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      Réforme des retraites: le recul de l’âge de départ est-il vraiment nécessaire?

      Institut économique Molinari · tests.marevalo.net / Institut economique Molinari · Tuesday, 22 November, 2022 - 13:54

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      Virus hivernaux: ces pics épidémiques que nous ne verrons pas venir

      Institut économique Molinari · tests.marevalo.net / Institut economique Molinari · Monday, 21 November, 2022 - 14:15

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      Virus hivernaux: ces pics épidémiques que nous ne verrons pas venir

      Cécile Philippe · tests.marevalo.net / Institut economique Molinari · Monday, 21 November, 2022 - 14:15 · 5 minutes

    TRIBUNE. La spécialiste en politiques publiques Cécile Philippe juge que la France manque d’outils de surveillance et dénonce « le mythe de la fin de la pandémie ». Texte d’opinion publié dans Le Point .

    Dans un avis récent , l’Académie nationale de médecine a alerté sur le risque d’infections multiples au cours de l’hiver prochain – grippe, VRS (virus respiratoire syncytial), Sars-Cov-2 – et recommande le retour du port du masque, au moins pour une certaine catégorie de personnes et dans certains lieux. Dans le même temps, les plus grands services de pédiatrie se sont unis pour déplorer dans une lettre une situation intenable face aux épidémies hivernales obligeant des déprogrammations, des transferts, voire du tri. Cela rappelle évidemment de très mauvais souvenirs, à la différence cette fois que les alertes semblent tomber dans des oreilles de sourds alors qu’on parle d’enfants. Faute de s’être dotés d’outils de surveillance adéquats et de bons indicateurs, la population appelée à une responsabilité désincarnée, ne montre pas de velléités d’agir individuellement au nom de la collectivité.

    Les indicateurs sont des points saillants et visibles, synthèses de faits orientant les récits qui se diffusent dans la société. Inexistants ou mal conçus, ils passent à côté du sujet et peuvent dans le pire des cas empêcher les bons choix publics. Nous le constatons aujourd’hui sur la Covid.

    Pour commencer et comme le répète depuis longtemps l’épidémiologiste Antoine Flahault, à la différence d’autres pays, la France n’a pas les outils d’une veille sanitaire efficace. En effet, c’est encore un des rares pays à faire remonter le nombre de cas quotidiens, mais en raison d’un sous-dépistage important, elle n’a pas d’indicateur fiable de la proportion du nombre de cas en population générale faute d’une cohorte suivie au fil des mois, de sondages au sein de la population, d’une analyse systématique des eaux usées. Ainsi face à un mouvement de grève des biologistes qui ont suspendu la remontée des informations, la France se trouve sans indicateur. Avant de penser à faire des économies immédiates, il aurait été utile – du point de vue épidémiologique – de mettre en place d’autres moyens de suivi pour faire de la prévention et des économies à plus long terme

    Cet oubli n’est sans doute pas une simple coïncidence tant le mythe de la fin de la pandémie s’est ancré dans les esprits au détriment de faits têtus. Dès l’émergence du variant Omicron fin 2021, l’Afrique du sud a alerté sur le fait que la bronchiolite pouvait être la symptomatologie principale du nouveau variant. En avons-nous tiré les conséquences ? Absolument pas. Alors que la France – comme de nombreux autres pays – fait face à une envolée du nombre de cas exigeant une prise en charge à l’hôpital, la stratégie de test n’a pas évolué. Les enfants de moins de 6 ans, et les 0– 2 ans de surcroit, sont très peu testés pour le Sars-Cov-2. Aucune donnée n’est disponible concernant le nombre et les résultats de tests pour le VRS, le virus considéré la cause principale de bronchiolite avant la pandémie, chez les enfants admis à l’hôpital. Nous manquons donc de visibilité sur ce qui cause cette épidémie d’ampleur inédite. Faute de tests pour le Sars-Cov-2 et de transparence, on risque de sous-estimer l’ampleur de son impact et l’urgence d’agir maintenant comme le suggère un papier récemment publié dans Nature par plus de 400 experts dans le monde issus de domaines aussi variés que la médecine, l’épidémiologie, la santé publique, l’économie, etc. Cette étude inédite , obtenue grâce à la méthode Delphi de délibération, continue de remporter un fort succès ( 681 sur 22,4 millions papiers partagés le 20/11 ).

    Depuis trois ans, un nouveau virus a fait son apparition et trop souvent nous faisons comme si les choses étaient redevenues comme avant. Sauf que nos vaccins ne stoppent pas les transmissions de la Covid, laquelle continue de muter et de contourner l’immunité que le vaccin ou les infections ont pu conférer pendant un certain temps continuant à causer décès, hospitalisations et maladies chroniques à plus long terme (Covid long).

