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      Essayer d’être plus heureux ne fonctionne pas. Ce qui suit, si

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 20 June, 2022 - 16:34 · 6 minutes

    BONHEUR - Au début de cette nouvelle année, mon mari et moi avons réfléchi à ce que nous espérions pour nos deux enfants, actuellement et quand ils seront grands. Nous sommes rapidement tombés d’accord sur le fait que nous voulions simplement les voir heureux , quels que soient leurs choix de vie. Ça nous a fait du bien de le formuler, et c’est vrai. J’adorerais que mes enfants aient une vie longue et heureuse.

    Le hic, c’est que le bonheur n’est pas un bon objectif.

    Cet article, publié sur le HuffPost américain , a été traduit par Catherine Biros pour Fast ForWord et publié initialement sur le HuffPost en 2021. Nous le republions aujourd’hui.

    Les humains, dans leur grande majorité, n’évoluent pas dans un état de béatitude perpétuelle (voire semi-régulière), parce que la vie est dure et parce que notre cerveau a tendance à ne retenir que le négatif. De même, la plupart des choses dont nous pensons qu’elles vont nous rendre heureux s’avèrent décevantes.

    Voici d’autres raisons pour lesquelles tenter d’être heureux ne fonctionne pas si bien, mais aussi ce qui pourrait marcher, selon la science .

    Le bonheur ne dure pas

    Le bonheur ne peut être un objectif à long terme parce qu’il s’agit d’une “émotion fluctuante”, comme l’explique Itai Ivtzan dans un article pour Psychology Today . C’est particulièrement vrai du bonheur hédoniste, qui consiste à booster le plaisir et minimiser la souffrance.

    Poursuivre résolument cette émotion fugace peut réellement s’avérer contre-productif, soutient Sonja Lyubomirsky, professeure et vice-présidente de la chaire de psychologie à l’université de Californie Riverside et autrice de The How of Happiness .

    Elle se réfère à des études selon lesquelles les gens qui surévaluent le bonheur, ceux qui proclament qu’à tout moment de leur vie, leur bonheur est un indicateur de la valeur de cette dernière, ont tendance à être ou devenir moins heureux au fil du temps. “Si vous êtes trop préoccupé par votre bonheur, vous allez passer plus de temps qu’il n’en faut à surveiller vos émotions, (…) à vous demander si vous êtes vraiment heureux”, explique-t-elle, ajoutant que le sentiment d’échec vous guette si vous n’obtenez pas le degré de joie escompté.

    Autre point essentiel: être heureux tout le temps est une idée absurde. “Le but n’est pas d’être heureux 24h/24”, déclare Richard Davidson, fondateur et directeur du Center for Healthy Minds de l’université du Wisconsin-Madison. On ne songerait pas à être heureux face à la perte d’un être cher, ou à d’autres traumatismes et défis tels qu’une pandémie mondiale.

    Le “bien-être” est une bien meilleure finalité

    Compte tenu de tout cela, “notre équipe privilégie le bien-être au bonheur”. Et s’il n’est pas normal d’être heureux face à la peine ou au traumatisme, on peut néanmoins maintenir un niveau élevé de bien-être quand on est triste, estime-t-il. Le chagrin et la souffrance font partie de la vie. En outre, le bien-être est un objectif à long terme “raisonnable” et susceptible d’être atteint, souligne-t-il. Ses collègues du Center for Healthy Minds ont récemment publié une enquête qui, selon eux, explique comment accéder au bien-être à l’aide d’habitudes quotidiennes concrètes et d’une application d’accompagnement gratuite.

    L’argent aide, mais jusqu’à un certain point seulement

    La pauvreté , avec ses répercussions évidentes sur la santé mentale, s’inscrit dans un véritable cercle vicieux. En pesant sur le moral comme sur le physique, les angoisses financières augmentent le risque d’exposition à un traumatisme et d’aggravation de la situation économique.

    De nombreuses études montrent toutefois qu’il existe un point au-delà duquel l’argent n’a plus beaucoup d’effet.

    À titre d’exemple, une étude de 2018 a montré que des Nord-Américains gagnant 105.000$ par an étaient très contents de leur vie. Au-dessus de ce chiffre, le bonheur déclinait (ces sommes sont évidemment bien supérieures au revenu moyen aux États-Unis.) D’autres études laissent entendre que le bien-être émotionnel croît avec la hausse des revenus, jusqu’à 75.000$ par an environ.

    Alors pourquoi plus d’argent n’équivaut-il pas à plus de bonheur? D’abord, les gens s’habituent à ce que l’argent peut leur procurer (encore une fois, le bonheur hédoniste est éphémère). Ensuite, plus ils gagnent d’argent, plus la somme dont ils disent avoir besoin augmente. Or nous avons tendance à fonder notre sentiment de bien-être sur ce que nous gagnons par rapport aux personnes de notre entourage (le revenu relatif) plutôt que par rapport à l’ensemble de la population.

    Envie de booster votre bien-être? La pleine conscience est fondamentale

    Dans une étude récente expliquant comment accéder au bien-être, Richard Davidson et ses collègues ont identifié quatre piliers, dont l’un est la pleine conscience. Il la décrit comme la capacité à “être dans le moment présent” et à “savoir ce que fait notre esprit”.

    De nombreuses études ont d’ailleurs établi un lien entre pleine conscience et bien-être. Mais Richard Davidson et ses collègues insistent sur le fait qu’il n’est pas nécessaire de pratiquer la méditation assise. Ils encouragent plutôt les gens à s’habituer à fermer les yeux et prendre chaque jour dix inspirations profondes, ou se concentrer sur leurs sensations pendant qu’ils effectuent des tâches banales.

    “Ces pratiques vont s’intégrer à vos activités quotidiennes”, nous dit-il. “Vous les effectuerez en faisant la lessive, le ménage, une promenade, ou vos allers-retours au travail. Vous n’avez pas à y consacrer une minute supplémentaire de votre temps.”

    Fixez-vous un but dans la vie

    Les scientifiques ont démontré que le fait de vivre et travailler en ayant un but apporte toutes sortes d’avantages sur le plan physique et émotionnel. Une étude de 2019 a même révélé que cela se traduisait par une espérance de vie plus longue. On ne sait pas encore pourquoi exactement, mais il semblerait que les gens vivant avec le sentiment d’avoir un but subissent moins de phénomènes inflammatoires.

    Les spécialistes sont convaincus que la poursuite d’un but est vraiment ce qui nous distingue des autres espèces animales. “Les humains ressemblent à beaucoup d’autres créatures dans leur quête du bonheur”, souligne une étude de 2013. “Mais la quête de sens est un élément clé de ce qui fait de nous des humains.”

    Ce qui compte, c’est de comprendre nos valeurs fondamentales, de se tenir au cap que l’on s’est fixé, soutient Richard Davidson.

    Il est également essentiel de trouver des façons de lier les parties prosaïques de notre vie quotidienne à ces valeurs fondamentales.

    Vous allez par exemple avoir le sentiment que ce qui vous nourrit, c’est la connexion avec votre famille, dit-il. Alors, prenez conscience du fait que les activités liées à votre foyer, comme la vaisselle, le ménage, le travail que vous effectuez pour gagner de quoi contribuer à la stabilité financière de la famille, sont vraiment au service de cela.

    “Même les tâches les plus banales peuvent être profondément imprégnées de ce sentiment.”

    Là encore, ce que vous pensez de cet effort, et de tous les efforts visant à améliorer votre bien-être, compte.

