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      Les canicules seront bientôt constantes dans les océans et c'est dramatique

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 30 June, 2022 - 09:38 · 5 minutes

    L'océan brûle sous les canicules marines et accélère la disparition des écosystèmes marins. L'océan brûle sous les canicules marines et accélère la disparition des écosystèmes marins.

    CLIMAT - Nous sommes enfermés dans une situation où, d’ici 2050, l’ensemble de l’océan mondial sera proche d’un état de canicule marine presque constant”, alerte Robert Schlegel chercheur à l’Institut de la Mer de Villefranche (IMEV), interrogé par Le HuffPost.

    À l’ouverture du sommet sur les océans à Lisbonne ce lundi 27 juin, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a lui déclaré l’”état d’urgence océanique”. Emmanuel Macron se rend sur place ce jeudi 30 juin.

    Et pour cause, l’océan subit non seulement le réchauffement climatique mais il est également frappé par des canicules marines de plus en plus fréquentes. Ces épisodes sont peu connus et peu médiatisés, mais loin d’être rares, la mer Méditerranée est d’ailleurs sous le joug d’une chaleur extrême actuellement. Vous pensez sans doute qu’une eau à près de 25°C est une super nouvelle pour vos vacances, mais en réalité c’est dramatique pour la planète.

    ″À l’exception de la mer d’Alboran (entre le Maroc et l’Espagne), toute la Méditerranée occidentale connaît une vague de chaleur marine depuis le 16 mai environ”, détaille Robert Schlegel . La température de la surface de la mer (SST) atteint des pics à +5°C par rapport à la moyenne le long des côtes espagnoles, françaises et italiennes, comme le montre la visualisation ci-dessous basée sur les données du Copernicus Marine Service .

    Certaines parties de la Méditerranée sont plus chaudes de plus de +5°C que la moyenne. Certaines parties de la Méditerranée sont plus chaudes de plus de +5°C que la moyenne.

    Ces vagues de chaleur se produisent lorsque les températures océaniques franchissent un seuil extrême pendant plus de cinq jours consécutifs. Robert Schlegel explique que ce seuil est calculé grâce aux enregistrements historiques des températures “basés sur une moyenne de 30 ans (par exemple, 1981-2010) et sont déterminés en lissant les températures quotidiennes moyennes sur ces années”. C’est ce qu’on appelle en sciences une “climatologie” et elle représente la température moyenne attendue pour chaque jour de l’année.

    En un siècle, 50% de jours de canicule marine en plus

    Dans le climat actuel, les canicules océaniques ne durent qu’une quinzaine de jours en Méditerranée. Dans le pire scénario prévu par le Giec, avec un réchauffement à +5°C, les simulations prévoient qu’elles seront quatre mois plus longues et quatre fois plus intenses, rapporte une étude sur l’évolution des canicules océaniques en Méditerranée du CNRS .

    Les scientifiques ajoutent que seul le scénario d’un réchauffement limité à +1.5 degrés par rapport à 1990 permettrait d’endiguer l’aggravation de ces canicules.

    Avec le réchauffement climatique, elles seront plus longues, mais aussi beaucoup plus nombreuses. “E ntre 1925 et 2016, le nombre de jours annuels de vagues de chaleur marines dans le monde a augmenté de plus de 50%”, rapporte Carole Saout-Grit, physicienne océanographe, contactée par Le HuffPost .

    Ces chiffres proviennent d’une étude de la revue scientifique Nature Climate Change dans laquelle les chercheurs établissent un lien direct entre l’augmentation de ces vagues de chaleur et le réchauffement à long terme des océans.

    Nombre total de jours de canicule marine dans le monde sur 1982-2016. Nombre total de jours de canicule marine dans le monde sur 1982-2016.

    Même si nous parvenons à contenir le réchauffement à +2°C , “la quasi-totalité des océans connaîtront des vagues de chaleur marines plus fréquentes et plus longues”, poursuit la chercheuse.

    Quant aux conséquences, les canicules marines passés présagent des modifications majeures des écosystèmes . En 1999, 2003 et 2006, la Méditerranée a été touchée par une canicule provoquant “ de nombreux cas de mortalité massive d’espèces”, déplore le Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

    L’équateur, bientôt une zone morte?

