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      Vaccin Covid-19 : un mirage dans le désert

      Paul Touboul · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 19 February, 2021 - 04:30 · 8 minutes

    vaccin covid

    Par Paul Touboul.

    Depuis le début de la pandémie Covid-19 , il y aura bientôt un an , tout a été matière à dramatisation fondée sur l’image diabolisée de ce virus dont les effets sur l’espèce humaine seraient inédits, s’agissant de la mortalité induite comme du pouvoir à ressurgir dans l’avenir à tout moment.

    Même si avec le temps ont émergé des données rassurantes, telle une létalité modeste, de l’ordre de celle de la grippe, et se cantonnant presque exclusivement aux sujets de plus de 80 ans, le tragique a continué d’alimenter l’action gouvernementale, relayé et amplifié par les médias.

    Les cafouillages politiques

    De plus les mesures prises telles que le confinement initialement, puis le couvre-feu aujourd’hui continuent de brouiller une saine vision des choses. L’ambiance sur le sujet est devenue électrique.

    Au lieu de discussions ouvertes sur les options sanitaires possibles s’est imposée une voix officielle intolérante et déniant toute place à la controverse même appuyée scientifiquement. L’affaire s’est politisée et le fait de soulever des objections aux mesures en cours a été vue comme une opposition au chef de l’État et au gouvernement.

    À y regarder de plus près, il apparait avec le recul que nos gouvernants n’ont eu de cesse au fil du temps de rattraper la gestion calamiteuse de la pandémie de mars- avril 2020 où se sont accumulés les déboires (manque de tests, de masques, sous-équipement des hôpitaux) auxquels ils ont ajouté la décision ahurissante de ne pas traiter dès le début les sujets contaminés.

    Par la suite, l’entretien d’un climat anxiogène a fini par ancrer dans la population l’idée que l’on avait affaire à une maladie pas comme les autres, insaisissable, meurtrière, conduisant à inscrire dans cette optique la surmortalité des débuts et à faire oublier les éventuelles responsabilités.

    Et une fois le pic épidémique passé, l’on en a rajouté en multipliant les tests de dépistage, en maintenant la population en haleine, en annonçant une nouvelle vague épidémique à laquelle il fallait se tenir prêt.

    Bref, l’histoire continuait avec un gouvernement à la manœuvre, prêt à tout.

    Par contre la révision de certains errements du début n’a pas été faite en raison du risque d’effet boomerang incontrôlable. Tel est le cas du traitement d’attaque des contaminés définitivement mis aux oubliettes.

    Le mirage du vaccin

    Alors, face à une virose qui n’en finit pas, à en croire les taux de contamination, est apparu le vaccin , tel une oasis dans le désert. Une protection aussi large que possible est ainsi mise en jeu périodiquement lors des grippes saisonnières.

    Dans la situation actuelle il s’agit d’une circulation virale persistante considérée comme préoccupante mais sans véritable déferlante épidémique. Le nombre actuel de contaminés jugé critique concerne en grande majorité des sujets a-ou paucisymptomatiques.

    Alors faut-il pour autant vacciner largement ? de préférence qui ? et de quels produits disposons-nous ? pourquoi en fin de compte ne pas laisser se développer progressivement une immunité collective ?

    Rappelons que les vaccins diffusés en Europe depuis la fin de l’année dernière recourent à l’administration d’ARN messager porteur d’un spike du coronavirus dont la transcription à nos cellules est supposée déclencher la réaction immunitaire. Ils sont toujours officiellement en évaluation même si une autorisation anticipée de mise sur le marché leur a été délivrée par la FDA et les institutions européennes.

    Le public n’a à leur sujet aucune véritable information et retient simplement les scoops lapidaires lancés sur les chaines d’information, en l’occurrence des taux d’efficacité de 94,5 ou 95 %.

    Comme tout au long de cette crise, la fièvre monte, chacun sur les plateaux télé y va de ses opinions lancées à la cantonade et qui font fi d’une connaissance réelle du problème. Les discussions partent dans tous les sens et une fois de plus la moindre réserve sur l’opportunité d’une vaccination à grande échelle est cataloguée comme politiquement incorrecte.