    “Concentrez-vous sur les pratiques positives que sont, entre autres, la gratitude, la générosité et, l’exercice physique, sans trop chercher à vous en servir pour être plus heureux”, conclut Sonja Lyubomirsky.

    Cet article, publié sur le HuffPost américain , a été traduit par Catherine Biros pour Fast ForWord et publié initialement sur le HuffPost en 2021. Nous le republions aujourd’hui.

    À voir également dans Le HuffPost : Comment être heureux au travail?

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      Diagnostics HPI: Cette psy estime qu'il existe un "business des diagnostics"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 16 June, 2022 - 16:30 · 8 minutes

    "On va diagnostiquer des enfants qui n’ont pas à l’être en leur disant “comme tu es comme ci, tu ne vas jamais pouvoir faire ça ou ça va être compliqué pour toi.” Et donc on crée des prophéties auto-validantes", alerte Emmanuelle Piquet.

    ENFANTS - Enfants surdoués, précoces, zèbres, ou ”à haut potentiel intellectuel” (HPI)... Les termes évoluent, mais tendent tous à poser un diagnostic sur des enfants ou adultes aux capacités intellectuelles particulièrement développées . Selon l’OMS, 2,3% des enfants de 6 à 16 ans qui sont scolarisés sont intellectuellement précoces. Cela représenterait 200.000 enfants en France.

    Le dernier épisode de la saison 2 de la série “HPI” , série policière qui cartonne sur TF1, est diffusé ce jeudi 16 juin à 21h10. Audrey Fleurot y joue le rôle d’une maman à “haut potentiel intellectuel” et cette seconde série d’épisodes a déjà convaincu en moyenne 9,87 millions de téléspectateurs.

    En attendant la saison 3, Emmanuelle Piquet , psychopraticienne, nous livre son regard sur les revers de ce qu’elle estime être parfois un “business des diagnostics”. Dans Nos enfants sous microscope: TDAH, haut potentiel, multi-dys & Cie: comment stopper l’épidémie de diagnostics ” ouvrage co-écrit avec Alessandro Elia et publié en 2021 aux éditions Payot, elle s’inquiète du catalogage de plus en plus systématique des enfants atypiques.

    LH: constatez-vous une augmentation des consultations pour déceler la précocité?

    EP: Si l’on s’en tient à la définition de départ de “HPI”, qui est un enfant au quotient intellectuel élevé (QI), il n’y en a pas beaucoup plus. Mais si l’on remplace la mesure du QI par des critères qui, selon les études sur ce sujet n’ont pas grand-chose à voir avec la précocité, comme le besoin de justice et l’hypersensibilité, alors il y a clairement beaucoup plus de diagnostics. C’est logique, les enfants concernés sont plus nombreux!

    Comment l’expliquez-vous?

    C’est une réponse très sécurisante de mettre des gens dans des cases et de dire: c’est parce que l’enfant est comme ça à l’intérieur de lui que ça dysfonctionne. Ça explique, ça donne du sens et c’est très soulageant parce que l’enfant se dit: “on va arrêter de dire que je suis arrogant, ou feignant, c’est parce que j’ai cette défaillance-là”. C’est très déculpabilisant pour le monde adulte, qui se dit qu’il n’y est pour rien, c’est parce qu’il est comme ça. Donc c’est une réponse extrêmement “pratique” de ce point de vue là.

    La médecine psychiatrique et notamment pédopsychiatrique a voulu s’inspirer de la médecine générale, en disant: on a un symptôme, on a un marqueur biologique et donc on a un traitement. Par exemple, pour les HPI, le marqueur principal est le calcul du quotient intellectuel (QI).

    Si le QI fait partie des moins générateurs de scepticisme, la plupart des marqueurs ne font pas l’unanimité en pédopsychiatrie. Donc c’est facile d’en trouver et de poser un diagnostic. Ces dix dernières années, lorsque le QI n’était pas forcément très élevé -qualifié d’“hétérogène”- on a par exemple déplacé la focale sur l’hypersensibilité de l’enfant .

    On peut parler d’un “business des diagnostics”, quand on voit les prix pratiqués: 98 euros pour la première consultation, 410 pour le test de QI, 98 pour le compte-rendu, 88 pour une consultation de guidance familiale...

    C’est une réponse très sécurisante de mettre des gens dans des cases et de dire: c’est parce que l’enfant est comme ça à l’intérieur de lui que ça dysfonctionne." Emmanuelle Piquet, psychopraticienne

    Dans votre ouvrage, vous parlez même d’une ”épidémie de diagnostics”. En quoi est-ce problématique selon vous?

    On va diagnostiquer des enfants qui n’ont pas à l’être en leur disant “comme tu es comme ci, tu ne vas jamais pouvoir faire ça” ou ”ça va être compliqué pour toi.” Et donc on crée des prophéties auto-validantes.

    À partir du moment où l’on dit qu’un enfant est HPI, on va en déduire qu’il est hypersensible et on va commencer à regarder tout ce qui ne va pas chez lui, dans ses relations avec les autres. On va le scruter, ce qui va générer beaucoup d’angoisses et il va être moins à l’aise avec les autres. Tout cela va conforter l’idée qu’en effet, son comportement est problématique.

    Quand on regarde un gamin comme étant problématique ou troublé, il le devient. C’est logique. Si certains refusent de se conformer à ce qu’on projette sur eux, très souvent c’est l’inverse qui se produit.

    Quelles sont les “prophéties auto-validantes” dont vous parlez, en ce qui concerne les enfants diagnostiqués HPI?

    Les enfants HPI, par exemple -et c’est très implicite-, vont intégrer le fait qu’ils sont tellement intelligents que ça ne peut pas bien se passer avec les autres, qui sont jaloux. Et le problème, c’est que comme c’est valorisé, cela peut développer une forme d’arrogance chez certains enfants.

    C’est aussi peu productif que de dire à une petite fille qui se fait embêter dans la cour que c’est parce qu’elle est “trop belle”. Ça n’aide pas. Et en plus, on n’est pas du tout dans le contexte de l’interaction. Ces enfants-là utilisent cette arrogance comme une armure, ce qui est profondément inefficace. On va devoir travailler avec eux pour qu’ils fassent autrement et qu’ils sortent de cette essentialisation.

    Dans votre livre vous écrivez: “coller des étiquettes, c’est couper le contexte”. Qu’est-ce que ça signifie?

    L’idée est de soigner plutôt les relations que les enfants. Il est beaucoup plus judicieux à mon sens de faire un diagnostic de contexte, donc des interactions que l’enfant entretient avec son écosystème ou avec lui-même. Et de lui proposer des solutions relationnelles plutôt qu’individuelles, en prenant en compte le contexte scolaire et familial.

    Il faut changer notre regard et cesser par exemple de voir les débordements d’un enfant comme des symptômes d’hyperactivité, mais plutôt comme les signes d’une créativité bouillonnante. On peut regarder ce qu’il fait avec ces symptômes qui le font souffrir et voir ce qu’on peut faire autrement dans ce contexte et ces interactions-là, plutôt que d’aller tout de suite diagnostiquer son cerveau pour essayer d’y trouver des défaillances.

    Et si cela n’aboutit pas à un apaisement de la souffrance, alors il sera toujours temps de faire un diagnostic cérébral ou psychiatrique. On ne jette pas tout par-dessus bord, mais on essaye de voir déjà les interactions et le contexte avant de chercher des défaillances chez l’enfant.

