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      À quoi sert MagSafe, la recharge magnétique d’Apple ?

      news.movim.eu / Numerama · Friday, 3 February, 2023 - 17:25

    La technologie MagSafe a été lancée par Apple en 2006 avec le premier MacBook Pro. Depuis, elle a été déclinée en plusieurs formats. On la trouve sur les iPhone et les Mac, mais aussi dans des accessoires. [Lire la suite]

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      Alzheimer : comment les modèles mentaux bloquent l’innovation

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 22 January, 2023 - 03:50 · 8 minutes

    On perçoit souvent la recherche scientifique comme la pure poursuite de la vérité sans entrave ni idée préconçue et comme un progrès continu de l’obscurité vers la lumière.

    Dans son fameux ouvrage Les somnambules , Arthur Koestler avait pourtant bien montré qu’il n’en était rien et que les scientifiques , tout éclairés qu’ils fussent, avaient tout autant de mal que les autres mortels à se débarrasser de leurs modèles mentaux.

    « L’inertie de l’esprit humain, sa résistance aux nouveautés ne s’affirment pas, comme on pourrait le croire, dans les masses ignorantes – aisément persuadées dès que l’on frappe leur imagination – mais chez les professionnels qui vivent de la tradition et du monopole de l’enseignement » Arthur Koestler , Les Somnambules

    Un bon exemple de ce phénomène est fourni par l’ absence de progrès dans le traitement de la maladie d’Alzheimer et des démences séniles en général depuis de nombreuses années malgré des investissements colossaux.

    La maladie d’Alzheimer

    C’est la grande maladie du siècle, hors Covid-19 .

    Cinquante-cinq millions de personnes vivent avec une démence sénile dans le monde, un chiffre qui s’accroît de dix millions par an en raison du vieillissement de la population. La plus fréquente est la maladie d’Alzheimer, du nom du psychiatre allemand qui l’a le premier identifiée en 1906.

    En autopsiant Auguste Deter (photo), une patiente récemment décédée qui avait souffert de perte importante de mémoire, Alzheimer observe des plaques denses dans son cerveau. Elles seront plus tard identifiées comme étant constituées d’une protéine appelée beta-amyloïde. Pourtant, depuis 1906, quasiment aucun progrès n’a été accompli dans le traitement de la maladie qui signifie toujours une condamnation à mort lorsqu’elle est diagnostiquée. L’une des raisons est que ces plaques ont été d’entrée de jeu vues comme la cause de la maladie et l’enjeu est devenu leur élimination. Depuis, la communauté scientifique s’est enfermée dans cette explication. C’est étonnant car certaines personnes atteintes de la maladie n’ont pas de plaques discernables tandis que certaines ont des plaques sans avoir de symptômes. Malgré cela, le modèle s’est durablement installé.

    Un deuxième enfermement a suivi logiquement : une fois la cause identifiée, les médecins se sont focalisés sur la recherche d’une solution pour les supprimer. Des milliards ont été investis mais les rares médicaments proposés sont inefficaces. Tout l’effort a porté sur la solution à une question qui n’est plus discutée, plutôt que de reposer la question de la cause.

    Un troisième enfermement s’ensuit désormais : avec l’absence de résultats les milliards investis et le nombre de patients qui augmente sans pouvoir être soignés, la pression publique et donc la pression institutionnelle augmentent. La FDA, l’organisme qui gère les médicaments aux États-Unis, finit par autoriser des médicaments non pas parce qu’ils ont des effets démontrés mais parce qu’ils prétendent réduire la fameuse plaque dont on n’est pourtant, rappelons-le, pas certain qu’elle soit en cause.

    C’est ici que le serpent se mord la queue et que le modèle mental initial dans lequel la communauté scientifique s’est enfermée produit ses effets catastrophiques.

    Un consensus étouffant imposé par un groupe politiquement dominant

    Le blocage a également une dimension sociologique.

    Comme l’a fameusement montré le sociologue Bruno Latour , la recherche scientifique est un processus, un métier, une pratique, avec ses institutions et ses enjeux politiques et de carrière. Il y a donc une sociologie du travail scientifique.

    Lorsque vous trouvez un résultat, il faut le publier. Sans cela, il n’existe tout simplement pas. Il faut qu’il soit publié dans une bonne revue sinon ça ne sert à rien. Une bonne revue sélectionne les papiers qu’elle reçoit en les faisant valider par des évaluateurs. Qui sont-ils ? Eh bien des experts du même domaine, c’est-à-dire des tenants du modèle mental dominant. Ils ont tout à perdre si ce modèle qui les a rendus experts et donc puissants, avec direction de laboratoire, budgets et prestige, est remis en question et qu’ils sont remplacés par des challengers . Écrire un papier remettant en cause le modèle dominant, c’est un peu comme essayer de vendre Noël à une dinde.

    Et donc le système est bloqué : sans papier, les tenants d’explications alternatives ne peuvent avoir ni budget ni carrière et doivent soit se soumettre, soit se démettre. C’est ainsi qu’un modèle mental dominant peut persister malgré sa faiblesse. C’est aussi pourquoi il ne suffit pas d’avoir raison pour que votre idée soit acceptée par tous.

    Cette situation n’est pas sans rappeler la tragique histoire de Ignace Semmelweis. En 1840 à Vienne, cet obstétricien cherchait à comprendre pourquoi tant de femmes mouraient en couches dans sa clinique. Il finit par trouver que si les médecins, qui pratiquaient les accouchements, se lavaient les mains, le taux de mortalité chutait considérablement. Il ne savait pas pourquoi car la théorie des microbes ne serait formulée que 40 ans plus tard mais il savait comment.

    Et pourtant il n’a jamais réussi à convaincre les médecins de faire un geste aussi simple que se laver les mains. Pourquoi ? Parce que leur modèle mental de la maladie était que la cause était interne. Elle était due à un déséquilibre des humeurs. Se laver les mains n’avait aucun sens pour eux. Là encore, un mauvais modèle mental explicatif a bloqué un progrès humain pour 40 ans, jusqu’à Lister , Pasteur et Koch . La puissance du corps médical a fait que Semmelweis n’a eu nulle part ailleurs où se tourner et s’est retrouvé seul, isolé de tous. Il est d’ailleurs mort dans un asile psychiatrique. Nulle méchanceté ni indifférence au sort des victimes chez les médecins ; ils étaient tout aussi soucieux de trouver l’explication mais ils étaient enfermés dans un modèle mental incorrect.

    On retrouve ici les mêmes mécanismes que dans l’économie où un acteur en place, tenant d’un modèle dominant sur lequel il a bâti son succès, bloque tout progrès.

    On pense par exemple à la façon dont France Télécom et le corps des ingénieurs télécom a ralenti le développement d’Internet en France, étant hostile à un système décentralisé et ouvert (voir mon article sur le rapport Théry ici ). Ce n’est pas un hasard si la lutte contre les monopoles dans l’économie a pris une grande importance dès la fin du XIX e siècle.

    Mais cette lutte doit aussi exister dans le domaine de la recherche. Il faut s’assurer de conserver une pluralité d’hypothèses sur les grandes questions du monde. Étouffer les options alternatives se paie en général au centuple lorsque le modèle dominant est faux. Si elles n’ont pu être créées en parallèle, les conséquences sont catastrophiques, avec une perte considérable de temps, en l’occurrence ici pour le traitement d’Alzheimer, qui n’a pas fait le moindre progrès depuis des dizaines d’années.

    Créer un système pluraliste

    Comme Koestler et Latour l’ont rappelé à leur manière les scientifiques sont des humains avec leurs croyances et leurs intérêts et la machine scientifique est une institution avec ses logiques propres.

    Cela ne signifie pas qu’elle ne puisse pas produire des résultats extraordinaires, comme le prouvent les progrès de la médecine depuis de nombreuses années mais qu’elle peut elle aussi se retrouver parfois enferrée dans des modèles mentaux qui bloquent son avancée.

    Dans mon expérience, il est extrêmement difficile de faire évoluer les modèles mentaux d’un collectif si cela fragilise le pouvoir de ceux qui les tiennent. Ils n’ont pas intérêt à cette évolution. L’approche alternative est donc de créer une pluralité sinon dans l’institution, ce qui est difficile, du moins dans l’environnement pour qu’un chercheur puisse aller poursuivre une théorie disruptive ailleurs.

    C’est ce qui s’est passé avec le vaccin anti-covid Pfizer basé sur l’ARN messager. La chercheuse Katalin Kariko , qui en est à l’origine était l’une des seules à croire au potentiel de cette technique depuis longtemps.

    Le modèle mental de la communauté scientifique était « L’ARN messager n’a pas d’avenir ». Et il bloquait tout au point que les rares qui n’y souscrivaient pas suscitaient l’agacement de leurs collègues. Par son obstination, elle a ainsi fini par être virée de son laboratoire. Heureusement, elle a trouvé refuge dans un autre labo grâce à un ami et elle a fini par aller travailler avec une startup (BioNTech). Le vaccin n’a pu voir le jour que parce qu’il existait une voie de sortie alternative pour elle, ce qui lui a permis de contourner le blocage.

    L’enjeu est donc de créer des voies de sorties pour les théories alternatives, seule possibilité pour éviter le monopole des modèles mentaux qui freine l’innovation, c’est-à-dire qui fait perdurer la souffrance humaine. L’entrepreneuriat est l’une de ces portes de sorties comme l’a montré la réussite de BioNTech, mais un système de recherche publique pluraliste est également crucial. En recherche comme ailleurs, nous devons créer des institutions pluralistes qui ont pour objet de lutter contre le consensus, et de susciter et faire vivre des théories alternatives sur les phénomènes considérés. Il en va du progrès humain.

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      ChatGPT, l’outil d’intelligence artificielle controversé

      Philippe Silberzahn · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 21 December, 2022 - 03:30 · 8 minutes

    À moins d’avoir vécu sur Mars ces dernières semaines, vous n’avez pas pu échapper à ChatGPT , l’outil d’intelligence artificielle qui répond à toutes vos questions : résumer un article, faire une synthèse sur la crise économique, écrire un poème, etc.

    Comme pour toute nouvelle technologie, elle est présentée comme révolutionnaire par certains et futile, inutile, voire dangereuse par d’autres. S’il faudra du temps pour que la lumière se fasse, on peut néanmoins éviter quelques écueils, et surtout des positions tranchées, en s’appuyant sur l’histoire de l’innovation qui offre au moins sept leçons pour une approche plus nuancée du débat.

    L’histoire de l’innovation est compliquée

    Elle est parsemée de technologies promises à un grand avenir mais qui n’ont rien donné. D’autres ont mis des années avant de réussir : la première automobile naît en 1765 mais il faut attendre la fin des années 1880 pour qu’on puisse en acheter. D’autres, enfin, sont nées dans l’indifférence, totalement sous-estimées à leurs débuts. Le premier vol des frères Wright en 1903, un événement historique, a fait trois lignes dans le journal local et il a fallu très longtemps pour voir l’aviation comme autre chose qu’un caprice de riches. Les plus grands esprits se sont trompés dans leur estimation du potentiel et de l’impact d’une nouvelle technologie et l’auteur de ces lignes n’a pas l’intention d’ajouter son nom à cette liste.

    Voici toutefois sept leçons historiques pour mieux réfléchir au potentiel de ChatGPT.

    1) La réussite d’une nouvelle technologie résulte rarement de ses seules performances techniques

    La diffusion est en effet un processus social : le corps social accepte la technologie mais son utilisation conduit généralement à une modification. C’est donc un processus complexe. Une très bonne technologie peut donc être rejetée en raison de critères sociaux liés aux modèles mentaux dominants. Par exemple, les OGM sont rejetés en France parce qu’il existe un modèle mental « OGM = danger » qui s’est opposé avec succès au modèle « OGM= excellente solution ».

    Les conséquences économiques, sociales et politiques d’une nouvelle technologie sont donc impossibles à prévoir. Ce qu’il advient d’une technologie est le produit d’un processus à la fois technique (son invention et son amélioration) et social (son adoption, son rejet, son adaptation pour des usages parfois inattendus). Quand on pense au potentiel de ChatGPT, on ne peut donc se limiter à une discussion sur ses performances techniques. On sait par exemple que certaines de ses réponses iront nécessairement à l’encontre des croyances de certains groupes, ce qui pourra entraîner des réactions hostiles. ChatGPT va donc être « modéré » (c’est-à-dire censuré) ce qui va entraîner d’autres réactions hostiles.

