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      Nouveau gouvernement: Olivier Véran, nommé porte-parole, revient en première ligne

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 4 July, 2022 - 11:56 · 3 minutes

    Le nouveau porte-parole du gouvernement Borne, Olivier Véran, le 21 juin 2022 à Matignon. Le nouveau porte-parole du gouvernement Borne, Olivier Véran, le 21 juin 2022 à Matignon.

    REMANIEMENT - Un jeu de chaises musicales plein d’ enseignements politiques . En près de six semaines, Olivier Véran est passé du ministère de la Santé et des Solidarités, à celui des Relations avec le Parlement pour finalement hériter, ce lundi 4 juillet, d’un ministère délégué en charge du “Renouveau démocratique”, le tout accompagné du très médiatique poste de porte-parole du Gouvernement.

    Une fonction occupée depuis 45 jours par Olivia Grégoire -qui ne semble pas avoir convaincu l’exécutif dans ce rôle- et qui retrouve Bercy en devenant ministre déléguée aux Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme.

    Un rôle plus offensif

    Olivier Véran se retrouvera ainsi à sa place, toutes les semaines, face aux journalistes pour le compte rendu du Conseil des ministres, qui se tient traditionnellement le mercredi. Le député de l’Isère sera également envoyé en première ligne dans les matinales et sur les plateaux télévisés pour défendre la politique du gouvernement.

    Un rôle qu’il avait déjà assumé lors du débat, parfois houleux , organisé entre les différents partis politiques le 9 juin sur France 2, à trois jours des élections législatives .

    Et pour son premier compte rendu du Conseil des ministres, prévu ce lundi 4 juillet en fin d’après-midi, l’ancien médecin neurologue va retrouver un sujet et une communication de crise qui lui sont familiers: la gestion de la pandémie Covid , dont il a eu la charge pendant plus de deux ans .

    Le nouveau ministre de la Santé, François Braun , et le gouvernement présentent en effet ce lundi un projet de loi sanitaire visant à maintenir “un dispositif de veille et de sécurité sanitaire” jusqu’en mars 2023, alors que la France est touchée par une 7e vague estivale . Un projet de loi qu’Olivier Véran a, dans les grandes lignes, participé à écrire et arbitrer, avant de quitter la rue de Ségur et de transmettre le dossier à Brigitte Bourguignon.

    Changement de “négociateur en chef” au Parlement

    Remis sous le feu des projecteurs, Olivier Véran récupère un rôle plus offensif sur le terrain médiatique et politique. Il laisse également le ministère des Relations avec le Parlement, plus politique, au président du parti Agir Franck Riester. Un homme, ancien militant du RPR, issu de la droite dont le profil moins clivant est plus apprécié dans l’opposition, ainsi que dans le parti Horizons d’ Édouard Philippe .

    Franck Riester aura ainsi la charge d’un travail de l’ombre, presque de négociateurs en chef, pour convaincre l’opposition et en particulier les parlementaires issus des Républicains (ou d’ailleurs) d’appuyer les textes de la majorité ou de s’abstenir pour que la majorité relative d’Ensemble puisse faire voter ses textes législatifs.

    Le vice-président Rassemblement national (RN) de l’Assemblée nationale, Sébastien Chenu, n’a d’ailleurs pas manqué de féliciter le remplacement d’Olivier Véran à la tête du ministère des Relations avec le Parlement. “Ce départ est une bonne chose. Nous l’avions demandé”, a-t-il déclaré sur le plateau de franceinfo, lui reprochant d’avoir relégué le RN - et LFI - hors de “l’arc républicain” avec lequel l’exécutif serait amené à discuter.

    À voir également sur Le HuffPost: Damien Abad quitte son ministère “avec beaucoup de regrets” et dénonce des “calomnies ignobles”

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      "France 2022": Véran ironise sur Ndiaye après une attaque de Bardella

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 9 June, 2022 - 23:22 · 2 minutes

    Olivier Véran, ici quittant l'Élysée à Paris, le 8 juin 2022. Olivier Véran, ici quittant l'Élysée à Paris, le 8 juin 2022.

    LÉGISLATIVES - Pouvoir d’achat, retraites, éducation... Olivier Véran, le ministre chargé des Relations avec le Parlement et ex-ministre de la Santé et des Solidarités, a été pris pour cible ce jeudi 9 juin lors d’un débat parfois houleux sur France 2, par les représentants de la gauche comme de la droite et de l’extrême droite, à trois jours du premier tour des législatives .

    L’un des échanges les plus virulents a porté sur l’Éducation nationale ( à écouter dans la vidéo plus bas ), lorsque Jordan Bardella , président par interim du Rassemblement national, a accusé le ministre Pap Ndiaye d’avoir “fait des parallèles nauséabonds, immondes, entre la police française dans la banlieue aujourd’hui et la police de Vichy”, de “faire de la comptabilité ethnique” ou d’être “ouvertement un militant d’extrême gauche, woke, décolonialiste”.

    Il “va donc avoir en charge l’éducation de nos enfants, ben franchement ça promet”, a encore lancé Jordan Bardella, avant d’avancer: “Je pense là que c’est un renvoi d’ascenseur d’ Emmanuel Macron vers Jean-Luc Mélenchon , qui a appelé à voter pour Emmanuel Macron au second tour, donc c’est peut-être un moyen de le remercier. Je pense que M. Blanquer doit être bien triste ce soir.”

    “Je trouve ça scandaleux”

    “J’ai même lu dans un journal d’extrême droite sans doute qu’il mangeait les enfants d’ailleurs (...) C’est pitoyable Jordan Bardella”, a rétorqué Olivier Véran lors de cette émission spéciale intitulée France 2022 .

    “Je trouve ça scandaleux”, a continué le ministre. “Invitez-le, discutez avec lui, débattez avec lui, faites-vous votre propre idée. Vous êtes en train de porter aux nues quelqu’un qui n’a pas commencé une action publique, qui vient de s’engager dans la vie publique, qui va porter la réforme de l’Éducation nationale; vous êtes en train de le porter au pilori et j’ai ma petite idée de la raison pour laquelle vous le faites M. Bardella”.

    Après l’annonce du nouveau gouvernement d’Élisabeth Borne le 20 mai , les responsables de l’extrême droite -dont Jordan Bardella ( lire le tweet plus bas )-avaient rivalisé de postures indignées pour dénoncer le successeur de Jean-Michel Blanquer au ministère de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye .

    En cause, notamment: les positions de cet intellectuel reconnu au sujet de divers thèmes qu’exècre l’extrême droite, comme les luttes contre les discriminations ou la visibilité des minorités.

    À voir également sur Le HuffPost : Vous ne comprenez rien aux législatives? On vous décrypte le lexique

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      Nouveau gouvernement: Chez les ministres reconduits, des promotions et des déceptions

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 21 May, 2022 - 11:24 · 4 minutes

    Gabriel Attal est promu ministre délégué chargé des Comptes publics, tandis qu'Olivier Véran n'est plus ministre de plein exercice. Gabriel Attal est promu ministre délégué chargé des Comptes publics, tandis qu'Olivier Véran n'est plus ministre de plein exercice.

    POLITIQUE - Renouveau, mais pas trop. Sur les vingt-huit responsables politiques qui composent le premier gouvernement d’Elisabeth Borne , quatorze, soit la moitié, étaient déjà présents sous Jean Castex. Marlène Schiappa, Julien Denormandie, Jean-Michel Blanquer sont parmi les principaux éconduits d’une vague qui fait la part belle aux poids lourds du premier quinquennat.

    Et chez les restants, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Entre promotions, progression dans l’ordre protocolaire ou espoirs déçus, la première mouture de ce gouvernement apporte, au-delà des petits nouveaux ou des profils déjà ciblés par l’opposition, son lot d’enseignements. Tour d’horizons des survivants.

    Les promus

    Emmanuel Macron et sa Première ministre ont choisi de promouvoir toute une génération qui les a, semble-t-il, convaincus au cours des derniers mois. L’exemple le plus éloquent est sans doute du côté de Gabriel Attal, le benjamin du gouvernement. L’ancien secrétaire d’Etat chargé de lancer le Service national universel, devenu porte-parole du gouvernement en juillet 2020, décroche le ministère (délégué) en charge des Comptes publics.

    Le budget à 33 ans, c’est une première... et la promesse d’un potentiel tremplin. Un coup d’œil à la liste des responsables qui ont occupé ce poste clef avant lui – de Gérald Darmanin, à Bernard Cazeneuve, en passant par Valérie Pécresse, François Baroin, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy ou Jacques Chirac – permet de s’en rendre compte.

    Dans ce jeu des chaises musicales, c’est Olivia Grégoire, 43, ans, qui le remplace au porte-parolat. Un rôle d’envergure pour celle qui occupait jusqu’ici le poste de secrétaire d’Etat à l’Economie sociale et solidaire.

    Dans le même esprit, Olivier Dussopt, qui passe du Budget au ministère du Travail, Marc Fesneau, qui laisse les Relations avec le Parlement pour l’Agriculture, ou Brigitte Bourguignon, qui récupère le portefeuille global de la Santé après s’être consacrée à l’Autonomie, peuvent se targuer d’une belle promotion. Tout comme Sébastien Lecornu, lequel devient le plus jeune ministre des Armées après avoir été ministre des Outre-mer.

    Les confortés

    Au-delà de ces changements de postes et de statuts, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ont surtout opté pour une large continuité dans les rôles clefs. Avec des poids-lourds confortés.

    C’est le cas par exemple de Bruno Le Maire. L’ancien cadre des Républicains, ministre tout au long du premier quinquennat, voit son portefeuille (déjà conséquent) s’élargir. Désormais numéro deux du gouvernement – il était cinquième jusqu’à présent –, le ministre est en charge de l’Economie, des Finances, de la Souveraineté industrielle et du numérique. Son collègue à l’Intérieur, Gérald Darmanin, reste, quant à lui, place Beauvau... et grimpe, lui aussi, dans l’ordre protocolaire (de numéro 5 à numéro 3.)

    Même mouvement, bien que plus surprenant, pour Eric Dupond-Moretti. Le garde des Sceaux, souvent donné dans les sortants, est reconduit à son poste malgré des relations conflictuelles avec les syndicats et ses délicatesses avec la Justice. Il est soupçonné d’avoir profité de sa fonction pour régler des comptes avec des magistrats avec lesquels il avait eu maille à partir quand il était avocat dans deux dossiers. L’ancien ténor du barreau passe même du onzième rang protocolaire au quatrième. Ce n’est pas si anodin pour celui qui a battu la campagne pour Emmanuel Macron, avant de renoncer à se présenter aux élections législatives.

    Les espoirs déçus

    Dans ce contexte, et à l’heure où le président de la République espère insuffler une nouvelle méthode, il fallait forcément des déçus pour laisser place à de nouvelles têtes. Selon Le Parisien , Gabriel Attal et Clément Beaune “voulaient mordicus” le ministère des Comptes publics, notamment pour le tremplin qu’il représente. Le poste a été très disputé, raconte le quotidien... et perdu par le “Monsieur Europe” d’Emmanuel Macron, lequel ne cache pas son envie de prendre des responsabilités en Macronie.

    La déception reste malgré tout relative puisque l’ancien conseiller élyséen conserve le portefeuille des Affaires européennes, qui devient un ministère. Il pourra ainsi s’installer chaque mercredi à la table du Conseil des ministres, lui qui était secrétaire d’Etat jusqu’à présent.

    Reste Olivier Véran. L’ancien ministre de la Santé est celui qui perd le plus de plumes entre le gouvernement Castex et celui d’Elisabeth Borne. “J’ai été ministre de la crise sanitaire pendant deux ans. J’aimerais bien maintenant être ministre de la Santé à temps plein” , expliquait-il à L’Obs, en mars dernier. Las, il sera finalement chargé des Relations avec le Parlement et de la Vie démocratique.

    Le neurologue de formation perd son ministère de plein exercice, au profit de Brigitte Bourguignon, et se cantonne à un rôle de ministre déléguée auprès d’Elisabeth Borne. Un moindre mal, sans doute, pour celui qui “s’est battu XXL” et même “ roulé par terre pour obtenir quelque chose ”, selon plusieurs sources dans les colonnes du Parisien, alors qu’il devait initialement garnir les rangs des recalés.

    À voir également sur Le HuffPost: Mélenchon fustige le nouveau gouvernement mais épargne Ndiaye

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      Après l'accord PS-LFI, les socialistes déçus se font draguer de tous les côtés

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 6 May, 2022 - 12:28 · 4 minutes

    L'ancien socialiste Olivier Véran (ici à l'Élysée en juin 2020) s'est adressé aux socialistes mécontents de l'accord avec LFI. L'objectif est simple: les faire rallier LREM. L'ancien socialiste Olivier Véran (ici à l'Élysée en juin 2020) s'est adressé aux socialistes mécontents de l'accord avec LFI. L'objectif est simple: les faire rallier LREM.