    Nous sommes passés dans une autre sphère, où même les émotions sont pathologisées. Emmanuelle Piquet, psychopraticienne.

    Est-ce aussi pour les parents une manière de bénéficier d’un accompagnement privilégié pour leur enfant?

    Oui, bien sûr: s’il n’y a pas le diagnostic, il n’y a pas l’accompagnement qui va avec. Et on est dans un cercle vicieux, car autant à certains moments l’accompagnement est nécessaire et aide beaucoup, autant parfois cela provoque l’effet opposé.

    Le fait d’avoir plein de spécialistes qui s’occupent de regarder comment un gamin a des défaillances ou pas, nous pensons avec Alessandro Elia que cela fait partie du problème et de la souffrance. Mais les parents sont très rassurés par cela.

    Vous travaillez beaucoup auprès des enseignants. Vous font-ils part de leurs difficultés face à la multiplication de ces diagnostics?

    Pour les profs, c’est terrible. À partir du moment où il y a cette sorte d’injonction à la différentiation, c’est comme s’ils se transformaient en garçons de café, qui vont de table en table, avec une boisson différente pour chacun.

    Chaque enfant est considéré comme différent et chaque parent aussi, dans son attente, parce qu’il est inquiet, évidemment. Et donc ça devient ingérable. Ce n’est pas un enseignement à trente individualités. Il y a quelque chose de l’ordre du collectif que l’on est en train de perdre.

    Vous écrivez aussi que “Les enfants turbulents étaient considérés comme des enfants ‘normaux’ il y a 40 ans et qu’aujourd’hui ils ont un ’trouble neurologique’.

    Dans le dernier manuel DSM-5 (manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, NDLR ), on parle de “tristesse pathologique”, quand une personne continue à pleurer plus de deux fois par semaine au bout d’un an, après la disparition de quelqu’un. On voit bien que nous sommes passés dans une autre sphère, où même les émotions sont pathologisées.

    Le virage pris d’une éducation parentale, de “Je te mate jusqu’à ce que tu sois adulte et après tu vas te démerder” -parce que c’était un peu ça l’idée-, à “Je t’écoute et je réponds à tes besoins”, c’était une bonne idée. Mais ça a donné des enfants beaucoup moins dociles. Et les enfants moins dociles, on ne sait pas faire. Une façon de les “soumettre”, c’est de les diagnostiquer et de leur donner des médicaments. En fait, on veut le beurre et l’argent du beurre.

    À voir également sur Le HuffPost : La guerre en Ukraine et ses terribles conséquences sur la santé des enfants

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      Canicule: La chaleur joue sur votre santé mentale, voici pourquoi

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 14 June, 2022 - 05:00 · 4 minutes

    Pourquoi la canicule nous rend-elle si irritables? Pourquoi la canicule nous rend-elle si irritables?

    PSYCHOLOGIE - La chaleur accablante a tendance à vous rendre irascible? Ce n’est pas surprenant. Météo France annonce une vague de chaleur et des températures autour des 30° sur la quasi-totalité du pays cette semaine, le mercure pouvant même frôler les 40° localement en fin de semaine.

    Si ces températures estivales sont parfois synonymes de vacances idylliques, elles peuvent aussi s’avérer particulièrement néfastes pour notre santé mentale.

    En 2013, une étude menée par l’université de Berkeley révélait déjà qu’une simple hausse de 1°C par rapport à la normale saisonnière suffisait pour que le nombre de violences personnelles - telles que des crimes, violences domestiques, meurtres, viols - augmente de 4%.

    Causes physiologiques

    Alors comment expliquer cet état d’ agressivité et d’impulsivité en période de fortes chaleurs? “Physiologiquement, quand il fait chaud, notre rythme cardiaque s’accélère, le pouls est plus fort, notre pression artérielle augmente, et notre niveau de cortisol (l’hormone du stress ) augmente donc on aura tendance à se sentir plus irritable, mais les réactions varient d’un individu à l’autre et il manque encore des études poussées sur la question”, rappelle Élodie Gratreau, doctorante en histoire et philosophie des techniques de soin en psychiatrie au sein du laboratoire Costech, contactée pour Le HuffPost .

    Le manque d’oxygène accentue également ce sentiment d’irritabilité. En effet, lorsque certaines régions du cerveau commencent à manquer d’oxygène, notre corps envoie plus de sang que d’ordinaire dans le reste de notre corps pour le refroidir. Dans ce cas-là, nous finissons par agir de manière plus impulsive, sous le coup de l’émotion. D’ailleurs, l’un des premiers signes du coup de chaleur, est “l’agressivité inhabituelle”, rappelle l’INPES .

    La chaleur exacerbe la fragilité mentale

    Après deux ans de crise, la hausse des températures vient aussi exacerber la fragilité mentale des Français. “Dans un temps de confinement, d’incertitude civilisationnelle où l’on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé d’un point de vue politique et sanitaire, évidemment que la canicule se vit autrement. Surtout lorsqu’on reste chez soi en télétravail, au bord du burn out”, assure Joseph Agostini , psychologue clinicien contacté par Le HuffPost.

    Par ailleurs, ces fortes chaleurs ont davantage tendance à toucher les personnes fragilisées. “L’impact de la canicule touche particulièrement les personnes isolées , vieillissantes, du troisième ou quatrième âge qui se retrouvent dans une solitude et dans un mal-être physique. Il y a chez eux un sentiment de dépression et la peur de mourir qui se manifeste”, poursuit Joseph Agostini.

    Outre les personnes âgées, les personnes sous traitements psychologiques peuvent également présenter plus de difficultés à supporter les fortes chaleurs. “Il y a de l’anxiété parce que le corps sent qu’il est en danger vital”, témoigne Élodie Gratreau, atteinte de trouble de la personnalité borderline. “Personnellement, lorsqu’il fait chaud, je peux souffrir de tachycardie après avoir pris des antidépresseurs et des neuroleptiques.”

    Mais comme le rappelle Joseph Agostini, la chaleur a pour autre conséquence de creuser encore plus les écarts de mode de vie. “Entre les personnes qui disposent de la climatisation et les familles qui vivent à plusieurs dans les logements sociaux , les conséquences ne seront pas les mêmes.”

    L’éco-anxiété

    Il existe également le phénomène récent et encore mal connu de l’éco-anxiété. Il s’agit de personnes - la plupart des jeunes entre 18 et 24 ans - qui développent “une peur chronique d’un environnement condamné”, selon la définition de l’Association américaine de psychologie.

    En d’autres termes, il s’agit d’une impression d’assister aux conséquences du réchauffement climatique sans pouvoir ne rien y faire. Chez les personnes qui en souffrent, cela entraîne souvent “une souffrance individuelle avec des troubles associés comme des phobies et des angoisses extrêmes”, a expliqué à la RTBF Véronique Lapaige, la psychiatre qui a conceptualisé cette notion d’éco-anxiété.

    “Cette année, la canicule vient clairement brandir le spectre des catastrophes climatiques” remarque Joseph Agostini. “Entre les inondations, les catastrophes naturelles à répétition et les pandémies mondiales, la vision de la canicule de 2003 a changé, il n’y a plus de rareté à l’événement, aujourd’hui c’est récurrent”, souligne le psychologue.