    2) Comme tout outil toute technologie a ses limites

    Ce n’est par sur celles-ci qu’il faut la juger. Aucune n’est universelle. Ainsi, les limites de ChatGPT ont très rapidement été pointées : manque de références, positions discutables, résultats parfois bizarres, manque de créativité, faiblesses dans certaines tâches, etc.

    Il est essentiel de comprendre ces limites pour déterminer où la technologie sera pertinente et où elle ne le sera pas. Pointer ces limites pour la rejeter en bloc est une erreur. Un logiciel de dessin ne peut pas vous transformer en artiste, ce n’est pas pour ça qu’il n’a pas d’utilité. Ce qu’il faut, ce n’est pas rejeter une technologie à cause de ses limites mais se focaliser sur son potentiel pour comprendre ce qu’elle nous permet de faire de nouveau.

    3) On tend à juger une nouvelle technologie à l’aune de la technologie actuelle

    Or, une nouvelle technologie introduit de nouveaux critères de performance et c’est sur eux qu’il faut la juger. Les imprimantes 3D n’offrent pas la qualité d’une fabrication traditionnelle en usine et elles sont donc comparées défavorablement à cette dernière. Mais ce n’est pas ce qu’elles essaient de faire. Dans les domaines où la qualité qu’elles offrent est suffisante, elles apportent une souplesse et une personnalisation très utiles. Elles sont donc pertinentes pour certains usages et pas pour d’autres.

    Le fait que la performance d’une nouvelle technologie soit inférieure sur certains critères et supérieure sur d’autres à la technologie existante explique ainsi pourquoi elle remplace rarement complètement cette dernière. Nous continuons à utiliser des fours traditionnels en plus des fours à micro-ondes, des avions à hélice et pas seulement des avions à réaction, des agendas papier et pas seulement électroniques, etc. Parfois, elle va rester inférieure sur les critères historiques (un téléphone mobile peut être à court de batterie ou perdre le réseau au contraire d’un téléphone fixe) et parfois elle va finir par dépasser la technologie actuelle sur tous les critères comme ce fut le cas pour la photographie numérique à partir des années 2000, auquel cas le basculement devient total et l’ancienne technologie disparaît.

    4) Une nouvelle technologie améliore ses performances au cours du temps

    Pour l’évaluer, il faut donc regarder non pas où elle est à ses débuts mais où elle peut aller, ce qui est évidemment difficile voire impossible. Le service de traduction automatique en ligne Google translate a été lancé en 2006. Quelle magie de soumettre un texte qui revenait traduit en anglais en quelques secondes ! Bien sûr, celui-ci nécessitait un retravail important. Disons que Google translate faisait environ 50 % du travail mais le gain de temps était considérable. Puis la qualité s’est progressivement améliorée. En 2017 est apparu DeepL , qui a marqué un progrès notable. Un texte traduit ne nécessitait plus que quelques minutes de finition, on arrivait à environ 80 %. Aujourd’hui, la qualité est devenue remarquable. Il n’y a pratiquement plus besoin de retravailler le texte. Si on avait jugé la traduction automatique en 2006 à l’aune de la traduction humaine, on l’aurait définitivement rejeté.

    Adoption et rejet de la nouvelle technologie

    5) Une nouvelle technologie tend à être adoptée d’abord par des non-consommateurs

    La qualité de la traduction automatique à partir de 2006 était très inférieure à celle d’un traducteur professionnel sauf que je n’avais ni le temps ni les moyens de m’en payer un sans compter qu’aucun d’entre eux ne travaillerait pour traduire trois paragraphes par-ci, par-là.

    Malgré sa performance médiocre, la traduction automatique me rendait déjà un service immense. Pour moi, l’alternative c’était Google translate ou rien. Or, quelle que soit sa médiocrité, Google translate était mieux que rien ; sa performance était donc suffisante pour le non-consommateur que j’étais. C’est pour cela qu’une nouvelle technologie est adoptée par les non-consommateurs malgré sa performance limitée. Elle leur apporte quelque chose qu’ils ne pouvaient pas avoir avant.

    6) Les utilisateurs de la technologie existante tendent à rejeter la nouvelle technologie

    C’est le corollaire du point précédent. Cela est dû au fait que cette dernière n’est généralement pas assez performante pour eux. J’ai commencé à utiliser la téléphonie sur Internet à partir de 1998. La qualité était exécrable mais je pouvais appeler à l’étranger pour le prix d’une communication locale. Autrement dit, la performance de la téléphonie Internet était suffisante pour moi au regard de son coût. En revanche, pour une entreprise il était hors de question de l’utiliser, la performance étant insuffisante au regard de ses exigences. Pour elle, « ça ne marchait pas », ce qu’il faut entendre par « au regard de mes exigences, ses performances sont insuffisantes, donc je ne peux pas l’utiliser ». Fort logiquement, les entreprises ont initialement rejeté la téléphonie par Internet, qui a donc décollé par les usages individuels.

    7) On tend à mettre en avant les inconvénients d’une nouvelle technologie plutôt que ses avantages

    Parlez robots, on vous répond chômage . Parlez biotech et génétique, on vous répond Frankenstein. Parlez IA, on vous répond Skynet et domination des machines. Ce n’est pas nouveau. L’apparition de la photo a fait craindre la disparition des artistes et de la radio celle des musiciens.

    On se focalise sur ce qui va disparaître ou risque de disparaître, sans imaginer ce qui peut naître : le livre imprimé de Gutenberg a fait disparaître les magnifiques manuscrits enluminés, véritables ouvrages d’art, privant les moines copistes d’une source de revenu, mais il a ouvert la lecture et l’écriture à tous. Avec les livres, un érudit n’avait plus besoin d’apprendre les textes par cœur ; il pouvait donc utiliser la capacité de son cerveau ainsi libérée pour des tâches bien plus créatives. Impossible de ne pas penser à un possible effet similaire pour ChatGPT, qui va nous libérer de certaines tâches pour nous permettre d’en effectuer d’autres.

    Homo ludens

    L’histoire de l’innovation est complexe et il est difficile, voire impossible, de prédire l’impact d’une technologie sur la société.

    Son succès dépend souvent de facteurs sociaux et de modèles mentaux sociétaux et son potentiel ne doit pas être jugé uniquement sur ses limites ou ses performances techniques. Son succès dépend de ce qu’on en fera et donc d’une danse étrange entre ses promoteurs et ses utilisateurs.

    Et donc, si vous voulez vous forger une idée sur chatGPT, commencez à l’utiliser pour en découvrir les forces et les faiblesses. Tirez parti des premières et soyez indulgents pour les secondes ; regardez-le évoluer comme pour la traduction automatique. En bref, ignorez les professeurs de morale et les experts trop sûrs d’eux-mêmes et jouez avec. Amusez-vous bien !

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      Les centres du progrès (22) : Manchester (industrialisation)

      Chelsea Follett · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 4 December, 2022 - 03:40 · 11 minutes

    Un article de Human Progress

    Notre vingt-deuxième Centre du progrès est Manchester pendant la première révolution industrielle (1760-1850). Parfois appelée « la première ville industrielle », Manchester a incarné les changements rapides d’une époque qui a transformé l’existence humaine plus que toute autre période de l’histoire. Manchester a été l’une des premières villes à connaître l’industrialisation. Sa métamorphose n’a pas été facile car elle impliquait des conditions de travail et de vie bien inférieures à celles auxquelles nous sommes habitués aujourd’hui. Mais Manchester a finalement contribué à élever l’humanité en ouvrant la voie à la prospérité post-industrielle dont tant d’entre nous bénéficient aujourd’hui.

    Aujourd’hui, Manchester est la cinquième ville la plus peuplée du Royaume-Uni. Elle est célèbre pour son équipe de football, Manchester United, qui a remporté plus de trophées que tout autre club de football anglais (c’est-à-dire une équipe de football). Surnommée les Red Devils, l’équipe de Manchester fait partie des équipes de football les plus populaires et les plus lucratives du monde. Manchester est également connue pour sa grande université de recherche, où l’atome a été fendu pour la première fois en 1917. L’université de Manchester gère l’observatoire de Jodrell Bank, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en raison de son impact considérable sur la recherche au début de l’ère spatiale. Manchester a également apporté une contribution notable à la musique en produisant des groupes tels que les Bee Gees, qui comptent parmi les artistes musicaux les plus vendus de l’histoire. Une grande partie de l’architecture de la ville date de l’ère industrielle, avec de nombreux entrepôts, usines, viaducs ferroviaires et canaux de premier plan qui subsistent encore.

    La région où se trouve aujourd’hui Manchester est habitée depuis au moins l’âge de bronze, à l’origine par d’anciens Bretons celtes. Vers les années 70 de notre ère, les Romains ont conquis la région. Ils ont baptisé l’avant-poste Mamucium. Il s’agirait d’une latinisation du nom antérieur de l’établissement en vieux brittonique qui signifiait probablement « colline en forme de poitrine ». Mamucium a fini par être connu sous le nom de Manchester, le suffixe vieil anglais chester venant du latin castra , qui signifie « ville fortifiée ». Après le départ des Romains de Grande-Bretagne, la colonie de Manchester a changé de mains entre plusieurs royaumes au cours du Moyen Âge et de la conquête normande de la région. Manchester s’est d’abord fait connaître pour le commerce du tissu au XIV e siècle, lorsqu’une vague d’immigrants flamands tisserands qui produisaient du lin et de la laine se sont installés dans la ville. Au XVI e siècle, l’économie de Manchester tournait autour du commerce de la laine. Industrie artisanale, la production de laine était un processus lent et minutieux qui se déroulait dans les foyers individuels.

    Avant la révolution industrielle, Manchester était une petite ville de marché florissante, avec une population de moins de dix mille habitants au début du XVIII e siècle. Les progrès technologiques ayant augmenté l’efficacité du commerce du tissu, la croissance de la ville a commencé à décoller dans les années 1760. Les canaux de la ville, son climat favorable au coton et sa situation géographique facilitant le transport des marchandises à l’intérieur et à l’extérieur de la ville, tout cela destinait Manchester à devenir un centre industriel clé dès que la technologie adéquate serait disponible.

    On dit souvent que la révolution industrielle a commencé lorsque la machine à filer a été inventée à Oswaldtwistle, à 40 km au nord-ouest de Manchester, en 1764 ou 1765. La spinning jenny était un cadre permettant de filer la laine ou le coton à une vitesse accrue grâce à l’utilisation de plusieurs fuseaux. Elle représentait le premier processus de production entièrement mécanisé. Puis, en 1771, une autre nouvelle invention, le cadre à eau, a été installée dans une usine de Cromford, à 80 km au sud-est de Manchester. Cette invention utilisait une roue à eau pour actionner un métier à filer.

    Vers 1779, à Bolton, qui est situé à 15 miles au nord-ouest de Manchester, l’inventeur Samuel Crompton a combiné des aspects de la machine à filer et du métier à eau dans la « mule à filer ». La mule à filer a considérablement accéléré le processus de production du fil. En fait, des versions de la mule à filer sont encore utilisées aujourd’hui pour la production de fils à partir de certaines fibres délicates comme le poil d’alpaga. Des usines textiles alimentées par l’eau et utilisant cette nouvelle technologie ont rapidement fait leur apparition dans la région.

    En 1781, deux ans seulement après l’introduction de la mule à filer, le développement de moteurs à vapeur viables a permis la croissance d’usines textiles à vapeur plus grandes et plus puissantes. La puissance de la vapeur a changé la donne. Si l’humanité connaissait la puissance de la vapeur depuis qu’Héro d’ Alexandrie avait démontré le phénomène comme une nouveauté au premier siècle de notre ère, le fait de pouvoir enfin exploiter la vapeur de manière pratique a été le moment décisif de la révolution industrielle. L’amélioration des moteurs à vapeur a conduit à l’industrialisation rapide de l’industrie textile en Angleterre, permettant le filage et le tissage des textiles avec une rapidité jamais atteinte auparavant.