    Le vaccin Pfizer à l’étude

    Pour la bonne information de chacun il importe de se référer à une récente publication du New England of Medicine du 31 décembre 2020 (vol. 383 no 27 2603-2615). Elle est intitulée « Safety and efficacy of the BNT162b2 mRNA Covid-19 vaccine ». En d’autres termes il s’agit du rapport établi par Pfizer à propos d’une évaluation préliminaire de son vaccin anti-Covid.

    Le suivi médian a été de deux mois ce qui limite la population d’étude à un peu plus de 37 000 sujets répartis après randomisation en deux groupes d’environ 18 000 chacun, l’un recevant le vrai vaccin et l’autre un placebo.

    Le vaccin, ou son placebo, a été administré en deux injections intramusculaires séparées l’une de l’autre de 21 jours. L’action à l’encontre d’une infection par le SARS-Cov-2 a été évaluée à partir du septième jour suivant la deuxième injection.

    Ainsi le vaccin était censé n’exercer sa pleine efficacité qu’au terme d’un délai de 4 semaines après la première injection. Les effets secondaires ont été aussi colligés.

    Le résultat central s’agissant d’efficacité se résume dans ces deux chiffres : 9 cas de Covid-19 dans le groupe vaccin contre 172 dans le groupe placebo, ce qui correspond à une efficacité vaccinale de 95 %.

    Par contre le nombre de contaminations apparues avant le terme de 4 semaines est de 41 chez les vrais vaccinés contre 103 chez les témoins, donnée certes qui couvre la période précédant la pleine efficacité du vaccin mais n’en est pas moins à mettre au passif du traitement.

    Autre réserve limitant la généralisation des résultats : la population des plus de 75 ans, qui, on le sait, sont les victimes privilégiées du coronavirus, ne représente dans ce travail que 4,5 % des cas. Les effets secondaires, douleur au point d’injection, fatigue, maux de tête ont concerné plus de la moitié des vaccinés, la fièvre 0,2 % des cas, les adénopathies 0,3 %. Il y a eu 2 décès contre 4 sous placebo.

    En clair le vaccin Pfizer n’est pas la panacée. Certes, l’efficacité n’est pas mise en doute, mais si l’on prend en compte les cas d’infection survenus avant que le vaccin ait donné toute sa mesure les résultats sont moins flamboyants. Surtout on peut s’étonner qu’un suivi de deux mois ait été jugé suffisant par les autorités compétentes pour autoriser une utilisation à large échelle.

    Quid du maintien de l’efficacité à plus long terme, quid de la protection vis-à-vis des variants, autant de questions sans réponse. Sans compter, on le sait d’expérience, que des effets indésirables peuvent survenir des mois ou des années après.

    En outre l’utilisation inédite à des fins vaccinales d’ARN messager méritait un surcroît de prudence et non cette plongée dans l’inconnu à laquelle les États se sont livrés. Certes les données rapportées ne concernent que le vaccin Pfizer. On peut néanmoins s’en inspirer dans le regard porté sur des produits analogues comme les vaccins Moderna ou Astra-Zeneca.

    Alors que conclure ?

    En premier lieu que l’on ne dispose pas avec les vaccins à notre disposition de solution miracle à la virose Covid-19. Les inconnues concernant leur véritable efficacité dans la crise actuelle, l’absence d’évaluation à moyen et long terme, justifient au mieux un usage raisonné prenant en compte l’ampleur des dangers liés à l’exposition au virus.

    Même si dans la publication de Pfizer la population des plus de 75 ans est très peu représentée, c’est pourtant à elle qu’une politique de vaccination doit s’adresser en priorité, le risque vital élevé primant sur les doutes quant aux effets indésirables à distance des produits disponibles. La même assertion s’applique aux sujets atteints de maladies chroniques débilitantes.

    Par contre, le problème d’une généralisation à l’ensemble de la population demeure non résolu. La situation sanitaire actuelle l’impose-t-elle ? On peut en douter s’agissant d’une présence virale à la marge qui certes reste bien implantée mais sans jusqu’alors la moindre trace d’un authentique tsunami, menace il est vrai brandie chaque jour dans les médias en relai de l’information gouvernementale.