    À voir également sur Le HuffPost: Passé ce seuil on meurt de chaud, voici pourquoi

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      Signification des rêves : 10 scénarios décryptés par une psychothérapeute

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 3 June, 2022 - 13:30 · 8 minutes

    Signification des rêves : 10 scénarios décryptés par une psychothérapeute Signification des rêves : 10 scénarios décryptés par une psychothérapeute

    SOMMEIL - Vous êtes-vous déjà réveillé(e) après un rêve particulièrement déroutant, en vous demandant ce qu’il pouvait bien signifier?

    Cet article, publié à l’origine sur le Huffington Post américain , a été traduit par Jennifer Joffre et Laura Pertuy pour Fast for Word et publié initialement sur le HuffPost en 2015. Nous le republions aujourd’hui.

    Le célèbre psychiatre et psychothérapeute suisse Carl Jung a analysé plus de 20.000 rêves au cours de sa carrière. Il pensait qu’ils sont la clé de notre inconscient. Les thérapies recommandées par les praticiens et les théoriciens qui se réclament de son école s’intéressent donc davantage au monde inconscient, et nous aident à découvrir ce que les rêves nous disent.

    Le Huffington Post Lifestyle a demandé à Carder Stout , une psychothérapeute jungienne de Los Angeles, de décrypter dix rêves courants.

    “Les rêves sont une fenêtre ouverte sur l’inconscient”, explique-t-elle. “Ce qu’ils disent peut contribuer à nous rendre plus heureux, plus équilibré, mieux structuré.”

    L’une des clés de cette démarche est de ne pas les prendre au pied de la lettre, mais de s’intéresser à ce qu’ils représentent. Ils fourmillent souvent de métaphores illustrant les aspects de votre personnalité qui requièrent votre attention .

    Il faut aussi bien comprendre que la psychologie des profondeurs (c’est le nom de cette pratique) n’est pas la seule méthode d’analyse des rêves. Certains croient que ce que nous faisons au cours de la journée influe sur nos rêves, en bien ou en mal. La position dans laquelle nous dormons pourrait également provoquer ou, au contraire, nous permettre d’éviter des cauchemars, et il semble que ceux qui n’ont connu la télé qu’en noir et blanc rêvent rarement en couleur .

    Vous rêvez que vous êtes enceinte

    “Pour faire simple, cela veut dire qu’il y a du nouveau en vous, une nouvelle énergie, de nouvelles idées”, ajoute le docteur Stout. “Peut-être êtes-vous en train de changer de vie, de vous aventurer dans une nouvelle direction. Vous muez, vous vous transformez, et votre vie va sans doute prendre une tournure différente.”

    Vous rêvez de votre ex

    “Si vous rêvez d’une personne en particulier, c’est qu’elle représente un aspect bien spécifique de votre personnalité. Si vous commencez à rêver de cette personne, demandez-vous ce qu’elle représente pour vous. Quelles sont ses qualités? Que vous rappelle-t-elle? En fait, vous êtes en train de rêver de choses que vous avez en vous. C’est un reflet. Ne prenez pas ce rêve au pied de la lettre. Si votre ex était du genre à relativiser et que vous rêvez d’elle ou de lui, c’est cet aspect de votre personnalité qu’il convient d’examiner. Peut-être devriez-vous y faire davantage attention.”

    Vous rêvez que vous perdez vos dents

    Selon notre spécialiste, ce rêve est un grand classique, qui affecte des personnes de cultures très différentes, dans le monde entier.

    “Que représente le fait de perdre ses dents? D’abord, lorsque vous êtes bébé, vous faites vos dents, puis vous perdez ces dents de lait pour faire de la place aux dents permanentes. La perte des dents de lait représente un moment de transition. C’est lorsque vous traversez une phase de grands changements qui génèrent de l’angoisse que vous risquez de faire ce genre de rêve. C’est le signe que vous grandissez, que vous évoluez.”

    Vous faites un rêve morbide

    “Nous percevons la mort et la (re)naissance de manière remarquablement similaire”, indique la psychothérapeute. “Symboliquement, une partie de vous, ou une habitude, est en train de mourir: quelque chose qui nous a été utile pendant un certain temps, et qui ne nous sert plus aujourd’hui, parce qu’on est passés à autre chose. On change peut-être de boulot, ou de logement, on est en train de se séparer et on fait le deuil de la relation. Les rêves de mort symbolisent, en fait, la part de soi dont on se détache.”

    Vous faites toujours le même cauchemar

    Nous vivons des expériences négatives tout au long de notre vie. Intériorisées, celles-ci génèrent des traumatismes émotionnels latents. On sait que l’esprit humain a tendance à occulter ces souvenirs plutôt que de revivre les traumatismes qu’ils ont engendrés. Ce refoulement constant est l’essence même des cauchemars récurrents, explique-t-elle.

    “Quand on refoule ces traumatismes, ils affectent souvent nos rêves. Si l’on commence à rêver de la même chose, ou si l’on fait toujours le même genre de rêves, c’est le signe que notre inconscient nous dit: ‘Fais attention à ce que je te dis. J’ai atteint un seuil de saturation et j’ai besoin de me débarrasser d’un peu de cette énergie car elle est devenue trop encombrante et néfaste. Si tu n’y prêtes pas attention, il y aura des conséquences.’ Le rêve revient encore et toujours parce qu’il faut agir.”

    Vous rêvez que vous avez une liaison

    “Ces rêves sont liés aux mensonges, bien sûr, mais principalement à ceux que vous vous dites. Il y a quelque chose que vous refoulez, à laquelle vous ne prêtez pas attention ou sur laquelle vous n’arrêtez pas de vous mentir. L’infidélité, telle que vous vous l’êtes présentée dans le rêve, correspond en fait à la façon dont votre inconscient se représente la relation, à soi ou à l’autre. Il vous indique que vous n’êtes pas fidèle à vos propres besoins.”

    Vous rêvez d’animaux

    Comme dans l’exemple des dents qui tombent, les animaux sont un grand classique. En fonction des cultures, on leur attribue une symbolique différente, ce qui peut influer sur la manière dont vous vous les représentez.

    Prenons les serpents, par exemple.

    “Avant de voir le symbole derrière l’animal, commencez par explorer votre vie privée puis votre inconscient. Possédez-vous un serpent? En avez-vous déjà vu un dans une animalerie? Quelles légendes avez-vous lues sur les serpents? Que représentent-ils à vos yeux? En avez-vous peur? Vous fascinent-ils? Il faut s’intéresser à toutes ces choses. Dans la mythologie, les serpents symbolisent la tromperie, le renouvellement, le pouvoir et d’autres choses magiques ou mystiques. Examinez chaque élément, l’une après l’autre, et voyez ce que vous y trouvez.”

    Vous rêvez de l’école ou du travail

    “Quand vous rêvez que vous n’êtes pas prêt(e) pour un examen ou une réunion, ou bien que vous êtes en retard au travail, vous exprimez votre sentiment de vulnérabilité, la peur que l’on vous voie tel(le) que vous êtes réellement, même ce que vous dissimulez. C’est ça qui est angoissant.”

    Selon la psychothérapeute, même dans un contexte professionnel, la plupart des gens cachent certains aspects de leur personnalité à leur employeur, leurs collègues, leurs profs et même leurs amis. Il est très inquiétant de penser que quelqu’un pourrait apercevoir ce que nous dissimulons. Comme si on se retrouvait tout nu à l’école!

