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      Le ministre du Quoi-qu’il-en-coûte dégaine le chèque alimentaire

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 9 March, 2023 - 04:20 · 3 minutes

    Rien n’échappe à l’ interventionnisme brouillon de l’infatigable Bruno Le Maire. Dernier combat en date : l’augmentation des produits alimentaires (+ 14,5 % en rythme annuel selon le dernier chiffre de l’INSEE).

    Fin février, il indiquait vouloir rencontrer les patrons de la grande distribution qui terminaient leurs négociations commerciales avec leurs fournisseurs.

    Les « solutions sur les produits alimentaires, nous y travaillons depuis plusieurs jours », assurait-il sérieusement le 28 février. Songeait-il à un chèque caddy ou à un bouclier spaghetti ?

    Suspense insoutenable… Va pour le chèque caddie !

    Un trimestre anti-inflation avec toujours plus de chèques sans provision

    Lundi 6 mars, à l’issue de sa rencontre avec les distributeurs, Bruno Le Maire annonce que les enseignes se sont engagées à proposer les prix les plus bas possibles jusqu’en juin sur une sélection de produits à leur discrétion .

    Michel Édouard Leclerc n’était pas toutefois présent indiquant sur CNews : « Je n’ai pas attendu une réunion publique pour être moins cher ».

    Les cerveaux de la propagande gouvernementale ont chauffé et il en est sorti un « trimestre anti-inflation ». Les produits aux marges sacrifiées seront repérés par un logo tricolore portant cette mention. Simplement au cas où vous seriez assez étourdi pour ne pas regarder les prix des produits…

    Pauvre Bruno ! Il ne s’est trouvé aucun attaché de cabinet pour lui souffler que c’était exactement ce que faisait la distribution depuis très longtemps pour attirer les clients et en communiquant régulièrement sur ces opérations à grand renfort de pubs et d’étiquetage. Les produits d’appel, comme on dit…

    Mais notre brillant Bruno nous dégaine aussi un « chèque alimentaire » qui sera proposé aux foyers les plus modestes. De quoi mettre du beurre dans des épinards qui ont tous deux augmenté de 14,5 % ? Et n’oubliez pas votre chèque carburant pour passer à la pompe de votre distributeur préféré…

    Une inflation d’incompétence

    Notre ministre de l’Économie, des Finances, de la Souveraineté industrielle et numérique (et de plein de trucs aux noms ronflants qui restent à imaginer) n’a travaillé que dans la fonction publique et navigue habilement de cabinets en ministères depuis qu’il est sorti de l’ ENA .

    Son ignorance de toute activité concurrentielle ne l’empêche pas de vouloir se mêler de tout, y compris des augmentations de salaire dans le privé. Rappelons que, alors simple ministre de l’Agriculture, il ignorait ce que représentait une surface de un hectare

    Ministre de l’Économie, il confond allégrement inflation (qui est l’augmentation de la masse monétaire) et hausse des prix (qui est la conséquence d’une inflation supérieure à l’augmentation de la production de produits et services).

    Ministre des Finances, il s’illustre par l’enchaînement des déficits les plus échevelés, des chèques gratuits, des boucliers tarifaires pour tout (sauf les impôts et taxes), des prêts gratuits, du bouche-à-bouche aux entreprises zombies, des surtaxes aux superprofits.

    Ministre de la Souveraineté industrielle son rétropédalage au sujet de la production nucléaire et de la fixation des prix de l’électricité au niveau européen est indigne d’un escargot lymphatique dopé au Lexomil. Il n’accouche de rien et ne semble pas vouloir prendre Ursula von der Leyen et la commissaire à l’Énergie Kadri Simson à rebrousse-poil. Son idée phare est d’affecter l’argent collecté sur le livret A à la construction de six nouvelles centrales dont le budget n’est même pas encore voté.

    Bref, Buno Le Maire est partout où on ne l’attend pas mais absent là où il devrait être présent.

    Avec Bruno Le Maire, la France se dirige vers la « grecquisation », une mise sous tutelle par ceux qui ont vraiment la main sur les « chèques gratuits » : Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international. Mais l’ardoise de la France étant considérablement plus grosse que celle de la Grèce, ce sera aussi la crise monétaire comme je l’explique dans mon dernier livre .

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      L’État macronien, en même temps, veut refaire du nucléaire avec votre argent

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 15 February, 2023 - 12:00 · 5 minutes

    Rappelez-vous, c’était il y a quelques années : en tant que citoyen français, vous pouviez quasiment faire ce que vous vouliez de vos finances après les indispensables ponctions fiscales et sociales qui permettaient au pays de disposer d’un système social que le monde entier nous enviait (sans nous copier, pas fou). Mais ça, c’était il y a quelques années…

    En effet, grâce aux gouvernements Macron , finies les affres de la responsabilité citoyenne : rapidement, la liberté financière fut contenue, régulée, découpée en petits morceaux faciles à digérer dans les bedaines parlementaires et bientôt, le citoyen français n’eut plus besoin de se soucier de ce qu’il devait faire de son argent.

    Il était temps : las d’avoir à réfléchir et prendre ses responsabilités , travaillé au corps depuis des décennies dès sa plus tendre enfance par les doux discours marxisants et léninifiants, le peuple français délégua enfin toutes les tâches importantes à ses éminents gouvernants qui se chargèrent alors de tout prendre en charge (moyennant une petite commission et 3000 milliards de dettes, hein, sachons vivre).

    À partir de là, les décisions empreintes d’une imparable logique, de pertinence subtile et d’une analyse inouïe du sens de l’Histoire se sont enchaînées avec brio dans le pays.

