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      Retraites : quelques motivations à l’opposition au report de l’âge légal

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 1 February, 2023 - 04:30 · 15 minutes

    Avec un taux de syndicalisation de 10,8 % déclaré en 2022 , et même si tous les syndicats sont d’accord, ces derniers ne pèsent objectivement pas bien lourd. C’est probablement sur ce constat que compte le gouvernement pour faire passer sa énième tentative de stabilisation financière du régime des retraites en France.

    Il est vrai que l’examen de la pyramide des âges, de l’espérance de vie et du taux de natalité en France n’incite pas à l’optimisme quant à la survie du régime actuel des retraites . Point n’est besoin de consulter le COR ou tout autre institut pour constater que le rapport entre le nombre de personnes à la retraite et le nombre de personnes en activité augmente et continuera à le faire, ce qui en régime de répartition entraîne mathématiquement soit une diminution des pensions, soit une augmentation des cotisations. À moins qu’on s’accorde sur la décision de déplacer l’âge où l’on passe de la période d’activité à celle de la retraite. Il ne devrait d’ailleurs même pas y avoir de débat sur le sujet tant l’évidence saute aux yeux. D’ailleurs, la plupart des pays qui nous entourent ont largement remonté cet âge et poursuivent cette tendance sans qu’apparemment les salariés de ces pays ne s’opposent avec détermination à cette mesure de bon sens, comme cela se passe singulièrement en France.

    Alors, pourquoi chez nous cette opposition apparemment unanime et à vrai dire complètement surréaliste ?

    La réponse n’est pas la même suivant le clan qui s’y oppose.

    Les insoumis

    Ils sont par principe opposés à tout ce que propose le gouvernement. Ils voient tout d’abord dans l’opposition à cette mesure une occasion de déclencher la pagaille dans le pays, ce qui peut peut-être leur donner l’opportunité de prendre une partie du pouvoir, et/ou de le retirer à l’équipe actuelle. Ils sont de ce fait totalement imperméables au simple calcul démographique et d’ailleurs n’en ont rien à faire puisque leur objectif (la pagaille) est ailleurs. Ils ne changeront donc pas d’avis sur le sujet.

    Le Rassemblement national

    Il suit le même chemin que les Insoumis mais pour des raisons totalement contraires. En effet, ses dirigeants comptent probablement sur l’effet que produira la pagaille provoquée par la décision de remonter l’âge de la retraite pour récupérer les voix des électeurs qui désirent voir l’ordre et la discipline régner à nouveau.

    La CFDT

    Au départ, son secrétaire général Laurent Berger a vu l’opposition à l’augmentation de l’âge de départ en retraite une posture lui permettant de conforter sa position aux élections professionnelles. Devenue ensuite le premier syndicat de France, la CFDT a conservé cette revendication ressentie comme très porteuse pour ses adhérents, (surtout pour ceux qui ne s’intéressent pas à la démographie, mais plutôt à leurs conditions personnelles). Aujourd’hui, Laurent Berger ne peut de toutes façons plus se dédire. Il est même obligé de pousser en avant sa position, ce qui pourrait devenir un boulet lourd à porter selon l’évolution des choses…

    La CGT

    Elle considère que le raccourcissement du temps de travail est démontré par l’Histoire. En bonne marxiste, elle préfère s’appuyer sur l’idéologie plutôt que sur les conditions réelles. On peut penser qu’elle finira par s’écraser sur la réalité exactement comme l’a fait l’URSS en son temps.

    Le manifestant de base

    Ni syndiqué, ni encarté à aucun parti, il participe aux manifestations et ne réfléchit peut-être pas trop à l’évolution des conditions démographiques. Il pense que ce sont « les autres » qui paieront, et aussi que puisque le système a marché jusqu’à présent, il doit pouvoir continuer à le faire au moins pendant toute la durée de sa propre retraite. C’est une position somme toute très pragmatique, surtout si on se rapproche de l’âge en question et qui n’a peut-être pas été assez prise en compte par le Président…

    Cependant, tous les acteurs de la comédie des retraites ont aussi plusieurs autres raisons, dont certaines ne sont pas ouvertement exprimées, de s’opposer à la réforme telle qu’elle est présentée par le gouvernement. Voici quelques-unes de ces motivations, certaines ouvertement exprimées d’autres soigneusement gardées cachées.

    Augmenter la place de l’État

    Que se passe-t-il si les dépenses représentées par les pensions versées dépassent les recettes représentées par les cotisations ?

    Eh bien c’est l’État qui paie la différence en mettant en place, bien entendu, un nouvel emprunt. Or, c’est exactement ce que ces syndicats désirent : que les retraites soient rendues aussi indépendantes que possible des cotisations salariales et soient plutôt payées par l’impôt puisque c’est à cela qu’aboutit finalement le système de l’emprunt. Il ne faut donc surtout pas toucher à la situation actuelle de déficit permanent. L’ iFRAP constate d’ailleurs que si les employeurs publics cotisaient au même taux que les employeurs du privé comme ils devraient logiquement le faire, un besoin de financement résiduel de 30 milliards apparaîtrait qui devrait logiquement être couvert par une subvention d’équilibre bien identifiée. Ce chiffre est structurel et récurrent. Mais bien évidemment, pour les politiques au pouvoir il vaut mieux masquer ce déficit sous une couche bien épaisse de postes comptables mis en place pour la circonstance…

    La réaction unanime de la gauche qui soutient la revendication des syndicats n’a pas d’autre motivation que celle d’étendre encore un peu plus l’emprise de l’État sur l’économie.

    Se refaire une santé sur le dos du président

    C’est le calcul des syndicats et particulièrement de la CGT et de la CFDT.

    Pour ces deux syndicats, l’homme à abattre c’est Macron. S’ils arrivent à ruiner son deuxième quinquennat, voyez donc tout ce que ce succès peut représenter pour ces organisations qui représentent surtout elles-mêmes à l’heure actuelle, mais qui jouissent de fait d’un pouvoir aussi exorbitant qu’injustifié au vu de leur représentativité.

    Reconnaissons cependant que le premier round a été remporté haut la main par ces organisations qui n’espéraient sans doute pas autant de la première journée de manifestations.

