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      Les énergies intermittentes ne sont pas « complémentaires » du nucléaire

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 13 March, 2023 - 04:30 · 6 minutes

    La réalité reprend toujours ses droits. La guerre en Ukraine , et (enfin) la prise de conscience de la nécessité d’être souverain en matière d’énergie gagne les media et le grand public.

    Or, actuellement, seul le nucléaire peut contribuer largement à cette indépendance. Les énergies intermittentes ont besoin d’un service de secours en cas de nuit sans vent. Ce ne peut être que le gaz comme nous allons le montrer. Ainsi, affirmer que le nucléaire et les énergies intermittentes sont complémentaires est une hérésie. Pire, elles sont un facteur d’augmentation de coût et d’instabilité  pour les centrales nucléaires.

    En France, les énergies intermittentes sont un alibi à la reprise du nucléaire

    Les États non écolo-schizophrènes (Suède, Finlande, Pologne, Pays-Bas, France, Italie peut être…) ont admis qu’il fallait relancer le nucléaire. On approche de la raison, c’est bien. Mais pour se faire pardonner (en France particulièrement), les autorités politiques en rajoutent sur les éoliennes et les panneaux solaires : c’est du « en même temps » pur jus. Nos édiles pensent même que régler la question du retard pris dans le développement du nucléaire (dont ils ont tous été plus ou moins les instigateurs délibérés) se fera par une accélération des énergies renouvelables. Ils montrent par là qu’ils n’ont rien compris au dimensionnement d’un réseau électrique, qui se fait en capacité pilotable (les kW) et pas en énergie (les kWh). Il y aura toujours des nuits sans vent. Le soleil et Éole ne sont pas pilotables.

    Hormis ce gage donné aux écologistes pour faire avaler un volteface salutaire, l’éolien et le solaire sont- ils utiles dans un réseau à base de nucléaire, sont-ils même « complémentaires » comme on nous le répète à l’envi ?

    Les énergies intermittentes sont-elles utiles ?

    Dès l’instant où on admet (ce qui est vérifiable très facilement sur les sites nationaux de suivi des productions électriques) qu’il peut y avoir des nuits sans vent sur quasiment toute l’Europe, les éoliennes et le solaire apparaissent comme des investissements redondants sur le réseau, puisqu’il faut assurer la sécurité par des centrales pilotables. Dans ces conditions, qu’apportent-ils ?

    Sur le plan environnemental

    Rien. La production du silicium est au moins aussi polluante que la production du minerai d’uranium. Et on démontre qu’il faut davantage de ressources en matériaux au kWh produit pour l’éolien que pour le nucléaire. Le bilan carbone total est également meilleur pour le nucléaire que pour les ENR intermittentes.

    Sur le plan économique

    Il faut comparer le coût complet du kWh éolien et solaire au coût marginal (en gros le coût d’exploitation variable) des moyens pilotables, puisque de toute façon il faut construire ceux-ci. Pour l’hydraulique et le nucléaire, ces coûts variables sont très faibles, bien inférieurs au coût complet des ENR. Il n’y a donc pas non plus d’intérêt économique.

    Sur le plan de la souveraineté

    Force est de constater que la France n’a pas été capable de construire une filière nationale. Les éoliennes sont construites par des Américains (depuis peu partiellement en France), des Espagnols, des Allemands et des Danois. Le silicium est importé de Chine. Certes, l’uranium est importé, mais d’une variété de pays, ce qui le sécurise. De plus, il est facile d’avoir un stock de dizaines d’années, sans parler de la filière surrégénératrice, que la France a mise au point avec 30 ans d’avance. Et même si nous sous-traitons certaines opérations, nous avons le potentiel technique pour les rapatrier.

    On ne voit donc pas en quoi les éoliennes et le solaire nous sont utiles.

    Les énergies intermittentes nuisent gravement à la conduite du réseau

    Elles varient, à long, moyen et court terme. La variation à l’échelle du jour, voire de l’heure, est très pénalisante. Il faut des centrales pilotables prêtes à intervenir en urgence. L’hydraulique peut jouer ce rôle en deçà de 10GW environ en France. Mais elle n’est pas suffisante au-delà d’une proportion d’intermittents dans le réseau. Et il faut déjà assurer ce suivi rapide pour les fluctuations de consommation. Tout se passe comme si ces fluctuations rendaient encore plus variable la consommation.

    La situation est particulièrement critique en été : même si la pointe de midi coïncide avec le maximum solaire, elle est loin de gommer la variabilité. Imaginons (comme c’est prévu) que nous ayons 60 GW de solaire, ça démarre à zéro à 6 heures du matin, culmine à 60 GW à midi, et redescend à zéro à 21 heures… Il faut un réseau pilotable qui fasse ce yoyo en sens inverse…

    Le nucléaire n’en n’est pas capable, du moins sans risques, sans surcoûts et sans raccourcir la durée de vie des réacteurs. Les grosses centrales à charbon et même les grosses centrales à gaz (à combustion combinée) ont le même problème, lié aux changements de température et de dilatations lors des changements de régime.

    On ne peut donc utiliser que des centrales très flexibles. Ce sont généralement des centrales à gaz alimentées en gaz naturel, voire des turbines de type aéronautique. Leur rendement est moins bon et surtout elles ne fonctionnent pas en régime nominal, ce qui dégrade considérablement leur rendement.

    En outre, que fait-on si le soleil d’août donne 60 GW avec une charge de consommation de 50 GW ?

    Pour l’éolien, c’est un peu la même chose, avec des fluctuations différentes, aléatoires : le vent souffle par rafale, les variations en local peuvent être très rapides… Le réseau peu les encaisser dans une certaine mesure… si on a des grosses centrales pilotable dessus, comme on le verra ci-dessous. Mais il y a des limites.

