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      « Les mouvements sans grève ne gênent personne » – Entretien avec Jean-Marie Pernot

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Sunday, 29 January, 2023 - 21:56 · 27 minutes

    La forte opposition à la réforme des retraites met de nouveau les syndicats au centre du jeu politique. Après une mobilisation historique le 19 janvier dans la rue, de nouvelles manifestations sont prévues et des grèves se préparent dans plusieurs secteurs. Mais pour Jean-Marie Pernot, politologue et spécialiste des syndicats, un mouvement social se limitant à des manifestations et à quelques « grèves par procuration » ne sera pas suffisant pour faire reculer le gouvernement. L’organisation de grèves dures sera néanmoins ardue, tant les syndicats se sont affaiblis durant les dernières décennies. Dans cet entretien fleuve, l’auteur de l’ouvrage Le syndicalisme d’après. Ce qui ne peut plus durer revient sur les raisons de ce déclin, entre bureaucratisation, incapacité de la CGT et de la CFDT à s’unir, liens compliqués avec les partis politiques ou encore inadéquation entre la structuration des grandes confédérations et l’organisation du salariat contemporain. Propos recueillis par William Bouchardon.

    Le Vent Se Lève : La mobilisation contre la réforme des retraites a débuté par une grande manifestation jeudi 19 janvier, avec entre 1 et 2 millions de personnes dans la rue, ce qui est assez historique. Néanmoins, malgré l’unité syndicale, le choix d’une prochaine date de mobilisation tardive le 31 janvier et des suites un peu incertaines suivant les secteurs donnent l’impression d’une fébrilité des syndicats. Comment analysez-vous ce début de mobilisation ?

    Jean-Marie Pernot : D’abord, si je peux bien sûr être critique des syndicats, il faut quand même relever qu’ils ne sont pas morts. Qui est capable dans ce pays de mettre un à deux millions de personnes dans la rue ? Tout affaiblis qu’ils soient, on constate quand même que les syndicats ont réussi cela, grâce à une certaine unité. Certes, cette unité est défensive car les syndicats n’ont pas tous le même avis sur les retraites, mais l’opposition à la réforme les réunit. Ce qui me frappe beaucoup dans cette première journée de mobilisation, même si on l’a déjà vu en 2010, c’est la mobilisation dans les petites villes. 1500 personnes à Chaumont (ville de 22.000 habitants en Haute-Marne) par exemple. C’est assez rare pour le souligner. Donc les syndicats ne sont pas morts. Bien sûr, les retraites sont au cœur du pacte social et c’est un sujet très sensible, d’où l’ampleur de la mobilisation.

    Une fois dit cela, l’analyse doit se faire non pas sur une journée mais sur une séquence. Depuis 1995, ces conflits se font en effet sur de grandes séquences et les mouvements acquièrent une dynamique propre. Cette première journée était-elle l’acmé du mouvement ou seulement un point de départ ? Il est encore trop tôt pour le dire. En outre, les rythmes de mobilisation sont différents secteur par secteur, selon les syndicats qui dominent. On sait que la CGT va pousser à la grève reconductible dans certains secteurs, mais même au sein de ce syndicat, les stratégies diffèrent. Les grèves dans les transports par rail et les transports urbains vont probablement tenir un certain temps. Outre les habitudes de mobilisation à la SNCF et à la RATP, je rappelle que leur régime spécial est menacé. Mais de manière générale, on va avoir toutes les configurations sectorielles et géographiques. Il y a une immense variété de stratégies syndicales, d’habitudes, de puissance par secteur etc. et donc beaucoup d’inconnues.

    Je retiens deux facteurs importants pour la suite. D’abord la question de la grève : en 2010, contre la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy, on avait eu une protestation presque sans grève. La vague de manifestations était considérable, sans doute la plus forte depuis 1968, plus forte même qu’en 1995. Même dans les petites îles au Nord de la Bretagne, dans des villages de 300 habitants, il y avait systématiquement des manifestations. Et pourtant il ne s’est rien passé : Sarkozy se fichait de ces manifestations et a fait sa réforme. Macron a sans doute en tête le même scénario : que les gens manifestent une, deux ou dix fois, puis qu’ils finissent par se lasser, que le front syndical se lézarde etc… Si c’est de nouveau un mouvement sans grève, comme en 2010, je ne vois pas en quoi l’issue serait différente. Les mouvements sans grève ne gênent personne. Bruno Le Maire l’a d’ailleurs rappelé il y a quelques jours : il respecte le droit de manifester mais espère un mouvement indolore, qui ne « bloque » pas le pays.

    En effet, face à un mouvement de manifestations mais peu de grèves, les patrons ne disent rien car ils ne sont pas directement visés. En revanche, s’il y a des grèves, que la production et l’économie sont pénalisées, ça peut changer la donne. Si le conflit grippe la machine économique, le patronat va se réveiller, alors qu’il est globalement pour la réforme pour l’instant, du moins en ce qui concerne les gros patrons du MEDEF. Ce n’est pas évident bien sûr : avec l’inflation, les gens réfléchissent à deux fois avant de faire grève. Certains secteurs tiennent des discours de grève dure, mais il faudra voir sur la durée. Dans les raffineries par exemple, cela peut avoir des impacts à la pompe à essence mais aussi pour l’approvisionnement des entreprises. Je suis incapable de connaître la suite, mais en tout cas, contrairement aux manifs, le mouvement syndical a perdu de sa puissance sur ce point.

    Le deuxième point, c’est la mobilisation des jeunes. Lorsque les jeunes s’en mêlent, on ne sait jamais où ça va s’arrêter. Il suffit de penser au CPE en 2006, où c’était devenu difficile à gérer. Là-dessus aussi, difficile de trop s’avancer : il y avait beaucoup de lycéens ou d’étudiants le 19 janvier dans la rue, mais pas sûr que la question des retraites les mobilise jusqu’au bout.

    Enfin, il y a un troisième facteur, que j’ose à peine évoquer, c’est la violence. Depuis 2010, nous avons eu les gilets jaunes, qui n’étaient pas un mouvement institutionnalisé. Ils ne suivaient pas les habitudes des syndicats : déposer un trajet, assurer le service d’ordre, se disperser tranquillement… Ils faisaient le trajet qu’ils souhaitaient et cela pouvait dégénérer, pour le meilleur comme pour le pire. Ce qui peut jouer dans cette affaire, c’est l’incroyable mépris de Macron. Sarkozy n’était pas un modèle, mais au moins il n’allait pas parader en Espagne le jour où il y avait deux millions de personnes dans la rue. Ce mépris total peut radicaliser un certain nombre de gens, se transformer en haine et susciter de la violence. Ce n’est pas le pari des syndicats bien sûr, mais la situation peut leur échapper.

    LVSL : Je reviens au premier facteur que vous évoquiez : la grève. On sait qu’il y en aura un certain nombre, même si leur forme et leur durée sont encore inconnues. Mais n’y a-t-il pas un risque, comme c’est souvent le cas depuis 1995, que les grèves se concentrent dans quelques bastions comme la SNCF, la RATP ou quelques services publics, les salariés d’autres secteurs se contentant de les soutenir sans y participer ? La « grève par procuration » est-elle devenue la norme ?

    JM Pernot : C’est fort probable. Dans d’autres secteurs, notamment le secteur privé, il est devenu difficile de faire grève : comme c’est une pratique minoritaire, elle est d’autant plus risquée pour ceux qui s’y livrent. D’autant que la question du pouvoir d’achat n’encourage pas à la grève. Il y a donc un risque de délégation ou de procuration, avec des gens qui posent des RTT pour aller manifester en soutien aux grévistes, mais sans se mobiliser dans leur entreprise. Bien sûr, cela rendra une victoire du mouvement moins probable.

    Une grève par procuration est donc un signe que les gens ont du mal à tenir une grève sur la durée. Mais s’ils soutiennent les grévistes, notamment via les caisses de grèves, c’est déjà pas mal. En 1995, par exemple, les transports en Île-de-France étaient tous à l’arrêt et c’était très pénible, mais les gens ont soutenu le mouvement. La droite avait essayé d’organiser les usagers contre les grévistes, mais excepté un petit rassemblement ponctuel dans les beaux quartiers, ça n’avait pas pris.

    Donc oui, c’est sûr que s’appuyer sur un faible support gréviste fragilise le mouvement. On connaît la liste des secteurs à l’avance. Mais le fait que la CFDT soit contre la réforme peut jouer, notamment chez les routiers. En 1995 et en 2003, les routiers avaient été très mobilisés et cela avait pesé. Or, la CFDT y est majoritaire. Ce n’est pas rien : contrairement au fret ferroviaire qui ne représente plus grand chose, le fret routier est essentiel pour les entreprises. Mais attention : les pouvoirs publics ont appris de ces mobilisations passées et y sont très attentifs, ils essaieront d’éviter le blocage des routes.

    Plus largement, ce phénomène de grève par procuration traduit des changements de l’organisation du travail. Avant, les grandes entreprises étaient des points forts de la mobilisation syndicale. Aujourd’hui les grandes entreprises sont en majorité composées de cadres et le travail ouvrier est sous-traité dans tous les sens. Or, les syndicats ont très peu d’appuis chez les sous-traitants.

    LVSL : En effet, la grève par procuration est le symptôme d’un syndicalisme affaibli. Vous l’évoquez d’ailleurs dans votre livre, qui s’ouvre sur un paradoxe : l’exploitation au travail est toujours bien présente, nombre de cadres font face à une crise de sens, les salaires ne suivent plus l’inflation… Bref, les demandes portées par les syndicats sont tout à fait actuelles et même parfois majoritaires dans l’opinion. Pourtant le nombre de syndiqués est en baisse, comme la participation aux élections professionnelles. Pourquoi ?

