• Co chevron_right

      Intoxication massive aux pesticides, intox grosse comme une maison

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 26 January, 2023 - 03:50 · 11 minutes

    C’est l’histoire d’un article « scientifique », outrageusement militant malgré le ton mesuré, publié par un éditeur de revue qui ne pouvait pas ignorer qu’il était faux et fallacieux. En bref, comment gesticuler avec des irritations de la peau et autres petits désagréments pour vilipender les produits de protection des plantes (« pesticides »). Et comment polluer le débat public et tenter de dévoyer les décisions politiques.

    L’Agence Bio a suscité un micro-séisme sur Twitter avec un gazouillis qui annonçait qu’il y a chaque année au moins 385 millions d’intoxications graves aux pesticides dans le monde. Le gazouillis a été vite retiré quand il était devenu évident que cela n’avait aucun sens.

    Mais il a suscité la curiosité et nous a mené à ce qu’on peut qualifier en langage politiquement correct de dérive de la publication scientifique. Heureusement, dans ce cas d’espèce, l’article a été peu médiatisé, et cela ne s’est pas traduit par une dérive dans les politiques publiques.

    Notons que Libération a produit un démontage de l’article scientifique. Non sans égratigner au passage, gratuitement, deux sources d’information, M. François-Marie Bréon et Mme Emmanuelle Ducros.

    La source : une étude « scientifique »…

    L’Agence Bio s’était fondée sur « The global distribution of acute unintentional pesticide poisoning: estimations based on a systematic review » (la distribution mondiale des intoxications aiguës non intentionnelles par les pesticides : estimations basées sur une étude systématique) de Wolfgang Boedeker, Meriel Watts, Peter Clausing et Emily Marquez. Cet article avait été publié dans BMC Public Health , une revue en Pay for Play avec comité de lecture, en décembre 2020. Curieusement, il n’avait pas fait beaucoup de vagues à l’époque.

    Un exercice de haute voltige…

    En bref, les auteurs ont pioché des données dans la littérature scientifique, et dans la base de données de l’OMS sur les causes de décès et les ont extrapolées à la population agricole mondiale.

    Du résumé :

    « … Environ 740 000 cas annuels [d’intoxications aiguës non intentionnelles par les pesticides] ont été rapportés par les publications extraites, soit 7446 décès et 733 921 cas non mortels. Sur cette base, nous estimons qu’environ 385 millions de cas d’ [intoxication] se produisent chaque année dans le monde, dont environ 11 000 décès. Sur la base d’une population agricole mondiale d’environ 860 millions de personnes, cela signifie qu’environ 44 % des agriculteurs sont intoxiqués par des pesticides chaque année »

    Les articles scientifiques portaient sur 58 pays, mais souvent sur de petites populations étudiées. Cela explique en partie le rapport de 1 à… 520 entre le nombre de cas d’intoxications rapportées et le nombre de cas estimés. Pour les décès, ce rapport n’est que de 1 à 1,48.

    du Pesticide Action Network…

    Les auteurs sont des membres du Pesticide Action Network ( PAN ), un réseau d’organisations anti-pesticides, ou d’anciens membres du conseil d’administration de PAN Germany . Et l’étude a été commandée par le PAN

    Bref, un signal d’alarme retentit : article militant ?

    Une méthodologie qui pose question

    Bien sûr, cela ne suffit pas pour un classement vertical de l’étude.

    Pour commencer, on peut s’interroger sur l’ampleur alléguée du phénomène : 44 % des agriculteurs intoxiqués chaque année ? Crédible ?

    On peut aussi creuser, les auteurs ayant été transparents (cela mérite d’être noté). Voici donc quatre exemples.

    Le cas de la France

    Les auteurs se sont servis de Baldi et al. , « Agricultural exposure and asthma risk in the AGRICAN French cohort » (exposition agricole et risque d’asthme dans la cohorte française AGRICAN). Ils utilisent « une prévalence de 7,7 % d’empoisonnements pour une population d’agriculteurs avec 81 déclarations sur un échantillon de n=1,04 ». Et ils extrapolent à la population agricole française (recensement de 2008) pour arriver à 57 863,3 cas (admirez la précision, avec une décimale…).

    Le « n = 1,04 » est faux. C’est 1,048, mais c’est un détail. Baldi et al. ont toutefois rapporté une incidence de 845 répondants sur 13 900, ce qui donne 6,1 %. Pourquoi alors 7,7 % ?

    C’est que, conformément à ce qu’ils ont expliqué sous « Méthodes », confrontés à deux valeurs, les auteurs ont choisi de retenir la plus forte… en l’occurrence celle de la sous-population des répondants ayant déclaré un asthme. Ils ont donc extrapolé à la population agricole générale une valeur liée à une population particulière. Ce n’est pas sérieux !

    En outre, les chiffres de Baldi et al. ne se rapportent pas à une année mais à la carrière des répondants. Libération écrit en intertitre : « En France, une grossière erreur statistique ».

    Le cas du Malawi

    Les auteurs ont utilisé Kasambala Donga et Eklo, « Environmental load of pesticides used in conventional sugarcane production in Malawi » (charge environnementale des pesticides utilisés dans la production conventionnelle de canne à sucre au Malawi).

    Ils écrivent : « Le symptôme le plus fréquent était l’irritation de la peau, 78 % des agriculteurs (43 sur 55) déclarant avoir ressenti ce symptôme. »

    Ici aussi, des chiffres se rapportant à la carrière sont extrapolés en cas annuels au niveau national (4 738 553), puis en chiffres sous-continentaux.

    Et c’est à partir d’un panel de répondants minuscule, pour un effet majoritairement bénin et pour une culture spécialisée, troisième plus gros « consommateur » de pesticides au Malawi, mais cultivé sur près de 30 000 hectares seulement.

    On peut aussi poser ici la question – évoquée par Kasambala Donga et Eklo – de savoir si les applicateurs ont pris les mesures de précaution nécessaires et, partant, s’il est raisonnable d’attribuer aux pesticides des intoxications qui résultent, au moins en partie, de l’imprudence des applicateurs ou encore de leur impécuniosité non compensée par des mesures sociales, comme la fourniture de masques.

    Le cas du Ghana

    Ae-Ngibise et al. « Pesticide exposures in a malarious and predominantly farming area in Central Ghana » (exposition aux pesticides dans une zone de malaria et d’agriculture prédominante au centre du Ghana) porte comme le suggère son titre sur deux types d’usage de pesticides.

    Selon le résumé, « [l]es symptômes fréquents qui ont été signalés après la pulvérisation étaient la toux (32,3 % ; 336/1040), la difficulté à respirer (26,7 % ; 278/1040) et l’irritation de la peau (39,0 % ; 406/1040) ».

    Conformément à leur méthodologie, les auteurs ont extrapolé les 39 % de l’irritation de la peau à l’ensemble de la population agricole (1 792 758).

    Là encore se pose la question de la représentativité du panel de répondants.

    En outre, Ae-Ngibise et al. avaient relevé que « [l]a majorité des ménages qui ont déclaré avoir utilisé des pesticides ont dit que les femmes de leur foyer les avaient aidés à les pulvériser (69,3 %, 721/1040). 50,8 % (366/721) l’ont fait en portant leurs bébés sur le dos. » Cela pourrait constituer un cas de sous-évaluation – toujours en fonction de la fort contestable méthode utilisée.

    Le cas de l’Inde

    Libération relève que « les auteurs de l’étude ont fait la moyenne des pourcentages d’intoxications aiguës aux pesticides des six études retenues… sans les pondérer par la taille des échantillons des différentes études ».

    Pire, on a agrégé des données sur des populations allant de 78 à 500 personnes, de statut différent (agriculteurs, travailleurs, fonctionnaires agricoles, vendeurs), travaillant dans des secteurs différents (dont des vergers, ce qui produisait près de 100 % d’intoxications), pour des durées couvertes par les réponses différentes et même inconnues.

    Et c’est ainsi qu’on a pu obtenir une morbidité moyenne de 62 % et un nombre d’intoxications de… 145 005 045 dans la population agricole.

    ( Source )

    Un article revu par les pairs

    Si l’article présente un intérêt, c’est peut-être parce que les observations des pairs ont été publiées – et que cela jette une lumière crue sur l’édition scientifique ou une partie de celle-ci.

    Il y a eu dix contributions, en deux séries.

    Et il y a de quoi s’étonner devant le contenu de certaines observations et devant l’absence de réponse effective à des commentaires pertinents.

    Selon le premier « reviewer » , « [l]a méthodologie semble vraiment bonne » !

    Dans le même temps :

    « Il ne serait pas possible de décrire la méthodologie détaillée pour chaque étude [à partir de laquelle les extrapolations ont été faites], mais il serait bon de comprendre un peu mieux la méthodologie commune utilisée dans plusieurs études. Les tableaux donnent quelques informations approximatives. Mais actuellement, je suis un peu frustré de ne pas comprendre comment la plupart des études ont été réalisées. Une simple description des types les plus courants pourrait être présentée dans un encadré. »

    Pour le troisième , l’étude fondée sur certaines limites apparentes (évidentes ?), l’utilisation de termes non (communs ? – il y a une faute de frappe) de pesticides, et une petite taille des échantillons ne soutient pas sa conclusion.

    Le reviewer N° 6 écrit :

    « Mais j’ai une préoccupation majeure, à savoir la définition d’une intoxication aiguë par les pesticides comme « un ou plusieurs symptômes après la pulvérisation « . Je pense que le nombre d’intoxications est susceptible d’être fortement surestimé par cette définition. »

    C’était un commentaire sur le manuscrit original (non disponible). L’auteur de la critique a mis le doigt sur l’ambiguïté du mot « aigu » ( acute ), pris dans son acception de « grave » – comme l’a sans doute fait l’Agence Bio – alors qu’en toxicologie il s’oppose à « chronique» et « subchronique ».

