les Proverbes mettent en garde contre un tel endettement, prévenant que ceux qui empruntent deviennent les serviteurs de ceux qui prêtent. C’est probablement la raison pour laquelle les Proverbes mettent également en garde contre le fait de se porter caution pour autrui. Une telle action peut sembler altruiste mais il y a de fortes probabilités que cette personne ne soit jamais en mesure de payer ce qui vous rendra débiteur de la dette à sa place.

    7. Soyez généreux

    Si les Proverbes nous mettent en garde contre le fait de se porter caution pour la dette d’autrui, ils nous encouragent en revanche à être généreux. En fait, on pourrait même dire que les Proverbes avancent l’idée d’un principe de générosité : ceux qui thésaurisent et essaient de s’assurer qu’ils ont assez pour vivre eux-mêmes se rendront compte qu’ils ont du mal à joindre les deux bouts. Mais ceux qui donnent librement aux autres, en particulier aux moins fortunés, se trouveront débordés de grandes bénédictions et d’abondance.

    Ces sept principes financiers sont variés et vastes mais un élément sous-tend chacun d’eux : la sagesse. Dans le huitième chapitre des Proverbes, la sagesse est personnifiée par une femme qui exhorte les gens à abandonner leur folie et à la rechercher. Elle promet que ceux qui le font récolteront non seulement des récompenses matérielles mais aussi morales :

    « La richesse et l’honneur sont avec moi ; oui, la richesse durable et la justice. Mes fruits valent mieux que l’or, que l’or fin, et mes revenus que l’argent précieux. Je conduis vers la voie de la justice, au milieu des sentiers du jugement : afin de faire hériter des biens à ceux qui m’aiment, et de remplir leurs trésors. »

    En substance, ceux parmi nous qui veulent réussir dans les affaires suivront ce simple truc : rechercher la sagesse.

    Traduction Contrepoints

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      Cryptomonnaies: une plainte contre Binance éclabousse les autorités françaises

      news.movim.eu / Mediapart · Monday, 19 December, 2022 - 18:56


    Quinze investisseurs qui y ont perdu des fortunes portent plainte contre la première plateforme mondiale d’échange de cryptoactifs, pour laquelle la France a déroulé le tapis rouge. Ils lui font grief de n’avoir pas respecté la réglementation française, ce qu’elle conteste.
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      Le patron de la Caisse des dépôts prolongé à son poste de manière douteuse

      news.movim.eu / Mediapart · Friday, 9 December, 2022 - 17:40


    Bruno Le Maire a confié au patron de l’institution publique le soin d’assurer son propre intérim. Une décision qui semble déroger au Code monétaire et financier. Plaçant ses fidèles aux postes clés, Emmanuel Macron est aussi un président désinvolte qui laisse se multiplier ces situations d’intérim.
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      Finance : des remontées du marché étonnantes

      Karl Eychenne · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 6 December, 2022 - 03:40 · 2 minutes

    Je ne sais pas si c’est encore la peine d’écrire à ce sujet.

    Que les marchés montent ou baissent, puis remontent, etc., ne surprend plus personne. Mais moi je reste surpris. Qui s’étonne encore que les marchés s’étonnent n’a décidemment rien compris à la finance. Je n’ai donc rien compris à la finance .

    L’investisseur s’étonnera toujours de ce qu’il voit ou entend, ânerie ou pas. L’investisseur c’est un peu Richard Anconina dans Itinéraire d’un enfant gâté . Jean-Paul Belmondo a beau le prévenir qu’il va lui balancer une absurdité, Richard ne peut s’empêcher de s’étonner : « C’est étonnant, mais cela ne doit pas t’étonner ». Sauf que ça l’étonne quand même. C’est plus fort que lui. L’investisseur s’étonne du moindre chiffre, mot, ou geste. L’hystérie n’est jamais très loin, le rut ou le désespoir sont aussi convoqués parfois.

    Pourtant, je ne me résous pas à l’hébétude des marchés. Je récuse l’éternel émerveillement de l’investisseur face à l’évènement. Je n’accepte pas ce statut d’éternel innocent. Comme inapte à la sagesse, il échouerait invariablement à apprendre de ses errements passés, condamné à l’acte manqué ? Impossible.

    Et pourtant et pourtant, il faut vraiment que je me fasse une raison. J’ai tout essayé, la rationalité limitée , la théorie des perspectives , les narrative economics , l’ exubérance irrationnelle , voire même de variations rationnelles des primes de risque … Après tant d’années, la seule conclusion qui me semble évidente c’est qu’il n’y en a pas. Les conditions de possibilité d’un discours cohérent sont quasi-nulles en vérité. Les théoriciens de la finance sont réduits à garder le temple, juste des vestales qui tentent de justifier le son par du sens. Il ne faut pas chercher à percer le mystère car il n’y a rien derrière le rideau.

