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      Retraites : les Républicains disent n’importe quoi

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 1 March, 2023 - 04:15 · 7 minutes

    Faute de se donner une doctrine claire et nette (par exemple libérale, pourquoi pas ? ) les chefs de file du parti LR mettent en avant leur position d’arbitres : sans eux la réforme des retraites de madame Borne ne peut être votée. Ils démontrent aussi qu’ils vont changer quelques dispositions de la réforme qui vont la rendre populaire : du coup passer de 62 à 64 ans sera accepté par l’opinion publique. Donc Macron ce n’est pas parfait (Valérie Pécresse voulait aller jusqu’à 65 ans) mais c’est déjà mieux grâce à LR.

    Seulement voilà : on parle de plus en plus de capitalisation , certains libéraux disent même que tout le système actuel doit basculer de la répartition à la capitalisation. Des libéraux modérés suggèrent qu’un peu de capitalisation peut sauver la répartition, d’autres libéraux, extrêmes bien sûr, assurent qu’il faut en finir le plus tôt possible avec la répartition et que la transition pourrait se faire sur une ou deux générations.

    Monsieur Retailleau, qui dit préparer la candidature de Laurent Wauquiez, vient d’affirmer sans hésiter que :

    1. La capitalisation va pénaliser les pauvres
    2. La répartition peut être sauvée si une politique nataliste est appliquée.

    Je me dois d’éclairer son jugement.

    C’est la répartition qui pénalise les pauvres

    Comme il est permis à toute personne, même peu instruite, de savoir que le niveau des cotisations va augmenter tandis que celui des pensions va diminuer, et puisque madame Borne elle-même a expliqué qu’une population vieillissante signifie moins d’actifs pour cotiser et davantage de pensionnés à payer, ceux qui en ont les moyens peuvent prendre des dispositions pour finir leur existence à l’abri du besoin.

    Ce sont les propriétaires d’un logement : ou bien ils n’auront pas de loyer à payer, ou bien ils bénéficieront des loyers qu’ils percevront. La propriété immobilière a du bon – du moins si on ne la détruit pas avec des impôts et des normes écologiques comme actuellement. Ces propriétaires sont aussi ceux qui ont pu épargner, qui ont aussi un patrimoine et des revenus suffisants pour prendre une assurance-vie, ou pour grossir un compte d’épargne retraite prévu par la législation : PER, PEC, PERE, etc. Ils peuvent aussi placer leur argent en bourse, sachant que sur la longue période ils seront certainement gagnantes. Mais d’autres ne peuvent pas se prémunir : ce sont les pauvres.

    Si monsieur Retailleau veut dire que les pauvres sont exclus de la capitalisation, il a raison. En effet les pauvres sont à perpétuité condamnés à la répartition, ils devront se serrer la ceinture durablement.

    Mais il y a un autre argument que monsieur Retailleau ne prend pas en compte : c’est que les salariés pauvres, comme les mieux payés, paient à l’URSSAF des cotisations qui pourraient être diminuées de moitié (voire davantage) si leur argent n’était pas gaspillé par le gestionnaire de leurs retraites appelé Sécurité sociale.

    Il faut déjà considérer que la distinction entre cotisations salariales et patronales n’a aucun sens , puisque ces deux prélèvements sont effectués sur la valeur réelle du travail du salarié. On devrait verser au salarié son salaire complet , celui qui n’est payé ni par le patron ni par quiconque autre, mais par le client. Dans une économie de marché la valeur d’un produit ne vient que du prix que l’acheteur est disposé à payer, et ce prix va rémunérer ceux qui ont créé et offert ce produit : investisseurs, entrepreneurs et salariés. Les investisseurs (comme les obligataires ou les banquiers) ont engagé un capital financier rémunéré par un intérêt. Les entrepreneurs ont su réunir les facteurs de production pour mieux satisfaire les besoins des clients potentiels et réalisent un profit. Les salariés ont apporté leur travail, c’est-à-dire leur savoir, leur temps, leur effort. Un artisan, un entrepreneur individuel, un professionnel libéral, apportent les trois facteurs de production et sont rémunérés par leur clientèle.

    Pourquoi le salarié est-il dépouillé de la valeur réelle et totale de son travail ?

    Parce que l’argent qu’il verse est un pur gaspillage, parce que lorsque le salarié peut capitaliser une partie de ce qu’il perçoit il peut le faire fructifier. Par contraste, en système de répartition l’argent cotisé ne va pas sur un compte que le salarié retrouvera le jour de sa retraite, il est immédiatement utilisé pour payer un pensionné. Le calcul a été fait par toutes les personnes connaissant une arithmétique élémentaire : une cotisation placée, capitalisée, représente la moitié, voire moins de la moitié de la cotisation qu’il faut payer en répartition. En d’autres termes, on confisque au salarié pauvre la moitié de son salaire et on ne peut pas lui garantir qu’il aura une retraite suffisante dans l’hypothèse d’une population vieillissante.

    Par contraste la capitalisation enrichit réellement le pauvre en lui laissant d’une part un pouvoir d’achat immédiat plus élevé, d’autre part la perspective d’une meilleure retraite. Où est l’appauvrissement du pauvre ?

    Rajeunir la population

    Il est vrai qu’on a entendu Bruno Retailleau et madame la sénatrice Valérie Boyer expliquer que le système par répartition peut être sauvé si la population rajeunit.

    Le COR, qui n’a aucune qualification ni esprit scientifique, contrairement à ce que l’on croit, (au point que les syndicats eux-mêmes ne retiennent jamais ni ses données ni ses prévisions) soutient également que la croissance démographique peut sauver le système actuel . Plusieurs personnes concluent aussi qu’il n’y a aucune urgence à réformer.

    La croissance démographique, utile ou inutile, peut être le fruit soit de l’immigration, soit d’une politique nataliste.

    La voie de l’immigration a été choisie par l’Allemagne, qui a en effet assimilé presque trois millions de Turcs. Il s’agit bien d’une assimilation, c’est-à-dire que les immigrés sont amenés à apprendre la langue, à accepter le mode de vie et à s’installer dans des logements déterminés par l’État (et pas dans des logements dits « sociaux »), et à avoir un emploi rémunéré. De telles conditions ne sont pas acceptées en France, l’acquisition de la nationalité française, avec le « droit du sol » et le regroupement familial, est d’une grande facilité. En revanche il est possible que des immigrés non assimilés, voire sans papiers, aient des familles nombreuses : le communautarisme entraîne les drames que l’on sait.

    Quant aux politiques natalistes, elles ont la faveur de nombreux milieux conservateurs, notamment catholiques. Il est en effet sympathique de voir de jeunes ménages entourés d’enfants en poussette qui assistent à la messe dominicale ou qui ont défilé pacifiquement dans les manifs pour tous contre les lois Taubira.

    On cite le regain de natalité dans certains pays comme la Hongrie, où les allocations familiales, les parts fiscales, les crèches et les soins aux enfants sont plus accessibles. Mais il existe au moins deux arguments pour montrer les limites de la politique nataliste.

    Le premier argument est typiquement libéral : il s’agit d’une politique. Cela signifie que la vie privée est régie par l’État, alors qu’elle est un choix personnel. C’est une ingérence injustifiée au point de vue des libertés individuelles.

    Le deuxième argument est typiquement catholique : l’enfant est le fruit de l’amour et non d’un calcul économique. Allons-nous concevoir un enfant par patriotisme ? Faisons-nous un enfant en bon citoyen, pour sauver la Sécurité sociale ?

    Vous trouverez peut-être ces deux arguments d’une autre période ou d’un autre monde mais nous voici revenus aux vertus morales de la capitalisation.

    Comme je les ai déjà évoquées, voici les conclusions d’un exposé de Gary Becker sur la capitalisation :

    « La capitalisation est un retour au travail : plus de gens seront actifs et le seront plus longtemps. C’est un retour à l’épargne. Alors que la répartition dilapide l’argent gagné et détruit le capital humain et la richesse nationale, la capitalisation place l’argent gagné, le fait fructifier.

    C’est un retour à la responsabilité personnelle, la répartition contient tous les germes de la collectivisation et aboutit à faire disparaître toute idée de progrès personnel. »

    Pour ne pas passer pour insensible à l’échec et à la misère, je rappelle aussi une remarque de Becker :

    « S’il y a des individus laissés pour compte on peut prévoir un filet social à leur intention, mais ces cas doivent rester marginaux et il faut se garder, comme on le fait maintenant, de construire tout un système d’État providence sur des hypothèses extrêmes qui ne concerneraient normalement qu’une infime minorité de la population ».

    À mon sens on peut aussi faire appel à la solidarité volontaire, qui est charité, autre forme de l’amour .

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      Retraites par répartition, une taxe « implicite » de 50 à 70 %

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 12 February, 2023 - 03:30 · 3 minutes

    Par Nicolas Marques .
    Un article de l’Institut économique Molinari

    Comment se comparent les rendements de la répartition et de la capitalisation ?

    Pour répondre à cette question, le concept de taxation « pure » ou « implicite » est utile. Il repose sur une comparaison entre le rendement de la répartition et celui de la capitalisation .

    À prestation égale, la capitalisation permet au futur retraité de cotiser moins qu’en répartition pure puisque les versements produiront des intérêts permettant de bonifier les retraites.

    Le différentiel entre les cotisations obligatoires en répartition et celles, moindres, qui auraient été nécessaires pour constituer une retraite identique en capitalisation constitue une « taxe pure » parfois qualifiée d’« implicite ».