    Sauf erreur, il n’y a plus de définition dans le texte publié et les chiffrages n’ont sans doute pas été révisés.

    Mais on a une réponse sur la nature et la gravité des symptômes d’intoxication dans les informations complémentaires comme le montrent les exemples ci-dessus.

    Dans la deuxième volée de commentaires, on trouve ceci :

    « Je n’ai pas d’autres commentaires et je peux recommander la publication de l’étude. Je pense qu’elle va créer un certain débat car les chiffres sur les [intoxications] sont peu sûrs et probablement trop élevés. Mais la question mérite d’être discutée et pourrait conduire à d’autres tentatives pour arriver à une incidence correcte sous différentes méthodes d’application. »

    En bref : il est constaté – et admis – que c’est de la science poubelle militante.

    De fait, il fallait oser extrapoler d’environ 740 000 cas annuels d’intoxications rapportés par les publications à 385 millions – un rapport de 1 à 520, rappelons-le – sur la base de publications scientifiques (ou « scientifiques ») disparates. Idem pour le passage du million de cas annuels estimé par l’OMS en 1990 à 385 millions de cas.

    Mais cette « science » a été publiée.

    Ici on peut s’interroger sur l’éthique de l’équipe de rédaction et de l’éditeur de la revue. On est dans le même registre que pour cette infameuse étude sur des rats atteints d’énormes tumeurs.

    L’industrie envoie une lettre à l’éditeur

    C’est écrit en tout petit sur la page web – ce qui interroge aussi sur l’éthique de l’éditeur : il y a eu une lettre à l’éditeur .

    Elle est de S. Eliza Dunn et Jennifer E. Reed ( Bayer ) et Christoph Neumann ( CropLife International ).

    En résumé :

    « Nous avons lu avec intérêt l’article intitulé « The global distribution of acute unintentional pesticide poisoning : estimates based on a systematic review « . Nous sommes tout à fait d’accord qu’il est important d’évaluer l’ampleur de ce problème. Nous aimerions comprendre les chiffres fournis dans cet article, qui semblent surestimer la charge mondiale des intoxications par les pesticides. Nous pensons également qu’il est important d’aborder les avantages de ces produits chimiques pour une évaluation complète. »

    Dans la lettre il y a :

    « … Par conséquent, les résultats rapportés par Boedeker et al. ne sont pas assez solides pour sous-tendre des décisions politiques mais ont servi à mettre en évidence des lacunes importantes dans les connaissances. Dans ces conditions, nous serions disposés à collaborer avec les auteurs pour explorer une méthode d’évaluation plus robuste afin de soutenir les efforts visant à réduire la charge mondiale de l’UAPP.

    […]

    Un débat constructif et informé sur le rôle de la protection des cultures et de l’utilisation des pesticides dans la production alimentaire durable est productif et la sécurité des pesticides doit être abordée en partenariat avec les gouvernements, les agriculteurs, les ONG et les autres parties prenantes.

    Pour la collaboration, on peut oublier !

    Le Pesticide Action Network milite pour l’ostracisation de l’industrie de protection des plantes et l’abolition de l’ accord de coopération entre l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et CropLife International … dont l’un des objectifs est pourtant la gestion appropriée des pesticides et une meilleure protection de la santé humaine et de l’environnement.

    Et pour le débat constructif, on peut aussi oublier !

    • Co chevron_right

      Oxfam contre les riches

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 19 January, 2023 - 04:00 · 5 minutes

    Cela faisait longtemps que l’on n’avait plus entendu parler d’Oxfam.

    L’ONG britannique sort à peine d’une série de scandales qui ont grandement entamé sa crédibilité mais la prochaine mobilisation sur la réforme des retraites présentait une trop belle occasion pour qu’elle tente à nouveau de faire parler d’elle. Et comme d’habitude, Oxfam aura mis les pieds dans le plat en prétendant que « taxer la fortune des milliardaires français à hauteur d’à peine 2 % permettrait de financer le déficit prétendument hors de contrôle des retraites »

    Oxfam ne pouvait pas rater une telle occasion de sortir une énorme bêtise.

    Parce que bien évidement, sa solution ne mène à rien et est basée sur des calculs erronés et une totale incompréhension des mécanismes économiques.

    La fortune des « milliardaires » : cette formule n’a pas plus de sens que la notion même de milliardaire. Si on compte uniquement l’argent en banque sur un compte courant et les billets et pièces dans les poches, il n’y a pas de milliardaire. Personne n’a plus d’un milliard d’euros sur son compte en banque. Au mieux, certaines personnes peuvent posséder des parts de sociétés qui elles peuvent avoir une telle somme disponible en liquidité.

    La richesse pour les anticapitalistes

    Pour assouvir la soif de jalousie et habiller leur homme de paille, Oxfam et avec elle tout une bande de prétendus « économistes » ont donc construit leur propre calcul.

    En ligne de mire, le fameux « capital » défini depuis Karl Marx selon la formule alambiquée suivante :  le capital est la somme d’argent utilisée pour acquérir les équipements, les biens et services nécessaires à la production (matières premières, biens de production, énergie, etc.), additionnée de la somme d’argent servant à payer les salariés, en attendant que la production de ces derniers soit vendue et engendre des rentrées d’argent.

    Mais comme cette définition du capital est bien trop compliquée et conduit à un montant bien trop faible (vu qu’il ne s’agit en fait que du volume du fonds de roulement nécessaire pour faire tourner une activité économique en payant fournisseurs et salariés) les « économistes » ont tout simplement étendu la notion de capital à celle de propriété.

    Alors que la définition de Marx comparait deux flux différents : celui alimenté par les ventes et celui alimenté par le salaire, les « économistes » se sont mis à comparer des bananes et des navets. À moins que ce soient des carottes et des navets ? Ou alors des bananes et des carottes ? Personne ne sait vraiment et si vous faites bien attention, on parle toujours d’estimation de fortune quand on essaie de décrire la richesse des « milliardaires ».

    Estimation, parce que en regardant de plus près, cela n’a absolument aucun sens. De quoi est composée la « fortune » de Bernard Arnault , de Bill Gates ou d’Elon Musk ? Essentiellement de portefeuilles d’actions dont la valeur est estimée en multipliant le nombre par la valeur unitaire.

    On peut comparer cette richesse à celle du vase de Chine de votre arrière-grand-mère que vous avez mis en vente 1000 euros sur un site de vente en ligne depuis trois ans et qui n’a jamais trouvé acheteur. Si on suit la logique d’Oxfam, il faudrait vous taxer de 2 % sur cette somme de 1000 euros que vous n’avez pas.

    Notez que si on reprend la définition de Marx, ça n’a pas de sens non plus. Taxer le capital revient à aller prélever de l’argent dans le fonds de roulement servant à payer les fournisseurs et les salariés. On comprend donc immédiatement ce qui se passe : une diminution de l’activité et du chômage parce qu’il n’y a alors plus assez d’argent pour faire tourner l’activité. C’est d’ailleurs pour cette raison même que Marx pensait que le capitalisme ne pouvait tomber que par une révolution et que les tentatives de régulation du système n’aboutiraient qu’à accroître la misère des prolétaires. C’est un des très rares points sur lequel on peut être d’accord avec lui.

    L’immoralité élevée en valeur

    Passons sur l’absurdité économique, les points les plus graves dans la diffusion d’idées telles que celles véhiculées par Oxfam sont moraux. Ce genre d’affirmation génère la haine sociale et encourage le crime.

    Utiliser la force pour allez se servir chez son voisin, ça s’appelle du vol ou du pillage. Que la force employée soit légale, démocratique ou soi-disant justifiée n’y change absolument rien.

    Penser que les riches ce sont les autres est à la fois totalement immoral mais également totalement faux. On est toujours le riche de quelqu’un d’autre. Au passage, c’est d’ailleurs une pensée profondément essentialiste dans le sens le plus répugnant, celui de l’essentialisme suprémaciste, vu sous l’angle d’infériorité.

    À long terme, ce genre de tolérance finit toujours par se révéler être un très mauvais calcul. Dès lors que l’on ferme les yeux sur la nuisance que l’on fait subir aux autres, que ce soit à son profit ou non d’ailleurs, il arrive toujours un moment où l’on se fait prendre à son propre jeu.

    Il arrive toujours un moment où l’on se trouve de l’autre coté du manche. La règle d’or morale (ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse) n’est pas juste un dogme illusoire inventé pour vous faire courber l’échine. C’est une règle à la fois empirique et logique.

    Dès lors que l’on invalide une justice morale au nom d’une autre justice morale, dans le cas présent, prendre de force de l’argent aux uns pour en donner aux autres, on invalide par là même toute la logique du raisonnement : rien ne permet plus alors de juger objectivement que l’opération soit juste ou non dans son ensemble.

    En d’autres termes : si vous admettez que l’on puisse commettre des actions immorales, vous devenez alors totalement illégitime pour juger, votre capacité de jugement n’a plus aucune valeur. Un juge ne peut pas être un criminel quand ça l’arrange.

    Rien ne permet de transformer par magie une chose injuste en une chose juste. La fin ne justifie jamais les moyens. Jamais.

    • Co chevron_right

      Consultation et écologie sur les betteraves et les néonicotinoïdes

      André Heitz · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 16 January, 2023 - 03:30 · 8 minutes

    Le citoyen lambda a l’opportunité de se prononcer sur un projet d’arrêté posant une question très technique. S’il est pris, les lobbies antipesticides pourront clamer que le gouvernement est à la botte des betteraviers et du lobby des pesticides. Dans le cas contraire, ce sont les betteraviers qui risquent de prendre un bouillon.

