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Macron tente de gagner du temps... au risque de crisper davantage sa majorité
news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 26 June, 2022 - 15:53 · 4 minutes
POLITIQUE - Après avoir consulté l’opposition, Élisabeth Borne va désormais la sonder. Le président de la République a pris la parole, samedi 25 juin pour se livrer, dans un entretien à l’AFP, à une sorte d’opération clarification une semaine après son échec à obtenir la majorité absolue à l’Assemblée lors des élections législatives.
La Première ministre, confirmée à son poste, dans “la durée”, est chargée de discuter avec les groupes parlementaires sur un “accord de gouvernement” afin de former une équipe “d’action” pour pallier l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale . Tout un programme... qui ressemble sensiblement à celui de la semaine qui vient de s’écouler , entre consultations et tractations.
Malgré ces quelques éclaircissements -et la confirmation de l’éviction du RN et de LFI des négociations à venir- Emmanuel Macron reste flou sur sa stratégie pour sortir du blocage au Palais Bourbon. Quel édifice politique souhaite-t-il? Un accord de gouvernement? Une majorité au cas par cas? Des ralliements au compte-goutte? Élisabeth Borne doit remettre au chef de l’État des premières propositions le jeudi 30 juillet, à son retour du G7 et du sommet de l’Otan.
Les doutes de Bayrou
Un nouveau délai, après celui de 48 heures laissé aux oppositions, qui sonne comme une tentative, pour l’exécutif, de gagner un peu de temps supplémentaire face à la situation politique délicate du pays. Rien d’inhabituel pour Emmanuel Macron, “le chef des horloges”, peu enclin à réagir dans l’urgence.
Mais dans ce contexte inédit, la majorité, déjà divisée sur le maintien d’Élisabeth Borne à Matignon , commence à montrer des signes d’impatience ou d’interrogations. C’est le cas de l’un des poids lourds de l’entourage présidentiel, François Bayrou. Le patron du MoDem et principal allié du chef de l’État n’a semble-t-il pas tout à fait compris l’intérêt des discussions qui vont s’ouvrir à Matignon autour d’Élisabeth Borne.
“Je ne crois pas que cela puisse se faire à travers des accords avec des partis”, a-t-il insisté ce dimanche sur BFMTV, à plusieurs reprises, alors qu’il était interrogé sur le nouveau round de discussions entre la Première ministre et les chefs de l’opposition. Le maire de Pau, après avoir plaidé pour un locataire de Matignon plus “politique” que “techno” n’a pas fait l’effort, non plus, de cacher ses dissensions avec le président de la République sur le fait de mettre de côté certaines formations dans le débat public.
"Il ne faut pas perdre trop de temps avant d'être opérationnel. Il ne faut pas laisser le doute s'installer" Un cadre de la majorité à l'Assemblée
Une habitude pour François Bayrou, toujours prompt à faire entendre sa propre petite musique, quitte à ce qu’elle soit contradictoire avec celle du chef de l’État. Plus problématique pour Emmanuel Macron, le patron du MoDem, n’est pas le seul à émettre des doutes sur la tournure que prennent les événements.
Ministres battues, mais maintenues
Certains préfèrent parler à visage couvert, pour raconter le semblant de crispation qui s’installe en Macronie face au tâtonnement de l’exécutif. Le remaniement fixé à début juillet peinera à convaincre ceux qui s’inquiètent de ces atermoiements et du maintien, à l’heure actuelle, des ministres battus aux élections législatives.
“Il ne faut pas perdre trop de temps avant d’être opérationnel. Il ne faut pas laisser le doute s’installer”, grinçait l’un des cadres de la majorité auprès du HuffPost , en fin de semaine dernière, quand on l’interrogeait sur les cas Montchalin, Benin et Bourguignon. Et l’élu de citer la période de latence de ces dernières semaines comme un exemple à ne pas reproduire: “L a campagne des élections législatives a déjà été difficile avec ce tunnel où Jean Castex assurait le rôle de Premier ministre tout en étant sur le départ (...) La vacance n’est jamais une bonne chose.”
Force est de constater que cette situation, en forme d’entre-deux, prête effectivement le flanc au procès en inaction. La ministre des Outre-mer Yaël Braun-Pivet par exemple, est largement critiquée dans les territoires ultramarins depuis qu’elle a annoncé son souhait de briguer la présidence de l’Assemblée nationale ... loin de leurs préoccupations.
“Des territoires sensibles qui ont largement fait entendre leur colère aux dernières législatives”, nous faisait remarquer notre source dans la majorité, jeudi, regrettant ce concours de circonstances. “Ils ont besoin d’avoir un ministre à plein temps, qui prenne des décisions”, nous disait-il. Las, depuis, Yaël Braun-Pivet a démissionné.
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