    C’est ce qui explique l’engouement des fournisseurs de gaz pour les énergies intermittentes…

    D’autres contraintes peu connues car plus techniques

    La source finale de l’électricité produite par les éoliennes et les panneaux solaires est constituée de convertisseurs électroniques. Ils n’ont pas d’inertie, comme les gros groupes turbo-alternateurs. Or, cette inertie est indispensable pour absorber, justement, les fluctuations rapides du réseau. Pour pallier ce défaut, il faut ajouter des dispositifs coûteux : batteries, condensateurs, le tout piloté (encore) par de l’électronique. Notons d’ailleurs que ces coûts ne sont pas supportés par les ENR !

    Les équipements utilisateurs de l’électricité ont besoin d’une énergie productive mais aussi d’une composante non-productive (appelée énergie réactive). Seules les centrales à turbo-alternateurs peuvent la fournir. Là encore, on peut la fabriquer électroniquement mais au prix de gros investissements.

    Ces deux problèmes sont cruciaux. À tel point que certains opérateurs d’ENR intermittentes suggèrent de faire tourner les grosses centrales à vide juste pour pallier ces défauts !

    Et la suite ?

    On pourrait résumer tout ceci en renversant la problématique : les ENR ne viendront pas au secours des centrales classiques, ce sont les centrales classiques qui viennent au secours des ENR.

    Mais comme la réalité de la guerre en Ukraine s’impose pour redorer le blason du nucléaire, les réalités technico-économiques s’imposeront un jour pour valider les réflexions ci-dessus. D’ici là, beaucoup de dégâts auront été faits. On aura sans doute aussi construit de nouvelles centrales à gaz pour attendre le nouveau nucléaire.

    L’Allemagne a déjà ces problèmes, avec 130 GW d’ENR intermittentes. Elle les « dilue » sur l’ensemble de ses voisins pour l’instant. Mais si tout le monde fait comme elle ?

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      Nucléaire : de 220 000 vers 300 000 emplois !

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 9 March, 2023 - 03:50 · 2 minutes

    En ce jeudi 9 mars 2023 se déroule à Blois une « journée d’affaires du nucléaire » dans le cadre de la semaine des métiers du nucléaire (du 6 au 10 mars) organisée sur l’ensemble du territoire national.

    Recrutements !

    Pour faire face aux futurs besoins de recrutements massifs, EDF et la Chambre de commerce et d’industrie France (CCI France) ont signé en 2018 un accord de coopération concernant la production d’énergies décarbonées (nucléaire et renouvelable) au profit du développement économique des territoires.

    Cette journée d’affaires du nucléaire permettra la rencontre entre les entreprises sous-traitantes potentielles de la filière nucléaire et les donneurs d’ordres en partenariat avec Pôle Emploi.

    Selon un représentant d’EDF (Jean-Paul Combémorel) : « Nous entrons dans une période qui, sur environ cinq années, va constituer un pic d’activité dans le cadre des travaux du grand carénage. C’est dire si nos besoins sont importants dans tous les métiers de l’industrie ».

    Les profils recherchés s’étalent de poste d’exécutant à celui d’ingénieur :

    « Ce sont tous les métiers traditionnels de l’industrie : électromécanique, électricité, soudure, chaudronnerie, nettoyage industriel […] Les perspectives sont nombreuses si l’on considère que la filière représente actuellement en France 220 000 emplois, et qu’il en faudra 300 000 à l’horizon 2035, soit 10 à 15 000 recrutements chaque année ».

    Une filière accessible aux entreprises locales

    Une idée reçue demeure sur le nucléaire dans la tête des patrons de petites et moyennes entreprises : cette filière exigeante serait difficile à intégrer.

    Or, le nucléaire est tout à fait accessible aux entreprises locales.

    Contrairement aux fausses promesses faites pour les énergies renouvelables , notamment éoliennes et solaires, les emplois dans le domaine du nucléaire sont durables et non délocalisables… en Chine.

    Une source d’énergie durable

    La richesse de la France et de l’Europe est amputée depuis plus de 20 ans par les choix énergétiques désastreux des gouvernements successifs et des élus irresponsables influencés par des écologistes antinucléaires.

    Des décisions délirantes ont conduit à limiter ou à vouloir supprimer la production électronucléaire pour développer les énergies renouvelables intermittentes (EnRI), surtout l’éolien et le photovoltaïque (PV) qui sont ruineux et fatals .

    Selon le nouveau PDG d’EDF Luc Rémond lors de son audition à l’Assemblée nationale le 28 février 2023, il est donc grand temps que la « collectivité » (citoyens, gouvernement et élus) soutienne le nucléaire sur le long terme.

    La filière représente aujourd’hui 220 000 emplois qualifiés non délocalisables et elle en représentera près de 300 000 à l’horizon 2035.

    Les bonnes volontés et les talents sont recherchés partout en France… dans le nucléaire !

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      Énergie : les contorsions de Ségolène Royal

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 3 March, 2023 - 03:35 · 8 minutes

    Madame Ségolène Royal, ministre de l’Énergie entre 2014 et 2017, a sauvé la France à en croire son audition par la Commission d’enquête sur la souveraineté énergétique de la France le 7 février 2023. Pourtant, elle figure parmi les principaux responsables des difficultés actuelles de production de l’électricité et de l’augmentation vertigineuse de son coût en France.

    Ses déclarations rappellent étrangement le fameux « Responsable mais pas coupable » de l’ancienne ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale du gouvernement Fabius, Georgina Dufoix.

    Un culot à toute épreuve

    Madame Royal ne manque pas d’air.

    Déjà ministre de l’environnement en 1992, une de ses préoccupations « consistait à ne pas laisser croire que nous disposions d’une énergie abondante, sous la forme du nucléaire ». On peut se demander pourquoi.