    Nulle critique complotiste envers un scientisme excessif, juste une tentative de remettre les choses à leur place. La science éclaire ce qui est obscur, pas l’invisible. Or, il se pourrait bien que la finance de marché fasse davantage preuve d’absence d’intelligibilité que de manque d’éclaircissement.

    Et c’est peut-être tant mieux pour qui est à la recherche de sensations fortes comme l’ investisseur ! En effet , « On ne répètera jamais assez, après monsieur Homais, que la science est décidément admirable bien qu’elle n’ait guère inventé de jouissances nouvelles ». Que la science échoue à produire un discours intelligent sur le sujet autorise alors tous les errements en termes de mouvements de marché. L’investisseur est déclaré débile, sauvage, incalculable.

    Ainsi donc, la morale de mon histoire de la finance est donc qu’il ne faut surtout pas s’étonner.

    Ne pas s’étonner de ces investisseurs qui s’étonnent puisque c’est dans leur nature. Il ne faut pas nous étonner du spectacle qu’ils nous donnent à voir.

    Il ne faut pas tomber dans le même piège que Fouquet :

    « Le Roi fut étonné, et Fouquet le fut de remarquer que le Roi l’était », récit de madame de La Fayette . Que le Roi s’étonne n’aurait jamais dû étonner Fouquet puisque le Roi s’étonnait de tout.

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      Le Vatican aux catholiques : n’ayez pas peur de la finance !

      Jean-Yves Naudet · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 1 December, 2022 - 03:50 · 10 minutes

    C’est un texte que l’on attendait depuis des années qui vient d’être publié le 25 novembre 2022 pour le Vatican par l’Académie pontificale des sciences sociales : Mensuram bonam .

    Ce document est consacré à des conseils d’ordre moral adressés aux catholiques en matière d’investissements financiers. On dit souvent que les catholiques ne sont pas très à l’aise avec l’argent. Il faudrait surement nuancer car Jésus lui-même était à l’aise avec ce sujet, incitant à investir et à prendre des risques et non à laisser l’argent dormir ( parabole des talents ) et expliquant que l’argent pouvait servir à faire le bien ( parabole du bon Samaritain ).

    Mais il est vrai aussi que la doctrine sociale de l’Église, qui a largement développé ses analyses concernant la propriété, le marché, l’entreprise, le profit ou l’écologie, à partir des grands principes posés par elle (dignité de la personne, solidarité, subsidiarité, bien commun…) avait largement passé sous silence, à de rares exceptions près, les questions liées à la monnaie, la finance et l’argent en général.

    Les libéraux considèrent souvent que l’Église prend des positions très hostiles au marché et aux libertés économiques.

    La réalité est plus complexe car il ne faut pas confondre les textes officiels qui engagent l’autorité du Magistère (comme une encyclique sociale) et des discours de circonstances voire des conférences de presse dans l’avion où le pape s’exprime librement sans engager l’autorité du Magistère. Ce sont souvent ces dernières interventions qui gênent les libéraux car, par leur caractère spontané, elles reflètent forcément ce que les papes ont vécu dans leur propre pays : on comprend facilement qu’un Jean-Paul II ayant connu les totalitarismes nazi et communiste ait été très sensible aux libertés, y compris en matière économique, tandis que le pape François est critique sur le capitalisme car il a connu dans son pays un capitalisme de connivence dans lequel politique et économie sont imbriqués et n’a pas connu l’économie de libre marché.

    Mais si l’on étudie les textes officiels (encycliques sociales) en les mettant en perspective pour voir l’ensemble de la doctrine sociale de l’Église, ils dessinent les contours d’une économie de marché (ou « économie libre » comme disait Jean-Paul II), à condition qu’elle repose sur un État de droit et une éthique forte.

    Qu’est-ce que mensuram bonam ?

    Qu’en est-il du texte Mensuram bonam ? C’est un texte très particulier par ses rédacteurs et ses destinataires. Ce n’est pas une encyclique rédigée par le pape.

    En effet, les encycliques s’adressent non seulement aux catholiques mais à tous « les hommes de bonne volonté » car elles s’appuient largement sur la raison.

    Mensuram bonam a d’abord été préparé par des dicastères (ministères) dont celui pour le développement humain intégral, présidé alors par le cardinal Turkson, avec des experts laïcs (comme Pierre de Lauzun) ; puis il a finalement été publié par l’Académie pontificale des sciences sociales (dont le cardinal Turkson est le chancelier – c’est d’ailleurs lui qui préfacé le document). C’est dire qu’il a un statut intermédiaire car il n’émane pas directement du Magistère, il n’a pas l’autorité d’une encyclique mais c’est en toute hypothèse un texte du Vatican.