    La démocratie dépend du jugement collectif des individus. Comme l’écrit le psychologue social Jonathan Haidt « une démocratie dépend de l’acceptation largement internalisée de la légitimité des règles, des normes et des institutions. […] lorsque les citoyens perdent confiance dans les dirigeants élus, les autorités sanitaires, les tribunaux, la police, les universités et l’intégrité des élections, chaque décision devient contestée. » Il n’est dès lors plus possible de gouverner et ériger des règles capables de gérer au mieux les défis collectifs.

    Or, cette confiance se construit. Elle exige des mesures, des preuves, des moyens de comprendre les nouveaux défis qui se présentent à nous. C’est pourquoi, il est peut-être temps de reconnaître que pour gagner la confiance des individus et leur consentement à de nouvelles mesures de protection nécessaires pour protéger les plus vulnérables – les nourrissons et les jeunes enfants actuellement – il faut accepter d’investir dans des moyens de veille sanitaire irréprochables. Ils pourront dès lors aider à orienter et faciliter la prise de décision individuelle et collective. C’est en se donnant des moyens d’être responsable qu’en bout de ligne, il devient possible de l’être. La responsabilité n’est pas une abstraction, elle se construit grâce à des indicateurs fiables.

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      (Re) découvrir Isaiah Berlin, penseur de la liberté

      Institut économique Molinari · tests.marevalo.net / Institut economique Molinari · Wednesday, 14 October, 2020 - 15:18

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      (Re) découvrir Isaiah Berlin, penseur de la liberté

      Cécile Philippe · tests.marevalo.net / Institut economique Molinari · Wednesday, 14 October, 2020 - 15:17 · 6 minutes

    Dans Le Hérisson et le Renard : essai sur la vision de l’Histoire de Tolstoï (Les Belles Lettres, 2020), le philosophe Isaiah Berlin, l’auteur du célèbre « Éloge de la liberté», s’interroge en relisant l’œuvre de Tolstoï sur les causes de la destinée humaine à partir d’un vers d’un poète grec : « Le renard sait beaucoup de choses, le hérisson n’en sait qu’une seule, mais grande ! » Pour le professeur de Oxford, plutôt hérisson, la liberté est une valeur fondamentale au milieu d’un pluralisme irréductible de valeurs. Texte d’opinion par Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari, publié dans La Tribune .

    La maison d’édition les Belles-Lettres vient de publier la traduction en français d’un essai du philosophe Isaiah Berlin. Il y commente la théorie de l’histoire de l’écrivain russe Léon Tolstoï. Il n’y a pas meilleur moment pour se précipiter sur ce petit ouvrage car, en cette période compliquée, quel bonheur de se retrouver en si bonne compagnie ! L’auteur explore avec originalité et tendresse la personnalité du célèbre auteur de Guerre et Paix . En prime, l’ouvrage nous offre une préface lumineuse de Mario Vargas Llosa, lauréat du prix Nobel de littérature en 2010.

    Comme d’autres figures de l’histoire, Léon Tolstoï avait capturé l’imagination d’Isaiah Berlin en ce qu’il représentait, pour lui, l’exemple triomphant d’un observateur de la vie, gardant une distance nécessaire à cette observation et, pour autant, capable aussi de s’y plonger entièrement et pleinement. Isaiah Berlin en fera, d’ailleurs, sa marque de fabrique : s’immerger dans les écrits des auteurs qui le fascinaient afin de mener sa propre recherche philosophique au cœur de l’histoire des valeurs humaines.

    Si Tolstoï participe de cette recherche, c’est parce qu’il est l’exemple typique d’une âme tourmentée, divisée entre ce qu’il ne peut s’empêcher d’être et l’idéal de ce qu’il aurait voulu être. C’est afin de cerner cette caractéristique chez Tolstoï que Berlin introduit la différence entre le hérisson et le renard, titre de son essai.

    Division entre renards et hérissons

    Cette différence, il la découvre juste avant la Seconde guerre mondiale, dans un vers du poète grec Archiloque : « Le renard sait beaucoup de choses, le hérisson n’en sait qu’une seule, mais grande ! ». Berlin s’amusa alors à diviser les grands auteurs entre renards et hérissons. Goethe serait un renard, tandis que Dostoïevski et Tolstoï seraient des hérissons. En 1951, alors qu’il travaille sur Léon Tolstoï et sa théorie de l’histoire (que l’on trouve notamment dans ses romans), Berlin recourt à cette métaphore. Elle lui permet de détecter un aspect fondamental de la personnalité de Tolstoï, sa vision, point focal à côté duquel sont passés la plupart de ses contemporains et critiques.

