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      Centrales nucléaires : vers un rendement amélioré ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 21 April, 2023 - 03:15 · 8 minutes

    Quelque disciple d’un Amédée Gordini ayant fait autrefois de la Renault 8 et de l’Alpine Renault deux redoutables machines de course a sans doute inspiré l’idée à madame Borne que doit exister le moyen de doper le rendement de nos centrales électronucléaires, à l’instar de celui du moteur à combustion interne par la turbocompression . On souhaite bien du plaisir aux professionnels que le pouvoir a chargé de jouer une telle martingale, ceux auxquels le pays doit l’admirable transition écolo énergétique d’EDF, boostée comme chacun sait par un marché du kWh élargi et optimisé.

    Considérons donc le cahier des charges remis par le Premier Ministre à ces derniers, rapporté comme suit par La Tribune :

    « J’ai demandé à EDF de mettre à l’étude une augmentation de puissance du parc nucléaire français, en lien avec l’ASN […] une mesure pouvant contribuer à augmenter la production d’électricité nucléaire, qui reste encore inférieure à son potentiel ».

    Selon Sylvie Richard, directrice du programme de grand carénage d’EDF, doper ainsi nos capacités permettrait des gains de puissance de l’ordre de « 4 – 5 % » pour certains réacteurs, 3 % au total, soit l’équivalent de la puissance de« deux réacteurs ».

    L’étude technique évaluera prioritairement les modifications possibles dans le circuit secondaire, là où la vapeur produite dans le circuit primaire est envoyée dans les turbines géantes du turbo-alternateur pour être transformée en électricité. Le circuit secondaire est choisi en priorité, car « les enjeux de sûreté devraient [y] être moins structurants que sur le circuit primaire », la partie abritant le combustible nucléaire.

    Ajoutons que le gouvernement compte travailler sur la réduction de la durée des arrêts de maintenance et sur « l’excellence opérationnelle » pour relever la production d’ EDF dans une fourchette située entre 350 et 380 Térawattheure (TWh) encore loin des 430 TWh produit en 2005.

    Ainsi, ingénieurs et techniciens d’EDF ont pour missions de réduire la durée des arrêts de tranches et d’améliorer les procédures d’exploitation et d’entretien du circuit secondaire de nos 56 tranches, de sorte à obtenir un meilleur rendement de leur production ; ceci sans toucher autant que faire se peut aux procédures homologues du circuit primaire, une litote signifiant qu’il est impossible de toucher à ce circuit sans contrevenir aux Règles Fondamentales de Sûreté (RFS), aux Règles de Conception et de Construction des Matériels Mécaniques (RCCM) et aux autres Règles de Surveillance en Exploitation des Matériels de l’ilot nucléaire (RSEM), des matériels pour la plupart classés Importants Pour la Sûreté (IPS).

    C’est pourtant au niveau du dimensionnement et des modalités d’exploitation du circuit primaire que siègent les plus grandes marges d’accroissement d’un rendement de la tranche nucléaire aujourd’hui guère supérieur à 35-36 %. Or, pour ce qui est du dimensionnement, on n’imagine pas mesdames Borne et Pannier-Runachet aller jusqu’à se mettre en tête d’installer des générateurs de vapeur, des pompes primaires et des pressuriseurs plus performants que ceux en place… pas plus d’ailleurs que de nouvelles turbines et de nouveaux alternateurs sur le circuit secondaire !

    Une évidence aussi patente appelle donc forcément la démonstration ci-après qu’il y a loin de la coupe aux lèvres entre les ambitions improvisées du gouvernement et leur réalisation concrète, même agréée par des responsables EDF dont on se demande s’ils ont bien les pieds sur les planchers machines.

    Produire plus de kWh en limitant la durée des arrêts de tranche

    Cette durée est la somme des durées optimisées des opérations élémentaires constituant le chemin dit « critique » d’un arrêt. Ce chemin n’est autre que le programme de l’intervention ayant nécessité d’arrêter la tranche : renouvellement du combustible ; réparation fortuite, accidentelle, imposée par la sûreté ou par la maintenance prédictive ; exigences d’exploitation diverses décrétées par la direction du site, par ses organismes de tutelle… ou imposée par telle situation sociale.

    Toutes les interventions d’entretien, de modifications, de recharge ou de renouvellement des consommables, d’optimisations diverses des dispositifs techniques d’exploitation ayant été programmées pour l’occasion doivent se faire en temps dit « masqué », c’est-à-dire durant la progression du chemin critique caractérisé ci-avant, en s’efforçant d’en altérer le moins possible la durée théorique.

    Où l’on ne distingue que deux moyens de réduire notablement la durée des arrêts :

    1. Disposer quantitativement et qualitativement des compétences aptes à s’acquitter des travaux requis dans les délais prescrits les plus exigeants.
    2. Optimiser et alléger les règlements de sûreté et de radioprotection pesant lourdement sur les procédures d’intervention françaises.

    Le premier moyen renvoie à l’impossibilité de pallier à court terme un dépouillement des compétences pratiqué sur le temps long par des politiques ineptes, en matières industrielle, d’éducation scolaire et universitaire, d’orientation et de formation professionnelles continues ou non ; quant au second moyen, inutile de s’y attarder, le père Fouettard ASN en détenant sans partage les clés d’une optimisation ergoteuse dont il est de surcroît le maître des horloges, comme nulle part au monde.

    Obtenir un supplément de kWh par le fonctionnement plus fréquent en Stretch out

    Stretch out est la désignation usuelle du fonctionnement d’une tranche en prolongation du cycle combustible consistant à épuiser jusqu’à la corde le potentiel d’activité de ce dernier. Cette optimisation technico-économique consiste à apporter un supplément de réactivité par la disparition complète du bore neutrophage dans une eau primaire – le modérateur – dont on a fortement abaissé la température (pour rendre négatif le coefficient du même nom) par réduction d’une puissance du cœur seulement contrôlée par les grappes de régulation.

    Sauf que, ce faisant, il n’est pas rare que survienne une pollution Xénon contrecarrant sensiblement l’apport recherché du supplément d’activité et que, l’ilotage de la tranche sur ses auxiliaires étant interdit en Stretch out , l’arrêt de cette dernière est définitif au premier incident de réseau imposant son découplage.

    Obtenir du seul circuit secondaire un gain de puissance d’au moins 3 %

    Ce gain de puissance est attendu du processus énergétique s’exerçant entre l’admission de la vapeur à la turbine et la délivrance de la puissance électrique aux bornes de l’alternateur, c’est-à-dire de l’amélioration en conséquence du rendement du groupe turbo-alternateur. L’alternateur n’étant qu’un organe passif ayant pour fonction de réguler la tension du réseau dont il n’est pas maître de la dégradation causée par la nature des consommations, l’essentiel du challenge imposé par madame Borne aux opérateurs d’EDF ne repose donc que sur la possibilité d’améliorer le rendement de la turbine.

    On se fourvoierait gravement en comprenant par là qu’il s’agit d’améliorer le rendement nominal de la machine : le rendement en question est celui du cycle eau-vapeur sommairement schématisé ci-dessous , dont on attend qu’il amène à l’admission du corps Haute Pression (HP) de la turbine une vapeur à au moins 253°C et véhiculant une énergie de quelque 2950 Kilo-Joules/Kg (KJ/Kg) d’ enthalpie , pour une tranche de 900 MW.

    Il n’aura échappé à personne que l’eau reprise du condenseur pour être transformée en vapeur destinée à la turbine est réchauffée à deux niveaux BP et HP, avant d’être introduite dans le générateur de vapeur.

    Optimisation thermodynamique du cycle eau-vapeur

    Conformément aux lois de la thermodynamique, obtenir une délivrance optimale de la puissance turbine exige que chaque étape du cheminement de l’eau destinée à la vaporisation soit optimisée en débit et en température. Le schéma détaillé ci-dessus montre clairement comment ce réchauffage préalable de l’eau est tout bonnement obtenu par un prélèvement de vapeur vive à différents étages des corps HP et BP de la turbine, au moyen de six soutirages : deux sur le corps HP, R5 et R6, un à l’échappement du corps HP, R4, et trois sur le corps BP, R1, R2, R3.