    Maintenant, il s’agit de conclure et ce ne sera sans doute pas aussi facile : si le rapport des voix ne change pas, la réforme des retraites sera votée par les députés sans que le recours au 49-3 soit nécessaire. Mais si celui-ci change, par exemple si certains républicains changent d’avis à la suite de la manifestation de jeudi dernier, il pourrait ne pas y avoir suffisamment de voix pour que la réforme soit acceptée.

    Dans ce cas, seul l’article 49-3 permettrait au gouvernement de faire passer la loi sans aucun amendement. Ne resterait alors à l’opposition que le recours au Conseil constitutionnel.

    Tenir compte des « carrières longues »

    Un argument contre la réforme, apparemment d’ailleurs accepté par le gouvernement, est ce que la CFDT nomme la « prise en compte des carrières longues ».

    D’après cet argument, il serait normal qu’une personne ayant commencé à travailler tôt, disons à 16 ans, soit autorisée à prendre sa retraite plus tôt que celle qui a fait des études et a donc commencé plus tard à travailler. L’égalité consistant, toujours d’après cet argument, à rendre égaux pour tous les temps d’activité professionnelle considérés comme une contrainte à partager également.

    Analysons donc plus précisément le temps qui s’écoule entre le moment où la première personne commence à 16 ans à travailler et le moment où la seconde commence à son tour, à 23 ans.

    Pendant ces sept ans, la première est occupée à un travail rémunéré et la seconde généralement à faire ses études, lycée, puis fac ou prépa + école supérieure. Peut-on réellement considérer que la période d’études de la deuxième a été un paradis en comparaison de la même période mais de travail salarié, de la première ? Dans mes souvenirs, la période de la prépa a été celle où je me suis le plus arraché. J’ai connu plusieurs camarades qui ont lâché prise ou sont tombés malades à l’époque à cause de la pression excessive qu’ils ont eu à subir durant cette période. Connaissez-vous beaucoup de jeunes au travail qui tombent malades à cause de ce travail ? Remarquons au passage que d’après sa biographie , il semble que monsieur Berger n’ait pas connu lui-même dans ses études la période des concours…

    En réalité, cette différence dans le cours d’une vie, examinée au moment de la retraite, c’est-à-dire après une quarantaine d’années, n’a réellement plus aucune signification et ne peut donc être considérée comme un motif de retraite anticipée malgré l’apparente unanimité dont cette mesure semble bénéficier, ce qui prouve d’ailleurs que les tenants de celle-ci n’ont pas beaucoup réfléchi au problème…

    Tenir compte de l’« usure du corps »

    Les adversaires du report de l’âge de départ sous-entendent dans leur discours un autre argument.

    D’après elles mais sans que cela soit jamais clairement exprimé, les facultés physiques et mentales des travailleurs seraient plus ou moins affectées après soixante ans, justifiant la mise à la retraite à cet âge. Évidemment, cet argument ne peut être présenté directement car ce serait quelque part une insulte envers ceux qui se rapprochent de cet âge.

    Cependant, pour avoir traversé cette période il y a longtemps déjà, je peux assurer que l’usure du corps dont on parle, si elle commence en réalité bien plus tôt en ce qui concerne par exemple la vue, ne devient gênante pour certaines activités que bien plus tard, disons largement après 70 ans. Pour les activités plus intellectuelles, je dirais plutôt après 80 ans, et j’en veux pour preuve le présent article…

    En réalité et dans la grande majorité des cas, il existe donc une très large plage d’âge après l’âge actuel légal de départ en retraite pendant laquelle on peut continuer à travailler sans aucune difficulté. D’ailleurs, d’innombrables exemples, surtout parmi les professions libérales, viennent confirmer cette affirmation. Le problème vient plutôt du fait que ceux qui s’expriment sur la question de l’âge de départ, gouvernement compris, ont elles-mêmes, pour la plupart, un âge bien inférieur et sont donc sans expérience personnelle réelle.

    Par ailleurs, je ne conteste évidemment pas du tout l’usure provoquée par certains emplois comme le port de charges lourdes ou le travail de nuit mais j’entends qu’il s’agit d’un autre débat, non généralisable.

    Défendre le fonctionnariat

    Certains syndicats, et la CGT en particulier, exploitent pour leur compte l’inquiétude sourde de certains fonctionnaires ou assimilés qui voient progresser l’idée que certaines tâches dévolues à ce qu’on appelle le « service public » peuvent très bien être assurées avec succès par le privé.

    D’ailleurs, en faisant quelquefois appel au privé, le gouvernement essaye de s’affranchir de règles jugées par trop contraignantes comme par exemple à la SNCF l’impossibilité de faire assurer plusieurs tâches différentes par la même personne. L’ouverture à la concurrence du trafic ferroviaire voyageur et le succès sur la ligne Paris-Milan de Trenitalia est sûrement un exemple qui renforce cette inquiétude.

    Mais en réalité, ce que les syndicats veulent surtout défendre c’est tout simplement la sécurité de leur emploi de fonctionnaires.

    Défendre les « régimes spéciaux »

    Vous êtes-vous demandé pourquoi les employés du gaz et de l’électricité ainsi que les employés des raffineries étaient particulièrement en pointe dans la lutte contre la réforme des retraites ?

    C’est tout simple : il défendent bec et ongles leur « régime spécial ». Eh oui : ils ne sont pas fonctionnaires mais bénéficient d’un régime de retraite tout à fait équivalent. Par exemple, le montant de leur retraite est calculé sur leur salaire des six derniers mois et non pas sur les 25 meilleures années comme dans le reste du privé. Ces petits avantages font de ces heureux bénéficiaires des privilégiés très combatifs contre la réforme qui veut supprimer ces avantages.

    Pour remporter la victoire, le gouvernement a l’intention de faire jouer la « clause du grand-père » qui consiste précisément à n’appliquer la réforme qu’aux nouveaux entrants, ce qui signifie que l’application réelle de cette réforme n’aura lieu qu’au moment où les nouveaux entrants partiront à la retraite, soit dans plus de quarante ans…

    Donner du travail aux seniors

    On feint souvent de déplorer le chômage des seniors c’est-à-dire des personnes proches de la retraite. L’explication de cette situation particulière est simple.