    Car si Léon Tolstoï était un renard inégalé du fait de sa capacité à saisir et décrire avec finesse « l’expérience réelle d’hommes et de femmes réels dans leurs relations les uns avec les autres » , il aspirait – nous dit Berlin – à être un hérisson, capable de rapporter « tout à une vision centrale ; à un seul système […], un principe organisateur, unique et universel ».

    C’est dans le cadre de cette recherche quasi obsessionnelle qu’il faut lire Guerre et Paix. On peut y trouver le dilemme moral de ce renard à la recherche de réponses aux « problèmes fondamentaux : problème du bien et du mal, de l’origine et du but de l’univers et de ses habitants, des causes de tout ce qui a lieu. »

    Toute sa vie, Tolstoï aspirera, sans succès, nous dit Berlin à trouver les causes réelles des choses et des êtres. D’où son intérêt immense pour l’Histoire, les nombreuses incursions historiques dans ses romans et au final ses profondes désillusions à ce sujet. Incapable d’abandonner son côté renard – cette croyance profonde que ce sont « les faits intérieurs qui, dans l’expérience des êtres humains, sont les plus réels et les plus immédiats ; ce sont eux, et eux seuls qui, en dernier ressort, constituent la vie » -, il ne parviendra jamais à satisfaire son idéal hérisson soucieux de savoir quelle est la puissance qui conduit la destinée des peuples.

    Isaiah Berlin ose dans le cadre de son essai une comparaison avec l’auteur français savoyard Joseph de Maistre, chez qui il a décerné le même dilemme. Si les deux auteurs s’opposaient radicalement en ce que l’un était « apôtre de l’Evangile qui prêche la fraternité entre les hommes, l’autre, le froid défenseur des droits de la violence, du sacrifice aveugle, et de la souffrance éternelle » , les deux étaient unis par l’impossibilité d’échapper au même tragique paradoxe : « c’étaient des observateurs qui ne pouvaient aucunement être abusés par […] les systèmes unificateurs, les croyances et les sciences, qui servaient aux êtres superficiels ou désespérés à se dissimuler les chaos et à le dissimuler aux autres. Tous deux étaient à la recherche d’un univers harmonieux, mais ne trouvaient partout que guerres et désordre. »

    L’écrivain Mario Vargas Llosa, qui nous gratifie d’une préface utile à l’essai d’Isaiah Berlin, ne semble pas être un hérisson. En renard assumé, il affirme que le progrès véritable « a toujours été atteint grâce à une application partiale hétérodoxe et déformée des théories sociales. Des théories sociales au pluriel, ce qui veut dire que des systèmes idéologiques différents, parfois inconciliables, ont déterminé des progrès identiques ou semblables. » Adepte de la raison pratique, il propose de s’accommoder des contradictions inhérentes au monde tel que nous le vivons.

    Le compromis politique comme moyen de résolution pacifique

    Que conclure sur le philosophe Isaiah Berlin, lui-même ? Pour son biographe Michael Ignatieff , Isaiah Berlin était un hérisson qui voyait la liberté comme une valeur fondamentale au milieu d’un pluralisme irréductible de valeurs. A l’origine de conflits inévitables, Berlin voyait le compromis politique comme un moyen nécessaire de leur résolution pacifique.

    Ce pluralisme a parfois valu à Isaiah Berlin d’être accusé de relativisme, probablement sans réel fondement. A l’image de cette distinction entre renard et hérisson qui a traversé les âges depuis plus de 2500 ans, il voyait un horizon commun à toute l’espèce humaine et le moyen d’évaluer les cultures selon certains standards ultimes. Reste que la diversité, y compris morale, était aussi, pour lui, une constante de l’humanité. Selon lui, seule l’arrogance rationaliste a pu la mettre sur le compte de l’ignorance ou de la superstition. De telles différences se doivent d’être respectées et protégées, comme il a essayé de les reconnaitre dans cet essai sur les ambivalences et les ambiguïtés de Léon Tolstoï.