    Une hécatombe qui n’est rien par rapport à celle provoquée par “Le Blob”. On ne parle pas ici de l’espèce unicellulaire qui ressemble à une éponge, mais d’une canicule marine qui a duré trois ans, sur la côte ouest de l’Amérique du Nord entre fin 2013 et 2016. L’eau excessivement chaude pendant cette période a stoppé la croissance du phytoplancton, espèce à la base de notre chaîne alimentaire.

    Des canicules moins intenses provoquent aussi des effets rebond considérables sur les écosystèmes. Sous l’effet des anomalies de chaleur, les coraux se couvrent d’un linceul blanc. Effectivement, les organismes stressés expulsent les micro-algues avec qui ils vivent en symbiose et blanchissent. A cause de ce blanchissement qui les rend vulnérables, ” il est presque certain que la grande barrière de corail aura complètement disparu d’ici 10 à 20 ans”, ajoute Robert Schlegel.

    Autre conséquence, ces canicules accélèrent la migration des espèces vers les pôles où la température de l’eau est plus basse. C’est un problème à l’équateur, qui pourrait (mais nous n’en sommes pas certains) devenir une zone morte, car il n’y aura pas d’organismes sur la planète capables de s’adapter aux températures élevées”, continue le chercheur.

    Se sauver ou périr

    Ce qui est sûr en revanche, c’est que les espèces incapables de migrer périront avec l’augmentation des températures. Dans l’Arctique par exemple, les écosystèmes qui dépendent de la glace seront éradiqués avec la fonte de la glace de mer.

    Certes, nous ne sommes pas sur la route d’un réchauffement à 5°C, mais la direction prise par l’humanité aujourd’hui est loin de suffire pour empêcher l’océan de surchauffer. Si nous continuons sur notre trajectoire actuelle d’ici 2050, Robert Schlegel pose un bilan beaucoup plus pessimiste: “la plupart des océans du monde seront contraints de changer. Mais changer en quoi, c’est difficile à dire.”

    Face à ce constat alarmant, difficile de trouver une lueur d’espoir. Mais si nous réussissons à maîtriser nos émissions , il est possible que certains écosystèmes survivent. Selon les scénarios d’une étude sur les projections marines au 21e siècle , avec une augmentation des températures à +2.5 °C, la plupart des océans connaîtront “ des événements de catégorie 1 (modérée) et 2 (forte)”, ce qui est mauvais, mais nous pouvons nous en accommoder. Si nous tenons les engagements pris lors de la Cop26, cette trajectoire pour “sauver” la Planète bleue est encore possible.

    A voir aussi sur Le HuffPost: Cop26: les militants d’Ocean Rebellion vomissent du pétrole devant une raffinerie de Glasgow

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      Star d'"Aquaman", Jason Momoa s'engage pour la protection des océans

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 28 June, 2022 - 16:19 · 2 minutes

    ENVIRONNEMENT - Le protecteur des mers à l’écran comme dans la vie réelle. Jason Momoa est arrivé à Lisbonne ce dimanche 26 juin pour participer à une conférence de l’ ONU sur les océans qui se tient du 27 juin au 1er juillet. L’occasion pour celui qui joue Aquaman de s’engager encore un peu plus pour la protection des océans, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

    L’acteur qui a été désigné comme “Défenseur de la vie sous l’eau” par le Programme des Nations unies (PNUE) pour l’environnement, a ainsi pris la parole depuis une plage de Lisbonne ce dimanche. “Sans une vie océanique saine, notre planète telle que nous la connaissons n’existerait pas, a-t-il notamment déclaré devant une foule de jeunes militants pour la protection des océans. Le moment est venu d’agir”.

    Acteur mais biologiste marin dans l’âme

    L’acteur de 42 ans a une sensibilité pour la vie marine. “Quand j’étais un petit garçon, je voulais être un biologiste marin et j’étais tellement obsédé par la sauvegarde de notre planète et tout ce dont nous parlons maintenant, je suis allé à l’école pour le faire et je voulais le faire”, a-t-il expliqué ce lundi 27 juin à Susan Gardner, directrice des écosystèmes du PNUE devant la presse.