    Sous l’influence très marquée du statut de l’emploi public , quel que soit son travail, le salaire augmente en fonction de l’âge. En effet, même sans aucune amélioration de la qualité de leur travail ou de leur expérience, les fonctionnaires, suivis en cela par certains des salariés des grandes entreprises, sont assurés d’une augmentation automatique de leur salaire dans le temps. Par ailleurs, on ne voit que très peu de salaires qui diminuent. Le résultat très négatif pour les seniors est que pour le même poste l’employeur préfère toujours un jeune, les salaires attendus par le futur employé pouvant aller du simple au double et même au-delà par le simple effet de l’application des conditions d’âge. Le phénomène est particulièrement marqué dans les grandes entreprises où les emplois sont souvent pourvus par mutation interne.

    Pour améliorer l’emploi des seniors, il suffirait de déconnecter les salaires de l’âge du salarié en supprimant les augmentations automatiques. Mais il s’agirait certainement d’une véritable révolution, et je veux bien parier qu’en France, les seniors continueront probablement encore longtemps à rechercher un emploi…

    Question subsidiaire

    Cette grève générale à laquelle la gauche rêve, est-elle licite ?

    En effet, la question ne semble pas avoir été débattue. Si on se réfère à la jurisprudence, le mouvement de grève ayant pour objet la manifestation de l’opposition à une réforme des retraites n’avait pas été jugée illicite au moment de la tentative d’Alain Juppé en 1995. Ce fait sert de base aux syndicats pour assurer que les mouvement de grève qui concernent la question sans doute très politique de l’âge du départ à la retraite seront considérés comme des grèves pour motif professionnel ; la grève pour motif politique étant en effet tout simplement illégale.

    Cependant, il existe de profondes différences entre la situation de 1995 et celle d’aujourd’hui, ce qui fait que les certitudes syndicales ne sont peut-être pas aussi solides que ça.

    En conclusion

    Il me semble qu’une question simple comme : « acceptez-vous de travailler un peu plus longtemps (deux ans sur 40) afin que pendant les dix prochaines années vos cotisations retraite ne soient pas augmentées et que vos futures retraites ne soient pas diminuées ? Sinon, préférez-vous la diminution des retraites ou bien l’augmentation des cotisations ? » pourrait faire l’objet d’une votation à la Suisse sous la forme d’un QCM puisqu’il est demandé une réponse à trois questions, et sous réserve que ces questions soit bien conformes à la Constitution.

    Cette votation serait destinée à tous les Français, l’occasion (manquée jusqu’à aujourd’hui) de réfléchir enfin sur le vrai problème des retraites. Il conviendrait d’accorder au moins six mois à un an aux Français pour réfléchir calmement à la question. Cependant, tant que l’on s’obstinera à garder comme un totem le système de retraite par répartition, il faudra périodiquement faire une nouvelle réforme. Et les retraites seront de plus en plus maigres, l’âge de la retraite de plus en plus tardif et les cotisations de plus en plus lourdes.

    Il faut savoir que le système de la répartition qui avait été choisi initialement par le gouvernement de Vichy et repris en 1945 dans le programme du Conseil National de la Résistance, où l’argent des cotisations sert à payer immédiatement les retraites était à l’époque très intéressant pour les deux raisons suivantes :

    1. Il ne demandait aucun financement immédiat au gouvernement. ( tu parles d‘une aubaine ! )
    2. Le rapport du nombre de cotisants sur le nombre des retraités était alors très favorable. (ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui).

    La répartition n’a pas été choisie pour d’autres motifs.

    En revanche, il y a aujourd’hui une raison non avouée de la conserver à tout prix : pour le gouvernement c’est une façon une façon de garder la main sur le sort de tous les salariés , ce qui n’est pas mince, et sans doute fondamental pour lui. D’où le mythe de la solidarité entre générations inventé pour la circonstance, mais qui n’a aucune réelle consistance.

    Si les Français veulent vraiment reprendre pour eux-mêmes une partie de la Liberté, premier mot de la devise de la République, il doivent se débarrasser rapidement de cette répartition, système injuste et économiquement non performant qui ne présente d’avantages que pour nos gouvernants.

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      Lettre aux hommes

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 1 February, 2023 - 03:40 · 1 minute

    Par Tonvoisin.

    « Mon cœur s’est noyé dans l’océan de tes rêves !

    Au loin, le temps, la vie des vagues silencieuses,

    se brisait en cadence sur l’absence de trêve

    Et le monde riait ! La folie est joyeuse !

    J’aurais vécu pour rire dans un monde à pleurer

    sans mépriser mes juges de ma peine cruelle

    Enfant je suis, enfant je meurs. Me faut-il expliquer ?

    La tristesse des autres est ma seule étincelle !

    Je me croyais vivant et soudain je suis mort !

    Gloire à mes assassins, qui ont sali mon âme,

    les plaines de mes pensées, mon unique trésor

    courent dans des lendemains inconnus des infâmes !

    Ignorant par principe du travers des hyènes

    ma lanterne brisée, je titube dans l’espoir

    de ne pas m’être perdu dans la nature humaine

    un sourire cicatrice comme dernier territoire

    À rêver de partir sans savoir où aller…

    On traverse la vie, et la vie vous transperce

    Mes combats inutiles, qu’importe de les gagner ?

    Je n’ai vaincu que moi ! Ce monde n’est qu’ivresse.

    Il se tient devant vous l’Amazigh fatigué !

    les mots n’arrêtent rien ! Le drame se prépare !

    À l’ombre des silences et des infatués,

    la vérité se terre à l’abri des regards !

    Un poème pourra-t-il convaincre votre coeur

    que le mal est en marche déguisé en sauveur ?

    un poème pourra-t-il faire taire votre peur ?

    hurler à mes côtés pour sauver le bonheur ?

    Le bien alimente le mal, s’en pensant exempté

    la propagande violente altère la raison

    elle transforme les hommes en produits exaltés

    des hommes vont mourir, ils n’auront pas de noms

    Ceux qui décident les guerres ne partent pas au combat

    et la guerre se rapproche comme solde de tout compte

    de peuples « insupportable »s qui réclament l’équitable

    La troisième guerre mondiale, elle se fera sans moi !

    Je ne reste debout que par mépris des balles !