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      Bridgestone : pour réformer, il faut sortir de l’hypocrisie politique étatiste

      Institut économique Molinari · tests.marevalo.net / Institut economique Molinari · Tuesday, 22 September, 2020 - 15:17

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      BFM TV – Evitons de multiplier les Bridgestone fiscaux

      Nicolas Marques · tests.marevalo.net / Institut economique Molinari · Monday, 21 September, 2020 - 11:27

    BFM TV – Focus Première du 21/09/2020 animé par Christophe Delay et Adeline François

    Six minutes d’échanges sur l’usine Bridgestone à Béthune qui menace de fermer ses portes avec Marguerite Deprez-Audebert, députée MoDem de Béthune, et Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari.

    Pour Nicolas Marques la fiscalité « de production » française est un risque majeur pour toutes les entreprises à faible rentabilité. C’est cette fiscalité de production qui a mis Bridgestone dans le rouge.

    Pour Marguerite Deprez-Audebert, il y a une « responsabilité collective des élus qui voyaient dans cette usine un potentiel fiscal ».

    Si l’on veut éviter la multiplication des fermetures, il faut baisser de 35 milliards d’euros cette fiscalité déconnectée des résultats pour revenir dans la moyenne européenne.

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      Fermeture de Bridgestone : “La fiscalité française rigide a mis l’usine dans le rouge”

      Institut économique Molinari · tests.marevalo.net / Institut economique Molinari · Sunday, 20 September, 2020 - 11:36

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      Au lieu de nous révolter contre Bridgestone, adaptons notre fiscalité

      Nicolas Marques · tests.marevalo.net / Institut economique Molinari · Friday, 18 September, 2020 - 11:29 · 6 minutes

    L’Etat s’insurge contre le sort réservé à Bridgestone. L’usine de pneus de Béthune pourrait fermer et 863 emplois pourraient être impactés. Le gouvernement et certains acteurs publics accusent l’équipementier japonais, mais c’est la fiscalité française qui est en cause. L’analyse de Nicolas Marques, directeur général de l’IEM, publiée dans Atlantico .

    Atlantico.fr : L’État s’insurge contre le sort réservé à Bridgestone: une entreprise notoirement mal gérée qui fabrique des pneus à un moment où une partie de ce même gouvernement et affiliés souhaite une diminution drastique du nombre de voitures en circulation. N’est-ce pas une preuve de l’impasse du gouvernement?

    Nicolas Marques : Au-delà de la contradiction que vous soulevez, cela montre le choix d’un traitement politicien et incantatoire d’un sujet qui mérite bien mieux. Les annonces de fermetures d’usines de pneumatiques sont récurrentes en France. On se souvient de Continental en 2009 à Clairoix, Goodyear en 2013 à Amiens, Michelin en 2019 à La Roche-sur-Yon. Cette liste s’allonge avec maintenant Bridgestone à Béthune. Ajoutons que ce phénomène ne touche pas que la France. Outre-Rhin, Continental vient, par exemple, d’annoncer la fermeture d’un site à Aix-la-Chapelle.

    C’est tentant de pointer du doigt Bridgestone, entreprise japonaise, en l’affublant de tous les maux. Mais le choix du numéro 1 mondial du pneumatique est compréhensible. Le pneumatique est devenu un marché ultra compétitif, avec la concurrence de plus en plus forte des marques asiatiques à bas coûts, notamment chinoises. Pour quelles raisons un fabriquant de pneumatique, face à des surcapacités de production en Europe, devrait-il privilégier la production française ? L’Hexagone est, en effet, mal positionné en termes de coût du travail, d’impôts de production et d’impôts sur les bénéfices, tout comme sur le plan réglementaire, avec des règles plus contraignantes qu’ailleurs.

    Si quelques avancées ont été faites dans les dernières années, elles sont trop faibles pour changer la donne dans la dynamique globale actuelle. En dépit de la transformation du CICE en baisse pérennes de charges sociales, nous restons les champions européens des prélèvements sur les salariés moyens, avec 55% de pression sociale et fiscale en 2020 selon notre dernière étude annuelle européenne . Malgré la trajectoire de baisse d’impôt sur les sociétés, nous sommes toujours le champion européen du taux marginal d’impôt sur les bénéfices. En dépit de la promesse gouvernementale de baisser les impôts de production de 10 milliards en 2021, nous resterons un champion européen des impôts de production.
    Si le « site France » cherche à améliorer sa performance globale, les progrès sont très lents et insuffisants pour les opérateurs à faibles marges.

    Emmanuel Macron avait fait du volontarisme politique un étendard durant la dernière présidentielle. L’aide aux entreprises devait s’effectuer par la création d’un contexte macro-économique adéquat. Or le plan de relance s’adresse principalement aux cadres des métropoles. On est en pleine contradiction?