    Elle veut en conséquence imposer « une civilisation moins consommatrice d’énergie » et elle est directement impliquée dans la débâcle du nucléaire français et la flambée des prix de l’électricité… qu’elle n’a pas souhaité.

    Selon ses attributions ministérielles de 2014 à 2017, elle était chargée d’élaborer et de mettre en œuvre la politique de l’énergie « afin notamment d’assurer la sécurité d’approvisionnement et la lutte contre le réchauffement climatique » avec le succès constaté aujourd’hui.

    Elle déclare sans sourciller « J’ai souhaité que la France finalise sa stratégie bas carbone afin de se montrer exemplaire à la Conférence de Paris sur le Climat (COP21) de décembre 2015 » sans jamais citer le nucléaire comme le moyen permettant pourtant encore aujourd’hui à la France de se placer en tête des grands pays industrialisés pour sa production d’électricité décarbonée.

    Madame Royal manie le verbe avec talent pour aligner des mots ronflants dans des phrases creuses ayant l’apparence du bon sens pour, telle une anguille, se faufiler entre les questions précises de la Commission d’enquête. Elle met rarement des chiffres en face de ses affirmations péremptoires, parfois fausses. Par exemple : « les réacteurs de Fessenheim tombaient souvent en panne ».

    Le président de la Commission lui a d’ailleurs rappelé qu’elle témoignait sous serment et lui a demandé :

    « À l’issue de l’audition, pourriez-vous nous communiquer les éléments que vous avez indiqués sur la fermeture de Fessenheim ? Je pense notamment aux arrêts des réacteurs à Fessenheim, à comparer au reste du parc » .

    Madame Royal déclare également : « Je désirais profiter de la COP21 pour encourager nos industriels à prendre de l’avance dans tous ces domaines » alors qu’elle n’a pas cité une seule fois le nucléaire employant 35 000 personnes comme faisant partie de ces énergies décarbonées parmi ces domaines…

    « Nous composions donc avec une diversité dans les territoires »: l’expression est belle mais elle ne signifie rien. Dans le domaine de la production d’électricité la diversification avec des productions aléatoires (EnRI) ne contribue pas à la robustesse de la production, mais au contraire la centralisation avec de puissants moyens pilotables. Ajouter des œufs pourris dans le panier de production fragilise le réseau et augmente les coûts.

    Au final, il reste une impression écœurante issue d’un mélange de mauvaise foi, d’ignorance stupéfiante à ce niveau de « responsabilité », ou de bêtise profonde concernant la production d’électricité et le système énergétique français.

    Être les meilleurs !

    Selon madame Royal, pour « continuer à être les meilleurs dans le domaine énergétique, il convient avant tout d’économiser l’énergie » (peut-être est-ce une maladie dont il faut se protéger ?), et donc d’aller vers le rationnement (mot tabou jamais employé).

    Et bien sûr, il est nécessaire que « les énergies renouvelables constituent un deuxième pilier ». Madame Royal déclare froidement que « l’hydroélectricité a réglé le problème de stockage » des énergies renouvelables intermittentes (EnRI) dépendantes du vent et du soleil !

    La loi de 2015 sur la croissance verte qu’elle a portée activement ne vise pas à diminuer le nucléaire mais à « porter » sa part à 50 % dans le mix énergétique français à l’horizon 2025 tout en souhaitant « réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 par rapport à 1990 ». Pour mémoire, le nucléaire émet moins de GES que l’éolien ou le photovoltaïque !

    De qui se moque-t-elle ?

    Trois objectifs ratés

    « La loi de 2015 poursuivait également trois objectifs politiques forts, qui figurent d’ailleurs dans l’exposé de ses motifs :

    « ne pas opposer les énergies les unes aux autres » ; c’est raté puisque le développement des EnRI est utilisé comme une arme pour s’opposer au nucléaire et tarit les financements pour la relance de ce dernier.-

    – « faire en sorte que la France ne connaisse ni pénurie ni dépendance » ; c’est encore raté puisque l’intermittence des EnRI nécessite des centrales à gaz ou au charbon importés, ou de l’électricité carbonée importée de chez nos voisins.

    – « disposer d’un champ d’énergies propres, sûres et les moins chères possible ». Là aussi c’est raté, notamment sur le volet coût de l’électricité en forte hausse ces dernières années à cause principalement des EnRI alors que le coût du nucléaire est stable.

    Autant de naïveté ou d’incompétence est désarmante. Elle constate pourtant elle-même que, au sortir de la guerre, le conseil national de la résistance « présentait l’énergie comme un levier majeur de développement . Cette approche a conduit au service public de l’énergie, et à la création d’entreprises publiques puissantes » (sans citer le nucléaire…).

    « En 2015, j’ai demandé au parlement de consentir le même effort d’imagination, d’anticipation et d’investissement afin de prendre le tournant de l’autonomie énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique ».

    Sauf que madame Royal n’avait pas remarqué que c’était déjà fait depuis 30 ans et que la France était déjà quasiment championne du monde dans ces domaines !

    Dire une chose…

    « Selon moi, la transition énergétique a besoin de stabilité et de sécurité, et je regrette que les changements ministériels aient provoqué des reculs, au détriment des entreprises et industriels. Ils ont besoin de durabilité et de visibilité pour arrêter leur stratégie et investir ».

    Oui, mais elle a fait le contraire en s’impliquant dans la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim, en limitant les perspectives dans le nucléaire, et en laissant perdre les compétences dans la première filière énergétique en France.

    « De mon point de vue, on ne peut pas être pour ou contre le nucléaire, mais uniquement pour un modèle énergétique équilibré, nous fournissant une énergie la moins chère possible, nous garantissant une indépendance et une stabilité des règles ».

    Oui, mais là encore elle a fait le contraire en sabordant le nucléaire stable et relativement bon marché. Elle a aussi accru la dépendance de la France au gaz, aux matières premières importées pour les éoliennes, et aux panneaux photovoltaïques chinois.