    La taxe implicite des retraites par répartition

    Dans un article de 1997, Olivier Davanne et Thierry Pujol ont établi trois scénarios 1 . Dans le bas de la fourchette proposée, le « rendement implicite » de la répartition serait de 2 % et le rendement du capital de 4 %. Cela conduit les auteurs à considérer dans ce cas la moitié des cotisations versées en répartition comme une taxe « pure » ou « implicite ».

    Un individu capitalisant à 4 % pourrait se constituer une retraite du même montant avec des versements quasiment deux fois moindres. Dans le haut de la fourchette, avec un différentiel de rendement du capital de 4 points entre la répartition (2 %) et la capitalisation (6 %), la taxation pure suscitée par la répartition serait de l’ordre des 70 %.

    Retraites par répartition

    Dans une note de janvier 2020 intitulée « Quelle serait la situation des retraités s’ils avaient eu des fonds de pension depuis le début des années 1980 ? », l’équipe de recherche économique de Natixis a cherché à comparer les rendements de la capitalisation et de la répartition depuis 1982.

    Ses auteurs ont estimé le rendement moyen de la répartition à partir du taux de croissance moyen du PIB en volume sur la période (1,8 % par an). Ils l’ont comparé avec le rendement d’une capitalisation investie à parts égales entre actions (CAC40, dividendes réinvestis) et obligations.

    Retraites par répartition

    Les calculs de Natixis montrent qu’un euro de cotisation retraite investi en 1982 fournit en 2019 une richesse de retraite de 1,9 euro en répartition ou 21,9 euros en capitalisation, avec un fonds de pension investi à 50 % en actions et 50 % en obligations. Cela représente un différentiel de 1 à 11 en faveur de la capitalisation.

    L’importance de la capitalisation

    Cet écart ne permet pas d’en déduire qu’il eut été 11 fois plus intéressant de capitaliser.

    En effet, cet ordre de grandeur est représentatif d’un versement ponctuel, en début de carrière. Mais en pratique, la retraite se prépare au fil de l’eau, durant toute une carrière. Aussi, nous avons réitéré le calcul de Natixis dans le cadre de versements réguliers entre 1982 et 2019.

    Cela donne un différentiel de 1 à 5 ou 1 à 4 en faveur de la capitalisation, selon l’hypothèse de croissance des salaires utilisée pour réévaluer les versements annuels. Dans le milieu de fourchette, représentatif du salarié moyen 2 , la cotisation en capitalisation aurait été 4,6 fois plus efficace qu’une cotisation identique en répartition si l’on retient les taux de rendements employés par Natixis.

    Retraites par répartition

    Ce passage est extrait de l’étude « Pour une réforme des retraites qui réponde aux enjeux français : Compétitivité, emploi, innovation avec la capitalisation pour tous » (88 pages), réalisée par CroissancePlus et l’Institut économique Molinari, disponible ici ( lien ).

    Sur le web

    Un article publié initialement le 18 octobre 2021.

    1. Davanne, O. et Pujol, T. (1997). « Analyse économique de la retraite par répartition », Revue française d’économie , volume XII hiver, pages 40-41.
    2. Quelle que soit son année de naissance ou sa cohorte d’appartenance, de la plus jeune à la plus ancienne, un salarié peut en moyenne espérer multiplier son salaire par 1,7 au cours de sa vie professionnelle, ce qui équivaut à un taux de croissance moyen du salaire de 1,27 % par an sur 42 ans. France Stratégie (2018), Les salaires augmentent-ils vraiment avec l’âge ? Note d’analyse, novembre 2018, pages 4 consultable avec ce lien
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      Les retraites et la fécondité en débats à l’IRDEME-EPLF

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 11 February, 2023 - 04:00 · 15 minutes

    Le 1 er février 2023, j’étais invité par l’Institut de recherche pour la démographie des entreprises ( IRDEME ), et l’association Entrepreneurs pour la France (EPLF), à lancer leur débat sur les retraites et les moyens de relance de la natalité : un sujet ô combien d’actualité !

    Ce fut également l’occasion d’annoncer la publication du dernier livre de Bernard Zimmern, fondateur de l’IRDEME 1 , combattant les thèses de Piketty sur les inégalités.

    Mais revenons au débat, que j’ai ouvert par l’affirmation suivante : « Le débat sur les retraites est mal posé. »

    Le problème des retraites n’est pas financier, mais démographique

    L’opposition à l’augmentation de l’âge de départ de 62 à 64 ans a suscité toutes sortes de considérations financières : déficit ou non du système actuel, taxation des riches ou plus rarement augmentation des cotisations ou diminution des pensions ou bien encore passage partiel ou total à la capitalisation.

    À mon avis, ces questions n’ont rien à voir avec le problème posé car le pouvoir d’achat des retraites n’est pas une question d’argent mais une question démographique, à législation inchangée.

    En effet, ce qui compte pour un retraité, ce n’est pas d’avoir 1000 ou 2000 euros mensuels de pension mais ce qu’il peut acheter avec. La première réaction de mes interlocuteurs est souvent l’incompréhension : « Bien sûr que c’est le montant qui compte : je vais au supermarché et j’achète plus ou moins suivant l’importance de ce montant ».

    Cette réaction néglige deux questions importantes que je vais soulever ici, avant de terminer par l’examen rapide d’une troisième question : en quoi le passage à la capitalisation résoudrait-t-il les deux premières questions ?

    Je serai bref sur ce dernier point car vous avez à votre disposition mes précédents articles pour nourrir vos propres réflexions :

    Ce n’est pas la distribution de pensions qui assure la retraite

    Comme je l’ai dit, ce qui compte c’est qu’une pension apporte dans le futur des biens et services aux retraités, si possible en même quantité qu’aujourd’hui. Or ce n’est pas une question d’argent car une grande partie de ce dont on a besoin ne se trouve pas au supermarché.

    Il y a d’abord les services nécessaires aux retraités. Pour commencer, les soignants au sens large, de la garde-malade ou auxiliaire de vie aux médecins, en passant par les infirmières et le personnel de tous les fabricants et distributeurs du matériel nécessaire. On sait qu’ils sont en nombre insuffisant. Or ce n’est pas le montant des pensions qui va créer des infirmières supplémentaires.

    Il y a aussi de nombreuses autres professions apportant les services nécessaires à la vie quotidienne de tous et pas seulement des retraités. Mais ces derniers pâtiront plus brutalement de leur insuffisance si la législation sur les retraites reste inchangée : si l’ascenseur est en panne, l’octogénaire coincé au dixième étage devra attendre plusieurs jours, une partie des techniciens ayant pris leur retraite et les jeunes étant moins nombreux.

    Pour rester dans mon image initiale, il y a ensuite les biens que l’on peut trouver aujourd’hui au supermarché et que les retraités pensent pouvoir se procurer si leur pension est suffisante.

    Or, toujours à législation constante sur les retraites, on pourrait voir se vider certains rayons du supermarché pour la même raison que pour les services : à savoir qu’une partie du personnel nécessaire sera partie en retraite, de l’agriculteur à la caissière en passant par les fabricants des produits vendus et les conducteurs de poids lourds pour l’approvisionnement.

    Bien sûr, comme nous le verrons, il peut y avoir des progrès de la productivité dans ces domaines, mais ces derniers sont déjà pris en compte dans les prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR).

    Conséquences sur la comparaison répartition/ capitalisation

    Voici, de manière télégraphique, les éléments de comparaison, dont vous pourrez trouver le détail dans mon article sur les retraites par capitalisation .

    Les arguments pour la capitalisation : individualisation, liberté, responsabilité

    Chacun cotise ce qu’il veut, le temps qu’il veut et est responsable du résultat.

    Les arguments discutables : la fécondité du ruissellement

    Les partisans de la capitalisation estiment que l’utilisation de l’épargne par des organismes financiers (fonds de pension, caisses de retraite) mènera à des investissements judicieusement choisis et donc à une croissance meilleure qu’en répartition.

    Dans l’article précité, j’explique mon scepticisme : selon moi le ruissellement issu de la répartition et celui de la capitalisation sont très voisins. Le problème se réduit au choix des investissements par le marché ou par des technocrates des organismes financiers. La différence est invérifiable, mais est a priori faible et à mon avis à l’avantage du marché.

    La faiblesse des arguments mettant les épargnants à l’abri de la démographie

    Un argument simple et souvent répété en matière de capitalisation est que le placement à 5 % de l’épargne sur la durée de la vie active mène à une retraite très supérieure à celle par répartition.

    Outre qu’il n’existe pas, à ma connaissance, de placement permettant un rendement en valeur réelle de 5 % sur 40 ans, la principale faiblesse de ce raisonnement est qu’il ignore d’où viendront les 5 %, puis en fin de vie, le rachat des titres accumulés.

    Les entreprises qui donneront les sommes nécessaires seront soumises comme tous les acteurs économiques à l’évolution démographique et notamment à la pénurie relative de main-d’œuvre par rapport au nombre de retraités à servir. Bref, les ressources seront limitées comme en répartition et pour les mêmes raisons.

    Vous me direz que la capitalisation bénéficiera d’une augmentation prévisible de la productivité, mais c’est également le cas en répartition, comme vous pouvez le vérifier en regardant le détail des analyses du Conseil d’orientation des retraites.

    À ce stade, on voit que les problèmes auxquels auront à faire face les systèmes par répartition et capitalisation sont très voisins et principalement démographiques.