    C’est ainsi qu’il fut décidé, assez calmement, que c’en serait définitivement terminé de la production électrique nucléaire française. C’était dit, écrit, répété : fini l’atome cradingue qui ne rejette pas de CO 2 , place aux éoliennes dégueulasses et au gaz russe sordide qui pollue pour le remplacer. Quelques réacteurs furent donc fermés. Les gouvernants s’en félicitèrent bruyamment, la presse aussi. Une loi fut votée pour que d’autres réacteurs soient à leur tour abandonnés dans les prochaines années.

    Tout était bel et bon.

    Puis, toujours avec sa logique imparable, sa pertinence subtile, son sens inné de l’Histoire, l’élite décida qu’il était temps de faire un petit demi-tour bien ferme .

    Et alors que la loi de Programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit toujours la fermeture de 12 réacteurs supplémentaires d’ici 2035, le frétillant chef de l’État pirouettise sa politique et propose à présent – toujours sans toucher à cette loi – de flécher l’épargne des Français pour financer le développement de nouveaux réacteurs nucléaires. Si ce « En-Même-Temps » ne touchait pas ainsi au sublime, on croirait presque que c’est du n’importe quoi en boîte.

    Concrètement, il semble donc décidé en hauts lieux que le Français, très moyennement capable de gérer ses finances, va voir son épargne délicatement poussée ( à coups de pelle dans la nuque par des incitations fiscales ciblées, par exemple) vers une nouvelle vague de financement de l’énergie nucléaire en France, celle-là même dont on entend réduire l’importance, qui n’est pas verte et qui tue des ours polaires quand on ne s’intéresse pas à sa démographie.

    On apprend ainsi que les 375 milliards d’euros (à fin 2022) d’épargne des 55 millions de Français qui possèdent un Livret A pourraient ainsi servir à financer de nouveaux réacteurs pour EDF (avec un coût total un peu inférieur à 60 milliards d’euros).

    Or, si l’on peut bien sûr se réjouir de voir le gouvernement prendre la mesure de l’importance d’une stratégie énergétique de long terme, on doit cependant s’inquiéter des nouvelles tubulures fiscales chromées qu’il va déployer pour la mettre en place et ce d’autant plus lorsqu’on voit les cadors qui proposent cette stratégie, leur historique général et leur capacité à tenir leurs engagements précédents, et ce sans même parler du fait que les fonds étaient jusqu’à présent consacrés au logement social : on imagine sans mal la poussée d’urticaire de certaines égéries écolo-socialo-branchouilles lorsqu’elles apprendront la mise en place de ce tour de passe-passe : moins de social, plus de nucléaire, ça va roucouler chez les gauchistes…

    En outre, peut-on écarter l’idée que ce qui est encore actuellement présenté comme des idées et des incitations ne va pas devenir rapidement des obligations et des contraintes clairement établies dans un avenir proche, à mesure que la situation du pays va devenir plus tendue ?

    Du reste, il serait probablement plus aisé pour l’État de dégager les marges de manœuvre financières pour s’investir dans ces plans stratégiques si, d’un autre côté, il ne s’employait pas méticuleusement à saboter toute création de richesse. L’avalanche de décisions consternantes des 40 dernières années (l’arrêt du nucléaire n’étant que la décision la plus symptomatique du niveau d’abrutissement et de veulerie atteint au sommet du pouvoir) ainsi que le tabassage systématique et de plus en plus compulsif des créateurs d’emplois et de richesses dans le pays n’ont aidé en rien.

    Clairement, cette espèce de volte-face des dirigeants au pied du mur manque cruellement de l’indispensable remise en question des méthodes et pratiques mafieuses de l’État jacobin et indique plutôt une forme de panique non avouée qui ne présage absolument rien de bon. Alors certes, il est souhaitable de relancer l’investissement dans le nucléaire, mais la façon et le timing diabolique avec lesquels le gouvernement actuel procède imposent une extrême prudence…

    La semaine qui vient de s’écouler n’est pas très différente des précédentes et illustre finalement très bien la tendance générale du pouvoir actuel à resserrer son emprise sur tout ce qui concerne le citoyen français, notamment ses finances qu’il conviendra de pousser dans les bonnes directions : dans l’œil de l’État macronien, ce citoyen n’est définitivement pas assez intelligent pour comprendre sa situation et n’est pas plus capable de connaître les investissements qu’il doit faire pour s’assurer un avenir meilleur.

    L’élite qui est au pouvoir (parce que c’est l’élite, voyons, et parce qu’elle mérite ce pouvoir, pardi !) sait ce qui est bon pour ce citoyen, mammifère mou et vraiment pas fin, perdu dans une vie que cette élite sait médiocre et ballotée par des événements qu’elle seule est capable d’anticiper voire de provoquer.

    Il est dès lors normal qu’elle censure , qu’elle impose, qu’elle « flèche » et qu’elle décide pour vous. Et au vu de son historique, de son passif aussi puissant qu’édifiant, comment en douter ?


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      Bruno Le Maire enterre les finances françaises

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 3 February, 2023 - 04:30 · 7 minutes

    L’endettement des administrations publiques doit aujourd’hui atteindre les 3000 milliards d’euros , soit 44 280 euros par Français. Le déficit du budget de l’État s’est élevé à 156 milliards d’euro en 2022. Plus de la moitié de la production de valeur, soit 59,2% du PIB, est consacré aux dépenses publiques, auquel il faudrait ajouter les chiffres des diverses entreprises (EDF, Engie, ADP, Airbus, Renault…) dont l’État est actionnaire à hauteur estimée de 125 milliards d’euros, valeur purement théorique vu que ces entreprises cumulent un endettement estimé à 124 milliards d’euros.

