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      Immobilier en crise : emplois menacés et avenir incertain

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 17 April, 2023 - 03:30 · 4 minutes

    Le secteur immobilier est en crise. Cette fois, ce n’est plus sous les coups de boutoir des impératifs de rénovations des « passoires thermiques » mais entre autres sous l’effet des hausses de taux sur l’immobilier neuf.

    Pour Olivier Salleron , président de la Fédération française du bâtiment :

    « Le ressort du logement neuf est cassé, donc l’emploi est menacé en 2024 ; fin 2024, 100 000 salariés sont en danger […] quand il n’y a pas de permis de construire ou qu’il n’y a pas d’investissements à l’instant T, on sait très bien que deux ans après, la construction ne se fera pas. »

    La débâcle de l’immobilier était prévisible et prévue.

    Voici ce qu’en disait Pierre Sabatier de PrimeView en octobre 2022 :

    « Nous connaissons le choc le plus violent sur les taux d’intérêt depuis près de 50 ans. Si les taux d’emprunt passent en quelques mois de 1 % à 4 %, alors que les salaires n’augmentent pas dans leur ensemble, c’est une baisse de 23 % de la capacité d’achat à laquelle il faut s’attendre. »

    Les prix chutent et les acheteurs se raréfient, rien de surprenant. Les Échos publient l’évolution des prix constatée par le réseau Orpi.

    La bulle immobilière commence à laisser échapper un peu de gaz :

    La Fédération française du bâtiment presse le gouvernement d’agir et pousse ses solutions :

    • prolongation du prêt à taux zéro, son rétablissement à 40 % sans discrimination territoriale ;
    • rehaussement de 25 % des plafonds d’opérations pris en compte pour son calcul ;
    • instauration d’un crédit d’impôt de 15 % sur les cinq premières annuités d’emprunt ;
    • restauration du dispositif Pinel dans sa version 2022.

    La Fédération française du bâtiment veut davantage de mauvaises solutions

    Nous sommes en France : face à une catastrophe programmée par l’interventionnisme étatique, les acteurs – même privés – demande encore plus d’interventionnisme étatique pour adoucir ladite catastrophe.

    Examinons ces propositions de la Fédération française du bâtiment.

    Les trois premières exigent davantage de crédits, d’argent créé à partir de rien, donc d’inflation monétaire. Zut alors, pas de chance ! La Banque centrale européenne a pourtant promis de contrer la hausse des prix à la consommation en restreignant l’inflation monétaire…

    La dernière est une aide de l’État qui a pour objet de transformer les bailleurs privés en bailleurs sociaux : l’investisseur bénéficie d’une réduction d’impôt à condition de donner en location un logement neuf dont les loyers seront plafonnés et avec des conditions de ressource des locataires. Zut alors, pas de chance ! Bruno Le Maire nous jure vouloir contrer la hausse des prix et il y a fort à parier que le relèvement des plafonds de loyers et de revenus pratiqués par les méchants riches propriétaires bailleurs ne figurera pas sur la liste de ses priorités.

    Alors que vont devenir les 100 000 futurs chômeurs du bâtiment envisagés par la Fédération française du bâtiment ?

    Celui qui prétend connaître la réponse est un imposteur, à moins qu’il n’ait le pouvoir de créer une entreprise susceptible de les embaucher.

    Pourquoi favoriser la pénurie plutôt que l’abondance ?

    Toutes les politiques d’aide au logement déployées depuis presque un siècle n’ont favorisé qu’une seule chose : la pénurie plutôt que l’abondance. L’ encadrement des loyers et la dissymétrie entre les droits des propriétaires et des locataires a dissuadé l’investissement locatif.

    L’immobilier est un marché comme les autres et comme l’énonçait Frédéric Bastiat il y a deux siècles :

    « Ce n’est pas le prix absolu des produits mais leur abondance qui fait la richesse. […] Les produits s’échangeant les uns contre les autres, une rareté relative de tout et une abondance relative de tout laissent exactement au même point le prix absolu des choses mais non la condition des hommes. »

    Dans l’immobilier , les politiques publiques consistent à vouloir encadrer le marché et les loyers. Plus récemment, elles visent aussi à réglementer les normes de construction, les méthodes d’isolation, de chauffage, etc. conduisant à un renchérissement des coûts.

    Durant un certain temps les effets néfastes ont été partiellement compensés par les facilités de crédit. Le renchérissement de l’immobilier a été bien supérieur à la croissance économique. Il fallait toujours plus de temps de travail ou d’épargne ou de durée de crédit pour acquérir un logement.

    Aujourd’hui, les banques centrales ne peuvent plus pousser à l’expansion du crédit tout en déclarant vouloir lutter contre la hausse des prix. C’est l’impasse. Et ce n’est pas une mauvaise chose.

    Qui a à perdre dans une chute des prix de l’immobilier ?

    • pas les propriétaires occupants lourdement taxés sur le foncier ;
    • pas les propriétaires bailleurs lourdement taxés sur le foncier et à l’IFI ;
    • pas les potentiels acquéreurs ;
    • pas les potentiels vendeurs. Ils dégagent encore des plus-values s’ils ont acquis un bien il y a un certain temps et même si ce n’est pas le cas ils pourront en acquérir un autre pour moins cher ;
    • les travailleurs du bâtiment ? Mais qui dit qu’ils ne trouveront pas un emploi ailleurs que dans la construction d’immobilier résidentiel neuf ?

    Le seul perdant, c’est l’État dont les recettes fiscales vont baisser. La pierre coule donc peut-être mais est-ce une tragédie ?

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      Où investir financièrement en cas de récession ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 17 April, 2023 - 03:00 · 7 minutes

    Les crises font partie intégrante de la vie des marchés. Elles inquiètent car elles sont synonymes de retournement de situation, de tensions et souvent de pertes. Aujourd’hui, le spectre de la récession est bien là. Alors, où investir financièrement dans ce cas ?

    De plus en plus d’économistes et d’institutions parlent de récession due principalement à deux signaux récessionnistes que sont :

    1. L’inflation durable, c’est-à-dire l’augmentation générale et croissante du prix des biens et services.
    2. L’inversion de la courbe des taux des banques centrales.

    Qui dit récession dit turbulence sur les marchés financiers . Et si investir pendant cette période représentait une opportunité ?

    En effet, tout investisseur pourra profiter pleinement de cette baisse pour renforcer ses positions et ainsi par la suite profiter de la récupération des marchés. Encore faut-il investir sur les bons actifs .

    2023, année de récession économique et mondiale ?

    D’après l’INSEE, une récession est une période de recul temporaire de l’activité économique d’un pays. Le plus souvent, on parle de récession technique si l’on observe un recul du Produit Intérieur Brut (PIB) sur au moins deux trimestres consécutifs.

    Les récessions sont causées par un déséquilibre des facteurs économiques comme la hausse du niveau du chômage, la chute de la consommation des ménages, une forte inflation, etc.

    En 2023, de nombreux signaux indiquent de fortes probabilités de récession économique pour les grandes économies occidentales :

    • l’inflation excessivement haute sur une longue période ;
    • la hausse des prix de l’énergie ;
    • l’inversion de la courbe des taux à long terme et des taux à court terme. En effet, il existe un décalage entre la hausse des taux et leur impact sur l’économie réelle. De ce fait, toutes les conséquences de cette hausse ne se sont probablement pas encore produites.

    La France est-elle en récession ?