    Manchester a ouvert sa première usine de coton en 1782, l’usine Shudehill de cinq étages, parfois aussi appelée Simpson’s Mill. Elle utilisait une roue à aubes de trente pieds et une énergie à vapeur d’avant-garde. En 1800, Manchester était décrite comme « folle des moulins à vapeur », avec plus de quarante moulins. Cette même année, la population de la ville avait presque décuplé depuis le début du XVIII e siècle, atteignant environ 89 000 âmes. Entre 1801 et les années 1820, la population a doublé. En 1830, Manchester comptait 99 filatures de coton.

    Cette année-là, le premier chemin de fer moderne du monde, le « Liverpool and Manchester » (L&MR), a été inauguré et a donné un coup de fouet à l’industrie textile de Manchester déjà en plein essor. Il l’a fait en accélérant l’importation de matières premières des ports de Liverpool vers les usines de Manchester, ainsi que l’exportation de produits textiles finis hors de la ville. Le L&MR, d’une longueur de 31 miles, était à la fois le premier chemin de fer à desservir exclusivement des automobiles à vapeur et le premier chemin de fer interurbain du monde. Il a également été le premier chemin de fer à utiliser une double voie, à fonctionner entièrement selon un horaire régulier, à employer un système de signalisation et à transporter du courrier. À la fin de la première révolution industrielle, en 1850, Manchester comptait quelque 400 000 habitants. L’obscure ville de marché de jadis était devenue la deuxième ville de Grande-Bretagne après Londres, et on l’appelait la « deuxième ville » du pays.

    Le gonflement de la population est dû à l’afflux de jeunes hommes et femmes venus de la campagne anglaise et d’Irlande, attirés par la promesse d’un travail dans les nouvelles usines et fabriques. Par rapport au travail agricole éreintant ou à la vie de servitude domestique (à une époque où de nombreux employeurs battaient leurs domestiques en toute impunité), nombreux étaient ceux qui trouvaient que les conditions de travail, même les plus dures, dans les usines étaient préférables à leurs autres options. Les usines versent des salaires élevés par rapport aux possibilités offertes dans les zones rurales et la plupart des migrants vers la ville voient leurs revenus augmenter de manière appréciable. Progressivement et pour la première fois dans l’histoire, une importante classe moyenne a émergé.

    Il ne s’agit pas de minimiser l’environnement de travail dans les usines de Manchester au début de la révolution industrielle ; les heures de travail étaient longues, les taux d’accidents élevés et le travail des enfants fréquent. Bien qu’il faille noter que le travail des enfants n’était pas une innovation de la révolution industrielle – il existait tragiquement depuis des temps immémoriaux parmi les pauvres. En fait, ce n’est qu’au cours de la révolution industrielle que les conditions de vie se sont tellement améliorées que le travail des enfants a commencé à faire l’objet d’un examen minutieux, qui a abouti à la loi britannique de 1833 sur les usines. Cette loi est considérée comme la première législation mondiale contre le travail des enfants. D’autres lois ont suivi.

    Si vous pouviez visiter Manchester à l’époque de la première révolution industrielle, vous entreriez probablement dans la ville à bord d’une locomotive à vapeur et votre première vision de la ville serait sa gare animée. Vous sortiriez de la gare dans une ville définie par une ligne d’horizon de cheminées industrielles que le poète William Blake a décrit comme de « sombres usines sataniques ». En 1814, le fonctionnaire britannique Johann May a décrit cette ligne d’horizon comme un signe de progrès technologique :

    Manchester [a] des centaines d’usines […] qui s’élèvent jusqu’à cinq ou six étages. D’énormes cheminées sur le côté de ces bâtiments crachent des vapeurs de charbon noir, ce qui nous indique que de puissantes machines à vapeur sont utilisées. Les nuages de vapeur peuvent être vus de loin. Les maisons en sont noircies.

    Le bruit aurait pu être assourdissant. Le philosophe politique français Alexis de Tocquevillle décrit Manchester en 1835 : « le crissement des roues des machines, le hurlement de la vapeur des chaudières, le battement régulier des métiers à tisser […] sont les bruits auxquels on ne peut jamais échapper ».

    Et parmi les gens dans les rues, vous auriez pu observer divers manifestants. La ville était à l’avant-garde des mouvements politiques radicaux, allant du suffrage des femmes au communisme en passant par la défense de la loi sur le maïs .

    Le philosophe politique allemand Friedrich Engels est arrivé à Manchester en 1842. Il y travaillait comme marchand de coton le jour et s’exprimait sur l’état des pauvres de la ville la nuit, jusqu’à la publication de The Condition of the Working Class in England en 1844. On peut y lire un passage sur les bidonvilles de Manchester,

    « Dans un trou assez profond […] entouré des quatre côtés par de grandes usines […] se trouvent deux groupes d’environ 200 cottages, construits principalement dos à dos, dans lesquels vivent environ 4000 êtres humains, la plupart irlandais. Les cottages sont vieux, sales et de la plus petite espèce, les rues sont inégales, creusées d’ornières et en partie dépourvues d’égouts ou de pavés ; des masses d’ordures, d’abats et d’immondices nauséabonds gisent parmi les mares stagnantes dans toutes les directions ».

    Ce qu’Engels n’a pas remarqué, c’est que pour la première fois dans l’histoire, des niveaux de pauvreté aussi abjects étaient en fait en déclin. Au cours de sa vie, l’Anglais moyen est devenu trois fois plus riche.

    La pénurie a toujours été l’état par défaut de la grande majorité de l’humanité. Puis, soudainement, les revenus moyens ont non seulement commencé à augmenter mais l’ont fait de façon exponentielle. Le célèbre graphique en crosse de hockey , peut-être le plus important au monde , illustre ce changement spectaculaire. L’humanité a produit plus de biens économiques au cours des deux derniers siècles que pendant tous les siècles précédents réunis. Cette explosion de la création de richesses a rapidement entraîné une diminution massive du taux de pauvreté et une amélioration du niveau de vie. Peu après l’envolée des revenus, l’espérance de vie a suivi. L’historienne de l’économie Deirdre McCloskey désigne ce changement par le terme de « grand enrichissement ».

    Engels a vécu à Manchester de façon intermittente pendant trois décennies. C’est là qu’il a reçu à plusieurs reprises la visite de son ami et collègue philosophe allemand, Karl Marx. Émus par la situation des pauvres à Manchester et dans d’autres villes industrielles, et ne reconnaissant pas le grand enrichissement en cours, les deux hommes ont développé une philosophie politique visant à créer un paradis pour les travailleurs.

    Les solutions qu’ils ont proposées ont tragiquement conduit à des souffrances bien pires notamment des pénuries alimentaires, des goulags, 100 millions de morts et des cicatrices psychologiques qui résonnent encore aujourd’hui, avec une malhonnêteté accrue et une baisse de confiance qui persistent dans les régions anciennement communistes. Ironiquement, les objectifs de Marx et Engels, à savoir des journées de travail plus courtes et des revenus plus élevés, ont été atteints dans le cadre d’une économie de marché.

    En tant que ville industrielle par excellence, il ne fait aucun doute que Manchester a mérité son surnom d’atelier du monde. En tant que centre clé de l’industrialisation, la ville a connu une transition parfois difficile mais aux effets profonds. La prospérité sans précédent créée par l’industrialisation a finalement permis d’améliorer les conditions de travail et d’élever le niveau de vie qui caractérise l’affluence post-industrielle. Pour avoir contribué à tisser la toile du monde moderne, Manchester est à juste titre notre vingt-deuxième Centre du progrès.

    Traduction Contrepoints

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      Quand on cherche « Le capitalisme combat le racisme » sur Google

      Foundation for Economic Education · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 27 November, 2022 - 03:40 · 7 minutes

    Par Connor Vasile.

    Si vous cherchez « le capitalisme combat le racisme » dans Google, les premiers résultats de recherche seront des articles comme : « Le capitalisme est-il raciste ? » ;  « Le capitalisme sans racisme : Science ou fiction » ; « L’essor du capitalisme et l’émergence du racisme ».

    À la lecture de ces titres, on pourrait croire que le modèle économique le plus triomphant que le monde ait jamais connu est enraciné dans un environnement raciste et hégémonique destiné à profiter aux seigneurs de la société. C’est une bonne chose d’avoir Google pour nous ouvrir les yeux sur ce système inhumain.

    Au-delà de la facétie, la société occidentale (post)moderne considère le capitalisme comme l’éléphant le plus laid de la pièce ; elle ne veut pas admettre qu’il s’agit d’un rouage essentiel au fonctionnement de la civilisation et préfère contempler des chimères comme le socialisme à travers des lunettes fortement teintées de rose.

    Nous sommes incités à croire que le marché libre est responsable d’une grande partie de l’injustice, du racisme et de l’inégalité observés dans le monde moderne. Mais est-ce vrai ?

    Les bienfaits du capitalisme

    Le fait est que le capitalisme en tant que système a toujours été une force du bien, y compris dans l’histoire tumultueuse des États-Unis. Même pendant les périodes de la reconstruction et de Jim Crow au cours desquelles les communautés noires ont été victimes de violations flagrantes des droits civiques, le capitalisme a été la force salvatrice qui a aidé les gens à surmonter leur situation, l’adversité à laquelle ils étaient confrontés au sein d’une culture encore sous le choc des effets de la guerre civile.

    Comme Milton Friedman l’a déclaré dans son livre Capitalisme et liberté :

    C’est un fait historique frappant que le développement du capitalisme s’est accompagné d’une réduction majeure des discriminations économiques infligées à des groupes religieux, raciaux ou sociaux particuliers.

    Avec la puissance des médias, des réseaux sociaux et du gouvernement qui travaillent à saper l’idée que le capitalisme est une force promouvant la liberté individuelle, il est important de revisiter quelques histoires sur la façon dont le marché libre a sorti les individus de la pauvreté et a combattu le racisme.

    Le père d’Harlem

    Philip A. Payton (1876-1917) était un promoteur immobilier noir du XX e siècle originaire de Harlem à New York. À l’époque, la ségrégation de fait était encore une réalité dans les villes américaines. Manhattan ne fait pas exception. En acquérant des maisons en grès brun après le départ d’un certain nombre de familles blanches, Payton a contribué à fournir davantage de logements aux locataires noirs de l’Upper West Side. Compte tenu des tensions raciales de l’époque, on peut dire que les propriétaires n’étaient pas très contents.

    La Hudson Realty Company visait à de nouveau procéder à une ségrégation dans le quartier en rachetant les logements appartenant à des Noirs et en expulsant les locataires. Payton renvoie l’ascenseur en proposant aux locataires noirs précédemment expulsés des logements appartenant à des Blancs. Payton l’ emporte finalement et la Hudson Reality renonce à son objectif d’une nouvelle ségrégation. Des tentatives ultérieures ont été menées par des sociétés immobilières qui utilisaient des critères raciaux pour empêcher les familles noires d’accéder à une location, mais elles ont également été battues à plate couture par Payton et d’autres entrepreneurs noirs qui s’inspiraient de son exemple.

    L ‘Afro-American Realty Company de Payton a atteint un million de dollars d’actifs et a aidé de nombreuses familles noires à s’installer dans les quartiers où elles voulaient vivre et pas seulement là où la ville les reléguait. Il a utilisé le marché libre et la demande de meilleurs logements pour rendre service à sa communauté. Il l’a emporté malgré les obstacles raciaux, car en fin de compte il a compris que la discrimination n’est pas de taille face à la volonté du peuple.

    Comme il l’a énoncé un jour :

    « Le préjugé qui jusqu’ici a joué contre nous peut être retourné et utilisé à notre profit. »

    La reine de la cosmétique

    Sarah Breedlove est née en Louisiane, quatre ans seulement après la signature de la proclamation d’émancipation par le président Abraham Lincoln. Orpheline à l’âge de sept ans et contrainte à la servitude domestique pour survivre, elle développe très tôt une vision pessimiste de sa vie. Elle se rappellera plus tard qu’étant orpheline de père et de mère elle n’avait que peu ou pas d’opportunités quand elle a débuté.