    Elle déclare « L’énergie, c’est la vie. Il s’agit du sujet le plus important dans un pays et dans sa stratégie ». Mais elle avoue peu après que, durant sa campagne présidentielle de 2007, « l’énergie n’était pas un sujet archiprioritaire » alors qu’elle avait déjà été ministre de l’Environnement en 1992 !

    Au bal des faux-culs…

    Après plusieurs dizaines d’années de vie politique, madame Ségolène Royal manie admirablement la langue de bois. Si elle se plaint dans cette audition que « les technocrates n’ont jamais de comptes à rendre sur rien », elle ferait bien de s’intéresser aussi aux politiques qui peuvent dilapider des milliards d’euros d’argent public par idéologie et spolier les Français sans rendre aucun compte devant la justice si les formes légales sont respectées.

    Et madame Royal, qui perd parfois la mémoire sur ses déclarations contradictoires rappelées par le rapporteur de cette commission, a fait des émules.

    En effet, l’actuelle Première ministre Elisabeth Borne a été à bonne école. Elle a été directrice de son cabinet au ministère de l’Énergie de 2014 à 2017. Elle s’est félicitée de la fermeture des deux réacteurs nucléaires de Fessenheim en 2020 mais elle soutient cependant aujourd’hui la commande de 6 réacteurs nucléaires EPR (et peut-être 14) annoncée le 10 février 2022 par le président Macron.

    Au sujet de madame Borne , Ségolène Royal a déclaré dans son audition :

    « Après mon départ du ministère, mon ancienne directrice de cabinet (Elisabeth Borne) est elle-même devenue ministre de l’Environnement, en binôme avec M. Antoine Pellion. Ils ont alors décidé de la fermeture de la centrale de Fessenheim, non conditionnée à l’ouverture de la centrale de Flamanville, et publié une PPE contenant une liste de fermetures de réacteurs.

    Enfin, en novembre 2019, ils ont demandé à EDF d’imaginer un scénario « 100 % énergies renouvelables ». Ils contredisaient ainsi publiquement M. Jean-Bernard Levy, selon lequel il convenait de réfléchir à de nouveaux réacteurs car d’autres arrivaient en fin de vie.

    Comment des ingénieurs, techniciens et ouvriers peuvent-ils se sentir motivés par l’énergie nucléaire, ne serait-ce que pour entretenir les centrales, s’ils entendent que cette énergie va s’arrêter ? C’est impossible ».

    C’est pourtant bien madame Royal qui a initié ce mouvement de réduction pour sortir du nucléaire en France.

    Au sujet de monsieur François Brottes, autre fossoyeur du système électrique alors qu’il avait été nommé président de réseau français d’électricité (RTE) par madame Royal après avoir été le rapporteur de la loi de 2015 sur la « croissance verte », elle déclare « Certains changent de position en fonction de leur posture. Moi, je ne l’ai jamais fait »… Chacun appréciera.

    Madame Royal est certainement une danseuse étoile au bal des faux-culs mais, hélas pour la France, elle n’est pas la seule à briller au firmament de l’irresponsabilité.

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      NégaWatt, le délire se chiffre déjà à 36 milliards d’euros pour EDF

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 22 February, 2023 - 04:15 · 8 minutes

    Parcourons à livre ouvert la réalisation de la prophétie négaWatt 2011 consolidée 2013, dont la synthèse est accessible au lien .

    Se rendre en premier lieu au tableau de la page 6 synthétisant une modélisation de la prescription négaWatt partant des services énergétiques auxquels la société se doit d’imposer un surcroît d’efficacité et de sobriété pour arriver à un besoin d’énergie primaire essentiellement satisfait par les renouvelables et se dispensant largement de nucléaire.

    Le cahier des charges des économies à réaliser pour y parvenir est ainsi résumé en page 7 :

    «… partant d’une consommation énergétique finale de 1908 TWh en 2010, les économies les plus importantes sont trouvées dans le bâtiment résidentiel et tertiaire, avec près de 400 TWh d’économie en 2050 par rapport au tendanciel, soit une réduction de 49 %. Suivent les transports, avec plus de 450 TWh d’économie soit moins 67 %, puis l’industrie avec 250 TWh d’économie soit 51 %. L’agriculture en tant que telle est marginale dans ce bilan sur les usages qui ne prend en compte que les consommations spécifiques (gazole des tracteurs, chauffage des serre, etc…) : elle est en fait intégrée à la courbe de l’industrie. »

    En découle l’évolution comparée des consommations énergétiques finales (en TWh) par secteurs d’activités , entre le scénario ainsi proposé par négaWatt et le scénario tendanciel, illustrée par le graphique de la page 8; la période considérée allant de 2000 à 2050.

    Suit la longue déclinaison des moyens réputés accessibles de limiter l’appétit énergétique desdits secteurs d’activités, parallèlement à une montée en puissance soutenue des énergies renouvelables et à une sévère décroissance du nucléaire.

    L’exposé de cette mutation prodigue de bénéfices en tout genre et à portée de main de la société française débouche sur ceci, en page 18 :

    « La mise en regard de ces objectifs avec la nécessaire cohérence industrielle conduit à un croisement des contraintes au cours des prochaines décennies : dans la première partie de la période, c’est le rythme de développement des efforts sur la consommation et sur les renouvelables qui est dimensionnant ; à l’inverse, vers la fin de la période, c’est le vieillissement du parc qui constitue la principale contrainte avec un « point de resserrement » en 2027.
    C’est pourquoi il est indispensable d’engager rapidement le processus d’abandon du nucléaire pour permettre en 15 ans un niveau suffisant de développement des alternatives avant le « mur » des 40 ans du parc. Au final, cette analyse multi-contraintes montre surtout que la fenêtre est étroite : Elle se situe entre 2030 et 2035, et elle se joue dans les prochaines années… »

    … et de produire dans la foulée le graphique de l’optimisation des contraintes sur le rythme de fermeture du parc de réacteurs nucléaires , dévoilant sans surprise la préconisation d’une fermeture totale de ce dernier pour 2030, de l’extinction de sa production pour 2035… et d’une consommation électrique française intégralement couverte par le renouvelable électrique et le thermique renouvelable , dès 2045-2050.