    Bien que certains analystes estiment que nous pourrions éviter de justesse une récession en 2023, tout le monde s’accorde à dire que cette année connaîtra une croissance nettement plus faible que les années précédentes.

    Les meilleurs investissements en temps de crise économique

    En ces temps inflationnistes, sachez que la récession peut être une bonne chose. En effet, elle peut notamment participer à la diminution de l’inflation aux niveaux souhaités.

    De plus, un sombre scénario de récession entraîne une baisse des marchés et est généralement suivi de périodes de forte croissance économique. Et c’est justement lors des récessions que des mesures sont à prendre pour traverser ces temps difficiles et mieux profiter des rebonds.

    Globalement toutes les principales classes d’actifs (actions, obligations, immobilier, etc.) sont touchées lors d’une récession. Toutefois, certains investissements permettent de protéger votre portefeuille et d’autres sont des opportunités à saisir.

    Faut-il liquider ses investissements et tout passer en cash ?

    Non. Vendre tous vos investissements et garder uniquement du cash est une très mauvaise idée. Principalement à cause de l’inflation qui viendra fortement dévaluer la valeur de votre trésorerie au fil du temps.

    Cependant, il est tout de même primordial de garder une réserve d’urgence (matelas de sécurité) de plusieurs mois de dépenses courantes sur Livret A (ou Livret d’épargne populaire si vous êtes éligible).

    De plus, vous pouvez vous constituer une réserve d’opportunités. Il s’agit d’une somme d’argent mise de côté pour profiter des crises globales sur les marchés pour renforcer son portefeuille d’actions notamment. Cette réserve peut être constituée en parallèle de vos placements liquides et sécurisés comme le Livret A, et les fonds euros en assurance vie ou PER individuel .

    D’ailleurs, en France, ces placements garantis figurent parmi les meilleurs moyens de vous exposer aux classes d’actifs monétaires et obligataires. Quant à la diversification dans les marchés actions et immobiliers, voyons les différentes possibilités.

    Faut-il investir en actions et en immobilier ?

    Les actions et l’immobilier restent les meilleures classes d’actifs en période de crise, du moins pour l’investisseur à long terme qui pourra supporter des baisses passagères. N’oublions pas que tout investissement comporte un risque de perte en capital, crise ou pas crise.

    Sur le marché actions, les baisses de marché ont tendance à être exagérées par les investisseurs. La valeur en bourse des différentes entreprises se retrouve sous-évaluée par rapport à leur croissance et aux bénéfices qu’elles génèrent. C’est l’occasion pour l’investisseur opportuniste de profiter des sautes d’humeur du marché.

    De plus, sur le marché actions, lors des récessions, certains secteurs résistent mieux, notamment la consommation de base, la santé et les services publics. Investir dans ces secteurs permet de réduire la volatilité de votre portefeuille.

    D’un autre côté, les secteurs de croissance sont plus volatils en période de récession, notamment la technologie. Il ne faut pas exclure ces entreprises de votre portefeuille.

    En effet, il peut s’agir d’une opportunité d’achat si l’entreprise dispose de :

    1. Un chiffre d’affaires et des bénéfices en croissance depuis plusieurs années.
    2. Un endettement financier raisonnable.
    3. Une taille de capitalisation boursière assez importante, après une forte chute.

    Malgré tout, les investisseurs doivent être conscients que la volatilité des actions peut être importante pendant les périodes de récession. Et même des entreprises solides peuvent connaître des baisses importantes de leur cours en bourse.

    Il est donc important d’avoir les nerfs solides et de garder à l’esprit que les périodes de reprise économique suivent les périodes de récession.

    Quant à l’immobilier, retenez avant tout que le meilleur placement dans la pierre se fait à crédit. En effet, il s’agit du principal avantage de l’immobilier. Grâce à l’effet de levier du crédit, vous pouvez utiliser votre capacité d’endettement pour décupler la valeur de votre patrimoine avec l’aide de la banque.

    Entre acheter sa résidence principale, investir dans l’immobilier locatif physique ou « pierre-papier » avec les SCPI (Société Civile de Placement Immobilier), vous avez l’embarras du choix.

    Mais sachez que mécaniquement, la hausse des taux d’emprunt (nous venons de passer de 1 % sur 20 ans à 3 % sur 20 ans !) doit engendrer une baisse des prix. Si pour une même mensualité les Français peuvent emprunter 20 % de moins, on peut raisonnablement tabler sur une baisse de prix de 20 % (sauf sur les marchés très tendus). Et pour l’instant, les prix ont à peine commencé à reculer… le marché immobilier étant bien moins réactif que le marché actions. Il y a matière à patienter ou à sérieusement négocier les prix.

    Faut-il investir dans l’or ?

    Les investissements alternatifs comme les métaux précieux (or, argent, etc.) et les cryptomonnaies sont sources d’éternels débats. Certains considèrent qu’ils sont des valeurs refuges en période de crise, tandis que d’autres sont plus sceptiques. Qu’en est-il vraiment ?

    Prenons l’exemple de l’or. Il est important de souligner qu’il ne protège pas contre toutes les crises et que ses performances peuvent être médiocres sur certaines périodes (- 75 % de 1980 aux années 2000).

    Toutefois, ces avantages sont les suivants :

    • il offre une protection contre l’inflation sur des périodes d’au moins 30 ans (très très long terme) ;
    • il permet de diversifier le portefeuille et de diminuer la volatilité ;
    • il offre une protection contre les crises politiques et le système financier.

    Retenez que l’or n’est pas nécessaire pendant la phase de capitalisation de votre patrimoine (avant le départ en retraite). Mais il peut être intéressant pour les profils conservateurs ou les retraités afin de diminuer la volatilité du portefeuille. Le compromis idéal diversification/risque/rentabilité pour ceux souhaitant investir dans l’or est d’en détenir maximum 10 % dans son portefeuille.

    Finalement, les placements exotiques (cryptomonnaies, métaux précieux, montres, etc.) sont avant tout des investissements plaisirs liés à vos convictions personnelles. En aucun cas ils ne constituent un investissement alternatif parfait en cas de récession.

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      Conseil des ministres : quand Macron parle des professionnels du malheur

      Pascal Avot · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 5 January, 2023 - 04:15 · 3 minutes

    « Il y a des professionnels du malheur et une conjuration des esprits tristes auxquels nous devons faire face », a déclaré ce mercredi matin Emmanuel Macron en Conseil des ministres . La phrase est importante : elle mérite qu’on l’étudie à la loupe.

    Que nous dit-elle ? Qu’il existe un complot des Français de mauvaise humeur. Qu’ils se sont ligués contre le pouvoir. Qu’ils sont dangereux et doivent être stoppés dans leur élan pervers.

    La pauvreté sur le banc des accusés

    Mais qui sont donc ces pessimistes secrètement coalisés pour nuire à l’État ? La réponse est simple : ce sont les pauvres, chaque jour plus nombreux. Ceux qui voient les prix flamber au supermarché. Ceux que la hausse des tarifs de l’électricité empêche de gagner leur vie. Ceux que l’ inflation assassine à feu de moins en moins doux.

    La confrérie des grognons et des chafouins imaginée par le président de la République est en réalité constituée d’innocents, coupables de plonger bien malgré eux dans la misère et qui ont le culot de s’en rendre compte et l’insolence de ne pas s’en satisfaire, et même de s’en alarmer au point d’en parler entre eux, de médire, de maugréer et de maudire les puissants. Quels traîtres, ces désargentés !