    On pourrait tout aussi légitimement imaginer la fin prochaine de la virose. Alors, en pareil cas, vacciner aussi une population qui n’a pas à craindre pour sa vie et même, dans sa majorité, n’aura que peu ou pas de symptômes, a tout d’un pari exorbitant compte tenu que le rapport bénéfice-risque du vaccin demeure mal connu.

    Par conséquent la prudence doit être de rigueur et l’imposition gouvernementale laisser place à une prise de décision individuelle éclairée par une information fondée sur l’état des connaissances. Malheureusement dans le climat hystérique d’aujourd’hui, le débat sur le sujet est escamoté et c’est à l’évidence un scandale de plus dans la longue série de couacs qui a émaillé depuis le début l’histoire de la Covid-19 dans notre pays.

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      Le passeport vaccinal, une forme d’apartheid

      Charles Boyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 18 February, 2021 - 03:40 · 2 minutes

    passeport vaccinal

    Par Charles Boyer.

    Parmi les nombreuses dérives qui fleurissent ayant pour prétexte la Covid-19 , on commence à entendre des appels plus ou moins voilés à la mise en place d’un passeport vaccinal ou passeport immunité, qu’il dise ou pas son nom.

    Écoutons par exemple ici les propos d’un intervenant se considérant libéral :

    Ou encore, ici , de la part d’une corporation professionnelle.

    De quoi s’agit-il ? Concrètement, c’est fort simple : celui qui ne serait pas vacciné ne pourrait pas accéder à la plupart des établissements commerciaux, aux transports, aux voyages.

    Dès lors, il s’agit de refuser l’accès de certains endroits à une portion de la population, refus exercé par ceux qui font les règles et qui se réservent ainsi l’accès à ces lieux ségrégués.

    Une des motivations pour ces mesures est la peur, voire le dégoût, de cette population que l’on exclut. Une autre motivation est, pour ceux qui énoncent cette règle, de faire régner leur autorité sur ceux se voyant interdire divers accès.

    Ce n’est par nature pas différent des précédentes discriminations institutionnalisées, comme par exemple l’apartheid en Afrique du Sud ou encore la ségrégation raciale sévissant dans le sud des États-Unis jusqu’à ce que la lutte du mouvement des droits civiques y mette fin dans les années 1960.

    L’apartheid était fondée sur un critère aberrant, la couleur de peau ; le passeport vaccinal le serait sur un autre, la conformité à une procédure médicale ou pharmaceutique.

    Apartheid au sens strict

    L’usage du terme apartheid pourra certes choquer car il désigne un régime brutal et même meurtrier. C’est cependant bien ce que nous énonçons, apart signifant séparé en néerlandais et à part en français.

    Ce n’est qu’ultérieurement que survient la brutalité, laquelle devient inévitable pour faire durer et respecter ces règles si injustes et humiliantes. Nous ne savons pas et, espérons que nous ne le saurons jamais, si le passeport vaccinal pourrait mener à cela.

    Rien ne peut justifier l’adoption de ce type de discrimination liée à un vaccin contre un virus saisonnier frappant majoritairement des personnes fragiles qui doivent donc être protégées préférentiellement par vaccination ou par d’autres mesures.

    Ceci est d’ailleurs exprimé clairement par le conseil de l’Europe, par le point 7.3.2 dans ce document .

    Que se fassent vacciner ceux qui le souhaitent, mais toute tentative de contraindre ceux qui ne présentent pas de risques est choquant et contraire à l’éthique.

    La Covid-19 a déjà été utilisée pour justifier des mesures injustes et dévastatrices : confinements, couvre-feux, fermetures d’écoles, de commerces, port déshumanisant du masque inutile en extérieur .

    N’acceptons pas qu’une certaine forme d’apartheid se mette en place.

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      Vaccins Covid : Macron doit miser sur l’innovation

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 3 February, 2021 - 10:17 · 4 minutes

    vaccins

    Par Frédéric Mas.