    Qui peut croire qu’un tel compromis de répartition du débit de vapeur vive entre l’entraînement de la turbine et le réchauffage de l’eau alimentaire résulte d’une improvisation de l’opérateur en poste sur la tranche, à un moment donné ? Qui peut croire possible d’en accroître indéfiniment l’optimisation et à l’absence de sa codification rigoureuse aux différents régimes de la turbine ? Ce serait méconnaître qu’en existe une indépassable optimisation, fruit de nombreux calculs et simulations de cycles itératifs, réalisés dans le cadre du dimensionnement de l’installation.

    C’est pourquoi laisser croire possible d’obtenir une augmentation des performances de l’installation par la transgression de telles grandeurs de dimensionnement serait non seulement fallacieux, mais aurait quelque chose d’irresponsable et de dangereux.

    Le seul moyen de tirer davantage d’énergie de notre parc électronucléaire

    Madame le Premier ministre, madame la directrice du programme de grand carénage d’EDF, peut-être n’en êtes-vous pas convaincues, mais d’évidence, les procédés d’augmentation de la production électrique examinés ci-dessus souffrent tous d’une précarité que, en l’état, notre complexe industriel n’est pas en mesure de surmonter ; sauf le dernier d’entre eux, sur le degré d’optimisation duquel on n’a, hélas, aucune prise.

    Aussi, le bon sens professionnel ne saurait-il trop vous suggérer de recourir au plus efficace de ces procédés : renoncer à utiliser notre parc électronucléaire en servile supplétif du parc éolien et le cantonner définitivement à son régime de production de base à 100 % de puissance, comme prévu à l’origine.

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      Une énergie abondante pour pallier le manque d’eau

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 19 April, 2023 - 03:00 · 7 minutes

    En vertu du célèbre constat de Lavoisier, l’eau ne se perd ni ne se crée .

    Ici-bas, sa quantité est rigoureusement constante depuis la nuit des temps où on la trouve sous la forme liquide et sous la forme vapeur, selon ses conditions physiques. L’élément indispensable à la vie et au développement économique de l’humanité peut certes être décomposé en oxygène et en hydrogène, mais l’un et l’autre gaz sont très largement condamnés à redevenir H 2 O à plus ou moins brève échéance.

    Sur environ 70 % de la surface du globe terrestre, la présence d’ eau occupe un volume supérieur au milliard de km 3 , tandis que l’Homme a besoin d’en user environ 1500 km 3 /an pour ses divers usages.

    À première vue, cette considérable différence est plutôt rassurante. Hélas, 97,5 % de cette eau est saline ou saumâtre et 70 % des 2,5 % disponibles sont sous forme de glaces, en Antarctique et au Groenland. Pour ne rien arranger, une grande partie de la fraction restante se trouvant dans l’humidité des sols et dans les nappes profondes, la fraction d’eau effectivement disponible pour une utilisation directe par l’Homme est seulement de l’ordre de 0,007 %, soit 70 000 km 3 environ.

    La prodigalité du cycle de cette eau disponible est très inégalement répartie sur la planète, tant géographiquement que temporellement, selon les caprices d’un climat erratique au moteur non modélisable. Donc, pour faire face à des besoins biologiques et économiques croissants, l’humanité ne tardera plus à se trouver dans l’obligation de recycler localement et/ou régionalement les eaux usées et à plus grande échelle de dessaler l’eau mer et les eaux saumâtres. Pour ce faire, des solutions technologiques, attractives économiquement parlant, existent déjà, vrais outils d’un authentique développement durable.

    Il n’aura pas échappé aux personnes averties dont les gouvernements français semblent de plus en plus dépourvus depuis près de 30 ans que les changements de phases d’une eau bue et excrétée par des générations d’humains, depuis les lointains ancêtres de l’Homme de Neandertal, mettent en jeu des énergies considérables. Il en va a fortiori de même de la dissociation en gaz de cette eau et, comme nous allons le voir, de son recyclage et de son dessalement. S’agissant du recyclage, les niveaux requis de la qualité d’eau à obtenir selon son usage appellent une gradation du traitement partant de la méga station d’épuration et pouvant aller jusqu’au kit individuel de production d’eau potable.

    Cependant, toutes les technologies utilisées ont en commun d’être énergivores.

    La potabilisation des eaux usées par osmose inverse ou par nanofiltration

    L’osmose est un phénomène naturel se manifestant lorsqu’un liquide dilué et un liquide concentré sont séparés par un membrane semi-perméable dont la caractéristique est de laisser passer un type de molécule et pas les autres. L’eau diluée diffuse à travers la membrane vers l’eau salée. Le niveau d’eau salée augmente. À l’équilibre, la différence entre les niveaux « eau douce » et « eau salée » mesure la pression osmotique ; cette dernière dépendant de la différence entre les concentrations en sels des deux liquides.

    Si, par contre, une pression supérieure à la pression osmotique est appliquée sur la partie contenant l’eau concentrée en sels, le processus inverse est observé : l’écoulement à travers la membrane se fait dans le sens contraire et les molécules d’eau passent du côté concentré au côté eau dilué, la perméabilité sélective de la membrane empêchant toute migration des molécules de sel.


    Dans le cas du dessalement de l’eau de mer, la pompe haute pression doit fournir une pression osmotique de 25 bars.

    On ne s’attardera pas à détailler ici les caractéristiques et le fonctionnement de ces dispositifs de très hautes technologies, notamment en ce qui concerne les membranes (à fibre creuse, à spirale…), mais il est très important de mentionner que sur les théâtres de guerre irakiens et syriens, l’armée française sauva de la mort des populations locales au moyen de kits d’osmose inverse et de nanofiltration équipés de dispositifs UV. Demain, ces kits seront probablement détenus par tout un chacun pour usage domestique.

    L’énergie électronucléaire pour alimenter les stations de dessalement d’eau de mer et les stations d’épuration

    Le schéma ci-après dit mieux qu’un long discours pourquoi l’ énergie électronucléaire finira par supplanter toutes ses rivales, quelles que soient les technologies assez semblables retenues pour le dessalement et pour l’épuration.

    Ces procédés réclament de l’énergie sous forme d’une chaleur et d’une électricité que la centrale nucléaire est en effet seule capable de fournir rentablement à l’échelle de production bientôt requise, séparément ou simultanément, moyennant une adaptation technologique des tranches actuelles consistant à pondérer la distribution d’énergie primaire entre chaleur, ce qu’elle est déjà, et production d’électricité.

    Les trois raisons ci-après expliquent l’inéluctabilité de l’installation progressive de l’industrie du dessalement de l’eau de mer :

    1. Les réserves disponibles d’eau de mer sont immenses.
    2. La chute du coût de dessalement est régulière.
    3. Le dessalement est en mesure de répondre aux besoins croissants des usages domestiques, industriels, agricoles et à la nécessité de traiter les eaux usées.

    Dans ces conditions, rien de surprenant à ce que le marché de dessalement soit en plein développement, affichant un taux annuel de croissance de l’ordre de 7 %.

    Pour accéder à un point de vue plus large de la question, le lecteur est vivement invité à consulter l’article intitulé « L’esprit E = mc 2 à la manœuvre de l’économie circulaire ».

    Nécessité de « produire » de l’eau en vue de la « consommer » ?

    Les éminents hérauts du « Plan eau » de diversion présidentielle semblent délibérément méconnaître le truisme scientifique sans doute le plus ignoré de tous, selon lequel, sur cette planète, aucune créature n’est en situation de « produire » ni de « consommer » de l’eau.

    Non seulement toutes en sont largement constituées sans y être pour grand-chose, mais toutes ne peuvent en être que les usagers. Ce que l’idéologie environnementaliste aujourd’hui dominante a intérêt à faire passer pour une raréfaction irréversible de l’eau, à compenser donc par une moindre consommation, n’est que son absence plus ou moins longue durant la phase évaporation-condensation, hélas combinée à un déplacement erratique de cette dernière anormalement durable ces dernières décennies.