    Emmanuel Macron montre du doigt la souffrance du peuple et l’accuse d’être de mauvaise foi, une traîtrise, une vilénie. Si vous êtes déprimés, c’est que vous êtes mal intentionnés ! Si votre budget familial se réduit comme peau de chagrin et si vous en pleurez, c’est que vous manquez de conscience politique et que votre bêtise dégénère en méchanceté !

    Salissure morale

    Il n’est pas dans mes habitudes d’assimiler le régime macronien à une dictature. Mais cette fois je veux bien faire une exception. La phrase de Macron ressemble étrangement à un énoncé stalinien, ou maoïste. L’idée que le mécontentement des rues et des villages est le fruit d’une « conjuration » – alors qu’il n’a absolument rien de calculé, que son unanimité spontanée repose toute entière sur le bon sens et l’instinct du survie, et que nul ne songe sérieusement à pendre les responsables ! – est profondément perverse. Pire : elle exhale un parfum de tyrannie.

    Quand François Hollande parlait des « sans-dents », il insultait les pauvres. Quand son successeur traite ceux qui le critiquent de « professionnels du malheur », il va beaucoup plus loin. Trop loin. Il inculpe le pessimisme. Il criminalise la détresse. Il fait du peuple perclus de douleurs économiques non seulement son inférieur, mais son ennemi.

    Pourquoi tant de mépris et de méfiance ? Pour la même raison que d’habitude : Macron n’a jamais connu la détresse. Il ne sait pas ce que c’est. Il évolue dans un univers de winners , où le mal est tabou. Une sphère parfaite, sans démons, ni ordures, ni cadavres. Un parc d’attractions interdit à la populace.

    Un quinquennat pour ne rien dire

    Après cela, comment voulez-vous expliquer aux électeurs de gauche que la lutte des classes n’existe pas ? Macron, à lui tout seul, l’incarne. Sa phrase de ce matin est une porte grande ouverte aux manifestations, aux grèves et aux émeutes.

    Se rend-il compte de ce qu’il fait ? Non. Il n’est ni assez intelligent, ni assez cultivé, et encore moins assez profond, pour comprendre ce qu’il dit. Il injurie sans savoir ce qui sort de sa bouche. Pendant encore cinq ans, l’enfant agité va couper la parole aux grandes personnes parce qu’il a – je le cite -, « envie de les emmerder ».

    Un quinquennat de gros mots, une montagne d’impolitesses pour, in fine , accoucher de souris mortes.
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      Crise économique : machine infernale contre l’euro

      Henry Bonner · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 23 November, 2022 - 04:15 · 4 minutes

    Les autorités monétaires en Europe ont abandonné le plafond des 2 % d’inflation en novembre de l’année dernière, juste avant la plus forte envolée de l’inflation en 25 ans.

    Elle atteint aujourd’hui 10,6 % pour la zone euro.

    La force du dollar fait partie du problème

    L’euro perd pied face au dollar comme le yen ou la livre sterling.

    L’euro baisse de 8 % contre le dollar (un rebond en cours depuis octobre limite la perte). Depuis le 1 er janvier 2021, il perd 15 % par rapport au dollar.

    L’euro remonte un peu grâce à une chute des prix de l’énergie en ce moment et une baisse de l’inflation aux États-Unis. Les marchés prévoient donc la fin du resserrement de la vis par la Réserve fédérale.

    Néanmoins, ce répit pourrait vite s’évaporer. La zone euro n’a pas réglé les problèmes dans l’énergie. Elle a attiré des cargaisons de gaz liquide en acceptant de le payer plus cher que les autres. Par ailleurs, la baisse des prix dans l’énergie a lieu grâce à la chute de la demande – une contraction de l’activité économique.

    Or, les autorités monétaires n’ont pas à ce jour manqué de rabaisser les taux et relancer la machine à billets en cas de contraction.

    Par exemple, les coûts des énergies ont mené à la perte de 70 % de la production d’ammoniac, un ingrédient important des engrais, et (comme vous le voyez ci-dessous) de nombreux pays européens avaient perdu plus de 10 % de leur production d’acier en mai.

    Le renforcement de l’euro provient donc de la contraction de l’activité en Europe et du ralentissement de l’inflation aux États-Unis.

    Cependant, jusqu’ici, les autorités n’ont pas attendu les bras croisés pendant les contractions économiques. Ce ne sera pas différent cette fois-ci. Les élus feront à nouveau couler des euros – via les plans de relance, prêts aux entreprises en faillite ou aux contrôles des prix.

    L’euro et les écarts de taux

    La perte de valeur de l’euro a lieu car les obligations américaines paient plus de retours et les investisseurs recherchent la sécurité.

    Les taux sur les obligations de la zone euro ont aussi grimpé pour refléter la fuite de capitaux vers les États-Unis.

    Simone Wapler, mon associée sur notre lettre d’information, a récemment comparé les taux à travers le bloc que vous voyez dans le tableau ci-dessous.

    Vous pouvez constater que le taux moyen est de 3,2 %, mais la Grèce et l’Italie paient plus du double du taux de l’Allemagne, le débiteur le plus sûr du bloc.

    À la différence des États-Unis, la banque centrale européenne doit non seulement permettre aux pays de rembourser mais aussi éviter que l’écart des taux d’intérêt n’augmente beaucoup plus que cela.

    Or, une politique monétaire de restriction affecte davantage les pays à risque – comme l’Italie – que les pays plus solides du bloc.

    Les autorités européennes sont donc contraintes de conserver une politique d’assouplissement, aux dépens de la valeur de l’euro.

    L’euro et l’énergie

    L’euro remonte ces temps-ci grâce à la chute de tension sur les prix dans l’énergie. Le baril de Brent vient par exemple de chuter sous les 90 dollars, contre plus de 120 dollars en juillet.

    Cependant, les marchés du courant électrique indiquent que le bloc n’est pas encore sorti d’affaire.

    Le coût du MWh est toujours de plus de 200 euros en France, pareil qu’au début de l’année, selon l’Epex, alors qu’il coûtait en général moins de 60 euros en 2019.

    De plus, la baisse du pétrole vient d’une contraction de la demande… pas d’une hausse de l’offre.

    Dans l’immédiat, la production américaine est toujours inférieure de plus de un million de barils par jour par rapport à 2019, en dépit de l’incitation à produire impliquée par les prix élevés.

    Par ailleurs, les investissements dans la production d’hydrocarbures se sont effondrés pendant les confinements.

    Par exemple, selon Rystad Energy, l’industrie du pétrole et du gaz a acquis les droits à plus de 1,2 million de km 2 de terrains – dans l’objectif de développer des gisements – en 2019. Sur les années suivantes, les acquisitions de terrains ont chuté à moins de la moitié de ce nombre.

    De plus, les investissements dans les gisements sont toujours très inférieurs à leurs niveaux d’avant 2020. Le graphique ci-dessous vous montre par exemple les dépenses d’Exxon, la plus grosse compagnie de pétrole, sur l’exploitation de gisements au cours des trois dernières années.

    Vous pouvez voir que la dépense a chuté de moitié de 2019 à 2021. En 2022, les montants investis restent en-dessous des niveaux de 2019 d’environ 8 milliards.

    Les soucis d’énergie n’ont pas disparu. Et le manque d’investissements dans la production (au profit des renouvelables peu efficaces) devrait faire durer la pénurie.

    Cela suggère que nous verrons un assouplissement de la politique de la banque centrale même si elle n’a pas l’inflation sous contrôle… et ainsi plus de faiblesse pour l’euro.

    (Vous pouvez suivre nos analyses au quotidien en cliquant ici.)