    JM Pernot : On peut retenir deux causes majeures de l’affaiblissement des syndicats. La première, c’est le serpent de mer de la désunion syndicale. Les gens ne comprennent pas bien pourquoi il y a autant de syndicats et pourquoi ils n’arrivent pas à se mettre d’accord. Beaucoup se disent « mettez-vous d’accord et ensuite on s’intéressera à ce que vous faites ». Ça ne veut pas dire que les divergences n’ont pas de bonnes raisons, mais il faut regarder la réalité en face : les débats stratégiques entre la CGT et la CFDT, ça n’intéresse pas les gens. D’autant qu’aucune des deux stratégies ne donne des résultats. Donc ils continuent de se battre mais leurs stratégies sont chacune perdantes de leur côté et ces bagarres rebutent les gens. Certes, quand les gens ont un problème dans leur boîte, ils vont toujours voir le militant syndical quand il y en a un, mais c’est un service élémentaire de soutien aux salariés en difficulté. Mais pour les syndicats qui parlent de transformation sociale, on est loin de passer de la parole aux actes.

    « Désormais, tout le monde sous-traite tout. Cela déstructure les collectifs, éclate les communautés d’action, dissout les solidarités entre travailleurs. »

    Le second problème, c’est cette dynamique du salariat que j’aborde dans mon livre, alors que les syndicats sont restés scotchés à leurs structures antérieures. Nous avons eu un grand mouvement de transformation de l’entreprise et des interrelations entre entreprises. C’est notamment le cas avec la sous-traitance, qui est particulièrement forte en France. Désormais, tout le monde sous-traite tout. La question n’est plus qu’est-ce qu’on sous-traite, mais que garde-t-on en interne ? Évidemment, cela déstructure les collectifs, éclate les communautés d’action, dissout les solidarités entre travailleurs.

    En revanche, la négociation collective n’a pas changé. Elle a lieu à l’échelle des branches et des entreprises, alors que ces lieux ont perdu de leur substance. Il se passe encore des choses dans les branches, mais les entreprises sont devenues des palais des courants d’air, avec parfois une majorité de travailleurs dont le contrat de travail est ailleurs que dans l’entreprise. Donc les syndicats se sont retrouvés atomisés boîte par boîte et accompagnent l’éclatement des travailleurs. Cela est contraire à la logique inclusive qui est au fondement du syndicalisme confédéré. Normalement, un syndicat emmène un groupe social avec lui. Là, ils font face à des divisions permanentes entre personnes qui travaillent ensemble mais qui sont rattachées à des entreprises ou des branches différentes. Il y a là un énorme hiatus.

    LVSL : Oui, vous rappelez d’ailleurs dans votre livre qu’un quart des syndiqués CGT ne sont rattachés à aucune union professionnelle, c’est énorme. Pourtant le problème n’est pas nouveau et les syndicats ont déjà fait face à d’autres réorganisations du monde du travail, au début du XXème siècle et ils avaient réussi à se réformer. Comment expliquer l’inertie actuelle ? Pourquoi les syndicats ne parviennent-ils pas à créer de la solidarité entre des gens qui ne sont peut-être pas rattachés à la même entreprise de par leur contrat de travail, mais travaillent de fait ensemble ?

    JM Pernot : Oui, c’est le grand problème. La différence majeure avec le début du XXème siècle, c’est que les syndicats de l’époque n’étaient pas du tout institutionnalisés. Au contraire aujourd’hui, leur organisation, leur mode de financement, leur mode de décision en interne, etc. doit faire face au poids des fédérations professionnelles qui se sont formées au cours de plusieurs décennies. Remettre ça en cause est très compliqué : même si ces fédérations sont en crise, elles font peser une chape de plomb sur les confédérations syndicales. Je lisais récemment les textes du prochain congrès de la CGT, ces questions sont certes abordées. Mais ça fait six ou sept congrès, c’est-à-dire une vingtaine d’années, que l’on dit qu’il faut réformer l’organisation pour mieux refléter le monde du travail !

    Cette inertie totale renvoie à l’épaisseur bureaucratique des organisations. Les syndicats sont de grosses bureaucraties avec des rapports de pouvoir et des chefs, ce qui concourt à l’immobilité. C’est paradoxal : ils se vident de leurs adhérents, mais ils restent dans ce fonctionnement bureaucratique. Il faut aussi dire que beaucoup de financements passent par les branches, ce qui contribue à figer les structures. Bernard Thibaut (ancien secrétaire général de la CGT, ndlr) avait tenté de faire bouger les choses, mais tout ça a été étouffé par les fédérations.

    « Les syndicats sont de grosses bureaucraties avec des rapports de pouvoir et des chefs, ce qui concourt à l’immobilité. »

    En 1901, les syndicats constatent que le capitalisme change, que l’on passe d’une logique de métiers à une logique d’industrie et ils s’adaptent. Bien sûr, cela a été compliqué : dans la métallurgie, cela a pris 20 ans. Cela a secoué les routines et les hiérarchies internes au monde ouvrier. Par exemple, à la SNCF on n’a jamais réussi à syndiquer les conducteurs de locomotive dans le même syndicat que ceux qui posent le ballast sur les voies. Donc bien sûr c’est compliqué. Mais aujourd’hui, on sent qu’il n’y a pas de volonté réelle de changer.

    LVSL : En effet, les syndicats sont de grosses machines bureaucratiques. Pour beaucoup de travailleurs, les syndicats apparaissent comme une réalité lointaine : on pense aux délégués du personnel ou aux chefs des centrales chargés de mener un vague « dialogue social » avec le patron ou le gouvernement. Les syndicats ne se sont-ils pas bureaucratisés et éloignés de leur base ?

    JM Pernot : Attention, une certaine bureaucratie est nécessaire. S’il n’y en a pas, cela donne ce que l’on observe avec ces nouveaux collectifs de travailleurs qui émergent ces dernières années, par exemple les contrôleurs SNCF qui ont fait grève à Noël. Avec les réseaux sociaux ou une boucle Whatsapp, c’est facile de mettre en lien les travailleurs entre eux. Pour entrer dans l’action, c’est facile. Mais ensuite la direction fait une proposition. Là, le problème débute : comment arbitrer, comment décider ? Est-ce qu’on continue ? Comment négocie-t-on ? Comment vérifier ensuite que l’accord est respecté ? Tout cela, une coordination de travailleurs ne sait pas le faire. Donc toute forme d’action sociale a besoin d’un minimum d’institutionnalisation et de représentation, ne serait-ce que pour négocier. La bureaucratie, c’est ce qui assure la continuité de son action, la reproduction du collectif et l’interface avec les autres institutions.

    « Le problème des syndicats, c’est qu’ils ont des bureaucraties bien constituées qui n’ont pas besoin de beaucoup d’adhérents pour survivre. »

    Cela étant dit, il faut aussi que l’organisme reste vivant. Qu’est-ce qui prend le dessus ? Le mouvement ou la bureaucratie ? Il y a toujours une tension entre ces deux pôles. Il faut à la fois une représentation et des structures, mais aussi ne pas se figer dans des luttes de pouvoir internes. Or, toute organisation, même un groupe de locataires, est toujours marquée par des jeux de pouvoir pour des postes, pour des rétributions matérielles ou symboliques… Le problème des syndicats, c’est qu’ils ont des bureaucraties bien constituées qui n’ont pas besoin de beaucoup d’adhérents pour survivre. Si on compare l’appareil de la CGT à celui d’IG Metall en Allemagne, ce sont deux mondes différents. Par exemple, je défends, comme d’autres, l’idée de redistribuer des moyens vers l’action locale, donc les Unions locales (UL) et les Unions départementales (UD). Mais c’est un débat à couteaux tirés. La bataille pour la répartition de la ressource est ici comme ailleurs assez compliquée mais aussi très politique.

    LVSL : Face à l’inertie des syndicats, des « collectifs » de travailleurs qui ont vu le jour ces dernières années comme vous le rappeliez. On pense par exemple au collectif inter-hôpitaux, aux livreurs à vélo ou encore à celui des contrôleurs SNCF. Finalement, là où les syndicats ont la bureaucratie pour négocier et assurer la représentation, ces collectifs ont eux le lien avec la base. Est-ce que syndicats et collectifs arrivent à travailler ensemble ?

    JM Pernot : Ça dépend des secteurs. Par exemple, chez les livreurs à vélo, qui ont été bien étudiés par de jeunes sociologues, des connexions se sont faites avec les syndicats dans certaines villes comme Bordeaux ou Toulouse. Concrètement, les coordinations de livreurs n’affichent pas une étiquette syndicale, mais on leur prête un petit local dans les unions départementales, quelques jeunes se sont syndiqués pour faire un lien, etc. En l’occurrence avec l’économie de plateforme, c’est plutôt la CGT, Solidaires ou la CNT qui sont présents dans ce genre d’univers. Mais la liaison existe.

    Jean-Marie Pernot, politologue à l’Institut de Recherches Economiques et Sociales (IRES).

    Pour la SNCF, ça reste encore à voir. En 1986, il y avait déjà un mouvement social qui était parti d’un collectif de conducteurs, et cela avait heurté la FGAAC (Fédération Générale Autonome des Agents de Conduite) et la CGT. La CGT s’était remise en question par la suite et elle reste attentive à cela, donc je pense que des coopérations sont possibles.

    Dans la santé, la bataille est plutôt perdue pour les syndicats. Ce sont les collectifs inter-urgence ou inter-hôpitaux qui mènent le combat depuis 3 ou 4 ans. Mais dans ces collectifs, il y a des syndiqués. Par exemple l’urgentiste Christophe Prudhomme : tout le monde sait qu’il est syndiqué à la CGT, mais on lui fait confiance car c’est un bon organisateur, il s’exprime bien et ne la ramène pas toujours à son syndicat. Donc les syndicats ne sont pas au cœur des mots d’ordre, mais ne sont pas totalement extérieurs non plus. Lorsqu’il y a eu les négociations pour le Ségur de la santé, ce sont les syndicats qui ont négocié et il y a eu un lien : il n’y a pas eu de soulèvement contre les syndicats, donc ça a plutôt fonctionné. Bref, les formes sont très diverses, mais l’important c’est que ça marche.