    Mais la quantité globale de cette eau terrestre, anarchiquement distribuée dans la période présente, demeure intacte. Ne reste donc à ses usagers qu’à aller la chercher là où elle se trouve principalement et partout où elle subsiste momentanément, après usage. Dans les deux cas, une production énergétique considérable va être de plus en plus requise dont on ne voit pas ce qui peut être en mesure de la fournir à des conditions économiques décentes, en dehors du nucléaire.

    Au demeurant, ceci tombe on ne peut mieux car pour exploiter le principal gisement d’eau planétaire, la France métropolitaine dispose de 5850 km de côtes harmonieusement réparties autour de son territoire, ne laissant que l’embarras du choix des lieux d’implantation de nouveaux sites nucléaires. Cerise sur le gâteau, les tranches de ces derniers seront refroidies à l’eau de mer, épargnant à nos fleuves les prétendus préjudices quantitatifs et qualitatifs que subiraient leurs eaux depuis 40 ans.

    À ce propos, L’auteur de ces lignes se fait fort de démontrer aux accusateurs qu’une tranche de 900 MW en circuit ouvert n’a besoin que de 1 m 3 /s d’eau pour être refroidie et qu’en circuit fermé, elle n’évapore – et non ne consomme ! – que 2 à 4 m 3 /s par ses tours aéroréfrigérantes. Quant à la dégradation thermique et chimique de l’eau, en aval de toute installation nucléaire, il est largement notoire qu’elle est sévèrement règlementée, surveillée et même sanctionnée, le cas échéant.

    Ainsi, réalise-t-on une fois encore, à la faveur de la présente réflexion, que de l’eau au rayonnement solaire, en passant par le vent, il n’y a rien de plus onéreux que ce qui est réputé naturellement gratuit…

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      Les énergies intermittentes ne sont pas « complémentaires » du nucléaire

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 13 March, 2023 - 04:30 · 6 minutes

    La réalité reprend toujours ses droits. La guerre en Ukraine , et (enfin) la prise de conscience de la nécessité d’être souverain en matière d’énergie gagne les media et le grand public.

    Or, actuellement, seul le nucléaire peut contribuer largement à cette indépendance. Les énergies intermittentes ont besoin d’un service de secours en cas de nuit sans vent. Ce ne peut être que le gaz comme nous allons le montrer. Ainsi, affirmer que le nucléaire et les énergies intermittentes sont complémentaires est une hérésie. Pire, elles sont un facteur d’augmentation de coût et d’instabilité  pour les centrales nucléaires.

    En France, les énergies intermittentes sont un alibi à la reprise du nucléaire

    Les États non écolo-schizophrènes (Suède, Finlande, Pologne, Pays-Bas, France, Italie peut être…) ont admis qu’il fallait relancer le nucléaire. On approche de la raison, c’est bien. Mais pour se faire pardonner (en France particulièrement), les autorités politiques en rajoutent sur les éoliennes et les panneaux solaires : c’est du « en même temps » pur jus. Nos édiles pensent même que régler la question du retard pris dans le développement du nucléaire (dont ils ont tous été plus ou moins les instigateurs délibérés) se fera par une accélération des énergies renouvelables. Ils montrent par là qu’ils n’ont rien compris au dimensionnement d’un réseau électrique, qui se fait en capacité pilotable (les kW) et pas en énergie (les kWh). Il y aura toujours des nuits sans vent. Le soleil et Éole ne sont pas pilotables.

    Hormis ce gage donné aux écologistes pour faire avaler un volteface salutaire, l’éolien et le solaire sont- ils utiles dans un réseau à base de nucléaire, sont-ils même « complémentaires » comme on nous le répète à l’envi ?

    Les énergies intermittentes sont-elles utiles ?

    Dès l’instant où on admet (ce qui est vérifiable très facilement sur les sites nationaux de suivi des productions électriques) qu’il peut y avoir des nuits sans vent sur quasiment toute l’Europe, les éoliennes et le solaire apparaissent comme des investissements redondants sur le réseau, puisqu’il faut assurer la sécurité par des centrales pilotables. Dans ces conditions, qu’apportent-ils ?

    Sur le plan environnemental

    Rien. La production du silicium est au moins aussi polluante que la production du minerai d’uranium. Et on démontre qu’il faut davantage de ressources en matériaux au kWh produit pour l’éolien que pour le nucléaire. Le bilan carbone total est également meilleur pour le nucléaire que pour les ENR intermittentes.

    Sur le plan économique

    Il faut comparer le coût complet du kWh éolien et solaire au coût marginal (en gros le coût d’exploitation variable) des moyens pilotables, puisque de toute façon il faut construire ceux-ci. Pour l’hydraulique et le nucléaire, ces coûts variables sont très faibles, bien inférieurs au coût complet des ENR. Il n’y a donc pas non plus d’intérêt économique.

    Sur le plan de la souveraineté

    Force est de constater que la France n’a pas été capable de construire une filière nationale. Les éoliennes sont construites par des Américains (depuis peu partiellement en France), des Espagnols, des Allemands et des Danois. Le silicium est importé de Chine. Certes, l’uranium est importé, mais d’une variété de pays, ce qui le sécurise. De plus, il est facile d’avoir un stock de dizaines d’années, sans parler de la filière surrégénératrice, que la France a mise au point avec 30 ans d’avance. Et même si nous sous-traitons certaines opérations, nous avons le potentiel technique pour les rapatrier.

    On ne voit donc pas en quoi les éoliennes et le solaire nous sont utiles.

    Les énergies intermittentes nuisent gravement à la conduite du réseau

    Elles varient, à long, moyen et court terme. La variation à l’échelle du jour, voire de l’heure, est très pénalisante. Il faut des centrales pilotables prêtes à intervenir en urgence. L’hydraulique peut jouer ce rôle en deçà de 10GW environ en France. Mais elle n’est pas suffisante au-delà d’une proportion d’intermittents dans le réseau. Et il faut déjà assurer ce suivi rapide pour les fluctuations de consommation. Tout se passe comme si ces fluctuations rendaient encore plus variable la consommation.

    La situation est particulièrement critique en été : même si la pointe de midi coïncide avec le maximum solaire, elle est loin de gommer la variabilité. Imaginons (comme c’est prévu) que nous ayons 60 GW de solaire, ça démarre à zéro à 6 heures du matin, culmine à 60 GW à midi, et redescend à zéro à 21 heures… Il faut un réseau pilotable qui fasse ce yoyo en sens inverse…

    Le nucléaire n’en n’est pas capable, du moins sans risques, sans surcoûts et sans raccourcir la durée de vie des réacteurs. Les grosses centrales à charbon et même les grosses centrales à gaz (à combustion combinée) ont le même problème, lié aux changements de température et de dilatations lors des changements de régime.

    On ne peut donc utiliser que des centrales très flexibles. Ce sont généralement des centrales à gaz alimentées en gaz naturel, voire des turbines de type aéronautique. Leur rendement est moins bon et surtout elles ne fonctionnent pas en régime nominal, ce qui dégrade considérablement leur rendement.

    En outre, que fait-on si le soleil d’août donne 60 GW avec une charge de consommation de 50 GW ?

    Pour l’éolien, c’est un peu la même chose, avec des fluctuations différentes, aléatoires : le vent souffle par rafale, les variations en local peuvent être très rapides… Le réseau peu les encaisser dans une certaine mesure… si on a des grosses centrales pilotable dessus, comme on le verra ci-dessous. Mais il y a des limites.

    C’est ce qui explique l’engouement des fournisseurs de gaz pour les énergies intermittentes…

    D’autres contraintes peu connues car plus techniques

    La source finale de l’électricité produite par les éoliennes et les panneaux solaires est constituée de convertisseurs électroniques. Ils n’ont pas d’inertie, comme les gros groupes turbo-alternateurs. Or, cette inertie est indispensable pour absorber, justement, les fluctuations rapides du réseau. Pour pallier ce défaut, il faut ajouter des dispositifs coûteux : batteries, condensateurs, le tout piloté (encore) par de l’électronique. Notons d’ailleurs que ces coûts ne sont pas supportés par les ENR !