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      Menaces sur votre épargne : investir dans un monde où l’inflation est élevée

      Gérald Autier · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 3 November, 2022 - 03:30 · 6 minutes

    « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance » , lisent Virgile et Dante au-dessus de la porte de l’Enfer.

    Une recommandation similaire pourrait être adressée à ceux qui cherchent, dans un monde où l’ inflation est élevée, à placer intelligemment leur épargne. Il est communément admis qu’il est préférable de ne pas conserver de liquidités trop importantes lorsque la valeur de la monnaie s’érode rapidement. Pourtant, dans le même temps, investir son épargne en période d’inflation peut se révéler hasardeux.

    En effet, la création monétaire déforme la structure du prix des actifs en donnant l’illusion d’une épargne abondante. L’intervention des autorités monétaires entraîne une hausse des prix qui n’aurait pas eu lieu d’être en son absence. À titre d’illustration, les taux de crédit maintenus artificiellement bas incitent les épargnants à investir dans certains actifs, comme l’immobilier, beaucoup plus qu’ils ne l’auraient fait sans intervention étatique. Un jour ou l’autre, les prix doivent s’ajuster. C’est alors la crise.

    Dès lors, comment les épargnants qui souhaitent faire fructifier leurs avoirs peuvent-ils s’orienter dans un environnement économique où règne un tel paradoxe ?

    Avant d’apporter quelques éléments de réponse, il convient de rappeler que l’augmentation des prix à la consommation est une conséquence de celle de la masse monétaire .  Cette croissance des prix, contrairement à ce que les pouvoirs publics ont annoncé à plusieurs reprises, ne semble pas transitoire mais bien partie pour durer. Cela ne doit pas nous surprendre.

    L’inflation comme bombe à retardement

    Souvenons-nous que les États-Unis ont connu une période d’inflation élevée dans les années 1970. Pourtant, bien que le pic d’impression monétaire ait été atteint en 1971, celui de la hausse des prix ne l’a été que neuf ans plus tard, en 1980.

    L’augmentation de la masse monétaire et celle du prix des biens à la consommation ne sont pas simultanées.

    Cela s’explique par deux phénomènes : d’une part, les gains de productivité, par nature déflationniste ; d’autre part, l’homme de la rue ne se rend pas immédiatement compte de l’augmentation de la masse monétaire dont les conséquences peuvent se faire sentir sur certains actifs plutôt que sur les biens et services du quotidien.

    Dans leur dernier discours de politique d’orientation monétaire, les dirigeants de la Banque centrale européenne ont semblé indiquer que le pic de création monétaire avait été atteint. De manière surprenante, la BCE se montre même optimiste sur le niveau de l’augmentation pour les douze mois à venir.

    Nous pensons nécessaire de considérer ces prédictions avec prudence. Nous sommes circonspects à l’idée de donner trop de crédit à des institutions qui n’ont vu venir ni la chute de Lehman , ni la crise des subprimes , ni l’augmentation des prix à la consommation que nous connaissons depuis un an. À l’inverse, l’ École autrichienne d’économie a su faire preuve d’une étonnante sagacité qu’il convient de garder en mémoire. Cette école nous apprend notamment que lorsque les autorités monétaires manipulent les prix, les ressources sont mal investies. Ce ne sont pas les vœux pieux qui mettent fin à ces mauvaises allocations de ressources mais un ajustement qui peut être long et progressif ou court et brutal (communément appelé crise).

    Il est certain que l’augmentation des prix est un ennemi pour les investisseurs qui ne peuvent que constater une diminution du pouvoir d’achat de leur épargne. Nous renvoyons les lecteurs à notre précédent article publié cet été dans le magazine Contrepoints sur les idées reçues entendues ici ou là au sujet de l’inflation.

    Avant d’en venir aux différentes stratégies qui permettent de protéger ses actifs contre les conséquences d’une inflation élevée, rappelons que le prix des actifs est régi par un certain nombre de forces parfois contradictoires. Le prix d’un actif financier peut être déterminé par l’évaluation de son risque mais aussi par les anticipations que le marché se fait de sa valeur. En outre, si les prévisions des météorologues sont sans effet sur la direction des nuages, celles de certains intervenants financiers peuvent influencer la direction que prendra un actif.

    L’augmentation du prix des actifs (financiers, immobiliers, alternatifs) n’est pas strictement proportionnelle à l’augmentation de la masse monétaire. Cela s’explique par le fait que les préférences des consommateurs (ou des investisseurs) peuvent être altérées au fur et à mesure que le public ressent les effets de la création monétaire.

    Comment bien gérer son épargne

    Précautions oratoires prises, voici les stratégies qu’il nous semble utile de considérer dans un monde où l’inflation est élevée.

    1. Privilégier les actifs libellés dans les devises de pays dont les autorités monétaires appliquent des politiques monétaires plus restrictives que la moyenne.
    2. Éviter les produits à taux fixes qui prévoient le versement du capital in fine.
    3. Éviter les obligations indexées à l’inflation. Au-delà du fait que ces instruments n’ont pas vocation à dépasser l’indice des prix à la consommation mais à l’égaler, elles souffrent d’un défaut majeur : celui du changement régulier des modes de calcul de l’inflation.
    4. Éviter les investissements dont les coûts de maintenance, d’assurance ou de stockage peuvent augmenter significativement à cause d’une hausse généralisée des prix.
    5. Privilégier les actifs dont la quantité est limitée ou difficile à accroître. Il peut s’agir d’emplacements dans le cas immobilier, d’actifs uniques ou de produits en quantité limitée, d’actifs dont la barrière à l’entrée est haute et peu accessible à la concurrence.
    6. Privilégier les actifs pour lesquels il est communément admis qu’ils protègent de l’inflation. Cette assertion peut surprendre, mais il est parfois préférable d’avoir tort avec tous que raison tout seul.
    7. Privilégier les actifs dont le modèle économique repose sur une offre de produits qui ne sont pas ceux dont les ménages peuvent facilement se passer : énergie, produits agricoles.

    Pour terminer, rappelons-nous la sagesse de Peter Lynch. Peter Lynch est l’un des investisseurs sur les marchés boursiers les plus connus au monde et fréquemment désigné comme une légende vivante. Il doit sa renommée non seulement à la performance du fonds qu’il géra mais aussi à ses principes d’investissements simples et applicables par le plus grand nombre. Le fonds qu’il géra obtint une performance spectaculaire de 29, 2 % par an pendant les treize années durant lesquelles il en eut la charge.

    Peter Lynch conseille aux investisseurs de s’intéresser en premier lieu aux sociétés dont ils connaissent l’activité et les produits. Il reconnaît qu’une grande partie de ses meilleurs investissements ont été réalisés lors de discussion avec son cercle familial et amical ou encore en allant faire ses courses.

    Selon lui :

    « Si une société vous attire en tant que consommateur, elle doit également vous attirer en tant qu’investisseur ».

    Dans le Dao of Capital , l’investisseur Mark Spitznagel, disciple de l’École autrichienne d’économie avertit ses lecteurs : « Pour gagner durablement, il faut tolérer des revers initiaux » . En cela, comprenons qu’une stratégie gagnante ne consiste pas à avoir raison tout le temps mais avoir un peu plus souvent raison que tort.

