• chevron_right

      Crise des urgences: la "mission flash" de Macron? Ces soignants n'en attendent rien

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 19 June, 2022 - 05:15 · 6 minutes

    Crise des urgences: ces soignants n'attendent rien de la Crise des urgences: ces soignants n'attendent rien de la "mission flash" de Macron REUTERS/Eric Gaillard

    URGENCES - Une “mission flash” et “zéro espoir”. Emmanuel Macron a annoncé le 31 mai une “mission flash” d’un mois visant à répondre à la crise des urgences, confrontées à un sérieux déficit de personnel, en plus des autres difficultés humaines et financières qui minent de longue date le moral des soignants. Une situation aggravée par la crise du Covid-19 .

    Cette mission a été confiée à François Braun , président de Samu-Urgences de France et chef de pôle au CHR de Metz-Thionville, présenté comme “proche” du président de la République. Ses résultats doivent être présentés début juillet.

    Mais en attendant, du côté des soignants qui travaillent aux urgences, cette “mission flash” est loin d’inspirer de l’espoir. Au contraire. Le HuffPost a interrogé infirmiers et aide-soignants sur ce qu’ils attendent d’elle et la réponse est unanime: rien, si ce n’est une nouvelle déception.

    Une “mission flash” “caricaturale”, juste pendant la campagne des législatives

    “On a zéro espoir avec cette mission flash, confie au HuffPost Jeremy, aide-soignant aux urgences de l’hôpital d’Arles. Et puis, pourquoi décident-ils de la faire maintenant? Cela fait trois ans qu’on alerte sur la situation ”, se demande-t-il.

    À cette question, Maxime*, infirmier urgentiste, membre du Collectif Inter Urgences - qui se décrit comme “la première association professionnelle d’ampleur pour l’exercice paramédical aux urgences”, pense avoir une piste: il s’agirait d’une manœuvre politique en pleine campagne des législatives. “Pour moi c’est plus une mission électorale qu’une mission au service de la santé”, nous explique-t-il.

    Et l’infirmier ne mâche pas ses mots sur cette nouvelle annonce du gouvernement: “On n’attend rien de la mission flash tellement c’est caricatural. Ça arrive juste pendant la campagne, alors qu’il y a eu tellement de rapports sur la situation, on a déjà dit tellement de fois ce qui n’allait pas et on a déjà tellement alerté... Alors aujourd’hui cette initiative a plutôt tendance à ajouter à l’écœurement et à la lassitude”, regrette-t-il.

    Même son de cloche pour Fabien Paris, infirmier et membre du Collectif Inter Urgences. Selon lui, la mission annoncée par Macron ne sera qu’un “énième rapport qui nous dira la même chose que ce que l’on sait déjà”. Il redoute que cette initiative ne serve qu’à refaire un bilan des difficultés qu’affronte l’hôpital public, sans le faire suivre des mesures qui s’imposent.

    L’hôpital pris dans la “spirale des départs”

    “Territoire par territoire”, cette mission doit expliquer “où sont les manques, pouvoir les chiffrer” et donner de premières pistes pour répondre à ce problème, a détaillé le chef de l’État. Sur cette base, a expliqué le président, des décisions seront prises “pour permettre de mobiliser davantage de médecins, retrouver de l’attractivité dans certains secteurs (...). Ceci à partir de la fin de l’été sera décliné dans chaque territoire”.

    "La coupe est pleine et un nouveau rapport n'y changera rien". Nicolas, aide-soignant aux urgences de Tenon à Paris

    Ces déclarations du gouvernement n’ont fait qu’ulcérer les soignants. Car les manques que le gouvernement cherche à identifier, eux, n’ont eu de cesse de les pointer et d’alerter dessus depuis trois ans. En premier plan: le manque de personnels.

