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      Traduction : Aux sources du complotisme

      news.movim.eu / LinuxFRJournaux · 5 days ago - 07:52 · 23 minutes

    Sommaire

    Contexte

    Dans cet article C. Doctorow se base sur son expérience personnelle parallèle à celle des anti-vax pour identifier une origine originale du phénomène complotiste et en proposer une analyse singulière. Les complotisme en tout genre produisant régulièrement des résurgences sur Linuxfr, il m'a semblé intéressant d'en proposer une traduction ici.

    Traduction

    Conspirationnisme et crise de la connaissance

    L’an passé, Ed Pierson devait prendre un vol Alaska Airlines de Seattle au New Jersey. Il embarqua, puis il s’est empressé de discuter avec le personnel de bord, expliquant qu’en tant qu’ancien ingénieur senior chez Boeing, il avait soigneusement sélectionné ce vol afin d’éviter de voler en 737 Max :

    https://www.cnn.com/travel/boeing-737-max-passenger-boycott/index.html

    Mais pour des raisons techniques, Alaska Airlines avait changé d’appareil, et il se trouvait justement à bord d’un 737 Max, sur le point de traverser un continent, et ne se sentant absolument en sécurité pour ce faire. Il demanda à débarquer. Ses bagages furent déchargés et il rebroussa chemin par le pont d’embarquement en déclarant à un personnel de bord effrayé, « impossible de vous expliquer précisément à l’instant, mais je ne prévoyais pas de voler à bord d’un Max, et je veux descendre de cet avion. »

    Le désastre volant qu’est Boeing ne s’est bien entendu pas construit en un jour. Leurs avions ont commencé à pleuvoir depuis 2019. Un tsunami de lanceurs d’alertes a déferlé pour dénoncer ces avions dangereux. Pierson est loin d’être l’unique employé à affirmer — tant ouvertement qu’en privé — qu’il ne volerait pas sur tel ou tel modèle, voire pour certains, sur aucun Boeing récent :

    https://pluralistic.net/2024/01/22/anything-that-cant-go-on-forever/#will-eventually-stop

    Et pourtant, des années durant, les autorités de régulation de Boeing ont autorisé cette compagnie à lancer des appareils qui s’avéraient des cailloux. Guère rassurant, à tout le moins. Je ne suis ni ingénieur aérospatial, ni inspecteur de la sécurité aérienne, mais chaque fois que je réserve un vol, je dois décider si je peux faire confiance à Boeing pour ne pas mourir d’avoir embarqué sur l’un de leurs engins.

    Dans un monde parfait, je n’aurais même pas à m’en préoccuper. Les agences de surveillance gouvernementale, responsables de la sécurité publiques s’en chargeraient, assurant que les avions soient fiables en vol. « Caveat emptor » (NdT : craint acquéreur, fameuse locution latine décrivant l’état d’esprit des acheteurs dans un marché anomique) n’est en aucun cas la bonne manière de gérer l’aviation civile.

    Quoique n’ayant nullement l’expertise pour décider de la fiabilité des boeings, je possède celle bien plus générique qui permet de se prononcer sur la fiabilité de la régulation de l’aviation civile. La FAA (administration de l’aviation fédérale) n’est qu’obséquieuses courbettes devant Boeing depuis belle lurette, au point de les autoriser à auto-certifier que leurs avions sont sûrs. Et elle persévéra dans cette pratique de laisser Boeing évaluer ses propres productions, quand bien même les assertions de Boeing eurent-elles coûté des centaines de vies.

    https://www.youtube.com/watch?v=Q8oCilY4szc

    De surcroît, le patron de la FAA qui a présidé à ces centaines de décès est un ancien lobbyiste de Boeing, nommé par Trump pour les superviser. Ce n’est pas le seul ancien de la maison à finir en régulateur, et inversement nombre d’anciens officiels sont désormais des employés de la maison :

    https://therevolvingdoorproject.org/boeing-debacle-shows-need-to-investigate-trump-era-corruption/

    Inutile d’être un expert en aviation pour comprendre qu’une compagnie est face à un conflit d’intérêt quand il s’agit de certifier ses propres produits. Les « forces du marché » n’empêcheront pas Boeing de fourguer des produits défectueux, car les huiles de la compagnie sont bien plus préoccupées de profiter des rachats massifs d’actions saisonniers qu’elles ne s’intéressent à la capacité de leurs successeurs à gérer les tempêtes médiatiques ou les audiences au Congrès qui découleront des centaines et centaines de morts provoquées par leur cupidité.

    Pareillement inutile d’être un expert pour comprendre que ces conflits persistent quand un employé de Boeing quitte la compagnie pour travailler à sa supervision ou inversement. Un superviseur qui anticipe un mega bonus de la part de Boeing une fois son service achevé, ou un ancien directeur de Boeing qui détient des millions en actions font face à un insoluble conflit d’intérêt qui leur rendra extrêmement délicat — voire impossible — de tenir la compagnie responsable de ces bénéfices réalisés aux détriments de la sécurité.

    De manière tout à fait justifiée, les clients de Boeing ne sont pas les seuls à devoir s’inquiéter d’un système avec de tels conflits d’intérêt : Les propres cadres, lobbyistes, et avocats de Boeing refuseraient également de participer à un système de résolution des conflits du même acabit, c’est-à-dire complètement biaisé par les conflits d’intérêts. Si Boeing était poursuivi par ses actionnaires et que le juge soit l’un d’eux, ils demanderaient sa récusation. Si Boeing recherchait un avocat pour une audience de responsabilité dans des poursuites portées par la famille de l’une de leurs victimes assassinées, ils ne recruteraient assurément pas le cabinet qui les poursuit — même si ce dernier promet d’être équitable. Si l’épouse d’un dirigeant de Boeing demande le divorce devant la justice, ce dirigeant choisira-t-il le même avocat que sa future ex-épouse ?