    Page 25, ne pas manquer ensuite la surréaliste conclusion suivante :

    « … Les énergies renouvelables ont des coûts d’exploitation faibles mais sont aujourd’hui plus chères à l’investissement que les énergies fossiles ou nucléaire. Or le coût de ces dernières, qui n’intègrent pas tous leurs coûts externes notamment environnementaux, est appelé à augmenter. À l’inverse, celui des renouvelables baisse rapidement par l’effet des dynamiques industrielles qui sont à l’œuvre et les rendront inéluctablement compétitives à plus ou moins long terme.

    D’un strict point de vue économique, la transition énergétique peut être considérée comme un investissement pour la collectivité qui sera nécessairement rentable à plus ou moins brève échéance.

    Enfin, l’argent investi dans la transition énergétique ne sera pas jeté par les fenêtres. Il économisera des dizaines de milliards d’Euros sur les importations de pétrole et de gaz. Et il génèrera dans les services énergétiques, les équipements performants et les énergies renouvelables des milliards d’Euros d’activité pour les entreprises, des centaines de milliers d’emplois pour les salariés et des débouchés à l’exportation sur un marché mondial qui ne demande qu’à se développer. L’étude de l’impact sur l’emploi du scénario négaWatt 1 a de ce point de vue clairement montré que la transition énergétique représente une formidable opportunité de relance économique pour notre pays.

    C’est tout le contraire pour la mise à niveau de sûreté « post-Fukushima » des 58 réacteurs français qui engloutirait plusieurs dizaines de milliards d’Euros. À l’heure où les fonds publics se font rares, les investissements doivent être prioritairement orientés vers la transition énergétique et non vers des énergies polluantes qui appartiennent au siècle dernier, permettant ainsi de réduire nos besoins d’énergie, d’augmenter notre indépendance énergétique et de favoriser des énergies locales peu polluantes et créatrices d’emplois.

    Si nous nous posons la question de savoir combien la transition énergétique rapporte en euros et en emplois avant de savoir combien elle nécessite d’investissement, l’évidence nous saute aux yeux : mais qu’attendons-nous donc pour nous engager sur ce chemin de non-regret ?!  »

    Douze ans et 36 milliards d’euros de dettes plus tard

    Examinons donc le point d’étape 2023 de la feuille de route ci-dessus tracée par les collaborateurs de l’ expert autoproclamé inspirant tout ce que ce pays compte d’artisans de la politique énergétique nationale, depuis 20 ans. On aura reconnu un Yves Marignac auquel l’omniprésence médiatique et institutionnelle sert de passeport diplomatique – c’est-à-dire, au sens premier du terme, de certificat d’aptitudes professionnelles – dans l’opinion.

    Force est de reconnaître que sa prescription établie peu avant l’élection de François Hollande a été grossièrement respectée, tant en ce qui concerne le tendanciel des consommations énergétiques finales prôné par négaWatt, qu’en ce qui concerne « l’optimisation » des contraintes liées à la fermeture programmée de notre parc nucléaire. Que l’aléa géopolitique et l’impéritie gouvernementale aient largement servi un tel dessein n’a pu que ravir ses promoteurs pour lesquels tous les moyens permettant d’atteindre leurs objectifs semblent bons ? De fait, le pouvoir est en train de ne pas lésiner sur ces moyens, au moins en matière législative.

    Mais quels profits l’économie, le confort et le niveau de vie des Français sont-ils censés avoir déjà tirés de l’exécution partielle de ce mirifique programme négaWatt 2011 ?

    Prenons au mot ses promesses d’alors en les confrontant à la réalité constatée.

    – Les énergies renouvelables sont-elles devenues compétitives par rapport aux énergies fossiles et nucléaire ? Si c’était le cas, le moins qu’on puisse dire est que ça ne se traduit pas encore sur les factures, ni en allègement fiscal ! Et l’ article suivant dit précisément pourquoi ça n’est pas près de l’être.

    – L’investissement prétendument rentable dans les énergies renouvelables nous a-t-il déjà « économisé des dizaines de milliards d’euros sur les importations de pétrole et de gaz » ? A-t-il déjà « généré des milliards d’euros d’activité et des centaines de milliers d’emplois dans la création d’entreprises et de services énergétiques liées aux renouvelables, y compris à l’export » ? Bref, la transition énergétique en cours commence-t-elle à représenter une « formidable » opportunité de relance économique pour notre pays ? Oser une réponse positive à une seule de ces questions relèverait de la provocation !

    Complices de négaWatt à tous les niveaux de décisions et d’information


    Chez une presse depuis longtemps complaisante, tout d’abord :

    « …Yves Marignac, consultant sur ces questions pour l’association négaWatt, opposé à la relance « à marche forcée » d’un programme nucléaire, dénonce quant à lui « l’intention (du gouvernement) […] de lever l’obstacle d’exigences de sûreté trop élevées pour être atteintes par l’industrie… »

    Plus grave, la connivence déjà ancienne entre négaWatt, RTE et la théodule Ademe :

    « Fin 2021, RTE, l’institut négaWatt et l’Ademe ont publié des travaux prospectifs sur un mix énergétique décarboné à l’horizon 2050. Divers dans leurs approches, ils envisagent tous un développement des énergies renouvelables (EnR) très soutenu, allant de 50 à 100 % du mix énergétique envisagé, le nucléaire ayant, lui, un sort contrasté. Les trajectoires de consommation sont variées, mais une constante favorisant la sobriété s’établit entre 530 et 555 TWh… »

    Encore plus grave : la présence de Yves Marignac – antinucléaire notoire – dans le Groupe Permanent d’Experts (GPE) d’une ASN en manquant elle-même cruellement – comprendre de ceux qui savent construire, exploiter et entretenir une centrale nucléaire – et qui, de notoriété publique, en refuse l’accès à des experts historiquement confirmés :

    Enfin – un comble ! – une Ségolène Royal confirmant sous serment, devant la Commission Parlementaire Schellenberger, que sa Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTCV) est de forte inspiration négaWatt.