    Cette fuite massive oblige les hôpitaux à fermer des lits, à tel point que de nombreux services d’urgence ont dû fermer partiellement faute de personnel. Pour Nicolas, aide-soignant aux urgences de Tenon à Paris, “on est désormais dans une spirale de départs. Une spirale qui ne va pas pouvoir être enrayée avec une simple mission faite en un mois”.

    Trop de charge mentale, physique, la pénibilité, pas de possibilité de roulement parce que pas assez d’effectifs...  Les soignants sont dégoûtés de leurs conditions de travail. “En moyenne ils restent cinq ans dans l’hôpital public. Seulement cinq ans alors qu’ils ont fait trois ans d’études pour ça!”, se scandalise Nicolas. Pour lui, “la coupe est pleine” et “un nouveau rapport n’y changera rien”.

    Comme beaucoup de ses collègues, Maxime est aussi à bout. “Ceux qui partent, je vais finir par croire qu’ils ont raison, au moins ils prennent soin d’eux. Je me dis, il vaut mieux quitter le navire avant le naufrage plutôt qu’à la fin. Je me demande à quel stade du naufrage en est-on, est-ce que je peux encore rester? Notez qu’il y a trois ans jamais je n’aurais pensé ça”.

    Rendre l’hôpital attractif

    Nos interlocuteurs, désespérés par le manque de réaction du gouvernement, regrettent que leurs métiers soient aujourd’hui si peu attractifs, leurs conditions de travail étant devenues insupportables .

    “Ce qu’il faut à tout prix, c’est redonner de l’attractivité à l’hôpital public, car aujourd’hui les soignants cherchent tous une porte de sortie”, note Jeremy.

    Pour Fabien Paris, c’est “toujours le même problème”: comment recruter dans ces métiers en sachant que les conditions de travail ne sont pas attractives, voire dissuasives. Et surtout, quand les soignants déjà en poste fuient .

    “Tant qu’il n’y aura pas d’efforts de fait sur les conditions de travail, on n’y arrivera pas. Et on ne parle pas que des rémunérations. Il faut améliorer le rythme de travail, l’accès aux formations, avoir des effectifs convenables pour pouvoir prendre des repos et des congés”.

    Les “mesurettes” de Bourguignon, un “mauvais signal”

    Ces efforts tant attendus, les soignants espéraient les voir dans la série de nouvelles mesures annoncées le 8 juin par la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon. Heures sup’ payées double, élèves infirmiers “immédiatement” employables, retour des soignants retraités “volontaires pour reprendre une activité”... Autant d’idées qui n’ont fait qu’accentuer la grogne des soignants.

    “Si l’espoir de l’hôpital consiste au retour des retraités, des heures supplémentaires pour les agents hospitaliers qui sont déjà au bout du rouleau, et faire travailler les étudiants sans diplôme, clairement c’est que l’exécutif ne prévoit pas grand-chose pour l’hôpital public et c’est plutôt un mauvais signal qui est envoyé”, regrette Fabien Paris.

    “Des mesurettes déjà dégainées pendant la crise Covid” et “pas viable à long terme. Ni même à très court terme à cause de l’accumulation de fatigue mentale et physique”, dénonce Maxime du Collectif Inter Urgences. “Ce qu’ils proposent ne permettra jamais de remplacer tous ceux qui manquent”, assure-t-il.

    Et de conclure, amer: “On a un déni de la réalité parce que nos instances ont les pétoches. Ils n’ont pas la volonté de prendre le taureau par les cornes, faire un véritable plan Marshall et d’embaucher et dépenser beaucoup”.

    *Le nom a été modifié

    À voir également sur Le HuffPost: Ces soignants en ont marre du bla-bla face à la crise de l’hôpital

    • chevron_right

      La pénurie de soignants et la dégradation des soins étaient inévitables - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 7 June, 2022 - 07:47 · 4 minutes

    Manifestation des personnels soignants à Bordeaux, en juin 2020. Manifestation des personnels soignants à Bordeaux, en juin 2020.