    Évidemment qu’il faut des connaissances et une formation appropriée pour être avocat, juge, ou inspecteur de la sécurité aérienne. En revanche, n’importe qui peut se rendre compte des plus criants défauts d’organisation du système dans lequel travaillent ces gens. Autrement dit, alors qu’acquérir de l’expertise est difficile, il est bien plus aisé de remarquer les déficiences des systèmes par lesquels ces expertises affectent le monde qui nous entoure.

    Et c’est là que se trouve le problème : l’aérien est loin d’être l’unique secteur, techniquement complexe, potentiellement fatal, profondément et évidemment indigne de confiance qu’il nous faille pratiquer. Qu’en est-il des codes et règlements de la construction qui régissent le bâtiment dans lequel vous vous trouvez ? Beaucoup ont présumé allègrement que des ingénieurs en génie civil avaient soigneusement conçu ces standards, et que ces derniers ont été rigoureusement mis en œuvre, pour découvrir tragiquement et de la manière la plus atroce qu’il n’en était rien.

    https://www.bbc.com/news/64568826

    Quotidiennement, il faut résoudre des douzaines — des centaines mêmes ! — de questions de vie ou de mort hautement techniques. Devez-vous faire confiance au logiciel de l’ABS (système antiblocage lors du freinage) de votre voiture ? Qu’en est-il des règlementations sanitaires dans les usines qui produisent l’alimentation dans votre chariot de supermarché ? ou dans la pizzeria qui vient de vous livrer ? L’école de vos enfants leur enseigne-t-elle correctement, ou grandiront-ils ignorant pour devenir des laissés pour compte ?

    Bon sang, même si je ne devais plus jamais prendre un Boeing, j’habite sous le couloir d’approche de l’aéroport de Burbank, où Southwest fait atterrir plus de 50 Boeing quotidiennement. Comment être certain que le prochain 737 Max qui décrochera n’atterrira pas sur mon toit ?

    C’est la crise épistémologique de notre temps. L’épistémologie est au fondement de notre connaissance. (NdT : « [ …C]’est […] l’épistémologie qui est seule compétente pour décider si les cadres de référence du vrai correspondent, oui ou non, aux cadres du réel… » (TILF)) Le but ultime de processus transparents et démocratiques pour les délibérations techniques est de résoudre ce défi épistémologique qui conduit à faire les bons choix pour toutes ces questions quotidiennes de vie ou de mort. Même les plus brillants parmi nous ne peuvent acquérir l’expertise pour l’ensemble de ces questions ; mais nous sommes tous à même de comprendre les processus qui les traitent ces et d’en juger la pertinence.

    Le processus est-il public ? Les responsables en sont-ils honnêtes ? Ont-ils des conflits d’intérêts, et si oui participent-ils à quelque décision d’une manière qui semble inappropriée ? Si de nouveaux éléments apparaissent — disons un drame horrible — y a-t-il moyen de réviser le processus et d’adapter les règles ?

    Le détail précis peut parfaitement être opaque et indéchiffrable, une boîte noire pour nous tous. Mais la boîte noire elle-même peut être observée : est-elle résistante ? a-t-elle des sommets pointus ? des arêtes nettes ? où est-elle bancale, irrégulière, et bordée de bavures ? Inutile de connaître le contenu de la boîte pour décider de la confiance à lui accorder.

    Par exemple, nous ne sommes pas tous experts en chimie et potabilité, mais nous sommes à même de savoir si une agence de régulation est sur de bon railles ou non en la matière. En 2019, la direction de la protection environnementale de l’ouest viriginien (WV) a lancé une consultation publique. Dow Chemical — la plus grosse compagnie de l’industrie la plus massive de l’état — a répondu, argumentant que la WV devrait abaisser ses standards quant à la contamination des eaux potables.

    Soit, je suis parfaitement prêt à croire qu’un certain niveau de résidus chimiques est acceptable dans l’eau courante. Il y a beaucoup d’eau, et « c’est la dose qui fait le poison. » Comme en plus, je me trouve être l’un des usagers des produits dont la production aboutit à ces déchets… Je souhaite qu’ils soient produits, de manière sûre certe, mais je tiens surtout à ce qu’ils le soient — juste un exemple, la prochaine fois que je passe sur le billard, rien qu’au tout début, je préfère vraiment que l’anesthésiste travail avec une perfusion neuve aux tubulures stériles.

    Et je ne suis pas un chimiste, encore moins un spécialiste de la chimie de l’eau ; pas plus qu’un toxicologue. Certains aspects du débat me sont parfaitement étrangers. Nonobstant, je ne peux m’empêcher de penser que la méthodologie employer par la WV est bancale, en voici la raison.

    https://www.wvma.com/press/wvma-news/4244-wvma-statement-on-human-health-criteria-development

    Il s’agit du mémoire de Dow adressé à son agence de régulation (tel que proféré par sa marionnette, l’association des industriels de WV). Dans ce commentaire, Dow argumente que les citoyens de l’Ouest de la Virginie peuvent absorber en toute sécurité plus de poison que les autres Américains, parce qu’ils sont plus gras que les autres, qu’ils ont donc plus de tissus corporels, et qu’ils supportent donc de plus grandes doses de poison par personne que l’Américain moyen. Mais Dow ne s’arrête pas là. Ils affirment aussi que les habitants de l’ouest de la Virginie boivent moins d’eau que leurs voisins des autres états, lui préférant de la bière, et qu’ainsi, même si leur eau est plus toxique, comme ils en boivent moins…

    https://washingtonmonthly.com/2019/03/14/the-real-elitists-looking-down-on-trump-voters/

    Même sans aucune expertise en toxicologie ou en chimie des solutions, je peux affirmer que cette argumentation est de la bouse. Le seul fait que les autorités de WV acceptent un tel memorandum démontre qu’elles ne font pas correctement leur travail.

