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      L’Europe face à l’avortement: lettre à Madame Ruth Bader Ginsburg - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 11 July, 2022 - 10:28 · 8 minutes

    Une femme tient une pancarte sur laquelle on peut lire Une femme tient une pancarte sur laquelle on peut lire "Quand je veux, si je veux". Des femmes et des hommes sont descendus dans la rue pour le droit à l'avortement. Toulouse, 28 septembre 2019. (Photo d'Alain Pitton/NurPhoto via Getty Images)

    IVG - Chère Madame Ruth Bader Ginsburg,

    Si je me permets de vous écrire cette lettre, c’est pour vous marquer à nouveau mon respect et pour vous faire part de cette peine et de cette révolte qui sont aujourd’hui disséminées dans le monde. Madame, comme vous nous manquez! Je me demande quels seraient vos conseils, vous qui avez été une si brillante avocate, juriste, juge, vous qui avez été nommée membre de la Cour suprême des États-Unis par le Président Bill Clinton, vous qui avez été une féministe engagée.

    Une régression sans précédent

    Vous voilà à peine partie en 2020 que votre pays, les Etats-Unis, est en proie à une régression sans précédent. En effet, nous pensions avoir définitivement avorté des idées passéistes, paternalistes. Nous étions prêtes à continuer nos efforts de solidarité dans le monde afin que les filles, les femmes puissent avoir accès à une éducation convenable, à une vie décente, indépendante et respectueuse de leur genre.

    Et, nous nous retrouvons à la case départ. Car un tsunami a dévasté votre beau pays. Car il risque d’approcher les rivages de toutes les plages du monde. Car il retarde l’égalité entre les femmes et les hommes. Car il risque d’effacer toutes les avancées de respect envers le genre humain. A nouveau, le corps des femmes ne leur appartient plus. Il doit procréer même si la mort menace, même si la conception est née d’un viol, même si des éléments personnels sont en cause.

    Alors, la révolte gronde. Alors, la peur s’installe. Sommes-nous entrées subrepticement dans un épisode de La Servante écarlate , célèbre roman de Margaret Atwood publié en 1985 et diffusée en série télévisée en 2017 ? Comme dans cette fiction, allons-nous assister au fil du temps à la naissance d’une société divisée en esclaves reproductrices et décideurs dominateurs ?

    L’homme redevient seigneur et maître

    Il ne faut pas se voiler la face : dans les Etats américains qui « effacent » le tableau de la modernité, les filles, les femmes redeviennent des citoyennes de seconde zone ; on pourra les empêcher de s’instruire, on pourra les enlever pour les violenter, pour les réduire à une « forme » d’esclavage, à des obligations conjugales ou de couple non consenties et ce, en toute impunité ; l’homme redevient seigneur et maître.

    On se retrouve donc littéralement dans une situation rocambolesque : des femmes, des jeunes filles, extrêmement férues d’informatique et de réseaux sociaux, vont devoir « faire taire » leurs téléphones portables, leurs ordinateurs pour ne pas être trahies par la technologie qui pourrait révéler une grossesse, une décision d’avortement, un déplacement inattendu. Elles se retrouvent pratiquement projetées au Moyen Age, attendant qu’on veuille bien leur rendre la clé de leurs ceintures à la fois de chasteté mais aussi de fertilité. Leur corps ne leur appartient plus. Leur liberté non plus. En outre, il est bon de rappeler que même la meilleure contraception a ses « oublis » et que l’organisme possède des secrets qui déjouent toute stratégie même médicale : les dénis de grossesse en sont une preuve éclatante.

    Il ne faut pas se voiler la face: dans les Etats américains qui "effacent" le tableau de la modernité, les filles, les femmes redeviennent des citoyennes de seconde zone

    Depuis que j’écris des articles, depuis que je rédige des livres sur l’avancée des femmes, je demande au “vieux continent” d’agir aussi en la matière. Dans mon essai La réussite au féminin (Editions Vitamines, Belgique, Bruxelles, 2014), je reprends l’idée que l’Europe pourrait faire de l’avortement « un droit européen », ce qui empêcherait des régressions multiples et imprévisibles dans les pays de la Communauté. En agissant ainsi, toutes les sensibilités, toutes les convictions seraient respectées. Ainsi, les considérations politiques et religieuses s’effaceraient pour respecter le droit fondamental des femmes à disposer librement de leur corps. Je rappelle que le 10 décembre 2013, la députée socialiste portugaise Edite Estrela avait proposé de voter au Parlement européen de Strasbourg son rapport sur l’avortement, mais il a été rejeté : les défenseurs de ce texte « [dénonçaient] la victoire de ‘l’obscurantisme’.» (Jean-Pierre Stroobants, Strasbourg refuse de faire de l’avortement « un droit européen » , Le Monde , jeudi 12 décembre 2013, p.6).

    Un droit européen en matière d’avortement permettrait de parer à un retour à la pénalisation et aux régressions. Il établirait une parité correcte femmes/hommes, empreinte de respect et de considération dans toute l’Europe. L’avortement ne serait plus un enjeu honteux de marchandages politiques. Inscrire l’avortement dans les constitutions de chaque pays membre qui le désire est déjà un énorme pas en avant, mais il faut aller plus loin, mais il faut aller plus fort pour que les femmes soient aussi protégées dans toute l’Europe. Enfin, la Communauté s’y attèle : elle doit avoir tout notre soutien.

    Respecter la moitié de l’humanité

    Aujourd’hui, au XXIème siècle, à nouveau, dans votre beau pays, Madame, la colère gronde car il est devenu évident, que, dans de trop nombreux Etats, les femmes sont à nouveau considérées comme des êtres inaptes au jugement, à la réflexion, à la décision et qu’on les « punira » comme des mineures, passibles de terribles sanctions le cas échéant si elles ne respectent pas la loi. Il en va de même pour les médecins qui pratiqueraient un tel acte. En outre, on ne peut négliger le fait que les femmes défavorisées, celles qui n’auront pas les moyens d’aller dans un Etat qui autorise l’avortement, en seront les premières victimes. Sans parler de la mortalité qui risque d’en découler. En effet, l’histoire de l’humanité l’a prouvé : on n’a jamais pu empêcher l’avortement et la clandestinité risque à nouveau de mener à un dangereux commerce, à des souffrances incommensurables, à des mutilations, à des décès. Les perspectives sont effrayantes.