    Utilisez les qualificatifs que vous voulez, mais cette situation financière est totalement hors sol et ne tient que par la valeur de la monnaie qui permet encore à l’État d’émettre de la dette.

    Le précédent de la crise covid

    Le principal problème de cette situation est qu’à force de faire n’importe quoi et de ne jamais devoir en subir le retour de bâton, s’est développée une culture du laxisme budgétaire tous azimuts, dont la prime toute catégorie revient sans conteste au ministre des Finances actuel, Bruno Le Maire.

    Le terme de « quoi qu’il en coûte » est assez explicite.

    Tout comme sa récente déclaration visant à « serrer la vis » afin de « privilégier les dépenses d’avenir » et tout particulièrement « l’industrie verte », proclamation remplie d’espoir et de vision qui signifie en vérité creuser encore plus la dette et la mainmise de l’État sur l’activité économique du pays, le tout dans un but purement clientéliste.

    Ce qui est proprement hallucinant, c’est que l’on puisse ainsi passer en quelques semaines de la pluie de chèques dispersée par hélicoptère au comptage minutieux des fournitures de bureau et aux histoires bucoliques sans se poser une seule fois la question que tout Français se pose : mais où peut bien aller tout cet argent ?

    D’où il vient, tout le monde le sait. L’État prélève une bonne grosse moitié des salaires, une bonne grosse moitié du prix de l’essence, picore de la TVA partout et se baffre accessoirement sur plein d’autres niches fiscales : frais de notaires, jeux à gratter et à perdre, frais de succession, etc.

    Mais où il va… Cela reste un grand mystère !

    Un pognon de dingue

    Alors bien sûr, il y a la grosse blague que chacun raconte pour montrer qu’il est un bon élève et qu’il a bien écouté la séance d’endoctrinement du parfait contribuable docile. Tout cet argent va dans l’école, les hôpitaux, la santé, les retraites etc. C’est grâce à tout cet argent que nous pouvons être fier d’avoir le meilleur système social que le monde entier nous envie

    C’est grâce aux efforts et au génie de l’État français que personne ne mange aux Restos du cœur, qu’il n’y aucun retraité pauvre, pas de sans-abris, que le salaire minimum constaté est largement supérieur à celui de nos voisins, que personne ne meurt sur un brancard dans les couloirs des urgences, que nos enfants écrasent tous les compteurs à l’école, que chaque Français peut vivre dignement de son travail, qu’il n’y a pas de chômage, blablabla…

    Non, l’argent va à l’État, qui en contrepartie promet la providence et qui se voit bien obligé de tenir un minimum ses promesses, même si s’occuper des petits bébés et des petits bobos, c’est très loin d’être ce que sait faire une organisation criminelle légale qui dispose du monopole de la violence.

    Ce qui se passe au sein de l’État et pourquoi tant d’argent se transforme en si peu de choses : c’est ça le grand mystère.

    Le libéralisme à toutes les sauces

    Une fois la grosse rigolade passée, on tombe généralement dans la chasse aux sorcières, dans le pointage du bouc émissaire et dans la confusion mentale. Si tout ce socialisme ne marche pas (socialisme au sens social + isme), c’est parce que ce n’est pas du vrai socialisme : c’est du libéralisme !

    Ça tombe bien, (presque) personne ne comprend ce que signifie libéralisme , donc on peut se défouler comme on veut.

    Juste pour rigoler, au cas où quelques afficionados du libéral-bashing liraient ces lignes, on pourrait citer quelques pistes de réflexions libérales, et pas des plus radicales, comme de soumettre chaque budget de l’État, des collectivités locales, etc. à un référendum auquel bien évidemment, aucun fonctionnaire ni aucun élu ne pourrait participer (on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre)… D’expérience, la simple énumération de quelques réflexions de ce genre déclenche quasiment immédiatement un court-circuit neuronal dans le cerveau du libéral-basher .

    Ne perdons pas espoir : une marée de doutes et d’interrogations arrive avec la crise et l’inflation et il ne faut pas compter sur la déconnexion chronique et l’autosuffisance compulsive du gouvernement actuel pour endiguer le tsunami qui est en train de se créer. Qui aurait pensé il y a quelques mois que l’on verrait un ministre se prendre en pleine figure un résumé de La Grève en direct à la télé et que le libéralisme (le vrai) est en train mine de rien de s’inviter au débat vu le raffut que l’on fait en son nom ?

    Il faudrait se réveiller avant qu’il ne soit trop tard

    Olivier Véran a dû se demander pourquoi ce n’était pas Bruno Le Maire qui était assis à sa place à se prendre des tomates. Il est en droit de se poser la question, même s’il a accepté le poste de porte-parole et donc d’être la cible des tomates destinées au gouvernement.

    Le gouvernement aurait bien plus besoin ces temps-ci d’un tend-l’oreille que d’un porte-parole.

    L’analyse des chiffres des participations aux manifestations contre le projet gouvernemental sur les retraites semble bien indiquer que les provinces sont à nouveau en train de s’enflammer.

    Personne au gouvernement ne se demande pourquoi les Français ne veulent plus travailler ? Personne n’a posé la question ? Personne n’a envisagé que travailler pour payer un État qui distribue des billets au moindre signe de grogne au lieu de, ne serait-ce qu’essayer de régler les problèmes, ça commence à énerver de plus en plus de monde ?