    ( Source )

    Le contexte

    Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire a mis en consultation publique jusqu’au 24 janvier 2022 un « projet d’arrêté autorisant provisoirement l’emploi de semences de betteraves sucrières traitées avec des produits phytopharmaceutiques contenant les substances actives imidaclopride ou thiamethoxam et précisant les cultures qui peuvent être semées, plantées ou replantées au titre des campagnes suivantes ».

    C’est en application de la loi n° 2020-1578 du 14 décembre 2020 relative aux conditions de mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques en cas de danger sanitaire pour les betteraves sucrières, qui modifie l’ article L. 253-8 du Code rural et de la pêche maritime .

    Cette loi était un compromis foireux destiné à rendre également insatisfaits et malheureux les députés « éconos » ou « agricos » et les députés « écolos » d’En Marche ! et surtout la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili (rappelons-le : numéro deux du gouvernement) et le ministre de l’Agriculture et de l’alimentation Julien Denormandie (rappelons-le aussi : numéro deux du gouvernement… en commençant par la fin).

    Mme Barbara Pompili avait dû avaler son chapeau en revenant sur la loi n° 2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages – son chef-d’œuvre précédent, dont la maternité est sans doute aussi revendiquée par Mme Ségolène Royal, à l’époque ministre de l’Environnement, de l’énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat (et « finaliste présidentielle » selon son compte Twitter…).

    Un morceau de bravoure avait consisté à graver l’interdiction des néonicotinoïdes à compter du 1er septembre 2018 dans le marbre de la loi. Celle-ci prévoyait prudemment des possibilités de dérogations mais très imprudemment seulement jusqu’au 1er juillet 2020.

    Toutefois, les faits sont plus têtus que les législateurs, qui sont pourtant des champions pour certains domaines, dont la bien-pensance écologique. Il a fallu une nouvelle possibilité de dérogations.

    On l’a limitée au problème le plus pressant (voir ci-dessous), aux semences de betteraves qui seraient enrobées de l’un ou l’autre des néonicotinoïdes susmentionnés afin de protéger les jeunes plantes contre des pucerons vecteurs de virus provoquant la « jaunisse ».

    Et les champions de l’entêtement ont concoté une usine à gaz devant permettre – pour les uns – de délivrer des dérogations décidées annuellement jusqu’au 1er juillet 2023 et – pour les autres – de faire échec à ces dérogations grâce à des combats d’arrière-garde (voir aussi ci-dessous).

    Et comme il s’agit d’une décision en matière d’environnement, il y a consultation du public…

    Ma réponse

    J’ai donc pris ma plus belle plume (façon de parler). Le texte envoyé ne comportait pas de gras ni de liens :

    « La dérogation de 120 jours est une nécessité agronomique, économique pour les producteurs, les filières d’aval et la Nation, environnementale et sociale.

    Il n’y a pas d’alternatives. L’ expertise de l’ANSES de juin 2021, correctement lue et interprétée, et l’ avis de l’EFSA de novembre 2021 le montrent.

    Les pertes de rendement de la campagne 2020 (30 % en moyenne, 60 % localement) ont montré l’ampleur du risque jaunisse.

    Il serait irresponsable de priver les producteurs d’une réponse simple et efficace au problème des viroses et de leur faire supporter les risques d’une année à pucerons et jaunisse. L’action politique – puisque le gouvernement et le Parlement ont choisi de politiser à outrance l’action technique – ne doit pas relever de prédictions et supputations style Mme Irma.

    Ce qui est en jeu, outre les filières d’aval (et parallèles comme la valorisation des co-produits), c’est aussi la souveraineté alimentaire – maintenant intégrée dans l’intitulé du ministère de l’Agriculture. Son importance a été rappelée par la crise de la covid et la guerre en Ukraine.

    Il serait tout aussi irresponsable de parier sur une année favorable et de prendre le risque de devoir indemniser les producteurs par nos impôts.

    Les néonicotinoïdes ont fait l’objet d’une extraordinaire campagne de dénigrement, et même d’une manœuvre sur le plan « scientifique » relevant de l’escroquerie, pour les faire interdire (c’est parfaitement documenté ). Ils ne sont certes pas anodins et présentent des dangers (à distinguer des risques, qui se gèrent) pour les abeilles et autres pollinisateurs.

    Leur emploi en enrobage des semences – surtout avec les conditions prévues par le projet d’arrêté, qui relèvent d’une sécurité type « ceinture et bretelles » – est toutefois très favorable à la protection de l’environnement dans une approche bénéfices-risques, plus favorable que les traitements aériens, peu nombreux et à l’efficacité problématique.

    En atteste, par exemple, l’ expérience des apiculteurs canadiens de l’Alberta (et australiens) qui n’ont aucun problème à mettre leurs ruches dans les champs de canola/colza et se sont opposés à l’interdiction des néonicotinoïdes .

    Le projet d’arrêté fait l’objet d’une campagne orchestrée de protestation prenant la forme d’une réponse prémâchée ignorant les vrais enjeux. Nombre de médias, à commencer par l’ AFP , se sont empressés de relayer quasi exclusivement le discours d’opposition, parfois avec des arguments particulièrement spécieux . Cela illustre la nécessité d’un effort d’explication et de vulgarisation de la part des pouvoirs et instituts publics.

    La recherche-développement n’obéit pas aux injonctions et petits arrangements politiciens. Il convient de modifier sans tarder la loi, de faire sauter le verrou de 2023 et de prévoir une procédure de décision pragmatique et efficace.

    Et faire accélérer l’adoption d’un régime favorable aux nouvelles techniques génomiques, susceptibles d’apporter une solution. »

    André Heitz, ingénieur agronome, retraité .

    Remarques

    Le projet d’arrêté est un copier-coller de l’arrêté de l’année dernière.

    Pour se prononcer, le gouvernement examinera notamment les prévisions climatiques saisonnières initialisées au 1er janvier 2023 et la présence de réservoirs viraux à l’automne (qui auront évidemment été recherchés par des collectes de matériel végétal sur le terrain, suvies par des analyses en laboratoire) :

    « En effet, les analyses de probabilités d’arrivée précoce de pucerons (qui disséminent les virus) sont fondées sur les prévisions climatiques saisonnières. Elles font partie des critères considérés pour évaluer le risque de pression phytosanitaire susceptible d’être rencontrée l’année prochaine [sic – on parle en fait du printemps 2023], tout comme la présence de réservoirs viraux à l’automne [2022], qui pourraient contaminer les pucerons qui iront ensuite infecter les cultures de betterave sucrière. »

    Ce sont les « prédictions et supputations style Mme Irma »…

    Ne nous attardons pas sur les prévisions « climatiques » à quatre ou cinq mois…

    La contestation menée notamment par Générations Futures porte essentiellement sur l’absence de réservoirs viraux.

    Selon leur réponse type, citant une annexe du dossier du ministère :

    « Mais surtout les données sur les réservoirs viraux fournies montrent une pression virale bien moindre qu’en 2020 et 2021 puisque « Aucune plante n’est positive aux virus (de la jaunisse) à date du début décembre. Seuls [sic], six plantes ont un statut douteux. » »

    Bien évidemment, les deux néonicotinoïdes – qui furent utilisés pendant des années, et pas seulement en enrobage des semences et le sont toujours dans de nombreux pays – sont « des substances extrêmement dangereuses pour l’environnement et la santé »…

    C’est toutefois un peu plus complexe dans le rapport de l’INRAE. Il y a aussi ceci :

    « … En 2021-2022, sept parcelles avaient également été analysées en décembre puis à nouveau en février : aucune des plantes n’était positive en décembre alors que 4 parcelles sur 7 contenaient des plantes positives en février.

    Ainsi, l’absence de résultats positifs à la date de décembre ne préjuge pas d’une évolution ultérieure défavorable. »

    Mme Irma encore !

    Et Gribouille, l’incurie législative et administrative : pour donner aux semenciers le temps de conditionner les semences, il faut/faudrait décider sur la dérogation avant la fin janvier (la dérogation de l’année précédente était datée du 31 janvier) alors même que l’ensemble des données qui seraient pertinentes ne sont pas encore réunies… et sont impossibles à réunir !

    Gribouille encore quand le ministère s’épanche dans son laïus sur sa page internet sur le « plan national de recherche et d’innovation (PNRI) doté de 7 millions d’euros de crédits de l’Etat, pour un montant global supérieur à 20 millions d’euros… ». Croix de bois, croix de fer, on aura les solutions magiques pour les semis de 2024. Euh…

    « Après deux années de recherche, les instances du PNRI considèrent, même si certaines pistes sont prometteuses, qu’il n’existe pas de solutions alternatives aux NNI déployables à l’échelle de l’ensemble de la sole betteravière en 2023 pour quatre raisons principales… »

    Quatre raisons principales qui démontrent que les « 23 projets scientifiques dont l’objectif est de trouver des alternatives aux néonicotinoïdes » s’inscrivent, pour ceux qui sont réalistes, dans le long terme. Quant à l’approche la plus prometteuse, qui ferait appel aux techniques génétiques, elle est bloquée par une législation européenne sur les OGM délirante.

    On ose espérer que le gouvernement prendra son arrêté. Mais alors les lobbies antipesticides pourront clamer qu’il aura cédé aux betteraviers et au lobby des pesticides.

    Dans le cas contraire, le gouvernement prendra un pari et éventuellement ce seront les ou des betteraviers qui prendront le bouillon.

    • Co chevron_right

      Comment détruire l’industrie (1)

      David Zaruk · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 8 December, 2022 - 03:30 · 21 minutes

    Ceci est la première partie d’une analyse sur la disqualification de l’industrie.

    Je suis souvent perplexe devant la manière dont les acteurs de l’industrie se perçoivent. Ils se contentent souvent d’être le zèbre pas-tout-à-fait-le-plus-lent de la horde, qui continue de brouter joyeusement parce qu’aujourd’hui les lions se repaissent de la carcasse d’un autre.