    Pourquoi cette opposition ? En partie pour des raisons idéologiques ou culturelles

    Les libéraux ont une bonne connaissance et une sympathie pour l’économie et la finance, alors que leurs adversaires ont une grande méfiance envers la finance, « notre ennemie », comme disait François Hollande.

    Cette méfiance est en général couplée à une grande ignorance économique, ne serait-ce que parce qu’ils estiment que les dividendes et plus-values boursières – ils oublient en général qu’il y a aussi des moins-values – « enrichissent les milliardaires », alors que ceux des fonds de pension vont directement à des retraités, en général anglais ou américains, sans parler de tous les particuliers qui ont des portefeuilles, notamment dans les pays anglo-saxons.

    Seule compte l’offre, donc la démographie et la productivité

    La quantité de travail

    La démographie nous dit que la solution est que chaque actif travaille plus longtemps, ou d’en augmenter le nombre par l’immigration.

    Travailler plus longtemps peut se faire par la loi – avec le passage à 64 ans par exemple – ou spontanément : le nombre de retraités travaillant augmente, que ce soit officiellement (cumul emploi-retraite, médecins rappelés par les hôpitaux…) ou bénévolement en famille ou association. C’est particulièrement massif au Japon.

    Quant à l’immigration, même les pays qui y sont officiellement hostiles finissent par la tolérer en pratique puisque leurs employeurs y font massivement appel. Dans le cas des pays européens de l’Est et du Sud, le manque d’actifs est dramatique du fait de la baisse de la fécondité et du départ des jeunes vers l’Allemagne.

    Même en France, pays moins touché que les autres, il y a eu 320 000 titres de premier séjour en 2022 contre moins de 200 000 les années précédentes.

    Cette augmentation vient des étudiants, dont 50 % trouvent un emploi en France et des 52 000 entrant pour raisons économiques, dont 18 000 au titre des profils hautement qualifiés. Il faut y ajouter 11 000 régularisations pour raison de travail. S’y ajoutera un titre de séjour pour les sans-papiers travaillant dans les secteurs tendus, actuellement en débat à l’Assemblée nationale .

    Une exception pour la pénibilité ?

    L’opinion se hérisse de voir les travailleurs des métiers pénibles être « menacés » de travailler plus longtemps. C’est humainement compréhensible, sous les réserves que nous verrons, mais ça ne change pas le problème : les travailleurs de ces secteurs sont aussi nécessaires que les autres, ne serait-ce que pour leurs camarades retraités.

    Le véritable remède, qui se répand dans des entreprises sérieuses, est une évolution du poste en fin de carrière vers des occupations moins pénibles.

    Par ailleurs, le fait de s’estimer très abîmé à 60 ans me paraît être plus une rengaine syndicale, forcément bien reçue, qu’une réalité. Sauf dans certains cas, d’où la discussion sur la pénibilité .

    Mais cette analyse elle-même est polluée en toute connaissance de cause par les syndicats qui veulent une définition par métier, de manière à avoir des redevables, comme c’est le cas pour les conducteurs ultra-privilégiés de TGV (en salaire et temps de travail). Ils sont privilégiés parce que leur métier a été déclaré pénible à l’époque où ils chargeaient le charbon dans la chaudière de la locomotive à la pelle et le torse nu.

    Bref, demander la retraite à 60 ans pour le personnel de terrain est une nouvelle façon de créer des privilèges pour capter des votes.

    Bien sûr, le patronat veut que la pénibilité soit individuelle et sur avis médical, pour éviter cette dérive.

    Un moyen de limiter le poids de la démographie est d’augmenter la productivité. Mais cette dernière dépend partiellement de la démographie.

    Productivité et démographie

    Depuis toujours, les employeurs estiment que les jeunes sont plus productifs que leurs aînés, notamment en matière de dynamisme et d’ouverture à l’innovation. Avec bien sûr de nombreuses exceptions individuelles.

    Cet état d’esprit a été accentué par la révolution numérique dans laquelle les jeunes sont plus à l’aise que leurs aînés. La démographie pèse donc sur la productivité du fait de la diminution du nombre de jeunes actifs.

    Une autre raison du lien entre démographie et productivité tient aux économies d’échelle qui deviennent négatives quand la population diminue.

    Ce serait une des explications de la différence croissante de productivité entre l’Europe et les États-Unis, due à l’immigration massive vers ce pays qui soutient sa croissance démographique malgré une fécondité médiocre. Beaucoup de chefs d’entreprises, y compris des plus importantes, sont nés à l’étranger et notamment en Inde.

    À cela s’ajoute la renommée des universités américaines et le rachat massif de startups européennes par les États-Unis, qui sont deux formes de « pompage » physique et intellectuel de la population qualifiée du monde entier.

    En conclusion

    Les seules mesures positives en matière de retraite sont celles qui augmentent la quantité de travail ou la productivité. On voit que cela n’a rien de financier.

    Heureusement, l’homme est ingénieux et adaptable. Laissons-le travailler à son gré après l’âge légal, comme cela se fait de plus en plus souvent.

    Comment augmenter la fécondité ?

    Nous postulons que l’augmentation du taux de fécondité dans de nombreux pays serait souhaitable, ne serait-ce que parce que les bas niveaux actuels mettent en péril leur existence. Et cela même avec le secours de l’immigration car une intégration et une assimilation ne sont possibles que s’il reste suffisamment de nationaux actifs, car on ne pourra pas compter sur des vieillards dépendants.

    De plus, nous avons vu les effets positifs d’une croissance de la population sur la productivité, donc sur le niveau de vie de chacun. Et enfin nous avons constaté que la diminution de la proportion de jeunes adultes est la cause du problème des retraites.

    Il faut être conscient que certains de ces effets positifs ne se feront sentir qu’à long, voire à très long terme, puisque c’est seulement à partir de 20 ans qu’un jeune entre dans la population active et que « le plein » de la pyramide des âges des actifs ne sera terminé que 40 à 50 ans plus tard !

    Il faut tout d’abord être conscient des mécanismes de la baisse générale de la fécondité dans le monde et voir si on peut les freiner.

    Les causes de la baisse de la fécondité

    À mon avis, la plus importante est l’existence de la retraite puisqu’elle supprime l’obligation d’avoir des enfants pour être nourri pendant ses vieux jours. Mais je ne vois pas un gouvernement s’y attaquer !

    Il y a aussi le choix prioritaire des femmes pour le travail : dans de nombreux pays, elles devaient choisir entre travailler ou avoir des enfants et l’expérience a montré qu’elle préféraient sacrifier les naissances. À cela s’ajoute souvent la pression de l’opinion publique stigmatisant les mères au travail. Cela a été longtemps général en Allemagne mais commence à reculer maintenant que la population a pris conscience du problème.

    Il y a surtout le coût de l’enfant et en particulier celui de l’éducation. De nombreuses études ont montré que dans les pays où la fécondité s’était écroulée, comme la Corée, le Japon et la Chine, il y avait une compétition féroce pour l’accès aux universités les plus prestigieuses. Les parents se ruinent donc à payer des études supplémentaires imposées le soir à leurs enfants, ce qui coûte très cher et explique souvent la nécessité de se limiter à un seul.

    Et dans tous les pays, le coût du logement est un problème.

    Qui plus est, les écologistes ont persuadé une partie de la population des pays riches qu’il était mauvais pour la planète d’avoir des enfants, sans se soucier de ce que deviendraient les générations précédentes.

    À tout cela s’ajoute en France un tropisme « anti nataliste » à gauche. Les natalistes y sont suspectés d’avoir comme arrière-pensée de vouloir maintenir les femmes à la maison.

    J’évoquerai enfin la folie égalitariste : les gouvernements de gauche, et en dernier ceux de François Hollande, ont petit à petit rogné des dispositions natalistes lancées avec succès dans les années 1940-1950, notamment le quotient familial. Outre l’impact financier, secondaire pour ceux qui désirent fortement des enfants, cela a détruit l’impression que la société était favorable à ces derniers.

    Cette action des gouvernements de gauche est arrivée à contretemps en contribuant à la diminution du nombre d’enfants au moment où les baby-boomers arrivent à l’âge de la retraite, d’où le problème actuel !

    Les tentatives de relance

    En France comme à l’étranger où le modèle français des années d’après-guerre a été bien étudié, les spécialistes estiment qu’il faut y revenir, à la fois sur le plan financier et sur le plan psychologique.

    Reste à transformer cela en décisions gouvernementales et ce qui est encore plus difficile, en « ambiance sociétale ».

    La Russie et l’Allemagne, entre autres, l’ont fait et ont enregistré une reprise modérée de la fécondité, qui reste néanmoins de l’ordre de 1,5 enfant par femme, loin des 2,1 nécessaires au maintien de la population et en dessous des 1,8 constatés en France. De plus cette reprise s’étiole maintenant.

    Dernier pays à tenter de redresser sa fécondité : le Japon qui est en vieillissement accéléré avec 29 % de sa population de plus de 65 ans. L’obligation de départ a été portée à 70 ans et le financement de la vieillesse représente maintenant 34 % du budget national

    Instruit par l’expérience des autres pays, le Japon prévoit d’améliorer les services de garde d’enfants et les conditions de travail des mères (dans certains métiers il est de bon ton de faire des heures supplémentaires gratuites et de rentrer tard à la maison). Le tout doublé d’un gros effort financier en allocations familiales et primes à la naissance. Les municipalités ajoutent de plus un complément à cette aide financière.