    Nicolas Marques : Les dernières années ont montré que la mise en œuvre trop gradualiste et timorée des réformes économiques n’avait pas permis de créer un élan global. La baisse de l’impôt sur les sociétés a été orchestrée sur une durée de 5 ans (celle du quinquennat), un rythme bien trop lent. Le sujet impôt de production commence à peine à être traité. Pourtant cette fiscalité, véritable subvention aux importations, pénalise les activités à marges faibles, ce qui attise naturellement les clivages.

    La vraie mesure profitant au plus grand nombre aurait été une baisse massive des impôts de production. Ces impôts constituent une couche insidieuse et anti-économique. Contrairement à l’impôt sur les sociétés, ils ne sont pas liés aux résultats des entreprises. Contrairement à la TVA, ils sont déconnectés de la valeur ajoutée. Ils ne portent que sur les productions françaises, ce qui en fait des subventions aux importations. Ils sont une aberration dans un monde ouvert.

    D’un point de vue économique, ils se retournent contre l’emploi et les salaires ou les consommateurs achetant français. Le gouvernement a promis de baisser cette fiscalité de 10 milliards l’an prochain, mais il faudrait des baisses de 35 voire 50 milliards pour nous ramener au niveau européen ou allemand.

    Si l’Etat, finalement, intervient dans la gestion d’entreprises comme Bridgestone, en ce cas pourquoi n’a-t-il pas décelé en amont ses difficultés ? Un assouplissement du droit du travail, par exemple, pourrait permettre aux salariés de trouver plus facilement un nouvel emploi…

    Nicolas Marques : Cette question est éminemment importante car elle interpelle l’Etat dans son rôle de stratège. S’il doit poser le cadre dans lequel les entreprises opèrent, on reconnaît néanmoins à ces dernières – du fait de leur proximité avec le terrain (consommateurs, concurrents, etc.) – les compétences pour gérer au mieux les contraintes de leur marché respectif. Or, la France impose aussi dans ce domaine un cadre des plus contraignants. Dans l’ Indice de flexibilité de l’emploi publié par le Lithuanian Free Market Institute (LFMI) sur la base des données de la Banque Mondiale, la France continue d’occuper la dernière place parmi les 41 pays qui y figurent, notamment du fait de charges sociales particulièrement élevées. L’assouplissement de ce cadre est une priorité en cessant, notamment, de cibler les contrats courts avec de nouvelles taxes.

    “Révoltant, révoltant, révoltant” s’est exclamé Bruno Lemaire, à l’unisson de la majorité, en parlant de l’attitude des dirigeants japonais de Bridgestone. Or d’autres entreprises (et non des moindres si l’on pense à Nokia, Auchan ou encore Airbus) préparent aussi des plans sociaux. La France est-elle prête pour entrer dans la vraie crise sociale?

    Nicolas Marques : Non. Nous entrons, dans cette nouvelle crise, plus affaiblis que nos voisins. Durant la dernière phase de reprise, nous avons bénéficié d’une croissance plus faible qu’ailleurs. Notre chômage est resté plus élevé qu’ailleurs. Il était de 8,4% fin mars, bien au-delà des 6,6% de l’Union européenne et des 3,5% de l’Allemagne. Nous avions 535 000 chômeurs en trop par rapport au niveau moyen de l’Union européenne et 1,5 millions de chômeurs de trop par rapport à l’Allemagne. Contrairement à nos voisins, nous n’avons jamais rétabli nos comptes publics et sociaux. Pire, nous n’avons pas posé les bases d’un réel assainissement.

    Les dernières années ont aussi vu monter en puissance des clivages et des conflits. En 2018-2019, nous avons eu la crise des gilets jaunes, consécutive à une énième augmentation de la fiscalité sur l’essence. Soutenue par les uns au motif que cette fiscalité serait une avancée vers un monde plus écologique, elle a, au contraire, suscité l’opposition des Français ayant quotidiennement besoin de leur véhicule. De même, nous avons vécu un psychodrame en 2019-2020 durant plusieurs mois autour de la réforme des retraites. Cette démarche censée être consensuelle était, dans les faits, mal ficelée et anxiogène. Le point commun entre ces épisodes est la recherche effrénée de financements, on pourrait dire d’expédients, destinés à colmater les déséquilibres de nos finances publiques et sociales. La fiscalité est devenue une pomme de discorde sociale. Il devient crucial d’envisager des baisses rapides pour créer un contexte favorable à la reprise et envisager à terme une réduction des déficits publics.

    Lien vers le site d’Atlantico, pour lire l’Interview complète avec les réponses de Loïk Le Floch-Prigent

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