    POLITIQUE - L’ennemi de mon ennemi doit devenir mon ami. Ce vendredi 6 mai, après la concrétisation de l’alliance PS-LFI pour les législatives , certains partis rivaux partent en opération séduction auprès des déçus de l’accord. Ils jouent pour cela aussi bien sur le fond du programme de la NUPES que sur les répartitions des circonscriptions.

    Après EELV et le PCF , le Conseil national du Parti socialiste a adopté à une large majorité l’accord conclu avec les Insoumis. Une large majorité oui, mais pas l’unanimité. Sur 292 votants, 101 se sont prononcés contre (38%) et 24 se sont abstenus. Soit 125 socialistes qui pourraient se laisser convaincre, sans compter tous ceux qui ne sont pas membres de l’instance du PS et désapprouvent l’union.

    Pour la majorité présidentielle, ce sont autant d’élus à ramener dans son giron. L’enjeu est d’autant plus important pour LREM que récupérer les déçus de l’accord et ceux tentés par une candidature dissidente permettrait, au moins sur la forme, de renforcer sa jambe gauche.

    Véran écrit à ceux qui “se sentent apatrides”

    Ce vendredi, Stanislas Guérini et Olivier Véran ont donc joué les rabatteurs. Le ministre de la Santé va jusqu’à s’inspirer du titre “DKR” de Booba pour encourager les socialistes qui “se sentent apatrides” à franchir le cap d’un ralliement. “Faut-il quitter ce parti en pleine errance idéologique et dans ce cas, où militer désormais? À ceux-là, je dis d’abord: ce n’est pas vous qui quittez le parti socialiste, c’est lui qui vient de vous quitter, par ce choix désespéré. Aujourd’hui je reste convaincu que les combats que nous avons menés ensemble, c’est au sein de la majorité présidentielle que vous pourrez les porter demain”, écrit Olivier Véran.

    Sur RTL, le délégué général d’En Marche fait de même: “j’appelle les sociaux-démocrates qui étaient sincèrement convaincus de ce qu’a porté pendant des années le PS” à rejoindre la majorité. “Ceux qui ne font pas le choix de l’insoumission mais qui font le choix de l’action, je leur dis que nos portes sont grandes ouvertes”, assure Stanislas Guérini, lui aussi ancien socialiste.

    Moins direct, le secrétaire d’État aux Affaires européennes Clément Beaune signe, lui, dans Le Monde une tribune où il étrille la position de Jean-Luc Mélenchon vis-à-vis de l’Europe. Et conclut: “Gouverner, c’est choisir ; légiférer, c’est changer. Ce n’est pas désobéir. Notre pays mérite mieux qu’un débat déguisé: ceux qui changent la vie et l’Europe, c’est nous”. Sous-entendu: pas la NUPES.

    Le PRG propose une bannière commune

    À gauche, le Parti radical de gauche, esseulé depuis son refus de négocier avec LFI va plus loin et s’engage ouvertement à soutenir les candidatures dissidentes. “Le PRG tend la main à toutes celles et ceux qui se présenteront librement pour les élections législatives” écrivent les responsables du parti dans un communiqué diffusé ce vendredi. Ils leur proposent même une bannière commune “La gauche au réel: Républicaine écologiste européenne laïque”.

    Toute la stratégie de la NUPES repose sur la présentation d’un seul candidat par circonscription, de quoi éviter la dilution de l’électorat de gauche et donc maximiser les chances de victoires. Selon les accords conclus avec LFI, tous les candidats dissidents seront donc exclus.

    Les chefs des partis y ont souscrit, mais en interne, ce point crispe. Ainsi, lors des débats du PS, la conseillère de Paris Lamia El Arage a reçu le soutien de la salle lorsqu’elle a demandé si, dans l’hypothèse où elle maintenait si candidature face à la députée LFI Danielle Simmonnet, “l’un d’entre vous prendra la responsabilité de m’exclure?”. Son cas a fait l’objet d’une résolution votée à la quasi-unanimité pour renégocier la circonscription avec les Insoumis. L’ambiance est la même au PCF, avec la possible investiture de Taha Bouhafs à Vénissieux (en banlieue lyonnaise), au détriment de la maire communiste Michèle Picard.

    À voir également sur Le HuffPost: De RN à LREM, une passion soudaine pour les débats internes de la gauche

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      Reconfinement : remettre la liberté au cœur de l’équation

      Olivier Maurice · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 30 January, 2021 - 04:00 · 10 minutes

    reconfinement

    Par Olivier Maurice.

    Folle journée que ce mercredi 27 janvier 2021, où tout a basculé en quelques heures.

    Pendant que se tenait un énième conseil de défense, infusaient un peu partout les échos de la colère d’un président de la République qui aurait été passablement énervé par la position du conseil scientifique et son manque de solution, ou plutôt son acharnement à vouloir imposer la seule et unique solution connue, à savoir un reconfinement dur pour combattre sa peur d’une nouvelle flambée épidémique .

    Il faut dire aussi que depuis la veille, les médias avaient commencé à évoquer les émeutes qui se produisent maintenant chaque soir depuis plusieurs jours dans toutes les villes des Pays-Bas, pour s’opposer, non pas à un confinement, mais à la mise en place d’un simple couvre-feu après 21 heures. Ces violences font écho à d’autres, au Danemark, en Espagne, en Italie, en Israël ou au Liban où les forces de l’ordre débordées ont fait usage de leurs armes.

    Toute la matinée, les réseaux sociaux ont bouillonné de déclarations comme #JeNeMeConfineraiPas, la petite moitié du pays opposée aux mesures sanitaires et au reconfinement voulant faire entendre sa voix.

    L’ombre du en même temps flottait sur le pouvoir, et le pronostic était clairement au statu quo.

    Quand soudain, le vent s’est mis à souffler dans l’autre sens. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, annonçait en effet, à la sortie dudit conseil, que différents scénarios étaient désormais à l’étude, allant du maintien du couvre-feu à celui d’un reconfinement très serré.

    Le signal était très clair : le gouvernement allait essayer de verrouiller le maximum de soutiens en tout genre et il se donnait juste le temps de préparer le discours qui viendrait annoncer les modalités d’un nouveau ruissellement d’interdits et de formulaires.