    SOIGNANTS - Il y a quelques années de cela, à l’époque où le trou de la Sécu ne cessait de se creuser et où le nombre de professionnels de santé satisfaisait largement aux besoins de la population, une idée a germé dans la tête d’un de nos dirigeants: pour combler le déficit, il suffisait de réduire le nombre de soignants !

    CQFD!

    À partir de ce moment-là, le numerus clausus pour la formation des médecins ne cessa de diminuer drastiquement chaque année.

    Ce calcul simpliste, non seulement ne prenait pas en compte d’autres facteurs, tel que le fort taux de chômage qui sévissait dans ces années-là et qui, de ce fait, grevait d’autant les recettes de la Sécurité sociale ayant pour conséquence de creuser ce fameux “trou”. Mais, plus grave, il ne semblait se baser sur aucune projection démographique à plus long terme, sachant qu’il faut en moyenne dix ans pour former un médecin .

    Fermetures et pénuries

    Aujourd’hui, on en arrive à des situations qu’on pourrait qualifier d’ubuesques si elles n’étaient pas dramatiques, de devoir fermer épisodiquement les services d’urgence de certains hôpitaux, comme cela se passe actuellement aux CHU de Bordeaux, Grenoble, Rennes, ou encore au CHR d’Aix en Provence, pour ne citer que ceux-là (à ce jour, plus de 120 hôpitaux français concernés), faute de personnel soignant.

    Ces phénomènes entraînent une perte de chance pour les patients qui, à défaut d’obtenir rapidement un rendez-vous médical, seront mal ou non soignés.

    De même, en raison de la pénurie de médecins généralistes, nos concitoyens sont de plus en plus nombreux à ne plus avoir de médecin référent, ils peinent également à trouver un rendez-vous chez un spécialiste et lorsqu’ils en ont trouvé un, ils doivent patienter encore pendant de nombreux mois avant leur rendez-vous.

    Ces phénomènes entraînent une perte de chance pour les patients qui, à défaut d’obtenir rapidement un rendez-vous médical, seront mal ou non soignés.

    Des solutions d'urgence à prendre

    Or, pour établir les besoins en personnels de santé, il aurait fallu tenir compte des éléments suivants:

    • La pyramide des âges et la génération des baby-boomers: soixante-dix ans plus tard, ils sont devenus du fait de leur âge, de plus grands consommateurs de soins médicaux;
    • Cette même génération a fourni également bon nombre de professionnels de santé désormais en âge de prendre leur retraite, ce qui a pour effet de creuser le déficit de l’offre de soins;
    • La féminisation de la profession: les femmes assument non seulement leurs maternités, mais aussi, aménagent plus souvent que les hommes leur temps de travail pour se consacrer à leurs enfants. Ceci n’est pas un propos sexiste, étant moi-même une femme médecin mère de deux enfants;
    • Une médecine de plus en plus technique, sophistiquée et hyper spécialisée, qui offre une palette de soins plus large à la faveur des patients, mais qui nécessite aussi davantage de praticiens formés dans ce sens pour pouvoir la pratiquer;
    • Des internes qui ont acquis des droits, ce qui est une bonne chose, comme le repos compensateur après une garde, ou un nombre maximum de trois gardes mensuelles, mais ce qui contribue à accentuer la pénurie;
    • De jeunes médecins formés, rappelons-le, aux frais de l’État, qui une fois leurs études terminées, ne veulent pas exercer ni à l’hôpital, ni en libéral, et préfèrent se contenter de quelques jours par mois de remplacements. Il est étonnant de constater qu’à peine 10% des jeunes médecins s’installent en libéral! Quant aux postes non pourvus dans les hôpitaux, on les compte par centaines;
    • La crise du Covid, qui a épuisé les soignants au point d’en inciter beaucoup à changer de métier ou à prendre leur retraite prématurément;
    • Cessons de brandir la menace de mesures coercitives visant à obliger les jeunes médecins à s’installer en zones sous-dotées. Si cette opposition zones sous-dotées/zones sur-dotées était encore vraie il y a seulement 5 ans de cela, ce n’est plus du tout le cas actuellement et en France (métropole comme outre-mer), il n’y a plus que des zones sous-dotées!
    • Le creux de la vague en termes de pénurie n’est pas encore atteint, ce qui signifie que la situation va continuer de s’aggraver jusque vers 2030, là où selon les projections actuelles, le pire serait atteint… à moins d’une nouvelle crise sanitaire d’ici là, qui pourrait encore aggraver les choses.