    Jason Momoa n’a pas fait le voyage seul jusqu’au Portugal . Il est venu accompagné de ces enfants, et ce n’est pas un détail. “C’est comme si c’était pour eux qu’on le faisait, et pour la génération qui ne comprend pas, qui est trop têtue, trop vieille et qui ne veut pas changer, c’est à la prochaine génération de le faire et je suis là pour les aider. Je veux combler le fossé”, a-t-il continué.

    Un sentiment partagé par António Guterres, le secrétaire général de l’ONU, qui avait demandé pardon au nom de sa génération, la veille. “Permettez-moi de m’excuser, au nom de ma génération, auprès de la vôtre, en ce qui concerne l’état des océans, l’état de la biodiversité et l’état du changement climatique”, avait-il exprimé.

    L’océan couvre 70% de la planète et onze millions de tonnes de plastique y finissent chaque année. Si l’utilisation de produits jetables n’est pas réduite, ce chiffre pourrait tripler d’ici 2024. L’océan génère également plus de la moitié de l’oxygène mondial et absorbe 25 % des émissions de dioxyde de carbone.

    À voir également sur Le HuffPost : Protection de la Grande barrière de corail : “Un pansement sur une plaie artérielle”

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      Sur le climat, l'humanité a battu en 2021 les seuls records à ne pas dépasser

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 18 May, 2022 - 12:29 · 4 minutes

    ENVIRONNEMENT - C’étaient les records à ne pas dépasser et pourtant nous l’avons fait. Ce mercredi 18 mai, l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une instance de l’ONU, a rendu son rapport sur l’”État du climat mondial en 2021″ et le constat est sans appel: les concentrations de gaz à effet de serre , l’ élévation du niveau de la mer , la température et l’acidification des océans ont tous établi de nouveaux records en 2021.

    Ce rapport est “une litanie lamentable de l’échec de l’humanité à lutter contre le dérèglement climatique ”, a dénoncé le chef de l’ ONU , Antonio Guterres. “Le système énergétique mondial est brisé et nous rapproche de plus en plus de la catastrophe climatique”, a-t-il mis en garde, exhortant à “mettre fin à la pollution par les combustibles fossiles et accélérer la transition vers les énergies renouvelables avant d’incinérer notre seule maison.”

    Les concentrations de gaz à effet de serre

    Les concentrations de gaz à effet de serre ont atteint un nouveau sommet mondial en 2020, lorsque la concentration de dioxyde de carbone (CO2) a atteint 413,2 parties par million (ppm) dans le monde, soit 149% du niveau préindustriel. Les données indiquent qu’ils ont continué d’augmenter en 2021 et au début de 2022, la concentration mensuelle moyenne en CO2 à Mona Loa à Hawaï atteignant 416,45 ppm en avril 2020, 419,05 ppm en avril 2021 et 420,23 ppm en avril 2022, selon le rapport.

    L’acidification des océans

    L’océan absorbe environ 23% des émissions annuelles de CO2 d’origine humaine dans l’atmosphère. Bien que cela ralentisse l’augmentation des concentrations atmosphériques de CO2, ce dernier réagit avec l’eau de mer et conduit à l’acidification des océans.  Par ailleurs, la température de l’océan a aussi atteint un niveau record l’année dernière, dépassant la valeur de 2020, selon le rapport. On s’attend à ce que les 2000 premiers mètres de profondeur de l’océan continuent de se réchauffer à l’avenir - “un changement irréversible sur des échelles de temps centenaires à millénaires”, a déclaré l’OMM, ajoutant que la chaleur pénétrait toujours plus profond.

    L’élévation du niveau de la mer

    Le niveau moyen mondial de la mer a atteint un nouveau record en 2021, après avoir augmenté en moyenne de 4,5 millimètres par an de 2013 à 2021, selon le rapport. Il avait affiché une hausse moyenne de 2,1 mm par an entre 1993 et 2002, l’augmentation entre les deux périodes étant “principalement due à la perte accélérée de masse de glace des calottes glaciaires”, souligne le document.

    L’élévation de la température

    Le rapport a confirmé que les sept dernières années étaient les sept années les plus chaudes jamais enregistrées. Les phénomènes météorologiques liés à La Nina au début et à la fin de 2021 ont eu un effet refroidissant sur les températures mondiales l’année dernière. Mais malgré cela, 2021 reste l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées, avec une température mondiale moyenne d’environ 1,11 degré Celsius au-dessus du niveau préindustriel. L’ Accord de Paris de 2015 sur le climat vise à limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

    Pendant ce temps, le rapport indique que le trou dans la couche d’ozone de l’Antarctique est “exceptionnellement profond et étendu” de 24,8 millions de kilomètres carrés en 2021, entraîné par un vortex polaire fort et stable.