    Plutôt que de raconter des belles histoires sur le monde merveilleux des moulins à vent et des boites à compost, Bruno Le Maire ferait mieux de se réveiller et de réaliser le gigantesque bourbier dans lequel une énorme partie de la population se trouve et de s’intéresser à la question avant que tout cela ne lui explose à la figure.

    Quelques extraits du Traité du Gouvernement Civil de John Locke en guise de réflexion :

    « Quoique le pouvoir législatif (soit qu’on l’ait remis à une seule personne ou à plusieurs, pour toujours, ou seulement pour un temps et par intervalles) soit le suprême pouvoir d’un État ; cependant, il n’est premièrement, et ne peut être absolument arbitraire sur la vie et les biens du peuple. Car, ce pouvoir n’étant autre chose que le pouvoir de chaque membre de la société, remis à cette personne ou à cette assemblée, qui est le législateur, ne saurait être plus grand que celui que toutes ces différentes personnes avaient dans l’état de nature, avant qu’ils entrassent en société, et eussent remis leur pouvoir à la communauté qu’ils formèrent ensuite . » – Chapitre XI – De l’étendue du Pouvoir législatif

    « La suprême puissance n’a point le droit de se saisir d’aucune partie des biens propres d’un particulier, sans son consentement. Car, la conservation de ce qui appartient en propre à chacun étant la fin du gouvernement, et ce qui engage à entrer en société ; ceci suppose nécessairement que les biens propres du peuple doivent être sacrés et inviolables » – Chapitre XI – De l’étendue du Pouvoir législatif

    « Il y a […] une voie par laquelle le gouvernement, que nous avons posé, peut se dissoudre ; c’est celle qui paraît manifestement, lorsque celui qui a le pouvoir suprême et exécutif néglige ou abandonne son emploi, en sorte que les lois déjà faites ne puissent plus être mises en exécution : c’est visiblement réduire tout à l’anarchie et dissoudre le gouvernement . » – Chapitre XIX – De la dissolution des Gouvernements

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      La rue enrage, le gouvernement s’envole en Espagne

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 21 January, 2023 - 04:15 · 5 minutes

    Le président de la République , le ministre de l’Économie, le ministre de l’Éducation nationale, le ministre des Transports, le ministre de l’Intérieur et sept autres ministres ! Au moment où tout ce que la France compte de socialistes, de communistes, de trotskistes, de staliniens et d’anarchistes déferle sur paris au cri de « Ça va péter ! Ça va péter ! Ça va péter ! », le chef de l’État et onze des ses ministres – dont les plus essentiels à la résolution de cette crise – se lancent dans le tourisme technocratique à Barcelone.

    Le programme des festivités

    Mais que font-ils là-bas, si loin de leurs troupes, protégés de la fureur et du bruit ? Ils répondent à une invitation lancée par le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez en octobre dernier. Un sommet franco-espagnol. Comme à tous les jamborées élitaires du même genre, il ne va rien s’y passer d’important, ni même d’urgent et encore moins d’historique. Tout ce petit monde des hautes sphères va échanger des discours assommants pleins d’excellentes intentions, tel des chefs de tribus emplumés et peinturlurés troquant des coquillages contre des perles – à la différence près que lesdits colliers et perles ne coûtent rien au contribuable, eux.

    Impossible d’annuler une aussi belle occasion de ne rien faire ! Dans la mentalité des hauts fonctionnaires français, tout ce qui est parfaitement inutile est hautement indispensable et même incontournablement obligatoire. Les mannequins de grands magasins qui nous dirigent ont la vacuité chevillée au corps. Brasser de l’air à l’étranger est leur impérieuse mission. Ce qui constituerait des vacances de luxe tous frais payés pour le citoyen moyen représente pour eux une épopée herculéenne dont dépend l’avenir du continent. Monter dans une limousine entourée de motards, puis dans un jet privé, puis marcher sur un tapis rouge, puis serrer des mains avec un air complice, puis lire d’assommants éléments de langages bricolés par de jeunes zombies de l’ENA, puis goûter le meilleur champagne possible et se gaver de mignardises, quelle aventure, quel défi ! Hors de question de décommander pareil rendez-vous ! On ne pose pas un lapin au faste ! Et pourtant…

    La colère rouge

    Et pourtant, s’il y avait bien une journée où il fallait rester à Paris cette hiver, c’était bien celle-là, à l’instant où éclate une révolte de gauche massive, menaçante, et qui risque de dégénérer en grève générale, contre la réforme des retraites.

    Bruno Le Maire aurait dû rester pour justifier, sur les plateaux de télévision, les mécanismes économiques de la réforme. Pap Ndiaye aurait dû rester pour dialoguer avec les professeurs, les étudiants et les lycéens unis dans la volonté d’en découdre. Le ministre des Transports (personne ne sait comment il s’appelle) aurait dû rester pour coordonner le service minimum. Et surtout, surtout !, Gérald Darmanin aurait dû rester pour soutenir et organiser ses innombrables agents confrontés à la déferlante rouge. Quant à Emmanuel Macron, sa présence était requise pour aider l’État à gérer une situation qui, si elle est atrocement habituelle, n’en présente pas moins des risques pour le fonctionnement du pays entier à court terme. Il fallait rester et ils sont partis. Envolés. Ils ont laissé la nation se débrouiller. Que les souris dansent, qu’elles s’enivrent en l’absence du chat, qu’elles cassent ce que bon leur semble ! Le pouvoir central est absent, veuillez lui laisser un message après le bip, il vous rappellera dès que possible. L’Espagne d’abord ! La Catalogne avant tout !