    Voilà donc un certain nombre de pistes de réflexion sur lesquelles il devient très urgent de se pencher, si l’on souhaite maintenir un niveau sanitaire correct pour nos concitoyens, niveau sanitaire qui ne cesse de se dégrader au fil de ces dernières années, faute d’un nombre suffisant de professionnels de santé formés pour assumer ce service public.

    À voir également sur Le HuffPost: Au CHU de Rennes, un service d’urgences ”à bout” se met en grève

    • chevron_right

      La crise aux urgences va-t-elle précipiter le retour des soignants non vaccinés?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 19 May, 2022 - 10:36 · 4 minutes

    La crise aux urgences va-t-elle précipiter le retour des soignants non vaccinés? (Photo d'illustration prise aux urgences de Toulouse par Alain Pitton/NurPhoto via Getty Images) La crise aux urgences va-t-elle précipiter le retour des soignants non vaccinés? (Photo d'illustration prise aux urgences de Toulouse par Alain Pitton/NurPhoto via Getty Images)

    HÔPITAL PUBLIC - Voilà des mois, voire des années que la sonnette d’alarme a été tirée, mais aujourd’hui la situation est plus que critique dans l’hôpital public . Lessivés par les deux années de Covid et face à un manque criant de personnels, plusieurs CHU ont été contraints de fermer leurs services d’urgences , notamment la nuit ou d’en réduire l’activité, ces derniers mois.

    Mais à l’approche des vacances d’été et de l’afflux de touristes, les professionnels de santé appellent à l’aide. Le représentant des médecins des CHU de France, Rémi Salomon, s’inquiète du manque de personnels soignants à hôpital public . “On a un risque imminent de ruptures d’accès aux soins”, affirme-t-il ce jeudi 19 mai sur Franceinfo . Il évoque ainsi le cas de Bordeaux où les patients ont été “accueillis par des bénévoles”. “Il manque des lits. Il manque des infirmiers pour faire fonctionner les blocs opératoires. Il manque d’urgentistes pour faire tourner les services d’urgences ”, alerte-t-il.

    Certains professionnels poussent la réflexion sur une possible réintégration des soignants non vaccinés. Un vœu qui reste pour le moment difficile à réaliser.

    “On ne peut pas se passer des 15 000 personnes qui ont été suspendues”

    “Il y a le feu au lac!”, alerte, lui, le président de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers de France Patrick Pelloux, qui décrit une “ situation catastrophique ”. Il évoque un “phénomène de grand renoncement”, auprès d’ Ouest France , et des personnels totalement désabusés. Pour lui, pour alléger un peu la pression, il faudrait le retour des soignants qui ont dû quitter leur poste faute d’avoir accepté de se faire vacciner contre le Covid-19.

    “Nous sommes en pleine tempête, il faut que tout le monde vienne sur le bateau. Nous devons comprendre pourquoi ils ne se sont pas fait vacciner et réfléchir à intégrer le Covid-19 dans l’obligation des vaccins mais, là, tout de suite, il faut les réintégrer”.

    Auprès du Parisien , il précise qu’à l’AP-HP, 15 % des lits sont fermés par manque de personnel. “Ce n’est pas mieux sur le reste du territoire et cela va empirer cet été. Des services entiers vont fermer. La non-réintégration des soignants est l’ultime négation de cette situation”, s’alarme-t-il.