    Les équipements utilisateurs de l’électricité ont besoin d’une énergie productive mais aussi d’une composante non-productive (appelée énergie réactive). Seules les centrales à turbo-alternateurs peuvent la fournir. Là encore, on peut la fabriquer électroniquement mais au prix de gros investissements.

    Ces deux problèmes sont cruciaux. À tel point que certains opérateurs d’ENR intermittentes suggèrent de faire tourner les grosses centrales à vide juste pour pallier ces défauts !

    Et la suite ?

    On pourrait résumer tout ceci en renversant la problématique : les ENR ne viendront pas au secours des centrales classiques, ce sont les centrales classiques qui viennent au secours des ENR.

    Mais comme la réalité de la guerre en Ukraine s’impose pour redorer le blason du nucléaire, les réalités technico-économiques s’imposeront un jour pour valider les réflexions ci-dessus. D’ici là, beaucoup de dégâts auront été faits. On aura sans doute aussi construit de nouvelles centrales à gaz pour attendre le nouveau nucléaire.

    L’Allemagne a déjà ces problèmes, avec 130 GW d’ENR intermittentes. Elle les « dilue » sur l’ensemble de ses voisins pour l’instant. Mais si tout le monde fait comme elle ?

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      Doit-on promouvoir l’abstinence énergétique ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 8 March, 2023 - 03:40 · 9 minutes

    Dans le récent article du journal Le Monde intitulé « Une relance nucléaire décidée dans le plus grand mépris démocratique », la secrétaire nationale d’un parti ayant eu la peau de Fessenheim et celle de Superphénix, avec seulement 6 à 7 % du corps électoral, déplore implicitement le bafouage de sa militante chasse gardée : la CNDP.

    Madame Tondelier surestime manifestement le nombre des nostalgiques de cette mystification consultative et n’a pas encore perçu que ses compatriotes en ont majoritairement soupé de la fallacieuse démocratie dont ils n’ont pas fini d’endurer les effets délétères. Désormais, ces Français veulent être directement pris à témoins de l’appréhension par des experts reconnus de problèmes fondamentaux comme celui soulevé ci-après par Jean-Jacques Biteau 1 , sans travestissement médiatique, ni intermédiaire.


    La liberté relative de chaque être humain de choisir son alimentation et son énergie

    Elle est toute relative, car très différente suivant les pays et les niveaux sociaux des individus.

    Le problème majeur est que la planète Terre a des limites que nous, humains, cernons d’évidence de plus en plus, explorons et exploitons. Cette exploitation ne se construit d’ailleurs pas toujours dans des conditions de préservation naturelle optimales alors que celles-ci deviennent de plus en plus essentielles à nos projets pour les rendre acceptables.

    Il est possible que pour peu que nous découvrions un jour sur Mars ou sur la Lune des éléments utiles à produire notre énergie, nous puissions les extraire et les importer. Ceci n’est certainement pas pour le court et le moyen terme. La fusion nucléaire viendra aussi probablement à moyen terme fournir de l’électricité et, comme la fission nucléaire, sera contrôlée et mise en œuvre par des États, à cause des forts CAPEX, sans parler de sécurité des installations.

    Les limites planétaires sont des limites volumiques. Je ne parle pas de l’uranium mais d’abord des produits carbonés fossiles qui sont pour 80 % ceux de notre énergie. Ils proviennent de stocks animaux et de végétaux déposés, enfouis et fabriqués pendant des millions d’années avec des pertes considérables du début à la fin. La géologie et la durée des processus regorgent de facteurs contraires à leur préservation, ce qui rend ces hydrocarbures et à moindre titre les charbons très précieux et épuisables. Contrairement aux idées répandues, les liquides et les gaz naturels vont se raréfier à moyen terme et décliner en quantités et en volumes d’extraction. Le charbon c’est un empire de mille ans.

    Des consultants comme Rystad ou WoodMackenzie commencent à en parler en citant certains types de pétroles et même tous les hydrocarbures, comme c’est le cas de l’ ASPO depuis 30 ans. Les compagnies pétrolières le savent mais ne vont pas se tirer une balle dans le pied, si j’ose dire ! Vous remarquerez que certaines empruntent les chemins d’autres sources d’énergie, ce qui n’est pas du pipeau – du greenwashing comme disent les journalistes – mais leur survie à terme et leur préparation du futur.

    La démographie humaine fait que nos besoins énergétiques, certes très inégaux entre les continents et les pays, augmentent sans cesse et la transition voulue se révèle être une addition de sources dont certaines que l’on pensait déclinantes comme le charbon ou la biomasse.

    Tout cela mis bout à bout fait qu’une régulation est indispensable (chauffage, transports en commun…). J’y ajouterai bien volontiers l’utilisation de l’eau, un bien commun essentiel à notre alimentation…

    Ces règles que vous trouvez contraignantes seront capables de préserver notre niveau de vie et d’aider ceux qui ont un niveau de survie à élever. Bien sûr, et c’est le point de vigilance, ceci est concevable en évitant de se laisser aller aux endoctrinements et puis aux dictatures que des idéologues dogmatiques et radicaux – « pastèques » ou « khmers verts » – très minoritaires, comme les bolcheviks ou les nazis au début de leurs ascensions, sauraient nous imposer, pour peu qu’on n’anticipe pas cette régulation énergétique et minière.

    Minière, oui nécessairement et ce sera en rouvrant activement des mines notamment en Europe occidentale, à même de nous pourvoir en minéraux critiques que l’électrification de la locomotion nécessitera.

    Pierre-René Bauquis 2 renchérit sur le caractère prégnant de la finitude des ressources énergétiques naturelles.

    La planète devrait pouvoir tolérer sur son sol la présence de 3 à 4 milliards d’êtres humains sans trop de préjudices pour leur biosphère mais pas celle de dix ni même de cinq milliards. Et si une vraie lueur d’espoir assez inattendue et discutable semble se dessiner pour l’aventure humaine, quant à son avenir démographique, la lecture d’une étude de l’ASPO – le président en est Jean Laherrere – me conduit à penser qu’il n’est toujours pas exclu que le vaste rééquilibrage démographique se fasse de façon catastrophique. Certes, il y a une trentaine d’années j’étais convaincu que ce rééquilibrage ne pourrait se faire qu’à coup de famines, de guerres et d’épidémies.

    C’est sous l’angle de ce constat qu’il convient de placer aujourd’hui le débat car le vieux dilemme étatisme versus libéralisme présente, certes, un intérêt pour la gestion court/moyen terme mais pas pour la gestion de long terme.

    Réfléchir dès maintenant à une évolution de la notion d’État vers toujours plus de dirigisme ?

    Sans doute pas, car le devoir premier et permanent d’un État est de promouvoir les conditions permettant au peuple de s’approvisionner suffisamment en eau et en énergie.

    En 2023, ceci signifie adopter l’attitude résolument déterministe consistant à trouver le moyen de garantir à l’économie du pays l’approvisionnement énergétique le plus abondant, le plus sûr et le moins cher possible, laissant à d’autres dont c’est le rôle, la fonction ou le métier de donner une matérialité à des états d’âme prospectifs ou probabilistes.

    Une telle responsabilité interdit en tout cas à l’État de se muer en organisation confessionnelle ou en agence doctrinaire s’autorisant la police morale et/ou la police des mœurs chargées de contingenter les consommations d’énergie. Cette responsabilité consiste au contraire à laisser le soin à des systèmes production-consommation commerciaux loyaux et surtout disciplinés de procéder le plus naturellement du monde à tout contingentement, lorsque nécessaire. Depuis la nuit des temps, le gradient des contingentements le plus lent qui se puisse imaginer résulte en effet de la rencontre permanente des limites physiques de notre univers par les systèmes en question. Hélas, pour le plus grand malheur de la France, l’idéologie depuis trop longtemps au pouvoir nie contre toute évidence que ce gradient a jusqu’ici ménagé à un génie humain toujours plus inventif les temps de réponse suffisant à permettre à la civilisation de s’adapter au fur et à mesure.