    La dernière prise de parole d’ Emmanuel Macron sur les vaccins contre la covid-19, ce mardi sur TF1, a été remarqué pour sa discrétion. D’habitude, Jupiter met en scène la « verticalité » de son pouvoir pour mieux asseoir son autorité.

    Ici, le rappel pédagogique sur le possible reconfinement et la campagne vaccinale s’est faite de manière assez simple. Elle visait essentiellement à éteindre la contestation anti-confinement qui gronde et la déception face aux cafouillages communicationnelle et logistique sur la vaccination.

    Le triomphe des vaccins russes

    Presqu’à contre-cœur, Emmanuel Macron a déclaré qu’il n’était pas opposé à l’utilisation des vaccins russes Spoutnik V, qu’une étude récente a crédité de 91% d’efficacité contre la covid, pour accélérer la vaccination en France. On est aujourd’hui assez loin des mises en garde politique franco-françaises contre les effets d’annonce de Vladimir Poutine.

    Le chef de l’Etat a rappelé toutefois que « Pour qu’un vaccin soit autorisé, il doit déposer une autorisation de mise sur le marché » .

    Emmanuel Macron n’ignore sans doute pas que les autorités russes ont adressé une telle demande devant l’Agence européenne du médicament le 19 janvier 2021, au même titre que Pfizer/BioTech, Moderna et AstraZeneca.

    Après la déconfiture de l’Institut Pasteur et de Sanofi, distancés par ses concurrents européens, l’arrivée sur le marché des vaccins russe et chinois témoigne de l’effacement des entreprises françaises sur le marché international, ce qui met le président de la République dans une position politique difficile.

    Face à un peuple français dont le sentiment de déclassement se traduit par une hostilité généralisée envers la classe politique et ses initiatives, Emmanuel Macron n’a pas de message rassurant à délivrer.

    Les raisons de cet effacement français ? Un écosystème économique, fiscal et politique national hostile à l’innovation et à la recherche, et un soupçon systématique de conflits d’intérêts porté sur la coopération entre le public et le privé, les entreprises et les centres de recherches.

    Le principe de précaution dans les têtes

    Le principe de précaution en France n’est pas seulement dans la constitution, il est aussi dans les têtes. Il concrétise tous les conservatismes, les décroissantismes et les utopies réactionnaires anti-tech. Parmi les idées qui pourraient aider la recherche à relever la tête en France, et plus généralement les entreprises qui créent de la richesse et de l’innovation, il y a celle défendue par l’Institut Molinari , qui est d’en finir avec les impôts de production qui étouffent les entreprises françaises.

    Dans un rapport de juin 2020 , le think tank estime que ce type de fiscalité pénalise les secteurs les plus tournés vers la concurrence internationale et qu’il agit comme une taxe sur les exportations et une subvention aux importations.

    Source Institut Molinari, Les impôts de production, un mal français.

    Le volet fiscalité des entreprises est essentiel pour gagner en compétitivité, mais la crise sanitaire s’est faite révélatrice d’une crise plus profonde du modèle français. Rien ne semble avoir été pensé au sommet de l’Etat pour adapter les institutions du pays à une concurrence internationale qui s’est accrue en 50 ans.

    La recherche et le développement mis à part certains secteurs comme le nucléaire ou l’électricité, font figure de parent pauvre comparés aux sommes colossales englouties par notre système de sécurité sociale ultraprotecteur.

    Comme le rappelait récemment Jean-Baptiste Noé :

    « La partie de la population employée dans le secteur soumis à la concurrence internationale passe de 47.5 % en 1975 à 35% en 2009. Dans le même temps, la population employée dans la fonction publique et le secteur nationalisé passe de 18% à 31%. Et cela au moment même où l’économie française ne cesse de s’ouvrir au monde extérieur. En 2000, le marché intérieur français ne représente que 3% du revenu brut mondial. Pourtant, les politiques le considèrent encore et toujours comme le débouché de l’industrie française.»