    “Notre climat change sous nos yeux”

    “Ce n’est qu’une question de temps avant qu’une autre année ne devienne la plus chaude jamais enregistrée”, a déclaré le chef de l’OMM, Petteri Taalas. “Notre climat change sous nos yeux. La chaleur piégée par les gaz à effet de serre d’origine humaine réchauffera la planète pendant de nombreuses générations à venir. L’élévation du niveau de la mer, la chaleur et l’acidification des océans se poursuivront pendant des centaines d’années à moins que des moyens d’éliminer le carbone de l’atmosphère ne soient inventés.”

    António Guterres a proposé cinq actions pour relancer la transition vers les énergies renouvelables “avant qu’il ne soit trop tard”: mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles, tripler les investissements dans les énergies renouvelables, supprimer les formalités administratives, sécuriser l’approvisionnement en matières premières pour les technologies d’énergies renouvelables et faire de ces technologies - telles que le stockage sur batterie - des biens publics mondiaux librement disponibles.

    “Si nous agissons ensemble, la transformation des énergies renouvelables peut être le projet de paix du XXIe siècle”, a déclaré António Guterres

    À voir également sur Le HuffPost: Les 3 attitudes vraiment utiles pour le climat selon le GIEC

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      Ils ont cru trouver la route de l’Atlantide au fond de l’océan Pacifique

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 9 May, 2022 - 16:17 · 2 minutes

    EXPLORATION - Platon situait l’ Atlantide proche du détroit de Gibraltar, dans l’ océan Atlantique . Et si une telle cité mystérieuse existait vraiment? L’équipage du navire d’expédition Nautilus vient de découvrir une nouvelle route pavée sous-marine au nord des îles Hawaï menant vers une destination inconnue. Malheureusement, la réalité a rapidement repris le pas sur la mythologie: ce chemin n’est qu’une coulée liée à une ancienne activité volcanique.

    Les chercheurs de l’organisation à but non lucratif (ONG) Ocean Exploration Trust sont tombés sur cette “route de briques jaunes” par hasard. Grâce à la vidéo ci-dessus publiée sur la chaîne Youtube du navire le 29 avril, on assiste à cette découverte inopinée: “C’est de la folie!”, s’enthousiasme l’un des membres de l’équipage.

    “C’est la route vers l’Atlantide”, s’exclame un autre chercheur. Des explorateurs et scientifiques prennent les récits de Platon au sérieux et ne sont toujours pas d’accord sur sa localisation. Chaque découverte d’un plateau ou ruines engloutis est un prétexte pour imaginer un nouvel emplacement à la cité mystérieuse. La mer Méditerranée ou encore le Pacifique sont les pistes privilégiées.

    Cette trouvaille fascinante a eu lieu proche de la crête Lili’uokalani , dans l’une des plus grandes aires de conservation du monde, appelé le monument national marine de Papahanaumokuakea. Cette zone gigantesque recèle encore beaucoup de secrets, seuls 3% de son fond marin ont été étudiés.

    Un trésor de biodiversité

    Après la surprise, les chercheurs ont vite apporté une explication scientifique à cette “route sèche” située à 3.000 mètre de profondeur. Les petites “briques” sont en réalité des roches volcaniques issues du refroidissement de la lave au contact de l’eau. Quant aux formes géométriques, “elles sont probablement liées au stress de chauffage et de refroidissement des multiples éruptions”, explique l’équipe dans la légende de la vidéo YouTube.

    Cette route n’est que le vestige d’une ancienne activité volcanique et ne mène pas vers un nouveau monde merveilleux. Mais l’expédition Nautilus nous fait voyager vers des endroits inexplorés de la planète et nous partage des images de créatures surprenantes. En explorant les vidéos des scientifiques, vous découvrirez l’existence des concombres de mer violet ou encore d’un cochon de mer. Une autre mission prévue cet été étudiera encore davantage cette biodiversité au niveau de l’atoll Johnston, l’un des monts sous-marins les plus isolés du monde.