    Ces stratégies, espérons-le, guideront les épargnants dans leur approche d’investissement en période de forte inflation. Nos prévisions sont pessimistes : quoi qu’en disent les autorités, l’inflation des prix se résorbera soit par une crise brutale, soit par un ajustement long et pénible. Méfions-nous donc des discours trop optimistes sur l’inflation qui pourraient nous induire en erreur sur son évolution future. Et rappelons-nous que dans l’un de ses Petits Poèmes en Prose, Baudelaire affirmait que « la plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu’il n’existe pas ».

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      Au Sri Lanka, des manifestations anti-gouvernement font 5 morts

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 9 May, 2022 - 20:05 · 5 minutes

    Des manifestants allument un feu près de la résidence du président sri-lankaisGotabaya Rajapaksa, le 9 mai 2022. Des manifestants allument un feu près de la résidence du président sri-lankais
    Gotabaya Rajapaksa, le 9 mai 2022.

    INTERNATIONAL - La situation continue de s’embraser au Sri Lanka. Après plus de deux mois de manifestations , c’est au tour du Premier ministre Mahinda Rajapaksa de démissionner ce lundi 9 mai face à la colère de la population déclenchée par la crise économique aiguë qui frappe le pays.

    Ce lundi cinq personnes sont mortes, dont un député qui s’est suicidé après avoir tué deux manifestants, et 189 autres ont été blessées. “Je démissionne avec effet immédiat afin que vous puissiez nommer un gouvernement multipartite pour sortir le pays de la crise économique actuelle”, a déclaré le Premier ministre en réponse à ces violences qui deviennent hors de contrôle.

    Cette île d’Asie du Sud de 22 millions d’habitants est confrontée à sa pire crise économique depuis son indépendance en 1948 vis-à-vis du Royaume-Uni, subissant des pénuries de biens essentiels (aliments, carburant, médicaments), de longues coupures d’électricité quotidiennes et une inflation record.

    Gaz lacrymogène, incendies et coups de feu

    Dans la nuit du 31 mars au 1er avril, des centaines de manifestants ont tenté de prendre d’assaut la résidence du président Gotabaya Rajapaksa à Colombo et réclamé sa démission. Les manifestations se sont étendues dans tout le pays, poussant le gouvernement à démissionner le 3 avril, sauf le Premier ministre qui est également le frère du président, et le président.

    L'île du Sri Lanka, située au sud de l'Inde, dans l'océan Indien. L'île du Sri Lanka, située au sud de l'Inde, dans l'océan Indien.

    Si le Premier ministre a changé d’avis, la situation ne semblait pas s’apaiser ce lundi 9 mai au soir, notamment autour de sa résidence officielle à Colombo, assiégée par des milliers de manifestants antigouvernementaux. Des coups de feu ont été tirés depuis la résidence après que des manifestants ont enfoncé le portail d’entrée et mis le feu à un camion garé sur place, a constaté un journaliste de l’AFP.

    La police a assuré avoir tiré en l’air pour repousser les assaillants du complexe, où Mahinda Rajapaksa était retranché avec des partisans. Elle a également tiré des grenades lacrymogène vers les manifestants, déterminés à répliquer après avoir été plus tôt dans la journée attaqués par des partisans du pouvoir.

    Un député tue deux hommes avant de se suicider

    À Nittambuwa, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale, un député du parti au pouvoir, Amarakeerthi Athukorala, s’est suicidé après avoir ouvert le feu sur deux manifestants anti-gouvernementaux qui bloquaient sa voiture, a annoncé la police. Une des deux victimes, âgée de 27 ans a depuis succombé à ses blessures, et le garde du corps du député a été retrouvé mort, ajouté la police, sans autre précision.

    Deux autres personnes ont été tuées dans la ville de Weeraketiya (sud), où un membre du parti au pouvoir a lui aussi tiré sur des manifestants, selon la police.

    Lundi sur le front de mer de la capitale, Colombo, des milliers de partisans des frères Rajapaksa, armés de bâtons et de matraques, ont attaqué des manifestants sans armes qui campent devant le bureau du président depuis le 9 avril pour exiger son départ, ont constaté des journalistes de l’AFP.

    La police a également tiré des gaz lacrymogène et utilisé des canons à eau pour disperser les manifestants, avant de déclarer un couvre-feu immédiat et d’une durée indéterminée dans l’ensemble de l’île.

    État d’urgence

    Dans le sud, de l’île, Des foules en colère ont également attaqué et complètement détruit le controversé musée Rajapaksa dans le village ancestral de la famille. “La violence ne résoudra pas les problèmes actuels”, a twitté le président Rajapaksa, en condamnant “fermement les actes violents”.

    “Nous condamnons les violences perpétrées aujourd’hui contre des manifestants pacifiques et demandons au gouvernement de mener une enquête approfondie, y compris l’arrestation et la poursuite en justice de toute personne ayant incité à la violence”, a souligné, également sur Twitter, Julie Chung, l’ambassadrice des États-Unis en appelant au calme.

    Vendredi, le président Rajapaksa avait décrété l’état d’urgence, pour la deuxième fois en cinq semaines, accordant des pouvoirs étendus aux forces de sécurité, les autorisant notamment à arrêter des suspects et à les détenir pendant de longues périodes sans supervision judiciaire. Il autorise également le déploiement de militaires pour maintenir l’ordre, en renfort de la police.

    Cette crise économique sans précédent a commencé après la pandémie de Covid-19, qui a privé le pays des devises du secteur touristique. Le gouvernement a alors interdit de nombreuses importations, provoquant les pénuries, une inflation galopante et des coupures de courant de plus en plus longues, qui ont nourri la colère contre le pouvoir.

    À voir également aussi sur le Huffpost: Manifs et grève du 27 janvier: le pouvoir d’achat au cœur des revendications

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      Chômage en France en 2020 : on n’a encore rien vu

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 19 February, 2021 - 04:40 · 6 minutes

    chômage

    Par Nathalie MP Meyer.

    D’ici quelques années, un journaliste ou un historien curieux qui chercherait à se renseigner sur l’impact économique des confinements anti-Covid en consultant uniquement la liste des taux de chômage en France en 2020 pourrait facilement s’imaginer que ce fut tout au plus l’affaire d’une petite année un peu difficile avec retour à la normale dès les premiers jours de 2021.

    L’INSEE vient en effet de faire savoir qu’après être passé par des bas (7,1 % au second trimestre) et des hauts (9,1 % au troisième trimestre), le taux de chômage en France entière hors Mayotte s’est établi à 8,0 % en moyenne au quatrième trimestre 2020, soit légèrement en dessous de son niveau d’avant-crise sanitaire de 8,1 % à fin 2019 :

    Tout irait-il donc pour le mieux sur le front de l’emploi ? Pas exactement.

    À ce stade, quelques précisions. Le taux de chômage n’est pas la seule façon de rendre compte de l’emploi dans un pays donné. Ce taux est calculé relativement à la population active qui comprend aussi bien les personnes ayant un emploi que les personnes officiellement au chômage. Mais la population active ne représente qu’une partie de la population en âge de travailler (de 15 à 64 ans selon la définition du Bureau international du travail).

    C’est pourquoi, afin de voir si notre économie utilise judicieusement ses ressources de travail, il est également utile de suivre le taux d’activité qui donne la part de la population active par rapport à la population en âge de travailler et le taux d’emploi qui donne le ratio de la population ayant un emploi sur la population en âge de travailler.