    On ne peut s’empêcher de penser que Macron et ses boys se moquent éperdument de ce qui se passe dans le pays dont ils ont la charge. Et l’on ne peut s’interdire d’imaginer que, là-bas, où il fait quinze degrés de plus qu’ici au moment où j’écris ces lignes, ils se sentent bien, reposés de notre inquiétude et de notre souffrance. Tandis que Mélenchon et Le Pen s’accouplent dans un coït idéologique monstrueux, tandis que LR est aussi atone qu’un téléfilm de France3, tandis que les prix grimpent à la vitesse d’un missile sol-air, et tandis que la guerre la plus sanglante depuis bien longtemps gronde au loin, le cabaret élyséen est en tournée à l’étranger, au grand complet.

    Bien entendu, les libéraux que nous sommes ne demandent plus à la puissance publique de nous protéger de l’orage gauchiste : nous savons bien qu’elle n’en a ni l’intention, ni la capacité. Mais au moins, qu’elle fasse semblant, ne serait-ce que par élégance, par décence. Faute de héros, nous exigeons des figurants fidèles à leur postes. Haro sur les fuyards ! Face aux manifestants, de grâce, manifestez-vous ! On ne vous paye pas pour vous rendre à un cours d’aqua-poney au moment précis où la maison brûle. Montrez l’exemple aux rares fonctionnaires qui assurent tant bien que mal, les pauvres, la maintenance de l’évènement.

    Dans le privé

    Maintenant, imaginons que la même situation se produise dans le secteur privé. Une horde de clients mécontents se rue dans le hall d’entrée d’une grande entreprise avec banderoles vengeresses, trompes de brume, tambours et fumigènes. C’est le chaos. La standardiste est débordée, elle panique. Elle appelle le responsable de la sécurité. Il est sur répondeur. Elle appelle le directeur commercial. Pareil. Elle appelle le directeur des relations publiques. Même chose. Elle appelle le directeur général. Idem. Elle appelle le PDG. Ça sonne dans le vide. Et cette gabegie dure toute la journée. La standardise finit par s’effondrer en larmes. Plus rien n’est sous contrôle.

    Le lendemain, apprenant la catastrophe, que font les actionnaires ? Ils enquêtent. Où était les membres de la direction ? À Barcelone, pour un séminaire. Savaient-ils par avance que la clientèle furieuse allait envahir les locaux ? Oui. Depuis quand ? Plusieurs jours. Ont-ils essayé d’annuler le séminaire ? Non.

    Alors, les actionnaires se vengent, ô combien légitimement. Ils licencient la direction, tête après tête, sans pitié ni indemnités, pour faute grave – et ils offrent à la standardiste une prime, pour la consoler.

    Les actionnaires de cette histoire, cher lecteur, c’est nous, les citoyens. Mais nous n’avons aucunement la latitude de licencier Macron, ni Le Maire, ni Ndiaye, ni Darmanin, ni le ministre des Transports inconnu, avant mai 2027. Cette entreprise est maudite.

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      L’Allemagne coule et l’Europe avec. Bruno Le Maire ne s’en rend absolument pas compte.

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 25 November, 2022 - 12:00 · 5 minutes

    Tiens, voilà qu’une Große Katastrophe se profile sur l’horizon teuton : on apprend qu’Uniper, la principale société allemande de vente de gaz et premier distributeur de l’entreprise russe Gazprom, doit faire appel à l’État allemand à hauteur de 55 milliards d’euros suite à une perte nette kolossale établie à 40 milliards d’euros depuis le début de l’année.

    Un milliard d’euros par-ci, un milliard d’euros par-là et rapidement on commence à parler gros sous. En tout cas, à 55 milliards d’euros, voilà une somme rondelette qui va peut-être faire réfléchir Olaf Scholz sur les choix énergétiques opérés ces dernières années par l’Allemagne : manifestement, multiplier les efforts sur les énergies renouvelables revient un peu trop à multiplier aussi les approvisionnements en gaz et à se retrouver en fâcheuse posture lorsque la conjoncture internationale change un tantinet.

    Et s’il y a bien transition énergétique, ce n’est pas exactement vers de nouvelles formes d’énergies mais plutôt vers pas d’ énergie du tout : en somme, tout ne se passe vraiment pas comme prévu en Europe : en quelques mois, des choix très politiques se sont traduits par des conséquences quasi-immédiates aussi économiques que palpables, avec des grosses faillites à la clé.

    Pour une fois, l’Allemagne ne s’en sort pas mieux que les autres et peut-être même au contraire : ces faillites se multiplient à un rythme réellement inquiétant. Ainsi, le fabricant de meubles allemand Hülsta est insolvable, 80 ans après sa fondation. La chaîne de boulangeries Thilmann atteint le même point 85 ans après ses débuts. Pour Wolff Hoch und Ingenieurbau, entreprise de construction, il aura fallu 125 ans, alors que Bodeta, le fabricant de confiseries, aura tenu 130 ans. Borgers, l’équipementier automobile, ferme ses portes après 156 ans et Kappus, le fabricant de savon, après 170.

    Ces quelques exemples étalés en quelques jours seulement donnent à réfléchir : ces entreprises ont survécu à deux guerres mondiales, des changements politiques et sociaux majeurs, pour finalement toutes mourir en 2022 parce qu’essentiellement, les Allemands ont cru dur comme fer que les moulins à vent et les miroirs magiques, tous doublés de turbines à gaz russe, allaient leur éviter de taper dans le charbon, le pétrole et le nucléaire.