    Ce qui est nouveau c’est qu’il ne vise pas à s’adresser à tous en reposant essentiellement sur la raison, mais aux catholiques pour leur donner des conseils d’ordre moral reposant d’abord sur la foi, en matière d’investissements financiers.

    Cela ne signifie pas qu’il n’a pas d’intérêt pour les non-catholiques, mais l’objet est clair : inciter les catholiques à investir dans la finance en leur donnant des critères éthiques.

    Le sous-titre du document est d’ailleurs clair : « Mesures cohérentes avec la foi pour des investisseurs catholiques : un point de départ et une invitation à agir ».

    En soi, l’existence de ce document est un message : la finance ne doit pas être négligée, encore moins condamnée car elle joue un rôle économique indispensable. Le texte en explique la nécessité et les bienfaits. Le premier message est là : n’ayez pas peur de la finance et au contraire occupez-vous-en car on peut y agir tout en respectant les règles morales issues de la foi catholique. En soi, ce n’est pas nouveau pour une religion et on sait l’importance des règles issues de l’islam (comme l’interdiction du prêt à intérêt) pour développer une finance islamique extrêmement dynamique (qui représente plusieurs milliers de milliards de dollars). Pourquoi pas les catholiques ? même s’il s’agit ici de conseils et non de règles obligatoires et contraignantes : ce n’est pas un mode d’emploi clefs en mains, encore moins des règles obligatoires, mais des éléments de discernement.

    Nous apprécions la finance

    Le cardinal Turkson explique très bien tout cela dans son entretien accordé au journal Le Figaro du 25 novembre 2022 :

    « Nous ne voulons en aucun cas moraliser le monde de la finance mais nous voulons au contraire démontrer que nous apprécions cette activité humaine […] Faire de l’argent suppose des conditions éthiques […] L’idée de notre document est de créer une culture de l’investissement dans le monde catholique avec des critères d’investissement liés à notre foi chrétienne ».

    Plus généralement, le cardinal vient remettre les choses au point concernant l’Église et l’économie :

    « L’Église ne pointe pas un doigt accusateur en direction du milieu des affaires, elle lui redit plutôt la noblesse de sa vocation. Les entrepreneurs sont souvent critiqués, mais nous les considérons comme cocréateurs […] On doit donc apprécier le monde de l’entreprise et des affaires ».

    Interrogé sur les critiques très dures du pape François vis-à-vis du capitalisme , il répond :

    « Je ne crois pas que le pape condamne le capitalisme mais il s’adresse à lui pour lui rappeler que l’Homme doit être au centre de l’économie, et non l’argent » (qui n’est qu’un moyen).

    L’industrie de la finance doit faire de même. Un ton qui se veut positif vis-à-vis de l’économie et de la finance : il ne s’agit pas de condamner mais de dire pourquoi et à quelles conditions les catholiques doivent y jouer un rôle.

    Après ces rappels, le texte entre donc dans des applications pratiques à l’usage des catholiques en définissant des critères, des suggestions que ceux qui ne partagent pas la morale catholique pourront éventuellement contester.

    D’une manière générale, comme le rappelle le cardinal Turkson, le but est « de produire des biens de qualité fabriqués dans des conditions dignes pour les salariés. Le profit doit aussi être partagé par tous les acteurs de la production : bon travail, bon produit, bon profit ! ».

    Les critères plus précis s’adressent aux églises diocésaines, aux ordres religieux qui gèrent des investissements et au-delà à tous les catholiques qui ont une épargne à gérer et aux « professionnels de la finance qui se posent des questions sur le sens de leur travail », mais aussi aux enseignants et étudiants dans le domaine des affaires et de la finance.

    Ce n’est donc pas une théorie mais « un appel à l’action pour que des critères éthiques soient au cœur des choix d’investissements » et cela en s’appuyant sur la foi comme sur les principes de la doctrine sociale de l’Église.

    Des critères d’exclusion discutables

    Le texte a une portée très pratique, immédiate même pour les conférences épiscopales et les ordres religieux en définissant huit critères de la finance éthique, dont bien sûr « la dignité de la personne humaine » mais aussi la subsidiarité, le bien commun, la solidarité, l’inclusion des plus vulnérables, etc., c’est-à-dire les grands principes de la doctrine sociale de l’Église.

    Il insiste sur le fait que la finance ne doit pas être coupée de l’économie réelle. De manière assez classique pour des placements éthiques, les propositions reposent sur un critère d’exclusion des secteurs qui seraient contraires à la morale chrétienne. On y trouve les industries portant atteinte à la vie, comme l’avortement, ou créant une dépendance, comme la pornographie, les drogues, le tabac, l’alcool ou les jeux électroniques. Mais on y trouve aussi l’armement ou les productions de minerais lorsque les conditions d’extraction sont inhumaines ou encore les activités entraînant une corruption.

    Il y a en tout 24 critères d’exclusion.