    Alors, il est grand temps que le monde tout entier respecte la moitié de l’humanité représentée par les filles, les femmes. Chacun, chacune a sa conscience. Chacun, chacune décide en fonction de ses convictions. Le droit doit être au-dessus des croyances personnelles. Il doit être juste et non partisan. Il doit réunir. On ne peut ignorer le fait que, contrairement au passé, de nombreux hommes soutiennent aujourd’hui fermement leur compagne, leur fille, leur petite-fille dans cette révolte et manifestent avec elles pour l’égalité, pour l’avenir de la société tout entière.

    Madame, vous êtes une inspiration. Vos mots qui sont si puissants, résonnent encore avec force aujourd’hui : « Quand on me demande parfois quand y aura-t-il suffisamment [de femmes à la Cour suprême] ? Et je dis “Quand il y en aura neuf”. Les gens sont choqués. Mais il y avait eu neuf hommes, et personne n’a jamais posé de question à ce sujet. » Vous avez toujours raison : il faut mettre à jour les institutions qui ont été établies par les hommes et qui ne tiennent pas compte de la spécificité féminine. Ce n’est pas une question de féminisme : c’est une affirmation d’égalité.

    Enterrer le passéisme à jamais

    Vous avez également dit avec justesse : « Luttez pour les choses qui vous tiennent à cœur, mais faites-le d’une manière qui amènera les autres à vous rejoindre.» Alors, Madame, j’espère que mes mots et ceux des politiques, des manifestants partout dans le monde auront une résonance qui permettra d’amplifier le mouvement de soulèvement dans votre pays car il faut persévérer afin d’aboutir à des législations qui institutionnalisent le respect, l’égalité dans la société, car il faut définitivement enterrer le  passéisme. A jamais. Pour ce faire, il est donc urgent d’enfouir définitivement les lois désuètes qui infériorisent les femmes et d’enraciner une législation juste qui prône l’égalité, la solidarité. Le monde ne peut plus se taire. Je crois qu’on peut y arriver. Nous allons y parvenir.

    En parlant de l’avortement, vous avez également affirmé que « le gouvernement n’a pas à faire ce choix pour une femme » . La profondeur et la justesse de vos paroles doivent encore et toujours résonner sur la terre entière. Il faut qu’on tienne compte de toutes ces femmes, toutes ces filles, tous ces hommes aussi, qui manifestent dans votre beau pays. Il faut que, partout, ces principes d’égalité soient confirmés et qu’ils soient enracinés à tout jamais.

    Madame, avec respect et déférence, je salue à nouveau votre mémoire au nom de toutes les filles, toutes les femmes ici et ailleurs dans le monde.

    À voir également sur Le HuffPost: Les pro-IVG se mobilisent en invitant les femmes à venir “camper” là où c’est légal

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      Faire passer le bien-être avant le salaire, nouvelle priorité de nombreux salariés - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 10 July, 2022 - 07:15 · 4 minutes

    La dignité de l’emploi ne se mesure plus au statut ou à la paie, mais bien davantage à l’intérêt de la mission et aux valeurs de la marque. La dignité de l’emploi ne se mesure plus au statut ou à la paie, mais bien davantage à l’intérêt de la mission et aux valeurs de la marque.

    TRAVAIL - Préférer le bien-être au salaire: il y a quelques années, on aurait jugé l’option... originale. Mais la crise sanitaire est passée par là et les talents, de plus en plus difficiles à attirer et à retenir, ont décidé de ne plus sacrifier le sens à la fiche de paie. L’ épanouissement n’est plus à l’économie. Un challenge de taille pour les entreprises qui doivent intégrer ces nouvelles aspirations, notamment pour répondre à la pénurie des talents.

    Ce que veulent les talents

    On dit par plaisanterie que ce ne sont plus les candidats qui passent les entretiens, mais les employeurs –c’est dire à quel point le rapport de force a changé. Or sur certains profils “pénuriques”, comme les développeurs, on n’est pas loin de la vérité... Ce qui est certain, c’est que les talents ne se contentent plus d’énoncer leurs attentes salariales . Ils osent challenger les employeurs sur des sujets comme le sens de la mission, les valeurs de la marque (notamment en matière d’inclusion), le bien-être, la formation et le développement des compétences.

    Mais les organisations ne sont pas toujours au fait de l’importance nouvelle que recouvrent ces critères pour les candidats. D’après une étude récente publiée par Monster (“ The Future of Work ”, enquête menée en septembre 2021), les recruteurs mettent aujourd’hui l’accent sur la flexibilité en termes de travail à distance, alors que ce n’est pas la priorité pour les candidats –probablement parce que ces derniers la considèrent comme un acquis. D’après cette même étude, si les candidats restent attentifs à leur niveau de rémunération, ce qui se comprend aisément, ils recherchent aussi d’abord une mission qui a du sens, des avantages liés à leur bien-être, des horaires flexibles et des congés payés supplémentaires.

    En France, le sens du travail arrive même en tête (à 42%, selon l’enquête Monster), devant le salaire. On voit bien que les temps ont changé: les talents sont beaucoup moins ouverts au compromis. L’argument économique ne suffit plus. La crise a amené chacun(e) à s’interroger sur ses priorités et à repenser son approche du travail. La dignité de l’emploi ne se mesure plus au statut ou à la paie, mais bien davantage à l’intérêt de la mission et aux valeurs de la marque. D’où la nécessité, pour les organisations, de revoir leur discours à l’aune de ces nouvelles priorités, et d’être transparentes sur la vision et l’impact. Il est probable que le fameux Responsable du bonheur en entreprise ( Chief Happiness Officer ) se mue en Responsable du sens ( Chief Meaning Officer ) ou voie sa feuille de route évoluer pour mieux répondre à ce qui nourrit aujourd’hui l’engagement des collaborateurs et la motivation des candidats.

    Le sens, au-delà des apparences

    Pour les recruteurs, le fait de porter son attention et ses efforts sur le sens et le bien-être, qui sont étroitement liés, n’est certes pas nouveau. La RSE ( Responsabilité Sociale des Entreprises, NDLR ) et la qualité de vie au travail font notamment partie des préoccupations des responsables RH depuis quelque temps. Mais la perception que les talents ont de leur propre valeur sur le marché de l’emploi a changé: c’est pourquoi leurs exigences, dans des domaines qui paraissaient, hier encore, accessoires peut-être, ou avant-gardistes, ont changé. Ces derniers attendent moins une proposition de valeur qu’une proposition de valeurs, qu’on réponde à cette quête de sens et d’inspiration qui les guide à présent. Et pas seulement de belles formules conçues pour attirer les candidats sur un site carrière; pas seulement une communication habile qui promet une expérience employé différente pour hameçonner les meilleurs candidats.