    LVSL : Vous parliez tout à l’heure de l’unité syndicale. La France a connu une multiplication des syndicats depuis une trentaine d’années, mais les deux principaux restent la CGT et la CFDT. Tout semble les opposer : la CGT est un syndicat de rapport de force, parfois qualifié de « jusqu’au boutiste » , tandis que la CFDT est un syndicat « réformiste » souvent accusé de complaisance avec les patrons et le gouvernement. Cette opposition frontale entre « réformistes » et « syndicats de rapport de force » rebute beaucoup de monde. Est-il possible de dépasser ces guerres intestines, au-delà de quelques mobilisations défensives comme en ce moment avec la réforme des retraites ?

    JM Pernot : En effet, pour l’instant sur les retraites, l’unité est défensive et la désunion peut revenir par la suite. Alors bien sûr, les stratégies peuvent être différentes, mais tant la CGT que la CFDT ont une stratégie en partage : chacun pense pouvoir faire sans l’autre. Du moins, c’est ce qui a dominé les dix dernières années. Je reste sceptique car la volonté de travailler ensemble semble faible, mais je préfère continuer à rêver que c’est possible. Sinon chacun va continuer dans son coin et tout le monde va se planter. Cette unité peut donc venir d’une nécessité, lorsque chaque bloc a compris qu’il ne parvenait à rien seul.

    En ce moment, il y a peut-être un mouvement de la part de la CFDT. Comme c’est un syndicat réformiste, ils ont besoin de bons liens avec le gouvernement ou le patronat pour espérer des victoires. En 2017, la CFDT a accompagné l’arrivée de Macron au pouvoir et ses sympathisants ont voté Macron à plus de 50% dès le premier tour (45% en 2022). Donc idéologiquement, la CFDT n’est pas très loin de Macron. Sauf que Macron ne veut pas négocier, il veut passer en force. Donc Berger se retrouve bien seul et il y a un malaise en interne. Ils sont en train de se rendre compte que Macron, ce n’est pas la deuxième gauche, mais juste la droite. Beaucoup commencent à en avoir marre de servir de faire-valoir du gouvernement sans rien obtenir. Berger fait des propositions unitaires depuis quelque temps, mais tout dépend de la réaction qu’aura la CGT.

    « La CFDT est devenue d’autant plus caricaturalement « dialogue social » que la CGT est devenue caricaturalement « grève générale et convergence des luttes ». La dérive de l’une nourrit la dérive de l’autre. »

    Or, il y a une dialectique négative entre les deux organisations. La CFDT est devenue d’autant plus caricaturalement « dialogue social » que la CGT est devenue caricaturalement « grève générale et convergence des luttes ». La dérive de l’une nourrit la dérive de l’autre. Quand la CFDT veut justifier sa stratégie, ils disent « c’est contre la CGT » et vice-versa. Il faut sortir de cela, c’est mortifère : la CGT et la CFDT doivent se définir par rapport aux enjeux du moment et non pas l’une par rapport à l’autre.

    On verra ce qui va se passer au congrès de la CGT, mais je ne suis pas sûr qu’un rapprochement soit à l’ordre du jour. Les relations sont très mauvaises depuis 10 ans : la CFDT a joué à fond la carte du mandat Hollande, puis Macron, alors que la CGT n’a jamais fait ce pari. Désormais, les conditions pour l’unité sont là. D’autant plus que les grands mouvements sociaux comme celui des retraites posent la question du gouvernement d’après. Si le gouvernement s’entête, les perspectives s’assombrissent : la NUPES, et la France insoumise en particulier, auront beau essayer de surfer sur la colère populaire, une victoire du RN est plus probable. Cela peut contribuer à rapprocher les syndicats.

    Donc même si rien n’est fait, je préfère croire que c’est encore possible. Sinon l’histoire est écrite : les syndicats ne susciteront plus que de l’indifférence. J’avais même proposé par le passé une convention citoyenne sur la réorganisation du syndicalisme. En tout cas, il faut essayer des choses sinon les syndicats vont à la marginalisation assurée.

    LVSL : Ce divorce des syndicats avec la société se voit aussi par un autre aspect. Bien qu’ils continuent à formuler des propositions intéressantes, les syndicats ne semblent plus porter de vision du monde comme cela a pu être le cas à d’autres époques. Ceux qui veulent s’engager sur cette voie choisissent d’ailleurs plutôt de rejoindre des associations ou des ONG. Est-ce une fatalité ? Les syndicats ne pourraient-ils pas faire émerger de nouvelles idées et élargir leur champ de réflexion, au-delà du travail, sur des questions majeures comme le féminisme ou l’écologie ?

    JM Pernot : Oui, il faut que le syndicalisme s’élargisse à de nouvelles problématiques, par exemple, la question du sens du travail, qui est très actuelle. Cela ne doit pas faire oublier que les salaires, les conditions de travail, les retraites, etc. sont toujours des sujets majeurs. Mais votre constat est juste : les syndicats sont peu porteurs d’idées alternatives aujourd’hui. La raison est simple : 30 ans de chômage de masse, cela pèse sur la capacité à penser un autre monde. Depuis le milieu des années 1970, quand la crise s’est installée et que l’élan de mai 68 s’est dissipé, le mouvement social a été dominé par une conjoncture marquée par le chômage de masse. Certes, il y a eu quelques projets intéressants avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 autour des nationalisations ou des lois Auroux par exemple. Mais le tournant de la rigueur a très vite cassé cette dynamique et durablement abîmé les relations entre la CGT et la CFDT.

    « 30 ans de chômage de masse, cela pèse sur la capacité à penser un autre monde. »

    Il est difficile de maintenir un discours de transformation lorsque les travailleurs pensent moins à l’autogestion qu’à la sauvegarde de leur emploi. Inverser la tendance ne sera pas simple. On nous répète que le chômage baisse, mais en réalité il reste beaucoup de chômeurs et la précarité s’accroît. Le capitalisme nous mène de crise en crise : crise financière en 2008, crise du pouvoir d’achat avec la guerre en Ukraine… Avant, les gens s’engageaient en se disant que leurs enfants vivraient mieux qu’eux grâce à leurs combats, aujourd’hui ce n’est plus le cas. L’optimisme qui prévalait dans les années suivant mai 68 a disparu. Et je ne parle même pas du climat !

    Donc le champ des luttes s’est plutôt élargi, mais les syndicats doivent aider les travailleurs face à une succession de crises. Les syndicats savent qu’ils ont besoin de la société civile pour penser des alternatives : tant la CFDT que la CGT se sont engagées dans des alliances élargies avec des ONG. On peut citer l’alliance « Plus Jamais ça » ou le « Pacte de pouvoir de vivre ». Mais là encore, ce n’est pas simple et cela cause de vifs débats en interne.

    LVSL : La question du lien avec la société civile amène celle des relations avec les partis politiques. En France, les syndicats ont toujours été soucieux de leur indépendance à l’égard des partis, même si les liens entre la CGT et le Parti Communiste ont longtemps été forts. Bien sûr, ils remplissent des rôles différents : les syndicats sont là pour représenter le monde du travail, tandis que les partis politiques ont en charge la représentation des citoyens dans l’arène institutionnelle. Mais beaucoup de citoyens ne comprennent pas que syndicats et partis de gauche n’arrivent pas à travailler ensemble. La « marche contre la vie chère » organisée cet automne par la NUPES a ainsi été critiquée par la CGT, alors que celle-ci partageait globalement les mots d’ordre de la manifestation. Pourquoi aucune coopération ne semble-t-elle possible ? Peut-on dépasser cette situation ?

    JM Pernot : Comme vous le rappelez, les syndicats et les partis ont des fonctions différentes. Les syndicats ont un rôle de rassemblement du monde du travail autour de revendications et de construction d’une vision partagée sur certains sujets. Les partis politiques ont la responsabilité inverse : ils sont là pour partitionner l’opinion et faire émerger des visions du monde différentes. Donc on peut comprendre que chacun soit dans son propre sillon.

    « Si le mouvement social est trop marqué par la France Insoumise, cela risque de mettre des gens à l’écart. »

    Bien sûr, il peut y avoir des coopérations et des convergences programmatiques entre la NUPES et la CGT existent. Mais attention, les convergences sont plus faibles avec la CFDT, sans parler de la CFE-CGC (syndicat de cadres, ndlr) ou de la CFTC (syndicat chrétien-démocrate, ndlr) et il faut aussi préserver l’intersyndicale. Par ailleurs, la NUPES, et notamment la France Insoumise qui en est le cœur, a tenté de prendre la tête du mouvement social et cela n’est pas bien passé. Que la NUPES ou la FI aient des choses à dire sur les questions sociales, essaient d’agréger d’autres groupes sociaux comme les jeunes ou fassent des propositions alors que les syndicats en font peu, très bien. Mais si les partis tentent de prendre la tête de l’organisation des manifestations, cela se passera mal.

    Ce serait même contre-productif : beaucoup de travailleurs peuvent venir à une manifestation syndicale ou se retrouver dans les mots d’ordre d’une mobilisation sans pour autant être électeurs de la France Insoumise. Par exemple à Marseille, mais aussi ailleurs, quand il y a autant de monde dans les rues, on sait très bien qu’on retrouve aussi beaucoup d’électeurs RN dans les cortèges. Bon et alors ? N’était-ce pas Mélenchon qui parlait des « fâchés pas fachos » ? Tous syndicats confondus, environ 15 à 20% de leurs sympathisants ont voté RN. De même avec la CFDT et les électeurs de Macron. On ne va pas jeter ces personnes hors des cortèges. Les syndicats doivent rassembler, la CGT doit viser au-delà des gens que la NUPES intéresse. Si le mouvement social est trop marqué par la France Insoumise, cela risque de mettre des gens à l’écart. Donc les convergences peuvent exister mais il faut faire attention et préserver l’intersyndicale. Les politiques peuvent aider à mobiliser, mais dans un moment comme celui-ci, je pense qu’il faut laisser la main aux syndicats sur la mobilisation.

    Le syndicalisme d’après. Ce qui ne peut plus durer . Jean-Marie Pernot, Editions du détour, 2022, 18,90 € .