    Or, c’est précisément dans cette inventivité que tout État soucieux de l’optimisation du progrès économique et social de ceux qui l’ont constitué est tenu de puiser constamment pour favoriser l’accroissement des rendements et de l’efficacité énergétique de tous les process techniques, organisationnels, sociaux et même intellectuels réclamant de l’énergie, des matières premières et de la main d’œuvre. N’est énoncée là que la banalité de l’optimisation socioéconomique dans laquelle le niveau de vie des citoyens a toujours puisé sa croissance, érigée en précepte depuis un siècle et demi par les économies les plus saines.

    Mais la sobriété, voire l’ascèse énergétique que s’imposerait une société entière ou que lui imposeraient ses gouvernants, portant le nom de récession programmée, n’a rien à voir avec tout ceci. On attend de ceux qui pense le contraire la démonstration selon laquelle la prospérité économique – la croissance pour faire simple – ne serait pas proportionnelle à la consommation de matières premières, à la consommation d’énergie tout particulièrement.

    Si donc on admet que les économies d’énergie ne peuvent être attendues que de l’amélioration de tous les rendements industriels et sociaux, la seule chose à faire est de rendre notre économie la plus performante possible, ce que font très mal, depuis des années, les acteurs qui chez nous en ont la charge et prétendent pourtant faire de leur mieux.

    En tout cas, le gosplan étatique consistant à imposer la rénovation et l’isolation des bâtiments à marche forcée et à un prix d’or 3 qui serait plus utile à financer les moyens de production énergétiques dont on prétend ainsi se passer, ce gosplan donc est bien le contraire d’une optimisation économique. Car, outre qu’on décide d’une baisse de régime de la machine économique, au sens premier du terme, le rendement de la dépense ainsi arrachée aux Français, sans qu’ils aient eu à en choisir l’usage, promet d’être catastrophique, comme tout ce que touche leur État.

    En résumé, la société moderne – la française en particulier – semble plus que jamais confrontée au dilemme suivant : choisir ou non de provoquer la récession économique par une décroissance énergétique volontaire que, même modérée, aucune mesure d’abstinence ne sera capable de compenser, en termes de PIB. Or, en l’état actuel des choses, choisir de ne pas provoquer une telle récession ne peut consister qu’à tout miser sur l’énergie nucléaire de quatrième génération et à laisser à un marché non dévoyé le soin de rendre l’abstinence attractive, à un rythme permettant au consommateur et au contribuable d’en mesurer régulièrement les bienfaits sur leurs factures.

    1. Jean-Jacques Biteau, Ingénieur géologue ENSG Nancy 1977, retraité Elf Aquitaine et Total (1979-2019) ; dernier poste actif : Directeur E&P de la Coordination/Arbitrage Exploration
    2. Pierre-René Bauquis, Géologue ENSG et économiste ayant travaillé à l’Institut Français du Pétrole et au groupe Total, enseignant en économie énergétique en France et à l’étranger.
    3. Se figure-t-on bien les sommes colossales représentées par « la mise à niveau thermique » de l’ensemble du parc immobilier français, dans les courts délais requis par la disparition programmée de nos moyens de production ? Des sommes colossales que l’État se dispose à extorquer quasiment au comptant et non à tempérament au contribuable et au consommateur.
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      Carburants : prix, coûts, et bénéfices pour l’État

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 3 March, 2023 - 04:30 · 5 minutes

    Tandis que l’on nous promet un avenir radieux avec la généralisation du véhicule électrique , le prix du carburant pour les véhicules explose. La dernière fois l’augmentation des taxes avait suscité la révolte des Gilets jaunes qui a fait vaciller le pouvoir. Mais cette fois-ci tout le monde se tait puisque l’on a montré du doigt la guerre en Ukraine alors que des sommets inenvisageables hier ont été atteints.

    Sur un produit dont le prix était encore hier autour d’un euro le litre, on finit par remercier le Groupe Total de nous annoncer un plafonnement pour 2023 à 1,99 euro !

    La mémoire, l’analyse, le bon sens ont-ils à ce point déserté le pays pour que si peu de commentateurs fassent remarquer que les taxes prélevées désormais sur les produits pétroliers ont dépassé l’euro, c’est-à-dire que c’est bien l’État qui profite du prix élevé payé par tous les automobilistes et non pas les raffineurs et distributeurs. Pour chaque litre acheté l’État prélève plus d’un euro, c’est-à-dire le prix jugé insupportable par les révoltés d’hier !

    Quand on ajoute à ce constat celui du prix de l’électricité qui a atteint des sommets ces derniers mois dans l’incompréhension totale de tous les consommateurs, en particulier les artisans et les industriels, on se doit de réfléchir à ce paradoxe qui voudrait que l’État veuille se séparer des véhicules thermiques qui alimentent son budget tandis qu’il nous entraîne vers des véhicules électriques sans avoir maitrisé ni la montée de la production d’électricité ni le prix auquel ils pourront les alimenter !

    Tout semble indiquer que l’État utilise à fond la vache à lait actuelle du moteur thermique, se gave de taxes pétrolières, tandis qu’il condamne l’avenir de cette manne en lui substituant un produit dont il dénonce la pénurie potentielle de l’alimentation sans bien savoir quel profit pour son budget il pourra en tirer.

    On maltraite les consommateurs actuels mais l’avenir est opaque. On peut donc parler de politique de gribouille tandis que l’on exhorte les producteurs, raffineurs et distributeurs de produits pétroliers à « faire des efforts » comme s’ils étaient responsables du premier euro des taxes prélevées !

    Prenons donc un peu de hauteur

    Les énergies fossiles fournissent aujourd’hui plus de 80 % de l’énergie consommée dans le monde.

    Les alternatives ne sont pas nombreuses, elles tournent autour de l’énergie nucléaire et de l’utilisation de l’eau, du soleil et du vent sans oublier la géothermie et l’utilisation des déchets de toutes sortes. Bien évidemment, il faut lutter contre les gaspillages et améliorer les rendements, ce qui représente une des activités majeures aujourd’hui de la science, de la technique et de l’industrie.

    Notre pays s’est engagé dans une politique suicidaire d’éradication des fossiles en affaiblissant les alternatives qu’il avait développées, le nucléaire et l’hydraulique, et en souhaitant faire confiance à des sources d’énergie intermittentes, le solaire et l’éolien, qui ne répondaient en rien à nos besoins de pics de consommation puisque dépendant du vent et du soleil !

    En fait, sans le dire vraiment, nous avons engagé le pays dans une politique de décroissance, décroissance industrielle en parallèle à décroissance de production énergétique. On a beau jeu de célébrer aujourd’hui une nécessité de « sobriété », mais ce sont les risques de pénurie que nous constatons en incitant au changement de « modes de vie ».

    Et la politique d’augmentation des prélèvements partout où c’est possible ne mène nulle part ; elle appauvrit les entreprises, les font disparaître, réduit l’activité, réduit les salaires réels et donc le pouvoir d’achat, et surtout n’engage pas la réforme essentielle, celle de la réduction du train de vie de l’État, réduction des bureaucraties, réduction des normes et règlements, des contrôles, des sanctions et des punitions qui entravent la liberté et l’envie d’entreprendre.

    L’augmentation non maitrisée des taxes sur l’énergie, qu’elle soit pétrolière, gazière ou électrique permet aujourd’hui à l’État de ne pas s’interroger sur les économies structurelles à effectuer d’urgence pour que notre pays puisse survivre en maintenant sa prospérité. La pédagogie indispensable à effectuer est celle des coûts actuels de l’énergie et du passage de ces coûts -factuels- aux prix qui sont demandés aux consommateurs, en mettant fin à la politique désastreuse des chèques et des boucliers.

    Cette habitude est coûteuse, elle est aveugle et inefficace. C’est une politique de communication indigne d’un pays comme le nôtre. Il s’agit, non pas de satisfaire momentanément un électorat déboussolé par les peurs et les injonctions contradictoires mais d’engager l’avenir du pays sur la voie de l’énergie abondante, bon marché et souveraine, c’est-à-dire l’inverse de ce qui a été fait depuis bien longtemps.