    On voit bien que les temps ont changé: les talents sont beaucoup moins ouverts au compromis. L’argument économique ne suffit plus.

    Aujourd’hui, les talents veulent des preuves, des garanties; ils se méfient des beaux discours. C’est pourquoi les organisations ont intérêt à travailler sur la marque employeur sans chercher à se faire passer pour ce qu’elles ne sont pas. Car il est certain que si les promesses ne sont pas tenues, les talents n’hésiteront pas à partir. Il faut donc être en mesure de rassurer d’emblée les candidats en leur proposant une expérience qui soit véritablement épanouissante, où l’on substitue l’utile à l’utilitaire, et où les perspectives sont ouvertes, non seulement en matière de développement des compétences et d’évolution de carrière, mais encore en termes de développement personnel. Certes, c’est beaucoup demander aux organisations, mais la pénurie exige de chacun qu’il hausse son niveau de jeu: voilà un challenge stimulant qui invite à l’optimisme, ne serait-ce qu’au regard de ses nouvelles règles, enclines à améliorer significativement la santé mentale des salariés.

    À voir également sur Le HuffPost: Malgré la crise sanitaire, ce jardinier a vécu sa plus belle année professionnelle en 2020

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      Violence et polémique sur les réseaux sociaux ont tué l’art de la nuance - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 6 July, 2022 - 08:29 · 3 minutes

    Mise à mort verbale en un temps record, seules les insultes ont droit de vie. Mise à mort verbale en un temps record, seules les insultes ont droit de vie.

    RÉSEAUX SOCIAUX - Dans un monde où prévaut la dictature de l’émotion, il faut aller toujours plus vite pour marquer les esprits. Halte à la nuance qui nous permet de conserver un semblant de politesse, un principe de précaution naturel… il faut taper vite et fort sans aucune vérification préalable et sans imaginer une seconde que nous ne puissions être légitimes à prendre la parole sur tous les sujets .

    Une guerre des mots

    Sur les réseaux sociaux, caché derrière un pseudo, on peut tout s’autoriser, retirer le filtre de la bienséance qui prédomine en société pour laisser place au pire de nous-mêmes. Indignations et invectives, plus le contenu est chargé émotionnellement, plus il aura des chances d’être partagé. Or, que vaut un tweet, s’il n’est pas partagé? Pas grand-chose, puisque sa valeur marchande réside dans sa viralité. Les réseaux sont sans visage. Or sans altérité, pas de prise de conscience de l’émotion face à un tweet. La polémique est devenue une guerre, celle des mots dont on refuse de prendre conscience, celle du mépris constant.

    Polémique vient du grec ancien polemikos qui signifie “relatif à la guerre”. Une polémique est une violence métaphorique, une bataille des mots. Ce terme fait partie de cette catégorie de mots que l’on retrouve dans le champ sémantique de la guerre que ce soit la joute oratoire, le débat ou bien encore la dispute. Nous sommes entrés en lutte armée. La plume blesse, elle écorche, elle implique un autre, car il faut qu’il y ait, en toile de fond, affrontement avec un système permettant que soit définis préalablement le terrain, les armes et les règles. Polémiquer, c’est essayer de falsifier la parole de l’autre en énonçant une formule a contrario de celle initialement posée. Il y a ainsi préalablement l’écoute d’une information admise qui sera par la suite réfutée dans un contexte de passion, voire de violence . Préférer le terme polémique à celui de débat, par exemple, donne d’ores et déjà la teneur de l’échange. Le contenu qui en découle discrédite automatiquement l’adversaire, renvoyant presque à l’attaque personnelle. Les superlatifs sont donc de mise, frisant l’injure, forme extrême de la radicalité alors même que le débat doit se poursuivre.

    Refaire de la nuance une priorité

    Au regard des réactions sur les réseaux et de la violence de leur contenu, peut-on encore parler de polémique? Mise à mort verbale en un temps record, seules les insultes ont droit de vie. Nous sommes loin de ce qu’Héraclite appelait polemos et que l’on peut définir comme le conflit des contraires qui s’appartiennent mutuellement. Nous sommes pris dans des rapports de force, des positions de combat. Or la politique amène, par sa nature même, à oublier la lucidité froide et objective, voire l’interrogation nécessaires à la polémique, au profit de slogans. Faut-il pour autant s’extraire totalement de la politique pour toucher l’art de la polémique? Si la nuance reste une priorité, il est tout à fait envisageable de penser la polémique comme le pendant de la nuance, une coexistence nécessaire de tension mutuelle dans la formulation des opinions.

    Sur les réseaux sociaux, caché derrière un pseudo, on peut tout s’autoriser, retirer le filtre de la bienséance qui prédomine en société pour laisser place au pire de nous-mêmes.

    Ainsi, si l’on peut regretter les punchlines perpétuelles et l’émotion injectées dans le débat d’idées, la polémique est nécessaire pour alimenter des discours de combat. Pour autant, les règles du jeu semblent aujourd’hui compromises pour les réseaux sociaux mettant à mal le consensus, pourtant nécessaire à la vie en société. Chateaubriand nous poussait déjà à être ″économe de notre mépris, car il y a beaucoup de nécessiteux” . Ainsi, nous pouvons décider que la nuance sera notre priorité.

    Vous pouvez télécharger la version 2021 de l’ouvrage Un bien grand mot de Delphine Jouenne ici .

    À voir également sur Le HuffPost: Lizzo en larmes devant la vague de propos grossophobes contre elle et son dernier clip

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      C'est l'éthique et non le calcul politique qui sauvera les soignants et notre système de santé -

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 5 July, 2022 - 09:21 · 5 minutes

    Plus de 120 services d'urgence sont fermés la nuit par manque de personnel. Par exemple, à Toulouse, un médecin travaillant dans un hôpital doit s'occuper de plus de 90 patients. Toulouse. France. 7 juin 2022. Plus de 120 services d'urgence sont fermés la nuit par manque de personnel. Par exemple, à Toulouse, un médecin travaillant dans un hôpital doit s'occuper de plus de 90 patients. Toulouse. France. 7 juin 2022.