    Vous rêvez d’aventure

    “Ce sont des rêves très agréables”, remarque notre spécialiste. “Beaucoup de gens s’imaginent qu’ils sont en train de voler. C’est notre enthousiasme enfantin qui se fait entendre. Les enfants ont cet esprit d’aventure, bien loin des tracas des adultes. Ils agissent de façon impulsive et vivent dans un monde un peu magique. Peut-être devriez-vous faire attention à votre imaginaire, l’alimenter, être parfois moins réfléchi. Peut-être avez-vous trop travaillé ces derniers temps – rivé à votre bureau avec toutes sortes de deadlines – et négligé l’enfant qui est en vous. Il a besoin de s’exprimer.”

    Vous rêvez de nourriture

    “Demandez-vous ce qui vous manque réellement, ou ce que vous essayez de compenser si vous rêvez que vous vous laissez aller à certaines choses. Prenons un accro au travail: son rêve nous dirait certainement que sa vie professionnelle lui prend trop d’énergie, qu’il est au bord de l’implosion et qu’il n’a plus de place pour quoi que ce soit. Si votre rêve concerne des restrictions alimentaires ou le fait de ne pas pouvoir manger à votre faim, demandez-vous ce que vous désirez vraiment. Pensez à la partie de vous-même qui est en carence et qui a besoin d’être nourrie.”

    La prochaine fois que vous ferez un rêve marquant, gribouillez ce dont vous vous souvenez au réveil, même s’il s’agit juste d’un petit croquis, et prenez un instant pour réfléchir à ce que votre inconscient vous dit. Que le rêve ait été positif ou négatif, exaltant ou effrayant, écoutez le message, dénué de toute censure, qu’il véhicule et profitez-en pour apprendre quelque chose sur vous-même.

    Cet article, publié à l’origine sur le Huffington Post américain , a été traduit par Jennifer Joffre et Laura Pertuy pour Fast for Word et publié initialement sur le HuffPost en 2015. Nous le republions aujourd’hui.

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      Ruby Barker de "La chronique de Bridgerton" hospitalisée pour un problème de santé mentale

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 28 May, 2022 - 14:04 · 3 minutes

    Ruby Barker de Ruby Barker de "La chronique de Bridgerton" a été hospitalisée pour un problème de santé mentale (Ruby Barker le 16 juillet 2021. Photo by Tristan Fewings/Getty Images)

    SANTÉ - “Comment allez-vous vraiment?” C’est par cette question que débute le message de Ruby Barker adressé à ses fans sur Instagram. Jeudi 26 mai, l’actrice de 25 ans, qui interprète Marina Thompson dans la saison 1 de la série La Chronique des Bridgerton , a donné de ses nouvelles et tenté de rassurer ses fans sur sa santé.

    Depuis l’hôpital dans lequel elle est internée, elle s’est adressée à ses 231.000 abonnés pour parler santé mentale. En légende de son poste, elle écrit: “La semaine de la santé mentale c’est chaque semaine pour moi. J’ai l’impression de ne pas avoir été totalement honnête, donc pour mes followers, il est temps d’être transparente. Je me bats depuis Bridgerton , c’est la vérité. Merci à tous de me soutenir et de me montrer votre amour. #sensibilisationàlasantémentale”.

    Face à la caméra, elle témoigne ainsi: “Comment allez-vous vraiment? Moi, je vais mieux, je n’allais vraiment pas bien pendant très longtemps et pour être honnête avec tout le monde, j’ai dû me battre”, confie-t-elle.

    “Je veux survivre et je survivrai, je vais le faire”

    “Je vais faire une petite pause et j’encourage tous ceux qui sont dans le même cas que moi à faire de même, arrêtez d’être si dur avec vous-même”, a-t-elle appelé.

    Et de poursuivre: “On a besoin de changer le dialogue et parler de la santé mentale. Je dis ça parce que j’étais moi-même dans ce cas, j’étais pleine de rage, de colère, tout ce traumatisme intergénérationnel amassé en moi. Maintenant que j’ai un diagnostic, je trace une ligne dans le sable (...), je dois changer et c’est exactement ce que je suis en train de faire”.

    ″​Désolé, j’ai été silencieux, je suppose que les gens découvrent pourquoi maintenant. Je voulais juste dire merci pour tous les messages de soutien”, a-t-elle également partagé sur Twitter ce samedi. “J’espère que parler peut aider à déstigmatiser ne serait-ce qu’un tout petit peu la santé mentale et encourager les autres à demander de l’aide s’ils en ont besoin”, a-t-elle ajouté, en partageant un message de prévention du système de santé britannique .

    L’actrice britannique, que l’on a pu également voir dans How To Stop A Recurring Dream, a ensuite tenu à “remercier toutes les personnes qui (l)’ont aidée”, notamment sa famille, ses amis et la productrice de la série Shonda Rhimes ainsi que la plateforme Netflix pour lui avoir “donné l’opportunité” et de l’avoir “sauvée”. Et de conclure ainsi: “Je veux survivre et je survivrai, je vais le faire”.

    À voir également sur Le HuffPost: L’autrice de “La Chronique des Bridgerton” n’en revient pas du succès de ses livres

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      Comment parler des viols de guerre en Ukraine sans raviver le traumatisme des victimes?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 23 May, 2022 - 16:26 · 9 minutes

    Selon la fondation Denis Mukwege, le commissaire aux droits de l’homme du Parlement ukrainien aurait déjà reçu plus de 400 signalements de violences sexuelles, entre le 1er et le 14 avril. Un chiffre qui ne serait, selon sa directrice que “la partie émergée de l’iceberg”. Selon la fondation Denis Mukwege, le commissaire aux droits de l’homme du Parlement ukrainien aurait déjà reçu plus de 400 signalements de violences sexuelles, entre le 1er et le 14 avril. Un chiffre qui ne serait, selon sa directrice que “la partie émergée de l’iceberg”.

    GUERRE - Les violences sexuelles sont une fois de plus utilisées comme une arme de guerre. En Ukraine comme dans d’autres conflits, les témoignages et récits de viols et de violences subis par la population ukrainienne, en particulier les femmes , se multiplient. Ils sont difficiles à documenter et risquent quand ils le sont de traumatiser à nouveau les victimes.

    Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé le 17 mai le déploiement en Ukraine d’une équipe de 42 enquêteurs et experts, soit la plus grande mission jamais envoyée sur le terrain, pour enquêter sur les crimes commis pendant l’invasion russe.

    Sur le terrain, de nombreux acteurs collectent des informations: journalistes, ONG, activistes, acteurs locaux, police, gouvernement ukrainien... Or, tout le monde n’est pas apte et formé à recueillir ces témoignages.

    Le Murad Code, un “code de conduite mondial”

    Mi-avril, un document, le Murad Code , un “code de conduite mondial pour la collecte et l’utilisation d’informations sur les violences sexuelles systématiques et liées aux conflits”, a été publié. À l’origine de cet outil se trouve Nadia Murad , Prix Nobel de la paix en 2018, elle-même rescapée du génocide yézidi en Irak et victime d’esclavage sexuel par Daech.

    Cette charte liste des bonnes pratiques à l’attention des professionnels, acteurs de terrain, police, journalistes, ONG , chercheurs et enquêteurs internationaux, psychologues confrontés à des victimes présumées de violences sexuelles.

    “Elle est partie d’un constat, c’est que tous ces acteurs de terrain, aussi bien intentionnés qu’ils soient, n’ont pas les compétences et les bons outils pour parler aux survivants sans raviver leur traumatisme”, explique au HuffPost Katrien Coppens, directrice de la fondation Denis Mukwege -chirurgien gynécologique de renommée mondiale qui a reçu le Prix Nobel de la paix la même année que Nadia Murad.