    Au bilan, les Allemands ont maintenant davantage de faillites que de gaz, des miroirs et des moulins sous-productifs à ne plus savoir qu’en faire et doivent malgré tout exploiter le charbon, le pétrole et le nucléaire. C’est un échec épique (et ce n’est que le début).

    Peut-être est-ce à cause de ce vent glacial venu de l’est que notre Bruneau de Bercy national a récemment déployé quelques signes clairs de changement de tactique dans sa fine gestion du budget de l’État français : alors qu’en février dernier il était entendu que toute sa puissance intellectuelle serait dédiée à faire plier la Russie, le locataire de Bercy commence à revoir ses objectifs. Avec la souplesse légendaire de ce grand fauve de la République bondissant sans merci sur l’aphorisme et la petite phrase facile, le voilà qui déclare « Fini le royaume du Koikilenkouth », ou quasiment :

    Nous avons arrêté le quoi qu’il en coûte et nous ciblons à présent les entreprises qui en ont le plus besoin.

    Charge maintenant aux entreprises de se faire aussi discrètes que possible sur leurs difficultés économiques pour ne surtout pas recevoir l’aide du ministre qui équivaut sans mal au baiser de la mort.

    Indépendamment de cet aspect, on appréciera à sa juste valeur, dans les déclarations du minustre, les fantasmagories sur les performances de la France dont l’économie se redresserait alors qu’en Europe tous les autres pays s’enfoncent assez vite dans un marasme sans équivalent historique. Eh oui : comme de précédents billets le mentionnaient déjà en mars et en avril , les sanctions contre la Russie ont été absolument dévastatrices… pour l’Europe.

    Et alors même que ces Européens sont justement en train de contourner discrètement ces sanctions dès qu’ils le peuvent, le même Bruno, jamais en panne d’une contradiction, admet multiplier les boucliers tarifaires et autres guichets spéciaux pour aider les particuliers et les entreprises (celles qui résistent si bien en France, disait-il) à surmonter la crise (qui est quasiment invisible dans le pays selon les chiffres officiels), crise qu’on mettra de surcroît sur le dos (de plus en plus large) de la guerre en Ukraine.

    Bref : fini le Koikilenkouth mais tout va bien car les chiffres sont bons mais les entreprises ont besoin d’aides et la guerre est un drame économique pour nous mais la France s’en sort bien mais mettez un pull tout de même.

    On oscille entre la consternation et l’interrogation de plus en plus lancinante sur le déni de réalité des élites qui semblent s’être auto-intoxiquées à cette réalité alternative qu’ils continuent de brosser pour les masses.

    Parce que malgré les saillies inquiétantes d’incohérence globale du ministre de l’Économie, les évidences semblent difficiles à évacuer : ce qui met l’Allemagne dans une telle panade ne peut pas se traduire par une simple gêne économique en France, au contraire . Parce qu’on sait déjà que l’année 2023 affichera un nombre record de faillites dans le pays . Et parce que l’hiver qui vient sera rude, quoi qu’on en dise et même s’il n’y a aucune coupure (ce qui semble de moins en moins évitable ).

    Les indicateurs économiques ne trompent que ceux qui ont intérêt à l’être : on peut pérorer comme le font certains habitués de plateaux médiatiques sur un taux de chômage faible voire sur ce qui est présenté maintenant comme un quasi « plein emploi » – ce qui dénote d’une vision de la réalité réellement alternative – il n’en reste pas moins qu’ un nombre croissant de Français a faim : jamais les Restos du Cœur n’ont autant aidé de personnes dans le besoin – avec des taux d’augmentation à deux chiffres par rapport aux années précédentes.

    Rassurez-vous : selon Bruno et les services de Bercy, ces gens n’auront pas de problème à trouver de l’emploi (pensez donc, la France est presque en surchauffe, qu’ils nous disent !) ce qui tend à montrer que dans ce pays, l’emploi ne permet plus de manger à sa faim et qu’il faut travailler le ventre vide.

    Déni, pipeautage, incohérence et fariboles… Tout ceci va forcément très bien se terminer.

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      Pour Bruno Le Maire, le bitcoin ne sera jamais « un moyen de paiement dans l’UE »

      news.movim.eu / Numerama · Monday, 17 October, 2022 - 15:25

    Le ministre de l'Économie et des Finances est longuement revenu dans une interview sur les ambitions de la France dans le secteur des crypto-monnaies — et sur les limites à ne pas dépasser. [Lire la suite]

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      Interrogé sur sa rivalité avec Édouard Phillippe, Bruno Le Maire loue une majorité "unie"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 27 July, 2022 - 08:12 · 2 minutes

    Le ministre de l'Économie Bruno Le maire au micro de France Inter, mercredi 27 juillet. Le ministre de l'Économie Bruno Le maire au micro de France Inter, mercredi 27 juillet.

    POLITIQUE - Une majorité aux pieds d’argile? Après le vote d’un premier amendement contre leurs collègues du groupe Renaissance dans le cadre du projet de loi de finances rectificative , samedi 23 juillet, les députés du groupe Horizons ont instillé un premier doute au sein de la majorité relative d’Emmanuel Macron à l’Assemblée nationale.

    Interrogé sur une éventuelle rivalité avec le président d’Horizons, Édouard Philippe, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a préféré voir le verre à moitié plein, ce mercredi 27 juillet au micro de France Inter. ″Ça fait partie du débat sain à l’intérieur d’une majorité”, a-t-il minimisé, saluant au passage les présidents des groupes composant la majorité, qui “ont fait preuve d’une constance, d’une fermeté, eux et leurs parlementaires, d’une unité exceptionnelle” lors des débats sur le pouvoir d’achat .