    C’est ce moment-là qu’a choisi un restaurateur de Nice pour signifier son ras-le bol de la situation en décidant tout simplement de braver les interdits et d’ouvrir son restaurant, sous les applaudissements et les cris de « liberté, liberté » d’un bon nombre de clients venus l’encourager.

    La réaction a été immédiate. Sur les réseaux, #JeNeMeConfineraiPas à fait place à #DesobeissanceCivile.

    Le restaurateur a été mis en garde à vue . Son cuisinier, étranger, va être expulsé. La machine médiatique s’est tout de suite efforcée de sortir les énergumènes les plus folkloriques pour expliquer que ce que l’on pouvait prendre pour une bouffée de révolte citoyenne était en fait un phénomène isolé provenant de la mouvance complotiste des adorateurs du grand spaghetti volant avec des casques à cornes.

    Pendant ce temps-là, à l’Assemblée nationale, le gouvernement poussait sa majorité à dissoudre purement et simplement la commission d’enquête parlementaire sur la Covid le concernant, provoquant la fureur de l’opposition.

    Pendant que le ministre de la Santé, Olivier Véran, tentait d’expliquer aux parlementaires que si les rapports du conseil scientifique n’étaient pas rendus publics, c’est qu’ils étaient trop techniques pour eux .

    Devant un tel flottement au plus haut niveau de l’État, la question n’est plus de savoir s’il y aura un reconfinement, ni de savoir si celui-ci sera suivi d’une explosion de colère.

    La question est de savoir quelle ampleur l’un et l’autre vont prendre. Il reste en effet très peu de chance que l’on évite le scénario du pire, économiquement, socialement et politiquement.

    Reconfinement : la montée des oppositions

    La France est clairement coupée en deux et cette fracture montre les limites du et-de droite-et-de-gauche qui tient lieu de politique gouvernementale et qui, plutôt que de réconcilier le pays, n’a fait que le diviser encore plus profondément.

    De folklorique qu’elle a pu paraître au début de la crise, l’opposition à la réponse politique et sociale au problème médical et surtout organisationnel de l’État français n’a fait qu’enfler, pour être maintenant quasiment à jeu égal avec le parti de la peur et de l’interdiction.

    De plus en plus de voix se font entendre pour dénoncer la fausse évidence d’une solution présentée comme étant la seule possible. Malgré le lynchage moral permanent et l’avalanche de qualificatifs dégradants dont sont systématiquement affublés les moindres opposants à la sainte parole, ce message commence malgré tout à être compris et porté par de plus en plus de Français.

    Nous sommes passés en quelques mois de Didier Raoult à François de Closets … en quelques jours de Francis Lalanne à Laurent Ruquier .

    En parallèle au débat d’idées, l’ineptie des mesures, la désorganisation manifeste des autorités et l’arrogance des responsables politiques, des experts et des médias sont de plus en plus mal supportées par toute une partie de la population qui se voit de plus en plus touchée par les mesures de restrictions.

    Le couvre-feu ciblé ne marche pas ? Il faut instaurer un couvre-feu national. Le couvre-feu à 20 heures ne marche pas ? Il faut instaurer un couvre-feu à 18 heures. Le couvre-feu à 18 heures ne marche pas ? Il faut confiner.

    Quelle sera donc la prochaine étape de cette escalade dans l’absurdité ?

    Un dialogue de sourds

    Cela dit, il semble que la population accepte cette rhétorique ridicule depuis quarante ans : le socialisme ne marche pas , il faut davantage de socialisme et c’est forcément la faute du libéralisme. Il n’est que trop évident qu’en termes de politique sanitaire, nous avons droit exactement au même sophisme : si les restrictions ne marchent pas, c’est parce que les Français ne respectent pas les restrictions . Il faut donc davantage de restrictions.

    Un réel bras de fer s’est engagé entre l’appareil d’État et une partie de la population, cette dernière de plus en plus exaspérée par le manque d’effets malgré les efforts consentis et l’État incapable de se remettre en cause et rejetant le manque de résultats sur les supposés mauvais comportements des citoyens .

    Combien de temps encore les Français vont-ils accepter d’être tenus responsables des défaillances d’un système qui est supposé les servir et non l’inverse ?

    Depuis le début de la crise, le gouvernement cumule les erreurs et ce qui pouvait à l’époque paraître des choix ou des décisions malencontreuses prises devant l’urgence de la situation s’est révélé avec le temps de totales absurdités dont de plus en plus de personnes voient maintenant l’évidence.

    Remettre de la raison dans ce chaos de peurs

    On ne soigne pas les malades en punissant les bien-portants.

    Ce n’est pourtant pas très compliqué comme principe ! Il n’y a aucun calcul, aucun égoïsme ignoble à déclarer une telle banalité !

    Ce serait plutôt l’inverse : les irresponsables, les nuisibles qu’il faudrait mettre sous contrôle, ce sont les politiciens, les experts et les anonymes qui nous expliquent du matin au soir que leur comportement est irréprochable, mais que ce sont les autres qui leur voudraient du mal en faisant n’importe quoi.

    Bien sûr, ces angoissés maladifs sont de bons clients pour le spectacle de l’information. Mais on ne combat pas une épidémie avec des émotions et des leçons de morale.

    C’est cette musique qu’il faut faire taire de toute urgence en remettant les choses à leur place, en contredisant non seulement les politiciens qui en font l’écho, mais surtout tous ces donneurs de leçons du quotidien qui ont clairement besoin qu’on leur remette les pendules à l’heure et qu’on leur dise les yeux dans les yeux qu’il y en a assez de leur narcissisme exacerbé qui les pousse à blâmer les autres en permanence et sans aucun complexe.

    L’excuse de la sidération ne fonctionne plus : cela fait maintenant un an que nous vivons dans cette situation. Cette psychologie inversée sonne de plus en plus faux…

    Il est vraiment temps de prendre les choses au sérieux : apporter une réponse concrète et non pas émotionnelle au problème que la surréaction et la surévaluation ont largement contribué à exacerber.

    L’impasse du reconfinement

    Les innombrables ratés dans la communication, la stratégie, l’organisation, sur les masques, les tests, l’équipement des hôpitaux, puis maintenant sur les vaccins ne font en fait que cacher le fond du problème et celui-ci est d’un ordre bien plus grave.