    Malgré cela, Breedlove a continué à travailler dur et a fini par développer sa propre ligne de soins capillaires. Le marché afro-américain étant largement négligé à l’époque, Breedlove a saisi l’occasion pour répondre aux besoins d’une population en croissance et a commencé à vendre ses propres produits capillaires.

    C’est après avoir épousé Charles Walker en 1906 qu’elle se fait connaître sous le nom de madame C.J. Walker. Comme le pétrole fraîchement exploité, son entreprise se développe rapidement, trouvant un écho dans les communautés noires du pays. La petite entreprise s’est développée avec une usine, une école de beauté et un salon de coiffure. C.J. Walker était connue pour embaucher des femmes à des postes de direction et de personnel, ce qui était inconcevable à l’époque. À l’apogée de l’entreprise, on note que plusieurs milliers de femmes étaient employées comme vendeuses et d’innombrables autres formées aux soins capillaires.

    L’entreprise de madame Walker vaudrait aujourd’hui environ 10 millions de dollars . Elle est la première femme millionnaire autodidacte recensée dans l’histoire américaine. C’est en soi un exploit incroyable, mais il est encore plus étonnant si l’on tient compte du fait qu’elle a vécu à une époque où les Noirs étaient encore considérés comme des citoyens de seconde zone. Mme Walker s’est servie de l’adversité qu’elle a connue pour bâtir une entreprise en partant littéralement de zéro. Sans la culture sous-jacente de l’esprit d’entreprise et du système de marché libre, qui sait si son entreprise aurait même été créée ?

    La vente par correspondance a combattu Jim Crow

    La marche vers la liberté ayant abouti à la loi sur les droits civils de 1964 évoque des images de marches, de sit-in et le célèbre discours de Martin Luther King sur le National Mall.

    Un aspect moins connu est l’essor des marchés alternatifs qui ont contribué à repousser les politiques économiques racistes qui cherchaient en fin de compte à limiter et non à promouvoir les marchés. Sous le régime Jim Crow, les communautés noires étaient limitées dans leurs options d’achats. La fréquentation de certains magasins, restaurants et lieux publics leur était interdite. Si elles parvenaient à accéder à un magasin appartenant à des Blancs, elles étaient confrontées à des remarques racistes, des tons condescendants et même des prix exhorbitants.

    Sears a révolutionné l’acte d’achat grâce aux catalogues qui ont permis aux consommateurs de commander par courrier à partir de leur domicile. Cela a donné à l’entreprise un avantage énorme en élargissant son marché, en servant des milliers de clients par rapport à un magasin traditionnel. Considérée comme allant de soi aujourd’hui, l’idée de commander et de recevoir un produit sans quitter son domicile était une invention inédite – et potentiellement salvatrice – pour les ménages du XX e siècle.

    Cette innovation a permis aux Noirs du Sud de commander des articles indisponibles dans leurs magasins ségrégués. Avec la vente par correspondance, les clients noirs n’avaient pas non plus à subir le racisme et l’inhumanité dont ils étaient victimes lors de certaines sorties publiques ; ils pouvaient commander ce qu’ils voulaient quand ils le voulaient, tout comme le Blanc moyen de l’époque. L’innovation capitaliste n’a pas seulement profité aux entreprises concernées, elle a également servi à apporter de la valeur à diverses communautés ; dans ce cas, elle a servi d’échappatoire à tant de consommateurs noirs contraints par les lois Jim Crow.

    Quelque chose à retenir

    Ce ne sont là que quelques exemples de la façon dont le capitalisme a pu aider des personnes à faire face au racisme.

    L’héritage de madame Walker, de Philip Payton et de nombreux autres entrepreneurs noirs du XX e siècle est toujours présent aujourd’hui. Avec des multimillionnaires et des milliardaires comme Rihanna , Beyonce, Kanye West, Drake, Oprah Winfrey, Tyler Perry, Jay Z ou Michael Jordan, il est clair que le capitalisme est une force socio-économique qui permet d’innover pour s’améliorer et améliorer sa communauté, au lieu d’être le pourvoyeur du racisme et de l’injustice modernes, comme Google voudrait vous le faire croire.

    Traduction Contrepoints

    Sur le web

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      Contraste entre les flammes d’Artemis et nos aspirations à la décroissance

      Pierre Brisson · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 21 November, 2022 - 04:30 · 6 minutes

    Artemis 1, la première mission ayant pour objectif le retour des Américains sur la Lune, a pris son envol ce mercredi 16 novembre. On peut voir cet événement comme la manifestation de la volonté des Américains de renouer avec leur dynamisme des années Kennedy. Il faut l’espérer, mais il faut aussi souhaiter que ce dynamisme ait un effet d’entrainement sur les mentalités dans ce que, plus que jamais, on doit appeler « la vieille Europe » dans laquelle s’est enfermée une France fatiguée.

    En effet, de ce côté-ci de l’Atlantique il semble que l’on s’englue de plus en plus dans un collectivisme mou qui tend à empêcher toute initiative qui ne serait pas « humanitaire » ou « sociale » au sens large.

    L’Europe et la décroissance

    La réaction de notre société à la détérioration de la situation internationale conduisant à la montée des prix de l’énergie, c’est la subvention pour tous – comme si tout était bon pour étendre l’épaisseur de l’édredon plutôt que de remédier aux vraies causes que sont des sanctions stupides contre un pays qui ne nous agressait pas et qui ne nous menaçait pas, dans un pays déjà épuisé par un socialisme lourd.

    C’est aussi la demande de taxation des « super-profits », comme si la marge inhabituelle dégagée par une activité qui de facto profite de la situation serait mieux gérée par les petits hommes gris de l’administration que par les locomotives du secteur privé qui, certes, gagnent aujourd’hui mais avaient perdu il n’y a pas si longtemps. Les socialistes voient toujours les gains et ignorent la réalité des pertes comme la nécessité de prévoir le risque.

    Le résultat de tout cela c’est qu’au lieu d’investir pour produire et en particulier pour produire plus efficacement en profitant de l’innovation, on diffuse la richesse difficilement acquise dans la consommation, ce qui ne fait qu’accentuer les déficits commerciaux et perpétuer la spirale vers l’appauvrissement toujours plus grand de ceux que l’on veut « aider ». On se retrouve dans le même contexte mental que celui dans lequel se trouvait la bourgeoisie catholique de la fin du XIX e ou du début du XX e siècle qui avait besoin de ses pauvres pour pouvoir continuer à pratiquer ses bonnes œuvres. Le problème est que cet esprit larmoyant inspirateur d’un assistanat systématique au niveau de l’État moderne est beaucoup plus puissant aujourd’hui car cet État a déjà hypertrophié l’assistance publique dans tous les domaines et détruit les différentes puissances privées qui pouvaient lui résister. Nous sommes ainsi entrés de fait dans un régime autoritaire.

    Comment l’État socialiste tue l’innovation

    Si encore l’État était dirigé par des personnes éclairées ayant reçu une formation économique libérale et ayant eu l’expérience de la vraie vie du fait d’une activité professionnelle au cours de laquelle elles auraient réellement été exposées à la concurrence et à la nécessité de « gagner de l’argent », l’investissement qu’elles décident pourrait avoir un certain sens et une certaine efficacité.

    Mais « avoir fait » l’ENA ne donne aucune qualification pour savoir investir et l’irresponsabilité généralisé du statut de fonctionnaire , combinée à l’atmosphère bien-pensante également généralisée, ne motive absolument pas les détenteurs de la richesse captée par l’impôt pour lancer des politiques qui permettraient de rentabiliser l’action, autrement dit d’avoir un retour sur investissement aussi élevé que possible dans un délai aussi court que possible tout en préparant l’avenir.

    Dans la France « moderne », l’investissement consiste à financer des ronds-points à l’entrée des villes ou en pleine campagne ou à construire des éoliennes en décidant qu’elles seront rentables en créant des distorsions de marché par une réglementation absurde pour qu’elles le deviennent fictivement.

    Car l’obsession de gouvernements à inspiration socialiste et coupés complètement du peuple qui travaille donc produit pour vivre, c’est « réduire l’empreinte carbone » de ce peuple au détriment de sa productivité et de sa compétitivité avec des marchés sur lesquels ces considérations n’ont pas cours. Dans ce contexte, certains économistes diplômés en France, mais qui n’auraient sans doute pu l’être nulle part ailleurs, prônent la décroissance , donc l’effacement progressif.

    L’idée est de produire moins donc de polluer moins.

    Mais ce principe est la graine de l’appauvrissement, du mal-être et du totalitarisme. En effet, pendant ce temps-là, d’autres produisent à des conditions meilleures des biens qui écrasent par leur compétitivité les biens produits en France et qui sont consommés en France car moins chers. On se retrouve donc dans une spirale ou les « travailleurs » français produisent de moins en moins de valeur ajoutée, ont de plus en plus « besoin » d’assistance et dans laquelle l’État se croit obligé de prendre aux quelques riches qui restent pour donner aux pauvres de plus en plus nombreux sans penser qu’il pourrait laisser agir plus librement les capitalistes privés qui les feraient travailler grâce à des investissements réellement productifs.

    La frilosité du détenteur public du capital français se retrouve bien dans sa politique spatiale. On ne veut surtout pas gaspiller d’argent ; on ne veut surtout pas faire des choses inutiles ou moralement non conformes à ce que pense l’opinion « anti-capitaliste ». On décide donc de continuer la recherche scientifique pure aussi éthérée et discrète que possible et on rejette tout ce qui pourrait paraître comme fantaisiste ou tellement nouveau que cela pourrait paraître de la science-fiction.

    Dans ce contexte, les gens « sérieux » de l’administration ont décidé une fois pour toutes que la présence de l’Homme dans l’espace profond était une fantaisie inutile et coûteuse. Pas question de sortir des ornières où l’on s’est enfoncé, pas question de tenter « autre chose » ou de regarder en l’air, le seul objectif est d’adoucir autant que possible la suite du voyage en arasant tout ce qui pourrait dépasser. Dans ce contexte, la décroissance est forcément au bout du chemin puisque c’est cela l’idéal de ceux qui n’en ont aucun, une société totalement plate à l’empreinte carbone complètement nulle qui n’imagine même pas que le progrès technologique pourrait arranger les choses. L’idéal n’est plus le progrès ou surtout pas le bonheur individuel, mais l’égalité, quel qu’en soit le prix, sans aucune échappatoire.

    Les Américains regardent la Lune et les Français regardent la flaque d’eau que le moteur à hydrogène de la fusée Artemis a laissé sur le sol en brûlant avec délectation son hydrogène dans l’oxygène lors de son départ puissant vers la Lune en attendant les étoiles.

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      L’épicerie fine Thomas Malthus

      Auteur invité · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 17 November, 2022 - 03:30 · 12 minutes

    Par Ludger Weß.

    En compagnie de membres écologistes et de gauche du Parlement européen ainsi que de représentantes d’ONG anti-OGM, le ministère a tenté de faire comprendre au seul représentant de la Commission européenne invité, le Dr Klaus Berend (chef d’unité à la direction générale de la Santé et de la Sécurité Alimentaire de la Commission), les conséquences dangereuses du point de vue des Verts et de la gauche des méthodes modernes de sélection végétale. Si la Commission ose ne pas soumettre les plantes issues de l’édition du génome à une législation stricte en matière de génie génétique, ce n’est rien de moins que le déclin de l’Occident qui se profile.

    Les partisans d’une dérégulation des nouvelles technologies de sélection n’étaient bien entendu pas invités, pas plus que les experts en amélioration des plantes. Et pour éviter tout débat les objections critiques du public ont été élégamment écartées.

    Platitudes de haut niveau

    Les interventions des opposants aux méthodes modernes de sélection étaient, comme d’habitude, d’une ignorance stupéfiante et d’une simplicité séduisante. On a eu l’occasion d’entendre à nouveau les platitudes des années 1990, une époque où l’on s’opposait encore au génie génétique en médecine : il n’y a pas de succès, personne n’en veut, cela ne profite qu’aux multinationales, il existe des alternatives. Nous avons des sondages !

    Il serait trop long de reprendre ici toutes les absurdités populistes (« les agriculteurs sont aujourd’hui dirigés par des multinationales » ), mais quelques points méritent d’être mentionnés, car ils caractérisent le niveau de cette manifestation « de haut niveau ».