    Même sans aucune expertise, il est parfaitement raisonnable de rejeter les conclusions des experts si le processus d’expertise est parfaitement corrompu et biaisé au-delà de toute possibilité de rédemption. Mais certains rejets coûtent cher — aussi bien pour celui qui refuse que pour son entourage — plus que de choisir de l’eau de bouteille à Charleston.

    Prenez les antivax (ou les « hésitants » à se faire vacciner). De nombreuses personnes ont accueillie l’avènement extrêmement rapide d’un vaccin anti-covid ultra moderne avec crainte et défiance. Ils affirmaient que l’industrie pharmaceutique était dominée par des corrompus, composée de corporations avides privilégiant usuellement leur profit au bien public, et que les autorités de supervision étaient dans leur poche au point de les blanchir d’éventuels meurtres de masse.

    En fait… tout ça est on ne peut plus véridique. Pourtant j’ai reçu cinq doses de vaccin anti-covid, mais en aucun cas parce que je ferais confiance aux industries pharmaceutiques. J’ai personnellement expérimenté leur manière d’immoler la sécurité sur l’autel de la cupidité, et échappé d’un cheveu à des dégâts pour ma santé. Toute ma vie j’ai souffert de douleurs chroniques empirant d’année en année. Quand mon épouse était enceinte de notre fille, il m’a semblé que ces douleurs m’empêcheraient d’être un bon père — je souhaitais pouvoir la porter longtemps ! — j’ai donc repris activement la quête, longuement délaissée, d’un traitement.

    Ça m’a mené chez une foule de spécialistes — physiologistes, diététiciens, addictologues, neurologues, chirurgiens — et j’ai essayé des tas et des tas de traitements. Heureusement, mon épouse avait une mutuelle personnelle — nous étions alors au Royaume-Uni — et je pouvais essayer n’importe quel traitement d’apparence prometteuse. C’est ainsi que je me suis retrouvé dans les bureaux d’un charlatan d’Harley Street (NdT : fameuse rue des médecins à Londres), un f[au]meux spécialiste de la douleur, qui avait de grandes nouvelles pour moi : il s’avérait que les opioïdes étaient bien plus sains qu’on ne l’avait cru jusque-là, et il m’était recommandé d’en prendre jours et nuits jusqu’à la fin de mes jours ; aucun risque d’addiction ; tout planerait !

    Ces sornettes ne sonnaient pas honnêtes à mes oreilles. Plusieurs de mes amis sont morts d’overdoses, et j’en ai vu d’autres déchoir dans la spirale de la misère au fur de leur lutte contre l’addiction. J’ai donc fait mes propres recherches. N’ayant aucune formation en biologie, chimie, neurologie, ou pharmacologie, je me suis battu avec des monceaux d’articles et autres commentaires pour arriver à la conclusion que les opioïdes étaient tout sauf sûres. Tout au contraire, des milliardaires corrompues comme la famille Sackler avaient fait collusion avec les autorités pour risquer les vies de millions de gens en promouvant des recherches falsifiées dans les meilleures revues scientifiques à comité de lecture.

    Voici comment je suis devenu un anti-opioïde.

    J’ai décidé, en me basant sur mes propres recherches, que les experts avaient torts, et ce pour cause de corruption, et que je ne pouvais leur faire confiance.

    Quand les anti-vax ont décrié les vaccins contre le covid, ils disaient des choses qui — au moins sur la forme — étaient indistinguables de mes propres propos quinze ans plus tôt lorsque je décidais d’ignorer les recommandations de mon médecin et de balancer mes médocs en pensant que ça me ferait probablement du mal.

    Pour moi, la foi dans les vaccins ne provient pas de la découverte d’une immense et nouvelle confiance dans l’industrie pharmaceutique. Plutôt, j’ai considéré que la focalisation du public sur le sujet était telle qu’elle terrasserait jusqu’à la corruption bien ancrée de dealers des produits qu’en secret les industrielles savent néfastes :

    https://www.npr.org/2007/11/10/5470430/timeline-the-rise-and-fall-of-vioxx

    Mais nombres de mes pairs avaient une appréciation fort différente des anti-vax. Pour ces amis et collègues, ils étaient juste insensés. Étrangement, ces gens avec qui je me sentais largement en accord ont commencé à défendre le système pharmaceutique et ses autorités. Dès qu’ils ont vu les anti-vax comme l’avant-garde des lobotomisés anti-culture de droite, ils ont basculé de pro-vax à pro-pharma !