    Pour quels résultats sommes-nous en train de sacrifier le pays tout entier, la jeunesse et les entrepreneurs en premier lieu ?

    Clairement pas pour investir dans le futur. Le monstrueux coût économique , budgétaire et social est tout entier consacré au colmatage du navire qui fuit de partout et en premier lieu sert à honorer un contrat dont toute une partie de la population est exclue.

    Plus grave, il paraît de plus en plus évident que le poids des défaillances du système de santé est justement supporté par ceux n’y ayant pas accès ou qui ne l’utilisent pas : les lycéens, les étudiants, les indépendants, les précaires, les commerçants…

    Le pays découvre dans la douleur que la solidarité nationale ressemble en réalité à une distribution savante de privilèges destinés à certaines catégories : les salariés des grosses entreprises, les retraités aisés, les fonctionnaires, voire les écoliers… tous ceux pour qui la question de la fin du mois ou de l’avenir n’est pas une source d’angoisse permanente. Les mêmes qui réclament à tue-tête un reconfinement, car quatre semaines de reconfinement, ce sont quatre semaines de vacances payées aux frais de la princesse.

    La précarité des autres trouvait jusqu’à présent sa compensation dans la liberté : la liberté d’être son propre patron, de diriger son travail comme on le veut, celle de pouvoir découvrir le monde à l’adolescence, de choisir son avenir, celle de réaliser ses passions, de créer, de vivre…

    Que reste-t-il de ces libertés ? Quel avenir ont-ils devant eux ? Quand tout cela s’arrêtera-t-il ?

    Ceux-là sont en train de se demander si vraiment tout cela pourra s’arrêter un jour sans qu’ils ne fassent entendre leur voix. Et dans ce pays, on a énormément de mal à exprimer son désaccord calmement…

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      État d’urgence sanitaire : l’Assemblée nationale réduite à néant

      Francis Richard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 23 January, 2021 - 03:40 · 4 minutes

    état d

    Par Francis Richard.

    Le 20 janvier 2021, à l’Assemblée nationale, avait lieu l’examen par les députés de la demande de prorogation par le gouvernement de l’état d’urgence sanitaire .

    L’état d’urgence sanitaire a été voté une première fois pour la période du 24 mars 2020 au 10 juillet 2020. Il a été renouvelé à partir du 17 octobre 2020 et prorogé une première fois, le 14 novembre 2020, jusqu’au 16 février 2021.

    L’état d’urgence sanitaire

    L’état d’urgence sanitaire est une mesure exceptionnelle que peut prendre le conseil des ministres en cas de catastrophe sanitaire, due, par exemple, à une épidémie, qui mettrait en péril la santé de la population.

    Encore faut-il qu’il y ait sans conteste catastrophe sanitaire… Pour cela, le gouvernement s’est révélé maître dans l’art de transformer une épidémie , qu’il ne fallait certes pas sous-estimer, en catastrophe sanitaire.

    En effet, pour masquer son impéritie et son imprévoyance, il a délibérément tenu sur cette épidémie des propos alarmistes et pour ce faire, a utilisé, au fil du temps, les indicateurs qui semblaient les justifier.

    L’interdiction de prescrire et de traiter

    La stratégie qu’il a adoptée était une stratégie perdante puisqu’il a formellement interdit aux médecins de prescrire des remèdes, c’est-à-dire de traiter les malades, et, compte tenu de la calamité qui en est résulté, a pris les mesures calamiteuses que l’on sait.

    Cet état d’urgence sanitaire lui a permis en toute légalité de porter atteinte à des libertés individuelles fondamentales (celle de se déplacer, d’entreprendre ou de se réunir) et de réquisitionner des biens et services portant là atteinte aux droits de propriété.

    Les mesures prises lors d’un état d’urgence sanitaire doivent en principe être proportionnées aux risques encourus. Or ce n’a pas été le cas puisque les catastrophes économiques et sociales qui se profilent seront certainement plus sévères que le mal qu’il fallait combattre.

    État d’urgence : les crises d’autorité d’Olivier Véran

    Lors des débats de la première séance du 20 janvier 2021 , dans l’après-midi, le ministre des Solidarités et de la Santé, le socialiste Olivier Véran s’est une nouvelle fois distingué par le mépris dans lequel il tient les députés qui osent le contredire ou demander des comptes.

    Le 3 novembre 2020, le ministre, faisant une crise d’autorité, avait demandé aux députés qui le chahutaient et qui ne voulaient pas l’entendre de sortir de l’hémicycle … Cette fois, il a dit à ses contradicteurs que la place d’un député est dans l’hémicycle et pas ailleurs…

    Très naturellement, puisque les membres du Conseil scientifique, aussi éminents soient-ils, ont été nommés et n’ont pas été élus, des députés ont eu l’outrecuidance de vouloir les contrôler et avoir accès à leurs discussions.

    État d’urgence : des discussions trop techniques pour les députés

    Ces discussions sont d’une grande importance puisqu’en découlent des avis sur lesquels se base le gouvernement pour prendre ses décisions calamiteuses. Mais, pour le ministre socialiste, ces discussions sont trop techniques pour les députés.

    Le ministre socialiste expose que sa dernière saisine du Conseil scientifique portait sur la question suivante :

    Disposez-vous d’éléments quant aux probabilités d’efficacité des vaccins par ARN messager sur des variants engageant des mutations de la protéine S du coronavirus, notamment sur le VOC 20201/01 ?

    Le député Julien Aubert a eu beau jeu de lui dire qu’ on peut supposer que [des députés] pourraient – en particulier ceux d’entre eux qui sont médecins – parfaitement siéger au Conseil scientifique. Cela permettrait de savoir si les membres de cette instance sont toujours unanimes, surtout sur des sujets qui touchent aux libertés publiques et fondamentales .

    Les députés ne servent qu’à enregistrer

    Mais l’opacité est la règle pour cette instance ad hoc, qui a été créée par la seule volonté du Président de la République . Julien Aubert a pourtant rappelé que sa composition n’a fait l’objet d’aucun débat, que ses décisions ne font l’objet d’aucune publicité et qu’elle échappe donc aux règles de la CADA, la Commission d’accès aux documents administratifs .