    “Dans ce contexte, on ne peut pas se passer des 15.000 personnes qui ont été suspendues, même si elles ont fait une erreur. Il faut une amnistie, passer l’éponge. On n’a pas le choix. Je crois que le message a été entendu, n’oublions pas que certains soignants non-vaccinés sont morts du Covid. Maintenant, il faut aller de l’avant”.

    Une saisine de la HAS “imminente”?

    Sur ce sujet, Emmanuel Macron n’a pas fermé les portes. En déplacement dans les Hautes-Pyrénées à la fin du mois d’avril, le président a en effet déclaré: “On ira dans cette direction , à condition de ne plus être dans la ‘phase aiguë de l’épidémie’”.Toutefois, mercredi 11 mai, le ministre de la Santé Olivier Véran a fait volte-face en affirmant: “L’obligation (vaccinale) reste en vigueur pour les soignants”.

    “Légalement, rien n’est prévu pour l’instant. À l’occasion de la campagne électorale, Macron a indiqué que les choses pouvaient évoluer, et Véran doit solliciter l’avis de la HAS”, confirme auprès de 20 Minutes le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). De son côté, l’ARS des Hauts-de-France rappelle que “les soignants suspendus et non vaccinés, sans contre-indication, ne peuvent pas réintégrer leurs services. Ce faisant, ils exerceraient sans autorisation avec des conséquences pour eux comme pour l’établissement”.

    Selon Le Parisien qui cite une source au ministère de la Santé, une saisine de la Haute Autorité de santé (HAS) est “imminente”, afin d’évaluer la pertinence sanitaire de cette mesure.

    “Ce ne sont pas les personnes les plus fiables”

    Toutefois, même au sein de l’hôpital cette idée n’est pas au goût de tout le monde. Pour Mathias Wargon, chef des urgences de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis, “l’hôpital n’a pas à céder au populisme, ni à être laxiste”.

    “Il faut arrêter de laisser penser que l’on va résoudre la crise profonde de l’hôpital en réintégrant quelques milliers de personnes qui se sont barrées à la première occasion et le referont demain, déclare-t-il au Parisien . Clairement, ce ne sont pas les personnes les plus fiables. On n’a pas besoin de ces soignants-là. En revanche, il faut engager le chantier de l’hôpital et donner enfin la reconnaissance que méritent ceux qui y travaillent. Conditions de travail, salaire, management, il y a urgence à tout remettre sur la table”.

    À noter que selon le ministère, 0,6 % des soignants ont été suspendus en septembre dernier (sans compter ceux qui ont été réintégrés depuis en raison de leur vaccination), précise 20 Minutes . Lors d’une audition devant le Sénat le 26 octobre, Olivier Véran expliquait que “les deux tiers des soignants suspendus faute de vaccination sont revenus au travail une fois vaccinés”.

    À voir également sur Le HuffPost: Covid en Guadeloupe: les CHU et les services de réanimation saturés

    • chevron_right

      Je n'ai pas voté pour la casse de l'hôpital public dont je suis un des médecins - BLOG

      Philippe Bizouarn · news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 1 May, 2022 - 07:00 · 3 minutes

    Monsieur Macron devra compter sur nous pour lui rappeler que son projet n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Monsieur Macron a annoncé dans sa campagne un changement de méthode: concertation, écoute, participation citoyenne? Je me permets déjà d’en douter, tant les travailleurs du soin ont souffert de ces défauts d’écoute. (photo d Monsieur Macron devra compter sur nous pour lui rappeler que son projet n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Monsieur Macron a annoncé dans sa campagne un changement de méthode: concertation, écoute, participation citoyenne? Je me permets déjà d’en douter, tant les travailleurs du soin ont souffert de ces défauts d’écoute. (photo d'illustration)

    PRÉSIDENTIELLE - À la suite de notre appel à témoignages, Philippe Bizouarn nous a envoyé sa réaction, que nous avons choisi de publier séparément.