    Mais que feront ces zèbres demain, lorsque des militants anti-industrie reviendront dans la savane réclamer du sang ? Vont-ils radicalement changer d’attitude ? La horde va-t-elle s’unir pour former un front uni de défense ? Ou vont-ils attendre aveuglément, sans rien faire, en espérant que l’inévitable ne se produise pas ?

    Hélas, ces zèbres pas-tout-à-fait-les-plus-lents ne font rien du tout. La plupart des lobbyistes de l’ industrie semblent avoir baissé les bras face au processus réglementaire (tout en suivant le mouvement). Conscients que leur voix est censurée à Bruxelles , ils se battent juste pour conserver leur substance ou leur procédé sur le marché pour trois années supplémentaires. Ils ne peuvent pas lutter contre le rouleau compresseur du principe de précaution de l’UE, alors ils se tortillent pour obtenir des dérogations, fournissent des données industrielles que personne ne lit et font continuellement appel des décisions juridiques inévitables.

    Mais rester sur le marché pour trois ans de plus n’est vraiment pas une stratégie.

    Comment la chaîne de valeur devrait-elle réagir face à une telle absence de leadership, d’innovation et de position favorable ? Les utilisateurs en aval vont-ils garder dans la formulation de leur produits une substance visée par le principe de précaution s’ils peuvent trouver une alternative (même moins séduisante) qui n’est pas attaquée par la réglementation ? Certains zèbres plus agiles ont quitté la horde et contribuent à la débâcle du marché au nom d’un « opportunisme d’alternatives ».

    Les entreprises ne tentent pas de changer la démarche réglementaire qui a été mise sens dessus dessous au cours des deux décennies écoulées et qui maintenant travaille contre elles (par exemple l’utilisation de l’approche basée sur le danger ou le principe de précaution appliqué comme un renversement de la charge de la preuve). Elles ne voient pas les ramifications – le fait que les assauts constants des médias, la destruction de la réputation et de la confiance ainsi que l’élimination politique de l’industrie, sont des menaces existentielles. Au lieu de cela, le zèbre pas-tout-à-fait-le-plus-lent se félicite pour ce qu’il n’est pas. Dans le secteur de la protection des cultures, il peut exprimer son soulagement que son entreprise est moins mal que Monsanto. Dans le secteur pétrolier, certains acteurs clament fièrement qu’ils ne sont pas comme ExxonMobil . Et alors qu’elles travaillent mollement pour accumuler des points ESG, toutes les industries s’exclament fièrement qu’elles ne sont pas comme celles du tabac ou de l’armement.

    Mais aux yeux du grand public, elles sont tout comme.

    Pendant ce temps, les militants des ONG à Bruxelles ont la vie plutôt facile.

    Leur stratégie est simple :

    1. Trouver une industrie vulnérable.
    2. Apporter de l’incertitude.
    3. Créer un lien entre un produit ou un mode de vie et une forme de cancer ou de destruction de l’environnement.
    4. Mettre en avant les victimes potentielles pour susciter l’indignation du public.
    5. Souligner les profits des entreprises.
    6. Aller à la case départ et toucher 200 dollars.

    On peut l’appliquer à presque toutes les hordes de zèbres. « Laver, rincer, recommencer ».

    La décennie écoulée a vu un coup plutôt audacieux d’ONG militantes (ainsi que d’acteurs de la réglementation, en particulier à Bruxelles) visant à écarter du dialogue sur les politiques publiques la plupart des industries, à susciter le dégoût du public et à éliminer les entreprises en tant que parties prenantes et acteurs de la société.

    Cette stratégie a réussi pendant la guerre contre le tabac et beaucoup de leurs moyens d’action sont à présent copiés-collés pour d’autres industries. Certains, en particulier dans l’industrie de la finance, se sont engagés dans les campagnes militantes et tentent d’obtenir les faveurs du public en envisageant une stratégie de décroissance ou une remise à zéro du capitalisme.

    Mais pensent-ils vraiment qu’on ne voit pas leurs zébrures ?

    Tabassage 1 : la réglementation par les tribunaux

    J’ai beaucoup écrit sur une partie de la démarche de tabassage dans ma série SlimeGate , où des ONG travaillent ouvertement et sans vergogne avec des cabinets d’avocats américains spécialisés dans les dommages et intérêts ainsi qu’avec quelques scientifiques militants frustrés pour contourner la démarche de réglementation.

    Pour l’essentiel, elles identifient une incertitude, créent des campagnes effrayantes, produisent quelques données scientifiques, composent un groupe de victimes, suscitent l’indignation envers des entreprises, puis déchainent un enfer de procès contre une société ou une industrie, jusqu’à ce que, acculées à la faillite, ces dernières se soumettent aux changements exigés ou abandonnent simplement un marché. Les militants ont un terme pour cette imposition plutôt indirecte d’une politique hors du processus démocratiques : la réglementation par les tribunaux.

    J’ai rencontré le mot « tabassage » en lisant le rapport d’une conférence « Établir la responsabilité des dommages du changement climatique : les leçons de la maîtrise du tabac » , supervisée par Naomi Oreskes, Union of Concerned Scientists, et le Climate Accountability Institute en 2012 à La Jolla, Californie. Cette réunion de juristes, de militants et de scientifiques avançait la thèse selon laquelle le lobby de l’industrie du tabac n’a pas capitulé avec l’accord-cadre sur le tabac en raison de la science, des contraintes réglementaires ou de l’indignation du public. Il a cédé à cause du coût financier insurmontable des procès en dommages et intérêts incessants qui menaçait de détruire totalement son industrie. Donc le petit manuel du plaignant de La Jolla consistait à appliquer la même stratégie à l’industrie du pétrole – à détruire la confiance du public puis à déchaîner sur les entreprises pétrolières un enfer de procès en dommages et intérêts en raison du changement climatique, jusqu’à ce qu’elles fassent faillite ou qu’elles changent leur modèle d’affaires.

    Peu après le rapport de La Jolla, des acteurs de la conférence ont été impliqués dans des dossiers en relation avec la convocation d’ExxonMobil par le procureur de l’État de New-York qui a mené à des procès contre la compagnie (pour ne pas avoir révélé ce qu’ils savaient au sujet du changement climatique). Ce n’est que le début d’une longue liste de procès en dommages et intérêts visant l’industrie du pétrole.

    Quelques années plus tard, lorsque le CIRC a conclu que l’herbicide nommé glyphosate était un cancérogène probable (c’est la seule agence scientifique ayant jamais atteint cette conclusion), des cabinets d’avocats américains spécialisés en dommages et intérêts, qui ont payé au moins quatre des scientifiques participant à ce comité d’évaluation du CIRC, ont déposé plus de 100 000 plaintes contre Monsanto. Pendant ce temps la compagnie a été absorbée par Bayer (qui a ensuite perdu la moitié de sa valeur en bourse). Nous voyons maintenant des scientifiques financés par ces mêmes cabinets d’avocats qui tentent de trouver des preuves reliant les tumeurs au cerveau et l’usage du téléphone mobile.

    Je suis certain que ces zèbres vont nier qu’il y a une stratégie de tabassage à l’œuvre contre leur industrie.

    Tabassage 2 : limiter la communication et interdire la publicité

    Les militants jouent un rôle-clé dans ce mode d’emploi afin de susciter l’indignation du public envers les compagnies visées, non seulement pour s’assurer que les jurys seront influencés au maximum mais encore pour inciter les acteurs de la réglementation à imposer des règles encore plus dures.

    Pour ce faire, ils ont besoin d’ostraciser la compagnie ou l’industrie et de lui retirer tout rôle en tant qu’acteur de la société. Elles doivent avoir le mauvais rôle. Pour y parvenir, les ONG ont repris la stratégie gagnante consistant à exclure l’industrie du tabac et à interdire la publicité pour le tabac.

    Il ne faut donc pas s’étonner qu’un groupe d’ONG anti-industrie mené par Greenpeace ait lancé une initiative citoyenne européenne pour tenter d’interdire la publicité de l’industrie des combustibles fossiles. Elles n’essaient même plus de faire preuve de créativité.

    Au cœur de la stratégie d’exclusion se trouve l’idée que les géants du pétrole ne sont pas des acteurs tolérables en société et qu’il faut ajouter leurs entreprises à une sorte de registre des agresseurs de l’environnement. Une organisation à laquelle il est interdit de communiquer vers ses consommateurs perd sa légitimité et son autorité (elle est sur liste noire alors que ses produits restent sur le marché).  Mais la société repose encore sur les combustibles fossiles et les consommateurs devraient pouvoir profiter des informations émises par tous. Réduire l’industrie du pétrole au silence entravera ses marques, limitera l’attrait pour ses innovations, lui retirera le moyen de répondre correctement aux campagnes et réduira ses parts de marché. C’est bien le but.

    Le tabac est resté sur le marché uniquement en raison de la fiscalité rapportant aux États, fiscalité qui a été régulièrement augmentée . Attendez-vous à la même chose à la pompe lorsque la crise de l’énergie en cours sera passée. Qui va pleurer lorsque les taxes sur le carburant vont crever le plafond pendant que le lobby vert subventionnera les solutions alternatives moins efficientes ? Tu n’as que ce que tu mérites, abruti qui roule au diesel au lieu de laisser tomber (c’est-à-dire au lieu d’acheter une voiture électrique). Peu importe que les véhicules électriques ne soient pas tout à fait verts ou que la plupart des consommateurs n’aient pas les moyens de se les payer.

    De plus, et on en a très peu parlé, la Commission européenne a maintenant interdit à tous ses représentants et fonctionnaires de parler directement à des employés d’entreprises en dehors des organisations professionnelles (alors que les lobbyistes de n’importe quelle ONG peuvent rencontrer facilement des représentants de l’UE). Cet honneur était autrefois réservé aux lobbyistes de l’industrie du tabac.