    À ce moment-là, à quoi servent donc les députés ? À enregistrer, comme dans une république bananière. Lors de la deuxième séance du 20 janvier 2021, l’Assemblée nationale a d’ailleurs prorogé l’état d’urgence jusqu’au 1er juin 2021 par 113 voix contre 43. Il n’y avait en effet que 160 votants sur un total de 577 députés…

    Où se terraient les autres députés, notamment ceux de la République en marche vers l’autoritarisme technocratique ? Peut-être se confinaient-ils déjà, par avance… En tout cas, ils n’étaient même pas dans l’hémicycle où Olivier Véran voudrait qu’ils se cantonnent et enregistrent sans discuter ce qui leur est demandé d’entériner.

    Sur le web

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      Véran estime les députés incapables de comprendre le Conseil scientifique

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 22 January, 2021 - 04:45 · 3 minutes

    confinement véran

    Par Frédéric Mas.

    Les discussions du conseil scientifique sont-elles trop techniques pour être évaluées par les parlementaires ? C’est ce que semble penser Olivier Véran , et avec lui le gouvernement Macron.

    Lors de la discussion qui s’est tenue à l’Assemblée nationale dans le cadre de la prorogation de l’état d’urgence sanitaire, Olivier Véran a estimé publiquement qu’il n’était pas du rôle des parlementaires d’évaluer les prises de décision du conseil scientifique, dont les décisions « trop techniques » échapperaient à l’entendement ordinaire de nos élus.

    Le député Julien Aubert (LR) s’en est ému et a fait plusieurs observations qui méritent d’être citées. Le travail ordinaire des parlementaires est toujours assez technique, puisqu’ils participent à des commissions en charge de sujets aussi compliqués que l’éolien ou la politique énergétique du pays.

    Sur les sujets touchant à la santé publique, il existe parmi les députés des médecins qui ne sont pas totalement étrangers aux questions sanitaires, et qui pourraient très bien servir de référents pour les élus. Enfin, le conseil scientifique est une création politique ad hoc d’Emmanuel Macron, ses décisions sont totalement opaques, il n’a de compte à rendre qu’à l’exécutif et ses décisions ont un impact direct sur les libertés publiques qui nous ont été confisquées depuis mars dernier.

    Julien Aubert ajoute à juste titre que son président s’exprime sur les plateaux de télévision sans que l’on sache exactement si c’est en son nom ou en celui de président du conseil.

    Les députés sont-ils débiles ?

    On se souvient qu’Emmanuel Macron s’est fait élire en promettant de remettre à plat l’hyperprofessionnalisation de la vie politique française. En Marche ! – qui deviendra rapidement La République en Marche – choisit ses candidatures pour les élections législatives de 2017 par inscription sur internet en fonction du CV. Une grosse majorité de ses candidats est issue de la société civile, et n’a pas d’expérience politique en dehors de celle toute nouvelle de LREM.

    Depuis, les années ont passé et les crises successives, des Gilets jaunes aux retraites en passant par la pandémie, ont changé le visage du macronisme : la société civile célébrée contre le vieux personnel politique est désormais sous tutelle des experts de la bureaucratie sanitaire.

    En tout cas les députés sont considérés moins compétents que les citoyens tirés au sort pour évaluer la politique nationale sur le climat ou la couverture vaccinale.

    L’exécutif ne juge pas bon de rendre publiques les délibérations du conseil scientifique, mais s’attache à créer des comités de citoyens tirés au sort pour orienter des politiques publiques tout aussi complexes. Là encore, les procédures de désignation des citoyens randomisés laissent aussi à désirer, mais tout le monde au sein du monde médiatico-politique semble se satisfaire de cette démocratie Potemkine.

    D’un côté, l’exécutif ignore la représentation élue, ce qui est inquiétant en démocratie, et de l’autre, il crée des comités sur mesure, d’apparence démocratique, pour légitimer ses entreprises sans concertation aucune. Le macronisme, sous régime d’exception, est donc un régime d’experts cooptés soustrait au contrôle des assemblées. Et ce n’est pas près de finir : l’état d’urgence sanitaire a été reconduit mercredi dernier dans l’indifférence générale.

    La démocratie libérale est pourtant aussi un exercice d’humilité : elle exige que ses experts se soumettent au scrutin des élus qui matérialisent le consentement aux institutions. Rappeler une telle évidence n’est pas superflu par temps d’état d’exception sanitaire.

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      Covid : perquisitions chez les ministres, justice d’exception ou justice spectacle ?

      Laurent Sailly · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 18 October, 2020 - 03:30 · 6 minutes

    perquisitions

    Par Laurent Sailly.

    C’est un véritable coup de tonnerre judiciaire qui a éclaté jeudi 15 octobre 2020. Alors que tous les commentaires concernaient l’intervention présidentielle de la veille et le couvre-feu déclaré dans les grandes métropoles françaises, on apprenait dans la matinée, que plusieurs perquisitions étaient en cours au domicile et bureau du ministre de la Santé, Olivier Véran et d’autres responsables dans le cadre de l’enquête sur la gestion de la crise sanitaire.

    Perquisitions chez les ministres

    Dans le même temps, les gendarmes de l’OCLAESP (Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique) et des policiers de l’OCLCIFF (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales), ont perquisitionné chez le directeur général de la Santé Jérôme Salomon et la directrice générale de Santé Publique France, Geneviève Chêne, ainsi qu’aux domiciles ou dans les bureaux d’Édouard Philippe, Agnès Buzyn, et Sibeth Ndiaye.

    Ces perquisitions ont été décidées, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte le 7 juillet dernier, par la Cour de justice de la République (CJR) sur la gestion de la crise du coronavirus.

    Depuis le début de la crise du coronavirus, 90 plaintes contre des ministres ont été adressées à la CJR, seule instance habilitée à juger les membres du gouvernement pour l’exercice de leur fonction. Neuf d’entre elles ont été jugées recevables , plaintes portant notamment sur « l’incohérence des mesures » prises au sommet de l’État ou encore « l’absence d’application des recommandations de l’OMS ».

    De son côté, le parquet de Paris, qui a reçu plusieurs dizaines de plaintes ciblant parfois des responsables de l’administration, a ouvert le 9 juin une vaste enquête préliminaire, notamment pour « homicides involontaires » ou « mise en danger de la vie d’autrui ».

    Réactions politiques aux perquisitions

    Les réactions politiques n’ont pas manqué. « Ça n’est pas l’urgence aujourd’hui, on doit lutter contre la deuxième vague et je ne suis pas persuadé qu’on doive perdre du temps avec ça » , a réagi sur BFMTV le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde, qui ne croit « pas à la responsabilité pénale des ministres dans cette affaire » .