    Expliquons d’abord qui gagne quoi avec les prix actuels de l’essence, du gazole, du gaz et de l’électricité. Que chaque profession indique ce qu’elle fait payer au consommateur français et que l’État expose à la population tout entière combien il prélève et quel usage il en fait. Cette présentation pourrait permettre à la population de comprendre d’où l’on part et quels sont les enjeux : les automobilistes, les routiers, les industriels, les commerces, les artisans, tous ceux qui souffrent quotidiennement de voir leurs prix augmenter ont le droit de savoir de quelle façon leurs efforts contribuent ou non au bien commun et au redressement du pays. Pour l’instant chacun se sent dans la peau du « cochon de payant » sans perspective de rétablissement.

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      Énergie : produire des KWh sur un marché faussé

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 1 March, 2023 - 03:35 · 7 minutes

    Un livre vert publié par la Direction Générale de l’Énergie et des Transports de la Commission UE sur l’efficacité énergétique titrait ceci en juin 2005 : « 20 % d’économies d’énergie d’ici 2020. » Ses auteurs y traduisaient synthétiquement comme suit les dispositions d’un lot de directives UE dont la plus connue est la 2002/91/CE et dont la transposition figurait au Journal Officiel du 4 janvier 2003.

    Le marché seul ne permettant pas de réaliser les économies d’énergie qui s’imposent, les pouvoirs publics doivent agir pour influencer les comportements et inciter à isoler les maisons, à acheter des voitures moins polluantes et à utiliser les transports publics . Jugeant intenable que l’UE importe 50 % de besoins en énergie croissant de 1 à 2 % par an, pour quelque 240 milliards d’euros, quand les sources d’énergie sont réputées se raréfier, ladite direction estimait que les prix de l’électricité ou de l’essence – certes chers pour une partie de la population – ne reflétaient pas les véritables coûts sociaux et n’incitaient pas suffisamment les consommateurs à faire des économies.

    Le rôle de l’UE

    Elle jugeait donc nécessaire de réduire de 20 % la consommation énergétique européenne au plus tard en 2020, économisant ainsi 60 milliards d’euros par an à l’UE. Selon elle, un ménage moyen devait pouvoir facilement économiser de 200 à 1000 euros annuels de consommation, l’industrie tirer de ses 20 % d’économies une compétitivité renforcée et la création d’un million d’emplois en Europe.

    Le secteur des bâtiments représente à lui seul 40 % de l’énergie consommée dans l’ Union et trop d’énergie est censée être gaspillée dans ce secteur, en raison de systèmes de chauffage et d’éclairage inefficaces.

    Aussi, en 2003, l’ Union s’est-elle dotée d’une législation clé permettant d’améliorer les performances énergétiques de l’immobilier par l’application de normes plus strictes aux bâtiments neufs. L’impact de cette législation ne peut évidemment que dépendre de sa bonne application par des États membres tenus de la transposer dans le droit national avant janvier 2006. De plus, la Commission propose d’en étendre le champ d’application à tous les bâtiments rénovés ou à rénover.

    En prenant quelques mesures élémentaires d’isolation, un ménage moyen doit pouvoir facilement économiser 200 euros sur sa facture annuelle de consommation énergétique.

    L’industrie doit par ailleurs donner l’exemple en investissant dans les technologies efficaces permettant de consommer moins. Pour l’y aider, les pouvoirs publics doivent mettre en place un cadre plus propice aux investissements (exonérations ou réductions fiscales, aides à l’investissement, instruments de financement innovants pour les projets à petite échelle, etc.). L’Union européenne est durablement décidée à développer des instruments de marché et à encourager les accords avec l’industrie, mais elle sera peut-être dans l’obligation de recourir à des mesures réglementaires pour pallier les insuffisances du marché.

    Les efforts consentis par l’industrie pour consommer moins d’énergie permettront à terme de réduire les coûts de production et d’accroître la compétitivité des entreprises. De plus l’industrie européenne doit y voir une opportunité de développement de nouvelles technologies qui s’exporteront dans le monde entier…

    Mais c’est bien sûr ! Que les uns et les autres n’y ont-ils pas pensé avant ?!

    Résumons la transcendante logique de ce qui précède, que tous les gouvernements français ont adopté – que dis-je ? – surtransposée avec enthousiasme : le citoyen et l’industriel n’étant pas raisonnables, voire masochistes, au point d’être insensibles jusqu’au gaspillage à la pression croissante des prix de l’énergie sur leurs budgets et au point de n’avoir ni vu ni compris ce qui est dans leurs intérêts personnel, professionnel et autre communautaire, l’État se doit de prendre forfaitairement les commandes de leurs finances individuelles, sachant mieux qu’eux combien, comment et dans quoi les dilapider.

    Examinons donc ce qu’ont donné 15 années de transposition de la 2002/91/CE.

    En 2005, la consommation totale d’énergie primaire française fut de 276,5 Mtep, la consommation d’énergie finale de 44 Mtep pour le seul résidentiel. En 2020, ces consommations étaient respectivement 2572 TWh, soit 221 Mtep et 38 Mtep. Ainsi, alors que notre consommation d’énergie primaire avait chuté de 20 % en 15 ans, celle de l’énergie finale n’avait-elle reculé que d’un peu plus de 13 % dans le résidentiel.

    Est particulièrement sagace celui qui peut dégager de performances aussi peu exaltantes le résultat d’un volontarisme gouvernemental de celui d’un affaiblissement économique du pays, le PIB français/habitant étant passé de 34 768 dollars à 39 055 dollars sur la période, une progression moyenne de 0,8 % par an à comparer à celle des Allemands de 2,4 % par an !

    Mais l’important n’est pas là. L’important est de savoir combien économiser 3 à 4 misérables Mtep dans le résidentiel, combien ce dernier se dispose à payer les rares Mtep suivants et la probable récession économique en découlant… avec un besoin d’énergie primaire toujours plus faibles.

    Le journal Les Échos répond ainsi à la première question :

    « Entre 2005 et 2019, la dépense a fluctué entre 600 millions d’euros et 2,8 milliards selon les années, pour un montant cumulé supérieur à 20 milliards d’euros. »

    Effy magazine , quant à lui, apporte la réponse suivante à la seconde :

    « Le plan du gouvernement baptisé France Relance prévoit d’allouer 7 milliards d’euros à la rénovation énergétique des bâtiments – en subventions publiques – et 2 milliards pour la rénovation des logements individuels, sur les 30 milliards consacrés à la relance verte. »

    Et la France entière se demande avec inquiétude où ses gouvernants vont-ils bien pouvoir trouver les quelques 55 milliards d’euros nécessaires à la construction à perte de vue de six EPR2, les 65 milliards d’euros de dettes de l’opérateur appelé à les construire… et les 10 milliards d’euros qu’il va falloir préalablement débourser pour son rachat…

    Ainsi, non seulement le pouvoir ne se pose même plus la question de savoir s’il ne serait pas plus rationnel et plus profitable, sur tous les plans, à la communauté nationale de trouver le moyen de produire sur son sol une énergie dont la croissance vertigineuse de la demande est appelée à rendre indiscernable toute notion de gaspillage, mais sa récente législation se lance dans une implacable guerre contre les passoires thermiques , dont les nombreuses victimes ne tomberont sûrement pas sans combattre.

    D’une part, le concept de gaspillage fallacieusement manipulé par les pouvoirs publics n’a pour objectif que de gruger contribuables et consommateurs d’un produit commercial – qu’on le veuille ou non, partout dans le monde, les KWh de toute nature ne s’achètent que sur des marchés aux formes administrée ou privée plus ou moins travesties, plus ou moins dévoyées, des KWh produits à perte n’existant nulle part – dont chaque client est à même d’optimiser sa facture, sans qu’on prenne prétexte de le faire pour lui, à l’aide d’une collectivisation de sa contribution forfaitaire forcée.

    D’autre part, la guerre déclarée aux passoires thermiques par les émules de Cécile Duflot semble avoir pour devise « plutôt loger les humbles dans la rue qu’à l’intérieur de passoires thermiques ». Ce n’est pas par hasard que Philippe Mabille, le directeur de la rédaction de La Tribune , vient d’appeler « Macron à entendre le cri des futurs gilets jaunes du logement », se référant au cri d’alarme récemment lancée par celle qui a failli être Premier ministre, Véronique Bédague de Nexity .