    À noter entre parenthèses que pour la France, même sans parler de la pandémie de Covid, ces taux sont généralement assez médiocres au sein des pays de l’OCDE :

    Taux d’activité, OCDE 2019

    Taux d’emploi, OCDE 4T  2019

    Pour en revenir à la situation particulière de l’année 2020, les deux confinements anti-Covid du 17 mars au 11 mai (huit semaines) puis du 30 octobre au 15 décembre (six semaines) ainsi que les restrictions qui furent maintenues entretemps ont tellement perturbé l’activité économique et le comportement quotidien des personnes que les suivis trimestriels habituels des organismes dédiés aux statistiques de l’emploi peinent à rendre compte de la réalité du choc subi.

    Comme le souligne l’INSEE, la baisse du chômage observée aujourd’hui résulte surtout d’un effet « en trompe-l’œil » qu’on a déjà vu à l’œuvre au deuxième trimestre au moment du premier confinement : de nombreuses personnes ont arrêté de chercher un emploi (ou n’ont pas entrepris de recherche si elles venaient de se faire licencier), soit parce que leur secteur d’activité (transport, culturel, hébergement, restauration, etc.) était mis à l’arrêt, soit parce qu’elles devaient garder leurs enfants, soit parce que la limitation des déplacements ne leur permettait pas d’effectuer les démarches nécessaires.

    Non pas qu’elles ne souhaitent plus travailler, mais du fait des circonstances, elles ont basculé temporairement dans l’inactivité. On constate ainsi logiquement qu’entre fin 2019 et fin 2020, le taux d’activité a baissé de 71,8 % à 71,4 % de la population en âge de travailler et que le taux d’emploi a suivi le même chemin.

    N’apparaissant plus dans la population active, ces personnes n’apparaissent plus non plus dans le taux de chômage, d’où un agréable taux « en trompe-l’œil » de 8,0 % au quatrième trimestre 2020 correspondant à 2,353 millions de chômeurs 1 .

    Voir tableau ci-dessous :

    chômage Sources : INSEE ( Chiffres provisoires Population Chômage 4T 2019 Chômage 4T 2020 ) –
    Note : les données soulignées sont issues des publications de l’INSEE ; les autres données sont calculées à partir des précédentes.

    Seconde parenthèse : on voit dans le tableau que la population française augmente légèrement tandis que la population en âge de travailler diminue. Nulle contradiction à cela. La décomposition par tranche d’âge montre que la croissance se fait uniquement chez les 60 ans et plus, et surtout à partir de 65 ans, tandis que les effectifs des moins de 60 ans sont en baisse :

    chômage Il en résulte que la population active a diminué en 2020 non seulement sous l’effet de la baisse du taux d’activité induit par les confinements comme on l’a vu, mais également du fait du vieillissement de la population. Rien à voir avec la crise actuelle, mais je le signale en passant car c’est un problème que la France devra affronter. Fin de la parenthèse !

    Si les primes à l’embauche des jeunes et les mesures de chômage partiel prises dès le premier confinement ont permis d’amortir la crise, sans compter les prêts garantis par l’État qui aident les entreprises à tenir face aux restrictions sanitaires, l’INSEE constate que l’emploi d’aujourd’hui n’est pas d’aussi bonne qualité que celui d’il y a un an. Le nombre moyen d’heures travaillées par emploi a reculé de 2,2 % sur un an tandis que la part du sous-emploi a augmenté sous l’effet des mesures de chômage partiel.

    Avec la fin du confinement qui redonne une certaine latitude de recherche d’emploi aux personnes qui avaient basculé dans l’inactivité cet automne, il n’est pas du tout exclu qu’on assiste à un rebond du taux de chômage dès ce premier trimestre 2021 exactement comme ce fut le cas au troisième trimestre 2020 après le premier confinement.

    Le phénomène sera d’autant plus amplifié à moyen terme que le « quoi qu’il en coûte » qui porte actuellement des pans entiers de l’activité et de la société à bout de bras prendra forcément fin un jour. L’argent des autres, et en l’occurence celui des générations futures puisque tout passe – pour l’instant – par un surcroît d’endettement public, est certainement très pratique, mais il n’est pas inépuisable, comme le savait fort bien Margaret Thatcher.

    Dans cette incontournable perspective, la leçon de ce taux de chômage revenu ponctuellement à 8 % – ce qui reste de toute façon très haut par rapport à nos voisins néerlandais ou allemands – n’est certainement pas que la France a surmonté brillamment les écueils économiques et sociaux des confinements anti-Covid, mais bien plutôt qu’en fait de crise économique, de faillites et de plans de licenciements, on n’a encore rien vu.

    Sur le web

    1. Il existe un autre suivi du chômage, celui de la DARES, qui compte le nombre d’inscrits à Pôle Emploi. Au quatrième trimestre 2020, il recense 3,8 millions de demandeurs d’emploi en catégorie A (sans emploi) en France entière hors Mayotte. Pour le décryptage des différences avec l’INSEE, voir Chômage : bazar bizarre (mars 2016).
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      La dette : potion magique ou poison mortel ?

      Johan Rivalland · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 18 February, 2021 - 04:15 · 10 minutes

    la dette

    Par Johan Rivalland.

    « La France peut-elle encore tenir longtemps ? » , interroge Agnès Verdier-Molinié. Suscitant des adversités qui atteignent leur point culminant , comme vous pouvez le constater dans cette séquence montrant une opposition de points de vue qui atteint son paroxysme entre un Jean-Marc Daniel et un Christian Chavagneux connus pour avoir des idées très divergentes mais que l’on a connus plus mesurés et courtois dans leurs échanges.

    La dette : potion magique ou poison mortel ?

    Le recours massif à la dette n’a, en effet, jamais atteint de tels niveaux dans le monde. Et si certains y voient une sorte de potion magique, ainsi que le suggère le titre de cet ouvrage, prétextant du niveau historiquement bas des taux d’intérêt pour affirmer haut et fort que c’est le moment d’en profiter pour investir et stimuler l’économie à bon compte, d’autres mettent en garde contre le poison mortel que peut représenter cette dette qui n’en finit pas d’enfler, jusqu’à sembler hors de contrôle. C’est plutôt le point de vue défendu par la plupart des auteurs de cet ouvrage, quelles que soient les nuances entre eux.

    Surtout, une certaine frange de politiciens et d’économistes très à gauche militent de manière que l’on peut juger inconséquente pour un effacement tout aussi magique d’une partie substantielle de la dette. Suivis en cela également par les partisans de la « nouvelle théorie monétaire », celle contre laquelle met en garde entre autres Jacques de Larosière, la qualifiant de fausse recette . Mais également, dans une large mesure, les auteurs du Cercle Turgot ici réunis, qui, il y a seulement trois ans, dans un contexte pourtant moins dramatique que celui que nous connaissons à présent, alertaient déjà contre les dérives des dettes publiques .

    Une question épineuse

    La question est loin d’être anecdotique, quand on sait par exemple que plus des deux-tiers des Français seraient partisans soit d’annuler la dette contractée par l’État pendant la pandémie de Covid-19, soit de la faire rembourser par les « riches » , à travers une contribution exceptionnelle des grandes fortunes. On imagine bien à quelle surenchère pourront se livrer certains politiciens à l’approche des prochaines élections présidentielles…

    C’est pourquoi, même si les points de vue des auteurs de cet ouvrage sont loin d’être tous motivés par une vision très libérale de l’économie, le présent ouvrage n’en est pas moins utile pour mettre en cause un certain nombre de dogmes ou d’idées fausses sur le sujet de la dette. En faisant appel à la connaissance, aux références historiques et à un certain sens de la pédagogie, il est susceptible de faire entendre la voix de la raison à ceux qui pourraient se laisser tenter par le chant de la facilité, ou de la démagogie .