    Bilan : c’est à une EDF dont la dette de 29 millions d’euros en 2011 est passée à 65 millions d’euros en 12 ans que revient une fois encore d’éponger le coût des avanies infligées au service régalien de l’électricité duquel elle est toujours tenue de répondre seule.

    Ainsi, l’esprit négaWatt des politiques énergétiques ineptes menées dans ce pays depuis 15 ans s’emploie-t-il à contracter la dette sans cesse grandissante de tous les Français à la sobriété, combien de temps encore dans l’indifférence générale ?

    1. Étude réalisée par le CIRED, téléchargeable sur http://www.negawatt.org/etude:emplois:economie:p120.html
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      L’État macronien, en même temps, veut refaire du nucléaire avec votre argent

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 15 February, 2023 - 12:00 · 5 minutes

    Rappelez-vous, c’était il y a quelques années : en tant que citoyen français, vous pouviez quasiment faire ce que vous vouliez de vos finances après les indispensables ponctions fiscales et sociales qui permettaient au pays de disposer d’un système social que le monde entier nous enviait (sans nous copier, pas fou). Mais ça, c’était il y a quelques années…

    En effet, grâce aux gouvernements Macron , finies les affres de la responsabilité citoyenne : rapidement, la liberté financière fut contenue, régulée, découpée en petits morceaux faciles à digérer dans les bedaines parlementaires et bientôt, le citoyen français n’eut plus besoin de se soucier de ce qu’il devait faire de son argent.

    Il était temps : las d’avoir à réfléchir et prendre ses responsabilités , travaillé au corps depuis des décennies dès sa plus tendre enfance par les doux discours marxisants et léninifiants, le peuple français délégua enfin toutes les tâches importantes à ses éminents gouvernants qui se chargèrent alors de tout prendre en charge (moyennant une petite commission et 3000 milliards de dettes, hein, sachons vivre).

    À partir de là, les décisions empreintes d’une imparable logique, de pertinence subtile et d’une analyse inouïe du sens de l’Histoire se sont enchaînées avec brio dans le pays.

    C’est ainsi qu’il fut décidé, assez calmement, que c’en serait définitivement terminé de la production électrique nucléaire française. C’était dit, écrit, répété : fini l’atome cradingue qui ne rejette pas de CO 2 , place aux éoliennes dégueulasses et au gaz russe sordide qui pollue pour le remplacer. Quelques réacteurs furent donc fermés. Les gouvernants s’en félicitèrent bruyamment, la presse aussi. Une loi fut votée pour que d’autres réacteurs soient à leur tour abandonnés dans les prochaines années.

    Tout était bel et bon.

    Puis, toujours avec sa logique imparable, sa pertinence subtile, son sens inné de l’Histoire, l’élite décida qu’il était temps de faire un petit demi-tour bien ferme .

    Et alors que la loi de Programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit toujours la fermeture de 12 réacteurs supplémentaires d’ici 2035, le frétillant chef de l’État pirouettise sa politique et propose à présent – toujours sans toucher à cette loi – de flécher l’épargne des Français pour financer le développement de nouveaux réacteurs nucléaires. Si ce « En-Même-Temps » ne touchait pas ainsi au sublime, on croirait presque que c’est du n’importe quoi en boîte.

    Concrètement, il semble donc décidé en hauts lieux que le Français, très moyennement capable de gérer ses finances, va voir son épargne délicatement poussée ( à coups de pelle dans la nuque par des incitations fiscales ciblées, par exemple) vers une nouvelle vague de financement de l’énergie nucléaire en France, celle-là même dont on entend réduire l’importance, qui n’est pas verte et qui tue des ours polaires quand on ne s’intéresse pas à sa démographie.

    On apprend ainsi que les 375 milliards d’euros (à fin 2022) d’épargne des 55 millions de Français qui possèdent un Livret A pourraient ainsi servir à financer de nouveaux réacteurs pour EDF (avec un coût total un peu inférieur à 60 milliards d’euros).

    Or, si l’on peut bien sûr se réjouir de voir le gouvernement prendre la mesure de l’importance d’une stratégie énergétique de long terme, on doit cependant s’inquiéter des nouvelles tubulures fiscales chromées qu’il va déployer pour la mettre en place et ce d’autant plus lorsqu’on voit les cadors qui proposent cette stratégie, leur historique général et leur capacité à tenir leurs engagements précédents, et ce sans même parler du fait que les fonds étaient jusqu’à présent consacrés au logement social : on imagine sans mal la poussée d’urticaire de certaines égéries écolo-socialo-branchouilles lorsqu’elles apprendront la mise en place de ce tour de passe-passe : moins de social, plus de nucléaire, ça va roucouler chez les gauchistes…

    En outre, peut-on écarter l’idée que ce qui est encore actuellement présenté comme des idées et des incitations ne va pas devenir rapidement des obligations et des contraintes clairement établies dans un avenir proche, à mesure que la situation du pays va devenir plus tendue ?