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      Faut-il se limiter à la réforme des retraites ? (2)

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 21 January, 2023 - 04:30 · 11 minutes

    Première partie ici.

    Le système par capitalisation

    Il est juste

    Il met fin à la spoliation légale. Il responsabilise les gens ce qui le rend performant. Il se recentre sur l’objectif qui est d’assurer par la prévoyance des ressources aux personnes pour leur permettre de ne plus travailler. Il sort de la mission de fausse « solidarité » attribuée à la répartition. La solidarité est du ressort d’un filet de sécurité financé par l’ impôt , au profit des ménages en difficultés.

    La redistribution, qui n’est que spoliation légale, disparaît.

    Il n’y a plus qu’un seul régime pour tous.

    Il améliore l’économie du pays

    Le nombre d’actifs « disponibles » ne doit pas être considéré comme le simple total démographique d’individus. Il faut le pondérer de leur productivité, leur niveau de formation, leur culture, leur expérience, leur courage au travail… Mais ce n’est pas tout. Le capital humain est constitué moins par le nombre que par les talents. Chaque être humain a des talents. Ce capital humain est constitué de la conjugaison de ces différents talents.

    Parce que l’homme est un être social qui coopère spontanément.

    « Dans l’isolement, nos besoins surpassent nos facultés. Dans l’état social, nos facultés surpassent nos besoins » Frédéric Bastiat L’échange (1850)

    C’est grâce à cela que cette créature fragile est devenue l’espèce dominante sur la planète. À ce capital humain s’ajoute le capital financier. Le capital humain ce sont les idées, l’esprit, les innovations. Le capital financier, matériel au sens plus large, c’est le moyen de réaliser ces innovations, de concrétiser ces idées, ces services et de les mettre à disposition du plus grand nombre.

    Dans un système par capitalisation les gens placent leur argent dans des fonds de pension. La valeur des fonds dépend de la valeur des supports. Ces supports sont variés, ils changent en fonction des situations et circonstances économiques.

    Parmi ces supports se trouvent les entreprises.

    Leur santé dépend du service qu’elles rendent. Le rôle social naturel d’une entreprise est de rendre le meilleur service, au meilleur prix, à ses clients, pour son plus grand profit. Si elle ne le fait pas une autre le fera et fournira un nouveau support pour la plus grande satisfaction du consommateur, des propriétaires de l’entreprise et des futurs retraités.

    Les besoins de l’humanité sont infinis, l’offre de service est infinie. Dans un système de liberté économique il y aura toujours des entreprises prospères.

    Le nombre d’actionnaires est en lui-même moins important pour la dynamique économique pure que pour la dynamique socio-économique. Quand les actionnaires sont nombreux cela influe sur l’état d’esprit, la culture de la société. La population a une vision de la vie et de l’organisation sociale différente de celle d’une population où nombreux sont ceux qui ne connaissent rien à l’entreprise, ni à la prise de risque.

    Pour la vitalité économique, au sens étroit, le capital disponible doit être abondant et bon marché. Un seul actionnaire (fonds de pension) peut regrouper des millions de personnes et apporter un énorme capital. Des millions d’actionnaires peuvent apporter chacun une petite somme pour, au final, constituer un énorme capital.

    C’est pourquoi, dans une société harmonieuse, il faut à la fois des actionnaires nombreux et des capitaux abondants. Chacun apportant sa part à l’harmonie.


    Le travail

    La valeur du travail détruite par les 35 heures, est de retour. Le travail est créateur de richesses et ces richesses sont laissées à la personne.

    Dans une économie libre « L’homme ne peut vivre et jouir que par une assimilation, une appropriation perpétuelle, c’est-à-dire par une perpétuelle application de ses facultés sur les choses, ou par le travail. De là la Propriété. » Frédéric Bastiat, La loi (1850)

    Il n’y a plus de spoliation légale. Chacun, pour son plus grand bénéfice, a intérêt à travailler et à produire… pour le plus grand bien de la collectivité.

    L’épargne

    La croissance économique ne saurait reposer sur l’unique moteur de la consommation. La retraite par capitalisation génère une épargne, donc des capitaux abondants pour l’économie. Cela supprime le recours à la fausse monnaie ou à l’ argent magique .

    Nous rappelons que la fausse monnaie, l’ augmentation de la masse monétaire sans contrepartie réelle, est la cause de l’inflation. L’inflation est différente de la hausse des prix, qui est une information. Les deux peuvent se cumuler. C’est ce que nous connaissons actuellement. À l’augmentation de la masse monétaire due au quantitative easing de 2008 et à celui du « quoi qu’il en coûte » de la gestion macronienne politique des covid, s’ajoute la hausse des prix de l’énergie et du reste. Hausse des prix causée par une pénurie énergétique artificielle liée à la gestion désastreuse et tout aussi macronienne, de la guerre en Ukraine.

    Avec la capitalisation l’argent est là, il existe. Avec la répartition l’argent n’existe pas tant qu’il n’a pas été légalement volé. Immédiatement après il n’existe plus parce qu’il est aussitôt dépensé. Le produit global de la répartition peut croître, s’amenuiser, disparaître mais il ne dure jamais. Il est éphémère. Dans un régime par capitalisation les sommes épargnées persistent sur le long terme.

    Bien sûr aucun système humain n’offre une garantie absolue. Nous avons vu que les conditions d’un régime par répartition sont telles que sa pérennité est improbable. La capitalisation est certes plus performante avec une économie saine et en croissance. Si ce n’est pas le cas l’épargne est extrêmement résiliente.

    La capacité d’épargne peut être sécurisée par une assurance perte d’activité (chômage, maladie…)

    Une épargne retraite bien gérée repose sur des supports variés et des contrats divers qui la sécurisent. L’Histoire montre que les performances de la bourse sur le long terme sont bien meilleures que les autres placements et ce malgré les deux guerres mondiales. Cela permet de garantir un rendement sur le long terme qui convient à une épargne retraite. Les assurances, les banques, les fonds de pension savent très bien le faire.

    En vérité, hors dilapidation inconsidérée et suicidaire par la personne elle-même, ou spoliation légale, (confiscation, « euthanasie des rentiers » que certains spoliateurs voient comme solution à l’inflation, à la dette) l’épargne sera toujours là.

    La décroissance économique délibérée et durable parce que fixée comme objectif pour l’humanité est un cas particulier. Dans le cas de la capitalisation il devient difficile d’épargner dans une société de disette et qui s’appauvrit inexorablement par décision politique. Dans le cas de la répartition il devient très difficile de spolier les autres puisqu’il n’y plus rien à voler. À part au début, l’épargne accumulée du temps de la prospérité et qui s’épuisera vite, comme lors de la création de la Sécurité sociale. Dans cette situation l’effondrement sera total, national et international. Les retraites, si tant est que les gens y parviennent, ne seront alors qu’un tout petit problème !

    Les incitations productives

    La capitalisation préserve les incitations productives. Le système actuel n’incite pas à travailler, ni à innover. Tout gain est en partie confisqué pour alimenter le tonneau des Danaïdes de la protection sociale ou du budget de l’État.

    À partir du moment ou les gens travaillent et épargnent pour eux et non pour le roi de Prusse la motivation n’est plus la même.

    Un régime par capitalisation est souple est s‘adapte à la personne. Chacun organise son projet de vie. Le déséquilibre cotisants/retraités n’existe pas. Avec l’aide de professionnels chacun peut décider du moment où il partira, de la pension qu’il peut espérer se constituer dans cet objectif. Ou le contraire : de la pension qu’il souhaite et du moment où il pourra partir en ayant atteint cet objectif. Une fois ce montant atteint il est libre d’en profiter ou de le placer. S’il en profite il peut arrêter de travailler ou continuer en touchant sa pension. Il est le seul à décider de sa vie. Bénéficiant de l’intégralité de ses revenus, il ne peut que gagner à continuer à travailler, sans frauder, ni travailler au noir.

    La véritable réforme

    Il faut répondre à qui fait quoi ? L’État ou les particuliers ?

    Le rôle de l’État n’est pas de redistribuer car c’est de la spoliation légale. La loi est alors pervertie. L’État doit assurer la justice qui est le respect des droits naturels individuels universels. Il doit garantir un filet de sécurité.

    Quand une autorité centrale se mêle de tout, tout est intriqué. Le problème des retraites ne peut être pris isolément. Toute modification du moindre paramètre de la machine totalitaire entraîne des perturbations, des changements pour toute la société.

    Le problème des retraites est lié à une politique poursuivie avec une ténacité morbide par tous les gouvernements.

    Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que :

    • aucune solution pertinente n’est à attendre de ceux qui ont mis le pays dans la panade ;
    • aucun résultat différent, positif, n’est à attendre de la poursuite de politiques ayant systématiquement eu des effets négatifs.

    Changements systémiques synergiques

    La véritable réforme des retraites ne peut avoir lieu, ne peut donner des résultats positifs et pérennes que dans le cadre d’une réforme systémique globale du pays.

    Le but est de créer un écosystème favorable à la prospérité économique.

    On parle beaucoup de réindustrialisation dans ce dossier de retraites. La prospérité ne se réduit pas à ce facteur. Réindustrialiser ne se limite pas non plus à relocaliser. Pour une industrie florissante il faut le même environnement favorable que pour n’importe quelle activité économique dans ce pays.

    Cette réforme générale est indispensable parce qu’en France tout s’effondre ! Autant s’y atteler une bonne fois pour toutes.

    Pour atteindre la prospérité économique et l’harmonie sociale, la France doit mettre fin à la spoliation légale dans son organisation politico-économico-sociale.

    En pratique

    La première mesure à adopter serait de rendre à chacun la libre disposition de la quasi intégralité de ses revenus : pour le salarié c’est le salaire complet ; pour les non salariés c’est l’intégralité du chiffre d’affaires diminué des frais nécessaires à l’exercice de la profession ; pour les pensionnés c’est l’intégralité des pensions.

    Il ne doit exister qu’ un seul impôt faible, proportionnel, assis sur les personnes.

    Un filet de sécurité reposant sur l’impôt serait mis en place.