    L’endettement : jusqu’où ?

    Les questions posées dans cet ouvrage sont toutes celles que l’on peut se poser actuellement : les taux d’intérêt très faibles, voire négatifs, vont-ils durer ? Et après ? Comment rembourser ? Est-ce les prochaines générations qui vont devoir payer ? À quel prix ? Avec quelles conséquences ? Pouvons-nous continuer ainsi à nous endetter indéfiniment ?

    Pour y répondre, il est utile de se référer aux enseignements de l’Histoire. C’est ce que fait, entre autres, le même Jean-Marc Daniel que nous citions plus haut. Qui rappelle les nombreux épisodes historiques au sujet des banqueroutes et de leurs conséquences (la dernière date, en France, de 1797 et on sait qu’y recourir de nouveau reviendrait à atteindre fortement la crédibilité de la signature française, ce qui se paierait au prix fort. La plupart des économistes conviennent d’ailleurs que cela ne présente aucun intérêt aujourd’hui, sur un plan financier).

    Mais aussi qu’hormis la banqueroute, la dette se paye

    • soit par la voie de l’inflation que certains appellent de leurs vœux, malgré les conséquences que l’on sait sur la richesse et l’érosion du pouvoir d’achat ; c’est d’ailleurs elle qui a permis de solder les dettes des deux guerres mondiales ;
    • soit par la généralisation de la dette perpétuelle , qui n’est autre, nous dit Jean-Marc Daniel, que ce que nous pratiquons déjà depuis près de deux siècles en ne payant que les intérêts de la dette et en contractant en permanence de nouveaux emprunts pour rembourser les emprunts précédents ;
    • soit enfin en pratiquant les rachats de dette par les banques centrales , ce qui se pratique allègrement aussi ces dernières années, donnant l’illusion que l’on peut exercer un endettement sans limite.

    Mais c’est ne pas voir, nous dit Jean-Marc Daniel :

    « D’abord, que toute dépense publique non financée par un prélèvement sur la dépense privée augmente la demande. Si cette augmentation se pérennise, elle entraîne soit un apport d’offre extérieure, c’est-à-dire un creusement du déficit commercial, soit une possibilité offerte aux entreprises d’augmenter leurs prix, c’est à dire une relance de l’inflation. Ensuite, que l’augmentation de la dette publique provoque des anticipations négatives chez les acteurs privés. Dans un premier temps, le réflexe d’épargne pour affronter un avenir fiscal incertain conduit à une augmentation du prix des actifs. C’est ce que les économistes appellent l’« équivalence ricardienne ». Enfin, que ces anticipations négatives finissent par éroder la crédibilité de la monnaie. Contenir la dette publique devient donc indispensable, et réclame une baisse significative des dépenses publiques. »

    Toujours en référence à l’Histoire, on notera la participation au débat de Nicolas Baverez, qui, dans une intervention intitulée « la démocratie, antidote au piège de la dette » montre notamment en quoi l’hélicoptère monnaie fait partie des illusions sur « l’argent gratuit », qui se sont toujours terminées par des catastrophes économiques et financières, et qui met en garde contre les dangers du surendettement, ne se montrant pas pour autant hostile à une certaine politique monétaire. Nicolas Bouzou , quant à lui, surprend, défendant un « bon usage de Keynes » face à la situation actuelle qui justifierait selon lui de sortir de sa vision traditionnelle pour tenir compte de l’ampleur inhabituelle de cette crise.

    Des problématiques multiples, mais des points de vue hétéroclites sur la dette

    C’est aussi au niveau mondial que le problème de la dette se pose.

    Anne-Laure Kiechel évoque les différences d’origine des financements selon les pays (on pense notamment au Japon ou à l’Italie, qui détiennent l’essentiel de leur dette), ce qui peut dans certains cas poser un problème de souveraineté.

    Christian Saint-Étienne, lui, montre comment, en s’endettant de manière inconséquente par le financement davantage des dépenses courantes que des investissements d’avenir, l’Europe prend le risque d’accroître son retard sur les États-Unis et la Chine, menaçant ainsi à la fois son indépendance et sa prospérité.

    Isabelle Job-Bazille, quant à elle, met en garde contre les dangers du surendettement au profit d’une bulle financière, la perfusion monétaire ayant bien du mal à se diffuser dans l’économie réelle et risquant d’aboutir aux mêmes maux qu’en 2008 si on n’y prend garde.

    Les enjeux de la dette publique sont ensuite analysés par divers auteurs connus (Gilles Dufrénot, François Ecalle, Eric Heyer et Xavier Timbaud, Vivien Lévy-Garboua et Gérard Maarek, Hubert Rodarie), selon différents angles de vue ; avant que l’approche plus micro-économique du point de vue de l’entreprise soit abordée par Jean-Paul Betbèze, puis sous un angle un peu plus large par Jean-Jacques Pluchart. Il peut être ainsi intéressant de connaître la diversité des approches, tout en se replongeant dans le fonctionnement des mécanismes économiques, parfois assez techniques.

    Cependant, non seulement les chapitres me semblent souvent un peu courts pour entrer dans des raisonnements vraiment de fond, mais je m’interroge surtout sur le caractère relativement hétéroclite des idées présentées. En fait, je ne comprends pas bien ce qui définit le Cercle Turgot, si ce n’est l’expression d’une diversité de points de vue. Et je ne vois pas bien le lien avec Turgot lui-même et ses idées.

    Quoi de commun, par exemple, entre un Hubert Rodarie, qui semble dans une certaine mesure favorable à un effacement partiel des dettes publiques (là où Natacha Valla et Christian Pfister se méfient de « l’illusion du repas gratuit » ) et un Jean-Marc Daniel ou encore un Jacques de la Rozière, qui met quant à lui sévèrement en garde à la fois contre les politiques de quantitative easing , d’hélicoptère monnaie (par ailleurs en partie défendue par François-Xavier Oliveau un peu plus loin) et de rachats de dettes par les banques centrales, ou encore d’annulation même partielles de dettes, politiques actuellement dominantes ?

    Une douce illusion

    Je doute aussi beaucoup de cette idée de nombre d’économistes selon laquelle des déficits ou un endettement, à condition d’en finir avec la tentation de s’en servir pour colmater des brèches ou des besoins courants de simple fonctionnement, pourraient se justifier si on ne les consacre qu’aux seules dépenses d’investissement dits « d’avenir ». Belle intention. Mais, non seulement ces paris sur la transition énergétique et la « croissance verte » – puisque c’est ce dont il est bien souvent question – me semblent bien hasardeux (et pourquoi par le financement public ?), mais surtout cela me paraît bien naïf. On sait très bien comment les choses fonctionnent : les politiques (tout au moins en France) finissent toujours par en revenir à leurs vieux démons (ou plus exactement, obsédés par leur réélection, ils ne les quittent jamais). A savoir continuer indéfiniment à se servir de la « manne » publique pour subventionner, éponger, colmater, tout ce qui peut l’être. Et, comme ce n’est pas vraiment le courage qui les caractérise, croyez-vous que face à de nouvelles révoltes du type de celle des Gilets Jaunes, ils se montreront capables de ne rien lâcher ? Aucune chance. Surtout maintenant que l’argent facile tombé du ciel à la manière d’un déluge est passé par là. Qui se contentera désormais d’un « petit » 10 milliards d’euros lâché au prix d’une lutte acharnée quand on a connu les montants prodigieux qui étaient annoncés presque chaque jour durant la période actuelle ?