    Pour clamer ma tristesse devant l’inconséquence

    Je demeure vivant en quête d’idéal

    Si les hommes sont fous. Toutes mes condoléances !

    Amen Tonvoisoin

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      Le capitalisme aux États-Unis n’est pas du à l’esclavage

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 30 January, 2023 - 03:50 · 4 minutes

    Il y a trois ans et demi, le New York Times Magazine publiait « The 1619 Project ».

    Il y était affirmé que 1619, l’année où le premier navire négrier serait arrivé dans ce qui est aujourd’hui les États-Unis, était aussi fondamentale pour l’Amérique que l’année 1776, et que l’héritage de l’esclavage façonne toujours notre société. La créatrice du projet 1619, Nikole Hannah-Jones, a donné une interview au New York Times le 16 janvier , dans laquelle elle déclarait que « le capitalisme aux États-Unis a été largement façonné par l’esclavage ».

    Mais le capitalisme américain est-il vraiment fondé sur l’esclavage ?

    Après tout, l’esclavage est bien plus ancien que le capitalisme. Pendant 5000 ans, il a été un élément essentiel des systèmes économiques du monde entier. L’esclavage était particulièrement répandu dans la Grèce et la Rome antiques, mais il existait également en Inde, en Chine, en Corée et dans d’autres pays. En Chine, par exemple, l’esclavage existait déjà en 1800 avant Jésus-Christ .

    L’économiste Thomas Sowell écrit que « 14 millions d’esclaves africains ont été emmenés à travers le désert du Sahara ou expédiés par le golfe Persique et d’autres voies navigables vers les nations d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient », contre quelque 11 millions d’Africains expédiés par l’Atlantique. La traite des esclaves existait principalement en Afrique : les Africains chassaient d’autres Africains et ce sont les Arabes qui organisaient la traite des esclaves.

    Sur les quelque 11 millions d’esclaves emmenés vers le Nouveau Monde entre le XV e et le XIX e siècle 5,53 millions ont été expédiés au Brésil . 1,2 million d’Africains ont été vendus à la Jamaïque, 911 000 à Saint-Dominique (aujourd’hui Haïti), 890 000 à Cuba et 608 000 à la Barbade.

    Un nombre bien moins important d’Africains ont été transportés aux États-Unis comme esclaves – environ 472 000. Beaucoup travaillaient dans les plantations de tabac et de riz.

    Même l’anticapitaliste de gauche Ulrike Hermann concède dans son livre La fin du capitalisme :

    « Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’exploitation ne vous rend pas riche. Telle a été l’expérience de toutes les colonies qui ont compté sur le travail des esclaves. Le Brésil est resté aussi arriéré que la Jamaïque ou l’État américain du Mississippi. Certains propriétaires de plantations sont devenus très riches, mais l’économie nationale dans son ensemble n’a pas progressé […] Ce n’est pas une coïncidence si seul le nord des États-Unis s’est industrialisé, là où il n’y avait pratiquement pas d’esclaves. »

    Elle ajoute :

    « La traite des esclaves était donc plutôt un phénomène économique marginal, aussi cynique que cela puisse paraître, et ne peut expliquer l’émergence du capitalisme. »

    Benjamin Franklin , l’un des pères fondateurs des États-Unis, qui a participé à la rédaction de la Déclaration d’indépendance et en a été l’un des premiers signataires, a écrit que l’importation d’esclaves étrangers ne pouvait qu’affaiblir un État et son économie. David Hume et Adam Smith sont arrivés à des conclusions similaires dans leurs ouvrages majeurs. Les maîtres d’œuvre du capitalisme avaient critiqué l’esclavage non seulement avec des arguments moraux mais aussi économiques.

    Adam Smith s’est opposé à l’esclavage dans son œuvre majeure, An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations , publiée en 1776. Ses attaques contre l’esclavage sont formulées en termes économiques et non moraux. Il estimait qu’il serait extrêmement difficile pour les esclavagistes d’éprouver un jour de la sympathie pour leurs esclaves car cela les obligerait à reconnaître leur propre méchanceté. Au lieu de cela, il s’est attaché à démontrer que l’esclavage était un système économiquement irréalisable, bien plus coûteux que l’utilisation d’une main-d’œuvre libre. Bien que le travail des esclaves semble être la forme de travail la moins chère parce qu’elle n’implique que l’entretien de base de l’existence physique de l’esclave, elle est en fait la forme de production la plus coûteuse, a soutenu Smith, probablement le plus connu des défenseurs du capitalisme. Car l’esclave doit nécessairement chercher à manger le plus possible et à travailler le moins possible. Les travailleurs libres qui reçoivent un salaire sont en fait beaucoup plus productifs que les esclaves.

    Une autre thèse populaire parmi les anticapitalistes d’aujourd’hui est que le capitalisme est principalement enraciné dans le colonialisme. Les guerres coloniales sont imputées au capitalisme, alors que c’est précisément dans les pays les moins actifs en termes d’expansion coloniale que le capitalisme a connu le plus de succès. Pour reprendre le langage des critiques anticapitalistes du colonialisme, l’Amérique du Nord ou les États-Unis n’étaient pas des « coupables », ils étaient eux-mêmes initialement parmi les victimes du colonialisme. Leurs propres activités coloniales ont joué un rôle tout à fait subordonné pour les États-Unis et leur développement économique.

    Le capitalisme et le succès des États-Unis ne trouvent donc pas leurs racines dans l’esclavage. C’est plutôt le contraire qui est vrai : l’esclavage, qui existait depuis 5000 ans, a pris fin avec l’émergence du capitalisme il y a environ 200 ans. Le succès du capitalisme aux États-Unis ne repose pas sur l’esclavage mais sur son abolition.

    Rainer Zitelmann est historien et auteur de l’ouvrage In Defense of Capitalism

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      Pour remettre les gens au travail arrêtons le discours apocalyptique

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 27 January, 2023 - 03:50 · 2 minutes

    Il y a des jours où l’actualité se répond à elle-même. Une des informations qui tourne actuellement est que les Français veulent de moins en moins travailler et davantage se concentrer sur leur vie personnelle. Mais en même temps, circule aussi le fait que l’horloge de l’Apocalypse n’a jamais été aussi proche de la fin du monde. En apparence, deux informations distinctes mais qui peuvent se rejoindre.