    L’État serait cantonné à ses fonctions régaliennes , sécurité intérieure et extérieure, justice.

    La liberté économique

    Elle va au-delà de l’économie au sens restreint contemporain. Elle signifie que chacun peut utiliser librement sa propriété, le fruit de son travail, à condition de respecter les droits naturels d’autrui. Les pays où règne la plus grande liberté économique sont les plus prospères.

    Des capitaux abondants et bon marché peuvent être détenus par des actifs ou des inactifs, des personnes physiques ou morales.

    Les innovations peuvent provenir d’actifs ou d’inactifs.

    L’énergie est abondante, fiable, pilotable et bon marché.

    Assurance et solidarité

    Il convient de dissocier l’une de l’autre :

    – Un système d’assurances santé bâti sur la prévoyance personnelle, le libre choix des organismes prestataires, la liberté économique et professionnelle des professionnels et des structures de soins.

    – Un système de retraites fondé sur le libre choix et la responsabilité personnelle, soit la capitalisation. Les gens ont intérêt à travailler et à produire pour une meilleure qualité de vie et une meilleure capacité d’épargne, donc une meilleure pension.

    – Une assurance chômage en libre choix des prestataires.

    La renaissance de la culture française

    L’’enseignement redevient la transmission des savoirs et n’est plus une entreprise politique de formatage des cerveaux. La culture est libre et non sous la coupe de l’État. La liberté d’expression est restaurée.

    Conclusion

    Il y aura une période de transition. La prospérité et l’abondance aideront à ce qu’elle soit courte. C’est peut-être compliqué mais plus on attend plus ce sera difficile et plus il faudra le faire.

    Difficulté supplémentaire : il est probable que l’Union européenne mettra des bâtons dans les roues. Il faudra être prêts à vaincre l’Union des Républiques Socialistes Européennes.

    La véritable révolution dans ce pays serait que l’État foute la paix aux gens.

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      Réformes : faut-il se limiter à la réforme des retraites ? (1)

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 20 January, 2023 - 03:40 · 14 minutes

    La réforme des retraites est sur le devant de la scène. Élisabeth Borne a présenté le plan du gouvernement qui est un énième plan de sauvetage qui ne résoudra rien. Comme dans le cas de la Sécu.

    La présomption fatale

    Les politiciens se croient d’un autre limon que le commun des mortels. Le commun des mortels en est convaincu aussi et a abandonné la souveraineté sur sa vie pour se jeter pieds et poings liés entre les mains avides des politiciens.

    Le gouvernement veut confondre « le gouvernement et la société ». Il pense que s’il n’agissait pas rien ne se ferait.

    Or le politicien ne dispose que d’un nombre restreint d’informations. C’est un être humain comme les autres. Une autorité centrale ne peut pas tout savoir, ni tout connaître pour décider de tout de manière infaillible et saine. D’autres qu’elle peuvent agir avec bien plus de pertinence.

    Pour gouverner malgré ses faiblesses constitutionnelles l’autorité centrale décide donc:

    • d’isoler un problème, ici les retraites, et de le traiter à part ;
    • de sélectionner un certain nombre d’informations qui lui conviennent pour les traiter dans son intérêt.

    L’État se mêle de tout

    Dans les médias, on a entendu des personnes se plaindre que l’État leur impose ses choix et contrôle leur vie en leur infligeant une réforme des retraites dont elles ne veulent pas. C’est un début de prise de conscience. Il faut aller jusqu’au bout.

    En France l’État se mêle de tout, depuis la naissance jusqu’à la mort. Il confisque la vie des gens, détruit leur projet de vie : vie familiale, vie professionnelle, vie privée, enseignement, santé, retraites etc. Rien ne lui échappe. Il est totalitaire par nature.

    Le système de retraite ne peut être abordé sans tenir compte du contexte.

    « L’écosystème » : la spoliation légale

    Comme le problème du système de santé ou n’importe quel problème social ou économique, le problème des retraites doit tenir compte de l’écosystème, c’est-à-dire de l’organisation sociale qui est la nôtre (organisation politique et économique, fonctionnement et culture de la société etc.).

    Le défaut essentiel n’est pas paramétrique, ni financier, ni matériel, ni démographique, (déséquilibre cotisants/retraités). La cause des difficultés du système de retraite en France est plus profonde et d’ordre moral : il est fondé sur ce que Bastiat désigne sous le terme de « spoliation légale ».

    Tout notre système socio-économique repose sur elle. Or, le vol est injuste même s’il est légal. À partir du moment où le système est bâti sur l’injustice il ne peut être efficace, ni pour le système de retraite, ni pour l’organisation sociale, ni pour l’économie.

    Son injustice implique sa nocivité. Elle a des conséquences sur le fonctionnement de la société, sur les rapports entre les individus. La société est divisée entre ceux qui subissent et ceux qui profitent de cette spoliation. C’est une société conflictuelle par essence et dont l’effondrement socio-économique est inévitable. Nous le vivons quotidiennement.

    Pour que les systèmes sociaux fonctionnent, dans le cas qui nous occupe pour que des retraites soient servies, qu’elles soient durablement correctes et certaines, (en tout cas autant que notre fragile condition humaine peut le permettre) il faut :

    • des conditions matérielles de prospérité et d’abondance,
    • la condition éthique de la fin du vol légal.

    Ces deux conditions sont liées.

    Les conditions pour la prospérité et l’abondance sont immuables : liberté économique, capitaux abondants, libre choix du projet de vie, responsabilité personnelle, énergie fiable, abondante et bon marché, population motivée, instruite et cultivée, harmonie sociale.

    La condition éthique est le respect des droits naturels individuels universels : liberté, propriété, personnalité.

    Sans cet écosystème favorable, que le système soit la répartition ou la capitalisation, leurs performances respectives possibles ne seront pas optimales. Cependant, force est de reconnaître qu’un des choix favorise la prospérité et l’harmonie, il est synergique, tandis que l’autre y porte atteinte, il est antagonique.

    Le système par répartition

    À la Libération la France a choisi un système socio-économique socialiste . Pour les retraites ce sera la répartition. Tous les gouvernements l’ont maintenu malgré ses défauts pour les ménages et à cause de ses avantages pour le pouvoir (contrôler et soumette les populations).

    Il est vendu à la population comme organisant la solidarité intergénérationnelle et garantissant à chacun une retraite décente.

    Pour les libéraux adeptes de la philosophie de Frédéric Bastiat il n’en est rien.

    Il organise la spoliation intergénérationnelle, les actifs par les retraités, les générations à naître par les futurs retraités et il ne garantit rien du tout. La preuve : les réformes se succèdent pour le « sauver ». Élisabeth Borne le reconnaît : l’objectif est de « sauver notre système par répartition ». Il n’est pas de faire en sorte que chacun bénéficie d’une bonne retraite au sein d’une économie performante et d’une société harmonieuse. Il est judicieux de faire le parallèle avec la Sécurité sociale que les réformes ont pour but de sauver, pas de mieux soigner les gens. Ce qui prouve que l’unique objectif du système de protection sociale est de survivre.

    Aucun plan de sauvetage n’a été un succès. C’est pourquoi le système doit régulièrement mettre à jour certains de ses paramètres (qui cotise, qui en bénéficie, âge de départ, durée de cotisation etc.). Chaque mise à jour est ce que l’on appelle de manière totalement inappropriée, une « réforme des retraites ».

    Pas de prévoyance

    Le système par répartition déresponsabilise. Il a mis fin à la prévoyance qui est de la responsabilité de chacun. Dans le cas de la « protection sociale », l’honneur d’une personne consiste à assumer elle-même, par sa prévoyance, le risque santé, retraite, chômage, dépendance et à ne pas laisser la collectivité voler autrui pour subvenir à ses besoins. La répartition est un d’égoïsme foncier : c’est le droit de vivre aux crochets des autres et après moi le déluge.

    La répartition a mis à mal la véritable solidarité intergénérationnelle qui voulait que les enfants s’occupent de leurs parents et les parents de leurs enfants. La solidarité ne peut être que volontaire, sinon elle n’est que du vol légal.

    Dans le cas qui nous occupe il faut avoir en tête que la solidarité consentie existe : les retraités « privilégiés » ou non, viennent souvent en aide à leurs enfants qui sont dans une situation économique moins favorable que la leur. Et ils constituent la majorité de la force vive du bénévolat.

    Aucun contrat

    La retraite par répartition ne repose sur aucun contrat, tout comme la Sécurité sociale. Elle est soumise au bon vouloir ou aux caprices des politiciens. Elle n’a aucune pérennité en ce qui concerne sa date d’attribution, ni son montant. Même pour les personnes à la retraite la pension perçue n’est pas garantie.

    Aujourd’hui dans le débat, des arguments accusent les retraités actuels d’être des « privilégiés » par rapport aux actifs ou aux futurs retraités.

    Il leur est reproché d’être aisés, d’avoir pour la plupart de bonnes retraites. Mais ils profitent d’un système qu’ils n’ont pas choisi mais qui leur a été imposé.

    Ils ont été actifs pendant les années de prospérité économique où tout était « plus facile ». Tant mieux pour eux mais ils n’y sont pour rien. Au passage cela souligne l’importance de l’écosystème, la nécessité d’une prospérité économique pour servir des retraites correctes.

    Il leur est reproché de percevoir une retraite décente en période de vaches maigres, de peser sur des actifs qui sont moins nombreux, et sur l’économie. Ce qui est le fondement du système par répartition.

    En foi de quoi ils devraient être encore être mis à contribution pour les retraites. Ils devraient faire des sacrifices par solidarité. Après avoir été spoliés toute leur vie active au profit des personnes retraitées, en échange de la promesse d’un droit à avoir une retraite financée elle aussi par la spoliation des actifs, il leur est expliqué froidement qu’ils doivent continuer à être spoliés au profit des futurs retraités. C’est la spoliation perpétuelle. C’est la logique, la conséquence inévitable d’un système pourri à la base, d’une pyramide de Ponzi décidée à la Libération par des politiciens.