    L’avenir nous en dira l’efficacité, qui n’est pas garantie car il s’agit de décisions privées et il faudrait déconstruire tout un système social fondé sur le coûteux « gavage » des enfants pour l’accès aux meilleures universités, ce qui est un jeu à somme négative.

    Le gouvernement sud-coréen fait une campagne télévisée pour expliquer que les bons parents sont ceux qui dirigent leurs enfants vers des carrières moins élitistes mais tout aussi honorables, sans sacrifier leur jeunesse !

    Bref, le minimum envisageable en France semble être un retour aux mesures natalistes des années 1940-1950, sans garantie de succès rapide, à en juger par les résultats dans les autres pays et compte tenu de la pression de « l’écolo-pessimisme ».

    Dommage que, jusqu’à présent, seuls les partis du côté droit de l’échiquier politique français se préoccupent de cette question -ce n’est plus le cas chez certains de nos voisins- … et que les partis de gauche ne trouvent rien de mieux que de les stigmatiser comme rétrogrades ou extrémistes.

    Sur le web

    1. La mission de l’IRDEME-EPLF : « Inspiré par notre fondateur Bernard Zimmern , entrepreneur et philanthrope exceptionnel, nous nous consacrons à la poursuite de son combat ; L’offre d’emplois marchands augmente grâce aux entreprises nouvelles et existantes. Les acteurs privés, par leurs financements et leurs accompagnements, sont indispensables et les plus pertinents pour assurer leurs succès et celui de la France. L’Etat n’est pas un bon gestionnaire d’entreprises. Il lui faut se consacrer au rôle de facilitateur au service des entrepreneurs. Il doit impérativement réduire les contraintes fiscales et administratives pour améliorer la compétitivité de notre cher pays par rapport à nos voisins. » Site internet IRDEME-EPLF
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      La fable du roi et des retraites

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 10 February, 2023 - 03:30 · 5 minutes

    Plutôt qu’un texte technique de plus, voici une petite fable. Car socialement et financièrement, tout a été dit, notamment sur le ratio cotisants-retraités, ce qui est un grand progrès par rapport aux considérations idéologiques qui subsistent encore. L’iFRAP a réalisé d’excellentes études. Mais le fond du problème n’est pas l’argent. Lisez !

    Il était une fois une petite île, où vivaient cent adultes qui mettaient facilement de l’argent de côté car ils n’avaient pas d’enfants. Quand leurs vieux jours arrivèrent, leur compte en banque était bien gras, mais il n’y avait plus rien au marché car plus personne ne labourait les champs. Ils moururent tous de faim sur leur tas d’écus.

    Mais, me direz-vous, chez nous, c’est différent : les gens ont des enfants !

    Dans l’île voisine vivaient aussi cent adultes dont 50 travaillaient. Leur roi leur conseilla d’avoir des enfants. Ces cent adultes, soit cinquante couples, firent donc un enfant. Quand la retraite vint, il y avait donc cent vieux, cinquante jeunes en âge de travailler et leurs enfants. Donc, mettons deux cents personnes à nourrir au lieu de cent pour le même nombre d’actifs. Famine, faute de gens dans les champs. Mais les fonctionnaires exigèrent de rester nombreux et de conserver leur part de nourriture. Et les vieux moururent de faim sur leurs tas d’écus.

    Dans l’île voisine, le roi conseilla d’avoir plusieurs enfants. La moitié en eut quatre, l’autre moitié aucun, préférant mener la belle vie et entasser les écus. À la retraite, il y eut donc cent vieux et cent jeunes. Il y avait assez de nourriture pour tout le monde, mais tout juste. Les vieux riches qui n’avaient pas eu d’enfants pensèrent bien manger. Mais les jeunes et leurs parents se servirent en premier et n’apportèrent que peu au marché. Les riches dépérirent sur leurs tas d’écus. Puis la médecine progressa et il y eut bientôt cent cinquante vieux. Ou plutôt il y en aurait eu cent cinquante si les plus fragiles n’étaient pas morts de faim.

    Mais, me direz-vous, chez nous, c’est différent, les systèmes de retraite nous donnent « des droits » !

    Sur une île voisine, on portait ses écus à une organisation qui vous donnait en échange un papier où étaient inscrits vos « droits ». Les écus allaient aux retraites des vieux de la génération précédente. Le jour de leur retraite, ceux qui avaient beaucoup de « droits », car ils avaient beaucoup cotisé n’ayant pas d’enfants, se présentèrent pour toucher leur grosse retraite. Mais les caisses étaient vides car leurs cotisations avaient été versées à la génération précédente ou à des entreprises qui n’avaient plus assez d’employés et de clients. Les vieux manifestèrent pour réclamer « leurs droits ». Pour respecter les engagements de l’État, le roi taxa donc les jeunes. Ce fut une révolte générale. Les vieux ne touchaient que la moitié du revenu des jeunes et les jeunes étaient furieux de se voir retirer cette moitié. Ils finirent par émigrer, laissant les vieux sans enfants mourir de faim avec leurs mirifiques contrats.

    Les vieux qui étaient encore valides travaillèrent. Dans l’île où il n’y avait pas d’enfants, cela ne fit que retarder l’échéance et ils moururent tous de faim. Dans les autres îles, on prit l’habitude de travailler après 60 ans, et avec ce renfort du troisième âge, les jeunes purent nourrir le quatrième âge.

    Dans une autre île, le roi envisagea d’attirer des jeunes. Mais nous avons vu que les îles voisines, de même race et de même religion, manquaient également d’enfants. Arriva alors un bateau de réfugiés à la peau sombre fuyant un mauvais gouvernement. « Voici des jeunes », dit le roi. « Quoi !? rétorquèrent les habitants. Ils n’ont pas nos habitudes ni notre religion. Et peut-être, quand nous serons âgés et faibles, nous jetteront-ils à la mer ! » ; « C’est bien possible, dit le roi, mais c’est cela ou travailler jusqu’à 80 ans car nos propres jeunes vont partir si tout doit reposer sur eux ! »
    Je passe sur les problèmes qui suivirent.

    Cette petite fable montre à quel point sont liées les retraites, la natalité et l’immigration. Le lien, c’est la production. Celle des biens et services à produire de manière suffisante pour tous. Et qui dit production dit travail. Et qui dit travail ne dit pas retraite.

    On meurt de faim même avec de l’argent si la production ne suit pas parce que trop d’actifs prennent leur retraite. Les économies, les retraites, les promesses des politiques, les pensions du gouvernement, les assurances privées ou publiques, les retraites versées par les organisations de gauche ou les fonds de pension de droite ne servent à rien, comme les tas d’écus de notre fable.

    Car il n’y aura rien à acheter. Il n’y aura pas de pain dans les boulangeries, pas d’infirmières pour vous soigner. Et ne me dites pas : « il faut prendre l’argent là où il est », en pensant aux multinationales ou aux riches héritiers. Même si vous leur arrachez leur argent par l’impôt ou par la force, il n’y aura toujours pas de pain à acheter. Ou assez d’infirmières pour vous soigner.

    Mais, allez-vous dire, moi Européen, j’ai sur mon compte les euros de ma retraite… Je vais acheter de la nourriture aux Chinois !

    La réponse est simple : pourquoi les Chinois voudraient-ils de vos euros ? Ils ne valent plus rien, puisqu’il n’y a rien à acheter en Europe… depuis qu’elle croule sous les retraités. Et d’ailleurs, les Chinois n’ont pas plus d’enfants que les Européens et mourront de faim avec eux.

    Quelques remarques :

    Ce texte est valable en capitalisation comme en répartition.

    En France, nous serions à l’abri grâce à nos deux enfants par femme. D’abord, ce n’est vrai que depuis l’an 2000, donc ce sont pour l’instant des bouches à nourrir. Il faudrait aussi que nos jeunes n’émigrent pas et que ceux qui restent, « de souche » ou pas, soit bien formés.

    L’Allemagne a peu d’enfants mais attire les jeunes Européens (Italiens, Espagnols, etc.), la catastrophe y sera donc peut-être moins forte que prévu. Par contre, elle sera pire dans les pays ainsi déshabillés.

    Belles discussions en perspective sur « la solidarité européenne »…

    Article publié dans Le Cercle Les Échos, le 21 août 2013

    Sur le web

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      S’inspirer de Jean Jaurès pour sauver le système de retraites

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 28 January, 2023 - 03:30 · 2 minutes

    Une chronique de Cécile Philippe.
    Un article de l’ Institut économique Molinari .

    Jean_Jaurès,_1904 S’inspirer de Jean Jaurès pour sauver le système de retraites ?

    Oui car le sujet de la retraite a été trop souvent traité sous un angle purement politicien, ce qui contribue à entretenir un statu quo intenable.

    Relire Jaurès nous montre qu’on peut être à gauche et défendre la capitalisation.

    Il suffit de se replonger dans L’Humanité de 1909. Jaurès y expose comment la capitalisation « en soi est parfaitement acceptable » et peut constituer « un gage plus certain, une base plus solide » pour l’assurance retraite. Pour le cofondateur du Parti socialiste français (1902) et de L’Humanité (1904), la capitalisation « peut même, bien maniée par un prolétariat organisé et clairvoyant, servir très substantiellement la classe ouvrière » .

    En effet, en rendant la classe ouvrière « à la fois capitaliste et salariée », elle lui permettrait de recevoir « tout le produit social qui résulte de la mise en œuvre de ce capital par le travail ouvrier ». En permettant au salarié de devenir épargnant, elle lui donnerait les moyens de préparer ses vieux jours tout en s’appropriant une partie du rendement du capital.