    Le député européen des Verts Martin Häusling, qui a qualifié à plusieurs reprises les partisans du génie génétique d’« irradiés » lors de la discussion, s’est distingué en affirmant que le génie génétique vert n’était pas récupérable (cher Martin Häusling, même une résistance à un virus introduite dans une plante par sélection conventionnelle n’est pas récupérable, car la manière dont le gène a été introduit dans la plante cultivée n’a aucune importance pour le spectre de la « dissémination croisée ») – alors que d’éventuels effets nocifs, par exemple d’un vaccin, d’un médicament ou d’une thérapie génique, poursuit Häusling, pourraient être éliminés du jour au lendemain par un rappel de produit (« Et hop, on met le couvercle, c’est fait ! »). Les victimes de la thalidomide sont probablement d’un autre avis, mais il n’y en avait pas dans le public.

    Par ailleurs, contrairement à la vérité et sans être contredit, Häusling a affirmé qu’au cours des 13 dernières années, 650 millions d’euros ont été investis par la Commission dans la recherche sur le génie génétique, « mais pas un seul euro dans la recherche sur les risques, pas un seul euro dans « comment puis-je en fait distinguer le nouveau génie génétique de l’ancien » – rien, mais seulement la promotion de la recherche ».

    Pourtant, tant la Commission que les différents États membres de l’UE ont étudié les risques des plantes génétiquement modifiées pendant des décennies, en dépensant des millions. La Commission a financé à elle seule au moins 50 études sur la sécurité des plantes génétiquement modifiées, auxquelles ont participé 400 groupes de recherche européens indépendants . Les nouvelles techniques de sélection ont également été étudiées grâce à des fonds européens . Elles n’ont toutefois pas abouti au résultat souhaité par les Verts et le SPD car les recherches sérieuses n’ont malheureusement pas pu confirmer les scénarios catastrophes des scientifiques alternatifs selon lesquels le génie génétique vert provoquerait le cancer, la malnutrition et l’autisme.

    L’épicerie fine du monde

    La manifestation a pris un accent particulier avec une déclaration de l’eurodéputée SPD Maria Noichl, entre autres membre de la Commission de l’agriculture et du développement rural et membre suppléant de la Commission du développement.

    Elle a déclaré au sujet de la durabilité (dans la vidéo à partir de 1:54:10 ) :

    « Pour moi, la chose la plus durable pour nous tous serait que l’Europe continue à être l’épicerie fine du monde. Nous avons la possibilité de rester l’épicerie fine du monde grâce à nos surfaces ».

    Selon Noichl, cette durabilité implique un mode d’exploitation aussi peu productif que possible, avec des exploitations qui renoncent en grande partie aux méthodes de production modernes afin de produire pour les gourmets fortunés de cette planète des produits haut de gamme issus d’une nature en grande partie intacte :

    « Quand on entend parfois maintenant que des surfaces ukrainiennes sont particulièrement nécessaires pour fournir du fourrage à l’agriculture biologique, on se rend compte à quel point il est important d’avoir des surfaces vraiment – j’ai presque envie de dire une nature intacte, mais c’est maintenant un peu exagéré – mais en tout cas libres de modifications génétiques. Ce serait la durabilité à l’échelle mondiale ».

    La politicienne social-démocrate ne se soucie manifestement pas de savoir de quoi le reste du monde se nourrit et comment il parvient à se procurer ses calories.

    Le Sri Lanka comme modèle

    Mais soudain, la politique agricole européenne, souvent considérée comme erratique, apparaît sous un jour nouveau. Le Green Deal , qui prévoit notamment une réduction de 50 % de l’utilisation de pesticides d’ici 2030, tout comme la limitation de l’utilisation d’engrais déjà en cours depuis quelques années, est une tentative de rendre l’Europe apte à la production de produits de luxe.

    Les surfaces fertiles dont l’Europe dispose grâce à sa situation et à sa zone climatique sans être menacée par les criquets ou les légionnaires d’automne ne devraient même pas contribuer à l’alimentation mondiale. L’UE souhaite se détacher de cette responsabilité. Dans l’épicerie fine européenne, on trouvera alors de la viande slow food de bœuf de Kobe européen massé quotidiennement, de la saucisse de sanglier chassé par les loups, de l’huile d’olive extraite par gravité naturelle des fruits d’arbres millénaires, les bonnes vieilles variétés de fruits qui montrent déjà les premières taches brunes un jour après leur cueillette et qui doivent donc être transportées par avion vers les restaurants cinq étoiles de New York, de Singapour et du Qatar, du blé tamisé à la main et du riz sauvage de luxe de Camargue. Pour en savoir plus, il suffit de consulter le dernier catalogue Manufactum ou le site Slow Food .

    Lors de la manifestation, il n’a pas été question de la sécheresse qui sévit depuis des années dans la Corne de l’Afrique, de l’invasion de criquets qui se poursuit en Afrique et au Proche-Orient, du légionnaire d’automne qui dévore les champs de l’Afrique de l’Est à l’Asie Orientale, de la maladie de Panama TR4 ou de la maladie de la striure brune qui menacent les aliments de base comme les bananes plantains et le manioc. Au lieu de cela, on s’inquiète en Europe parce qu’après des mois de fonctionnement, on a trouvé dans un filtre à air sur le Brocken des traces à peine détectables d’un produit phytosanitaire autorisé et on déblatère sur une contamination à grande échelle.

    Malthus vous salue bien !

    Selon les idées de la Commission européenne et du Parlement, l’approvisionnement des riches de ce monde en produits fins serait donc l’avenir de l’agriculture européenne.

    Faut-il y voir de l’inconscience, un manque d’empathie ou même un calcul rationnel ? Les politiciens européens du Green Deal sont-ils secrètement parvenus à la conclusion que le nombre d’habitants de la planète compte également dans la surcharge diagnostiquée ?

    Comment expliquer autrement que l’UE s’oppose à l’installation d’usines d’engrais en Afrique malgré la crise de la faim dans le monde qui se développe justement en raison de la sécheresse persistante et de la politique de blocage de Poutine ? Au lieu de cela, la Commission souhaite se référer à des « alternatives aux engrais », une expérience qui a échoué de manière catastrophique au Sri Lanka : au lieu de la « richesse et du bien-être pour tous », il y a eu la faim et la pauvreté pour tous.

    Ce serait une politique démographique à la Thomas Malthus , qui enseignait qu’une population dont la croissance dépasse celle de la productivité agricole est nécessairement décimée par la guerre ou la famine jusqu’à ce qu’elle atteigne un équilibre tolérable. Comment expliquer autrement que des groupes de pression verts veuillent refuser au Sud mondial des pesticides dont l’utilisation n’est pas nécessaire en Europe (raison pour laquelle ils sont interdits chez nous, comme tous les autres dont l’utilisation n’est pas expressément autorisée) ? L’interdiction d’exportation demandée priverait ces pays d’armes importantes, y compris contre les vecteurs de maladies mortelles ou les invasions de criquets (ou les livrerait à la Chine, dont l’industrie ne connaît aucun scrupule).

    Les politiciens agricoles de la gauche verte, dont les revendications ont entretemps été reprises par la social-démocratie et une grande partie des partis conservateurs européens, rejettent bien sûr en bloc l’idée d’une pensée mathusienne.

    Leur réponse est stéréotypée : le monde produit déjà de la nourriture en abondance pour tous, il suffit de mieux répartir les aliments et de mettre fin au gaspillage alimentaire (saviez-vous d’ailleurs que les peaux de bananes jetées, le marc de café et les feuilles de thé sont également comptés comme des aliments détruits ?) En outre, on pourrait tout simplement utiliser les terres qui servent actuellement à la production d’aliments pour animaux pour produire des légumes ou des céréales destinés à la consommation humaine. Et une fois que le monde aura renoncé à manger de la viande , le paradis sur terre, où personne ne souffrira plus de la faim, sera à portée de main.

    Des innovations ? Non merci !

    C’est pourquoi il n’y a pas besoin d’innovations dans l’agriculture : ni nouveaux produits phytosanitaires, ni agriculture de précision, ni nouveaux systèmes d’irrigation, ni génie génétique, ni édition du génome, ni variétés hybrides, ni sélection de précision.

    En France, les critiques de « l’agriculture industrielle » demandent même la suppression des machines agricoles et en Allemagne aussi, des « activistes » vantent déjà les mérites du désherbage manuel. Les mots magiques sont permaculture, agriculture à petite échelle (qui, dans le Sud, s’accompagne en général du travail des enfants et de l’absence de protection du travailleur et de sécurité sociale), huiles essentielles contre les parasites, variétés-populations et sélection participative, c’est-à-dire que les profanes doivent sélectionner des plantes en utilisant de préférence des méthodes de « sélection écologique », dans lesquelles les semences et les jeunes plants sont traités par des gestes eurythmiques, des sons de bols chantants et des préparations subtiles et hautement potentialisées. Ce n’est malheureusement pas une blague : de tels projets ont entretemps trouvé leur place dans des universités européennes et bénéficient d’un soutien public.

    On ne sait pas non plus d’où viendra la main-d’œuvre pour ce type d’agriculture ni comment les États-Unis, l’Amérique du Sud, la Chine et l’Afrique passeront au mode de vie végétalien dans les années à venir, ni comment les criquets, les maladies virales et autres fléaux pourront être combattus sans produits phytosanitaires efficaces. On se contente d’exiger – comme le font actuellement certains grands penseurs – que l’on cesse de livrer des armes à l’Ukraine et que l’on mette fin à la guerre en Ukraine par des négociations immédiates.

    L’Europe pourra se permettre cette folie tant qu’il y aura encore des acheteurs pour ses produits de luxe et tant qu’il y aura encore assez d’argent pour en injecter dans les pays touchés par la famine afin qu’ils puissent acheter des céréales sur le marché mondial ; mais uniquement des céréales non génétiquement modifiées !

    Nous continuerons à importer les céréales pour le pain quotidien et les pâtes des Européens, la viande bon marché pour les saucisses grillées occasionnelles et les avocats, les graines de chia, le quinoa, l’amarante, les baies de goji indispensables à l’alimentation urbaine moderne, de pays où il n’y a ni réglementation sur les engrais, ni normes minimales de protection des animaux, ni réglementation sur les lieux de travail, ni programme de réduction des pesticides, ni obligation de toilettes mobiles au bord des champs – exactement comme nous supprimons les centrales nucléaires mais importons de l’électricité nucléaire de France et, plus récemment, d’Ukraine, comme nous interdisons la fracturation hydraulique mais importons du gaz de schiste des États-Unis, comme nous interdisons l’abattage des poussins et importons à la place des poussins sélectionnés (pour l’élevage de poulets) ou tués (pour les parcs animaliers et la nourriture pour animaux) de l’étranger, comme nous interdisons la culture de plantes génétiquement modifiées et importons à la place plus de 20 millions de tonnes de soja génétiquement modifié par an de Chine, d’Amérique du Sud et des États-Unis.

    On ne peut qu’espérer que la communauté internationale ramènera à temps les Européens à la raison. Car en Europe, il n’y a plus de forces sérieuses pour corriger ce déni de réalité.

    ____________

    Ludger Weß écrit depuis les années 1980 sur la science, principalement la génétique et la biotechnologie. Auparavant, il a fait de la recherche en tant que biologiste moléculaire à l’Université de Brême. En 2006, il a fait partie des fondateurs d’ akampion , qui conseille les entreprises innovantes dans leur communication. En 2017, ses thrillers scientifiques Oligo et Vironymous ont été publiés chez Piper Fahrenheit , et en 2020, l’ouvrage spécialisé Winzig, zäh und zahlreich – ein Bakterienatlas a été publié chez Matthes & Seitz . Ludger Weß commente ici en privé.

    Lien vers l’article original : Feinkostladen Thomas Malthus – Salonkolumnisten

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      Nourrir l’humanité, de Malthus à 2050

      Yves Montenay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 15 November, 2022 - 03:30 · 10 minutes

    Le XVIII e siècle se termine mal : émeutes déclenchant la Révolution française et les réflexions de Malthus sur une famine inévitable.