    Tabassage 3 : l’indignation publique plus forte que la science poubelle

    L’indignation publique contre les géants du tabac a fait que des travaux scientifiques de mauvaise qualité (sur les risques dus au tabagisme passif ou au vapotage) ont pu être examinés avec bien peu d’attention au cours de la démarche réglementaire.

    Les gens ne pouvaient plus supporter l’industrie et voulaient simplement croire que les conclusions de ces recherches étaient justes. Nous voyons que des affirmations infondées similaires contre le glyphosate prennent de l’ampleur, principalement grâce à l’indignation contre Monsanto et à cause d’acteurs de la réglementation trop peureux pour défendre les agriculteurs. À partir de conclusions littéralement fabriquées par plusieurs scientifiques militants (très bien payés par des cabinets d’avocats américains spécialisés en dommages et intérêts pour produire une phrase utilisable pendant les procès contre Monsanto), le public est maintenant prêt à accepter l’interdiction de tous les pesticides (sauf, bien entendu, ceux qui sont produits pour l’agriculture bio).

    Les fonctionnaires opportunistes qui veulent amadouer la foule des militants bruyants ont juste besoin de se saisir de l’ épingle de sûreté du principe de précaution pour obtenir leur faveur sans le moindre risque que des données ou des preuves viennent interférer avec cette stratégie. Pour les acteurs de la réglementation, pas besoin de réfléchir pour jouer la carte de la précaution (exiger qu’une substance soit prouvée sûre à 100 % avant toute chose) plutôt que de heurter de front des groupes de militants en colère ayant des amis dans les médias. Quel acteur de la réglementation raisonnable voudrait se faire l’avocat des faits scientifiques et porter un badge « Je suis Monsanto » au revers de sa veste ?

    Aujourd’hui nous voyons comment la « stratégie » de la Ferme à la Fourchette de la Commission européenne prévoit d’éliminer 50 % des pesticides utilisés actuellement et 20 % des engrais d’ici à 2030 sans la moindre base scientifique… Et personne ne semble avoir le courage de s’y opposer (en dehors de quelques agriculteurs et de l’industrie de la protection des plantes muselée et ostracisée). Le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans a même ignoré l’avis des scientifiques de la Commission européenne qui ont émis un avis négatif contre la stratégie de la Ferme à la Fourchette. Alors comment pourrait-on espérer que des données produites par l’industrie aient le moindre impact ?

    Des politiques qui manquent clairement de données et de preuves scientifiques passent chaque jour au travers de la démarche réglementaire de l’UE sur un large éventail de sujets, tels que le renouvellement de l’autorisation de nombreux pesticides (dont le glyphosate) ; des minéraux comme le lithium ; des produits chimiques comme le formaldéhyde ; des nanomatériaux dans les produits cosmétiques et les déchets d’emballages en plastique.

    Pendant ce temps, les acteurs de la réglementation font aveuglément la promotion d’alternatives vertes bien soutenues par des lobbys comme les énergies renouvelables, les véhicules électriques et des produits chimiques alternatifs sans données ou études suffisantes. Y a-t-il une seule organisation pan-industrielle ou pan-scientifique pour se lever et prendre la défense des politiques fondées sur la science ou lutter contre l’usage arbitraire du principe de précaution ? La science de l’industrie est réduite au silence ; ses données ont été dénigrées (tabassées).

    Si la plupart des parties prenantes et le public sont perçus comme étant opposés aux intérêts de l’industrie et à son engagement, alors des décideurs non élus et ambitieux comme Frans Timmermans n’ont pas besoin d’encombrer leur idéologie avec la réalité scientifique. Bienvenue à Bruxelles.

    Après le tabac, à qui le tour ?

    Les victoires obtenues contre l’industrie du tabac ont été simplement copiées-collées dans des stratégies militantes contre d’autres industries (avec ce qui semble être des trajectoires semblables vers la victoire). Alors, après le tabac, à qui le tour ? Quel est le zèbre qui sera demain au menu des ONG militantes ?

    La réponse à cette question dépend de vos intérêts.

    Il n’y a aujourd’hui qu’un nombre limité de lions (avec des objectifs de collecte de fonds croissants).

    Si vous êtes soucieux de la mondialisation, des conditions de travail dans les pays en développement et du commerce équitable, alors l’industrie du textile et de la mode bas de gamme est mûre pour une remise au pas forcée.

    Si vous travaillez pour le lobby de l’industrie de la nourriture bio, alors vous avez intérêt à écrabouiller l’agriculture conventionnelle et l’industrie des pesticides.

    Si vous êtes embarqué dans le mouvement pour le climat ou que vous avez des intérêts dans l’énergie renouvelable, alors les géants du pétrole sont en bonne posture pour être le prochain tabac.

    Les avocats américains assoiffés de sang (le lubrifiant de la machinerie de tabassage) semblent saliver sur la 5G et les risques sanitaires du téléphone mobile (qui transformeraient des compagnies comme Apple et Samsung en pots de miel).

    Quant aux géants de la pharmacie, choisissez votre poison : opioïdes, vaccins, dispositifs médicaux…

    Chaque industrie semble mûre pour le tabassage et les conséquences prévisibles sont effrayantes. Le seul espoir est que des crises surviennent avant que l’industrie soit complètement délégitimée. Que se serait-il passé pendant la crise Covid-19 si l’indignation envers les plastiques avait persisté au niveau politique ?

    La crise énergétique (après une stratégie de transition énergétique qui se passe de faits) a produit une recherche désespérée de tous les carburants fossiles disponibles dont nous n’étions pas encore désinvestis. Avec des pénuries et l’augmentation des prix de l’alimentation à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, certains dirigeants comme Emmanuel Macron suggèrent que la stratégie de la Ferme à la Fourchette de la Commission européenne pourrait être mise en sourdine. Pour des idéologues comme Frans Timmermans, il ne s’agit que de pauses temporaires dans leur inlassable stratégie de désindustrialisation.

    Que doit-il se produire pour que le public et l’industrie prennent conscience de cette absurdité ?

    Tant que le milieu des affaires ne se protège pas et ne riposte pas contre des stratégies de tabassage creuses, toutes les industries sont vulnérables.

    Il faut s’opposer collectivement à toutes les décisions politiques qui ignorent les preuves scientifiques ; il faut condamner énergiquement toutes les actions malhonnêtes ou opaques de groupes militants ; et il faut que toutes les parties prenantes s’unissent pour s’opposer à tous les opportunismes populistes des acteurs de la réglementation (c’est-à-dire refuser de participer à la démarche réglementaire).

    Il ne devrait pas y avoir de discrimination ni de sélection parmi les industries à défendre.

    Si l’industrie des pesticides lutte contre une démarche réglementaire qui fait fi des données scientifiques les plus claires, alors l’industrie des cosmétiques devrait aussi s’y opposer.

    Si l’industrie du pétrole est exclue de la table des négociations, alors l’industrie pharmaceutique devrait se lever et sortir jusqu’à ce que toutes les parties prenantes soient entendues.

    La communauté des ONG à Bruxelles a réussi car elle travaille ensemble d’une seule voix, exige des changements avec force et insiste pour être entendue. Elle ne se disperse pas comme des zèbres.

    Les lions tournent autour de la horde tout entière. Ne faisons pas semblant de croire que certains zèbres sont en sûreté.

    Les zèbres n’ont pas de dents

    La horde doit se regrouper et riposter plutôt que s’éparpiller et courir.

    Jusqu’à présent ses résultats ont été misérables et les terribles conséquences ont été, eh bien, comme prévu.

    Lorsque Volkswagen a été trainé dans la boue par les médias et par les tribunaux pour le Dieselgate , pas un seul constructeur automobile ne s’est levé pour mettre en évidence les restrictions sur les émissions ridiculement faibles et inatteignables de la Californie (alors que la plupart de l’industrie utilisait la même technologie Bosch, ils sont restés en retrait et ont laissé VW payer pour tout le monde).

    À présent le diesel est en voie de devenir un carburant du passé.

    Trois décennies d’attaques de militants contre les retardateurs de flamme au brome et le PVC ont porté atteinte aux plus petits producteurs en chimie dans beaucoup de chaines d’approvisionnement OEM.  Les éléments scientifiques contre ces substances étaient faibles mais les petites entreprises sont restées seules pour se défendre contre le déchainement militant. Hélas, de nombreuses grandes entreprises ont fait la promotion de leurs alternatives moins durables et moins efficientes pendant que la confiance du public envers tous les produits chimiques s’évanouissait.

    Aujourd’hui tous les plastiques de la chaine d’approvisionnement sont attaqués.

    Des données faibles et de la science de mauvaise qualité ont été utilisées dans l’énergie, les pesticides, le tabac, la production de semences, les produits chimiques, la pharmacie, ce qui a miné la démarche réglementaire sans que le public ne le comprenne ni s’en indigne. Il y a eu autrefois un conseiller scientifique auprès du président de la Commission européenne, Anne Glover, chargée de défendre l’utilisation de la meilleure science disponible, mais des militants ont fait supprimer ce poste en raison de son attitude basée des preuves au sujet des OGM.

    Aucun autre groupe industriel ne s’est soucié de protester et aujourd’hui nous avons une Commission européenne qui est au mieux scientifiquement inculte et dans la plupart des cas menée par des idéologues ambitieux qui ne s’intéressent ni aux faits ni aux données.

    Il est temps de montrer les dents

    Comment la horde peut-elle riposter ? Tout d’abord, le terrain de la savane est à l’avantage du lion.