    Nadia Murad a été propulsée comme représentante de la communauté Yézidie et des victimes de l’esclavage sexuel de Daech. Elle devait témoigner de faits terribles face à des gens qui n’ont pas conscience des conséquences d’un tel traumatisme et d’une telle expérience. Léa-Rose Stoian, responsable des opérations pour l'ONG WWoW

    Pour créer cet outil, Nadia Murad s’est appuyée sur les expériences de survivants de crimes de guerre et avant tout la sienne. “Elle a été propulsée comme représentante de la communauté Yézidie et des victimes de l’esclavage sexuel de Daech”, raconte Léa-Rose Stoian, responsable des opérations pour l’ONG française WWoW - We are NOT Weapons of War (Nous ne sommes pas des armes de guerre).

    “Elle donnait des interviews en permanence, dans des commissions d’enquête et des médias, à de multiples reprises, se souvient-elle. Elle était complètement affaiblie, au-delà même de ce qu’elle avait subi, par cette situation médiatique, à devoir témoigner de faits terribles face à des gens qui n’ont pas conscience des conséquences d’un tel traumatisme et d’une telle expérience.”

    S’assurer d’une prise en charge

    Comme le rappelle la juriste spécialisée en droit pénal et en criminologie, “de nombreux acteurs ne perçoivent pas la spécificité de ces crimes sexuels et de l’interrogatoire que l’on doit mener.”

    La règle principale, lorsque l’on recueille le témoignage d’une personne potentiellement victime et visiblement en situation de traumatisme extrême, c’est tout d’abord de s’assurer qu’elle est ou va être prise en charge médicalement, psychologiquement et physiquement.

    “C’est un processus et presque un protocole, explique Léa-Rose Stoian. Il faut demander à la personne comment elle se sent et si elle est en capacité de parler. Et régulièrement savoir si elle veut continuer, tout au long de l’entretien. Surtout, garder sa place et ne pas aller trop loin.”

    Le fait d’interroger une victime peu de temps après les crimes présumés pourrait sembler opportun, notamment pour éviter une éventuelle amnésie traumatique . “C’est délicat, car les preuves physiques d’un viol par exemple, peuvent disparaître avec le temps, reconnaît Katrien Coppens, directrice de la fondation Denis Mukwege. Mais ce qui prime, c’est de respecter les victimes, leur rythme et qu’elles soient tout d’abord prises en charge médicalement.”

    Connaître le contexte et les différents acteurs du conflit permet d’éviter de mettre en danger la victime potentielle. “Se rendre sur un terrain de guerre, ce n’est pas uniquement aller chercher de l’information, poursuit Léa-Rose Stoian. C’est aussi prendre conscience des conséquences que ces prises de témoignages peuvent avoir sur les personnes.”

    “Cartographier le terrain”

    Le contexte de la prise de témoignage doit guider celle-ci. Il faut adapter son discours à la situation. “Vous pouvez être amenés à rencontrer de potentielles victimes, mais éventuellement aussi de potentiels auteurs de crimes, des combattants, qui ont également subi des violences, souligne la juriste. Il faut cartographier le terrain dans lequel on se trouve.”

    “Vous avez des viols ou violences sexuelles qui sont perpétrés devant des proches, où au traumatisme s’ajoute la honte. En Afrique centrale par exemple, en Syrie, en Libye ou en Irak, il y a un tabou autour de ces crimes, relate-t-elle. Les victimes se sentent salies dans leur intimité mais aussi dans leur place au sein de la société et peuvent être isolées et mises au ban de la communauté.”

    On a beaucoup tendance à regarder ce qui se passe sous un prisme émotionnel alors que le travail de la documentation, c’est de partir des faits bruts.” Léa-Rose Stoian, responsable des opérations pour l'ONG WWoW

    Au cœur de la guerre, la tâche peut s’avérer compliquée, du fait notamment en Ukraine de la multiplication des images et informations diffusées sur les réseaux sociaux. “Il faut faire attention à la narrative et à la propagande, en fonction des camps, rappelle Léa-Rose Stoian. On a beaucoup tendance à regarder ce qui se passe sous un prisme émotionnel alors que le travail de la documentation, c’est de partir des faits bruts.”

    Et surtout, il ne faut pas oublier avec quel objectif on collecte ces informations. “Si je suis psychologue ou médecin, les questions que je vais poser ne seront pas les mêmes que si je suis enquêteur, juge, ou officier de police judiciaire” estime-t-elle.

    La question du genre peut compter, aussi, en fonction du pays dans lequel on se trouve. “Non seulement parce que les femmes ne sont pas les seules victimes de violences sexuelles liées aux conflits, rappelle Léa-Rose Stoian. Mais aussi pour adapter la prise de témoignage: vous n’allez pas vous adresser à un homme ou une femme de la même manière au Burundi, en Libye ou en Ukraine, par exemple.”

    “Éviter le business de témoignages”

    L’ONG française WWoW, qui lutte contre la violence sexuelle liée aux conflits, a mis en place Back Up, une application mobile cryptée et sécurisée qui permet le signalement des victimes de viols de guerre, la coordination des professionnels impliqués dans cette problématique et la collecte de données fiables sur ce phénomène. Et qui devrait être déployée en Ukraine d’ici quelques semaines.

    “Cet outil répond à ces problématiques identifiées sur le terrain, comme la question de l’accessibilité des victimes, qui pour certaines se terrent dans le silence ou n’ont pas la possibilité de parler à des professionnels, explique la juriste. Il leur permet de donner de premières informations, même anonymes, pour les mettre en relation avec des organisations ou professionnels.”

    Une personne tierce ou témoin peut aussi transmettre des informations sur des victimes, qui seront sécurisées et analysées par les juristes de l’ONG. L’idée à terme est aussi de permettre à une victime qui a transmis son témoignage sur l’application, si elle est à nouveau sollicitée, de dire: “si vous voulez connaître mon histoire, adressez-vous à l’ONG, moi je ne veux plus parler”.

    Même si, dans la réalité, lors d’un processus judiciaire, répéter son histoire semble inévitable. “Mais ça permet d’éviter une sorte de business des témoignages”, estime Léa-Rose Stoian.

    400 signalements au Parlement ukrainien

    Selon la fondation Denis Mukwege, dont une délégation s’est rendue en Ukraine au début du mois de mai, le commissaire aux droits de l’homme du Parlement ukrainien aurait déjà reçu plus de 400 signalements de violences sexuelles, entre le 1er et le 14 avril. Un chiffre qui ne serait, selon la directrice de la fondation Denis Mukwege, que “la partie émergée de l’iceberg”.

    “De nombreux Ukrainiens ont peur de parler car ils craignent un retour des Russes, explique Katrien Coppens. La situation est encore très instable. De nombreux survivants veulent oublier et éviter la honte sociale. Un grand nombre d’entre eux découvriront que ce n’est pas possible, à cause des dommages physiques et psychologiques.”

    De nombreuses victimes témoignent aussi de manière anonyme, ou se sont déplacées, ce qui rend le processus de suivi compliqué. Ce qui semble en revanche se dessiner, c’est que leur nombre risque d’augmenter.