    SOIGNANTS - Face à la crise de “mal être” des personnels de santé, le CCNE, dans un communiqué du 29 juin 2022 , nous invite à repenser l’ensemble de notre système de santé pour permettre aux soignants de retrouver le sens de leur travail et aux patients de pouvoir bénéficier d’un accès égal à des soins de qualité. Dans cette perspective, le CCNE réaffirme la nécessité “d’imprégner l’ensemble du système de santé des valeurs et principes éthiques que sont l’équité, la justice sociale, le respect des patients et l’attention portée à la qualité de vie au travail pour les soignants ”. Il s’agit dès lors de repenser le lien fort entre éthique et politique, ici de santé publique, afin de sortir du cercle économique du calcul efficace, “techniquement rationnel et humainement insensé” comme l’a si bien évoqué Paul Ricœur .

    Apathie morale des gouvernements économico-techniques

    Les soignants, en particulier de l’hôpital public, ne comprennent plus que les administrations hospitalières et les décideurs politiques restent aveugles à leurs revendications proprement éthiques, centrées sur les valeurs du soin qui fondent leur profession : équité, attention et sollicitude, hospitalité.  Le sentiment d’injustice, dans le lieu même de leur travail, que les politiques publiques rationnelles suscitent, entretient l’insécurité des soignants livrés à la mécanique sociale de l’économique. Plus, cette insatisfaction naît de la perte de sens de leur travail dans l’apologie du quantifiable. Cette double insatisfaction conduit les soignants à abandonner leur poste, par dépit ou désespoir. Pour corriger ces errances comptables, une autre politique doit s’inventer. Mieux, le politique, comme sphère séparée de l’économique et du rationnel technique, doit pouvoir retrouver le sens de l’action raisonnable, s’attachant à renouer avec l’intention éthique qui anime toute société démocratique. Dès lors, face à l’apathie morale de nos femmes et hommes politiques, persuadés que seules des solutions techniques sauront résoudre les problèmes posés  par l’effondrement du système de santé, un retour aux valeurs éthiques de nos démocraties s’impose de toute urgence.

    Revendications morales et obligations

    Ce retour aux valeurs éthiques n’indique pourtant pas qu’il faille imposer au politique des principes moraux abstraits comme conceptions générales du bien ou du juste. Il s’agit de défendre la possibilité d’une expérimentation éthique propre à la démocratie, tenant compte des situations concrètes vécues par les acteurs sociaux. Plutôt que de se référer à des valeurs « en soi », des buts abstraits inatteignables – le Bien de tous –  les espaces démocratiques de délibération doivent permettre le partage de valeurs sur lesquelles il puisse exister un certain consensus . La démocratie – ici la démocratie sanitaire – est alors comprise, avec Dewey, comme tâche à accomplir, prenant en compte l’expérience de chacun dans les lieux de travail et de vie, permettant une interaction continue avec  les autres membres de notre société, en faisant appel à l’intelligence de chacun pour construire une communauté communicante et attentive aux attentes de toutes et tous. C’est dans ce contexte d’une démocratie en train de se faire, toujours fragile et incertaine, que les liens pourront se nouer entre tous les acteurs, à l’intérieur et à l’extérieur de la communauté soignante.

    C’est aussi dans ce sens qu’il faudra comprendre comment les revendications morales soulevées par les soignants et les patients – un juste soin pour le patient pour un moindre coût pour la « société –, entraînent, après examen soucieux,  une obligation réelle de la part des administrateurs hospitaliers et de la part de tous les décideurs politiques, d’entendre ces voix et de rendre possible la mise en pratique de ces revendications morales par des politiques publiques dignes de ce nom.

    Le pouvoir aux sans voix

    Se joue alors une lutte pour relier ces revendications aux obligations. Il ne suffira pas d’entendre « le cri des blessés » de William James mais d’admettre que les voix des soignants et des patients devront être écoutées certes, mais également mises à égalité avec les voix tonitruantes des décideurs politiques. En d’autres termes, cette lutte morale devra restaurer le pouvoir aux sans voix, à la manière d’ Hannah Arendt : « Le pouvoir correspond à l’aptitude de l’homme à agir, et à agir de façon concertée. Le pouvoir n’est jamais une propriété individuelle; il appartient à un groupe et continue de lui appartenir aussi longtemps que ce groupe n’est pas divisé. Lorsque nous déclarons que quelqu’un est “au pouvoir”, nous entendons par là qu’il a reçu d’un certain nombre de personnes le pouvoir d’agir en leur nom. ».

    Face à l’apathie morale de nos femmes et hommes politiques, persuadés que seules des solutions techniques sauront résoudre les problèmes posés  par l’effondrement du système de santé, un retour aux valeurs éthiques de nos démocraties s’impose de toute urgence.

    Quand les travailleurs du soin de l’hôpital public forment ce groupe que l’on espère non divisé – ce qui ne va pourtant pas de soi – le pouvoir d’agir qu’ils exercent en soignant toutes et tous de toutes conditions vise précisément à proclamer le caractère raisonnable de leurs revendications morales  face à la cécité morale des gouvernants rationnels. Ainsi, plus qu’une boussole comme évoqué par le CCNE , l’éthique est au cœur même de nos démocraties , dont les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité forment la triade fondatrice.

    À voir également sur Le HuffPost: Ces soignants en ont marre du bla-bla face à la crise de l’hôpital

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      Pourquoi trouve-t-on toujours que "c'était mieux avant"? - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 4 July, 2022 - 08:38 · 5 minutes

    Nous bichonnons notre passé… alors que, dans le présent, nous prenons fréquemment un malin plaisir, voire une étrange jouissance, à nourrir notre plainte, à éprouver le manque, la colère, ce Nous bichonnons notre passé… alors que, dans le présent, nous prenons fréquemment un malin plaisir, voire une étrange jouissance, à nourrir notre plainte, à éprouver le manque, la colère, ce "moitié vide" qui n’en finit pas de nous hanter!

    NOSTALGIE - La nostalgie est un penchant irrésistible. L’être humain en est souvent doté de manière excessive. En ces temps d’extrémisme politique débridé, l’idéalisation du passé est monnaie courante. Le “ C’était mieux avant ” est roi et fait l’affaire de bien des vendeurs de rêves. Mais pourquoi?

    D’un point de vue psychanalytique, cette passion folle pour un âge d’or s’explique. Mieux, elle se justifie parfaitement.