    Quant à la spéculation induite sur le prix de vente des passoires thermiques , elle ne peut qu’aggraver le caractère mortifère d’une politique énergétique dont le caractère irresponsable est toléré depuis trop longtemps.

    La mission première d’un État qui se respecte n’est-elle pas de favoriser les conditions donnant à la population le meilleur accès possible aux éléments vitaux de son existence ? Or, après l’eau, la nourriture et la protection sanitaire, quel autre élément vital vient-il aujourd’hui à l’esprit d’un contemporain, sinon l’énergie ? Dans ces conditions, comment se fait-il que dans un pays aussi développé que le nôtre ne s’est encore trouvé aucune voix pour s’insurger contre la sournoise défausse du gouvernement de sa mission essentielle, au moyen de cette dilatoire rénovation immobilière ?

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      La concurrence a favorisé le marché américain de l’électricité

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 28 February, 2023 - 03:50 · 4 minutes

    Un article de l’Iref-Europe

    Le marché américain de la production, du transport et de la distribution de l’électricité est ouvert à de nombreuses entreprises privées ou publiques, des utilities , régulées au niveau fédéral par deux agences qui coordonnent leur travail : la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) et la Energy Information Administration (EIA). Une réglementation veille à éviter les abus de monopole territorial des réseaux qui gèrent le transport (lignes à haute tension), tandis que la production et la distribution d’électricité (lignes à basse tension), plus concurrentiels par nature, sont plus libres.

    Alors qu’antérieurement les utilities devaient en principe limiter leurs activités au seul domaine régulé et au territoire d’un seul État face à une crise énergétique, une loi de 1978, dite PURPA, a encouragé la concurrence, la fiabilité et l’efficacité de la production et de la distribution de l’électricité en favorisant la création de nouvelles centrales de production, des qualifying facilities (QFs), auxquelles les opérateurs électriques traditionnels, les utilities , étaient désormais obligés d’acheter une partie de leur électricité lorsque les prix affichés par les QFs permettaient de proposer une électricité moins chère pour le consommateur que si l’ utility s’était chargée elle-même de la production. Cette loi fédérale, dont l’application était confiée aux États fédérés, contribua à la construction de nombreuses centrales nouvelles et indépendantes de production d’électricité.

    En 1992, une nouvelle loi fédérale, Energy Policy Act (EPACT), a encore ouvert le marché de la production électrique à la concurrence en permettant à de nouveaux producteurs indépendants, les « Exempt Wholesale Generators », moins réglementés que les QFs et les compagnies traditionnelles, de vendre leur production ou même de l’électricité acquise ailleurs, à des acheteurs sur un ou plusieurs États via les réseaux électriques locaux auxquels les utilities devaient leur donner accès.

    D’autres lois subséquentes en 2005, 2007 (Energy Independence and Security Act), le Clean Power Plan en 2015… ont encore favorisé, notamment par des programmes d’aides publiques, la compétition intérieure et incité à la production d’énergies renouvelables.

    Globalement, la production d’énergie électrique aux États-Unis est bien réglementée tant au niveau fédéral, via l’organisme indépendant de contrôle, la Federal Energy Regulatory Commission, qu’au niveau des 50 États – avec leurs Congrès respectifs et leurs autorités de régulation locales : les Public Utilities Commissions . Une autre agence fédérale indépendante, Energy Information Administration (EIA), est chargée de fournir des données et des prévisions indépendantes du pouvoir politique, et des analyses permettant des décisions politiques appropriées. Mais globalement, la production, le transport et la distribution en gros de l’électricité sont beaucoup plus diversifiés et plus décentralisés qu’en France.

    Curieusement, le marché de détail offrant aux consommateurs la possibilité de choisir leur fournisseur géré au niveau des États, a été moins ouvert à la concurrence qu’en Europe. Des États importants avaient ouvert leur marché de détail à la concurrence : Texas , New York, Michigan, Ohio, Illinois, Pennsylvanie… mais ils ont été plus frileux après le scandale Enron et la crise de l’électricité en Californie au début des années 2000 que certains ont attribué à la libéralisation du marché. Il semble pourtant que cette crise a été surtout due à la réglementation du marché qui imposait des contraintes environnementales excessives aux producteurs, un prix plafond aux distributeurs d’électricité et empêchait ceux-ci de signer des contrats d’approvisionnement à long terme.

    Les tarifs d’électricité

    Le marché américain de l’électricité a permis d’offrir aux consommateurs des prix inférieurs à ceux de la France et leur augmentation de 2000 à 2020 a été en moyenne (tous secteurs confondus) de l’ordre de 25 % ainsi que l’indique ce tableau de l’EIA sur les prix de détail mensuels de l’électricité de 2000 à 2020 :

    En France, le tarif électrique est plus élevé, même le tarif réglementé, et il a connu des hausses de l’ordre de 70% de 2000 à 2020 :

    Prix de l’énergie en France

    Graphique évolution prix énergie – Source : Info énergie

    Mais contrairement aux États-Unis les prix ont flambé en France et en Europe depuis 2021 ainsi que l’indique le tableau ci-dessous (cf. le graphique de l’EIA ci-dessus) :

    Certes, la relative liberté de marché et le nombre important d’acteurs privés, y compris dans la production nucléaire, ont parfois causé des accidents de parcours aux États-Unis. La relative stabilité des prix de l’électricité y est due aussi à l’augmentation significative de la production du gaz de schiste à bas prix. Ayant de la peine à soutenir la concurrence avec ce gaz, de nombreuses centrales nucléaires ont été en difficulté et ont dû faire appel à l’argent public (Nex-York, Illinois, Ohio, Pennsylvanie) et/ou se placer sous la protection du  « chapter 11 » pour éviter les faillites, comme Westinghouse en 2017, tandis que certaines entreprises comme Santee Cooper et Scana Corporation stoppaient la construction de nouveaux réacteurs.

    Aux États-Unis le secteur de l’énergie électrique parvient néanmoins à réduire sensiblement sa production carbonée, la production venant du charbon et du pétrole ayant baissé de 50 % environ depuis 20 ans comme le montre le graphique ci-après :

    En définitive, avec toutes les imperfections du marché américain et le mélange parfois nocif de réglementation et de compétition qui y existe, la large privatisation du marché et la concurrence offrent au consommateur une énergie à meilleur prix et peut-être plus sécurisée que sur le marché hyper réglementé de l’Europe.

    Sur le web

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      NégaWatt, le délire se chiffre déjà à 36 milliards d’euros pour EDF

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 22 February, 2023 - 04:15 · 8 minutes

    Parcourons à livre ouvert la réalisation de la prophétie négaWatt 2011 consolidée 2013, dont la synthèse est accessible au lien .

    Se rendre en premier lieu au tableau de la page 6 synthétisant une modélisation de la prescription négaWatt partant des services énergétiques auxquels la société se doit d’imposer un surcroît d’efficacité et de sobriété pour arriver à un besoin d’énergie primaire essentiellement satisfait par les renouvelables et se dispensant largement de nucléaire.

    Le cahier des charges des économies à réaliser pour y parvenir est ainsi résumé en page 7 :

    «… partant d’une consommation énergétique finale de 1908 TWh en 2010, les économies les plus importantes sont trouvées dans le bâtiment résidentiel et tertiaire, avec près de 400 TWh d’économie en 2050 par rapport au tendanciel, soit une réduction de 49 %. Suivent les transports, avec plus de 450 TWh d’économie soit moins 67 %, puis l’industrie avec 250 TWh d’économie soit 51 %. L’agriculture en tant que telle est marginale dans ce bilan sur les usages qui ne prend en compte que les consommations spécifiques (gazole des tracteurs, chauffage des serre, etc…) : elle est en fait intégrée à la courbe de l’industrie. »

    En découle l’évolution comparée des consommations énergétiques finales (en TWh) par secteurs d’activités , entre le scénario ainsi proposé par négaWatt et le scénario tendanciel, illustrée par le graphique de la page 8; la période considérée allant de 2000 à 2050.