    Premièrement, l’industrie doit s’unir pour exiger un livre blanc qui formule une stratégie rationnelle concernant l’usage du principe de précaution au sein d’une démarche claire de gestion des risques (et abandonner toute démarche politique de l’UE qui ne le respecte pas). Il ne semble pas y avoir la moindre stratégie de gestion des risques à la Commission européenne (il n’y a qu’une stratégie naïve de risque zéro).  L’approche réglementaire basée sur le danger doit être dénoncée pour ce qu’elle est : irrationnelle.

    Deuxièmement, les lions prétendent être des agneaux. Lorsque des ONG enfreignent les règles, agissent sans respecter de principes moraux (contrairement à l’industrie, très peu d’ONG ont une charte éthique pour guider leur comportement) et ignorent les preuves et les données dans leurs campagnes, on doit mettre davantage en lumière ces transgressions. Souvent, ces groupes sont financés par d’autres groupes d’intérêt (comme le lobby de l’industrie de l’alimentation bio). Franchement, le Risk-Monger ne devrait pas être le seul à Bruxelles à avoir le courage de mettre en évidence l’hypocrisie des militants.

    De plus, les règles sur le lobbying doivent s’appliquer à tous. Les restrictions concernant les rencontres avec les représentants de l’UE doivent être les mêmes pour toutes les parties prenantes, industrie comme ONG. Il n’y a pas de raison d’exclure des pans entiers de ceux qui innovent, qui résolvent des problèmes et qui fournissent des emplois. Et si ces restrictions continuent, alors toutes les industries devraient se lever, protester et menacer d’abandonner la démarche réglementaire jusqu’à ce que les acteurs de la réglementation deviennent équitables et respectueux.

    Enfin, l’industrie doit trier le bon grain de l’ivraie. Aux débuts du dialogue entre parties prenantes il y avait quelques ONG et autres organismes comme des groupes de protection de la nature, le WWF ou le Fonds de défense de l’environnement qui étaient prêts à travailler avec l’industrie pour promouvoir des technologies plus durables, alors que d’autres organisations plus radicales cherchaient à attaquer le droit de l’industrie de participer à la démarche réglementaire.

    Ces derniers ont réussi et aujourd’hui beaucoup d’ONG (comme Corporate Europe Observatory, US Right to Know, Extinction Rebellion… ) se sont définies elles-mêmes comme anti-industrie et attaquent arbitrairement toute politique qui pourrait être favorable au capitalisme. Lorsque ces trotskystes se comportent de manière détestable, les autres ONG gardent le silence. Ces militants ne représentent pourtant qu’une petite minorité de la population et lorsque le public est justement scandalisé, par exemple par des fanatiques qui souillent des œuvres d’art classiques, il devrait être tout autant scandalisés lorsqu’ils souillent injustement des employeurs, des innovateurs et des apporteurs de solutions.

    —-

    Les zèbres semblent en mauvaise posture alors que la peur domine la savane et qu’il n’y a aucune pression sur les acteurs de la réglementation pour qu’ils maîtrisent la sauvagerie. Alors que personne au sein de l’industrie ne semble prêt à défendre les autres lorsque leurs innovations sont attaquées par des militants, alors que la science de mauvaise qualité et l’indifférence réglementaire ont libre cours, c’est toute la horde qui va souffrir. Le petit manuel utilisé contre l’industrie du tabac est utilisé contre toute l’industrie impunément et dans l’indifférence générale. Laver, rincer, recommencer.

    Ce soir le zèbre pas-tout-à-fait-le-plus-lent dormira sur ses deux oreilles. Mais demain il a intérêt à changer de stratégie… ou à courir plus vite.

    • Co chevron_right

      Les ONG mentent sur les lobbyistes de l’industrie à la COP27

      David Zaruk · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 1 December, 2022 - 03:30 · 18 minutes

    La semaine dernière, nous avons beaucoup entendu parler des 636 lobbyistes du secteur des énergies fossiles qui ont pris le contrôle du processus de la COP27 et qui sont la cause principale de l’échec de l’accord final.

    La conclusion était évidente : nous devons interdire à l’industrie de participer à toutes les politiques ! Les médias grand public ont couvert cette campagne des ONG, répétant les affirmations et les messages ciblés , amplifiant le dogme anti-industrie sans réellement approfondir les recherches pour voir si les chiffres étaient corrects. Si les journalistes et les dirigeants politiques avaient fait quelques recherches de base (ne serait-ce qu’en cliquant sur le lien vers les données de recherche), ils auraient rapidement découvert que les affirmations et les données étaient complètement bidon, grossièrement exagérées et créées pour susciter la peur et l’indignation.

    Une fois de plus, nous avons été trompés par un groupe d’opportunistes politiques sans éthique qui profitent de la vulnérabilité et de la peur du public pour propager leurs intérêts et répandre leur haine et leur méfiance envers l’industrie et le capitalisme.

    Les allégations de lobbying obstructionniste de l’industrie des énergies fossiles lors de la COP27 ont été formulées par un groupe d’ONG anti-industrie dirigé par Corporate Europe Observatory et Corporate Accountability sur la base de données recueillies par Global Witness . Ces groupes ont créé un mouvement intitulé « Kick Big Polluters Out » (virez les gros pollueurs) qui demande que la COP27 renvoie chez elles ces entreprises des énergies fossiles.

    J’ai beaucoup écrit sur la façon dont le Corporate Europe Observatory se joint à toute campagne environnement-santé, jetant le discrédit sur l’industrie et faisant avancer l’argumentaire des activistes. Ils n’ont aucun scrupule à payer des journalistes indépendants pour qu’ils écrivent sur leurs campagnes ou à utiliser le financement des avocats spécialisés dans la responsabilité civile pour créer de l’incertitude. Ce qui est surprenant ici, c’est qu’un gouvernement européen, celui de l’Allemagne, finance – avec l’argent des contribuables – de la propagande mensongère incitant à la méfiance envers l’indistrie.

    Mais le gouvernement allemand en a-t-il eu pour son argent ?

    Qui pourrait aller à la COP27 ?

    « 636 lobbyistes du secteur des énergies fossiles corrompent le processus décisionnel des Nations Unies afin de pouvoir continuer à réaliser leurs énormes profits pendant que le monde souffre ! »

    Il s’agit là d’un argument émotionnel qui, s’il était vrai, devrait vous faire ressentir de l’indignation et vous inciterai à exiger un changement. Mais ce n’est pas du tout le cas.

    Examinons d’abord le contexte.

    La COP fait partie du processus de la CCNUCC qui se réunit chaque année pour un sommet qui s’est transformé en un grand événement mondial avec des conférences, des événements et des négociations. Il s’agit au final  d’ une grande foire commerciale de deux semaines. Cette année, c’est l’Égypte qui l’a accueillie. Plus de 35 000 délégués se sont envolés vers Charm el-Cheikh pour assister à ces événements et participer au dialogue sur la manière de résoudre le problème du changement climatique.

    Selon le site web officiel , le sommet COP27 était ouvert :

    1. Aux représentants des parties à la convention et des États observateurs,
    2. Aux membres de la presse et des médias,
    3. Aux représentants d’organisations observatrices (système des Nations Unies et ses agences spécialisées, OIG et ONG admises),
    4. Aux membres du public.

    Les organisateurs ont créé une Zone Verte « où les milieux d’affaires, les jeunes, les sociétés civiles et autochtones, les universités, les artistes et les communautés de la mode du monde entier peuvent s’exprimer et faire entendre leur voix. La Zone Verte encourage le dialogue, la sensibilisation, l’éducation et les engagements par le biais d’événements, d’expositions, d’ateliers, de spectacles culturels et de discussions ».

    Le Risk-monger aurait donc pu être un délégué s’il avait voulu « influencer injustement le processus » en tant que l’un de ces « lobbyistes manipulateurs de l’industrie des énergies fossiles ». Mais il n’aurait été délégué que de nom (avec un badge souvenir et, espérons-le, un T-shirt) et n’aurait eu absolument aucun pouvoir pour corrompre le processus. Il ne s’y serait pas rendu en tant que négociateur, aurait été bloqué dans le hall principal et n’aurait eu aucune influence sur les décisions finales et les communiqués officiels. Mais il aurait pu rencontrer d’autres personnes travaillant sur des solutions climatiques comme les piles à hydrogène, la capture et le stockage du carbone ou l’amélioration des technologies solaires. La COP28 sera organisée par les Émirats Arabes Unis sur le site de l’Expo à Dubaï (j’ai de la famille là-bas, je vais peut-être y assister).

    Qui figurait parmi les 636 lobbyistes des énergies fossiles ?

    Si 636 lobbyistes des énergies fossiles sur 35 000 personnes représentent un faible pourcentage (moins de 2 % de l’ensemble des participants), ce n’est pas insignifiant (comme nous le savons tous, l’industrie pétrolière paie le prix fort pour avoir les personnes les plus intelligentes dans la salle). Mais ce qui a éveillé ma curiosité en premier lieu c’est de savoir s’il y avait réellement 636 lobbyistes professionnels dans le monde entier qui travaillaient directement pour Big Oil .

    Il ne m’a pas fallu longtemps pour remarquer quelque chose de très louche dans la « recherche » fournie par Global Witness . Quatre délégués d’associations professionnelles de l’énergie éolienne étaient inclus dans la liste des lobbyistes des énergies fossiles. L’énergie éolienne est-elle un combustible fossile ? Peut-être parce qu’elle produit beaucoup d’émissions de gaz à effet de serre dans la construction de ses turbines massives à la durée de vie limitée…

    Les chercheurs ont recensé les délégués de nombreuses entreprises qui investissent massivement dans la production d’énergie renouvelable (éolienne et solaire) et se préparent à la transition énergétique. La liste des ONG comportait également un certain nombre de délégués qui développaient des technologies vertes à base d’hydrogène et de piles à combustible. Ces entreprises auraient en fait tout à gagner d’une sortie rapide et brutale des énergies fossiles. Dès lors, comment ces entreprises innovantes, axées sur les énergies renouvelables, pourraient-elles diffuser leurs intérêts de la manière que les groupes militants veulent nous faire craindre ? Je soupçonne leurs délégués d’avoir assisté à la COP pour se constituer un réseau et rechercher de nouvelles opportunités dans le domaine de l’énergie verte. Et la recherche d’opportunités, c’est bien une activité de capitaliste… donc cela ne saurait être.