    Il est encore temps pour Emmanuel Macron de mettre en place les réformes nécessaires pour que la France regagne en compétitivité. La crise sanitaire ne s’effacera pas par plus de socialisme, mais par plus de libertés, d’initiatives locales, individuelles et moins d’administration.

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      Santé.fr ou le nouveau raté de l’État providence français

      Jean-Philippe Feldman · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 19 January, 2021 - 04:00 · 3 minutes

    Santé.fr

    Par Jean-Philippe Feldman.

    Alors que le tourisme français est en berne, notre État providence préféré a eu la bonne idée de promouvoir cette charmante ville d’Auxerre pour s’y faire vacciner.

    La mésaventure est arrivée en fin de semaine dernière à l’un de mes proches, une personne âgée (on ne dit plus « vieux » selon le politiquement correct) de plus de 75 ans. Seul hic, cette personne est parisienne et après de nombreuses tentatives infructueuses pour s’y connecter le site déjà proverbial Sante.fr l’a envoyée se faire vacciner à 169 kilomètres de Paris, soit à peu près plus de deux heures de la capitale par la route ou par le train.

    Le désastre de Sante.fr

    Ce cas n’est manifestement pas isolé puisque le journal télévisé de samedi soir sur une chaîne nationale, dont l’antimacronisme n’est pourtant pas la caractéristique la plus notable, contait la même mésaventure arrivée à moult personnes.

    Rappelons que le site Sante.fr a pour objet de trouver le centre de vaccination le plus proche de chez soi et de prendre rendez-vous en ligne. Paris doit être une modeste ville pour ne disposer d’aucun centre de vaccination… À moins que le vaccin bourguignon soit plus efficace arrosé de chablis ? Je vois déjà les heureux élus trinquer à votre bonne santé.fr !

    L’anecdote incite à l’humour, mais elle est aussi révélatrice de gouvernements qui ne maîtrisent rien depuis l’origine de la pandémie . Initialement, on pouvait encore trouver l’excuse ou l’explication de la sidération ou du fait que la sphère publique n’avait comme de bien entendu rien anticipé.

    Mais, depuis lors, tant la centralisation extrême que la bureaucratie galopante ont provoqué ratage sur ratage. Après les masques, les appareils de réanimation, les super-réfrigérateurs, voici l’épisode des prises de rendez-vous pour se faire vacciner… ce qui suppose qu’il y ait des vaccins et rien n’est moins sûr !

    Le boulet de l’État providence

    On aurait envie de faire preuve d’indulgence car si la critique est aisée, l’art est difficile. Mais ce n’est pas une question de personne pour l’essentiel. Ce sont les caractéristiques mêmes de l’« exception française » qui expliquent les atermoiements et en définitif les échecs des gouvernants.

    Avec un système aussi centralisé et bureaucratique qu’est l’État français, de deux choses l’une. Soit les décisions centrales sont en elles-mêmes « bonnes » à l’origine, peut-être par hasard, mais leur exécution pâtit de ce centralisme exacerbé. Soit les décisions centrales sont mauvaises car elles ne prennent pas en compte la « complexité » du monde contemporain.

    Dans les deux cas, la bureaucratie, le fonctionnarisme, les lourds prélèvements obligatoires, l’écrasement de la société civile font de l’État providence français non pas un modèle, mais un repoussoir.

    Si la pandémie a une vertu, c’est au moins que les discours sur le « système social que le monde entier nous envie » ont presque disparu. Il reste malheureusement celui selon lequel « il faut lui donner des fonds supplémentaires car il a été victime de la rigueur budgétaire ». Faut-il rappeler que le socialisme ne se réforme pas, il se supprime ?

    Jean-Philippe Feldman vient de publier Exception française. Histoire d’une société bloquée de l’Ancien Régime à Emmanuel Macron , Odile Jacob, 2020.

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      Certains vaccins Covid font appel au génie génétique ? Excellente nouvelle !

      Auteur invité · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 15 January, 2021 - 04:40 · 6 minutes

    vaccins

    Par Mark Lynas.
    Un article de Cornell Alliance for Science

    Nous avons tous subi les théories conspirationnistes sur la Covid-19 . Aujourd’hui une nouvelle vague de même nature est en train de se former à propos des vaccins et de se propager de manière aussi virulente que la pandémie qu’ils sont censés contrôler.