    Selon le ministre, l’examen d’un projet de loi de finances rectificative, “c’est un marathon de plusieurs heures et, au sortir de ce texte, la majorité est plus unie, plus solide et plus cohérente qu’elle ne l’a été”. “C’est comme une équipe sportive, c’est dans les épreuve qu’on soude l’unité”, a expliqué Bruno Le Maire.

    Un premier camouflet pour la majorité

    Le week-end dernier, les députés, dont le groupe Horizons d’Édouard Philippe, avaient adressé un “avertissement” à Bruno Le Maire en approuvant une aide financières aux départements dans le cadre de la revalorisation des prestations sociales, nouvel avatar d’une guerre larvée entre l’exécutif et les collectivités, qui craignent des mesures d’économies.

    L’amendement approuvé contre l’avis du ministre de l’Économie alloue 120 millions aux départements qui versent le RSA en 2022, pour compenser intégralement la hausse de 4% de cette prestation.

    Si les conséquences sont modérées d’un point de vue budgétaire, l’impact est surtout symbolique: l’amendement a été soutenu par la gauche, le RN, LR mais aussi, et c’était une première fois, par des alliés de la majorité, ceux du parti fondé par le maire du Havre en octobre 2021 .

    “Bercy doit prendre conscience de la nouvelle donne parlementaire depuis les législatives”, sans majorité absolue pour les macronistes, a souligné François Sauvadet, président de l’Assemblée des départements de France (AdF).

    Certains voient dans ce simple amendement les premières manœuvres pour une éventuelle candidature d’Édouard Philippe à l’Élysée en 2027. “Dans la mesure ou le rapport aux élus locaux et l’ancrage local sont toujours un point faible dans le dispositif d’Emmanuel Macron (...), on commence à voir se dessiner en pointillés qu’Édouard Philippe va sans aucun doute tirer de ce côté-là sa candidature”, assure le politologue Bruno Cautrès à l’AFP.

    À voir également sur Le HuffPost : Au Havre, Philippe dévoile le nom de son parti: “Horizons”, pour “voir loin”

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      Après le revirement sur le retraites, NUPES et RN crient à la "trahison"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 27 July, 2022 - 07:32 · 4 minutes

    L'Assemblée nationale photographiée le 6 juin. L'Assemblée nationale photographiée le 6 juin.

    POLITIQUE - Mardi soir, les retraités attentifs à l’actualité politique se sont endormis en pensant que leurs pensions allaient bénéficier d’une rallonge à 500 millions d’euros pour prendre en compte le niveau réel de l’inflation , puisque l’opposition avait imposé cette enveloppe contre l’avis du gouvernement. Or, ce mercredi 27 juillet, les mêmes constateront que ce coup de pouce n’est plus d’actualité après l’adoption du second volet des mesures sur le pouvoir d’achat . Du moins, pas comme les oppositions l’entendaient (et l’affirmaient).

    Au milieu de la nuit, le gouvernement a obtenu un nouveau vote sur cette mesure. L’amendement, voté par 224 voix contre 121 en fin d’examen du projet de loi de finance rectificative, a annulé le précédent qui avait été porté par le centriste Charles de Courson. Un scénario qui a provoqué des échanges virulents et des débats houleux, dans un hémicycle déjà sur les nerfs .

    Pourquoi un tel revirement alors que la rallonge avait été adoptée? Pour Bruno Le Maire, cette mesure était injuste car elle aurait été “financée en prélevant les sommes sur les pensions de retraites civiles et militaires de l’Etat”. Autre argument brandi par le ministre de l’Économie: “Son financement est inutile étant donné la revalorisation de 2023.″

    Des explications qui ont motivé ce nouveau vote, et qui ont convaincu Charles de Courson. “L’amendement que nous avions déposé est satisfait par la réponse du ministre”, a affirmé dans l’hémicycle ce parlementaire expérimenté, qui a donc voté pour l’amendement du gouvernement.

    Or, si le centriste a été convaincu par les réponses du gouvernement, ce n’est pas du tout le cas de la NUPES et du Rassemblement national, qui hurlent à la “trahison” et au déni de démocratie. “Hold-up à 3h du matin: les députés macronistes et les LR cassent le vote démocratique qui avait revalorisé les retraites cet après-midi. Ils ont retourné Les Républicains comme des crêpes avec sûrement un os à ronger à la clé. Deux perdants: la démocratie et les retraités”, déplore le député RN Laurent Jacobelli.

    “J’ai une mauvaise nouvelle ce soir, voilà, ils ont osé le faire, à 2h du matin le gouvernement a fait annuler les 500 millions d’euros en plus pour les retraités. Et LR a trahi”, s’est indigné le député insoumis David Guiraud, avant d’ajouter: “Les parlementaires qui ont fait ça ne se rendent pas compte de ce qu’ils ont fait.”

    “Passage en force”

    Au-delà des critiques politiques, les oppositions ont également dénoncé les conditions dans lesquelles le vote s’est tenu. Du côté de la NUPES, les rappels au règlement se sont enchaînés pour réclamer un nouveau scrutin, les élus de gauche accusant notamment le gouvernement d’avoir profité du brouhaha dans l’hémicycle provoqué par cet amendement. Plusieurs députés NUPES ont affirmé ne pas avoir entendu l’appel au vote dans la confusion qui régnait sur les bancs du Palais Bourbon. En signe de protestation, les députés du Rassemblement national ont fini par quitter l’hémicycle.