    Je suis médecin à l’hôpital public. Je n’ai pas voté pour Emmanuel Macron et son programme néolibéral, mais contre l’extrême droite qui nous promettait la déchéance de notre humanité.

    Voté contre, pas pour

    Je n’ai pas voté pour la casse de l’hôpital public, je n’ai pas voté pour la privatisation programmée de tous les services publics, je n’ai pas voté pour la disparition des biens communs – la santé, l’éducation, la justice –, mais j’ai voté pour que le programme haineux de Marine Le Pen ne puisse voir le jour.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    Je n’ai pas voté, contrairement à ce que certains ministres ont pu dire, pour le projet de société indécente proposé par l’actuel gouvernement. Je n’ai pas voté pour que les inégalités continuent de s’aggraver dans notre pays.

    Je n’ai pas voté pour que nos solidarités – déjà si fragiles –, disparaissent, envers nos vieux et nos plus jeunes, nos précaires et nos exclus.

    Les médecins désespérés

    Je suis médecin à l’ hôpital public, et ne peux que constater la désespérance des travailleurs du soin, épuisés, ayant perdu le sens de leur travail, et quittant le navire pour un avenir à écrire. La Grande Démission menace nos services. Les lits continuent de fermer. Les Urgences continuent de “déborder”. En ces cinq années écoulées, ce qui a été fait n’a pas suffi, loin s’en faut! Les milliards annoncés ne suffiront pas, loin s’en faut! L’heure n’est plus aux applaudissements, mais à la nécessaire reconnaissance des métiers du soin, au sein des hôpitaux dits pour le moment publics.

    Je suis membre du Collectif Inter Hôpitaux , et continuerai, avec ses membres et d’autres collectifs embarqués dans le mouvement de défense de l’hôpital public, de combattre les régimes d’austérité imposés à ces hôpitaux qui ne peuvent plus accueillir toute la misère du monde, par manque criant de moyens alloués et pourtant réclamés. Monsieur Macron devra compter sur nous pour lui rappeler que son projet n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Monsieur Macron a annoncé dans sa campagne un changement de méthode: concertation, écoute, participation citoyenne? Je me permets déjà d’en douter, tant les travailleurs du soin ont souffert de ces défauts d’écoute.

    Le combat pour l’humanité du soin

    Le collectif interprofessionnel dans lequel je suis engagé a lancé, dès le lendemain de l’élection, un #MonVoteNestPasUneAdhesion à voir sur tiktok et sur son site Twitter , prévenant le futur gouvernement que les travailleurs du soin, de tout métier, sauront rester vigilants, sauront poursuivre leur combat pour l’humanité du soin à l’hôpital public, pour leur attachement à l’hôpital public, vigie au sein de la cité et des territoires délaissés de la République.

    Dans l’attente des élections législatives, je m’engagerai, autant qu’il m’est possible, et avec les collectifs engagés, de faire part à mes concitoyens quelles sont les attentes des travailleurs du soin au service de toutes et de tous, pour une santé publique égalitaire.

    À voir également sur Le HuffPost: Présidentielle 2022: Emmanuel Macron l’emporte avec 58,55% des voix face à Marine Le Pen

    • Co chevron_right

      Médaille aux soignants : la solution du gouvernement pour aider l’hôpital français

      Olivier Maurice · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 19 May, 2020 - 03:15 · 4 minutes

    médaille

    Par Olivier Maurice.

    Une blague ciculait à l’époque de la guerre froide :

    « Comment reconnait-on un soldat de l’armée rouge d’un général de l’armée américaine ?
    – Le soldat de l’armée rouge, c’est celui qui a le plus de médailles. »

    Ceux qui ont vécu cette période se souviennent de ces photos de vétérans sibériens, les cheveux hirsutes, le sourire édenté et les yeux perdus dans le vague, que la propagande soviétique affichait régulièrement en prenant bien soin de mettre en avant le tapis de breloques qui couvraient leur poitrine : les héros du peuple, immensément récompensés par la nation reconnaissante pour leur sacrifice et leur abnégation.