    Même si les instances de santé publique ont tendance à se montrer rassurantes sur certaines des appréhensions les plus raisonnables – oui, les vaccins ont été développés incroyablement rapidement et des effets secondaires à court terme peuvent se produire – ce billet se propose d’aborder le sujet sous un autre angle.

    Nous allons droit au cœur du problème. Donc non, les vaccins Covid-19 ne sont pas des vecteurs de distribution de puces gouvernementales. Ils ne sont pas contaminés par du matériel provenant de fœtus avortés. Et ils ne nous transformeront pas en OGM – bien que certains d’entre eux utilisent le génie génétique, et que tous utilisent la génétique de manière plus générale.

    Nous pensons que c’est vraiment super – quelque chose à célébrer , et dont il ne faut pas avoir honte. Nous tenons donc à dépeindre en profondeur la façon dont la génétique et les biotechnologies ont été au cœur de l’effort de recherche sur ces vaccins. Parce que nous savons que les conspirateurs ne se soucient pas des preuves, de toute façon.

    ARNm – vaccins BioNTech/Pfizer et Moderna

    Premier point : l’ARNm. Il ne reprogrammera pas votre cerveau. Mais il reprogramme certaines de vos cellules, en quelque sorte. Et ce n’est pas un défaut, c’est intentionnel.

    Pour comprendre cela, vous devez savoir à quoi sert l’ARNm. En gros, c’est une molécule d’acide nucléique simple brin qui transporte une séquence génétique de l’ADN, du noyau de la cellule vers les usines à protéines – appelées ribosomes – qui se trouvent à l’extérieur du noyau dans le cytoplasme cellulaire.

    C’est ce que signifie le « m » d’ARNm : messager. L’ARN messager ne fait que transmettre les instructions pour l’assemblage des protéines de la matrice d’ADN aux ribosomes. (Les protéines font presque tout ce qui compte dans l’organisme.) C’est tout.

    C’est utile pour les vaccins car les scientifiques peuvent facilement reconstruire des séquences génétiques spécifiques qui codent pour des protéines distinctives du virus envahissant. Dans le cas du Covid, il s’agit de la protéine de pointe bien connue qui permet au coronavirus de pénétrer dans les cellules humaines.

    Les vaccins à ARNm obligent quelques cellules proches du site d’injection à produire la protéine de pointe. Celle-ci prépare ainsi votre système immunitaire à fabriquer les anticorps et les lymphocytes T qui combattront la véritable infection par le coronavirus lorsqu’elle se produira.

    Ce n’est pas très différent de la façon dont les vaccins traditionnels fonctionnent. Mais au lieu d’injecter un virus vivant affaibli ou éteint, l’approche par ARNm entraîne directement votre système immunitaire avec une seule protéine.

    Contrairement aux affirmations des plus fous, il ne vous transformera pas, vous ni personne d’autre, en OGM. L’ARNm reste dans le cytoplasme, là où se trouvent les ribosomes. Il n’entre pas dans le noyau et ne peut pas interagir avec votre ADN ni provoquer de modifications du génome. Pas de « Frankencure » ici non plus.

    Une variante de l’approche ARNm consiste à reculer d’un pas dans le processus et à la place, de construire une plateforme de vaccin à partir d’ADN. Ce modèle d’ADN – construit par les scientifiques pour coder la protéine de pointe du coronavirus – est introduit dans les cellules où il est lu dans l’ARNm et… eh bien, le reste est identique.

    Vous vous demandez peut-être si cet ADN peut modifier génétiquement vos cellules. Encore une fois, la réponse est non. L’ADN est injecté en petits morceaux circulaires appelés « plasmides » – à ne pas confondre avec les plastiques – et si ceux-ci entrent bien dans le noyau, le nouvel ADN lui ne s’intègre pas dans votre génome cellulaire. Vous y êtes ?

    Adénovirus – le vaccin d’Oxford

    Celui-ci est vraiment génétiquement modifié. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ?