    « Je vois vraiment dans cette perquisition ordonnée au lendemain de la déclaration du président de la République par les plus hauts magistrats une vraie déclaration de guerre de la justice au pouvoir politique » , a estimé sur LCI Gilbert Collard, député européen proche de Marine Le Pen.

    « Je ne trouve pas que ces perquisitions soient opportunes, il y a une judiciarisation de la vie politique. C’est plus une mise en scène qu’autre chose » , a déploré sur LCI le député LFI Éric Coquerel.

    Ces trois interventions, émanant de trois ténors politiques de famille différente éloignée de la majorité gouvernementale, soulèvent trois problématiques : la responsabilité pénale des ministres, le risque d’un pouvoir des juges, la judiciarisation de la vie politique. Dans cet article, nous ne nous interrogerons que sur la première des trois problématiques.

    La responsabilité pénale des ministres

    Un des piliers de la démocratie réside dans sa capacité à évincer du pouvoir ceux qui en abusent ou ne répondent pas aux attentes du détenteur de la souveraineté, c’est-à-dire le peuple dans les démocraties libérales modernes.

    Pour Benjamin Constant, « les ministres sont souvent dénoncés, accusés quelquefois, condamnés rarement, punis presque jamais… » .

    La responsabilité pénale permet de mettre fin à la fonction du ministre qui s’est rendu coupable d’un délit, d’un crime, ou a failli à sa mission de façon grave et de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de son pays et cette sanction peut être assortie de condamnations pénales.

    Une procédure qui a évolué sous la Ve République

    La responsabilité pénale des membres du gouvernement, pour les actes commis dans l’exercice de leurs fonctions, a connu une évolution très importante en 1993. Auparavant, ils étaient responsables, comme le président de la République, devant la Haute cour de justice, sur décision du parlement.

    Depuis la révision constitutionnelle du 27 juillet 1993, un particulier peut déclencher les poursuites devant la Cour de justice de la République. Les requêtes sont examinées par une commission composée de magistrats professionnels, et sont ensuite soit classées, soit transmises au procureur général près la Cour de cassation pour saisir la Cour de justice de la République.

    Celle-ci est composée de 12 parlementaires et de trois juges professionnels (magistrats du siège à la cour de cassation), dont l’un préside la cour.

    Art. 68-1 de la Constitution de la Vème République

    Les membres du gouvernement sont pénalement responsables des actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes ou délits au moment où ils ont été commis.

    Ils sont jugés par la Cour de justice de la République.

    La Cour de justice de la République est liée par la définition des crimes et délits ainsi que par la détermination des peines telles qu’elles résultent de la loi.

    La Cour de justice de la République « constitue un privilège qui n’a plus de raison d’être »

    La Cour est accusée d’être une justice d’exception, symbole d’une justice à deux vitesses. Sa création en 1993 avait pourtant pour objectif de réconcilier l’opinion publique avec ses responsables politiques.

    En effet l’opinion jugeait très sévèrement la classe politique qui lui semblait échapper aux règles communes en particulier lors de certaines affaires liées au financement de la vie politique et surtout lors de l’affaire dite du sang contaminé.

    La légitimité de la CJR est contestée. Selon Cécile Guérin-Bargues, professeure de droit public, ses décisions sont peu convaincantes, les condamnations très faibles, parfois assorties de jugement moraux.

    De plus les ministres sont jugés par la CJR mais leurs conseillers par les tribunaux ordinaires, conduisant ainsi à une justice à deux vitesses et des jugements peu cohérents.

    Supprimer la CJR ?

    Plusieurs projets ou propositions de lois constitutionnelles ont proposé de supprimer la CJR. Les ministres devraient être jugés par les juridictions pénales de droit commun, y compris pour les actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions, après autorisation préalable de la commission des requêtes.

    En 2018, un autre projet de loi proposait la suppression de la CJR, les ministres devant être jugés par la cour d’appel de Paris. Cette solution bancale doit être écartée.

    Les perquisitions ne sont que le début

    Toujours est-il que nous ne sommes qu’au début de la procédure judiciaire. Si l’un ou l’autre des protagonistes devait être déclaré coupable, une condamnation définitive n’est pas attendue avant de très longues années (les recours judiciaires sont nombreux).

    Quant à une parodie de justice, mon caractère optimiste me pousse à la rejeter. À défaut de ce positionnement, il faudrait accepter être dans un pays avec un régime autocratique. En cas d’acquittement des ministres poursuivis, nul doute que les accusations de parodie de justice fleuriront.

    Mon inquiétude porte sur un éventuel lynchage électoral ou politique via les réseaux sociaux des personnes incriminées face à la disparition progressive de la présomption d’innocence en France.

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      Olivier Véran dans le viseur du Président ?

      Olivier Maurice · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 19 September, 2020 - 03:45 · 7 minutes

    olivier véran

    Par Olivier Maurice.

    En définitive, ce n’est pas seulement le Conseil scientifique qui s’est fait sérieusement souffler dans les bronches lors du Conseil de défense de vendredi de la semaine dernière, mais également Olivier Véran qui en a clairement pris pour son grade .

    Le ministre de la Santé avait jusqu’à présent réussi à passer entre les gouttes. Il avait astucieusement réussi à sortir quasiment indemne de la pantalonnade des masques métamorphes, ceux-là même qui étaient miraculeusement passés de « interdits sous peine de prison » en « obligatoires sous peine d’amende ». La brave Sibeth Ndiaye s’était à l’époque portée courageusement volontaire désignée d’office pour servir de fusible et exploser en plein vol dans un grand sourire un peu crispé.

    Mais il semble bien que le coup ne soit pas passé cette fois-ci.

    Le fiasco des tests est semble-t-il arrivé aux oreilles d’Emmanuel Macron qui s’est fâché tout rouge devant la blague à 54 millions d’euros par semaine . Il faut dire qu’entre la version officielle qui promet des résultats disponibles dans les 24 heures suivant le prélèvement, et la réalité qui peut dépasser allégrement la semaine, voire deux, voire même trois en additionnant le temps pour obtenir un rendez-vous, il y aurait comme qui dirait… une légère différence.

    Une semaine, c’est à peu près le temps que dure la maladie dans 95 % des cas, c’est-à-dire que les tests reviennent en général quand ils ne servent plus à rien.

    La France dans le viseur de Bruxelles

    Vendredi dernier, juste après le conseil de défense, Emmanuel Macron avait rendez-vous pour déjeuner avec Charles Michel, le président du Conseil européen.