    Le discours apocalyptique sous toutes ses formes, reposant sur une dramatisation des problèmes de la société sape le moral de certains et contribue à les inciter à moins travailler. Une situation qui est problématique pour les individus , la société et les libertés .

    Le travail comme un investissement pour le futur

    Dans le travail et à l’échelle de l’individu, il y a un investissement dans le futur : il s’agit de se surpasser et de se développer. Le but premier du travail est de subvenir à ses besoins et ceux de ses proches. De plus à travers les valeurs du travail, il existait jusqu’à récemment une volonté de développer sa carrière, ses compétences et son expérience.

    Mais tout cela était aussi lié à une vision à long terme. Problème : le futur est désormais sacrifié pour le moment présent. Pourquoi ? Car il existe un matraquage politique et médiatique visant à présenter ce futur comme inexistant ou catastrophiste.

    Le catastrophisme sous tous les angles présenté par les médias et les politiques

    Force est de constater que depuis quelques années, le catastrophisme a le vent en poupe. À chaque crise on entend un discours alertant sur la fin de l’humanité. La pandémie covid ? Peur d’une hécatombe sanitaire et d’un écroulement total du système de santé. La guerre en Ukraine ? Risque de guerre nucléaire (avec évidemment les Russes qui se sont engouffrés dans la brèche). La crise climatique ? Peur de l’extinction de l’humanité.

    Dans les deux dernières crises, la survie de l’humanité est présentée comme menacée par un flot incessant de propos médiatiques catastrophistes. L’analyse, le sang froid et la nuance sont désormais remplacés par une surenchère d’excitation.

    Un tel environnement peut avoir des effets sur le mental. Et les personnes qui se laissent dominer par cette ambiance peuvent se retrouver démotivées et apathiques dans leur vie quotidienne. Si on y ajoute la promotion de la paresse vendue par certains politiciens on se retrouve à la situation actuelle.

    Si nos sociétés veulent retrouver le goût du travail et du développement, il faut mettre fin à ce catastrophisme ambiant sous peine de voir une société tourner au ralenti et perdre toute saveur et toute capacité de se développer.

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      La trahison politique en démocratie

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 24 January, 2023 - 03:40 · 5 minutes

    Comment en sommes-nous arrivés à des théories aussi étranges que le wokisme , le féminisme radical , la théorie de la continuité sexuelle, l’ antispécisme , le véganisme … ? À considérer comme normal le choix par un enfant de son prénom, de son genre ?… À accepter que les parents ne soient plus père et mère mais « parent 1 et parent 2 » ?

    Ces théories sont en pleine contradiction avec les principes de l’analyse scientifique établis progressivement par les sociologues, philosophes, médecins. Le rejet des traditions immémoriales est celui de la théorie des ethnologues des XIX e et XX e siècles qui expliquent le progrès de l’humanité  par l’ évolution spontanée des mœurs et des règles de justice des sociétés humaines au cours des millénaires.

    Le rôle des États-Unis dans l’extrémisme politique

    Cette folie née dans les universités d’Amérique du nord il y a plus de vingt-cinq ans conquiert maintenant l’Europe des Lumières et la France de Montaigne, Descartes, Voltaire…

    En l’espace de quelques années, l’Union européenne a été atteinte par cette déferlante et par un discours pseudo-rationnel dont les contradictions sont pour le moins surprenantes et même inquiétantes : c’est au nom de l’égalité des cultures que l’on accepte le communautarisme en France , de la lutte contre le racisme qu’on exclut de certaines réunions les Français de race blanche dans leur propre pays, de la liberté d’expression qu’on diffuse dans les collèges des caricatures grossières de Mahomet, de l’histoire officielle que l’on condamne des écrivains, des philosophes, des historiens qui en discutent, de la justice que l’on recherche une mauvaise intention dans « l’impensé de l’inconscient » de l’accusé et que l’on croit sur parole les femmes qui prétendent avoir été violées il y a trente ans ou plus…

    Ce sont des étudiants pétris de certitudes qui dénoncent publiquement leurs enseignants au lieu de débattre avec eux des sujets qui les heurtent. La « résistance civile » destinée à lutter contre les totalitarismes justifie maintenant le refus d’obéir à la loi de la démocratie, mais c’est au nom de la démocratie qu’elle est revendiquée et même subventionnée.

    Les États-Unis connaissent de temps à autre des mouvements sociaux excessifs : la prohibition née des mouvements féministes américains du début du XX e siècle, le maccarthysme provoqué par la guerre froide à partir de 1950 en sont des exemples récents. Les objectifs initiaux de ces mouvements (la lutte contre l’alcoolisme et l’anticommunisme) ont provoqué les abus que l’on connaît : explosion de la délinquance et des trafics d’alcool plus ou moins frelatés, chasse à l’homme au moindre soupçon de sympathie pour le communisme ou à la suite d’une simple dénonciation. Les mouvements actuels sont de même nature : leurs objectifs initiaux sont raisonnables, compréhensibles, justifiés, mais la passion qui s’est emparée d’une frange de la population américaine provoque des réactions et comportements tout autant excessifs que les mouvements évoqués précédemment.

    La puissance économique et culturelle des États-Unis favorise l’exportation de ces mouvements en Europe. Une frange de la population européenne sous leur influence exerce une forte pression sur les journalistes, écrivains, responsables politiques et sociaux, enseignants, chercheurs, magistrats… pour faire triompher ses revendications copiées sur celles de la frange américaine. Elle néglige les différences culturelles, historiques, religieuses, démographiques et sociales entre les deux continents.

    Que pensent les Français du mariage pour tous ? De l’enseignement de la sexualité à l’école ? Des limites de la liberté d’expression ? De la parité homme femme ?