    Pyramide de Ponzi

    La répartition est une pyramide de Ponzi qui ne survit que sous réserve qu’il y ait des nouveaux entrants en permanence. D’où obligation d’entrer et absence de libre choix. C’est un système fermé et incapable de s’adapter.

    Cette organisation n’engendre aucune épargne. Comme pour la Sécurité sociale les sommes collectées sont immédiatement dépensées. Or dans une économie saine, les investissements ne peuvent se faire qu’à partir de l’épargne : soit la sienne par apport personnel, soit celle des autres par l’intermédiaire d’un emprunt, ou d’une association, ou d’un actionnariat. Sinon l’économie est malsaine car financée par la fausse monnaie et la fuite dans une dette sans limite.

    Cette pyramide de Ponzi pousse à toujours rechercher des nouvelles personnes à spolier, preuve supplémentaire que la spoliation légale implique la division du pays en catégories antagonistes. Pour des raisons démographiques macro-économiques le système par répartition implique une immigration de masse pour entretenir le cheptel des cotisants. Parce que massive, cette immigration a aussi des conséquences néfastes pour le pays.

    À ce propos il est souvent opposé à l’immigration de masse une politique familiale et nataliste.

    Dans un régime par répartition les enfants sont considérés comme de futurs cotisants. Faire des enfants dans le but de les spolier arrivés à l’âge adulte, au profit de leurs parents est pervers. Les enfants ne sont pas une vulgaire masse taxable en devenir, un matériau inerte à formater et à intégrer dans la mécanique sociale dirigée par une autorité centrale.

    Une politique familiale n’est pas incompatible avec une gestion libérale. Elle n’est pas limitée à ce que l’on croit habituellement, aux allocations et subventions. Une politique familiale performante commence par un terrain favorable avec prospérité et abondance, ne serait-ce que pour disposer de logements vastes et abordables, d’établissements d’enseignement sûrs et de qualité, de travail, de moyens de déplacements adaptés (carburants bon marché, grandes voitures avec une large autonomie…) etc.

    Lutte de tous contre tous

    Le système par répartition recherche inlassablement qui voler. Il nuit à l’économie, il détruit les incitations productives. Les individus ne sont pas incités à être productifs, ni prévoyants. Au contraire, la logique du système veut que, par « les luttes », les groupes obtiennent une plus grosse part de la spoliation légale. Les luttes ne sont pas contre un patronat « exploiteur », ni contre « les riches », contrairement à ce que les adeptes de la lutte des classes marxiste racontent. Elles sont contre leurs semblables, contre les autres. L’harmonie sociale ne peut exister.

    La réforme Borne n’y échappe pas. Chaque catégorie épargnée par le couperet de la réforme (40 % des gens selon elle) bénéficie de facto d’un régime spécial. Régime financé par ceux qui tombent sous le coup de la réforme. Autrement dit, ces personnes qui voient leur âge de départ retardé et leur durée de cotisation allongée, non seulement cotiseront pour financer les personnes actuellement à la retraite, mais aussi pour financer les retraites de ceux qui échapperont à la réforme. Elle pérennise l’injustice.

    La retraite par répartition crée des régimes spéciaux et une usine à gaz pour tenir compte des cas particuliers, pénibilité , invalidité, carrières longues, etc. C’est singer le marché pour acheter des voix. Ces régimes spéciaux s’ajoutent aux régimes spéciaux officiels .

    Les pénuries

    Dans une économie socialiste les pénuries sont partout.

    La pénurie de main-d’œuvre touche quasiment tous les secteurs de la vie du pays. La gestion lamentable des épidémies de covid n’a pas arrangé les choses. Ces pénuries sont aggravées par la retraite couperet qui exclut du marché du travail des personnels expérimentés et en bonne santé.

    La pénurie qui nous intéresse ici est la pénurie de personnels pour s’occuper des personnes âgées, à domicile ou en institution, les métiers du soin : aides-ménagères, aides-soignantes, infirmières, médecins… Elle concerne aussi tous les artisans : électriciens, plombiers, maçon, taxis…

    Pour atténuer l’effet néfaste de la retraite couperet il a été créée une autre usine à gaz : le cumul emploi retraite . Dans ce cas les cotisations versées seront perdues pour la personne qui cumule et si il y a exemption de charges elles seront perdues pour les régimes de retraite.

    Les conditions de travail difficiles ne se limitent pas à celles que subissent les employés, les ouvriers, les artisans. Difficultés physiques ou psychiques inhérentes au métier ou à la profession (charges lourdes, travail nocturne etc.) et qui passionnent politiciens et syndicats. À ce sujet il faut remarquer que l’un des motifs mis en avant pour maintenir un âge de départ à la retraite bas est que beaucoup de personnes usées par travail pénible décèdent avant 62 ans. Le bon sens aurait voulu que l’on s’attache d’abord à leur permettre d’améliorer leur espérance de vie en bonne santé. Cela aurait nécessité l’étude de l’impact du travail mais aussi de l’alimentation, de l’hygiène de vie, des conditions de logements, de la culture de soins etc.

    La pénibilité du travail doit inclure l’épuisement devant les tracasseries étatiques. Pas seulement l’épuisement moral induit par la disparition des incitations productives mais la destruction de la motivation liée à la politique étatique coercitive et tatillonne qui complique tout. L’État crée des conditions de travail très pénibles. L’instauration des désincitations à produire que constituent les réglementations étouffantes , les énormes prélèvements sociaux obligatoires (payer pour pouvoir travailler), la terrible progressivité de l’impôt sur le revenu, le sort fait aux entrepreneurs, n’incitent pas les gens concernés à continuer.

    D’où le retrait anticipé du marché du travail d’entrepreneurs, d’indépendants expérimentés et en bonne santé qui cessent leur activité avant d’avoir atteint le nombre de trimestres leur permettant de bénéficier de la retraite à « taux plein ». Cela signifie que l’aspect financier n’est pas tout. Les conditions de travail sont tellement démoralisantes que l’argent ne pèse pas lourd dans la balance. Ces départs sont de l’entière responsabilité de l’État.

    Le dirigisme, l’absence de liberté économique, les désincitations à produire sont aussi à l’origine d’une pénurie de travail : le chômage. À son tour il entraîne une perte de cotisation sociale. C’est le serpent qui se mord la queue.

    Les fraudes

    La spoliation légale induit des fraudes, soit pour échapper à ses conséquences, soit pour en profiter plus que ce qui est réglementairement dû. Plus il y a de spoliation légale (de règlements) plus il y a de fraudes. Plus la société est réglementée plus il existe une synergie des fraudes. Le système de protection sociale français et très réglementé de distribution de droits sociaux, favorise les fraudes.

    La disparition des incitations productives favorise également les fraudes et le travail libre, non déclaré. Leur produit alimente l’économie souterraine et entre dans le PIB . Mais il n’alimente pas la spoliation légale et n’approvisionne donc pas les retraites par répartition et la Sécurité sociale.

    Il faut bien reconnaître que ces fraudes, estimées colossales, arrangent l’État . En effet elles permettent d’expliquer que le système est intrinsèquement bon, qu’elles entraînent des difficultés financières éventuelles. Elles laissent un peu de jeu dans la mécanique sociale rigide et évitent l’explosion… pour le moment. Elles fournissent une recette miracle à ceux qui veulent sauver les retraites par répartition ou la Sécurité sociale : supprimer les fraudes. Ce qui évite d’aborder le fond du problème.

    Les politiciens ont réussi à faire croire aux Français que cette mouscaille était un « trésor national » à défendre à tout prix. Et à rejeter la responsabilité de leur échec inévitable sur les Français retraités ou non, trop riches, trop égoïstes, trop feignants, trop peu nombreux…

    Il existe une autre possibilité.

    À suivre.

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      Retraite à 60 ou 65 ans : le faux débat

      Jacques Garello · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 8 January, 2023 - 03:30 · 13 minutes

    Dans le concert des pays développés et dits libres, la France tient une place à part : voilà qui devrait satisfaire les souverainistes de tous bords. La place est celle des élèves au bonnet d’âne dans un coin de la classe.

    Car il est dramatique d’observer que l’âge de la retraite a été au cœur des projets des partis en présence et se situe déjà au cœur des débats sur la cohabitation et la réforme des retraites que le président a promis de « boucler à l’été 2023 ».

    Je ne veux pas m’étendre sur le sujet puisque je n’ai cessé d’écrire depuis quelque trente ans sur l’avenir des retraites 1 , et sans jamais être écouté en haut lieu. Mais les décideurs français n’ont pas davantage eu la curiosité de s’informer sur la façon dont les retraites sont organisées dans les autres pays de l’OCDE et n’ont pas eu connaissance des multiples rapports internationaux publiés par l’ONU, l’OCDE, l’OIT, etc.

    La réalité vécue ailleurs qu’en France est toute simple : les systèmes publics de retraites ont abandonné le tout répartition, système dans lequel les jeunes actifs cotisent pour payer les pensions des personnes âgées retraitées. Ce système est intenable dans des pays où la population est vieillissante . Repousser sans cesse l’âge de la retraite est une réforme dite paramétrique : on change les paramètres tout en restant dans le système. Après 65 ans, ce sera 70, puis au-delà. Voilà pourquoi la plupart des pays étrangers ont tantôt abandonné totalement le système par répartition, tantôt lui ont laissé un rôle mineur de filet social financé non par des cotisations mais par des impôts : l’ensemble des citoyens prenant en charge les personnes âgées en difficulté. Et l’essentiel du système sera en capitalisation, légalement organisée ou laissée à l’initiative privée.

    Pourquoi un système public de retraites ?

    C’est là le plus important : la gestion de la retraite est-elle un service public ?

    Pour revenir à l‘histoire de France, il faut se rappeler que c’est le gouvernement de Vichy qui en mars 1941 a créé le système de la retraite des vieux travailleurs . Le ministre René Belin, ancien dirigeant de la CGT, va réaliser ce que le Front populaire n’avait pu faire : substituer les assurances sociales aux assurances privées auxquelles on reproche d’avoir ruiné les assurés (en fait c’est l’inflation galopante qui a détruit toutes les positions créditrices entre 1932 et 1940) 2 .