    Les textes plus sombres à droite sont mes commentaires.

    Ce qui est intéressant, c’est que le grand nombre d’entreprises qui font de la recherche sur la capture et le stockage du carbone et qui développent des systèmes d’échange de droits d’émission de carbone ont été regroupées sous la rubrique « lobbyistes des énergies fossiles ». La plupart d’entre elles font des recherches et sont des pionniers qui proposent des solutions pour réduire nos émissions et leur expérience est essentielle à l’élaboration de solutions solides aux problèmes de changement climatique auxquels nous sommes confrontés. Nous avons besoin d’elles, alors qui pourrait vouloir les exclure d’un processus de dialogue sur le changement climatique ? Je suppose qu’il s’agirait de zélateurs activistes qui se préoccupent davantage de dénormaliser l’industrie que de réduire les émissions de carbone ou de protéger l’environnement.

    Il y a eu d’autres erreurs curieusement négligentes dans la recherche des activistes (par exemple, les mêmes délégués ont été cités deux fois sous des catégories ou des organisations différentes), mais si l’on considère l’ensemble de la recherche, je dois dire qu’à l’exclusion des délégations de la Russie et des États du Golfe, seuls 10 % des participants à la COP27 figurant sur la liste des 636 de la campagne activiste représentaient en fait l’industrie des énergies fossiles (en supposant que nous considérions le gaz naturel, comme le fait l’Union européenne, comme une source d’énergie à faible émission, c’est-à-dire verte). Mais ce n’est évidemment pas une raison suffisante pour abandonner une grande campagne mondiale contre l’industrie.

    Dans son rapport , Global Witness définit les « lobbyistes des énergies fossiles comme des personnes qui ont des liens avec des entreprises ayant des activités commerciales importantes dans le domaine des énergies fossiles, ou qui participent aux discussions dans le cadre d’un organisme commercial représentant les intérêts des énergies fossiles ».

    Cela implique donc que chaque chambre de commerce ou association commerciale qui s’est rendue à la COP27 a coché cette case du zèle et du comptage de billes. Si Bill Gates y avait assisté, il aurait figuré sur la liste des « méchants ». Un fournisseur d’énergie investissant massivement dans les énergies renouvelables mais utilisant toujours des générateurs à gaz serait sur la liste. Quelque part parmi les associations professionnelles de l’énergie éolienne, il doit y avoir une entreprise ayant des intérêts dans les énergies fossiles. Honte à vous !

    Admettons simplement l’évidence : ces ONG anti-industrie voulaient un titre alarmiste et cherchaient un moyen de gonfler les chiffres (sinon, elles auraient perdu leur temps… et je ferais quelque chose de bien plus utile avec le mien).

    Je suis parvenu à la conclusion que la liste des 636 lobbyistes de l’industrie des énergies fossiles citait simplement tous les acteurs de l’industrie y compris les mineurs (lithium) et les agri-techs (biocarburants de nouvelle génération). La philosophie ici est que la seule façon de lutter contre le changement climatique est de mettre fin à toute activité industrielle et de revenir à un monde de prosommateurs et d’industries artisanales du type de celles des Amish.

    L’ argument de Naomi Klein selon lequel « vous ne pouvez pas avoir à la fois le capitalisme et lutter contre le changement climatique » sous-tend leur dogme. Ainsi, la seule façon de sauver le monde est d’interdire les entreprises et le commerce international. C’est ce qu’affirme le site web de la campagne dans sa quatrième revendication : « Le capitalisme détruit la vie telle que nous la connaissons. »

    Ce cri de ralliement n’est pas seulement dirigé contre les grands émetteurs de carbone mais est également utilisé pour tenter d’abolir les banques, le transport maritime et l’agriculture moderne. Leur solution consiste à tout arrêter et à laisser la planète se guérir d’elle-même (… et ses populations geler et mourir de faim). J’ai récemment écrit une série d’articles sur la manière dont les groupes d’activistes anti-industrie appliquent contre tous les groupes industriels la même stratégie de campagne que celle qui a permis d’isoler et de délégitimer l’industrie du tabac. Il n’était donc pas surprenant de voir cette campagne commencer par une affirmation clé : « Nous ne laisserions pas Big Tobacco entrer dans une conférence sur la santé ».

    Lorsque ces groupes d’activistes fortunés affirment que nous devons exclure ces « gros pollueurs » de toute discussion sur la politique gouvernementale, ils font référence à toutes les industries, y compris les entreprises de l’éolien et du solaire et celles qui investissent dans la transition énergétique verte, la fixation d’un prix pour les émissions de carbone et le développement de la proverbiale meilleure ampoule. Investir dans des solutions permettant d’avoir des formes d’énergie à plus faible émission de carbone (comme les technologies des piles à combustible) n’est qu’une activité industrielle supplémentaire à laquelle ils ne peuvent pas se fier. Et personne dans les médias n’a pris la peine de les interpeller à ce sujet.

    La coalition Kick Big Polluters Out

    La recherche et la campagne Kick Big Polluters Out étaient-elles donc uniquement le fait de trois organisations ? Non, bien sûr.

    Ces communicateurs chevronnés savent qu’en amenant un grand nombre d’organisations de la société civile à signer, à s’associer et à s’exprimer, leur impact serait plus impressionnant. Plus les voix sont fortes, moins elles seront scrutées. Ils ont donc réuni 450 ONG au sein d’une coalition à laquelle ils ont ensuite donné pour titre un plan d’action axé sur l’impact : la campagne Kick Big Polluters Out .

    Imaginez le Risk-monger , dans son sous-sol (froid) poussiéreux, en train de feuilleter les pages et les pages des organisations de la coalition mondiale des bons et des justes. Tout d’abord il a beaucoup appris sur les organisations qui ne se sont pas jointes à la chasse aux sorcières de l’industrie. Pas de WWF. Seuls quatre chapitres d’Extinction Rebellion ont signé (« Diviseurs ! ») et peu d’unités nationales des Amis de la Terre ou de Greenpeace se sont alignées. Je suppose qu’ils ont encore des problèmes avec l’acceptation de financements gouvernementaux. Les narcissiques de Just Stop Oil, qui ont fait un peu de bruit ces derniers temps, ont manifestement choisi de faire leurs propres démonstrations.

    Mais beaucoup de groupes curieux occupent maintenant une position de prestige au sein du mouvement anti-industrie.

    Par exemple, il existe un groupe appelé Toronto Raging Grannies . Il travaille dans le sous-sol d’une église et leurs membres viendront à vos rassemblements pour vous chanter une chanson ou deux si votre mouvement le souhaite. J’aime particulièrement la façon dont Granny Lizzie atteint les notes aiguës.

    Ensuite, il y a Moxie Consultancy Collective , un « cabinet de conseil international » créé il y a quelques années lorsque trois militants se sont rencontrés lors d’une conférence et ont décidé qu’il n’y avait pas assez de compassion dans ce monde. La principale chose qu’ils ont faite est de raconter leur histoire.

    L’ Enviro Show est un podcast dirigé par un inconnu. Le Centre for Environmental Justice Togo n’a pas de site web (mais il a 19 adeptes sur sa page Facebook ). La Montbello Neighborhood Improvement Association est également membre de la coalition et compte 78 adeptes sur sa page Facebook communautaire (dernière contribution en 2019). Au moins, c’est mieux que End Military Madness Against the Earth , qui fait partie de la coalition Kick Big Polluters Out et qui ne dispose d’aucun site ni d’aucune action de sensibilisation.

    Peut-être que l’inscription d’ End Military Madness Against the Earth était une blague. Je pense que quelqu’un s’est trompé en s’inscrivant comme « ministre ordonné de l’Église catholique », mais bon, cela n’a pas d’importance, nous le compterons comme une organisation (aucun journaliste ne prendra la peine de vérifier les faits de notre campagne et les 9-à-17-heures de Corporate Europe Observatory n’ont que du mépris pour leurs adeptes). Il est facile de s’inscrire et de devenir membre de la coalition. Le Risk-monger , véritablement scandalisé par cet abus industriel, a lui-même demandé à rejoindre la coalition (cela a pris 30 secondes et comme tout le monde je n’ai pas lu ce à quoi je m’engageais). Croisons les doigts.

    Toutes ces organisations mondiales s’expriment d’une seule voix, alors vous feriez bien de les écouter (surtout si elles se mettent à chanter).

    Campagnes de l’« Â ge de la Stupidité »

    Je ne suis plus surpris que presque toutes les grandes organisations médiatiques (de la BBC à Reuters en passant par CNBC et Le Monde ) aient repris aveuglément les mensonges malveillants de ces militants sans prendre la peine de cliquer et de lire les tableaux de recherche qui montraient que la plupart des entités figurant sur leur liste travaillaient sur les énergies renouvelables, la réduction des émissions de carbone et le développement d’outils pour une transition énergétique. C’est ce que j’ai baptisé « l’Âge de la Stupidité », où les gens ne prennent plus la peine de lire et se contentent de retweeter les mèmes qui correspondent à leur parti pris politique dans des communautés fermées de personnes qui pensent comme eux.