    “Nous avons plusieurs indicateurs qui nous permettent de parler d’une stratégie russe pour terroriser la population, souligne Katrien Coppens. Certaines victimes présumées racontent qu’elles ont été violées ou tuées devant des membres de leur famille ou d’autres personnes. Ce qui est fait pour diffuser la peur.”

    Les autorités russes ne se sont pas exprimées à ce sujet, ce qui pour la directrice de la fondation est un autre indicateur de cette stratégie. ”À notre connaissance, les autorités russes n’ont pas nié, condamné ces actes ou diligenté d’enquête au sein de leurs troupes, rappelle-t-elle. Au contraire, à Boutcha, un chef militaire russe responsable des massacres sur place a été décoré d’une médaille. Ces comportements innommables sont a minima tolérés.”

    À voir également sur Le HuffPost : À Cannes, une activiste dénonce les viols russes en Ukraine sur le tapis rouge

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      Combien le réchauffement climatique nous fait perdre d'heure de sommeil?empêche de plus en plus de dormir

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 20 May, 2022 - 15:00 · 3 minutes

    Cartes mondiales projetant la perte nette de sommeil annuelle par personne attribuée à la température d'ici 2050 et 2099. Cartes mondiales projetant la perte nette de sommeil annuelle par personne attribuée à la température d'ici 2050 et 2099.

    DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE - Vous avez eu du mal à vous endormir cette semaine? Est-ce que l’ augmentation des températures impacte notre sommeil? Telle est la question que ce sont posés des chercheurs de l’université de Copenhague et de l’Institut Max Planck de Berlin. Leurs résultats sont présentés par une étude publiée le 20 mai dans la revue One Earth .

    Et ils apportent une réponse claire: la chaleur n’arrange pas les affaires de notre sommeil. “Les températures extérieures plus chaudes érodent constamment le sommeil, la quantité de perte de sommeil augmentant progressivement à mesure que les températures deviennent plus chaudes”, affirme Kelton Minor , l’un des quatre auteurs de l’étude.

    Concrètement, les résultats de ces recherches montrent que “cette érosion se produit principalement en retardant le moment où les gens s’endorment et en avançant lorsqu’ils se réveillent par temps chaud”. Grossièrement, les nuits sont grignotées à cause des températures .

    14 minutes de moins par nuit

    L’étude a suggéré que les nuits très chaudes (plus de 30 degrés), le sommeil diminuent en moyenne d’un peu plus de 14 minutes. La probabilité d’obtenir moins de sept heures de sommeil augmente également à mesure que les températures augmentent. Les chercheurs laissent donc entendre que d’ici 2100, des températures plus chaudes pourraient faire perdre entre 50 et 58 heures de sommeil par personne et par an.

    Mais tout le monde n’est pas touché de manière égalitaire par la chaleur nocturne. L’effet de la température sur la perte de sommeil est ainsi considérablement plus important pour les résidents des pays à faible revenu ainsi que pour les personnes âgées et les femmes.

    Graphiques démontrant l'évolution du sommeil avec une augmentation de la température de 1° suivant: A) l'âge B) le sexe C) le revenu national brut D) la saison E) les températures minimales. Graphiques démontrant l'évolution du sommeil avec une augmentation de la température de 1° suivant: A) l'âge B) le sexe C) le revenu national brut D) la saison E) les températures minimales.

    Néanmoins pour faire face à la chaleur , notre corps possède un système de refroidissement. Le chercheur Kelton Minor explique en effet que “chaque nuit, ils font quelque chose de remarquable sans que la plupart d’entre nous le sachent consciemment : ils diffusent de la chaleur de notre cœur dans l’environnement environnant en dilatant nos vaisseaux sanguins et en augmentant le flux sanguin vers nos mains et nos pieds”.

    Le corps humain agit ici comme une machine. S’il fait trop chaud, il se régule en ouvrant les vannes pour laisser s’échapper la chaleur à nos extrémités, à savoir les pieds et les mains. Seul hic, pour que cette machinerie fonctionne, l’environnement doit être plus frais que nous.

    Une étude mondiale...qui en appelle d’autres

    Pour mener à bien ces recherches, les scientifiques ont utilisé des données globales anonymes sur le sommeil collectées à partir de bracelets de suivi. Au total, 7 millions d’enregistrements réalisés sur plus de 47.000 adultes (de 68 pays) ont été collectés.

    Cette étude possède néanmoins un degré d’incertitude. Il y a tout d’abord les fluctuations de températures en fonction de la variété de climats mondiaux qui occasionnent une certaine marge d’erreur.

    D’autre part, les habitants des pays en développement semblent être plus touchés par ces changements, au contraire d’habitants de pays développés. L’une des raisons pourrait être l’apport de la climatisation, mais son rôle n’a pas pu être clairement identifié dans cette étude.

    À voir également sur le HuffPost: Canicule en Asie: Passé ce seuil on meurt de chaud, voici pourquoi

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      Avec les enveloppes budgétaires, elles calment leur anxiété vis-à-vis de l'argent

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 8 May, 2022 - 06:00 · 3 minutes

    ARGENT - Nos grands-parents avaient décidément de très bonnes astuces! L’une d’entre elles est d’ailleurs en train de faire son grand retour sur les réseaux sociaux. Il s’agit des enveloppes budgétaires. Remplies de liquide, elles permettent à leur détenteur de mieux gérer leur budget .

    Cette technique est aujourd’hui utilisée par des étudiants, des mères de famille ou encore des freelances qui ont une certaine angoisse lorsqu’il faut parler d’argent. Pour les aider à se réconcilier avec leurs sous , ils ont opté pour cette méthode.

    Se réapproprier son argent

    Clémence, maman de trois enfants, a déjà eu recours une fois aux enveloppes budgétaires aux alentours de ses 20 ans, lorsqu’il fallait gérer les vacances. Quelques années plus tard, elle replonge le nez dedans pour mieux cadrer les dépenses de sa famille. Pour cela, elle a découpé son budget en différentes enveloppes. Dans certaines, il y a le liquide du mois pour les courses , dans d’autres celui pour les loisirs ou encore l’habillement pour ses enfants.

    Sur l’enveloppe, “j’ai marqué la somme plus toutes celles qui viennent se déduire. […] Par exemple, je vais dire une bêtise, je fais 115,10 euros de course. Je paie avec l’argent que j’ai dans mon enveloppe. Je marque -115,10 euros et il me reste tant dans l’enveloppe pour faire des courses jusqu’à la fin du mois”, précise-t-elle au HuffPost LIFE , comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus .

    En plus de savoir exactement ce que la famille dépense, cette utilisation massive des enveloppes budgétaires a un second effet sur Clémence. “On se réapproprie son argent, c’est ça qui est important. C’est se réapproprier l’argent et se rendre compte à un moment qu’il n’y en a plus”, conclut la mère de famille.

    Une charge mentale en moins

    Elisa, la vingtaine, a décidé de mettre en place ce système chez elle pour d’autres raisons. Graphiste freelance, elle touchait jusqu’à présent une compensation de Pôle emploi pour les mois un peu plus durs. Cet été, elle n’y aura plus droit. Pour éviter de stresser, Elisa a réfléchi à une technique pour mieux suivre toutes ses dépenses. “J’ai beaucoup de charge mentale . Quand tu es à ton compte, par rapport à ton travail, tu dois penser à énormément de choses et c’est vrai que l’argent, c’est quelque chose qui me stressait beaucoup”, confie-t-elle.