    Ce phénomène a un nom : la schizogenèse (NdT : dans ce sens, il s’agit d’un néologisme emprunté à l’Anglais, j’ai conservé la graphie française dans cette traduction.). Ce terme décrit la manière de choisir son camp par rapport à un problème en considérant les parties prenantes. Pensez par exemple aux progressistes américains auto-proclamés qui sont devenus les fervents supporters de l’impitoyable, sans foi ni loi, police spéciale quand elle collait aux basques de Trump :

    https://pluralistic.net/2021/12/18/schizmogenesis/

    Le fait que le FBI n’aime pas Trump n’en fait aucunement un allié des causes progressistes. C’était, et ça reste l’entité qui (parmi d’autres choses) à tentée de pousser au suicide Martin Luther King :

    https://en.wikipedia.org/wiki/FBI%E2%80%93King_suicide_letter

    Mais la schizogenèse ne peut être considérée uniquement comme une manière très hasardeuse de choisir son camp en se basant sur des inimitées communes. Bien plutôt il s’agit d’une tactique épistémologiquement raisonnable : Dans un monde où vous vous trouvez cernés par bien plus de problèmes à résoudre que vous ne le pouvez réellement, des raccourcis de raisonnement sont indispensables. L’un d’eux — un de ceux qui vous conduisent invariablement dans une impasse — serait de dire, « je prêterais foi à tout ce que les experts officiels affirmeront. » Un autre raccourcit serait « désormais je ne croirais plus rien de ce qu’affirment les gens dont je sais qu’ils agissent de mauvaise foi. » Voilà ce qu’est la schizogenèse.

    La schizogenèse n’est pas une tactique optimale. Il serait infiniment préférable de disposer d’institutions de confiance ; soit, que les boîtes noires des débats d’experts soient parfaitement fiables.

    Mais elles sont loin de l’être. Nos autorités déconnent. La concentration du capital est telle qu’il est trivial pour les cartels de piéger les institutions, de les orienter vers des conclusions qui bénéficient aux actionnaires même si cela doit coûter énormément — même des masses de décès — au public.

    https://pluralistic.net/2022/06/05/regulatory-capture/

    Personne n’exècre les géants de la tech plus que moi, mais nombre de mes cobelligérants dans la guerre contre ces puissances croient que la montée du conspirationnisme est de leur ressort. Ils notent les fanfaronnades de la tech quant à sa capacité à manipuler nos opinions, et attribuent la multiplication des qanons, platistes, et autres zinzins adeptes de quelque conspirationnisme au mésusage de ces algorithmes.

    « Nous disposons du rayon qui contrôle les esprits » est l’une de ces affirmations extraordinaires qui nécessitent des preuves extraordinaires. Mais les indices de la capacité des géants de la tech à manipuler les esprits sont on ne peut plus légers : essentiellement, il ne s’agit que de leurs propres prétentions à destination de leurs investisseurs et de leurs clients pour fourguer leurs produits. « Nous pouvons orienter les esprits, » vieille rengaine de publicitaire. Et clairement ils le peuvent en ce qui concerne l’avis des consommateurs sur la publicité.

    Considérez le magnat de la grande distribution John Wanamaker, resté dans les mémoires pour avoir déclaré « la moitié de l’argent que je dépense en publicité est perdu ; le problème est que j’ignore laquelle. » Aujourd’hui, grâce à la surveillance commerciale, nous savons que la vraie proportion du gâchis publicitaire est plutôt proche de 99,9%. On peut probablement argumenter que grâce à d’intense et prolongées campagnes personnalisées, les agences de publicités sont effectivement capables de toucher John Wannamaker et ses successeurs ; mais cela ne signifie nullement qu’elles arrivent à atteindre le reste d’entre nous avec leur bombardement de bannières publicitaires et de spam :

    http://pluralistic.net/HowToDestroySurveillanceCapitalism

    Autrement dit, ce n’est pas parce que Facebook se prétend très convaincant qu’il l’est. À l’instar des compagnies d’intelligence artificielle qui prétendent que leurs modèles de langages peuvent faire votre travail : elles sont bien meilleures à convaincre votre patron (obsédé par l’idée de virer des travailleurs) qu’elles ne sont réellement capables de produire un algorithme qui puisse vous remplacer. Ce qui est logique car leur rentabilité dépend infiniment plus de leur capacité à convaincre des nababs crédules dotés d’un fort pouvoir décisionnaire que de la mise au point d’une technologie productive.

    Pour en revenir à notre sujet, je crois que Facebook et consorts jouent un rôle crucial dans la montée des conspirationnismes. Nonobstant, ce rôle n’implique pas d’algorithmes à persuader les gens de se défier des institutions. Plutôt, les géants de la tech — comme tout cartel — corrompent tant les institutions qu’il en devient irrationnel d’accorder de la confiance à ces dernières !

    Prenons l’exemple des lois sur la vie privée. Le dernier texte fédéral aux USA sur ce sujet remonte à 1988, lorsque le Congrès a passé le Video Privacy Protection Act, une loi interdisant aux vidéostores de déballer l’historique de vos locations :

    https://www.eff.org/deeplinks/2008/07/why-vppa-protects-youtube-and-viacom-employees

    C’était très ponctuel. En lien avec les géants de la tech, d’évidents soucis pour la vie privée hantent les Américains ; et malgré tout le mieux que pourrait faire le Congrès en la matière serait de tenter de forcer la vente du seul géant Chinois ayant une emprise aux USA à une entreprise nationale, afin de s’assurer que ses violations systémiques de la vie privée soient dirigées par nos concitoyens, et de forcer les espions chinois à acheter leurs données de surveillance concernant des millions d’Américains, dans la gabegie anomique et nauséabonde des grossistes en données Américains.

    https://www.npr.org/2024/03/14/1238435508/tiktok-ban-bill-congress-china

    Pour des millions d’Américains — particulièrement les jeunes — l’échec à voter (et même à seulement proposer !) une réglementation fédérale sur la vie privée démontre la versatilité de nos institutions. Ils ne se trompent pas :

    https://www.tiktok.com/@pearlmania500/video/7345961470548512043

    Le principe du rasoir d’Ocam nous enjoint de chercher l’explication la plus simple pour les événements de notre environnement. Il y a justement une explication bien plus simple des raisons qui poussent les gens à croire dans des théories du complot qu’ils trouvent en ligne que d’inférer que l’unique occurrence où Facebook dirait la vérité serait justement quand ils fanfaronnent sur l’efficacité de leurs produits.