    En effet, nous avons toutes et tous traversé cette époque de la vie que l’on appelle l’ enfance , et pour la majorité d’entre nous, celle-ci, malgré ses tumultes et ses renoncements, s’est plutôt bien déroulée.

    Combien ai-je de patients me le jurant? Je ne les compte plus.”Ô comme je regrette mon enfance!” est peut-être la phrase que j’entends le plus souvent dans mon cabinet.

    Un présent trop lourd

    Tandis que le présent est lourd, insoutenable, comme pris dans une sorte d’injonction à exister, le passé, et l’ enfance au premier chef, paraît souvent léger, délesté de cette pression anxiogène qui nous incite à aller sans cesse de l’avant.

    Parfois, quand on la regarde de plus près, cette époque d’enfance, de totale dépendance, a été bien plus en demi-teinte. Mais quand on veut s’en souvenir, nous sommes comme frappés d’amnésie. Notre mémoire nous joue des tours, nous le savons, mais nous la laissons faire. Nous aimons presque tous idéaliser le temps derrière nous. Comme pour réparer les préjudices commis, pour effacer l’ardoise de la culpabilité, la spirale du mal de vivre… Les verts paradis des amours enfantines ont été entrevus par bien des écrivains, et de Proust à Colette en passant par Pagnol, ils ont dit cette propension à se “nostalgiser” avec délice et raffinement.

    En revivant nos souvenirs sans leurs aspérités, nous nous persuadons parfois même que notre vie n’a pas été si douloureuse que cela. Nous voulons voir cette fameuse “bouteille à moitié pleine”… Un peu comme nous nous rappelons un voyage compliqué, exténuant, et que nous nous acharnons à ne voir que les paysages découverts, les parfums rencontrés, en nous gardant bien de faire revenir à notre conscience, la chaleur étouffante, les attentes interminables et les punaises de lit dans l’hôtel!

    Nous bichonnons notre passé… alors que, dans le présent, nous prenons fréquemment un malin plaisir, voire une étrange jouissance, à nourrir notre plainte, à éprouver le manque, la colère, ce “moitié vide” qui n’en finit pas de nous hanter!

    “Il n’y a rien de plus difficile que de vivre le temps présent sans nous répandre dans l’angoisse”, rappelle le moine bouddhiste Matthieu Ricard, vacciné contre les enjoliveurs de passé! Les préceptes bouddhistes louent précisément notre capacité à faire fi de cet imaginaire mélancolique.

    La poule aux œufs d’or

    Mais le capitalisme, lui, a bien compris la petite ritournelle. La passion pour la nostalgie fait le lit de bien des producteurs. Qu’ils soient publicitaires, cinéastes, créateurs d’objets vintage ou spécialistes musicaux, ils ont tous compris l’appétence immodérée pour le “jadis”. Prenons les années 70 et la folie addictive qu’elles suscitent depuis les années 2000: il fallut attendre près de deux décennies pour que les lampes à gélatine fluo et les vieux tourne-disques s’installent à nouveau dans les salons d’étudiants! Autrefois moquées, ringardisées, les seventies connaissent à nouveau un état de grâce qui dure et se pérennise. Auteur de Dalida sur le divan , à l’affiche durant tout le festival d’Avignon cet été, je rencontre tant d’admirateurs de la chanteuse, qui n’étaient même pas nés à son décès. Si moquée de son vivant, Dalida aurait sûrement éprouvé une émotion infinie à entendre tant d’éloges amoureux à son sujet. Comme Frida Kahlo et d’autres génies mélancoliques, elle avait le cœur prêt à exploser. Fallut-elle dont qu’elle mourut pour que certains aient l’extrême audace d’avouer l’adorer?

    Mais si cela n’était qu’affaire de mode… Freud a bien décrit dans son fameux Deuil et mélancolie, le processus de deuil visant à idéaliser le défunt pour pouvoir admettre sa disparition définitive. Ainsi, la nostalgie idéalisante serait littéralement constitutive de notre humanité! À peine la personne est-elle morte que nous ne voyons presque plus que ses qualités, montées au pinacle, des qualités auxquelles nous nous cramponnons de toutes nos forces pour célébrer le passé… Et bien nous convaincre de l’amour que nous lui portons!

    Les dangers de la nostalgie

    En effet, “que serait un monde sans nostalgie?” me demandait l’excellente Leila Kaddour récemment sur France Inter. “Un monde triste. Car la nostalgie est un merveilleux sentiment. Ne jamais regretter le temps d’avant? Toujours vivre le présent? Ce serait atroce. Se souvenir, éprouver du chagrin, c’est le terreau de la mémoire humaine”, lui répondis-je, moi qui éprouve tant de plaisirs à m’adonner à mon tempérament mélancolique aux heures les plus chaudes.

    À force de vivre dans le passé, de célébrer seulement ce qui est mort, nous pouvons finir par ne plus pouvoir soutenir le présent, par rester figé comme des images déjà consommées, consumées, anéanties.

    Toutefois, ajoutais-je, « c’est une arme à feu à manier avec précaution ». Car à force de vivre dans le passé, de célébrer seulement ce qui est mort, nous pouvons finir par ne plus pouvoir soutenir le présent, par rester figé comme des images déjà consommées, consumées, anéanties.

    Il ne s’agit ainsi pas d’être complètement dupe de ce mouvement d’idéalisation, à la fois salutaire et toxique. Après tout, célébrer le passé est moins aventureux que penser l’avenir et ses incertitudes. L’homme délivré de ses fantômes va vers son futur la tête haute, sans s’économiser , et ne rumine pas ses défaites, ses ressentiments, ses pertes d’antan. Il peut même esquisser un sourire en éprouvant à la de la joie mâtinée d’une vague tristesse. Il « a vécu ».

    À voir également sur Le HuffPost: Elle redonne vie aux tenues de sa grand-mère, restées 70 ans dans une valise

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      Des dirigeants d'entreprises appellent à la sobriété énergétique

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 3 July, 2022 - 06:46 · 2 minutes

    84 dirigeants d'entreprise appellent à la sobriété énergétique 84 dirigeants d'entreprise appellent à la sobriété énergétique

    ÉCONOMIE - “Passer d’une sobriété d’urgence à une sobriété organisée”: 84 dirigeants d’entreprise, appartenant pour beaucoup à l’ économie sociale et solidaire ou au milieu associatif veulent “parfois faire moins, pour toujours faire mieux”, selon une tribune parue dans le Journal du Dimanche ce 3 juillet.