    D’où l’idée – qui n’est pas neuve – d’introduire une dose de capitalisation dans le système de retraites actuel… Reste à respecter j’imagine certaines conditions pour que ça marche…

    Il s’agit de faire du neuf avec de l’ancien et de cesser de matraquer l’épargne. Depuis plusieurs années les pouvoirs publics ont taxé les produits dédiés à la retraite. On se souvient tous du forfait social, prélèvement de 2 % instauré sous Fillon et porté à 20 % sous Ayrault.

    Ensuite, cessons de faire des différences. Il n’y a pas de raison d’attaquer les mécanismes d’épargne du privé, tandis qu’on oblige par ailleurs le public à capitaliser, avec l’ERAFP , un fonds de pension qui ne dit pas son nom.

    Mais donc le système par répartition n’est absolument pas pérenne tel qu’il existe aujourd’hui ?

    Non. Nous avons fait preuve d’une imprévoyance collective majeure. Tous les experts savent que les régimes de retraite par répartition constituent des bombes à retardement. Avec de moins en moins d’actifs et de plus en plus en plus de retraités, la répartition est condamnée à distribuer des retraites de plus en plus maigres. Les réformes initiées en France depuis la fin des années 1980 limitent l’essor des dépenses, avec à la clef des économies représentant aujourd’hui de l’ordre de 2 % du PIB. Pour autant elles ne permettent toujours pas d’équilibrer les comptes et de résorber la dette implicite liée aux retraites par répartition, estimée à 3,6 années de revenu.

    D’ici 50 ans, ces réformes devraient nous permettre d’économiser de l’ordre de 8 % du PIB par an, en contenant les dépenses de retraite à un niveau proche d’aujourd’hui. Cela se fera par une réduction massive des pensions. En bonne logique, il faudrait que cette baisse des retraites par répartition soit compensée par une épargne retraite. Il faudrait que les pouvoirs publics – de droite comme de gauche – incitent massivement les Français à épargner, ce qui est loin d’être le cas.


    Chronique de Cécile Philippe, directrice de l’ Institut économique Molinari , diffusée sur les ondes de Radio classique le 17 juin 2014.

    Article publié initialement le 3 juillet 2014.

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      Quand Jean Jaurès prônait la capitalisation pour tous

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 21 January, 2023 - 03:30 · 5 minutes

    Par Nicolas Marques.
    Un article de l’Institut Molinari

    L’institut économique Molinari vient de republier quatre textes de Jean Jaurès éclairant le débat sur l’intérêt d’une capitalisation pour tous. Ces articles sont représentatifs du débat sur la capitalisation collective se déroulant dans les colonnes de L’Humanité dans les années 1909 et 1910. Retour sur un moment oublié d’histoire sociale toujours bien actuel, alors que nombre de syndicalistes n’osent pas défendre ouvertement la capitalisation, en dépit des avantages qu’elle procure à leur mandants via des structures qu’ils co-gèrent depuis des décennies (Préfon, ERAFP…)

    Au début du XX e siècle, un intense débat se développe dans le monde ouvrier. L’État doit-il s’impliquer dans les retraites ? La capitalisation est-elle une opportunité ou un risque ?

    Le texte de loi sur les Retraites ouvrières et paysannes (ROP) donne lieu à un intense débat au sein de la gauche syndicale et politique. Il s’agit d’une des premières confrontations à propos du sens que le socialisme peut donner à la capitalisation et à la répartition.

    Jean Jaurès, cofondateur du Parti socialiste français et fondateur de L’Humanité soutient pied à pied le projet de loi instaurant la capitalisation ouvrière.

    Selon lui, la capitalisation a l’avantage de rendre la classe ouvrière « à la fois capitaliste et salariée », lui permettant de recevoir « tout le produit social qui résulte de la mise en œuvre de ce capital par le travail ouvrier » 1

    Pour le lecteur intéressé, nous avons reproduit quatre articles clefs de l’auteur sur le sujet :

    1. « Les termes de la question » présente l’état du débat fin 1909.
    2. « Capitalisme et capitalisation » explique comment la loi sur les retraites doit, grâce à la capitalisation, permettre de rééquilibrer le partage de la valeur et du pouvoir en faveur des ouvriers. Cette démarche préfigure avec un siècle d’avance l’approche du Comité intersyndical de l’épargne salariale (CIES) réunissant la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC et la CGT.
    3. « Escroquerie » bat en brèche l’idée que le gouvernement pourrait détourner la capitalisation collective.
    4. « Sécurité » insiste sur les gages de sécurité apportés par la capitalisation par rapport à la répartition.

    Les socialistes révolutionnaires, marxistes, anarchistes et la CGT s’opposaient à Jaurès. Ils étaient inquiets à l’idée d’une expropriation des versements qui aurait permis aux pouvoirs publics de financer un effort de guerre 2 .

    Jean Jaurès s’opposa notamment à Paul Lafarge, gendre de Karl Marx, qui considérait que la loi sur les « retraites aux morts » était une « escroquerie » 3 . Paul Lafarge, comme Jules Guesde, considérait que « la société bourgeoise et capitaliste, qui crée et favorise l’exploitation du prolétariat, doit pourvoir au bien-être et à la subsistance des vieux travailleurs » 4 .

    Cette position était partagée par les anarcho-syndicalistes qui avaient proposé, lors du Congrès de Limoges, le financement des retraites au moyen de « fonds provenant d’économies à réaliser sur… la présidence de la République, du Sénat, des Ministères de la guerre et de la marine, etc. » 5 .

    Néanmoins, cette position était loin de faire l’unanimité.

    Une intervention publique gênait les militants ouvriers qui l’analysaient « comme une ingérence dans la vie privée et dans la communauté ouvrière, imposée de l’extérieur par un Etat dominateur et adversaire de classe » 6 . Le texte de loi gouvernemental était considéré par certains comme une agression visant à intégrer la classe ouvrière à la société bourgeoise. De nombreux militants de la CGT le percevaient « comme un moyen de briser l’élan insurrectionnel et révolutionnaire, cette violence créatrice censée caractériser une classe ouvrière en lutte ». Ils étaient rejoints par les libertaires qui considéraient que la « loi des traîtres » risquait de provoquer un « avachissement » d’ouvriers devenus dépendants de la manne étatique 7 .

    Ajoutons que les libéraux étaient eux aussi réticents à l’instauration d’une capitalisation collective. Ils redoutaient les conséquences indirectes d’une accumulation de capitaux considérable à la Caisse des dépôts et consignations 8 . Cela conduira les sénateurs à défendre un panachage répartition et capitalisation. À les entendre, ce panachage, réduisant les montants à capitaliser, permettait de limiter les risques politiques et de préserver d’éventuelles perturbations sur le marché des capitaux.

    Au final, ce texte sera un échec.

    La loi est votée le 5 avril 1910 mais dès le 11 décembre 1911, la Cour de cassation annule son caractère obligatoire, au motif qu’un employeur ne peut pas « forcer » un salarié à cotiser. La cotisation devient facultative et ne rencontre pas un fort succès populaire. Il faut dire qu’en cas de survie elle donnait accès à des rentes viagères calculées sur des bases inadaptées. Elles étaient calculées à partir de l’espérance de vie d’anciens rentiers, « têtes de choix » ayant vécu sensiblement plus longtemps que les ouvriers et paysans des années 1910, ce qui réduisait l’espérance de gain de ces derniers 9 Cotiser n’était pas rentable, indépendamment des gains générés par la capitalisation…

    Sur le web

    Un article publié initialement le 21 février 2020.

    1. JAURES, Jean (1909), « Capitalisme et capitalisation », L’Humanité , lundi 27 décembre, p.1 ou JAURES, Jean (1910) « Tous escrocs ! », L’Humanité , 1 er janvier, p.1 .
    2. Voir par exemple BRACKE (1910), « La discussion sur les retraites », L’Humanité ,  dimanche 9 janvier, p1.
    3. TANGER, Albert (1910), « De Limoges à Nîmes », Revue Socialiste Syndicaliste et Coopérative , n°303 mars p. 202.
    4. Art. 7 du programme du Parti ouvrier français. DUMONS B. & POLLET G. (1994 ) L’État et les retraites, genèse d’une politique , Paris : Belin, p. 162.
    5. « La naissance de la CGT. Le Congrès de Limoges, septième congrès national corporatif. 23-28 septembre 1895 », Les cahiers d’histoire sociale , p. 169.
    6. DUMONS & POLLET – 1994, op cit p. 162.
    7. DUMONS & POLLET – 1994, op cit p. 151 & 154.
    8. Lors des débats parlementaires, plusieurs orateurs soulignèrent la « tentation permanente, bien dangereuse en temps de crise pour les pouvoirs publics de piocher dans des caisses si voisines des siennes et pleines d’or quand le Trésor public pourra être vide » cf. LEROLLE, Paul (1910), « séance du 30 mars », JO Chambre des députés , pp. 1783-84 & 1804.
    9. Voir MARQUES, Nicolas (2000), Le monopole de la sécurité sociale face à l’histoire des premières protections sociales, Journal des Économistes et des Etudes Humaines , De Gruyter, vol. 10(2-3), pages 1-30, Juin .
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      Retraites : solidaires dans la misère, un choix de société

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 20 January, 2023 - 04:30 · 5 minutes

    La réforme des retraites a des adversaires. Mais toutes les nuances politiques sont unanimes sur un point : conserver un système par répartition au nom de la solidarité, ce merveilleux principe qui fait de la France un paradis social et un enfer fiscal.