    Peut-être que si les gens croient dans les théories complotistes c’est parce qu’ils ont au quotidien des centaines de questions de vie ou de mort à trancher, et que les institutions censées rendre cela possible persiste à se démontrer versatiles. Ces décisions doivent néanmoins être prises, quelque chose doit donc venir remplir le vide épistémologique créé par la boîte noire manifestement bancale où les décisions devraient être prises.

    Pour beaucoup — des millions — ce qui rempli ce vide, ce sont des fantasmes complotistes. La technologie les rend plus faciles à fréquenter que jamais, et facilite également les contacts entre crédules. Mais la vulnérabilité aux conspirationnismes que les algorithmes identifient et sur la base de laquelle ils ciblent les gens n’est pas produite par le Big Data. C’est le produit de la corruption — de la vie dans un monde dans lequel les véritables conspirations (pour détourner vos salaires, ou laisser les riches échapper aux conséquences de leurs crimes, ou sacrifier votre sécurité pour protéger les profits de grandes firmes) sont omniprésentes.

    Les progressistes — soit la coalition des libéraux et des gauchistes (NdT en termes français les socialistes et l’extrême gauche), dans laquelle les gauchistes font figures de perpétuels mineurs quand leurs partenaires contrôlent la fenêtre du discours — étaient coutumiers d’identifier et de dénoncer ces conspirations. Mais quand les trumpistes, soi-disant populistes, s’y sont déclarés opposés — quand Trump a maudit le marché libre et les médias grands publics en tant qu’outils de domination de l’élite — les progressistes ont glissé dans la schizogenèse et déclaré bruyamment leur soutien à ces vieux ennemis du progrès.

    C’est le point crucial du brillant roman de Naomi Klein Doppelganger : comme la coalition progressiste commence à soutenir ces institutions indignes et défaillantes, la droite retourne leur critique en miroir, en formant une image déformée qui s’évertue à transformer en boucs émissaires les groupes les plus vulnérables au lieu de combattre les institutions dépravées :

    https://pluralistic.net/2023/09/05/not-that-naomi/#if-the-naomi-be-klein-youre-doing-just-fine

    C’est un schéma récurrent en politique. Aux siècles derniers, des gauchistes ont étiqueté l’antisémitisme comme un « socialisme des nigauds. » Au lieu de condamner l’emprise des milieux financiers sur le système et ceux qui en profitaient, les antisémites blâment un groupe défavorisé — des gens tout aussi susceptibles que les autres de souffrir du système :

    https://en.wikipedia.org/wiki/Antisemitism_is_the_socialism_of_fools

    Il s’agit d’une version puérile, ignoble et superficielle, de l’analyse complète et mesurée proposée par le socialisme des relations de classes et de leurs dérives si néfastes pour tous sauf une élite mesquine. Puérile et caricaturale, voici vraiment ce qu’est cette image déformée du socialisme qui entérine une iconographie simpliste de la lutte des classes. Et la schizogenèse — « si la droite l’apprécie, pas moi » — envoi alors les progressistes houspiller quiconque critique le rôle crucial de la finance dans les problèmes de notre monde en les traitant « d’antisémites ridicules. »

    C’est le problème de la « théorie du fer à cheval » — l’idée que les extrêmes politiques se rejoignent :

    https://pluralistic.net/2024/02/26/horsehoe-crab/#substantive-disagreement

    Quand la droite critique l’industrie pharmaceutique, ils nous disent « faites vos propres recherches » (autrement dit, ignorez les problèmes systémiques, comme ceux de gens forcés à travailler dans les conditions dangereuses d’une pandémie tout en dénouant le vrai du faux sur la sécurité vaccinale, idéalement en concluant qu’il leur faut les compléments alimentaires d’un escroc). Quand la gauche critique les mêmes, c’est pour l’accès universel aux soins, et une surveillance publique efficace des industriels du secteur. Ça diffère un brin :

    https://pluralistic.net/2021/05/25/the-other-shoe-drops/#quid-pro-quo

    Bien avant que des politiciens de droite réalisent qu’ils pourraient faire carrière en décriant l’effroyable crise épistémologique de devoir faire de bons choix à l’ère des institutions versatiles, la gauche sonnait le tocsin. Le conspirationnisme — une fracture de notre réalité commune — est un problème sérieux, obérant notre capacité à réagir à la litanie des désastres d’une crise multifactorielle.

    Mais en blâmant la crédulité des conspirationnistes (plutôt que la perte de crédibilité méritée des institutions auxquelles ils ne prêtent plus foi) nous adoptons la logique de la droite : une insistance schizogène que les institutions sont saines et fiables et l’affirmation que « le conspirationnisme est un problème individuel de gens crédules » alors qu’il procède « d’un système qui rend crédible des explications ridicules. »

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      RGPD et parti politique

      news.movim.eu / LinuxFRJournaux · 5 days ago - 07:32 · 1 minute

    Bonjour cher journal,

    Aujourd'hui je reçois du spam comme tous les jours, mais je décide d'en regarder un en particulier provenant d'un parti politique français pour les élections européennes.

    Je constate qu'il provient d'un mailing liste hébergée en suisse par mailpro saleté de com. Entreprise donc Suisse …

    Je clique pour me désinscrire et je vois un petit onglet MY DATA.