    Parmi les signataires figurent aussi quelques dirigeants de grosses structures comme Jean-Bernard Lévy d’ EDF , Hélène Bernicot du Crédit Mutuel Arkéa et Pascal Demurger de l’assureur MAIF. “Une sobriété durable passera obligatoirement par un partage de la valeur équitable et par une intégration du temps long au sein de l’entreprise, et donc par des évolutions de gouvernance”, affirme le texte.

    Dimanche dernier, les patrons des trois énergéticiens français TotalEnergies, EDF et Engie avaient appelé les Français à réduire immédiatement leur consommation de carburant, de pétrole, d’électricité et de gaz face au risque de pénurie menaçant “la cohésion sociale” l’hiver prochain. Cet appel s’adressait aux particuliers comme aux entreprises, mais restait limité à la consommation d’énergie.

    “Faire évoluer notre modèle global de compétitivité”

    L’appel des 84 dirigeants va plus loin en voulant intégrer au cœur de la stratégie des entreprises les “démarches d’économie circulaire, d’économie d’usage, de relocalisation, de régénération de la biodiversité, ou encore d’alignement des réductions carbone de l’entreprise avec l’accord de Paris” sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

    Selon les auteurs de la tribune, “la sobriété économique organisée est un moyen de ne pas faire peser le poids de la transition sur les plus démunis”. Ils espèrent “faire évoluer notre modèle global de compétitivité” afin de “sortir enfin les entreprises d’une perpétuelle injonction contradictoire” entre objectifs financiers d’un côté, climatique et sociaux de l’autre.

    Le terme de sobriété a longtemps été un “repoussoir”, reconnaissent-ils. Mais ils sont convaincu que ce “n’est pas synonyme de pénurie, de repli ou de déclin, mais qu’elle est la réponse à l’équation la plus cruciale de notre temps qui devrait aujourd’hui être au cœur de toute réflexion politique: comment répondre aux besoins de chacun dans un monde aux limites planétaires dépassées et au consumérisme débridé?”

    Ils affirment enfin qu’ils proposeront ce “choix collectif” le 30 août lors “des Universités d’été de l’économie de demain” à Paris. Ce forum se tiendra séparément, mais concomitamment, de l’université d’été de la première organisation patronale française, le Medef, rebaptisée Rencontre des entrepreneurs de France (REF).

    À voir également aussi sur le Huffpost: Les économies d’énergies demandées aux Français n’ont rien à voir avec celles de 1973

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      La nutricologie, le meilleur allié de la transition écologique - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 3 July, 2022 - 06:15 · 7 minutes

    La sphère alimentaire, comme d’autres secteurs économiques, participe au réchauffement climatique et à l’érosion de la biodiversité, si bien que l’on ne peut plus dissocier les enjeux nutritionnels et écologiques. La sphère alimentaire , comme d’autres secteurs économiques, participe au réchauffement climatique et à l’érosion de la biodiversité, si bien que l’on ne peut plus dissocier les enjeux nutritionnels et écologiques.

    ÉCOLOGIE - Dans un océan d’incertitudes concernant les moyens de lutter contre le réchauffement climatique , de concilier les progrès sociaux et écologiques, il y a un domaine où nous pourrions avancer sûrement et nous mobiliser pour bâtir une vie plus sûre, c’est celui de la nutriécologie . La nécessité d’une planification écologique a été affichée par le gouvernement, sans que le contenu de ce projet soit bien défini. Pourtant il existe un domaine, celui de la nutriécologie, qui devrait pouvoir faire l’objet d’un consensus politique, tant il colle à l’intérêt général.

    De quoi s’agit-il?

    La nutriécologie est un néologisme signifiant que j’ai essayé de vulgariser dans un livre récent publié en 2020 aux éditions Thierry Souccar. La sphère alimentaire , comme d’autres secteurs économiques, participe au réchauffement climatique et à l’érosion de la biodiversité, si bien que l’on ne peut plus dissocier les enjeux nutritionnels et écologiques. Un large public est familiarisé avec le terme d’agroécologie qui définit les systèmes d’agriculture capables de restaurer ou d’améliorer la fertilité des sols, ou l’état des écosystèmes naturels. La nutriécologie se situe en amont puisqu’elle concerne l’adaptation de la chaîne et des comportements alimentaires humains à des fins de santé publique et d’équilibre écologique.

    Le champ de la nutriécologie est très vaste et nous invite à prendre en considération toutes les dimensions de l’alimentation humaine, du champ jusqu’à la santé humaine et au réchauffement climatique. Les pionniers de l’agriculture biologique ont fait en sorte que l’agriculture puisse se débarrasser des intrants chimiques et des pesticides qui la polluaient. L’heure n’était pas encore à la diminution des gaz à effet de serre émis par le secteur alimentaire, ni à la gestion de la santé par un mode d’alimentation préventive. C’est ainsi que l’approche sociétale en est restée à l’agriculture bio, parfois au bio industriel ou aux produits ultra-transformés estampillés bio. Quoi qu’il en soit, les fermes et les épiceries bio ont trouvé une place dans le paysage alimentaire, mais la société n’a pas encore franchi le pas de la nutriécologie, ignorant ou négligeant la nécessité de le faire.

    Un passage indispensable

    Le passage à la nutriécologie est pourtant indispensable. Il s’agit de développer une chaîne alimentaire bien adaptée à la gestion de la santé humaine, et qui participe à la préservation écologique. La finalité de la nutriécologie pourrait sembler très théorique, mais en réalité, c’est la seule voie efficace pour construire un système alimentaire durable en adoptant des modes de production écologique et en fixant les objectifs nutritionnels à atteindre. La nutriécologie vise donc à améliorer le contenu nutritionnel de notre assiette, tout en laissant la planète en meilleur état et en rémunérant correctement ceux qui nous nourrissent, en particulier nos agriculteurs. Arrêtons de croire que l’on peut résoudre les problèmes alimentaires par des solutions artificielles, de la viande de synthèse, des aliments ultra-transformés, des produits magiques pour la santé, ne cherchons pas à déposséder l’agriculture de sa vocation nourricière, exigeons cependant qu’elle exerce pleinement sa mission écologique. Jusqu’à présent, dans la sphère alimentaire, la société a été trop laxiste, en termes d’exigences nutritionnelles ou écologiques ; un étiquetage nutritionnel ou une garantie d’absence de pesticides ne suffisent pas à certifier une chaîne alimentaire vertueuse. On sait à quel point le système alimentaire occidental est intenable, au vu de la déstabilisation de l’agriculture qu’il provoque, de ses empreintes écologiques négatives, de ses conséquences néfastes sur la santé humaine par exemple en termes d’obésité.