    Rappelons qu’à l’issue du sommet fleuve du mois de juillet , il a été décidé que c’était au Conseil européen que reviendrait la charge de s’assurer de la bonne utilisation des 100 milliards d’argent magique du plan de relance attribué à la France. Bonne utilisation signifiant en l’occurrence résultats économiques.

    L’accord a fini par être conclu dans la douleur, mais uniquement à la condition de cette vérification régulière. Après un court moment d’incompréhension devant une requête aussi incongrue, Emmanuel Macron avait fini par plier devant les pays un peu plus respectueux de l’argent de leurs contribuables et ne vouant pas une confiance aveugle aux promesses des politiciens des pays du sud de l’Europe.

    C’est bien beau de demander de l’argent en promettant monts et merveilles. Mais dans ce cas-là, il faut accepter de se retrouver avec un bailleur sur le dos qui vient vérifier de temps en temps comment vont les choses.

    Entre un État qui dépense à tort et à travers l’argent des citoyens et un État qui doit rendre des comptes pour chaque centime dépensé et qui a tout intérêt à se tenir à carreau, il n’est finalement pas vraiment certain que la perte de souveraineté soit finalement une si mauvaise chose que ça…

    Dans ce contexte, on comprend vite que le scénario apocalyptique hurlé à la cantonade par le Conseil scientifique et l’hypothèse évoquée de-ci de-là d’un nouveau confinement généralisé n’aient pas été très bien reçus par l’Europe.

    La reprise économique dépend en grande partie de la capacité à gérer le développement de l’épidémie, et une semaine pour se faire tester, plus une semaine pour avoir les résultats, ça ne fait pas très sérieux.

    Le ministre de la Santé dans le viseur de l’Élysée

    Mais il semble aussi se dessiner derrière toute cette histoire un contexte politique ayant comme ligne de mire les prochaines élections présidentielles de 2022. Les grandes manœuvres commencent plus vite que prévu cette saison. À moins qu’au réveil de ses vacances, le futur candidat Macron ne se soit rendu compte que l’année Covid avait sérieusement perturbé son agenda .

    Ce n’est un secret pour personne, le conglomérat La République en Marche a explosé en vol depuis belle lurette et ne tient plus que par des rustines et des bouts de ficelles. Entre le flou total à droite et la débandade à gauche, les velléitaires ne se cachent même plus dans le brouillard de l’ex-majorité présidentielle pour essayer d’occuper le terrain.

    Emmanuel Macron n’a donc pas dû résister trop longtemps pour foncer sur l’occasion d’écorner au passage la popularité d’Olivier Véran et avec lui la frange gauche de la nébuleuse LaREM qui, attirée par les récents succès des écologistes, prend de plus en plus ses aises, allant même jusqu’à voter contre le discours de politique générale du nouveau Premier ministre.

    Le système de santé dans le viseur d’Olivier Véran

    C’est donc un peu penaud, et sans doute aussi un peu inquiet, que le ministre de la Santé s’est présenté devant la presse jeudi après-midi pour tenter d’expliquer que tout allait bien, mais que tout allait mal, qu’il y allait avoir une deuxième vague, qui n’est pas vraiment une vague, que l’hôpital était prêt, mais qu’il risquait ne pas pouvoir gérer…

    À la décharge d’Olivier Véran, il va sans doute falloir un petit moment pour rattraper le temps perdu par les pleurnicheries et les mesures de prophylaxie moyenâgeuses du comité scientifique.

    Enfin, la bonne nouvelle, c’est que la France semble enfin s’orienter vers la mise en place d’une stratégie ciblée de traitement des foyers de contamination et que les autorités commencent enfin à se résoudre à tourner le dos aux mesures indifférenciées, hautement liberticides et totalement inefficaces qui ont été imposées aux Français, ainsi qu’en témoignent l’assouplissement des mesures sanitaires dans les écoles, la départementalisation des mesures et la réduction de la période d’isolement.

    Mais pour y parvenir, le ministre de la Santé devra se battre sur plusieurs fronts et il aura surtout à affronter un obstacle de taille : la lourdeur et la lenteur de son administration .

    Il ne va pas être simple pour le docteur Véran de devenir le ministre Véran et de se détacher de la corporation des mandarins qui avait dès le début de son mandat estimé qu’elle était bien plus compétente que le ministre pour diriger le pays.

    Olivier Véran a quelques semaines pour tout régler

    La route semble encore bien longue et faire le tri dans la farandole d’interdictions et d’obligations coûteuses et inutiles semées ici et là au gré de l’humeur et de l’imagination depuis 6 mois, le tout sans trop se renier ou perdre la face, ne sera pas une partie de plaisir.

    Les mesures présentées jeudi par Olivier Véran correspondent à ce qu’il aurait fallu mettre en place dès avril pour le déconfinement . Sans vouloir enfoncer le clou, c’est ce que les pays asiatiques font depuis le début et ce que de nombreux pays, dont l’Allemagne, ont mis en place au plus vite ; et ce dont on parle de façon récurrente dans ces colonnes depuis le début de l’épidémie .

    Mais il reste encore de bien nombreuses questions à l’ordre du jour et de bien nombreux problèmes à régler :

    • Comment intégrer dans le dispositif sanitaire la médecine de ville et les hôpitaux privés qui ont dès le début de la crise été dédaignés par les pontes hospitaliers ?
    • Comment mettre en place un réel parcours de soins personnalisé afin d’identifier rapidement les personnes infectées, soigner les malades et prendre en charge le plus vite possible les cas graves et les plus à risque ?
    • Comment passer du recensement administratif des clusters à un réel suivi médical ?
    • Et surtout comment faire retomber l’incroyable atmosphère anxiogène totalement contreproductive et largement injustifiée ?

    Il est maintenant clair qu’Olivier Véran n’a devant lui que quelques petites semaines pour régler une longue liste de problèmes.

    Le tout dans une joyeuse ambiance de franche camaraderie : il ne sera pas très difficile de trouver un remplaçant au devenu gênant ministre de la Santé en cas d’échec de celui-ci, y compris dans les rangs de l’actuel gouvernement.

    Le président de la République, en bon joueur d’échec, a pris soin d’inviter un ex-ministre de la Santé (également ex-ministre de l’Écologie), pharmacienne de surcroît, et nouveau ministre de la Culture, à chaque conseil de défense hebdomadaire.