    Et je vois tranquillement mon :

    • Email
    • Nom
    • Prénom
    • Date de naissance
    • Lieu de naissance
    • Adresse personnelle à l'étranger

    Donc la fuite de donnée provient vraisemblablement de l'ambassade ou de l'école de mes enfants.

    Je n'ai jamais donné mon autorisation pour la diffusion de mes données personnelles.

    Le site web suisse me propose gentiment d'écrire un courriel à fedeffe@parti-socialiste.fr pour que je puisse modifier ou effacer mes données personnelles. Ce que j'ai fait.

    Mais la question du jour, cher Moules, est-ce que vous avez une idée de comment faire pour effacer toutes les données aux parties politique français ?

    J'ai essayé de trouver une liste exhaustive de tous les e-mails de rgpd, mais impossible d'en trouver une.
    Déjà il faudrait savoir le nombre de partie et micropartie politique qui existe ?

    Demander a l'ambassade, aux grands dieux, ils ne font rien de tel, et ne communique rien aux partis bien sûr …

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      Douze ans après

      news.movim.eu / LinuxFRJournaux · 6 days ago - 18:51

    Il y a 12 ans, LinuxFr publiait un article « Les Variations Goldberg dans le domaine public » qui annonçait que l'œuvre de Bach était, non seulement dans le domaine public (depuis longtemps, quand même), mais qu'il en existait désormais une interprétation gratuitement téléchargeable (et redistribuable puisque sous licence CC0)

    Depuis, les choses ont changé, et pas en bien :

    • le lien dans l'article de LinuxFr fait désormais un 404,
    • le site du projet existe toujours mais le téléchargement est désormais plus complexe (il faut cliquer sur Buy, oui, pour l'avoir gratuitement, et indiquer zéro comme prix) et même assez pénible (on ne peut pas télécharger directement, il faut donner son adresse de courrier électronique, qui sera inscrite d'autorité à une newsletter).

    En soi, que l'auteur ou l'interprète change la licence n'est pas scandaleux. Mais, ici, le projet avait été financé par crowdfunding, sous la promesse que le résultat serait librement téléchargeable :-(

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      libvirt et les verrous sur groupe de volume partagé

      news.movim.eu / LinuxFRJournaux · Friday, 19 April - 14:54 · 1 minute

    Salut,

    Je vous parle aujourd'hui d'un sujet qui me tient à coeur et qui m'a beaucoup occupé par le passé (et qui m'occupe toujours), à savoir la gestion de clusters de virtualisation libvirt avec le moins de surcouche possible (donc exit oVirt et OpenStack par exemple) pour des questions de préférence.

    Ma méthode préférée pour gérer le stockage partagé de mon cluster libvirt et de passer par un volume group LVM partagé via sanlock. J'en ai parlé déjà il y a 4 ans dans un article de blog . Aujourd'hui, à part le fait que je n'utilise plus DRBD mais un SAN maison à base d'Intel NUC et d'adaptateurs RJ45 mode bricolo du dimanche, ainsi que plusieurs déménagements, rien n'a changé.

    Pourquoi j'en reparle aujourd'hui ? Parce que je viens de publier mon script qui sert de hook à libvirt pour la gestion des verrous sur les volumes, dont je parle très succinctement dans l'article. Je pensais que ça valait le coup de ramener le sujet vu que ça en intéresse certains en dehors de moi.

    https://github.com/raspbeguy/libvirt-hook-lvmlock

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      IPv6, cela en valait-il la peine ?

      news.movim.eu / LinuxFRJournaux · Thursday, 18 April - 18:39 · 6 minutes

    Trop long, pas lu :
    IPv6 est un excellent exemple de la différence entre la théorie et la pratique. Et le journal ne répond pas à la question du titre.

    J'ai découvert ipv6 à la fin des années 90 dans mes cours à l'université où l'on m'a expliqué que ça réglerait le problème du nombre d'ip limité de ipv4 (oui, c'était une introduction au réseau, et on parlait encore de bus et d'étoile).

    Mon premier vrai contact avec ipv6 a eu lieu au début des années 2000 quand j'ai créé un compte chez Hurricane Electric et monté un tunnel que j'ai utilisé pendant au moins 20 minutes avant de ne plus jamais le relancer.

    Mon troisième vrai contact avec ipv6 s'est produit en mars 2020 quand j'ai commencé à avoir un comportement bizarre sur mon réseau familial.

    Le-dit réseau comportait :
    - la box de l'opérateur (Livebox Orange FTTH)
    - un serveur freedombox hébergeant quelques services (agenda, contacts, DNS, DHCP, partages réseaux)
    - des machines clientes (PC sous linux, imprimantes, tablettes et téléphones android, boitier TV)

    Histoire de pouvoir accéder au serveur depuis l'extérieur, j'ai un nom de domaine perso qui résout mon ip externe et pour ne pas avoir à bricoler la configuration sur chaque appareil en fonction du lieu, je fais du split DNS pour rediriger le nom de domaine vers l'IP interne du serveur quand je suis dans le réseau local.

    Courant mars 2020, des erreurs bizarres apparaissent lors de la synchronisation des contacts ou des agendas. En cherchant un peu, on découvre que :
    - IPv6 est activé sur mon réseau
    - orange envoie ses propres DNS via les Router Advertisement (RA)
    - ceux-ci résolvent mon domaine vers l'ip publique
    - le NAT hairpinning ne marche plus (cf https://lafibre.info/orange-les-news/nat-forwarding-hairpinning/ par ex)

    Résultat : suivant le DNS qu'elles interrogent mes machines ont du mal à trouver le serveur.