    Toutes ces mesures ont été imposées par le pouvoir politique sous la pression de cette minorité très active. C’est là peut-être une cause de l’abstention massive des électeurs quand on leur demande de s’exprimer, ou du vote pour des candidats accusés d’être extrémistes par les partis qui se prétendent modérés mais qui ne sont que faibles devant ces revendications. Extrémistes, des parents qui refusent que leurs enfants soient incités à changer de sexe, à suivre des régimes alimentaires dangereux, ou qui exercent chacun leur rôle de père et de mère ? Des croyants outrés que leur foi soit tournée en dérision devant leurs enfants en collège ? Des historiens qui manifestent contre les lois mémorielles limitant leurs débats ? Des philosophes qui défendent l’humanisme et la culture chrétienne ? Des académiciens qui protestent contre l’écriture inclusive ? Ce texte même est-il extrémiste ?

    La fin de la rationalité ?

    Ce détournement de la rationalité est renforcé par les réseaux sociaux qui diffusent des statistiques utilisées sans la moindre rigueur scientifique et des raisonnements qui sont au mieux des paralogismes mais bien plus souvent des sophismes.

    En donnant satisfaction aux désirs inavoués de leurs lecteurs et auditeurs, ils exploitent leur faiblesse, leur donnent l’impression de détenir la vérité, de vivre intensément, mais les privent de tout réalisme et esprit critique. Le succès de ces revendications s’explique par l’excitation, la passion qu’elles donnent aux individus.

    Les chiffres ne donnent pas la juste vérité même s’ils sont exacts. Les jugements ne sont pas non plus définitifs, incontestables. Les progrès de la connaissance humaine sont indéniables, mais montrent en même temps l’incommensurabilité de la nature devant laquelle l’intelligence de l’Homme est impuissante.

    Pascal l’a déjà dit : « Notre intelligence tient dans l’ordre des choses intelligibles le même rang que notre corps dans l’étendue de la nature. »

    Les franges de population dont il est question ne l’ont pas compris (si elles l’ont lu) et jouent à l’apprenti sorcier. Mais leurs certitudes sont passionnelles, infondées et par suite dangereuses. Elles contraignent les élus à accepter leurs exigences sans se préoccuper de l’avis des sociétés savantes, ni respecter les règles de la dialectique et de l’analyse critique.

    L’évolution actuelle est un crime contre la Raison commis par des personnes qui s’en réclament aux dépens d’une population trahie par l’aveuglement et la faiblesse de ses représentants. Les sophistes ont eu raison de Socrate : arrêtons-les avant qu’il ne soit trop tard.

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      Éducation, retraites, syndicats : il est temps de révolutionner les mentalités !

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 23 January, 2023 - 03:30 · 7 minutes

    Par Bruno Pineau-Valencienne.

    L’immobilisme français, la politisation du débat et du système éducatif, sans oublier le manque de culture économique de nos compatriotes, expliquent les résistances aux changements qui continuent de faire des ravages et constituent un sérieux handicap dans la nécessaire transformation de notre modèle social .

    Tout d’abord nous vivons une époque de très grande mutation comparable à celle de la Renaissance au cours de laquelle tout fût remis en cause.

    Mais aujourd’hui nos compatriotes appréhendent l’issue de cette troisième révolution industrielle qui fait référence à l’Internet des choses selon la formule de Jeremy Rifkin , dont ils ne saisissent pas tous les ressorts et qu’ils considèrent le plus souvent comme un saut dans l’inconnu voire une menace directe de leurs propres intérêts.

    Pourtant il existe en France une connaissance répartie, une culture de la recherche et du développement qui laissent supposer que si nos compatriotes voulaient bien se mobiliser sur l’avenir plutôt que de répéter le modèle du passé nous serions probablement les plus grands bénéficiaires de la planète !

    Les acteurs économiques doivent se transformer

    Accepter le progrès ne semble pas si naturel au pays du principe de précaution … Pour reprendre les mots de Werner Sombart , Marx et Schumpeter, les changements structurels qui conduisent à une destruction créatrice évoluent à une vitesse phénoménale.

    Les principaux acteurs économiques et politiques feraient mieux de réformer leur modèle d’affaire pour les uns et de revoir leur doctrine pour les autres au lieu de combattre dans une guerre perdue d’avance en tentant désespérément de sauver les industries d’antan par ignorance ou démagogie.

    Peu importe de trébucher à un moment donné pourvu que vous appreniez de vos erreurs. En France, malheureusement, lorsque vous vous trompez vous êtes marqués au fer rouge, notre culture n’étant guère favorable à l’exploitation de l’échec.

    Dans un autre registre, l’Éducation nationale qui fut pendant longtemps la courroie de transmission du parti communiste n’a eu de cesse depuis 1945, sous la houlette de la puissante FEN, de formater les esprits en pratiquant, sur fond de revenez-y de lutte des classes et de revanche sociale, la lobotomisation des esprits sur plusieurs générations depuis l’école maternelle jusqu’à l’université.

    En effet, certains agitateurs politiques se sont crus autorisés à se mettre au service d’une seule idéologie marxiste , en l’occurrence, commettant un abus de pouvoir tout en jetant l’opprobre sur une profession tout entière.

    Naturellement, il ne s’agit pas là de faire le procès du corps professoral dans son ensemble ou celui des maîtres et des enseignants de l’école de la République qui pour la plupart exercent un métier difficile dans une démarche quasi sacrificielle en tentant d’éduquer une jeunesse française jusque dans des zones de non-droit et au péril de leur vie.

    Les effets de la propagande éducative

    Raison de plus pour dénoncer avec force ceux qui se sont livrés à un véritable dévoiement de l’enseignement par le biais d’ une propagande subversive et sournoise en diffusant à très grande échelle des idées nauséabondes dont nous mesurons aujourd’hui l’effet domino à tous les échelons de la société et dans les prises de décision quels que soient le rôle ou le statut social des principaux protagonistes : éducateurs, enseignants, juges d’instruction, magistrats, personnel hospitalier, hauts fonctionnaires, dirigeants politiques, recteurs d’université, tout comme les salariés du privé sans oublier les syndicats les plus zélés de cette cohorte se retrouvent à leur insu sous hypnose récitant scrupuleusement le catéchisme officiel anticapitaliste contre la mondialisation, le CAC 40, les patrons petits et grands, la finance, les (ultras) libéraux, ces nouvelles sorcières de Salem.

    Cette immixtion des falsificateurs de l’histoire dans la conscience collective hypothèque lourdement l’avenir des générations futures.

    Dans cet exercice cathartique, il nous faut également repenser le syndicalisme français en s’attaquant directement à son monopole.