    Du reste, il serait probablement plus aisé pour l’État de dégager les marges de manœuvre financières pour s’investir dans ces plans stratégiques si, d’un autre côté, il ne s’employait pas méticuleusement à saboter toute création de richesse. L’avalanche de décisions consternantes des 40 dernières années (l’arrêt du nucléaire n’étant que la décision la plus symptomatique du niveau d’abrutissement et de veulerie atteint au sommet du pouvoir) ainsi que le tabassage systématique et de plus en plus compulsif des créateurs d’emplois et de richesses dans le pays n’ont aidé en rien.

    Clairement, cette espèce de volte-face des dirigeants au pied du mur manque cruellement de l’indispensable remise en question des méthodes et pratiques mafieuses de l’État jacobin et indique plutôt une forme de panique non avouée qui ne présage absolument rien de bon. Alors certes, il est souhaitable de relancer l’investissement dans le nucléaire, mais la façon et le timing diabolique avec lesquels le gouvernement actuel procède imposent une extrême prudence…

    La semaine qui vient de s’écouler n’est pas très différente des précédentes et illustre finalement très bien la tendance générale du pouvoir actuel à resserrer son emprise sur tout ce qui concerne le citoyen français, notamment ses finances qu’il conviendra de pousser dans les bonnes directions : dans l’œil de l’État macronien, ce citoyen n’est définitivement pas assez intelligent pour comprendre sa situation et n’est pas plus capable de connaître les investissements qu’il doit faire pour s’assurer un avenir meilleur.

    L’élite qui est au pouvoir (parce que c’est l’élite, voyons, et parce qu’elle mérite ce pouvoir, pardi !) sait ce qui est bon pour ce citoyen, mammifère mou et vraiment pas fin, perdu dans une vie que cette élite sait médiocre et ballotée par des événements qu’elle seule est capable d’anticiper voire de provoquer.

    Il est dès lors normal qu’elle censure , qu’elle impose, qu’elle « flèche » et qu’elle décide pour vous. Et au vu de son historique, de son passif aussi puissant qu’édifiant, comment en douter ?


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      Il n’y aura pas de transition énergétique sans progrès technologique

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 13 February, 2023 - 03:40 · 3 minutes

    Par Gilles David.

    Construire ou reconstruire des centrales nucléaires et modifier nos comportements ne suffira pas à changer la donne. Avec seulement 0,9 % des émissions mondiales de CO 2 , la France n’aura presqu’aucun impact sur la nécessaire transition écologique mondiale.

    Pour vraiment être moteur, il nous incombe de mobiliser nos scientifiques et ingénieurs pour développer les nouvelles technologies nécessaires et de remettre en cause les dogmes de la décroissance. Toujours pionnier en la matière, notre pays a le devoir moral de porter haut les couleurs du progrès technologique face aux menaces de théories malthusiennes qui se répandent.

    Emission de CO 2 et croissance du PIB : une corrélation démentie

    Si, historiquement, il est établi que les émissions de CO 2 sont liées à la quantité de ressources économiques dont une civilisation dispose (cf. Edgar Hertwich « A Global, Trade-Liked Analysis, Environmental Science and Technology » 1 ), cette théorie est désormais démentie pour les pays aux PIB les plus élevés. Preuve en est que parallèlement à une baisse drastique de leurs émissions ces économies ont malgré tout connu une croissance économique. C’est le cas, notamment, du Royaume-Uni dont le PIB par habitant a progressé entre 2009 et 2020 .

    Figure 1  : Évolution des émissions de CO₂ par habitant et du PIB, Royaume-Uni

    Dans ce cas précis, le remplacement des énergies fossiles par des énergies à faibles émissions, dont le nucléaire n’est qu’une des facettes, en est la principale explication. Preuve que certaines technologies peuvent s’avérer plus efficaces que certains discours mortifères.

    En finir avec l’illusion de l’épuisement des ressources

    Ce mythe ne date pas d’hier puisque déjà au XVIII e siècle William Stanley Jevons théorisait un déclin rendu inévitable du fait d’un manque de ressources naturelles disponibles, conséquence d’un niveau de vie des populations en forte progression 2 . Cette théorie fait le lit de nombre de décroissants mais est pourtant contredite par les faits.

    Ainsi, depuis 2010, la consommation d’électricité domestique par habitant n’a cessé de baisser dans les pays occidentaux. Ce phénomène résulte d’importants gains en termes d’efficacité énergétique. Aujourd’hui, les ménages américains consomment ainsi moins d’électricité qu’il y a cinq ans.

    Il s’explique par le fait que plus de 450 millions de LED y ont été installées à ce jour contre moins d’un demi-million en 2009. Idem avec les ampoules fluocompactes (CFL) encore plus courantes, et que plus de 70 % des ménages utilisent.

    Pourtant, en matière d’efficacité énergétique dans un pays comme le nôtre, le potentiel reste énorme et très sous-exploité, parce que le coût de l’énergie était, est et sera peut-être encore demain, à un prix trop bas pour être économisé.

    Autre mythe auquel il convient de tordre le cou pour, enfin, donner toute sa place au progrès technologique : le Peak Oil ou pic pétrolier. Depuis longtemps, des experts cherchent à déterminer le moment où les réserves mondiales d’hydrocarbures commenceront à décliner. Hélas, annoncé depuis toujours, ce moment risque de se faire attendre. Malgré les tensions géopolitiques, les instabilités spéculatives ou les crises traversées par certains pays, leur succès ne se dément pas 3 . Pire, depuis 2008, la production mondiale de pétrole a même progressé plus vite que la demande.

    En réalité, le Peak Oil se produira bien mais pas pour les raisons avancées par les partisans de la décroissance. Il sera le résultat d’une raréfaction de la demande et non de la ressource, raréfaction provoquée par le progrès technologique. N’avons-nous pas arrêté de chasser la baleine lorsque d’autres alternatives plus efficaces et moins coûteuses ont permis de s’éclairer ?