    Il va sans dire que selon la pensée unique tout paradis fiscal est un enfer social et que nous avons choisi – sous l’influence de notre élite éclairée – le meilleur des mondes possibles.

    Citons quand-même une seule voix hors consensus : celle de David Lisnard, maire de Cannes et auteur d’une tribune « Capitalisation, pour en finir avec le sado-réformisme des retraites . »

    En France la politique échappe à la loi commune des industries de service : celle de la généralisation des meilleures pratiques. Plutôt que de s’inspirer de ce qui fonctionne bien chez les autres, mieux vaut s’acharner à tenter de faire marcher ce qui marche mal chez nous est un principe qui semble bien ancré.

    La capitalisation c’est horriblement mieux

    Des études comparatives montrent pourtant que les systèmes de retraites par capitalisation assurent généralement de meilleures pensions pour tous moyennant moins d’efforts financiers par tous.

    Une de ces études provient de Natixis qui s’est livrée en janvier 2020 au calcul suivant :

    Quelle serait la situation des retraités s’ils avaient eu des fonds de pension depuis le début des années 1980 ?

    La réponse est : horriblement mieux.

    Un euro de 2019 de cotisation au système de retraite en 1982 en France correspond donc aujourd’hui à une richesse de retraite, toujours en euros de 2019, de :

    • 1,93 euro en répartition
    • 21,90 euros en capitalisation, en supposant un investissement moitié en obligations, moitié en actions.

    Le coût d’avoir eu, depuis 40 ans, seulement de la retraite par répartition en France est donc considérable.

    Même en considérant les années 2020, 2021 qui ont vu la crise sanitaire et une chute simultanée des marchés actions et obligations en 2022 de 20 % des marchés actions et plus de 30 % des marchés obligataires , il reste de la marge.

    On trouve aussi un intéressant tableau de la capitalisation des fonds de retraite rapportée à la taille de l’économie des pays. Investir dans les actions cotées des entreprises nationales revient à faire du patriotisme économique.

    Citons aussi les travaux de l’ Institut Molinari qui détaillent le fonctionnement des systèmes mixtes (capitalisation – répartition) et chiffrent les allègements de prélèvements sociaux qui en résulteraient.

    Un point clé est le lien entre chômage et prélèvements sociaux :

    « Le financement des retraites est, en partie, responsable de cette spirale de déclassement. Censé obéir à une logique de répartition, il renchérit significativement le coût du travail. »

    Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre et pire intellectuel que celui qui ne veut pas comprendre

    Il y a un lien direct en charges sociales et chômage : plus les charges sociales augmentent, plus le coût du travail augmente, moins il est rentable d’embaucher.

    Le distinguo « charges patronales » « charges salariales » est une escroquerie intellectuelle . Le salarié dépense son salaire net et se moque de ce qu’il n’empochera jamais. L’employeur calcule le coût d’un salarié « chargé », c’est-à-dire avec les contributions qu’il doit acquitter. Mais on n’apprend pas ce genre de calcul à l’ENA, à Sciences Po ou en lisant Alternatives Économiques … On préfère agiter le chiffon rouge de la lutte des classes du travailleur exploité par le patronat avide de super profits.

    Et puis, vous imaginez ce que la Nupes aurait à dire si les futures retraités devenaient actionnaires, s’ils capitalisaient les super profits, les super dividendes et les super plus-values des salauds de capitalistes ? Horreur et abomination ! Le Ponzi de la « solidarité » (les derniers entrants paient pour les sortants) est infiniment préférable pour fermenter les tensions sociales dont la Nupes fait son miel.

    Et l’argument de la crise boursière ou financière détruisant la capitalisation ?

    Les pays qui recourent à un système de répartition le font parce qu’ils ont été ruinés soit par une guerre, soit par une crise de leurs finances publiques qui a détruit la capitalisation. Dans ce cas, il faut bien faire appel à la solidarité (l’impôt sur les revenus du travail) pour éviter que l’ensemble des retraités ne sombre dans l’indigence.

    Le dernier pays en date à avoir été confronté à une crise de finance publique mettant en danger ses retraites par capitalisation est la Grande-Bretagne au dernier trimestre 2022.

    Bref résumé de cette tragédie shakespearienne :

    • Le budget présenté par l’ éphémère Première ministre Liz Truss a été jugé si délirant que les Gilts (équivalents des OAT françaises) ont plongé très brutalement.
    • Les fonds de pension britanniques sont de gros détenteurs de Gilts . Prudents, ils s’étaient pourtant couverts contre une baisse de ces titres obligataires par des produits financiers dérivés. En effet, si la valeur de leurs obligations détenues en portefeuille baisse, les fonds peuvent ne plus avoir assez de liquidités pour payer les pensions.
    • En l’occurrence, la baisse fut si brutale qu’ elle a déclenché des demandes d’appels de marge pour les produits de couverture du risque qui dépassaient les capacités de paiement des fonds.

    En gros, vous vous êtes assurés contre un risque mais celui-ci est subitement devenu énorme et si proche, l’assureur vous demande de décaisser rapidement une surprime gigantesque que vous ne pouvez plus payer.

    Donc la Banque d’Angleterre est intervenue pour éviter le désastre. Liz Truss a été éjectée au profit d’un ministre capable de présenter un budget plus réaliste : moins de dépenses et plus d’impôts (style « du sang, de la sueur et des larmes »).

    La crise des finances publiques endurée par le Royaume-Uni pourrait tout aussi bien frapper notre pays.

    Le seul inconvénient sérieux de l’adoption d’un système de retraite par capitalisation est donc le timing . En ce moment :

    • les taux augmentent (2,5 % de rendement pour l’OAT à dix ans) ;
    • la dette publique (110 % du PIB) augmente puisque 2023 est le quarante-neuvième déficit budgétaire d’affilé ;
    • la croissance diminue (0,3 % en 2023 selon la Banque de France) ;
    • le service de la dette (le paiement des intérêts) pèse de plus en plus lourd ( 60 milliards d’euros soit environ 2 % du PIB).

    Bref, la période actuelle est peu propice à mettre en place un système de capitalisation qui s’accommode mal de politiques du koikilenkoute et autres niaiseries liées aux croyances que la richesse se décrète et que l’argent se crée à volonté.

    Mais patience… Comme disait Margaret Thatcher « Le problème avec le socialisme est que vous finissez un jour par avoir dépensé tout l’argent des autres ».

    Le jour viendra où l’étatisme forcené et la solidarité irresponsable se fracasseront sur la réalité.

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      Réformes : faut-il se limiter à la réforme des retraites ? (1)

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 20 January, 2023 - 03:40 · 14 minutes

    La réforme des retraites est sur le devant de la scène. Élisabeth Borne a présenté le plan du gouvernement qui est un énième plan de sauvetage qui ne résoudra rien. Comme dans le cas de la Sécu.

    La présomption fatale

    Les politiciens se croient d’un autre limon que le commun des mortels. Le commun des mortels en est convaincu aussi et a abandonné la souveraineté sur sa vie pour se jeter pieds et poings liés entre les mains avides des politiciens.

    Le gouvernement veut confondre « le gouvernement et la société ». Il pense que s’il n’agissait pas rien ne se ferait.

    Or le politicien ne dispose que d’un nombre restreint d’informations. C’est un être humain comme les autres. Une autorité centrale ne peut pas tout savoir, ni tout connaître pour décider de tout de manière infaillible et saine. D’autres qu’elle peuvent agir avec bien plus de pertinence.

    Pour gouverner malgré ses faiblesses constitutionnelles l’autorité centrale décide donc:

    • d’isoler un problème, ici les retraites, et de le traiter à part ;
    • de sélectionner un certain nombre d’informations qui lui conviennent pour les traiter dans son intérêt.

    L’État se mêle de tout

    Dans les médias, on a entendu des personnes se plaindre que l’État leur impose ses choix et contrôle leur vie en leur infligeant une réforme des retraites dont elles ne veulent pas. C’est un début de prise de conscience. Il faut aller jusqu’au bout.

    En France l’État se mêle de tout, depuis la naissance jusqu’à la mort. Il confisque la vie des gens, détruit leur projet de vie : vie familiale, vie professionnelle, vie privée, enseignement, santé, retraites etc. Rien ne lui échappe. Il est totalitaire par nature.

    Le système de retraite ne peut être abordé sans tenir compte du contexte.

    « L’écosystème » : la spoliation légale

    Comme le problème du système de santé ou n’importe quel problème social ou économique, le problème des retraites doit tenir compte de l’écosystème, c’est-à-dire de l’organisation sociale qui est la nôtre (organisation politique et économique, fonctionnement et culture de la société etc.).

    Le défaut essentiel n’est pas paramétrique, ni financier, ni matériel, ni démographique, (déséquilibre cotisants/retraités). La cause des difficultés du système de retraite en France est plus profonde et d’ordre moral : il est fondé sur ce que Bastiat désigne sous le terme de « spoliation légale ».

    Tout notre système socio-économique repose sur elle. Or, le vol est injuste même s’il est légal. À partir du moment où le système est bâti sur l’injustice il ne peut être efficace, ni pour le système de retraite, ni pour l’organisation sociale, ni pour l’économie.

    Son injustice implique sa nocivité. Elle a des conséquences sur le fonctionnement de la société, sur les rapports entre les individus. La société est divisée entre ceux qui subissent et ceux qui profitent de cette spoliation. C’est une société conflictuelle par essence et dont l’effondrement socio-économique est inévitable. Nous le vivons quotidiennement.