    S’adressant à des croyants et plus encore à des institutions ecclésiales, on comprend le sens et la portée pratique de la démarche. Mais on connait les objections pouvant être faites lorsqu’est exclu un secteur entier et non telle ou telle entreprise grâce à une analyse plus fine mais plus difficile à réaliser.

    Par exemple, on comprend qu’on ne veuille pas investir dans des armements destinés à donner la mort, à envahir un territoire ou à pratiquer le terrorisme. Mais on pourrait soutenir en sens inverse que les armes peuvent servir à assurer l’État de droit face aux terroristes ou aux délinquants, à défendre un pays injustement attaqué : ne fallait-il pas soutenir l’effort d’armement des Alliés face à la barbarie nazie, sans parler, plus proche de nous, des armes fournies par l’Occident à l’Ukraine ? De même pour l’alcool : sous prétexte qu’il peut dans certains cas provoquer une dépendance voire des drames, faut-il renoncer à financer l’alcool en général alors que dans la vie humaine et même dans sa liturgie l’Église accorde une place importante au vin ? Jésus aurait-il dû renoncer à changer l’eau en vin lors des noces de Cana ?

    Conscience et liberté

    On peut donc légitimement discuter telle ou telle suggestion concrète.

    L’esprit du document est bien résumé par l’idée qu’aucun « algorithme d’investissement ne sera jamais capable de simuler la conscience humaine ». Les propositions ne se réduisent donc pas à une checklist du permis et du défendu. Le texte précise aussi que faire des choix éthiques n’est pas contraire à la rentabilité, au contraire, car l’éthique contribue à créer un climat de confiance qui bénéficie aux entreprises.

    Que penser au total de ce texte, au-delà des critiques ponctuelles que l’on peut formuler vis-à-vis de telle ou telle suggestion ?

    Pour les catholiques, surtout si ce texte est diffusé dans les diocèses et mouvements (il va bientôt être traduit en français et n’existe pour le moment qu’en italien et en anglais), on peut espérer que cela les éloignera des utopies et des visions simplistes ou idéologiques de l’économie : l’économie et la finance ne sont pas « le mal ». Elles sont ce que les Hommes en font, elles reflètent nos choix et donc on peut s’y investir sans renier sa foi ou sa morale.

    Les catholiques libéraux apprécieront ce retour au réalisme vis-à-vis de la finance et des marchés financiers et le rappel qu’au-delà des conseils ou des consignes, c’est la conscience personnelle qui prime.

    Les libéraux en général considéreront d’une part qu’il vaut mieux davantage de partisans du marché et de la finance que d’adversaires ; et d’autre part, attachés à la liberté et à la subjectivité des choix en matière de consommation ou d’investissements, ils ne peuvent critiquer qu’au nom de leur liberté et de leurs valeurs que certains fassent des choix différents des leurs.

    En effet, les libéraux savent que c’est le client ou l’épargnant qui déterminent la valeur des biens ou des services, même financiers, et que dans ce domaine comme dans les autres les choix de chacun sont libres.

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      5 questions sur FTX, la gigantesque plateforme crypto en faillite

      news.movim.eu / Numerama · Monday, 14 November, 2022 - 17:22

    Le monde des crypto-monnaies connait un nouveau naufrage : FTX, l'une des plus importantes plateformes de trading crypto au monde, a déclaré faillite le 11 novembre. Voici tout ce qu'il faut savoir si vous n'avez rien suivi à l'histoire. [Lire la suite]

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      La bulle des cryptomonnaies explose: comment l’empire FTX a fait faillite

      news.movim.eu / Mediapart · Sunday, 13 November, 2022 - 14:08


    En huit jours, la deuxième plateforme mondiale d’échange de cryptomonnaies a été acculée à la faillite. La rivalité entre son fondateur, Sam Bankman-Fried, et celui de Binance, Changpeng Zhao, autour de l’enjeu d’une régulation, a précipité la chute de cet empire financier virtuel. Les autorités américaines commencent à découvrir les coulisses d’un univers à haut risque.
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      Les influenceurs cryptos ne vont plus pouvoir faire de publicités financières sur Google

      news.movim.eu / Numerama · Monday, 3 October, 2022 - 07:59

    Le moteur de recherche a annoncé de nouvelles règles concernant les publicités sur les services financiers. Les contrôles vont être renforcés et les annonceurs sélectionnés. [Lire la suite]

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      Pantouflages scabreux à l’Autorité des marchés financiers

      news.movim.eu / Mediapart · Sunday, 2 October, 2022 - 14:48


    Plusieurs cadres travaillant pour le gendarme des marchés financiers sont partis poursuivre leur carrière dans des secteurs qu’ils étaient supposés réguler, sans que la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique soit saisie. Au même moment, l’Élysée envisage de porter à la tête de l’AMF une figure connue de la finance.
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