    Tout le monde oublie ce détail historique, on croit comme Xavier Bertrand l’a dit, que « la répartition est un acquis social chèrement obtenu par les luttes syndicales », et on se réfère au Conseil National de la Résistance alors que cet organisme dominé par les communistes n’a fait que reprendre le système créé par Vichy.

    Ce rappel historique est nécessaire pour comprendre que la gestion de la retraite n’est entrée dans le droit public français que par hasard et ne correspond à aucune nécessité économique, financière, sociale. Le système par répartition géré par un organisme centralisé n’est qu’un choix politique et un choix coûteux pour une population vieillissante. En gros, les cotisations versées pour les assurés soumis au régime dit général pourraient être diminuées d’au moins un tiers de leur montant actuel et permettre de servir des pensions supérieures de 40 % à ce qu’elles sont aujourd’hui ; et ces pensions seraient garanties pour un très long terme alors qu’elles sont en voie d’effondrement aujourd’hui.

    L’explication est bien simple : le régime général ne laisse aucune place à la capitalisation, qui est le système alternatif à la répartition . Avec la capitalisation, les cotisations actuelles ne sont pas immédiatement dépensées pour payer les pensions des retraités actuels, elles sont placées dans des investissements qui rapporteront beaucoup en longue période. C’est le « miracle des intérêts composés ». Avec un taux de rapport réel de 5 % l’an la valeur du capital placé est doublé en 15 ans. Rien de tel avec la répartition, de sorte que le smicard soumis au régime général perd en ce moment la modeste somme de 250 000 euros.

    Ces chiffres sont connus de tous les spécialistes des retraites mais sont inconnus du grand public et évidemment de la classe politique – puisqu’elle rejette la capitalisation pour des raisons purement idéologiques. On peut notamment consulter le rapport rédigé par Nicolas Marquès pour Contrepoints et l’Institut Molinari.

    La gestion collective des retraites

    Pour illustrer le choix répartition/capitalisation , il n’est qu’à observer ce qui se passe en France.

    Voyons la gestion des retraites des professions libérales, qui ne sont pas soumises au régime général et n’ont donc rien à voir avec la Sécurité sociale. La Caisse de retraites des Pharmaciens (CAPV) fonctionne avec un plein succès et à coûts minimes pour les assurés 3 . Mais chose encore plus surprenante, nous trouvons la capitalisation dans la fonction publique avec la Préfon (ERAFP) 4 , et dans plusieurs instances publiques comme la Banque de France, le Sénat.

    Une autre piste intéressante est l’accumulation de comptes d’épargne qui ont été autorisés par le législateur, avec des traitements fiscaux plutôt avantageux. Ces comptes ont en général pour caractéristique de lier l’assuré et l’entreprise qui l’emploie. Ils s’inscrivent dans la logique de la « participation » imaginée par les hommes politiques (et Michel Debré le tout premier dès 1959) pour réconcilier travail et capital. Les fonds capitalisés par le salarié sont destinés à permettre à l’entreprise d’investir et de valoriser les retraites. En 2003, la réforme Fillon va instaurer le PERCO (Plan d’Épargne retraite Collectif) et le PEE (Plan d’Épargne Entreprise). Ici encore la capitalisation a droit de cité.

    J’observe cependant les faiblesses de ces percées de la capitalisation :

    1° S’agissant de la capitalisation professionnelle, elle n’est autorisée que pour les professions libérales admises par le législateur.

    2° Pour la plupart de ces comptes, il s’agit de compléments de retraites. La répartition demeure le système de base.

    3° L’avantage des comptes et des retraites complémentaires est plus sensible dans les professions et secteurs d’activité prospères – la masse des salariés ne peut en bénéficier ailleurs, cette inégalité est très mal vécue. Si la capitalisation est un cadeau, pourquoi la réserver à quelques privilégiés ?

    4° Même capitalisés totalement ou partiellement, ces systèmes lient l’assuré à son entreprise, sa profession, même s’il est prévu de conserver une partie du capital accumulé en cas de changement d’emploi.

    5° Enfin et surtout, comme c’est la règle en France, c’est à la puissance publique de définir le fonctionnement de tous ces comptes et de doser les privilèges entre les divers régimes. J’en déduis qu’il n’y a pas de liberté véritable pour les assurés : ils ont perdu le choix de leur retraite.

    S’il y avait un doute sur le pouvoir monopolistique de l’administration étatique appelée Sécurité sociale, on peut se rappeler que l’État n’a pas hésité à faire main basse sur certaines caisses de retraites complémentaires quand le déficit du régime général (par répartition) est devenu trop important. D’ailleurs la Loi de Finances de la Sécurité Sociale est soumise au Parlement en parallèle de la Loi de Finances de l’État.

    La gestion individuelle des retraites

    Le système français de retraites, en répartition mais aussi en capitalisation, ne laisse pas de véritable choix à ceux qui voudraient gérer leur retraite.

    Ou, plus précisément, avant de prendre des décisions sur leurs retraites, ils doivent avoir satisfait aux obligations que leur enjoint l’État. Existe-t-il une possibilité de libre gestion de son patrimoine ? La question se pose depuis le rapport du Centre d’Analyse de l’an dernier dont les responsables éminents ont été Jacques Blanchard et Olivier Tirole 5 . Ces économistes ont soutenu que l’héritage était contraire à l’égalité des chances , de sorte que les impôts sur les successions devraient permettre de redistribuer 19 milliards d’euros pour doter tous les jeunes d’un capital financier qui leur permettrait d’investir dans leur capital humain.

    Sans aller jusqu’à ces analyses extrêmes, force est de constater que les Français qui, individuellement, veulent gérer leur patrimoine de manière à vivre en seniors sans soucis financiers majeurs ont beaucoup de mal avec les administrations publiques :

    Veulent-ils constituer une épargne liquide ? On sait que le livret A est leur placement préféré. Mais d’une part il est d’un rapport ridicule, aujourd’hui négatif par l’effet de l’inflation, d’autre part cette épargne n’est capitalisée que dans le cadre de la Caisse des Dépôts et Consignations , qui ne finance que la Banque Publique d’Investissement elle-même guidée par France Stratégie , nouveau nom du Commissariat au Plan . On est évidemment loin de la gestion habituelle d’un fonds de pension !

    Veulent-ils se couvrir avec une assurance-vie ? Après avoir longtemps encouragé les épargnants, le législateur a inversé la tendance, puisqu’il y avait une matière fiscale importante et possédée par des Français en général aisés : l’égalitarisme exigeait un statut moins favorable, de sorte que les rapports des contrats sont soumis à un prélèvement forfaitaire de 12,8 %.

    Veulent-ils investir dans la pierre pour ne pas avoir un loyer à payer plus tard ou pour percevoir les revenus d’une habitation louée ? Mais le montant des loyers est contrôlé et parfois bloqué dans certaines métropoles et les charges nouvelles engendrées par les normes écologiques rendent la propriété immobilière ruineuse.

    Je fais le tour des questions que peuvent se poser les Français de tout âge quand ils commencent à penser à leurs vieux jours. Il apparaît qu’ils peuvent difficilement échapper à la vindicte fiscale et réglementaire.

    Quels choix dans les autres pays ?

    Cette situation tranche avec les choix qui ont été faits dans un grand nombre de pays vraiment libres, parce que des retraites par capitalisation sont offertes par le marché à tout individu (ou tout ménage) qui demande des placements rentables et assurés.

    Pour comprendre la place de la capitalisation dans la gestion des retraites, on peut faire la comparaison de la proportion occupée globalement par ce qu’on appelle en général les trois piliers : en répartition, en capitalisation contrôlée, en capitalisation libre 6 .

    D’après les observations faites il y a quelques années 7 mais qui, à mon sens, ne peuvent qu’être confirmées avec le temps, voici l’éventail des pays pour chacun des piliers évoqués.

    Les observations concernent 33 pays.

    Pour le premier pilier, il est presque toujours en répartition. Mais plusieurs pays garantissent le montant des pensions : quelques pays baltiques et scandinaves (Pologne, Finlande, Suède, Danemark, Lettonie) et les pays à système dits notionnels (Allemagne, Italie). Ce qui est commun à tous ces pays est que le premier pilier presque toujours géré par l’État ou l’une de ses administrations est un simple filet social qui garantit un minimum vieillisse et qui est financé non par des cotisations mais par des ressources budgétaires, au nom de la solidarité nationale (impôt sur le revenu en général). L’essentiel des retraites provient du deuxième pilier.

    Le deuxième pilier existe dans tous les pays 8 . Dans 20 pays il est obligatoire. Dans 13 pays il est volontaire et totalement libre (Australie, Estonie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède) ou établi après des négociations collectives (Australie, Belgique, Danemark, USA, Finlande, Irlande, Pays Bas). Dans ces pays le deuxième pilier est en capitalisation. Ce n’est pas le cas dans les pays où le deuxième pilier est obligatoire : totalement organisé par la loi (nationale ou régionale) le deuxième pilier est en répartition (Belgique, Canada, Japon, France)

    Le troisième pilier est en capitalisation et volontaire. Il existe dans 22 pays sur les 33. C’est l’assuré qui choisit son fonds de pension ou sa compagnie d’assurance, la concurrence est ouverte, même si les financiers doivent présenter des garanties effectives. Si les employeurs abondent aux retraites de leurs salariés, ils doivent avoir l’accord du salarié pour le gestionnaire retenu.

    Comme le montrent les études sur les coûts et rapports des différents piliers, il est incontestable que la balance penche du côté des pays où le second et surtout le troisième pilier sont dominants. Le système français apparaît parmi les tout derniers rangs du classement pour la plupart des critères retenus : montant des cotisations, taux de reversement, montant des provisions.

    Faut-il s’étonner de ces résultats ?