    Peut-on aller jusqu’à trouver des points communs entre les pauvres recrues envoyées une semaine après leur incorporation à l’assaut des mitrailleuses allemandes avec un fusil pour trois et le folklore de la guerre contre l’ennemi invisible et sournois (sic) qui a été le quotidien des soignants pendant un mois et demi ? Absence totale de préparation, absence incompréhensible de matériel, conséquences dramatiques de la lourdeur d’une machine hiérarchique et administrative omniprésente, omnipotente et totalement dépassée par les événements…

    La fleur au fusil

    Nos héros de Stalingrad à nous, ce sont ces étudiants en sixième année qui ont été envoyés en service de réanimation avec un masque pour trois. Les mêmes qui découvrent aujourd’hui le montant de leur « sacrifice envers la nation » : une prime de 47,18 euros et une médaille en chocolat. Eux, et tous les autres : infirmières et médecins, personnels des EPHAD, médecins de ville…

    Cela fait combien de temps que le personnel médical français hurle son mécontentement ?

    « Ni bonnes, ni nonnes, ni connes » , scandaient les infirmières en septembre 1988. Certains se souviennent encore de leur campement de fortune qui était resté planté devant le ministère de la Santé et avait bloqué tout le quartier Ségur pendant des mois.

    Cela fait combien d’années que la Sécu est en déficit , que les hôpitaux subissent des coupes sombres, des réorganisations, des reports de travaux pour faute de budget, des fermetures de services ?

    Cela fait combien de temps que l’on nous répète en boucle que nous avons « le meilleur système de santé au monde, que le monde entier nous envie » alors qu’absolument aucun personnel médical ne doute que cette affirmation n’est qu’ une immense mascarade faite pour museler la grogne d’une profession totalement sinistrée, sacrifiée à l’autel du « service public » qui en l’occurrence signifie service régenté par l’administration, la paperasserie et les apparatchiks.

    Mais nos héros auront bientôt leur médaille : une médaille créée au XIXe siècle, ce qui illustre parfaitement la manière dont a été gérée cette crise : comme si la France avait subitement fait un énorme bond en arrière dans le temps , comme si cette épidémie avait effacé deux siècles de progrès, deux siècles d’innovations techniques, économiques et sociales.

    Les enfants du marais

    Elle illustre parfaitement l’épidémie de nostalgie romantique, de mélancolie passéiste qui frappe gravement la société française et plus particulièrement sa classe politique qui ne parvient pas à s’intégrer dans le monde moderne : la nostalgie du fait-maison et de l’agriculture d’avant l’industrialisation, de l’école publique et de ses instituteurs laïcs, du monde des petits commerçants et des artisans traditionnels, du médecin de famille avec sa barbe et sa pipe : un monde sans voiture, sans ordinateur, sans internet, sans nucléaire, sans pesticides, sans mondialisation et sans virus chinois.

    Les deux premières actions politiques de la première semaine de déconfinement auront été consacrées à célébrer ce culte du retour en arrière : censurer Internet et inscrire l’épidémie de coronavirus dans l’imaginaire populaire des épidémies de choléra du XIXe siècle et des drames nationaux historiques.

    Combien de temps encore une minorité d’enfants gâtés pourra-t-elle continuer à imposer son utopie du temps des cerises à toute une population ? Que faudra-t-il pour que la population se réveille et réalise que nous ne pouvons pas vivre dans un parc d’attractions dirigé par un marionnettiste qui contrôle nos moindres actions, que nous ne pouvons pas vivre dans l’illusion qu’il existe toujours quelqu’un pour vivre notre vie à notre place ?