    Depuis, deux camps s’affrontent : les malthusiens et les techno-optimistes qui pensent que tout problème a des solutions techniques…

    L’objet de cet article est de tirer les conséquences de plus de deux siècles d’histoire en analysant concrètement les données du problème et en rappelant les évolutions techniques.

    L’ alimentation dépend du nombre d’hommes à nourrir, de la productivité agricole et de ses composants, comme le dérèglement climatique.

    Nous allons successivement aborder ces trois points.

    Rappel rapide de la démographie mondiale

    L’argument clé de Malthus était que la population avait « une croissance géométrique » (on dirait aujourd’hui exponentielle).

    Sa faiblesse était qu’il supposait un rythme constant alors que l’histoire nous a montré que ce rythme, qui reflète la différence entre la fécondité et la mortalité, pouvait considérablement varier… et même mener à une diminution, comme c’est le cas dans de nombreux pays actuellement.

    La démographie des pays occidentaux au XX e siècle

    Dans les décennies qui suivent l’alerte de Malthus, la population se met effectivement à augmenter très rapidement. Au Royaume-Uni, elle passe ainsi de 12 millions en 1801 à 41 millions en 1901. Il en va de même dans tous les pays occidentaux, étant précisé que ces derniers comprennent les pays en cours de peuplement par l’Europe. Cet « Occident » est bouleversé par d’importants mouvements migratoires, notamment vers les États-Unis , mais ça ne change pas sa population globale.

    Dans la deuxième partie du XIXe siècle, cette croissance démographique de l’ensemble occidental ralentit tandis que de nouvelles terres agricoles sont mises en exploitation notamment sur le continent américain.

    Le ralentissement démographique occidental continue dans la première moitié du XX e siècle : le Royaume-Uni met ainsi 50 ans pour passer de 42 à 50 millions d’habitants.

    Dans la deuxième moitié du XX e siècle, on constate une légère reprise de la fécondité de sa population et surtout la forte accentuation d’une immigration en provenance des pays du Sud, donc une reprise de la hausse de la population, puis de nouveau un fort ralentissement de la fin du XX e siècle à nos jours, ce qui mène le Royaume-Uni à compter environ 66 millions d’habitants aujourd’hui.

    L’évolution de la démographie des pays du Sud

    L’évolution de la démographie des pays du Sud n’est pas du tout parallèle.

    Leur population reste faible au XIX e siècle et au début du XX e siècle, et probablement relativement stagnante dans la mesure où on peut l’évaluer, faute de statistiques.

    Ensuite, la colonisation génère une croissance de plus en plus rapide de la population avec d’une part la fin de l’esclavage et des luttes tribales, et d’autre part un début de diffusion de la médecine et surtout de l’hygiène.

    Il semble que l’équilibre démographique ancien était de huit enfants par femme, dont deux survivaient, avec le décès d’un grand nombre de mères autour de cette huitième naissance, donc avant la fin de leur vie féconde.

    Cet équilibre fut rompu par la survie de plus de deux enfants, mais les familles n’en étaient pas conscientes ou ne voulaient pas prendre le risque de n’avoir que deux enfants qui pouvaient mourir. C’est ainsi qu’à partir de la deuxième moitié du XX e siècle, la croissance de la population du Sud devient extrêmement rapide : 6 puis 7 enfants sur 8 survivent au lieu de deux… la population est multipliée par trois à chaque génération !

    Mais de la fin du XX e siècle à nos jours, l’urbanisation accélère la prise de conscience de la meilleure survie des enfants et par ailleurs augmente leur coût : scolarisation, logement, fin de l’aide aux champs. La fécondité se met donc à baisser très rapidement en Asie orientale et du Sud-Est mais également assez rapidement ailleurs dans le monde.

    Par contre, en Afrique, cette baisse arrive plus tardivement et plus lentement, ce qui explique l’explosion démographique de ce continent : environ 100 millions vers 1900 (auparavant il n’y a aucune évaluation valable), environ 300 millions d’habitants dans les années 1960 et 1,64 milliard actuellement, puis probablement nettement plus de 2 milliards en 2050. Cette augmentation vient de l’Afrique du Nord en début de période et de l’Afrique subsaharienne actuellement.

    J’ai pris comme horizon l’année 2050 parce que les prévisions démographiques sont assez bonnes jusqu’à cette date, tout simplement car les parents de 2050 sont déjà nés et que l’on en connaît donc le nombre.

    Les estimations sont actuellement d’une population mondiale d’environ 9,5 milliards en 2050 contre environ un milliard en 1800. Après 2050, aucune hypothèse n’a de base solide et la population mondiale peut aussi bien continuer à croître que commencer à décroître. Pour l’instant, la croissance de la population africaine fait plus que compenser la diminution de celle du reste du monde.

    Maintenant que nous avons une idée du nombre des hommes, voyons la productivité agricole.

    Une productivité agricole qui a plutôt précédé la démographie

    Dans ce qui suit, je prendrai le terme de productivité au sens le plus concret du terme : le nombre de litres de lait par vache et par jour (soit une trentaine en Occident aujourd’hui, 5 à 10 jadis ou en Inde aujourd’hui), le nombre de quintaux de blé ou de riz à l’hectare, etc.

    Cette productivité a progressé de manière continue au Nord dès le XIX e siècle, et même avant, puisque l’on sait maintenant que c’est la révolution agricole initiée par les gentlemen farmers britanniques qui a rendu possible la révolution industrielle, car sans elle on n’aurait pas pu nourrir les ouvriers.

    Et cela a continué jusqu’à nos jours : comme tous ceux de ma génération, j’ai lu Paris et le désert français où Jean-François Gravier pointait le retard de l’agriculture française et expliquait comment imiter les Néerlandais qui avaient des vaches et des champs bien plus productifs que les nôtres.

    Paris et le désert français (1957) :  résoudre le déséquilibre démographique ville campagne.

    Dans le Sud, la croissance de la productivité a été plus tardive. Elle s’est accélérée avec la révolution verte de la deuxième partie du XX e siècle.

    Cette évolution a été particulièrement suivie par l’agronome Gilbert Étienne qui repassait périodiquement dans le même village de l’Inde et du Pakistan et constatait les progrès en irrigation et en intrants chimiques qui généraient de fortes augmentations de production et du niveau de vie.

    Il y a eu des évolutions analogues, notamment dans les rendements en riz avec des semences mieux sélectionnées aux Philippines, en Indonésie et probablement ailleurs.

    C’est grâce à cette révolution verte que l’on a pu nourrir l’explosion démographique du Sud.

    Elle est aujourd’hui critiquée à juste titre pour l’épuisement des nappes phréatiques et la dégradation des sols par les engrais et des pesticides.

    Mais remarquons que cela arrive au moment où la croissance de la population du Sud ralentit nettement.

    En résumé, les grandes lignes de l’évolution de la productivité agricole ont été parallèles à celles de la démographie. Est-ce vraiment un hasard ?

    Vous me direz que l’exception démographique africaine contredit ce parallélisme grossier. À mon avis, ce n’est pas certain.

    Certes, l’Afrique a pris du retard en matière de productivité agricole parce que ses dirigeants ont préféré importer de la nourriture bon marché du Nord plutôt que de perfectionner leur agriculture. Il y a à cela des raisons de maintien de l’ordre, c’est-à-dire de celui des régimes en place, en évitant les « émeutes du pain » dans les grandes villes.

    D’autres raisons proviennent de choix politiques sur la nature du régime, avec par exemple la nationalisation stérilisante des terres en Algérie – où le paysan ne travaille plus pour lui mais pour une administration – nationalisation qui n’a été levée qu’autour de l’an 2000.

    Il en va de me même de l’expropriation des colons du Zimbabwe et de la distribution de leurs terres aux amis du président qui les délaissent.

    Et plus généralement la mauvaise gouvernance dans beaucoup de pays.

    Mais cela me paraît être en train de changer :

    • d’une part, on prend conscience de l’importance des terres agricoles africaines non cultivées ou très mal cultivées et de grandes entreprises, notamment chinoises, sont en train de coloniser de vastes espaces,
    • d’autre part, parce que l’Afrique part d’une productivité agricole très basse pouvant donner lieu à un rattrapage rapide même s’il est partiel, car l’Afrique va bénéficier des progrès techniques agricoles accumulés au Nord.

    Mais, dit-on de plus en plus souvent, le dérèglement climatique va avoir des effets catastrophiques.

    L’impact du dérèglement climatique et des maladresses antérieures

    Rappelons d’abord que la hausse des températures génère des gagnants.

    Par exemple, la Russie va voir d’immenses espaces échapper au gel permanent et devenir cultivables. Et jusqu’à présent, le réchauffement entraîne la remontée de nombreuses espèces végétales et animales vers le Nord et non une diminution de la production agricole.

    Plutôt que la hausse des températures, ce sera le manque d’eau à certains endroits qui peut menacer la production. Mais là aussi il y a eu des progrès : on consomme beaucoup moins d’eau qu’il y a quelques années pour irriguer et on sélectionne des plantes résistant mieux à la sécheresse.

    L’appauvrissement des sols est bien réel mais les techniques de culture commencent à en tenir compte, par exemple par des comportements bio (au sens très général du terme plutôt qu’au sens commercial actuel de labellisation).

    Enfin, la grande percée technique me semble être l’apparition des « viandes » végétales ou de culture. On commence à commercialiser massivement des imitations de viande à partir de protéines végétales, et on progresse en laboratoire vers la production cellule de « vraies viandes » cultivées in vitro sans passer par l’élevage puis la mort d’un animal.

    Ces « nouvelles viandes » devraient énormément diminuer les émissions de méthane, avec un effet très positif et assez rapide sur la hausse de la température, car le méthane est beaucoup plus « réchauffant » que le gaz carbonique. De plus, il disparaît plus rapidement, ce qui fait que les énormes émissions aujourd’hui pourront être gommées bien plus rapidement que celles de CO 2 .

    Ces nouvelles viandes libéreront d’immenses espaces dédiés à l’élevage et aux cultures destinées aux animaux, notamment de soja brésilien, qui est une des causes de la déforestation de l’Amazonie. On peut également penser au maïs, grand consommateur d’eau et dont une grande partie est destinée aux animaux. Au total, plus de 60 % de la surface agricole mondiale serait consacrée directement ou indirectement aux animaux.

    Il y a un domaine où les écologistes jouent un rôle négatif : celui des OGM qui sont un excellent moyen d’adaptation rapide des plantes à la sécheresse, à la diminution des insecticides etc. Pour des raisons politiques, l’Europe a bloqué sa recherche et leur pratique alors que les États-Unis et surtout la Chine s’y mettent au contraire à grande échelle.

    En conclusion, je constate que jusqu’à présent l’humanité a résolu toutes les pénuries et je pense que ça va continuer. La véritable inconnue est le temps que les nouvelles techniques prendront pour être massivement employées dans le monde entier. Il y a une course entre cette diffusion et l’augmentation des températures, et je ne sais pas ce qui va l’emporter.

    De plus, des erreurs politiques peuvent aggraver la situation, y compris celles venant de bonnes intentions comme le rejet des OGM et du nucléaire. Bref, je ne suis pas prophète…

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      Dix mesures pour une intensification durable de l’agriculture

      David Zaruk · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 2 November, 2022 - 04:00 · 22 minutes

    Les régulateurs semblent ignorer, surtout à Bruxelles, à quel point leur complaisance envers les aspirations idéalistes des petits groupes d’activistes environnementaux affecte la capacité des agriculteurs à fournir les moyens de la sécurité alimentaire mondiale.

    Un récit répandu est que l’agriculture biologique est une sorte de panacée – c’est en fait une solution au mieux fragile au changement climatique, des revendications discutables d’amélioration de la biodiversité et du bien-être animal, avec la valeur ajoutée d’une étiquette de vertu politique à imposer à nos habitudes de consommation quotidiennes.

    Plus de la moitié de ces terres utilisées en agriculture biologique sont des prairies.

    Qui ne voudrait pas promouvoir cela ? Eh bien, 95,8 % des Européens, pour commencer. En raison de problèmes de qualité, de rendement et de prix, seuls 4,2 % des terres agricoles de l’UE sont cultivées par des exploitations entièrement biologiques (et la plupart d’entre elles se trouvent en France, en Italie et en Autriche). Et Farm2Fork , la stratégie peu judicieuse visant à rendre l’agriculture européenne plus respectueuse du climat, veut faire passer ce chiffre à 25 % au cours des sept prochaines années !

    Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Whiskey Tango Foxtrot ?

    Traduction : « L’IFOAM est très fière que ses lobbyistes aient obtenu que leur homme dirige le programme Farm2Fork et détruise l’agriculture conventionnelle de l’UE . »

    C’est pure folie et cela dépasse dangereusement la stupidité. Alors qu’il peut se sentir bien dans ses aspirations vertueuses qui se font passer pour une politique européenne, Frans Timmermans, l’homme du lobby de la filière alimentaire biologique à Bruxelles, met des menottes arbitraires à l’agriculture européenne et crée des défis inutiles pour l’approvisionnement alimentaire mondial. Les agriculteurs biologiques continueront à tricher avec le label , les poteaux de but seront déplacés pour accommoder une classification biologic ou organish qui ne fera que diminuer la confiance des consommateurs. Davantage d’agriculteurs abandonneront leurs champs et davantage de personnes souffriront inutilement dans les pays où les ressources alimentaires sont rares. Mais Frans Timmermans est déterminé à construire son héritage (je suppose donc que les responsables de la Commission n’auront qu’à attendre qu’il parte définitivement).

    Face au stress climatique, à l’augmentation de la population mondiale et aux problèmes croissants d’utilisation des terres, l’obsession de la politique biologique/agro-écologique est une distraction insensée qui nous éloigne de ce qui est désespérément nécessaire : une stratégie politique innovante, fondée sur des preuves, pour promouvoir l’intensification durable de l’agriculture.

    Qu’est-ce que l’intensification durable ?

    J’ai un jour défini l’intensification durable comme une recherche sur les moyens « d’augmenter les rendements des cultures nécessaires à des populations mondiales à la fois croissantes et riches, tout en réduisant les intrants et l’impact de l’agriculture sur l’environnement ». Avec les tensions écologiques prévues et l’augmentation de la demande alimentaire, l’agriculture devra s’adapter aux défis grâce à de meilleures technologies et à la recherche. Défricher des forêts ou retourner davantage de prairies n’est pas durable. Les terres les moins productives devraient être retirées de l’agriculture (renaturation) et de meilleures pratiques, de meilleures semences et de meilleurs outils technologiques devraient être utilisés pour tirer parti des terres plus fertiles.

    Par pur opportunisme politique, les groupes militants préféreraient réorienter le concept d’intensification durable pour y inclure l’amélioration des moyens de subsistance des agriculteurs et l’équité dans les pays en développement (en se fondant sur leur hypothèse myope selon laquelle toutes les avancées technologiques en agriculture laisseraient les petits exploitants endettés auprès des grandes entreprises occidentales). De telles menottes agro-écologiques signifient que les agriculteurs ne seront jamais en mesure de développer les rendements nécessaires sur une superficie moindre (cette impossibilité se traduira par une plus grande proportion d’agriculture de subsistance et davantage de pauvreté et d’inégalités). Les meilleurs rendements et les meilleurs prix viendront de meilleures conditions sociales et de meilleures routes et infrastructures – et non de dons périodiques de fondations anonymes créées par des milliardaires bienveillants. Ce qu’il faut, c’est une meilleure recherche et de meilleurs outils technologiques, et non des déclarations politiques à court terme, bruyantes et vides de sens.

    Et entre ces vagues intermittentes mais abrutissantes d’autosatisfaction militante, les vides économiques sont comblés par des extractivistes chinois qui construisent des routes vers des ports pour s’assurer que tout développement ne sera jamais juste ou durable. Les militants de l’agro-écologie comprennent-ils l’ampleur des dégâts et de la destruction que leurs solutions simplistes et intéressées imposent aux plus vulnérables, à la biodiversité et au développement mondial ?

    Traduction du titre de l’article de The Guardian : « Les ministres espèrent interdire les projets solaires dans la plupart des fermes anglaises . »

    Traduction du tweet de Doug Parr : « Il s’agit certainement d’un candidat pour l’une des propositions les plus stupides que l’on puisse imaginer à l’heure de la crise énergétique et climatique. »

    Désolé Doug, mais c’est une question de bon sens élémentaire (à moins que vous ne soyez Greenpeace ) : des terres fertiles pour l’agriculture, des terres moins fertiles pour les fermes solaires ou l’agroforesterie.

    En outre, en l’absence de politique publique claire sur l’intensification durable de l’agriculture, l’abus de subventions vertes signifie qu’une plus grande partie des terres agricoles les plus fertiles d’Europe est convertie en fermes solaires. Des groupes d’activistes comme Greenpeace se moquent de toute tentative de s’interroger s’il est nécessaire de couvrir le paysage de parcs éoliens et solaires. Lorsque le gouvernement britannique a envisagé de bloquer l’accès des fermes solaires et d’autres projets de développement aux terres agricoles les plus fertiles, les activistes sont passés en mode attaque pour s’assurer qu’aucune stratégie politique d’intensification durable ne puisse être mise en œuvre. Une législation de bon sens sur l’utilisation des terres irait à l’encontre de leur stratégie de transition verte (qui a conduit au fiasco politique laissant actuellement la plupart des consommateurs européens dans un état de vulnérabilité énergétique).

    Tant que les décideurs politiques des pays riches et bien nourris se contenteront d’écouter ces idéologues militants, les conditions d’une intensification durable de l’agriculture ne seront jamais réunies. C’est le contraire qui est probable : davantage de prairies retournées et de forêts défrichées pour permettre des pratiques d’agriculture biologique à faible rendement, avec une production plus faible et davantage d’agriculteurs de subsistance. Si l’on ajoute à cela les menaces environnementales qui pèsent sur l’agriculture et la biodiversité, le nombre de famines, de cas d’insécurité alimentaire, de migrations et de conflits sociaux va augmenter.

    Les décideurs politiques, en particulier dans l’UE, doivent considérer les systèmes alimentaires et les stratégies d’utilisation des terres non plus comme des opportunités de manifester leur vertu mais comme des menaces systémiques qui nécessitent une gestion responsable des risques. À l’instar de la crise énergétique actuelle, bâtie sur l’ignorance idéologique des activistes, les crises alimentaires à venir frapperont de plein fouet les régulateurs européens s’ils ne se réveillent pas rapidement. Bruxelles doit comprendre que la stratégie actuelle de Farm2Fork est tout sauf écologiquement durable et ne fera qu’intensifier l’utilisation des terres dédiées à l’agriculture – c’est le contraire d’une stratégie politique claire et rationnelle.

    Ce qui suit est mon conseil aux décideurs politiques pour qu’ils adoptent une stratégie qui améliorera nos possibilités d’intensification durable en agriculture plutôt que de les limiter.

    1. Adopter une approche des questions agricoles fondée sur le risque

    L’agriculture est une activité fondée sur le risque.

    Dès qu’une semence est mise en terre, qu’un veau naît ou qu’un puits est creusé, l’agriculteur se bat constamment pour réduire les risques liés aux parasites, aux maladies, à la sécheresse, aux moisissures, aux prédateurs et aux prix du marché. Le fait que les autorités réglementaires appliquent au processus agricole des règles de précaution arbitraires, fondées sur les dangers, en fonction des idéaux et de la naturophilie d’un culte alimentaire dogmatique, révèle une ignorance de l’importance du rôle que les technologies agricoles ont joué dans le développement de cette profession vitale.

    Des outils innovants ont été mis en place pour que les agriculteurs gèrent les risques en fonction d’un siècle de défis agricoles. En supprimant toute considération des avantages qu’ils procurent (ce que fait l’approche fondée sur les dangers en ignorant que les niveaux d’exposition peuvent être insignifiants), l’intensification durable ne serait qu’une chimère.

    2. Promouvoir la recherche sur les cultures de couverture

    Les cultures de couverture sont mises en place à l’intersaison pour protéger le sol de l’érosion, revitaliser le biote du sol, ajouter des nutriments pour les cultures à venir (afin de réduire la demande en engrais), séquestrer le carbone, améliorer la biodiversité et empêcher le ruissellement de l’eau. À l’époque où j’étais à la ferme, la pratique consistait simplement à laisser un champ nu (avec beaucoup de travail du sol), mais au cours de la dernière décennie, un groupe de pionniers a mis au point des assortiments complexes de plantes de couverture qui font littéralement « pousser » le sol. Alors que les agriculteurs partagent entre eux leurs expériences sur les approches multi-espèces, la communauté des chercheurs n’a pas réussi à suivre le rythme.

    Les chercheurs ont tendance à se concentrer sur une ou deux espèces ayant une valeur ajoutée en tant que plantes de couverture, alors que les agriculteurs testent souvent une dizaine d’espèces en même temps. Les semences pourraient-elles être sélectionnées, modifiées ou éditées pour être plus efficaces d’un point de vue écologique en tant que culture de couverture ? Imaginez des semences conçues pour préparer le sol en vue d’une prochaine culture, à la place des engrais ; imaginez des semences capables de dissuader les ravageurs potentiels, réduisant ainsi la nécessité d’utiliser des pesticides. Mais comme ce type de recherche n’a pas de retombées financières directes pour justifier de tels investissements, il faudrait un financement public.

    Bien sûr, cette pratique serait pratiquement impossible sans l’utilisation d’herbicides comme le glyphosate qui fait l’objet d’une campagne de la communauté des activistes et du lobby de la filière alimentaire biologique en vue de son interdiction.

    3. Faire du semis direct la norme agricole

    Pendant les récentes sécheresses en Australie, plusieurs agriculteurs m’ont confié que leur pratique du semis direct les avait aidés à surmonter la crise mieux que la plupart des autres, en préservant le peu d’humidité dont ils disposaient et en empêchant la perte de terre arable.

    Au début de ce siècle, l’agriculture sans labour ou avec des façons culturales réduites était considérée comme excentrique ou expérimentale, mais les preuves de la régénération du sol et du biote, l’amélioration des nappes phréatiques, la séquestration du carbone, la protection contre l’érosion et les économies de carburant ont fait de l’agriculture sans labour (semis direct) une évolution clé de l’agriculture conventionnelle.

    Bien entendu, cette pratique serait pratiquement impossible sans l’utilisation d’herbicides comme le glyphosate , que la communauté des militants et le lobby de la filière alimentaire biologique s’efforcent de faire interdire. Sans herbicides, les agriculteurs biologiques doivent labourer plus fréquemment, même si le travail du sol libère du CO2, rend le sol vulnérable à l’érosion et à la perte de biote et augmente la consommation de gazole (avec d’autres émissions de CO2 à la clé). Cette situation est tout sauf durable.

    Malheureusement, de nombreux agriculteurs m’ont dit personnellement qu’ils hésitaient à investir dans le matériel de semis direct. Si les écologistes parviennent à faire interdire le glyphosate, ils élimineront les avantages de l’agriculture « sans labour », rendant ces investissements inutiles. Les autorités de réglementation doivent se faire pousser des coucougnettes, s’engager à protéger les moyens dont disposent les agriculteurs pour adopter des pratiques agricoles durables, et cesser de se plier aux diktats du lobby de la filière alimentaire biologique (dont les agriculteurs ne peuvent pas être compétitifs, n’ayant pas accès à des herbicides similaires).

    4. Créer un environnement propice à l’intégration de la chaîne alimentaire

    Aujourd’hui, il semble que la plupart des décisions relatives à l’alimentation et à l’agriculture soient prises par les responsables du marketing des grandes chaînes de magasins d’alimentation qui tentent de lire un discours militant plutôt que de comprendre la capacité des agriculteurs à produire durablement une alimentation abondante. Les campagnes de peur incessantes contre la sécurité de l’agriculture conventionnelle ont donné l’impression que l’alimentation biologique était l’avenir… sauf qu’il est impossible de produire de manière durable des aliments répondant à de telles exigences marketing sans affaiblir l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement alimentaire.

    Avec des rendements plus faibles, il faudra consacrer davantage de terres à la production agricole, ce qui réduira les possibilités de promouvoir la biodiversité. Les petits producteurs des pays en développement (biologiques par nécessité, du fait de leur pauvreté) réorienteront leurs cultures pour approvisionner les marchés occidentaux plutôt que d’alimenter les marchés locaux (si leurs terres ne sont pas expropriées par de grands groupes).