    À voir aussi sur Le HuffPost : À Chypre, ce musée sous-marin lie art et apnée

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      Il ne reste que 10 marsouins Vaquita, mais l'espèce peut être sauvée

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 6 May, 2022 - 13:30 · 3 minutes

    Des scientifiques ont effectué des analyses sur un jeune marsouin Vaquita de six mois. Des scientifiques ont effectué des analyses sur un jeune marsouin Vaquita de six mois.

    ANIMAUX - Ils ne sont plus qu’une dizaine dans le monde. Le marsouin Vaquita, plus petit cétacé du monde est aussi le mammifère marin le plus rare de la planète. Vivant dans une zone géographique restreinte (les eaux peu profondes de la partie supérieure du golfe de Californie, à l’ouest des États-Unis), ces animaux sont naturellement assez rares et les populations n'ont jamais dépassé les quelques milliers au cours des 250.000 dernières années. Aujourd'hui ils ne sont plus que dix.

    Or, avec une si petite population, les scientifiques ont supposé que le mammifère présentait un risque de consanguinité et donc de mutations nuisibles. Celles-ci pourraient conduire inévitablement à l’extinction de l’espèce Phocoena sinus .

    Mais en fait, non. Des chercheurs de l’université de Californie (UCLA), de la National Oceanic and Atmospheric Administration Fisheries (NOAA) et d’autres instituts ont fait une heureuse découverte. En effet, les marsouins Vaquita ont encore une diversité génétique suffisante pourrait se reproduire et repeupler l’espèce, si on le leur permet. Les résultats de ces recherches sont parus dans la revue Science le 5 mai.

    Techniquement, ils pourraient survivre

    Cette découverte de chercheurs est le fruit d’un travail d’analyse du génome de 20 marsouins Vaquita, utilisant des échantillons de tissus collectés par des chercheurs mexicains entre 1985 et 2017. Cela leur a notamment servi pour mieux comprendre l’histoire récente de cet animal.

    “La génomique nous donne des indices sur le passé de l’espèce, mais nous permet également de scruter l’avenir”, affirme Lorenzo Rojas-Bracho, co-auteur de la présente étude. En effet, l’analyse génétique en utilisant des simulations informatiques a permis de supposer comment la population se comporterait selon différents scénarios présentés dans le graphique ci-dessous.

    Trajectoires de simulations de la population de vaquita. A: réduction des prises accidentelles de 100 %. B: réduction  des prises accidentelles de 90% C: réduction des prises accidentelles de 90%  avec une taille de population multipliée par 20. Trajectoires de simulations de la population de vaquita. A: réduction des prises accidentelles de 100 %. B: réduction des prises accidentelles de 90% C: réduction des prises accidentelles de 90% avec une taille de population multipliée par 20.

    “Si nous pouvons permettre à ces animaux de survivre, ils peuvent faire le reste. Génétiquement, ils ont encore la diversité qui leur a permis de prospérer”, abonde Jacqueline Robinson, autre responsable de l’étude. “Malgré le petit nombre, l’espèce pourrait se rétablir si nous arrêtions de les tuer”, reprend Lorenzo Rojas-Bracho. Car une épée de Damoclès pèse (très) lourdement sur cette espèce.

    La pêche, facteur d’extinction

    Les chercheurs affirment que pour donner une chance aux marsouins Vaquita, il est nécessaire d’avoir une élimination immédiate et complète de la mortalité due à la pêche avec des filets maillant. Cette méthode consiste à placer des filets plats qui sont suspendus verticalement dans l’eau.

    S’étendant comme des filets de tennis géants, ils sont connus comme étant un piège mortel pour de nombreux animaux qui n’étaient pas destinés à être pêchés. C’est le cas du Vaquita. Mesurant entre 1,2 à 1,5m de long, ils s’emmêlent souvent et meurent noyés.

    Au départ, ces filets servent à chasser le Totoaba, un poisson très prisé en Chine pour ses potentielles “vertus médicinales” et pouvant se revendre à des prix exorbitants sur le marché noir. À cause de cela, lui aussi est classé en voie de disparition, étant inscrit sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature .

    Des vessies natatoires séchées du totoaba, un poisson en danger critique d'extinction. Elles sont vendues pour des dizaines de milliers de dollars sur le marché noir en Chine, malgré une interdiction internationale. Des vessies natatoires séchées du totoaba, un poisson en danger critique d'extinction. Elles sont vendues pour des dizaines de milliers de dollars sur le marché noir en Chine, malgré une interdiction internationale.

    Pour tenter de juguler ce saignement de la biodiversité, le Mexique a interdit la pêche au totoaba ainsi que l’utilisation de filets maillants dans le golfe de Californie. Mais cela n’empêche pas le braconnage de persister. Face à ce constat, le chercheur de l’UCLA et membre de l’étude Christopher Kyriazis est formel : “Si nous les perdons, ce serait le résultat de nos choix humains”.

    À voir également sur le HuffPost: Environnement: la France a déjà atteint son jour du dépassement des ressources

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      Pêche: la Macronie sous pression sur le chalutage avant un vote au parlement européen

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 2 May, 2022 - 15:46 · 6 minutes

    Emmanuel Macron en septembre 2021 lors du congrès de l'UICN à Marseille. Emmanuel Macron en septembre 2021 lors du congrès de l'UICN à Marseille.

    OCÉAN - “Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas”, affirmait Emmanuel Macron dans l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, conscient qu’il lui fallait convaincre des électeurs de gauche sensible à cette question.

    “Je vous propose: vous rectifiez le tir, parce qu’on vient de commencer à peine le quinquennat, si on se fait déjà entourlouper...”, répond Nicole Ferroni ce lundi 2 mai, alors que le président doit nommer dans les jours à venir un premier ministre en charge de la planification écologique.

    Dans une vidéo publiée sur son compte Twitter et à voir ci-dessous , l’humoriste de France Inter interpelle le président de la République à propos d’un amendement déposé par un député Renaissance (le groupe d’En Marche au parlement européen), Pierre Karleskind. Et elle n’est pas la seule.

    Depuis vendredi 29 avril, nombreuses sont les critiques adressées à la Macronie sur cet amendement jugé “hypocrite” par l’ONG Bloom, “insensé” pour L214 . “Ne pliez pas face aux lobbies de la pêche industrielle svp”, demande encore le journaliste militant Hugo Clément.

    Cette vague de critiques arrive alors que le parlement européen doit voter ce mardi 3 mai un rapport d’initiative consacré à l’océan. Dans celui-ci, il est proposé d’interdire la pêche au chalut dans les aires marines protégées (AMP) de l’Union européenne. Un vote symbolique, car c’est la Commission européenne qui a le dernier mot.

    Malgré tout, le 27 avril, le député macroniste Pierre Karleskind et le groupe Renaissance ont proposé cet amendement limitant cette interdiction aux zones “strictement protégées”.

    Un amendement En Marche réécrit au dernier moment

    Problème: le chalutage de fond est déjà interdit en France dans ces zones strictement protégées, selon ses détracteurs. De plus, dans cet amendement, le terme “chalutage” est supprimé et remplacé par celui, plus flou, de “techniques nuisibles”.

    Interrogé par Le HuffPost Pierre Karleskind s’est défendu vendredi 29 avril en justifiant son amendement, ne voyant pas de problème initialement. Un peu plus tard dans la journée, il nous confirmait cependant “travailler, avec Pascal Canfin [eurodéputé Renaissance, président de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, NDLR] , à améliorer l’amendement que j’ai déposé, de façon à répondre aux interrogations qu’il suscite”.

    Ce lundi 2 mai, le groupe Renaissance a finalement validé cette nouvelle version de l’amendement, que Le HuffPost a pu consulter. Les “techniques nuisibles” se transforment en “les techniques nuisibles, y compris le chalutage de fond”. Quant à la définition des zones, le texte est à la fois plus précis, mais moins englobant: “dans une partie des aires marines protégées, en commençant par celles les plus à risque” et où cette interdiction “est jugée proportionnelle au vu des connaissances scientifiques”.

    Des aires marines... pas vraiment protégées

    Pour comprendre, il faut rappeler ce qu’est une aire marine protégée. “Ces AMP sont à l’origine définies par l’Union internationale pour la conservation de la nature pour enrayer la crise climatique et l’effondrement de la biodiversité”, explique au HuffPost Claire Nouvian, fondatrice de l’ONG Bloom. “Dans ces zones, il ne doit y avoir aucune activité de pêche destructrice ni extractive industrielle”.