    Pour y parvenir il conviendrait de supprimer l’ article L.1 du Code du travail qui pose le principe d’une concertation préalable avec les partenaires sociaux avant toute réforme sociale ou bien encore en limitant les mandats syndicaux à deux ou trois comme l’avait proposé Bruno Le Maire lors de la campagne des primaires de 2016.

    En effet, les partenaires sociaux doivent contribuer aux succès de l’entreprise pour le bénéfice des salariés dans un esprit de concertation et non pas jouer la carte de l’intimidation, de l’affrontement voire de la violence en devenant des partis politiques de substitution.

    Le camp des résignés

    Face à l’intransigeance des syndicats, les Français ont progressivement rallié le camp des résignés, victimes du syndrome de Stockholm allant même jusqu’à embrasser la cause de leurs bourreaux qui les obligent à devoir éventuellement passer des fêtes de Noël seuls faute de moyen de transport, à se lever dès potron-minet pour se rendre au travail avec les moyens du bord ou bien même à échafauder des plans B, C et D pour assurer dans l’urgence la garde de leurs enfants eux-mêmes pris en otage dans ce système pernicieux.

    Le manque de culture économique et financière explique aussi l’énorme défi que rencontrent nos dirigeants politiques pour faire passer des réformes difficiles alors que dans le même temps une certaine presse mal intentionnée ne se cache même plus pour pratiquer l’amalgame en faisant des raccourcis laborieux à partir de faits divers et en tirer des généralités, créant un climat anxiogène au sein d’une population déjà atteinte par une sinistrose ambiante.

    À vrai dire, les électeurs ne maîtrisent pas forcément tous les concepts macro-économiques pour pouvoir prendre pleinement conscience des véritables enjeux qui les concernent directement et qui engagent leur avenir.

    La pédagogie de la réforme doit être accompagnée en amont par une démarche proactive à travers un programme d’éducation adapté et recentrée sur les sujets d’actualité et ce dès le plus jeune âge afin de surmonter cette aversion culturelle qui n’a vraiment aucune raison d’être.

    Certes nous devons aussi nous prémunir contre les excès inverse ou certaines business schools américaines sont devenus au fil des ans des Financial Schools délaissant leur mission originelle qui était de former des bâtisseurs industriels pour devenir aujourd’hui des pourvoyeuses de jeunes diplômés attirés par le profit à court terme et débarquant en masse à Wall Street.

    Un rapport à l’argent compliqué

    Pour conclure sur ce chapitre, rappelons que le rapport avec l’argent a toujours été compliqué dans un pays à forte tradition catholique où le clergé ne s’est jamais privé de stigmatiser les riches sauf durant la période du denier du culte…

    Cette méfiance se retrouve également dans le comportement des épargnants puisque la France qui comptait environ 7,4 millions d’actionnaires individuels en 2000 a vu le nombre de ses boursicoteurs fondre de moitié en 2019. Les Français rechignent à prendre des risques préférant la pierre comme valeur refuge ou les assurances-vie contrairement aux Anglo-saxons qui naissent avec un compte titre.

    Difficile dans ces conditions pour le gouvernement Philippe d’envisager un système de retraite mixte par répartition et par capitalisation n’ayant in fine pas d’autres choix que de mener une réforme a minima comme certains libéraux, à juste titre, semblent le lui reprocher.

    Les réformes de structure ne sont efficaces que si elles sont accompagnées d’une véritable révolution des mentalités de nos concitoyens, lesquels doivent désormais privilégier l’intérêt général au lieu de s’arc-bouter sur leurs petits privilèges ou leurs acquis sociaux, anachroniques à l’ère de la mondialisation.

    Ailleurs, des pays comme la Suède ou le Canada ont entrepris avec succès la modernisation de leurs économies en ayant su convaincre leur propre électorat quelque peu dubitatif. Preuve en est que, parfois, sous certaines conditions, les peuples acceptent qu’on leur dise des vérités désagréables…

    Article publié initialement le 19 décembre 2019

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      Quand Elon Musk se moque du forum de Davos

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 20 January, 2023 - 04:00 · 1 minute

    Le forum économique mondial de Davos fait beaucoup parler de lui depuis quelques années. Il est souvent critiqué du fait de la volonté de son créateur Klaus Schwab de promouvoir un nouveau modèle économique et politique dit de « skateholder capitalism » (ou capitalisme de parties prenantes). Le fait que le forum parvienne à rassembler un grand nombre de personnalités éminentes génère beaucoup de discussion.

    Si le forum de Davos suscite le débat chez certains, d’autres préfèrent se moquer de l’évènement. Elon Musk fait partie de la deuxième catégorie. Ces derniers jours, il publie un certain nombre de tweets pour tourner en dérision et « troller » le forum.

    Concours avec « 4chan » : les attaques de Musk sur le forum économique mondial de Davos

    Elon Musk ne cache pas son dédain du Forum économique mondial et des idées qui en émanent. Dans un tweet, il propose de faire un concours entre le forum de Davos et 4chan sur qui aura l’idée la plus loufoque et dingue. 4chan est un forum en ligne connu pour son ton très décalé et très excessif, et surtout pour ses nombreux trolls proposant les théories les plus déjantées.

    Musk parie toutefois que le forum de Davos gagnerait le concours.


    Dans un tweet plus ancien, il a aussi déclaré que se rendre au Forum ne l’intéressait pas car il le trouvait ennuyeux.

    Enfin, il a aussi fait un sondage sur « est-ce que le forum économique mondial doit contrôler le monde ».

    Jouer au troll

    Ce n’est pas la première fois qu’Elon Musk tient un discours moqueur et provocateur envers l’actualité. En fait, c’est une partie non négligeable de son activité twitter. Le fait qu’il mentionne 4chan à plusieurs reprises permet même de supposer qu’il est familier de ce site et qu’il est en train d’exporter la mentalité de celui-ci.

    À voir quels seront les résultats de cette stratégie de communication. Dans tous les cas, Elon Musk fait réagir.

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      Snus sur TikTok : pas de quoi paniquer !

      Auteur invité · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 18 January, 2023 - 03:50 · 3 minutes

    Par Fredrik Segerfeldt.