    Pour que les systèmes sociaux fonctionnent, dans le cas qui nous occupe pour que des retraites soient servies, qu’elles soient durablement correctes et certaines, (en tout cas autant que notre fragile condition humaine peut le permettre) il faut :

    • des conditions matérielles de prospérité et d’abondance,
    • la condition éthique de la fin du vol légal.

    Ces deux conditions sont liées.

    Les conditions pour la prospérité et l’abondance sont immuables : liberté économique, capitaux abondants, libre choix du projet de vie, responsabilité personnelle, énergie fiable, abondante et bon marché, population motivée, instruite et cultivée, harmonie sociale.

    La condition éthique est le respect des droits naturels individuels universels : liberté, propriété, personnalité.

    Sans cet écosystème favorable, que le système soit la répartition ou la capitalisation, leurs performances respectives possibles ne seront pas optimales. Cependant, force est de reconnaître qu’un des choix favorise la prospérité et l’harmonie, il est synergique, tandis que l’autre y porte atteinte, il est antagonique.

    Le système par répartition

    À la Libération la France a choisi un système socio-économique socialiste . Pour les retraites ce sera la répartition. Tous les gouvernements l’ont maintenu malgré ses défauts pour les ménages et à cause de ses avantages pour le pouvoir (contrôler et soumette les populations).

    Il est vendu à la population comme organisant la solidarité intergénérationnelle et garantissant à chacun une retraite décente.

    Pour les libéraux adeptes de la philosophie de Frédéric Bastiat il n’en est rien.

    Il organise la spoliation intergénérationnelle, les actifs par les retraités, les générations à naître par les futurs retraités et il ne garantit rien du tout. La preuve : les réformes se succèdent pour le « sauver ». Élisabeth Borne le reconnaît : l’objectif est de « sauver notre système par répartition ». Il n’est pas de faire en sorte que chacun bénéficie d’une bonne retraite au sein d’une économie performante et d’une société harmonieuse. Il est judicieux de faire le parallèle avec la Sécurité sociale que les réformes ont pour but de sauver, pas de mieux soigner les gens. Ce qui prouve que l’unique objectif du système de protection sociale est de survivre.

    Aucun plan de sauvetage n’a été un succès. C’est pourquoi le système doit régulièrement mettre à jour certains de ses paramètres (qui cotise, qui en bénéficie, âge de départ, durée de cotisation etc.). Chaque mise à jour est ce que l’on appelle de manière totalement inappropriée, une « réforme des retraites ».

    Pas de prévoyance

    Le système par répartition déresponsabilise. Il a mis fin à la prévoyance qui est de la responsabilité de chacun. Dans le cas de la « protection sociale », l’honneur d’une personne consiste à assumer elle-même, par sa prévoyance, le risque santé, retraite, chômage, dépendance et à ne pas laisser la collectivité voler autrui pour subvenir à ses besoins. La répartition est un d’égoïsme foncier : c’est le droit de vivre aux crochets des autres et après moi le déluge.

    La répartition a mis à mal la véritable solidarité intergénérationnelle qui voulait que les enfants s’occupent de leurs parents et les parents de leurs enfants. La solidarité ne peut être que volontaire, sinon elle n’est que du vol légal.

    Dans le cas qui nous occupe il faut avoir en tête que la solidarité consentie existe : les retraités « privilégiés » ou non, viennent souvent en aide à leurs enfants qui sont dans une situation économique moins favorable que la leur. Et ils constituent la majorité de la force vive du bénévolat.

    Aucun contrat

    La retraite par répartition ne repose sur aucun contrat, tout comme la Sécurité sociale. Elle est soumise au bon vouloir ou aux caprices des politiciens. Elle n’a aucune pérennité en ce qui concerne sa date d’attribution, ni son montant. Même pour les personnes à la retraite la pension perçue n’est pas garantie.

    Aujourd’hui dans le débat, des arguments accusent les retraités actuels d’être des « privilégiés » par rapport aux actifs ou aux futurs retraités.

    Il leur est reproché d’être aisés, d’avoir pour la plupart de bonnes retraites. Mais ils profitent d’un système qu’ils n’ont pas choisi mais qui leur a été imposé.

    Ils ont été actifs pendant les années de prospérité économique où tout était « plus facile ». Tant mieux pour eux mais ils n’y sont pour rien. Au passage cela souligne l’importance de l’écosystème, la nécessité d’une prospérité économique pour servir des retraites correctes.

    Il leur est reproché de percevoir une retraite décente en période de vaches maigres, de peser sur des actifs qui sont moins nombreux, et sur l’économie. Ce qui est le fondement du système par répartition.

    En foi de quoi ils devraient être encore être mis à contribution pour les retraites. Ils devraient faire des sacrifices par solidarité. Après avoir été spoliés toute leur vie active au profit des personnes retraitées, en échange de la promesse d’un droit à avoir une retraite financée elle aussi par la spoliation des actifs, il leur est expliqué froidement qu’ils doivent continuer à être spoliés au profit des futurs retraités. C’est la spoliation perpétuelle. C’est la logique, la conséquence inévitable d’un système pourri à la base, d’une pyramide de Ponzi décidée à la Libération par des politiciens.

    Pyramide de Ponzi

    La répartition est une pyramide de Ponzi qui ne survit que sous réserve qu’il y ait des nouveaux entrants en permanence. D’où obligation d’entrer et absence de libre choix. C’est un système fermé et incapable de s’adapter.

    Cette organisation n’engendre aucune épargne. Comme pour la Sécurité sociale les sommes collectées sont immédiatement dépensées. Or dans une économie saine, les investissements ne peuvent se faire qu’à partir de l’épargne : soit la sienne par apport personnel, soit celle des autres par l’intermédiaire d’un emprunt, ou d’une association, ou d’un actionnariat. Sinon l’économie est malsaine car financée par la fausse monnaie et la fuite dans une dette sans limite.

    Cette pyramide de Ponzi pousse à toujours rechercher des nouvelles personnes à spolier, preuve supplémentaire que la spoliation légale implique la division du pays en catégories antagonistes. Pour des raisons démographiques macro-économiques le système par répartition implique une immigration de masse pour entretenir le cheptel des cotisants. Parce que massive, cette immigration a aussi des conséquences néfastes pour le pays.

    À ce propos il est souvent opposé à l’immigration de masse une politique familiale et nataliste.

    Dans un régime par répartition les enfants sont considérés comme de futurs cotisants. Faire des enfants dans le but de les spolier arrivés à l’âge adulte, au profit de leurs parents est pervers. Les enfants ne sont pas une vulgaire masse taxable en devenir, un matériau inerte à formater et à intégrer dans la mécanique sociale dirigée par une autorité centrale.

    Une politique familiale n’est pas incompatible avec une gestion libérale. Elle n’est pas limitée à ce que l’on croit habituellement, aux allocations et subventions. Une politique familiale performante commence par un terrain favorable avec prospérité et abondance, ne serait-ce que pour disposer de logements vastes et abordables, d’établissements d’enseignement sûrs et de qualité, de travail, de moyens de déplacements adaptés (carburants bon marché, grandes voitures avec une large autonomie…) etc.

    Lutte de tous contre tous

    Le système par répartition recherche inlassablement qui voler. Il nuit à l’économie, il détruit les incitations productives. Les individus ne sont pas incités à être productifs, ni prévoyants. Au contraire, la logique du système veut que, par « les luttes », les groupes obtiennent une plus grosse part de la spoliation légale. Les luttes ne sont pas contre un patronat « exploiteur », ni contre « les riches », contrairement à ce que les adeptes de la lutte des classes marxiste racontent. Elles sont contre leurs semblables, contre les autres. L’harmonie sociale ne peut exister.

    La réforme Borne n’y échappe pas. Chaque catégorie épargnée par le couperet de la réforme (40 % des gens selon elle) bénéficie de facto d’un régime spécial. Régime financé par ceux qui tombent sous le coup de la réforme. Autrement dit, ces personnes qui voient leur âge de départ retardé et leur durée de cotisation allongée, non seulement cotiseront pour financer les personnes actuellement à la retraite, mais aussi pour financer les retraites de ceux qui échapperont à la réforme. Elle pérennise l’injustice.

    La retraite par répartition crée des régimes spéciaux et une usine à gaz pour tenir compte des cas particuliers, pénibilité , invalidité, carrières longues, etc. C’est singer le marché pour acheter des voix. Ces régimes spéciaux s’ajoutent aux régimes spéciaux officiels .

    Les pénuries

    Dans une économie socialiste les pénuries sont partout.

    La pénurie de main-d’œuvre touche quasiment tous les secteurs de la vie du pays. La gestion lamentable des épidémies de covid n’a pas arrangé les choses. Ces pénuries sont aggravées par la retraite couperet qui exclut du marché du travail des personnels expérimentés et en bonne santé.

    La pénurie qui nous intéresse ici est la pénurie de personnels pour s’occuper des personnes âgées, à domicile ou en institution, les métiers du soin : aides-ménagères, aides-soignantes, infirmières, médecins… Elle concerne aussi tous les artisans : électriciens, plombiers, maçon, taxis…

    Pour atténuer l’effet néfaste de la retraite couperet il a été créée une autre usine à gaz : le cumul emploi retraite . Dans ce cas les cotisations versées seront perdues pour la personne qui cumule et si il y a exemption de charges elles seront perdues pour les régimes de retraite.