    Solution initiale la plus simple : désactiver l'ipv6 et tout rentre dans l'ordre.

    Mais ipv6, c'est le futur !(tm) Et la solution simple ne me plait qu'à moitié, j'ai donc cherché comment faire pour réactiver ipv6 et l'intégrer dans mon réseau. Et je suis tombé sur la délégation de préfixe qui permet de gérer soit même son pool d'adresse IPv6, excellent, et en plus la livebox le permet depuis 2022. Fantastique.

    Je me dis, je vais déléguer le préfixe à mon serveur qui va alors fournir les infos aux différentes machines via dhcpv6/RA.

    Sauf qu'en fait non,ça marche pas.

    L'adresse du Router Advertisement est forcément celle du routeur (oui, ça parait logique dit comme ça) et si je délègue le préfixe à mon serveur c'est lui qui va être considéré comme un routeur, ce qu'il n'est pas.

    Alors oui, ça doit peut être pouvoir se modifier en utilisant DHCPv6 mais, ce dernier n'est pas pris en charge par android . Celui-ci n'utilise que l'autoconfiguration (SLAAC) via les messages RA.

    Petit retour en arrière pour ceux qui n'ont pas bien suivi le paragraphe précédent. Les adresses ipv6 sont fournies de plusieurs manières possibles :
    - adresse fixe manuelle
    - adresse autoconfigurée via le protocole SLAAC à partir des infos reçues du routeur (RA) et de l'adresse locale de l'interface réseau (ou d'un paramétrage de la machine)
    - adresse fournie par DHCPv6

    ex :

    enp2s0: <BROADCAST,MULTICAST,UP,LOWER_UP> mtu 1500 state UP qlen 1000
        inet6 fdda:edfb:5546:0:2ef0:5dff:fe09:4e71/64 scope global dynamic mngtmpaddr noprefixroute 
           valid_lft 43133sec preferred_lft 1733sec
        inet6 fe80::2ef0:5dff:fe09:4e71/64 scope link proto kernel_ll 
           valid_lft forever preferred_lft forever
    

    La dernière partie de chacune des adresses est la même et correspond à celle du lien local (celle en fe80)

    Conclusion : il faut une machine entre la livebox et mon réseau interne. Ce que j'ai mis en place en février 2024 (propulsée par l'excellent openwrt ), en apprenant plein de choses au passage.

    Qu'ai-je donc appris ?
    1- les adresses en ipv6 c'est compliqué :
    - à retenir, l'ipv4 c'est déjà pas évident, v6 c'est quasi impossible (et donc DNS quasi-nécessaire)
    - il y a plein de type d'ip différentes et il est vital de les connaitre : https://www.ripe.net/media/documents/ipv6_reference_card.pdf
    - si vous n'êtes pas à l'aise avec la notation CIDR (xxx/32), c'est le moment de s'y mettre
    - les raccourcis d'adresse sont pratiques mais sont à apprendre également (par exemple ::1 signifie uniquement des 0 sauf le dernier nombre)
    - les machines ont au minimum deux adresses et souvent plus voire beaucoup plus

    2- il y a des pièges partout, ex :
    - vous ne pouvez pas pinguer simplement une adresse lien locale, il faut ajouter l'interface (et la syntaxe est différente suivant les OS _o/)
    - les adresses locales (ULA), sont censées être en fc00::/7 sauf qu'en fait, il ne faut pas utiliser la partie en fc00::/8 mais uniquement celle en fd00::/8
    - certains services sur le grand nain ternet sont mal configurés et j'ai du forcer l'ipv4 dans certains cas (via une résolution locale sur mon DNS)

    3- Il y a des limitations frustrantes (du protocole ou de l'implémentation) :
    - Les limites d'android imposent d'avoir 2 services (RA + DHCPv6) si vous voulez également fixer des adresses pour des machines peu configurable (imprimante par ex)
    - le préfixe délégué est censé être fixe. Chez mon FAI, il est stable , i.e. il change de temps en temps.
    - le pare feu de la livebox pour la partie v6 est quasi inutilisable via l'interface, notamment, il ne permet pas facilement de saisir des adresses, il ne propose que celle du routeur. Je vous conseille donc de passer par LiveboxMonitor , logiciel tiers bien plus efficace.
    - la livebox délègue un préfixe /56 mais en réalité, ne route que le premier /64 donc dans les faits, un seul /64 est disponible.
    - un /64 représente 18446744073709551616 adresses. Mais il n'est pas possible de faire des sous-réseaux dedans sans casser les systèmes de configuration.
    - les adresses ULA ont une priorité moindre que les adresses locales ipv4.
    - les machines derrière mon accès VPN via wireguard ne peuvent pas avoir d'adresses globales (GUA) vu que le préfixe peut changer et que de toute façon je n'ai qu'un /64 disponible, donc ULA et NAT6 pour de l'ipv6 mais qui ne sert à pas grand chose vu que les adresses ipv4 sont préférées.

    Au final, l'ipv6 est maintenant fonctionnel sur mon réseau, avec des adresses GUA et ULA et un serveur accessible depuis l'extérieur.
    Un grand merci à Openwrt qui m'a énormément facilité la vie ; un gros morceau, dont la gestion de la délégation de préfixe, étant automagiquement configurée par l'OS sans rien avoir à faire.

    Dans la vie de tous les jours, ça ne m'apporte rien si ce n'est la satisfaction personnelle d'avoir appris et réussi. Et un peu de frustration devant les limites arbitraires amenées principalement par les implémentations.