    Le vaccin d’Oxford utilise ce que l’on appelle une approche par « vecteur viral ». L’équipe scientifique a pris un adénovirus – un type d’agent pathogène qui provoque un rhume commun – et l’a couplé à la même séquence génétique de protéine de pointe que celle du coronavirus.

    L’adénovirus sert simplement de véhicule pour faire entrer la séquence génétique dans vos cellules. Voilà pourquoi il est appelé « vecteur viral ». Après tout, les virus ont été conçus par des milliards d’années d’évolution, précisément pour trouver des moyens de se faufiler dans les cellules hôtes.

    Notez que le génie génétique est une partie essentielle du processus de développement. Tout d’abord, les virus vecteurs sont dépouillés de tous les gènes qui pourraient vous nuire et provoquer une maladie. Les gènes qui provoquent la réplication sont également supprimés, de sorte que le virus est inoffensif et ne peut pas se répliquer.

    Ensuite, les gènes de la protéine de pointe du coronavirus sont ajoutés – une utilisation classique de l’ADN recombinant. Donc oui, l’emploi du vaccin Oxford/AstraZeneca signifie bien qu’un virus génétiquement modifié est injecté dans votre corps.

    Et c’est une bonne chose. Dans le passé, par exemple avec le vaccin contre la poliomyélite, les virus vivants contenus dans le vaccin pouvaient parfois muter et redevenir pathogènes, provoquant une polio dérivée du vaccin. Vous pouvez voir qu’il est de loin préférable d’utiliser un virus génétiquement modifié qui ne peut pas causer de tels dommages !

    L’alarmisme OGM

    Comme nous l’avons déjà signalé à l’Alliance pour la Science, les mouvements anti-OGM et anti-vaccins se chevauchent considérablement. Ces groupes ont tendance à partager une idéologie qui se méfie de la science moderne et fétichisent plutôt les approches « naturelles ». Quoi qu’on puisse entendre par « naturel » .

    Notez que ces groupes ne sont pas toujours relégués à la frange à laquelle ils appartiennent. En Europe, les réglementations anti-OGM ont bloqué toute utilisation substantielle de la biotechnologie des cultures pendant près de deux décennies, entravant les efforts visant à rendre l’agriculture plus durable.

    Et en juillet dernier, le Parlement européen a dû suspendre les règles anti-OGM de l’UE afin de permettre le développement sans entrave des vaccins COVID. Très embarrassant pour Bruxelles !

    Les mouvements anti-OGM et anti-vaccin vont-ils utiliser leurs tactiques habituelles d’alarmisme pour susciter la peur, accroître le doute sur les vaccins, et prolonger ainsi l’enfer de la pandémie de Covid-19 ? Cela reste à voir. S’ils y parviennent, alors, tragiquement beaucoup plus de personnes mourront et nos économies continueront de souffrir. C’est à nous tous – le mouvement populaire en faveur de la science – de les arrêter.

    Traduction de Yes, some COVID vaccines use genetic engineering. Get over it par Alain Cohen-Dumouchel pour Contrepoints .

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      Maurice Hilleman, des vaccins vitaux – Les Héros du progrès (11)

      Alexander Hammond · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 5 April, 2020 - 03:30 · 4 minutes

    hilleman

    Par Alexander Hammond.
    Un article de HumanProgress

    Notre onzième héros du progrès est Maurice Hilleman, un microbiologiste américain qui a développé plus de 40 vaccins sauvant des vies. Sur les quatorze vaccins recommandés dans les programmes de vaccination actuels, Hilleman en a mis au point huit. On attribue à Hilleman le mérite d’avoir sauvé plus de vies que tout autre scientifique médical du XXe siècle.

    Hilleman naît le 30 août 1919 dans le Montana. Sa mère meurt deux jours après sa naissance. Au décès de sa femme, le père doit assumer seul la charge de huit enfants. C’est pourquoi l’oncle et la tante de Maurice, éleveurs de poules, et restés sans enfants, acceptent de se charger de lui.