    Plus tragique encore, la demande de production de pesticides biologiques à base naturelle (comme les chrysanthèmes cultivés au Rwanda pour le pyrèthre) soustrait inutilement des terres à la production alimentaire locale dans les pays en développement, alors que des équivalents synthétiques sont plus efficaces et plus durables sur le plan environnemental.

    Ce repositionnement catastrophique de l’utilisation des terres en réponse aux évolutions désordonnées du marché fondées sur les tendances activistes conduira à la désintégration de la chaîne alimentaire. Les décideurs politiques doivent adopter une approche holistique de la chaîne alimentaire [voir aussi ici ], en veillant à ce que la production puisse répondre à la demande de manière rationnelle et intégrée. Promouvoir des politiques qui créent un déséquilibre artificiel, comme celles imposées par la stratégie Farm2Fork de la Commission européenne, ne favorise en rien l’intégration de la chaîne alimentaire.

    5. S’orienter vers un idéal de meilleure agriculture

    Les décideurs politiques se sont croisés les bras pendant que le lobby de la filière alimentaire biologique établissait une dichotomie artificielle entre les pratiques agricoles conventionnelles (synthétiques et donc… mauvaises) et les techniques biologiques (naturelles et donc… bonnes). Cette dichotomie est purement arbitraire et repose davantage sur un culte alimentaire dogmatique et un fondamentalisme naturaliste que sur des recherches et des preuves scientifiques. La politique doit se fonder sur les meilleures pratiques plutôt que sur une distinction imposée artificiellement qui réduit de manière irrationnelle les solutions agricoles à une certaine perception du « naturel ».

    Dans le passé, j’ai soutenu dans un opus (malheureusement ignoré) que nous devions nous concentrer non pas sur des distinctions aléatoires entre naturel et synthétique, mais sur le développement d’une « meilleure agriculture » par le biais des meilleures pratiques disponibles (un peu comme la Better Cotton Initiative ). L’intensification durable n’a rien à voir avec des doctrines théologiques comme l’agro-écologie ou le scientisme d’entreprise, mais consiste à améliorer l’agriculture en utilisant les meilleurs outils pour obtenir les meilleurs rendements sur le plus petit nombre de terres productives.

    Comment la stratégie Farm2Fork de l’UE améliore-t-elle l’agriculture ou favorise-t-elle l’intensification durable de l’agriculture ?

    6. Soutenir l’amélioration des plantes comme une stratégie agricole clé

    Je suis souvent déconcerté de voir les décideurs politiques parler de l’augmentation des rendements agricoles tout en restreignant les technologies.

    Certains outils agrotechniques, comme les pesticides, mettent fin aux pertes de production ; d’autres, comme les engrais, maintiennent la moyenne. Mais si vous voulez augmenter les rendements agricoles, de manière durable, vous devez innover au niveau de la sélection variétale. Des études menées par le NIAB et DTZ ont montré que jusqu’à 90 % de l’augmentation des rendements agricoles au cours des 50 dernières années peut être attribuée aux progrès de la sélection variétale.

    Si les régulateurs ont la moindre intention de promouvoir une intensification durable de l’agriculture, ils devraient placer l’amélioration des plantes au cœur de leur stratégie de politique agricole. Au lieu de cela, des groupes de pression pro-agriculture biologique enragés, comme Corporate Europe Observatory , ont vilipendé les chercheurs en amélioration des plantes et tenté de discréditer leurs innovations, sans se fonder sur la science mais plutôt sur le financement, dans le cadre de leurs efforts visant à ostraciser politiquement l’édition de gènes. La Commission européenne doit cesser de s’incliner devant ces militants anti-industrie à l’esprit étroit et polarisé et respecter la recherche et les avantages démontrés des nouvelles techniques d’amélioration des plantes.

    7. Encourager une recherche agritech plus holistique

    Trop souvent, les chercheurs et les décideurs politiques réfléchissent à des solutions individuelles à des défis agricoles isolés : comment faire pénétrer davantage de nutriments dans le sol, comment contrôler les mauvaises herbes ou la propagation des vecteurs de maladies cryptogamiques, comment résister aux infestations parasitaires.

    Les chercheurs s’efforcent toujours d’isoler le problème du jour et d’apporter les meilleures solutions technologiques, mais les agriculteurs sont confrontés chaque jour à une myriade de défis. Une approche plus globale de la recherche pourrait apporter de multiples avantages, comme des semences tolérantes à des herbicides, des cultures de couverture fixant l’azote ou des cultures intercalaires protégeant l’humidité.

    Ce qui bloque la pensée holistique, ce sont les obstacles imposés arbitrairement. Le lobby de la filière alimentaire biologique a dressé une série de barrières artificielles devant les agriculteurs, notamment en limitant les outils de protection des cultures, les engrais et l’amélioration des plantes à ce qui pourrait être qualifié de « naturel ». Les agro-écologistes ont également empoisonné le puits des solutions holistiques en excluant toute innovation développée par des sociétés ou des groupes industriels. Les décideurs politiques doivent s’éloigner de ces stratégies simples d’esprit et répondre aux besoins des agriculteurs plutôt que de satisfaire les idéologies d’un petit groupe de fondamentalistes alimentaires fortunés.

    8. Réorienter les subventions agricoles du volume vers la qualité du sol

    Alors que les agriculteurs paient le loyer avec le volume (rendement), leur principale préoccupation devrait être de protéger et de développer leurs sols.

    Les menaces qui pèsent sur les sols, telles que l’érosion, les mauvaises herbes et les faibles niveaux de nutriments, entravent les possibilités d’exploitation. Mais l’économie qui dicte les décisions agricoles se concentre davantage sur l’augmentation des rendements que sur la gestion des sols. Il ne semble pas y avoir aujourd’hui beaucoup d’incitations pour les agriculteurs à travailler à la protection et à l’amélioration de la qualité de leurs sols. La politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne, par exemple, est passée d’une stratégie axée sur les rendements inférieurs (développement des sols) à une stratégie axée sur l’atténuation du changement climatique (réorientant finalement la PAC pour subventionner les échecs de Farm2Fork ). Une fois encore, l’idéologie a pris le pas sur la recherche scientifique.

    L’intensification durable implique que les zones dotées de bons sols soient correctement gérées, tandis que les terres moins productives doivent être ré-ensauvagées (rendues à la nature ou utilisées pour certains types d’agroforesterie). Une meilleure exploitation des terres fertiles (en mettant l’accent sur le maintien de la qualité des sols) permettra à l’agriculture de produire plus sur moins de terres. C’est sur ce point que devraient se concentrer les programmes de subventions comme la PAC (plutôt que de payer les agriculteurs dont les sols sont pauvres pour qu’ils continuent à cultiver ou pour qu’ils retirent de la production les terres les plus fertiles).

    Et verser des subventions vertes pour convertir les terres agricoles les plus fertiles en énormes parcs de panneaux solaires (voir la photo de couverture de Google Street View ) est une pure folie et une indication que des politiques réglementaires rationnelles sont nécessaires de toute urgence.

    9. Faire confiance aux agriculteurs en tant que gardiens de la terre

    On ne peut pas tromper un agriculteur. La plupart des agriculteurs occidentaux sont titulaires de diplômes universitaires en sciences agricoles, chimie, ingénierie et biologie. Ils sont les gestionnaires de risques par excellence, sachant ce qu’il faut faire pour réduire les expositions et mener une plante de la semence à la récolte. Les autorités de réglementation doivent cesser de croire les arguments des activistes selon lesquels des agriculteurs ignorants déversent sans discernement des pesticides et des engrais sans se soucier des conséquences. Les agriculteurs savent à quel point leur sol est important, à quel point une utilisation durable des pesticides est importante et ce qui est nécessaire pour obtenir une récolte ou maintenir le bétail en bonne santé. Si les agriculteurs peuvent utiliser moins, appliquer des alternatives et innover, ils le feront.

    Plus que quiconque, les agriculteurs savent ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas (grâce aux conseils avisés des chercheurs et des agronomes). Pourtant, dans l’Union européenne, les agriculteurs sont rarement consultés sur les questions politiques importantes et les réglementations relatives aux technologies agricoles. Dans un monde où les zélotes cosmopolites ont l’impression de tout savoir, il semble préférable dans l’Union européenne de ne pas écouter les petits groupes d’électeurs ruraux. Faut-il s’étonner alors que les échecs de la politique agricole européenne aient créé une Europe dépendante des importations alimentaires ? Les responsables politiques doivent consulter les agriculteurs, leur faire confiance et cesser d’ignorer leurs problèmes ou de leur jeter de l’argent à la figure.

    10. Décourager (taxer) les pratiques agricoles moins productives

    L’agriculture biologique nuit à l’environnement, à l’utilisation des terres et à la sécurité alimentaire. Elle n’offre rien d’autre qu’un dogme de bien-être bien commercialisé à une poignée de nantis, tout en exerçant une pression énorme sur les réserves alimentaires mondiales et l’accès des consommateurs aux fruits et légumes frais. En tant que processus fondé sur la religion qui encourage la pénurie, le gaspillage et la ségrégation alimentaire, les produits biologiques doivent être dissuadés par une taxe de luxe. Un taux de 40 % semble approprié étant donné que, dans l’ensemble, l’agriculture biologique produit environ 40 % de moins que les pratiques conventionnelles.

    Le lobby de la filière alimentaire biologique a fait un travail impressionnant pour susciter la peur et l’incompréhension. Une bonne partie des recettes de cette « taxe sur les aliments biologiques » devrait être affectée à la sensibilisation aux faits alimentaires et nutritionnels pour contrebalancer leurs campagnes de désinformation. Il est tout à fait ahurissant de constater que la stratégie Farm2Fork de la Commission Européenne soutienne en fait ces conneries sournoises au lieu de se battre pour protéger une stratégie scientifique de la chaîne alimentaire. Cette taxe devra être imposée au niveau national afin de contrecarrer la destruction potentiellement catastrophique de la sécurité alimentaire et de la culture scientifique qui sort continuellement de Bruxelles.

    Post-scriptum : un conte de deux approches de la politique alimentaire durable

    En l’espace d’une semaine en juin, l’Europe a vu deux approches très différentes pour développer une politique alimentaire plus durable. La Commission européenne a finalement révélé les derniers détails de sa stratégie Farm2Fork tandis que le gouvernement britannique est devenu signataire de la Sustainable Productivity Growth Coalition ( SPG ), une initiative mondiale qui s’engage à utiliser la technologie et l’innovation pour améliorer la productivité agricole d’une manière écologiquement durable.

    La SPG incarne la stratégie d’intensification durable. Curieusement, la Commission européenne a également adhéré à la SPG , mais tout dans sa stratégie Farm2Fork va à l’encontre de l’objectif consistant à trouver les meilleurs moyens d’améliorer la productivité agricole. Peut-être que ces fonctionnaires basés à Bruxelles n’ont pas lu les engagements ou qu’ils les ont simplement signés par effet de mode.

    Farm2Fork ne parle pas de croissance de la productivité ou de meilleures technologies. Il s’agit plutôt d’essayer de maintenir l’agriculture européenne sans l’utilisation de pesticides et d’engrais, en s’engageant à réduire leur utilisation de 50 % et 20 % respectivement d’ici 2030. Dans le cadre du Green Deal , Farm2Fork n’a rien à voir avec la meilleure science et l’innovation ; cela n’a rien à voir avec l’intensification durable de l’agriculture ; il s’agit simplement de construire l’héritage de deux acteurs chevronnés de la Commission Européenne.

    Si vous voulez parler d’intensification durable ou de croissance durable de la productivité, ne parlez pas d’agro-écologie ou de Farm2Fork . Ce ne sont que des aspirations politiques imposées artificiellement, sans fondement scientifique et sans compréhension de la réalité agricole ou des systèmes écologiques. J’espère que ces dix recommandations pourront contribuer à remettre le débat sur une stratégie d’agriculture durable sur une voie positive.

    Lien vers l’article original : Ten Regulatory Steps for a Sustainable Intensification of Agriculture – The Risk-Monger