    Aujourd’hui, 10% des aires marines de l’Union Européenne sont protégées et l’objectif est de passer à 30%... en théorie. “En pratique, ces zones ne sont pas du tout protégées”, dénonce Claire Nouvian. Plusieurs travaux scientifiques ( ici et par exemple) ont confirmé ce problème. Une étude publiée en février dernier a ainsi montré que le chalutage de fond avait encore cours dans 86% de ces zones dans l’Union Européenne.

    C’est pour traduire les paroles en actes que l’eurodéputée écologiste Caroline Roose a proposé, dans ce rapport d’initiative du parlement européen, d’interdire le chalutage dans toutes les AMP. “Nous avons besoin d’une feuille de route détaillée, en commençant par l’interdiction du chalut, qui détruit les habitats et libère du carbone capté par l’océan”, explique-t-elle au HuffPost . Surtout que la littérature scientifique montre que ces zones protégées seront bénéfiques pour le climat, la biodiversité... mais aussi pour la pêche en dehors de ces zones, qui seront alors plus fournies en poissons, rappelle la RTBF.

    Mais alors pourquoi aller contre ce texte? “Je ne veux pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Si on interdit le chalut dans toutes les aires protégées européennes, on met à terre la pêche française”, affirme Pierre Karleskind. À l’inverse, en définissant des zones strictement protégées bien spécifiques, l’eurodéputé macroniste estime pouvoir limiter les dégâts tout en préservant l’activité économique des pêcheurs.

    “Cet amendement de Pierre Karleskind se donne bonne conscience, mais il ne sert à rien”, tance l’eurodéputée Caroline Roose. “Les aires strictement protégées européennes sont très limitées aujourd’hui. Il y a un objectif de 10%, mais on est à peine à 1%. Pire, en France, la pratique du chalut dans ces zones est déjà interdite! Sauf que ces aires strictement protégées se trouvent majoritairement dans des zones australes où il n’y a, de base, pas de pêche”, regrette Claire Nouvian de Bloom.

    Correction de cap d’En Marche

    Face à la polémique, le groupe En Marche au parlement européen a donc tenté de mettre la barre à babord. Vendredi soir, l’eurodéputé Pascal Canfin, président de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, répondait sur Twitter à Nicole Ferroni qu’il travaillait avec les autres eurodéputés de la majorité présidentielle à un “nouvel amendement qui intègre bien toutes les aires marines protégées”.

    Avec cette nouvelle mouture, les eurodéputés Renaissance répondent en partie aux critiques, en faisant apparaître la pêche au chalut dans l’amendement, tout en élargissant. “Il n’y a pas que le chalut qui a un impact”, rappelle Pierre Karleskind.

    Un point que valide Philippe Goulletquer, directeur scientifique adjoint à l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (Ifremer) en charge des questions de biodiversité: “Les pressions sont multiples sur ces écosystèmes, à la fois dans les activités de pêche, mais pas uniquement. C’est gênant de se focaliser uniquement sur ce point”. Pour autant, “il est clair au vu de la littérature scientifique actuelle que les pressions, y compris du côté du chalutage, sont trop importantes et doivent être diminuées”.

    “Le chalutage est la pratique de pêche la plus destructrice et la moins sélective”, tranche Joachim Claudet chercheur du CNRS spécialisé dans les évaluations des aires marines protégées (AMP). Quant à la définition de zones de protection prioritaires, il rappelle qu’actuellement, en France, les interdictions dans les aires marines strictement protégées... sont justement établies au cas par cas. “Ce qui y est autorisé se base sur des ‘enjeux écologiques’ qui ne sont pas concrets. En tant que scientifique, je ne sais pas ce que ça veut dire”.

    Alors sur cette question de priorisation des zones les plus menacées au niveau européen, Joachim Claudet semble résigné: “Un classement des zones où l’interdiction des techniques nuisibles est la plus nécessaire, pourquoi pas, mais quand on fait du cas par cas, ce n’est jamais la biodiversité qui gagne”.

    À voir également sur Le HuffPost : Protection de la Grande barrière de corail : “Un pansement sur une plaie artérielle”