    Jusqu’à présent, les chiffres, les calculs, les budgets… en réalité, tout ce qui se rapporte de près ou de loin à l’argent, l’ont toujours angoissée. Mais, Elisa a trouvé la solution pour être plus apaisée de ce côté-là. ”Ça me réconcilie avec les chiffres, et la comptabilité. Maintenant, je fais des calculs tout le temps, donc ça m’exerce.”

    Clémence est également de cet avis. “C’est rassurant, c’est apaisant et aussi faire les enveloppes, s’en occuper, faire ses calculs… C’est prendre possession, prendre les choses en main et quand on s’occupe de son argent, on est beaucoup moins anxieux, parce que l’on sait ce qu’il reste”, explique-t-elle.

    Elisa, comme Clémence, ne savent pas exactement combien de temps les enveloppes budgétaires vont les accompagner. Elles ne se posent pas vraiment la question tant que cette habitude leur convient.

    À voir également sur Le HuffPost: Parler d’argent avec et pour les femmes, une priorité pour cette journaliste

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      Que sait-on vraiment du "syndrome du visage vide"? On a demandé à deux psy

      Lola Uguen · news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 1 May, 2022 - 06:00 · 5 minutes

    Plusieurs psychologues constatent une forme d Plusieurs psychologues constatent une forme d'angoisse chez certains adolescents et adultes à l'idée de retirer le masque.

    COVID-19 - “Le masque a révélé qu’ils étaient plus ‘confort’ avec, ils se sentent plus en sécurité avec le masque, ils ont plus confiance en eux.” Pour la psychopédagogue et enseignante Brigitte Prot, le constat est clair: face à la fin du port du masque , certains adolescents ne se sentent plus du tout à l’aise.

    Un constat qui fait écho à un article publié fin mars dans le journal catalan El Periodico et soulignant l’existence d’un “ sindrome de la cara vacia ”, traduit en français par le “syndrome du visage vide”. La psychologue espagnole Georgina del Valle décrivait dans les pages du quotidien l’angoisse ressentie par certaines personnes, notamment les adolescents, à l’idée de ne plus porter le masque.

    Pour la psychopédagogue Brigitte Prot et la psychologue clinicienne Aline Nativel Id Hammou, interrogées par Le HuffPost , si certaines personnes sont anxieuses à l’idée de retirer leur masque, le phénomène du “syndrome du visage vide” reste à discuter et à relativiser.

    Plutôt un “syndrome du visage nu”

    “Par rapport à la population que je peux accompagner, il y a beaucoup d’adultes, d’adolescents voire d’enfants qui peuvent avoir une forme de réticence à retirer le masque ”, observe Aline Nativel Id Hammou. Les deux psychologues ont en effet remarqué des difficultés chez certaines personnes qu’elles suivent à enlever le masque. L’important pour Aline Nativel Id Hammou étant de prêter attention à ce que cette réticence ne devienne pas “pathologique” comme “l’apparition d’une phobie à montrer son visage, à se réfugier derrière un masque”.

    “Mais syndrome du visage vide, ça ne convient pas, je propose plutôt visage nu ou découvert”, nuance Brigitte Prot. La psychopédagogue explique: “Vide, ça supposerait que quand on n’a pas de masque, notre visage est vide, au contraire c’est là qu’il est plein. Avec le masque, on ressemble à tout le monde. Excepté le regard, c’est toute une partie du visage qui est vide”.

    Des profils variés

    En ce qui concerne la population touchée, les deux expertes ne font pas exactement les mêmes constats. “Dans ma pratique, je retrouve plus des adultes que des enfants et des adolescents car, chez les adultes, il y a peut-être une prise de conscience plus forte des conséquences du Covid, de cette question de la responsabilité. La plupart des enfants et des ados sont très contents qu’il n’y ait plus le masque, c’est une forme de libération et d’apaisement”, souligne Aline Nativel Id Hammou. Pour Brigitte Prot, ce sont au contraire les jeunes qui sont les premiers concernés: “Ça touche surtout les adolescents qui étaient protégés du regard des autres. L’adolescence, c’est une période où ils ont besoin d’intimité mais ils ne l’ont pas dans la société actuelle car on les filme, car il y a beaucoup d’images d’eux qui circulent, notamment sur les réseaux sociaux”.

    “Enlever le masque, c’est être à découvert. Sans le masque, les ados sont beaucoup plus exposés. Ça peut leur donner des complexes, surtout que leur physique change beaucoup”, poursuit la psychopédagogue, prenant l’exemple de la pilosité faciale chez les garçons. “C’est vrai que pour les adolescents, il y a la question du corps, du visage, de la beauté qui rentre en jeu [...]. Certains profils d’ados peuvent se réfugier derrière le masque, en lien avec les complexes physiques ”, appuie Aline Nativel Id Hammou.

    La psychologue clinicienne note par ailleurs que “s’il y avait à la base un trouble anxieux chez l’enfant, l’ado ou l’adulte, il peut avoir cette appréhension à le retirer en lien avec des angoisses en rapport avec la contamination, avec la peur de transmettre le Covid aux gens qu’on aime [...]. Si on a bien vécu la crise sanitaire ou qu’on a déjà eu le Covid, ça peut être plus facile de s’autoriser à retirer le masque”.

    Relativiser la réadaptation aux “visages pleins”

    Ce “syndrome” est également un constat récent, comme le rappelle Aline Nativel Id Hammou. “Cette liberté de pouvoir enlever le masque, on la vit tous que depuis quelque temps, c’est un syndrome réactionnel à la crise sanitaire qu’on a vécu, comme le syndrome de la cabane ”, compare-t-elle.

    Cette dernière incite à “relativiser la question de la réadaptation”. “On s’est tous plus ou moins adaptés à la crise sanitaire, avec un conditionnement aux gestes barrières, où ça fait deux ans qu’on nous dit que c’est très important. Il faut donc laisser le temps au public de se réadapter vers une nouvelle norme d’après”, souligne-t-elle. La psychologue clinicienne met en avant que la fin du port du masque en intérieur reste récente et incertaine.

    Ce syndrome du visage nu ou découvert n’est en effet pas encore reconnu. “Il faut encore des mois ou au moins quelques semaines de recul pour savoir si ce syndrome pourrait s’installer chez n’importe quel humain”, détaille Aline Nativel Id Hammou.

    Y faire face en s’écoutant

    Pour faire face à ce syndrome, les deux spécialistes conseillent de s’écouter. Pour Brigitte Prot, “c’est en s’appropriant leur physique, en repérant tout ce qui est à leur avantage, les points forts sur leur visage, ce qui leur plaît à eux” que les adolescents pourront outrepasser cette angoisse .

    “Si on est mal à l’aise, c’est qu’on en a encore besoin. Alors il faut être tout simplement à l’écoute de ce qu’on ressent , essayer d’écouter aussi ses angoisses, se demander si elles sont pertinentes ou non”, complète Aline Nativel Id Hammou. Elle recommande “d’y aller progressivement: il faut tenter de le faire quand on se sent à l’aise, quand il n’y a pas trop de monde autour de soi, ça dépend aussi des contextes, surtout si on ne le sent pas, on ne se force pas”.

    La partie la plus difficile est celle d’accepter que les autres l’enlèvent, estime la psychologue clinicienne, qui rappelle que le masque est toujours une protection pour soi comme pour autrui. Aux moins stressés alors de “laisser le temps aux autres de s’autoriser à l’enlever”.

    À voir également sur Le HuffPost: “Orelsan enflamme ce club de Tignes pour la réouverture des boîtes”