    Hilleman attribuera une grande partie de ses succès ultérieurs à son travail à la ferme lorsqu’il était enfant – depuis les années 1930, les œufs de poule sont utilisés pour cultiver des virus pour les vaccins.

    Par manque de moyens financiers, il s’en faut de peu que Maurice n’aille pas à l’université. Heureusement, son frère aîné intervient et lui prête l’argent nécessaire pour ses études.

    Hilleman termine premier de sa promotion à l’Université d’État du Montana en 1941 et obtient une bourse pour faire des études de troisième cycle en microbiologie à l’Université de Chicago. Il obtient son doctorat en 1944.

    Une fois diplômé, Hilleman rejoint l’E R Squib & Sons – un laboratoire de virologie basé dans le New Jersey. Peu après avoir commencé à y travailler il met au point avec succès un vaccin contre l’encéphalite B japonaise. Cette infection originaire d’Asie et du Pacifique occidental, avait commencé à se propager parmi les troupes américaines qui combattaient dans le Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale.

    En 1948, Hilleman commence à travailler comme chef du Département des maladies respiratoires au Centre médical de l’armée à Silver Spring, dans le Maryland. En 1957,  il observe les premiers signes d’une pandémie de grippe imminente qui se propageait à Hong Kong. Hilleman et ses collègues s’empressent de produire un vaccin dont il supervise la production : plus de 40 millions de vaccins sont immédiatement distribués à travers les États-Unis.

    Bien que 69 000 Américains sont morts après avoir contracté le virus, sans les efforts de Hilleman, la pandémie aurait pu causer des millions de décès. En reconnaissance de son travail, l’armée américaine lui décerne la Médaille pour services exceptionnels.

    En 1963, la fille de Hilleman, qui travaille chez Merck & Co, l’une des plus grandes sociétés pharmaceutiques du monde, contracte les oreillons. Hilleman se rend rapidement à son laboratoire pour récupérer l’équipement nécessaire afin de pouvoir cultiver les prélèvements effectués sur sa fille.

    En 1967, l’échantillon original prélevé sur la gorge de Jeryl Lynn est devenu la base du vaccin contre les oreillons nouvellement approuvé. Il est connu sous le nom de « souche Jeryl Lynn ». Plus tard, Hilleman combinera son vaccin contre les oreillons avec les vaccins contre la rougeole et la rubéole – qu’il a également mis au point – afin de créer le vaccin ROR.

    Outre les vaccins mentionnés ci-dessus, Hilleman a également développé des vaccins contre l’hépatite A, l’hépatite B, la varicelle, la méningite, la pneumonie et l’ Hemophilus influenza type B. Il a également joué un rôle dans la découverte des adénovirus à l’origine du rhume, des virus de l’hépatite et du virus SV40 cancérigène.

    En 1984, à l’âge de la retraite obligatoire de 65 ans, Hilleman démissionne de son poste de vice-président senior des laboratoires de recherche Merck. Insatisfait de son inactivité, il commence à diriger le nouvel Institut Merck de Vaccinologie quelques mois plus tard seulement.

    Il travaillera à l’Institut de vaccinologie jusqu’à son décès en 2005, à l’âge de 85 ans.

    Tout au long de sa vie, Hilleman a reçu une série de récompenses, dont la National Medal of Science, la plus haute distinction scientifique des États-Unis, et le prix de l’Organisation mondiale de la santé pour l’ensemble de ses réalisations.

    Il est souvent décrit comme le vaccinologue le plus brillant de l’Histoire ; c’est pour cette raison que Maurice Hilleman est notre onzième héros du progrès.

    Les Héros du progrès, c’est aussi :

    Françoise Barré-Sinoussi, la découverte du VIH
    Richard Cobden, héros du libre-échange
    William Wilberforce : une vie contre l’esclavage
    Ronald Ross : la transmission du paludisme
    Alexander Fleming et la pénicilline
    Jonas Salk et le vaccin contre la polio
    Landsteiner et Lewisohn, l’art de la transfusion
    Edward Jenner, pionnier du vaccin contre la variole
    Fritz Haber et Carl Bosch, le rendement des cultures
    Norman Borlaug, père de la révolution verte

    Sur le web