    Un certain nombre de vidéos en français sont apparues sur TikTok ces dernières semaines.

    Elles montrent des jeunes plaçant de petites poches entre leurs gencives et leur lèvre supérieure. Alors que la plupart des vidéos sont taguées avec #snus, la majorité des clips semblent en fait présenter des sachets de nicotine sans tabac plutôt que du snus suédois à base de tabac, dont la vente est illégale en France.

    La tendance a été encore accélérée par une photo qui a circulé sur plusieurs plateformes de réseaux sociaux montrant le footballeur Marcus Thuram tenant ce qui semble être une boîte d’un produit à base de nicotine sans fumée, très probablement des sachets de nicotine sans tabac, qui ne sont actuellement pas réglementés en France.

    Ceci a provoqué un alarmisme dans l’Hexagone. Les médias n’ont pas tardé à publier des articles décrivant le snus comme « dangereux », en se concentrant sur les clips TikTok où les utilisateurs se plaignent de se sentir nauséeux après l’avoir utilisé. FranceInfo, notamment, a publié une vidéo mettant en vedette Loïc Josseran, chef de l’Alliance Contre le Tabac, affirmant à tort que le snus provoque plusieurs types de cancers. Il affirme en outre que les personnes qui en consomment sont « trois fois plus susceptibles de devenir des fumeurs ».

    Bon, remettons les choses un peu en ordre.

    D’abord, je suis Suédois, pays d’origine du snus . J’ai fumé des cigarettes pendant dix ans et si j’ai arrêté c’est grâce au snus que je consomme donc quotidiennement depuis vingt années. Cela fait partie intégrante de mes routines matinales, aussi bien que le café. Au fait, le snus me donne autant de plaisir que celui-ci.

    De plus, sachant que le snus est un produit du tabac bien supérieur à la cigarette, au moins du point de vue sanitaire, ni les médecins ni les dentistes me disent de m’arrêter. Contrairement aux affirmations des « experts » français sur le sujet, il n’y a aucune preuve que les sachets de snus causent le cancer. En effet, c’est principalement la combustion du tabac qui rend la cigarette dangereuse. Et puisque le snus se consomme sans l’allumer, le danger n’est pas présent. C’est aussi simple que cela.

    Du point de vue strictement libéral, l’État n’a pas à se mêler des produits qu’en tant qu’adulte je choisis de consommer. Mon corps est à moi, pas à l’État. Certes, le snus peut affecter l’haleine mais c’est sa seule conséquence négative pour autrui. Comparé à la fumée des cigarettes c’est pourtant un détail.

    Mais même d’un point de vue pragmatique sanitaire, le snus est en fait bon pour la santé d’une société.  Prenons mon pays comme exemple. La Suède connait le taux de fumeurs le moins élevé des pays de l’Union européenne : seulement 6 % de la population, contre 18 % en France et 29 % en Bulgarie. Ce n’est pas un hasard puisque c’est grâce au snus : en effet, 20 % des Suédois et 7 % des Suédoises en consomment quotidiennement.

    Le snus et le faible taux de fumeurs dans le pays scandinave ont eu des effets positifs sur la santé de la population. L’incidence du cancer du poumon en Suède en 2020 était à seulement 44 cas sur 100 000 personnes, contre 71 cas en France. En effet, si le taux de fumeurs était aussi faible dans tous les pays européens, presque 100 000 cas de mortalité de cancer de poumon pourraient être évités . Le snus sauve des vies, c’est le tabac brûlé qui en prend.

    Alors, pays des Gauloises sans filtre, calmez-vous à propos du snus . Si vous voulez vraiment combattre le tabac et ses effets sanitaires néfastes, il faudrait interdire les cigarettes et légaliser le snus . Je viendrais volontiers vous montrer comment cela marche.

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      « Emily in Paris » pas assez moche pour les écolos parisiens

      Claire Libercourt · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 18 January, 2023 - 03:40 · 2 minutes

    Tempête dans un verre d’eau : certains proches de la maire de Paris, Anne Hidalgo , se lamentent de l’image que la série Netflix Emily in Paris renvoie au reste du monde.

    Certes, les rues y sont propres, les gens courtois et les chambres de bonne grande comme des lofts. Mais ce n’est pas la tromperie sur la marchandise dénoncée quotidiennement par #saccageparis qui est dans le viseur des édiles parisiennes.

    Pour David Belliard, maire adjoint écolo à la « transformation de l’espace public et mobilités », la série qui fait de la capitale une sorte de bonbon sucré instagrammable ne fait pas que véhiculer une image « conservatrice » de la capitale, elle vit sur le « déni climatique ».

    Pour endiguer l’urgence climatique les Parisiens doivent se préparer à des choix difficiles qui passent par la construction de pistes cyclables quitte à gâcher la perspective sur certains monuments, ou encore peindre les toits parisiens en blanc afin d’abaisser la température de certains appartements en cas de grandes vagues de chaleur.

    Objectif : enlaidir Paris pour la bonne cause

    Vous l’aurez compris, le déclassement de la capitale n’est donc pas seulement le résultat de la négligence de sa mairie socialiste mais un projet idéologique qui promet de la redessiner pour en chasser les touristes qui ne sont pas encore totalement dégoûtés par l’intermittence des transports publics, la pénurie de chauffeurs de bus, les rats ou encore le saccage du mobilier urbain au nom de l’enchevêtrement de planifications locales.

    Les écolos peuvent toutefois se rassurer, les JO qui arrivent risquent fort de vacciner à vie les éventuels visiteurs qui seront reçus dans la région comme des Anglais au Stade de France . Emily in Paris rejoindra les bacs de promo chez Boulinier (enfin, l’équivalent, l’enseigne ayant fermé ses portes…).

    Reste que malgré son côté totalement fantasmé et contrairement aux gesticulations des politiciens écolocatastrophistes de la capitale, la série Emily in Paris génère des investissements, du tourisme et attire autre chose que les subventions publiques et les quolibets des internautes. Comme le rappelait récemment une étude de l’Organisation mondiale du tourisme, le nombre de touristes qui voyagent parce qu’influencés par des films ou des séries a doublé depuis les 5 années précédant la pandémie. Les commerces parisiens en profitent largement mais peut-être plus pour longtemps…