    Suit la longue déclinaison des moyens réputés accessibles de limiter l’appétit énergétique desdits secteurs d’activités, parallèlement à une montée en puissance soutenue des énergies renouvelables et à une sévère décroissance du nucléaire.

    L’exposé de cette mutation prodigue de bénéfices en tout genre et à portée de main de la société française débouche sur ceci, en page 18 :

    « La mise en regard de ces objectifs avec la nécessaire cohérence industrielle conduit à un croisement des contraintes au cours des prochaines décennies : dans la première partie de la période, c’est le rythme de développement des efforts sur la consommation et sur les renouvelables qui est dimensionnant ; à l’inverse, vers la fin de la période, c’est le vieillissement du parc qui constitue la principale contrainte avec un « point de resserrement » en 2027.
    C’est pourquoi il est indispensable d’engager rapidement le processus d’abandon du nucléaire pour permettre en 15 ans un niveau suffisant de développement des alternatives avant le « mur » des 40 ans du parc. Au final, cette analyse multi-contraintes montre surtout que la fenêtre est étroite : Elle se situe entre 2030 et 2035, et elle se joue dans les prochaines années… »

    … et de produire dans la foulée le graphique de l’optimisation des contraintes sur le rythme de fermeture du parc de réacteurs nucléaires , dévoilant sans surprise la préconisation d’une fermeture totale de ce dernier pour 2030, de l’extinction de sa production pour 2035… et d’une consommation électrique française intégralement couverte par le renouvelable électrique et le thermique renouvelable , dès 2045-2050.

    Page 25, ne pas manquer ensuite la surréaliste conclusion suivante :

    « … Les énergies renouvelables ont des coûts d’exploitation faibles mais sont aujourd’hui plus chères à l’investissement que les énergies fossiles ou nucléaire. Or le coût de ces dernières, qui n’intègrent pas tous leurs coûts externes notamment environnementaux, est appelé à augmenter. À l’inverse, celui des renouvelables baisse rapidement par l’effet des dynamiques industrielles qui sont à l’œuvre et les rendront inéluctablement compétitives à plus ou moins long terme.

    D’un strict point de vue économique, la transition énergétique peut être considérée comme un investissement pour la collectivité qui sera nécessairement rentable à plus ou moins brève échéance.

    Enfin, l’argent investi dans la transition énergétique ne sera pas jeté par les fenêtres. Il économisera des dizaines de milliards d’Euros sur les importations de pétrole et de gaz. Et il génèrera dans les services énergétiques, les équipements performants et les énergies renouvelables des milliards d’Euros d’activité pour les entreprises, des centaines de milliers d’emplois pour les salariés et des débouchés à l’exportation sur un marché mondial qui ne demande qu’à se développer. L’étude de l’impact sur l’emploi du scénario négaWatt 1 a de ce point de vue clairement montré que la transition énergétique représente une formidable opportunité de relance économique pour notre pays.

    C’est tout le contraire pour la mise à niveau de sûreté « post-Fukushima » des 58 réacteurs français qui engloutirait plusieurs dizaines de milliards d’Euros. À l’heure où les fonds publics se font rares, les investissements doivent être prioritairement orientés vers la transition énergétique et non vers des énergies polluantes qui appartiennent au siècle dernier, permettant ainsi de réduire nos besoins d’énergie, d’augmenter notre indépendance énergétique et de favoriser des énergies locales peu polluantes et créatrices d’emplois.

    Si nous nous posons la question de savoir combien la transition énergétique rapporte en euros et en emplois avant de savoir combien elle nécessite d’investissement, l’évidence nous saute aux yeux : mais qu’attendons-nous donc pour nous engager sur ce chemin de non-regret ?!  »

    Douze ans et 36 milliards d’euros de dettes plus tard

    Examinons donc le point d’étape 2023 de la feuille de route ci-dessus tracée par les collaborateurs de l’ expert autoproclamé inspirant tout ce que ce pays compte d’artisans de la politique énergétique nationale, depuis 20 ans. On aura reconnu un Yves Marignac auquel l’omniprésence médiatique et institutionnelle sert de passeport diplomatique – c’est-à-dire, au sens premier du terme, de certificat d’aptitudes professionnelles – dans l’opinion.

    Force est de reconnaître que sa prescription établie peu avant l’élection de François Hollande a été grossièrement respectée, tant en ce qui concerne le tendanciel des consommations énergétiques finales prôné par négaWatt, qu’en ce qui concerne « l’optimisation » des contraintes liées à la fermeture programmée de notre parc nucléaire. Que l’aléa géopolitique et l’impéritie gouvernementale aient largement servi un tel dessein n’a pu que ravir ses promoteurs pour lesquels tous les moyens permettant d’atteindre leurs objectifs semblent bons ? De fait, le pouvoir est en train de ne pas lésiner sur ces moyens, au moins en matière législative.

    Mais quels profits l’économie, le confort et le niveau de vie des Français sont-ils censés avoir déjà tirés de l’exécution partielle de ce mirifique programme négaWatt 2011 ?

    Prenons au mot ses promesses d’alors en les confrontant à la réalité constatée.

    – Les énergies renouvelables sont-elles devenues compétitives par rapport aux énergies fossiles et nucléaire ? Si c’était le cas, le moins qu’on puisse dire est que ça ne se traduit pas encore sur les factures, ni en allègement fiscal ! Et l’ article suivant dit précisément pourquoi ça n’est pas près de l’être.

    – L’investissement prétendument rentable dans les énergies renouvelables nous a-t-il déjà « économisé des dizaines de milliards d’euros sur les importations de pétrole et de gaz » ? A-t-il déjà « généré des milliards d’euros d’activité et des centaines de milliers d’emplois dans la création d’entreprises et de services énergétiques liées aux renouvelables, y compris à l’export » ? Bref, la transition énergétique en cours commence-t-elle à représenter une « formidable » opportunité de relance économique pour notre pays ? Oser une réponse positive à une seule de ces questions relèverait de la provocation !

    Complices de négaWatt à tous les niveaux de décisions et d’information


    Chez une presse depuis longtemps complaisante, tout d’abord :

    « …Yves Marignac, consultant sur ces questions pour l’association négaWatt, opposé à la relance « à marche forcée » d’un programme nucléaire, dénonce quant à lui « l’intention (du gouvernement) […] de lever l’obstacle d’exigences de sûreté trop élevées pour être atteintes par l’industrie… »

    Plus grave, la connivence déjà ancienne entre négaWatt, RTE et la théodule Ademe :

    « Fin 2021, RTE, l’institut négaWatt et l’Ademe ont publié des travaux prospectifs sur un mix énergétique décarboné à l’horizon 2050. Divers dans leurs approches, ils envisagent tous un développement des énergies renouvelables (EnR) très soutenu, allant de 50 à 100 % du mix énergétique envisagé, le nucléaire ayant, lui, un sort contrasté. Les trajectoires de consommation sont variées, mais une constante favorisant la sobriété s’établit entre 530 et 555 TWh… »

    Encore plus grave : la présence de Yves Marignac – antinucléaire notoire – dans le Groupe Permanent d’Experts (GPE) d’une ASN en manquant elle-même cruellement – comprendre de ceux qui savent construire, exploiter et entretenir une centrale nucléaire – et qui, de notoriété publique, en refuse l’accès à des experts historiquement confirmés :

    Enfin – un comble ! – une Ségolène Royal confirmant sous serment, devant la Commission Parlementaire Schellenberger, que sa Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTCV) est de forte inspiration négaWatt.

    Bilan : c’est à une EDF dont la dette de 29 millions d’euros en 2011 est passée à 65 millions d’euros en 12 ans que revient une fois encore d’éponger le coût des avanies infligées au service régalien de l’électricité duquel elle est toujours tenue de répondre seule.

    Ainsi, l’esprit négaWatt des politiques énergétiques ineptes menées dans ce pays depuis 15 ans s’emploie-t-il à contracter la dette sans cesse grandissante de tous les Français à la sobriété, combien de temps encore dans l’indifférence générale ?

    1. Étude réalisée par le CIRED, téléchargeable sur http://www.negawatt.org/etude:emplois:economie:p120.html