    1. Edgar G. Hertwich and Glen P. Peters, Carbon Footprint of Nations: A Global, Trade-Linked Analysis, Environmental Science and Technology (2009)
    2. Missemer, A. (2015). La peur du déclin économique face à l’épuisement des ressources naturelles, de W. Stanley Jevons à Herbert S. Jevons (1865-1915). Revue économique, 66, 825-842.
    3. Orsenna, E. (2014). L’énergie nucléaire, une solution à ne pas écarter. Dans : L. des économistes & E. Orsenna (Dir), Un monde de ressources rares (pp. 83-92).
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      Livret A et financement du nucléaire : l’arbitraire de l’épargne administrée

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 12 February, 2023 - 04:30 · 4 minutes

    Ce n’est qu’une piste, envisagée par le gouvernement, face aux projets d’investissements massifs dans le nucléaire (les EPR). Quoi de plus tentant que de songer aux milliards du livret A, cette épargne préférée des Français étant en pleine forme ? Même si ce n’est qu’une hypothèse à l’étude parmi d’autres elle révèle la vraie nature du livret A et de l’ épargne administrée, l’arbitraire à tous les niveaux.

    Les Français aiment bien le livret A. Il est maintenant disponible dans les banques et pas seulement à la Banque postale ou à la Caisse d’épargne, il est exonéré d’impôts sur le revenu. C’est une forme très liquide d’épargne disponible à tout moment. Certes il est plafonné à 22 950 euros, ce qui en fait justement une forme d’épargne populaire pouvant attirer tout le monde ou presque : 55 millions de Français possèdent un livret A. Son succès ne se dément pas : 33,49 milliards de plus en 2022, pour atteindre un record de 375 milliards. De quoi attirer bien des convoitises. Mais ce ne sont pas les besoins du financement de l’économie qui décident, via les marchés, de l’affectation de cette somme. Avec le livret A, c’est l’arbitraire étatique à tous les niveaux.

    Arbitraire de la rémunération

    Il y a d’abord l’arbitraire de sa rémunération.

    Certes, il existe une formule officielle qui a évolué dans le temps, mêlant moyenne du taux d’inflation et des taux d’intérêt monétaire à court terme. À partir de là, le gouverneur de la Banque de France fait une proposition de taux au ministre de l’Économie, qui peut déroger à ce calcul en cas « de circonstances exceptionnelles ». Bien que très rarement appliquée cette formule est arbitraire.

    Le résultat est que le taux du livret A est en général bien en dessous de celui de l’inflation. L’épargnant est ainsi perdant puisque l’intérêt ne couvre pas la hausse des prix : en termes de pouvoir d’achat réel, la somme placée perd de la valeur. Jusqu’en février 2022, le taux était de 0,5 % ; il est alors passé à 1 %, puis à 2 % en août 2022 et enfin à 3 % au 1er février 2023. L’épargnant peut se satisfaire de cette augmentation mais avec une inflation de 6 %, force est de constater que son épargne a perdu 3 % de sa valeur.

    Arbitraire de l’affectation

    Pour l’essentiel, les sommes déposées dans les livrets A servent à financer le logement social via la Caisse des dépôts .

    Telle a été la volonté tout aussi arbitraire des pouvoirs publics : cette épargne ne va pas être investie dans les priorités du moment, en fonction des besoins en financement de l’investissement mais selon la volonté des pouvoirs publics vers le financement du logement social. On peut considérer qu’il s’agit d’une priorité, mais investir dans l’économie pour créer des emplois peut l’être aussi y compris sur le plan social. Ce choix explique aussi pourquoi le gouvernement est toujours réticent face à une augmentation éventuelle de la rémunération du livret A, puisque cela rend plus onéreux le financement du logement social.

    En pratique, il existe d’autres utilisations moins importantes quantitativement. Ainsi, lors du plan de relance de 2020, une partie de la collecte du livret A a été utilisée essentiellement pour des prêts aux collectivités locales mais pas uniquement les infrastructures des collectivités publiques. Il peut s’agir de prêts aux PME, voire du microcrédit ; ou encore des investissements sur les marchés financiers, en actions, en obligations et en particulier en emprunts d’État pour financemer la dette publique.

    La présomption fatale

    On nous explique que tout cela est très codifié (mais les règles sont elles aussi arbitraires), en fonction de « l’intérêt général » défini par la Caisse des dépôts, c’est-à-dire des hauts fonctionnaires et du gouvernement.

    C’est là que face aux besoins colossaux du financement du nucléaire (plus de 50 milliards pour les six EPR prévus), a germé cette idée de ponction sur les énormes sommes issues du livret A puisque EDF ne peut assumer seule cette dépense. On s’empresse d’expliquer que ce n’est qu’une piste à l’étude parmi d’autres et que rien n’est décidé. Mais c’est très révélateur de ce qui se passe avec l’argent du livret A et donc des épargnants.

    On pourrait se réjouir d’assister à une diversification de cette utilisation qui ne se limiterait pas au logement social car il y a tant de choses utiles à financer. Mais pourquoi le nucléaire ou tel autre usage possible ? C’est là que l’on retrouve le problème de fond : l’arbitraire des décisions publiques, qu’elles émanent directement de l’État ou de son bras financier, la Caisse des dépôts. C’est tout le drame de l’épargne administrée : la présomption fatale des hommes politiques ou de leurs représentants, qui pensent savoir mieux que les agents décentralisés ce qui est bon pour l’économie. Laissons les ménages, les entreprises, les banques, en vertu du principe de subsidiarité, décider des bons placements. Si EDF, le nucléaire, les collectivités publiques ou le logement social ont besoin de financements, ils les trouveront, à condition d’en payer le vrai prix, au lieu de se financer arbitrairement et à bon compte sur le dos de l’épargnant.