    “Vous ne tiendrez pas cinq ans sur le passage en force”, a prévenu l’insoumis Alexis Corbière. Finalement, les députés ont pu voter une seconde fois sur ce point, mais le score était toujours en faveur du gouvernement , les Républicains ayant voté de concert avec la majorité.  “C’est la mort des Républicains comme parti d’opposition”, a grincé le député RN Sébastien Chenu, tandis que sur Twitter, Jean-Luc Mélenchon soupçonne un arrangement de couloir entre Renaissance et le parti de droite.

    Du côté de la majorité, on conteste les critiques faites par la NUPES et le RN. Députée de la 7e circonscription des Yvelines, l’ancienne ministre Nadia Hai a précisé que le projet de loi comptait 5 milliards de revalorisation des retraites. “L’amendement prélevait 500 millions sur les pensions de nos militaires. Nous ne pouvions laisser passer cela au nom de la surenchère. Nous restons attentifs à la situation”, a-t-elle ajouté sur Twitter . “Oui, les retraites vont augmenter de 5,1% (1,1% en janvier et 4% en juillet)”, a renchéri la députée des députée des Hauts-de-Seine Pascale Thévenot.

    À voir également sur Le HuffPost: Pouvoir d’achat: ces débats illustrent encore les difficultés du gouvernement à l’Assemblée

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      Énième revers pour l'exécutif, l'Assemblée vote une enveloppe pour augmenter les retraites

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 26 July, 2022 - 18:43 · 4 minutes

    Énième revers pour l'exécutif, l'Assemblée vote une enveloppe pour augmenter les retraites Énième revers pour l'exécutif, l'Assemblée vote une enveloppe pour augmenter les retraites

    POLITIQUE - Privé de majorité absolue depuis les législatives, le gouvernement a essuyé un nouveau revers , ce mardi 25 juillet à l’Assemblée nationale. Les députés ont voté, contre l’avis de l’exécutif, une revalorisation supplémentaire de 500 millions d’euros pour les pensions de retraite , dans le cadre de l’examen du projet de budget rectifié pour 2022.

    Le vote de cet amendement du groupe indépendant LIOT, porté par le député Charles de Courson, a été acquis par 186 voix contre 181. Quasiment tous les députés d’opposition ont voté pour, seul le groupe LR se partageant entre pour, contre et abstention, tandis que la majorité a fait bloc pour s’y opposer, en vain. Le Sénat dominé par la droite peut toutefois revenir sur ce vote.

    La gauche a aussitôt célébré une “belle victoire”. “Et encore une victoire contre l’avis du gouvernement! À 3 voix près, adoption de la revalorisation des pensions de retraite au niveau de l’inflation à 5,5%”, s’est félicitée la députée LFI Clémentine Autain, qui a qualifié la mesure d’“avancée”.  ”À ce rythme, [Bruno] Le Maire va devoir accepter la taxe sur les superprofits”, a-t-elle ironisé.

    Le député communiste Fabien Roussel a, de son côté, salué “une bonne nouvelle pour ceux qui ont travaillé toute leur vie et ont droit à une vie digne”.

    Les députés du Rassemblement national ont, de leur côté, qualifié le vote de l’amendement de “bouffée d’oxygène” pour les retraités. “Un jour, une victoire”, a réagi le député du parti d’extrême droite Alexis Jolly. “Cette revalorisation va permettre à nos retraités de retrouver du pouvoir d’achat”, a-t-il également tweeté.

    L’amendement prévoit une revalorisation des pensions prenant en compte le niveau réel de l’inflation, soit pour 2022 à 5,5%, alors que le gouvernement a proposé une revalorisation cumulée à 5,1% (1,1% en janvier puis 4% en juillet).

    Un examen de projet de loi semé d’embûches

    Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a tenté, en vain, de déminer le sujet, en assurant qu’au regard de l’inflation galopante, “il y aura très probablement une autre revalorisation des retraites en janvier 2023”.

    Ce n’est pas le premier revers pour le gouvernement. L’examen depuis vendredi par l’Assemblée du projet de budget rectifié est semé d’embûches pour la majorité. Lundi soir par exemple, 230 millions d’euros pour les foyers se chauffant au fioul ont été approuvés contre l’avis du gouvernement, qui privilégiait lui une aide de 50 millions d’euros.

    Samedi, l’Assemblée a décidé d’allouer 120 millions aux départements qui versent le RSA en 2022, pour compenser intégralement la hausse de 4% de cette prestation programmée par l’État. La mesure a été obtenue par la conjonction des votes favorables de la gauche, du RN, des LR mais aussi des députés du groupe Horizons. C’est la première fois que ces alliés de la majorité marquaient leur différence.

    Les députés votent les crédits pour la renationalisation d’EDF

    Par ailleurs, les député ont voté ce mardi le financement par l’État de la renationalisation à 100% d’EDF , une opération à 9,7 milliards d’euros destinée à sortir le groupe de production et de fourniture d’électricité de son ornière financière et industrielle.

    Les députés ont voté ces crédits par 209 voix contre 156. Les écologistes ont dénoncé le “cap sur le tout nucléaire” pendant que LR déplorait à l’inverse la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Au total, l’Assemblée a voté une enveloppe de 12,7 milliards d’euros pour d’éventuelles opérations de soutien à des entreprises stratégiques françaises au cours du second semestre.

    Le gouvernement détient déjà 84% d’EDF et a l’intention de lancer une offre publique d’achat (OPA) devant se terminer fin octobre. Ce retour de l’État à 100% dans EDF avait été annoncé le 6 juillet par la Première ministre Élisabeth Borne.

    À voir également sur le HuffPost: L’Assemblée est-elle vraiment si indisciplinée? Ces archives permettent d’en douter