    Le dialogue est au point mort dans l’Âge de la Stupidité. Personne dans la coalition Kick Big Polluters Out ne lira cet article car je suis banni de la plupart des groupes qui ont créé une chambre d’écho protectrice pour n’entendre que les revendications qui correspondent à leurs intérêts politiques. Et si je n’ai pas été banni, les algorithmes les obligeront à travailler dur pour me trouver. Comme ces groupes utilisent les outils des réseaux sociaux pour développer leurs plateformes, leur biais de confirmation se durcit. S’ils ne lisent que la propagande anti-industrie 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, qui pourrait imaginer que nous ayons un jour besoin de l’industrie, de l’agriculture intensive ou du capitalisme ? Et comme leurs invectives bruyantes sont brutales, les décideurs politiques rentrent dans le rang.

    L’objectif du processus de la COP est de créer un lieu de rencontre pour dialoguer, échanger des points de vue et trouver les meilleures solutions possibles pour aller de l’avant. Le fait qu’un groupe hétéroclite d’activistes environnementaux demande qu’on interdise à tous les acteurs de l’industrie d’échanger leurs points de vue et de partager leurs solutions n’est qu’une preuve supplémentaire de cette rupture du dialogue (et de leurs sympathies anti-démocratiques). S’ils y parviennent (comme l’ont fait les activistes gravitant autour de l’OMS en faisant interdire la voix de la recherche de l’industrie du tabac sur le vapotage dans la Convention-cadre pour la lutte antitabac), je me demande alors quel espoir il y aura pour que les prochaines réunions de la COP produisent des résolutions significatives qui seront respectées. Le rejet du dialogue est la première étape de la délégitimation (sauf pour la petite minorité qui reste dans la salle).

    À l’Âge de la Stupidité, il est désormais considéré comme un fait acquis que l’échec de la COP27 est dû aux 636 lobbyistes du secteur des énergies fossiles qui ont pris l’avion (à bord de leurs jets privés, les valises remplies d’argent sans doute) pour perturber les négociations. Plus de 450 organisations mondiales ont confirmé qu’il s’agissait d’une injustice scandaleuse. Continuez à répéter le nombre « 636 » et « lobbyistes des énergies fossiles » (Goebbels 1.01) et ignorez tout ce que vous avez lu ci-dessus (car le Risk-monger travaille manifestement pour ces acteurs industriels maléfiques).

    Note de l’éditeur : Il a travaillé pour l’industrie pour la dernière fois en 2006 . Les faits n’ont pas d’importance (surtout si vous êtes une mamie de Toronto qui a une chanson à chanter).

    Le modèle allemand

    Une évolution effrayante est la façon dont le modèle de campagne des militants a maintenant changé. Par l’intermédiaire de son parti membre de la coalition des Verts, le gouvernement allemand a joué un rôle de premier plan dans la promotion de l’activisme environnemental lors du sommet COP27. La dirigeante des Verts, Annalena Baerbock, s’est rendue en Égypte au moins trois fois pendant le sommet alors que ses responsabilités officielles, en tant que ministre des Affaires étrangères, ne l’exigeaient pas.

    Le Risk-monger peut aussi jouer à ce jeu !

    En février 2022, Baerbock a nommé la directrice exécutive de Greenpeace International , Jennifer Morgan , « secrétaire d’État et envoyée spéciale pour l’action climatique internationale » du gouvernement fédéral allemand. Cette militante américaine a rapidement été naturalisée allemande et a ensuite été nommée chef de la délégation allemande à la COP27. Après la COP, Jennifer prévoit de parcourir le monde pour poursuivre la lutte contre le changement climatique au nom de l’Allemagne. Neuf mois après sa nomination, Greenpeace n’a pas encore nommé son remplaçant. Je suppose donc qu’elle est simplement en congé jusqu’à ce qu’elle s’ennuie (ou qu’elle doive passer l’examen d’allemand).

    La campagne Kick Big Polluters Out a été financée par le gouvernement allemand. J’aimerais bien inventer tout ça. Pourquoi fonds publics à Corporate Europe Observatory ? L’Allemagne exige-t-elle maintenant que l’industrie ne soit plus autorisée à participer au processus de dialogue ? Qu’est-il arrivé à ce fameux processus allemand de consultation et de consensus que d’autres pays européens et l’Union européenne ont depuis adopté ?

    Des idiots utiles… ou des idiots du gouvernement allemand ?

    Le processus politique est donc en train d’évoluer.

    Si les ONG parviennent à prendre pied dans un gouvernement, elles seront alors en mesure de financer et de mener leurs campagnes via des bureaux gouvernementaux, des délégations officielles et des dirigeants politiques tout en prétendant représenter le peuple. Leurs militants peuvent devenir ministres ou chefs de délégation et passer facilement d’un rôle à l’autre car ils ne voient aucune différence entre la promotion de leurs idéaux en tant que directeur de campagne et en tant que fonctionnaire. En finançant et en renforçant ces ONG, le parti vert allemand voit l’opportunité d’avoir un mouvement politique de base plus fort lors des prochaines élections.

    Mais comment des ONG telles que Corporate Europe Observatory ou BUND pourraient-elles s’élever contre le gouvernement allemand alors qu’elles sont essentiellement des agents secrets « achetés et payés » jouant le rôle de leurs idiots utiles ? Je commence à me demander s’il a jamais été question de représenter les intérêts de la société civile ou s’il s’agit simplement de prendre le pouvoir.

    Je n’ai pas peur d’admettre que je suis assez inquiet quant à l’avenir de la démocratie.

    Source : Baffle Them with Bullshit – NGO Lies about Industry Lobbyists at COP27 – The Risk-Monger

    • chevron_right

      L'assemblée générale de TotalEnergies perturbée par des militants écologistes

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 25 May, 2022 - 09:20 · 5 minutes

    Des militants de Greenpeace ou encore des Amis de la Terre bloquent l'accès de l'Assemblée générale de TotalEnergies. Des militants de Greenpeace ou encore des Amis de la Terre bloquent l'accès de l'Assemblée générale de TotalEnergies.

    ENVIRONNEMENT - Plus d’une centaine de militants d’ONG environnementales bloquaient ce mercredi 25 mai l’accès principal à l’assemblée générale de TotalEnergies à Paris afin de protester contre la politique climatique du groupe, jugé insuffisante. La présence du groupe en Russie lui est également reprochée.

    “Totalement irresponsables!”, “on est là, même si Total ne veut pas, nous on est là”, ont entonné les militants de plusieurs associations dont Greenpeace France , Alternatiba, ANV COP 21 ou les Amis de la Terre. Assis devant la salle Pleyel, dans le 8e arrondissement de Paris, ils bloquaient l’accès des actionnaires à l’assemblée générale par l’entrée principale de la salle Pleyel. Certains se sont menottés entre eux.

    Environ 150 actionnaires ont été redirigés vers une porte adjacente et patientaient en attendant de pouvoir rentrer. D’après les images de notre journaliste sur place, la police a annoncé aux militants que l’AG avait été annulée, mais l’AFP confirme que la séance a débuté devant une salle presque vide, avec un nombre limité d’actionnaires.

    Si certains actionnaires et représentants d’actionnaires avaient pu entrer avant l’arrivée des militants, la majorité des petits porteurs n’ont pu pénétrer dans la salle, où l’AG a finalement démarré à l’heure, vers 10h.

    “Je déclare la séance ouverte. Les conditions d’accès salle Pleyel sont perturbées, il y a un nombre limité d’actionnaires qui ont pu rentrer dans la salle”, a déclaré le PDG Patrick Pouyanné, en estimant que la séance “peut se dérouler normalement car un certain nombre d’actionnaires est présent”.

    Total regrette des “désagréments” qui perturbe un “moment de transparence et de dialogue”

    Sur Twitter, TotalEnergies a apporté une première réaction après le blocage des accès à la salle où devaient se réunir les actionnaires du groupe. “Nous regrettons les désagréments que cela entraîne pour tous ceux qui voulaient participer et vous rappelons que vous pouvez suivre le déroulé de notre AG en direct sur notre site web. L’assemblée générale est un moment de transparence et de dialogue essentiel pour nous”.

    Greepeace s’est félicité sur les réseaux sociaux de la décision d’annuler l’assemblée générale, sans réagir pour l’heure sur l’ouverture de la séance en effectif réduit, annoncée peu après.

    Avant l’ouverture de la séance, quelques militants avaient déployé une banderole d’environ cinq mètres devant la salle “Pas de retrait, pas d’AG”, en référence à la présence du géant français du gaz et du pétrole en Russie , où il exploite notamment du gaz naturel liquéfié. Mais la banderole a été retirée par des agents de sécurité.

    Les manifestants critiquent aussi la politique climatique du groupe avec des pancartes “Stop projets énergies fossiles”, alors que les actionnaires doivent se prononcer lors de l’assemblée générale sur le plan climat du groupe.

    Ce vote consultatif risque d’être houleux, plusieurs actionnaires ayant annoncé qu’ils voteraient contre le plan climat. Un collectif d’actionnaires représentant 0,78% du capital du géant pétrolier avait également déposé une résolution demandant au groupe de se conformer à l’ Accord de Paris sur le climat , résolution qui ne sera finalement pas inscrite à l’ordre du jour, le conseil d’administration s’y étant refusé.

    “Il y a des actionnaires qui prennent conscience de l’ urgence climatique mais d’une manière générale ils sont encore trop passifs”, a déclaré auprès de l’AFP Edina Ifticene, chargée de campagne pour Greenpeace France.

    À voir également sur Le HuffPost: Le réchauffement climatique ne date pas d’hier, ces cinq animations le prouvent

    • chevron_right

      Front Populaire - Puisqu'on vous dit qu'il est "philanthrope"!

      eyome · Saturday, 15 August, 2020 - 16:05

    Front Populaire  - Puisqu'on vous dit qu'il est "philanthrope"!

    Il ne peut pas être méchant, il donne plein de sous aux ONG ! Il en crée même ! Le coeur sur la main le type. Ce vieux crapaud.

    #France, #Politique, #fr, #Soros, #ONG.