    Certainement pas pour ceux qui croient aux vertus de la liberté et de la responsabilité. Quand la retraite devient une affaire personnelle qui varie avec le tempérament, l’âge et la situation de famille, les choix sont les mieux adaptés. Encore faut-il que le choix soit possible, d’où la nécessité d’une concurrence en matière de retraites. Or, le monopole des assurances sociales interdit toute initiative au futur retraité. La preuve a été faite que des individus de toutes conditions peuvent prendre les meilleures décisions, surtout lorsqu’ils bénéficient d’une information permanente sur la tenue de leur compte – ce qui est facile avec la capitalisation. On a vu très souvent des individus ayant plusieurs comptes d’épargne ouverts dans différents fonds de pension ou sociétés d’assurance privées.

    Il est donc temps d’amorcer une réforme qui ne s’est pas encore produite en France. Mais, évidemment ce n’est pas en discutant de l’âge de la retraite et en ignorant toute perspective de capitalisation dans des piliers libérés que l’on résoudra quoi que ce soit. La réforme annoncée va s’ouvrir sur un champ de bataille miné, et l’explosion ne fait pas de doute.

    Un article publié initialement le 23 juin 2022 .

    1. Mon travail le plus important a été fait en collaboration avec feu mon ami Georges Lane, dans les trois tomes de Futur des retraites et Retraites du futur : tome 1 Le futur de la répartition (mai 2008) tome 2 Les retraites du futur : la capitalisation (novembre 2008) tome 3 La transition (mai 2009). J’ai fait la synthèse de ce travail assez récemment dans mon ouvrage Comment sauver vos retraites Libre é change éd.2018
    2. Cf. la thèse de Nicolas Marquès sous ma direction Évolution des protections sociales et de la sécurité sociale , Aix-en-Provence 1995
    3. Monique Durand « Mixer répartition et capitalisation : ça marche ! L’expérience des pharmaciens », Journal des libertés , N°7, hiver 2019, 167-174.
    4. Le taux de rendement interne des placements faits par l’ERAFP au nom des fonctionnaires était, fin 2020, de 5,4 % par an depuis 2006. Depuis sa création l’établissement a fait gagner de l’ordre de 15 milliards d’euros grâce à ses placements (source Nicolas Marquès, Journal des Libertés , n° 17 juin 2022.
    5. Jacques Blanchard et Olivier Tirole  « Les grands défis économiques », rapporteurs de la Commission Internationale
    6. On fait parfois allusion à un quatrième pilier constitué par la gestion du patrimoine, telle que je viens de l’évoquer dans les lignes précédentes. C’est dire que le quatrième pilier français est assez branlant
    7. On peut trouver le tableau détaillé des pays dans le deuxième tome de notre ouvrage Jacques Garello et Georges Lane Futur des retraites et retraites du futur , Les retraites du futur : la capitalisation » Librairie de l’Université d’Aix-en- Provence, 2008 pp.65-71
    8. Y compris la France, avec les comptes épargne et les retraites complémentaires
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      La police judiciaire mise en danger par la technocratie

      Élodie Messéant · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 5 November, 2022 - 04:15 · 2 minutes

    Un article de l’IREF Europe.

    Une séparation des pouvoirs limitée, entachée, voire bannie. La réforme de départementalisation de la police suscite de grandes inquiétudes, si ce n’est une opposition quasi unanime des principaux acteurs du monde judiciaire – magistrats, policiers et avocats. Un fait rare dans cette institution.

    Prévue en 2023, la réforme vise à créer des directions départementales regroupant les quatre grands métiers de la police : sécurité publique, police judiciaire , renseignement territorial et police aux frontières. L’ensemble de ces services serait placé sous l’autorité d’un directeur départemental de la police nationale (DDPN) qui dépendrait directement du préfet.

    Cette réforme chamboulerait l’organisation actuelle : la criminalité, a fortiori la grande criminalité, s’arrêtant rarement aux frontières d’un seul département, les affaires sont réparties entre une direction centrale (basée à Nanterre), et six directions zonales (ouest, sud-ouest, sud, sud-est, est et les Antilles).

    Une dépendance accrue à l’égard du politique

    Parmi les critiques adressées à ce projet de loi figure celle de ne pas suffisamment prendre en compte les spécificités de la police judiciaire. L’autorité du préfet se trouverait considérablement renforcée avec une extension du périmètre d’intervention du ministère de l’Intérieur. Or, celui-ci est préoccupé prioritairement par la baisse de la délinquance du quotidien. La plus visible et donc la plus rentable électoralement. Il pourrait donc être tenté de négliger les besoins de lutte contre la grande criminalité.

    Un véritable gâchis de compétences :

    « On peut légitimement supposer que des officiers de PJ seront mobilisés pour travailler sur des rodéos urbains ou des violences conjugales, au détriment de leurs investigations de fond » craint Kim Reuflet , présidente du Syndicat de la magistrature.

    La place Beauvau est également suspectée de vouloir influencer le choix des affaires traitées. Le préfet sera désormais compétent pour saisir un service spécialisé, et non plus le procureur. Une difficulté majeure dans la résolution d’affaires sensibles, comme la corruption politique.

    Une technocratie qui impose ses réformes par le haut

    Comme toujours en France, la technocratie impose ses réformes par le haut, sans concertation avec les principaux intéressés ni ceux qui connaissent la réalité du terrain.

    On se rappellera les conséquences désastreuses de la réforme de 2008. Imposée par Nicolas Sarkozy, la fusion des Renseignements généraux (RG) et de la Direction de la surveillance du territoire (DST) aura débouché sur une entité bureaucratique : la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur). « Une erreur profonde » , selon une ancienne des Renseignements. Quelques années plus tard, des failles importantes apparaîtront avec l’affaire Merah.

    La réforme actuelle n’est pas uniquement dangereuse pour l’indépendance de la police judiciaire. Parce qu’elle fait fi de la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire, elle est dangereuse pour une institution entière. Dans un contexte d’interférence croissante du politique dans la justice , cette réforme ne présage rien de bon.

    Sur le web

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      L’Allemagne se détourne de la France : c’était à prévoir

      Jean Kircher · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 3 November, 2022 - 04:20 · 3 minutes

    Le mythe de l’amitié franco-allemande est en train d’en prendre un coup. L’Allemagne est fatiguée de nos frasques et de nos éternelles explications pour démontrer que nous restons le stratège politique de l’ Europe et elle le financier bienveillant.

    Depuis des dizaines d’années nous affirmons être d’égal à égal avec l’Allemagne. Or cela n’a jamais été le cas même si pendant les années 1990 le PIB par habitant était comparable.

    Entre-temps, l’Allemagne a récupéré sa sœur de l’est et l’a reconstruite. Bien sûr aussi avec les subventions européennes. Mais contrairement à la France qui telle la cigale chantant haut et fort en se désindustrialisant, l’Allemagne a continué de produire des machines-outils, des automobiles haut de gamme et même des chars Léopard dont elle a vendu 1500 exemplaires à la Grèce en pleine crise économique de cette dernière. La moraline française était remplacée par le pragmatisme et l’efficacité germaniques. L’Allemagne n’a pas eu besoin d’ annuler des ventes de bateaux de guerre à la Russie pour raison de droits de l’Homme. Elle se contentait de faire du commerce sans vouloir redresser le monde et donner des leçons à toute la planète.

    Avec le Brexit, la France s’est soudainement retrouvée en face-à-face avec son puissant voisin.

    Avec la crise énergétique, l’Allemagne réagit enfin après s’être laissée embobiner par les Grünen destructeurs qui en réalité partageaient la vision très française d’un pays à nettoyer de toute pollution et puissance industrielles. Et elle s’en donne les moyens, ce que la France ne peut plus faire car fauchée, endettée, dirigée par des idéologues et des incompétents sans aucune vision d’avenir.

    Et voilà nos médias qui s’effarouchent de cette nouvelle arrogance allemande qui refuse de participer à la construction du SCAF avec la France, qui achète des avions américains, qui prépare un bouclier militaire en excluant la France, qui investit 100 milliards pour reconstituer son armée….

    Et hop ! la France s’affole ! Aucun doute que nos mêmes médias nous serviront bientôt le retour de l’ogre allemand…

    Or il n’y a rien à faire d’un pays qui s’applique à se ruiner lui-même…

    Cette arrogance politique doublée d’une piètre performance économique, l’Allemagne l’a docilement acceptée pendant longtemps car à la sortie de la dernière guerre mondiale on a interdit aux Allemands de penser et de se contenter de travailler pour reconstruire leur pays. Ce qu’ils ont fait…

    Ils ont donc progressivement remonté la pente tout en restant un nain politique, ce qui faisait se  gonfler la grande nation.

    Aujourd’hui ce statu quo est rompu et le risque de partage de l’Europe est grand car les Hollandais, les Danois, les Polonais, les Hongrois et tous les nordiques ne croient plus non plus à la vision française de gestion du monde !

    Il est ridicule de voir notre Macron national tout excité en montant les marches des palais bruxellois et gesticulant devant un Scholtz ébahi de tant de gaieté d’un adolescent revenant d’un camp de vacances.

    Ou ce même Macron se féliciter par téléphone de la victoire de Lula au Brésil . On est un peu gêné d’un président si immature et si peu digne de sa fonction…

    Pour jouer au montreur d’ours encore faut-il qu’il y ait un ours et une France en déclin économique en perd tout crédit politique. Comme le disait à la droite défaite le député André Laigniel au début de la saga mitterrandienne : vous avez juridiquement tort car vous êtes politiquement minoritaires.

    C’est la position actuelle de la France face à l’Allemagne !

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      Les maths en recul

      uneanneeaulycee · comics.movim.eu / UneAnneeAuLycee · Thursday, 10 February, 2022 - 15:46

    Rediffusion: un souvenir mathématique… (tout à fait obsolète) (mais en histoire on ne craint pas l’obsolescence)

    A lire sur lemonde.fr, le recul des mathématiques au lycée, un nouveau front politique pour Jean-Michel Blanquer , par Violaine Morin.

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      Mathias Poujol-Rost ✅ · Sunday, 8 March, 2020 - 06:57

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    Défense massive : l'étonnante et radicale stratégie des avocats pour lutter contre la réforme des retraites - NEON