    C’est en cela que cet ouvrage me laisse un peu circonspect et me semble manquer de ligne de force, en dehors de l’intérêt de la juxtaposition d’opinions diverses dont on peut éventuellement apprécier l’étendue des idées. Et ce, malgré la conclusion de Philippe Dessertine, coordonnateur de l’ouvrage qui, à la suite de la question de la soutenabilité de la dette abordée par Denis Ferrand, établit une synthèse montrant comment les records d’endettement avaient été pulvérisés – pourtant en temps de croissance assez vigoureuse (du moins aux États-Unis et en Chine) – avant même la crise de la Covid, rendant les marges de manœuvre plus qu’étroites et conduisant à simplement tenter d’éviter à l’économie mondiale de sombrer complètement dans le chaos.

    La seule issue demeurant selon lui, et cela reflète bien l’esprit consensuel des auteurs de l’ouvrage, que cette course sans fin à l’endettement s’achève par la fin des dépenses publiques de fonctionnement ou de bulles (financières notamment), remettant ainsi en cause les modèles passés.

    Réel espoir ou illusion un peu vaine ?…

    Cercle Turgot (Collectif), La dette – Potion magique ou poison mortel ? , éditions Télémaque, décembre 2020, 206 pages .

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      2021, l’année du grand bouleversement sanitaire

      Claude Sicard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 3 February, 2021 - 04:00 · 5 minutes

    covid II

    Par Claude Sicard.

    La pandémie de Covid-19 ne cesse de faire des dégâts considérables dans le monde, et nul n’est en mesure de faire le moindre pronostic sur la façon dont cet épisode tragique va s’achever. Dans notre pays, on s’attend à ce que le gouvernement ordonne un troisième confinement .

    Dans son discours du 16 mars 2020, Emmanuel Macron a déclaré que nous étions « en guerre contre un ennemi invisible, insaisissable » , un coronavirus venant de Chine.

    En attendant que toute la population puisse être immunisée par les nouveaux vaccins qui viennent d’être mis au point dans l’affolement le plus complet, la seule arme dont le gouvernement dispose est le confinement.

    Des vaccins qui arrivent enfin

    Plusieurs grands laboratoires sont fort heureusement parvenus dans des temps record à créer des vaccins . Les premiers arrivent maintenant sur le marché.

    En France, nous en sommes donc aux premières vaccinations, la campagne ayant démarré avec un certain retard par rapport au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Elle se déroule à un rythme plus lent qu’ailleurs, notamment qu’en Allemagne ou en Angleterre.

    Les pouvoirs publics s’organisent pour tenter de rattraper ce retard tout à fait incompréhensible bien que l’on sait que la difficulté majeure vient de la pénurie de doses de vaccins, les grandes firmes pharmaceutiques étant sollicitées de toute part. Il faut bien voir ce qui nous attend en France : en 2021, une suite de confinements et déconfinements successifs, car d’ici à la fin de l’année seulement 20 à 25 millions de personnes tout au plus auront pu être vaccinées. Le virus ne cesse de muter, ce qui interroge sur l’efficacité des nouveaux vaccins dans le temps. À chaque confinement la diffusion du virus ralentit, puis repart ensuite dans la phase de déconfinement, amenant les pouvoirs publics à reconfiner de nouveau la population.

    La situation ne va que pouvoir se dégrader inexorablement, tant sur le plan économique que psychologique.

    L’ iFRAP a chiffré à 16 milliards d’euros hebdomadaire le coût pour la nation d’un confinement dur . Selon cet institut, le premier confinement aurait coûté entre 100 et 125 milliards d’euros ; le second environ 50 milliards.

    Les dégâts psychologiques

    Les dégâts sont également importants au plan psychologique . Les risques croissants de dépression deviennent préoccupants pour les pouvoirs publics.

    Pour beaucoup de personnes il devient de plus en plus difficile de supporter les conséquences des confinements. La dégradation de la situation économique affecte leur sécurité matérielle, détruit leurs projets d’avenir et supprime de leur vie les satisfactions et activités de loisirs qui émaillaient leur existence : contacts sociaux, voyages, activités sportives, concerts, visites de musées, etc.

    À l’occasion de la journée mondiale de la santé le 10 octobre dernier, une enquête de l’OMS a montré que dans 93 % des pays étudiés les services de santé mentale des hôpitaux sont débordés.

    En France, Marion Leboyer , du département de psychiatrie du CHU Henri Mondor à Créteil, a déclaré :

    Nous nous attendons à une multiplication par trois des dépressions sur l’ensemble  de la pandémie.

    L’année 2021 sera très fortement marquée par cette pandémie. Il faudra attendre le second semestre de l’année suivante pour que la situation soit vraiment maitrisée au plan sanitaire, pour autant que ne surviennent pas des évènements imprévisibles.

    L’économie commencera alors à se redresser mais la situation du pays sera particulièrement dégradée. Un très grand nombre d’entreprises auront disparu, nos positions à l’exportation seront fortement affaiblies, d’autant que la Chine semble avoir maitrisé la pandémie ; la dette extérieure sera devenue extrêmement préoccupante.

    La société va se transformer

    Au plan psychologique et sociologique des transformations importantes vont apparaître. Les individus vont modifier leur comportement et la société va se transformer.

    Dans Le Figaro du 27 janvier 2021, Hugues Lagrange, sociologue directeur de recherche au CNRS, interviewé par Alexandre Devecchio confie que « la crise pourrait être accoucheuse d’une profonde réorientation » . Il pense que les gens  vont davantage interroger le sens de leur vie. Alexandre Devecchio cite Houellebecq qui, dans son roman Sérotonine , accuse notre monde moderne d’être « une société qui soigne le corps en asphyxiant les âmes. »

    Tout naturellement, on pense à Voltaire . Dans sa jeunesse, l’écrivain était un joyeux épicurien. Il devient ensuite un philosophe humaniste et pessimiste, marqué par la catastrophe du tremblement de terre de Lisbonne en 1755.

    Candide , paru en 1759, est ainsi le conte philosophique de la maturité de Voltaire. Il se conclut sur la rencontre de Candide avec un vieillard turc qui lui enseigne que la sagesse consiste à « cultiver son jardin. » Cunégonde, fraiche, dodue et appétissante au début du conte finit « laide, acariâtre et insupportable ».

    Dans Essai sur les mœurs et l’esprit des nations Voltaire écrit : « Presque toute l’histoire est une suite d’atrocités inutiles. »

    Face aux dégâts extraordinaires générés par la pandémie actuelle, nombreux sont ceux qui vont changer de paradigme.

    Dans son numéro de septembre 2020 le mensuel L’Histoire titre « Comment une pandémie change le monde. »

    Le sociologue Remy Oudghiri, directeur de Sociovision (Ifop) écrit :

    Après le coronavirus notre société va changer et confirmer le développement de six tendances : santé, travail, vie connectée, soif de collectif, et écologie.

    Les enquêtes confirment effectivement que bon nombre de cadres citadins veulent s’installer à la campagne. L’exode de ces néo-ruraux est une tentation de l’après-covid.

    Les évènements auxquels nous sommes confrontés vont conduire les habitants des pays riches à prendre conscience que l’Homme doit limiter ses désirs à un bonheur relatif.

    Hugues Lagrange nous rassure :

    Une vie plus frugale, plus conviviale, plus attentive aux équilibres n’est pas forcément une moindre vie.

    Boris Cyrulnik nous annonce :

    Après chaque catastrophe, la société change.