    J'ai quand même gagné une magnifique couleur verte sur https://ip.lafibre.info/ ; et ça, ça en valait la peine.

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      news.movim.eu / LinuxFRJournaux · Wednesday, 17 April - 15:45

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      ollama et le GPU

      news.movim.eu / LinuxFRJournaux · Tuesday, 16 April - 15:06

    Bonjour à tous,

    lors d'un précédent journal concernant les LLM, poulpatine m'a fait remarquer que je faisais erreur en affirmant que ollama ne fonctionne pas avec les GPU sous linux.
    En effet j'avais tort. Enfin, en partie; je m'explique:
    - en passant par l' installation standard de ollama , ollama tourne via un service systemd. Dans ce cas, le GPU n'est pas utilisé.
    - par contre, en lançant un serveur ollama via une commande ollama serve , l'inférence utilise parfaitement le GPU.

    Est-ce que l'un d'entre vous aurait une idée ?

    PS pour la modération: si ce journal va mieux dans le forum n'hésitez pas à le déplacer.

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      firefox, nouvelle fenêtre dans une session isolée

      news.movim.eu / LinuxFRJournaux · Monday, 15 April - 17:59 · 1 minute

    Les fenêtres de navigation privées de firefox partagent leurs cookies de session or je souhaitais avoir des fenêtres de navigation isolées, (qui ne partagent pas leurs cookies de session par exemple)
    Mon but était d'avoir des sortes de conteneur temporaire dans firefox (l'extension "containers" pour firefox ne me convient pas, je veux autant de conteneurs que de fenêtres que j'ouvre).

    Pour le moment il y a bien un début d'extension: https://github.com/stoically/temporary-containers
    mais ça ne bouge plus trop donc j'ai décidé de voir comment faire moi même, en bash par exemple.

    comme je fais une copie d'un profil existant, je béneficie des préférences et des mots de passe enregistrés dans ce profil d'origine.

    l'une des simplification majeure est que je n'utilise pas la création de profil par firefox, je fais une copie de mon profil de référence, et je demande à firefox de l'utiliser.
    du coup ça ne touche pas aux fichier .mozilla/firefox/profiles.ini

    j'ai eu des suggestions dans le salon matrix #autohebergement qui ont apportés des commentaires constructifs.

    voici le code source:

        #!/bin/bash
        # this file is distributed under version 3 or superior from GNU Public Licence
        # see https://www.gnu.org/licenses/gpl-3.0.en.html
    
        # you need to personalise the source variable
        # there is the source profile for me:
        source="$HOME/.mozilla/firefox/*.base"
    
        # merci à ·☽•Nameless☆•777 · pour son idée d'utiliser mktemp
        randompath=$(mktemp -d XXXXXXXXX --suffix=.firefox -p /tmp)
    
        cp -r ${source}/* ${randompath}/
        firefox --profile ${randompath};  rm -r ${randompath}

    j'utilise ce script en créant un bouton dans la barre de mon bureau, en cliquant dessus ça m'ouvre un nouveau firefox.
    je fais appel au programme enregistré en bash mais j'aurais très bien pu faire en une ligne dans l'execution de ce bouton.

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      [PHS] Les hackers de la peinture du dix-neuvième

      news.movim.eu / LinuxFRJournaux · Sunday, 14 April - 17:14 · 1 minute

    Vous avez peut-être vu passer, dans les actualités récentes, la célébration des 150 ans de l'impressionnisme.

    M'enfin, quel rapport avec Linux et les logiciels libres ?

    Ce groupe de peintres, ce serait rebellé contre une autorité auto-proclamée de l'école des beaux-arts de l'époque. Las des représentations bibliques ou historiques, dédiées aux ~grenouilles de bénitiers~, pardon aux érudits, ils ont voulu peindre autrement. C'est ainsi qu'ils se sont mis, non seulement à peindre dehors, en dépit de tout bon sens, ou à représenter des paysages. Certains on même peint des scènes contemporaines, des hommes et des femmes dévêtus, ou pire encore, des fleurs et des fruits ! Aucun respect des traditions.

    Comble de scandale pour l'époque, il y avait même une femme, Berthe Morisot, qui s'est permis de prétendre faire de la penture de manière professionnelle, et d'en vivre !

    Monet se permet d'explorer les reflets de la neige, tandis que Renoir, comble de l'ébauche, avec sa représentation de "Bal du moulin de la Galette". Des hackeurs de la peinture, vous dis-je.

    Heureusement pour la bien séance, quasiment toutes leurs toiles étaient rejetées de l'exposition annuelle, "le salon".

    Qu'à cela ne tienne, ils se sont organisés entre eux, ont créé leur propre exposition, et invité moult journalistes, qui malheureusement, se sont contentés de critiquer un art nouveau qu'ils ne comprenaient pas. Un des journalistes, se moquera d'une des toiles de Monet intitulée « Impression, soleil levant », et nomme ces artistes les « impressionnistes ».

    De cette première exposition indépendante, seulement quatre tableaux se sont vendus, ce qui a placé nos amis dans une situation financière délicate. Obligés d'exposer outre-atlantique, où leur talent a été reconnu, encouragé et largement rémunéré, leur permettant ainsi de continuer leur art.

    Voilà, maintenant, vous pouvez pavoiser dans les soirées mondaines, ou les après-midi Trivial Poursuit, ou même regarder la peinture du dix-neuvième siècle d'un œil nouveau.

    Comme on dit, la critique est aisée, mais l'art est difficile.

    PS: PHS, c'est « Presque Hors Sujet ».

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