    Les conditions de travail difficiles ne se limitent pas à celles que subissent les employés, les ouvriers, les artisans. Difficultés physiques ou psychiques inhérentes au métier ou à la profession (charges lourdes, travail nocturne etc.) et qui passionnent politiciens et syndicats. À ce sujet il faut remarquer que l’un des motifs mis en avant pour maintenir un âge de départ à la retraite bas est que beaucoup de personnes usées par travail pénible décèdent avant 62 ans. Le bon sens aurait voulu que l’on s’attache d’abord à leur permettre d’améliorer leur espérance de vie en bonne santé. Cela aurait nécessité l’étude de l’impact du travail mais aussi de l’alimentation, de l’hygiène de vie, des conditions de logements, de la culture de soins etc.

    La pénibilité du travail doit inclure l’épuisement devant les tracasseries étatiques. Pas seulement l’épuisement moral induit par la disparition des incitations productives mais la destruction de la motivation liée à la politique étatique coercitive et tatillonne qui complique tout. L’État crée des conditions de travail très pénibles. L’instauration des désincitations à produire que constituent les réglementations étouffantes , les énormes prélèvements sociaux obligatoires (payer pour pouvoir travailler), la terrible progressivité de l’impôt sur le revenu, le sort fait aux entrepreneurs, n’incitent pas les gens concernés à continuer.

    D’où le retrait anticipé du marché du travail d’entrepreneurs, d’indépendants expérimentés et en bonne santé qui cessent leur activité avant d’avoir atteint le nombre de trimestres leur permettant de bénéficier de la retraite à « taux plein ». Cela signifie que l’aspect financier n’est pas tout. Les conditions de travail sont tellement démoralisantes que l’argent ne pèse pas lourd dans la balance. Ces départs sont de l’entière responsabilité de l’État.

    Le dirigisme, l’absence de liberté économique, les désincitations à produire sont aussi à l’origine d’une pénurie de travail : le chômage. À son tour il entraîne une perte de cotisation sociale. C’est le serpent qui se mord la queue.

    Les fraudes

    La spoliation légale induit des fraudes, soit pour échapper à ses conséquences, soit pour en profiter plus que ce qui est réglementairement dû. Plus il y a de spoliation légale (de règlements) plus il y a de fraudes. Plus la société est réglementée plus il existe une synergie des fraudes. Le système de protection sociale français et très réglementé de distribution de droits sociaux, favorise les fraudes.

    La disparition des incitations productives favorise également les fraudes et le travail libre, non déclaré. Leur produit alimente l’économie souterraine et entre dans le PIB . Mais il n’alimente pas la spoliation légale et n’approvisionne donc pas les retraites par répartition et la Sécurité sociale.

    Il faut bien reconnaître que ces fraudes, estimées colossales, arrangent l’État . En effet elles permettent d’expliquer que le système est intrinsèquement bon, qu’elles entraînent des difficultés financières éventuelles. Elles laissent un peu de jeu dans la mécanique sociale rigide et évitent l’explosion… pour le moment. Elles fournissent une recette miracle à ceux qui veulent sauver les retraites par répartition ou la Sécurité sociale : supprimer les fraudes. Ce qui évite d’aborder le fond du problème.

    Les politiciens ont réussi à faire croire aux Français que cette mouscaille était un « trésor national » à défendre à tout prix. Et à rejeter la responsabilité de leur échec inévitable sur les Français retraités ou non, trop riches, trop égoïstes, trop feignants, trop peu nombreux…

    Il existe une autre possibilité.

    À suivre.

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      Capitalisation et vieillissement

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 19 January, 2023 - 04:20 · 5 minutes

    Un article de la Nouvelle Lettre

    Ce qu’a dit mardi madame le Premier ministre n’a aucune importance, le texte qui sera soumis au Parlement n’aura aucune importance puisque le débat sur les retraites continue à tourner autour d’une idée stupide : sauver le système de répartition.

    Vanité des réformes paramétriques

    Depuis des décennies je ne cesse de dénoncer la vanité des réformes paramétriques. On bricole la répartition alors que la seule solution est une réforme systémique : passer le plus vite possible au système de capitalisation. 1

    Fort heureusement la capitalisation commence à se faire une place dans le débat public, l’article de David Lisnard dans Le Figaro du 6 janvier « Pour en finir avec le sado-réformisme des retraites : la capitalisation » a été très commenté car l’auteur, maire de Cannes, est président de l’Association des Maires de France et l’un des rares libéraux de la classe politique 2 .

    Cependant, certaines présentations de la capitalisation en oublient la véritable signification et pensent que l’explosion du système de répartition peut être évitée si la population française rajeunit. La répartition est en effet fondée sur la solidarité intergénérationnelle et un nombre de cotisants accru permet d’assurer de meilleures pensions aux retraités du moment. Cette idée, au demeurant irréfutable, oriente la solution de la réforme vers une politique nataliste 3 .

    Mais en quoi la démographie peut-elle sauver la répartition ?

    Tares de la répartition et sens de la capitalisation

    Les partisans de cette approche ignorent les tares de la répartition et le sens de la capitalisation.

    Les tares de la répartition

    Elles sont évidentes : l’argent des cotisations est gaspillé, il ne sert qu’à payer les pensions des retraités du moment.

    De la sorte, la répartition crée une opposition d’intérêts entre ceux qui payent et ceux qui sont payés. Cette opposition ne pourrait s’éviter que si la même personne réussissait à payer moins pendant qu’elle serait en activité (moindres retenues sur les salaires bruts ou moindres trimestres de cotisation) et à recevoir davantage quand elle prendrait sa retraite (âge moindre ou pensions plus élevées). Mais n’est-ce pas ce que rêvent beaucoup de Français et ce que proposent beaucoup de « réformateurs », syndicats en tête ? Et n’est-ce pas le privilège dont jouissent les salariés de la plupart des régimes spéciaux, dont celui des fonctionnaires ?

    Les bienfaits de la capitalisation

    Ils sont évidents. Au lieu d’être gaspillé, l’argent capitalisé va pouvoir être « placé », recyclé dans l’économie, les investissements vont créer des richesses nouvelles.

    La loi des intérêts composés permettra de doubler la valeur des cotisations en très peu de temps (12 ans à un taux de 6 %) et contrairement à ce qui est dit, sans aucun risque (sinon celui du détournement de fonds par le gestionnaire, risque propre à tout contrat mais délit gravement puni). En dehors de cet avantage mathématique, la capitalisation a un autre bienfait : elle permet à chacun de gérer sa retraite comme il le souhaite.

    J’ai suggéré, comme d’autres économistes, que la transition de la répartition vers la capitalisation soit facilitée par la possibilité d’étaler tout au long de la vie de l’assuré l’effort financier qu’il doit faire : durant les premières années d’activité, éponger la dette accumulée par la stupidité de la répartition (aucun retraité actuel en répartition ne doit voir sa pension diminuer), puis ensuite constituer son propre pécule au rythme et au montant choisis. Cette gestion dynamique et personnalisée est conforme à l’observation de ce qu’on appelle, depuis les travaux de Modigliani, « le cycle vital » : les jeunes dépensent sans trop penser à leurs vieux jours, ils ont à investir dans leurs enfants, leurs loyers, leurs équipements ; à l’âge mûr on commence à préparer ses vieux jours et les seniors vivent des fruits de leur épargne.

    Il est vrai que les bienfaits de la capitalisation exigent des conditions qui peuvent aujourd’hui sembler utopiques : d’une part la stabilité monétaire, puisque l’inflation fausse et détruit toute anticipation rationnelle, d’autre part la conscience et la confiance du futur, alors qu’aujourd’hui c’est le carpe diem, l’instabilité et les loisirs qui animent trop de jeunes – faute d’un accompagnement familial et scolaire stable et de qualité.

    Un choix sociétal ?

    Je me pose donc la question : le choix entre répartition et capitalisation et l’équilibre intergénérationnel n’est-il pas un choix « sociétal » ?

    Gary Becker a répondu à la question à l’occasion d’un débat sur les retraites à Paris en 1996 4 :

    C’est un retour au travail : plus de gens seront actifs et plus longtemps ;

    C’est un retour à l’épargne : alors que la répartition dilapide l’argent gagné et détruit le capital humain et la richesse nationale, la capitalisation place l’argent gagné, le fructifie ;

    C’est un retour à la responsabilité personnelle : la répartition contient tous les germes de la collectivisation et aboutit à faire disparaître toute idée de progrès personnel.

    Sur le web

    1. L’essentiel des arguments et des modalités de cette transition figure dans un article écrit en juin dernier qui figure sur le site et a été repris par Contrepoints le 8 janvier : Retraite à 60 ou 65 ans : le faux débat
    2. Quand j’ai rédigé mon Vaccin Libéral pendant l’été 2021 il s’était publiquement déclaré candidat aux présidentielles, il a ensuite renoncé compte tenu des modalités choisies par Christian Jacob pour les primaires LR.
    3. C’est en particulier la position de l’économiste Jacques Bichot, exposée au cours d’une réunion, au cours d’une conférence de Population et avenir (avril 2018) et dans l’ ouvrage collectif publié par l’Association des économistes catholiques : Concevoir et organiser la politique familiale comme un investissement, 2022.
    4. À l’occasion d’un colloque organisé par l’ALEPS et la Caisse des retraites des médecins (Gérard Maudrux). Cf mon essai Comment sauver vos retraites ? éd .libréchange, Nice 2014, p.113