    La nutriécologie nous indique que l’on peut résoudre tous ces problèmes simultanément en adoptant un mode alimentaire approprié. Il est donc urgent de le faire, de développer les systèmes alimentaires dont la société et notre planète ont besoin. Pour réussir une telle entreprise, il convient d’en vulgariser le fil directeur, et donc d’afficher clairement la nature du changement espéré, ce qui jusqu’à présent n’a pas été fait. Il est bon que chacun puisse se référer à la feuille de route globale portée par la nutriécologie et la désigne comme telle, mais encore faut-il en expliquer les fondements. Les voici.

    Les fondements

    Après un nombre très élevée d’enquêtes épidémiologiques, de recherches extrêmement diversifiées sur nos besoins nutritionnels, sur notre fonctionnement métabolique, sur nos spécificités digestives, sur le rôle particulier de notre microbiote intestinal, le comportement alimentaire dont la très grande majorité des populations humaines a besoin, est maintenant clairement identifié. Ce comportement est majoritairement végétarien (même chez les gros mangeurs de produits animaux, plus de 70 % des calories sont d’origine végétale). Cependant, à la fois pour la santé humaine et la réduction des gaz à effet de serre (plus de la moitié des émissions du secteur alimentaire le sont par l’élevage), nous devons aller plus loin, en réduisant de moitié la consommation actuelle de produits animaux. Mais ce n’est pas tout, nous devons augmenter la biodiversité végétale alimentaire, en fruits et légumes mais aussi en féculents et en oléagineux, donc adopter une sorte de régime méditerranéen universalisé et en même temps canaliser les appétits mercantiles industriels pour des transformations alimentaires souvent nuisibles à la santé humaine, à l’instar de bien des calories vides (sucres, gras ajoutés). Une chaîne alimentaire qui privilégie les produits végétaux et en préserve le potentiel nutritionnel serait aussi un atout remarquable pour lutter contre la faim dans le monde et combattre toutes les formes de malnutrition.

    Maintenant que nous avons un recul extraordinaire sur les modes alimentaires adaptés à l’homme et à la préservation de sa santé, il est possible d’en passer commande à l’agriculture et aux autres acteurs de la chaîne alimentaire et, très bonne surprise, d’observer que l’agrobiodiversité végétale, l’agroécologie en général, une large autonomie alimentaire des territoires, l’arrêt des transformations alimentaires dénaturantes sont nécessaires pour améliorer l’état de santé des populations et réduire les empreintes écologique négatives de la sphère alimentaire. Cet alignement des planètes dans la sphère nutritionnelle et écologique est un atout extraordinaire pour l’humanité, à condition d’en prendre conscience, et d’en tenir compte à tous les niveaux de la chaîne alimentaire. Notre manière de manger n’est pas neutre et chaque citoyen devrait être appelé à respecter une éthique alimentaire. Il est temps de décentrer les hommes de leurs préoccupations nutritionnelles égocentrées. D’ailleurs un « nutrionnisme » désuet a montré son inefficacité pour résoudre les problèmes nutritionnels humains, de plus le logiciel de l’agriculture biologique étant resté trop limité, il convient maintenant de passer à la nutriécologie, sans abandonner les acquis de l’agriculture biologique. Il y a une véritable urgence à lutter contre les dégâts de l’industrialisation alimentaire provoqués par l’abus de ses aliments ultra-transformés, à diminuer notre consommation carnée, à retrouver une nourriture plus équilibrée et naturelle. Le fait qu’un même mode alimentaire puisse être bon pour la santé humaine et celle de la planète est une assurance vitale dont la société a grand besoin pour se projeter dans l’avenir.

    Comme dans bien d’autres pays, la France, n’a pas encore su s’appuyer sur une politique alimentaire cohérente. Le soutien à l’ agriculture bio sert de bonne conscience, tandis que l’industrie agroalimentaire est perçue comme notre pétrole vert qu’il serait risqué de remettre en question. Par ailleurs, nous restons attachés à une gastronomie traditionnelle devenue inadaptée et perpétuant des systèmes d’élevage industriels indéfendables. Il faudrait pourtant atterrir et se projeter sur un système alimentaire plus durable, concilier à la fois les objectifs nutritionnels et écologiques de la chaîne alimentaire, promouvoir des comportements alimentaires nouveaux, redynamiser l’agriculture de nos territoires, parvenir enfin à mieux gérer la santé par l’alimentation et à lutter contre le réchauffement climatique. Ce levier de résilience a un nom, la nutriécologie, chaque citoyen peut et doit s’y rattacher parce que manger nous engage, et les politiques pourraient enfin s’y référer pour concevoir une politique  cohérente de progrès alimentaire et de sauvegarde écologique.

    À voir également sur Le HuffPost: Ce graphique résume l’emballement du réchauffement climatique

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      Éric Coquerel dénonce des "rumeurs infondées" sur son comportement envers les femmes

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 2 July, 2022 - 22:51 · 2 minutes

    Éric Coquerel, ici arrivant à l'Assemblée nationale, le 21 juin 2022. Éric Coquerel, ici arrivant à l'Assemblée nationale, le 21 juin 2022.

    POLITIQUE - Il avait annoncé qu’il ferait une mise au point dans le week-end. Le député LFI Éric Coquerel , élu jeudi 30 juin président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale , dénonce dans une tribune au JDD ce dimanche 3 juillet des “rumeurs infondées” concernant son comportement envers les femmes .

    “Je fais cette tribune pour affirmer que je n’ai jamais exercé une violence ou une contrainte physique ou psychique pour obtenir un rapport, ce qui caractérise la porte d’entrée d’un comportement délictuel dans le domaine des violences sexistes et sexuelles”, écrit Éric Coquerel dans le Journal du Dimanche , en se disant “obligé de prendre la parole pour la première fois”.

    Le comité contre les violences sexuelles de La France insoumise avait défendu jeudi Éric Coquerel contre des “rumeurs sur son comportement avec les femmes”, assurant n’avoir jamais reçu de signalement à son sujet.

    “Plusieurs rédactions ont mené des enquêtes journalistiques”, souligne le député, un très proche du dirigeant de LFI Jean-Luc Mélenchon : “Rien n’est jamais sorti faute d’avoir trouvé un témoignage pouvant s’apparenter à un comportement délictuel, a fortiori criminel.

    Une rumeur relancée par une enquête dans le journal Causette en 2018

    Cette rumeur a été pourtant relancée par une enquête sur le sexisme à LFI dans le journal Causette en septembre 2018. La journaliste évoque deux brefs témoignages anonymes à propos d’un député lui aussi anonyme coupable de ‘dérapages, à la limite du harcèlement’. Je ne me suis pas inquiété outre-mesure sur le moment de cet article dont on disait qu’il me concernait, car il était visiblement bâclé”.

    Dès lors, écrit Éric Coquerel, “comment réagir à une rumeur qui n’est basée sur aucune plainte, aucun signalement à la cellule interne de LFI, malgré de fréquents appels et communiqués de LFI à pouvoir le faire, aucun témoignage public, aucun résultat d’enquête journalistique sérieuse en plus de cinq ans mais dont on explique que seul le silence de LFI et son refus de mener une enquête l’expliquerait?”

    Le député explique par ailleurs s’être senti contraint à s’exprimer, pour la première fois publiquement, par une intervention sur RTL cette semaine de l’auteure et militante Rokhaya Diallo. Cette dernière avait évoqué, sans plus de précisions, des “sources au sein de LFI” mettant en cause le comportement d’Éric Coquerel.

    À voir également sur Le HuffPost : Les députés RN, des députés comme les autres? On a posé la questions à leurs collègues

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      4 postures de yoga du visage pour entretenir sa beauté naturelle - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 2 July, 2022 - 06:15 · 4 minutes

    Le yoga du visage allie des techniques de yoga classique (respiration, conscience), des automassages, des exercices spécifiques, des techniques de drainage et de l’acupression. Le yoga du visage allie des techniques de yoga classique (respiration, conscience), des automassages , des exercices spécifiques, des techniques de drainage et de l’acupression.

    BIEN-ÊTRE - Composé de 50 muscles différents, notre visage est un outil exceptionnel pour exprimer nos émotions. Tout comme notre corps, il est soumis aux fluctuations de notre environnement et au temps qui passe.

    Prendre soin de son visage

    Il a donc besoin d’être maintenu en forme. Quand le yoga traditionnel entretient notre équilibre physique et mental, le yoga du visage permet de prendre véritablement soin de notre visage, par un ensemble d’ exercices riches, précis, et adaptés.

    Le yoga du visage allie des techniques de yoga classique (respiration, conscience), des automassages , des exercices spécifiques, des techniques de drainage et de l’acupression.

    Ainsi, au fil des séances, nous entretenons la  beauté naturelle de notre visage et répercutons toute cette détente et cette joie dans notre corps et notre esprit.

    Comme toute pratique de yoga, le yoga du visage nécessite régularité, temps et patience.

    Ce travail de fond n’empêche pas que, de temps en temps, à l’occasion d’une sortie, d’un rendez-vous important ou pour se faire plaisir, nous ayons envie de donner un coup d’éclat rapide à notre visage.

    Avant de commencer

    Assurez-vous que votre visage et vos mains sont propres. Privilégiez les produits bio et éthiques.

    Installez-vous confortablement, assise sur une chaise face à un miroir.

    Si possible vaporisez un peu d’eau florale ou minérale sur votre visage et votre cou.

    Versez quelques gouttes d’une huile végétale bio dans le creux de vos mains et frottez-les l’une contre l’autre afin de réchauffer l’huile à la température de votre corps.

    Placez vos mains bien à plat sur le cou, les joues, le front et tout le reste du visage afin d’y déposer l’huile. Elle pénétrera profondément par les exercices qui suivent

    4 exercices pour un effet lifting et un coup d’éclat rapide à votre visage

    Exercice 1: Mâchoires détendues et ovale du visage redessiné

    • Formez une pince avec vos doigts de la main droite en introduisant le pouce à l’intérieur de la joue gauche, le plus haut possible vers l’oreille et en gardant les autres doigts à l’extérieur. Avec cette pince, remontez la peau de la joue de sous la mâchoire vers le haut et recommencez ainsi tout le long de la joue jusqu’à la bouche. Recommencez deux autres fois et faites la même chose du côté droit avec la main gauche.
    • Essuyez  vos mains.

    Exercice 2: Booster la circulation du sang et donner bonne mine instantanément

    Gonflez les joues et plaquez vos lèvres sur les dents avec une main pour éviter de friper cette zone. De l’autre main, bien plate, tapez sur une joue puis sur l’autre sans les dégonfler.

    En continuant à respirer tranquillement par le nez, continuez entre 30 secondes à une minute.

    Exercice 3: Des lèvres rougies et pommettes remontées

    Ramenez vos lèvres sur vos dents et fermez la bouche. Les lèvres sont serrées entre les dents.

    Pour éviter de rider autour des lèvres, placez le bout de vos doigts au niveau des commissures et plaquez ainsi les éventuelles rides.

    Inspirez, et sur l’expiration, souriez jusqu’à sentir une petite tension au niveau des pommettes qui remontent vers les yeux.

    Restez là quelques respirations et relâchez doucement.

    Recommencez une à deux fois.

    Exercice 4: Des lèvres rougies et pulpeuses

    Pincez vos lèvres ensemble entre le pouce et l’index, d’un côté à l’autre, en les ramenant vers l’avant.

    Commencez bien sur la commissure des lèvres, à cet endroit où beaucoup de muscles se rejoignent et forment comme un nœud assez dur. A force de masser cet endroit, il se détendra progressivement et sera moins noué sous vos doigts. Faites entre 3 et 6 allers-retours.

    Repos

    Une fois ces exercices faits, fermez les yeux un instant et tapotez l’ensemble de votre visage doucement, du bout des doigts.

    Puis caressez-le, toujours du bout des doigts, afin d’en sentir le moindre détail.

    Placez ensuite vos mains sur vos genoux ou vos cuisses et respirez profondément.

    Ressentez votre visage, votre peau, toutes les sensations qui peuvent s’y manifester. Et ressentez également combien ces exercices ont détendu le reste de votre corps.

    Souriez et ouvrez les yeux! Vous voici resplendissant.e pour continuer votre journée!

    À voir également sur Le HuffPost: Pourquoi l’été est la saison parfaite pour le yoga