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      La France : une puissance pauvre

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 9 February, 2023 - 03:35 · 3 minutes

    « N’eo ket a-walc’h dañsal ; Ret eo paeañ ar soner. » 1

    La Puissance Pauvre est le titre d’un livre de Georges Sokoloff, sous-titré « Une histoire de la Russie de 1815 à nos jours », paru en 1996 chez Fayard.

    Il mettait en évidence que l’Union soviétique, qu’il concentrait avec raison sur la Russie , était devenue une puissance nucléaire, spatiale, avec de beaux organismes de recherche… mais que l’arbre cachait la forêt, autrement dit que cet empire n’avait pas les moyens de ses ambitions et que, conséquemment, le niveau de vie de la plupart des habitants demeurait précaire.

    Quelques faits et données accumulés depuis le début du XXI e siècle permettent d’attribuer ce titre à la France et à sa République une et indivisible. Il n’est pas question ici de contribuer aux chœurs des pleureuses déclinistes ou collapsologues, mais, avec quelques repères, tenter de voir comment remédier à ce statut de Puissance Pauvre. Ou bien est-il devenu impossible d’y remédier ?

    La chute de la France

    En 1975 la France occupait le cinquième rang mondial en termes de RNB /habitant, en 2020 nous sommes arrivés au 26e rang ! 2

    Ainsi donc, en moins d’un demi-siècle, de nombreux « petits » pays ont supplanté la France ce qui signifie qu’ils sont armés socio-économiquement pour se payer des dépenses collectives et de protection sociale… à la hauteur de leurs ambitions. Pas nous.

    Notons que tous les pays qui nous ont dépassé en RNB/habitant sont tous moins peuplés que la France. Small is beautiful ?

    Par ailleurs, couplée avec l’IDH – Indicateur de Développement Humain de l’ONU – la combinaison de trois critères que sont l’alphabétisation, la transparence, et les résultats des enquêtes PISA, sur les 194 États officiellement membres de l’ONU ayant signé et ratifié la Charte de San Francisco, il en reste 17 admissibles pour être reconnus comme « démocratiques ». La France n’y figure pas. 3

    En référence au contenu du proverbe breton placé en exergue, nous trouvons la dette de l’État français, autrement dit la dette des contribuables français. À ce jour, elle dépasse les 3000 milliards d’euros .

    Nombre de discussions oiseuses d’orateurs dont les propos sont l’alliage de l’arrogance et de l’incompétence, alimentent régulièrement les gazettes. Le résumé est pourtant simple : nos descendants paieront. 4

    À propos de descendants, les données 2022 nous indiquent que la France (métropole + ultra-marins) compte 68 millions d’habitants. De facto , en considérant l’Europe élargie sans la Russie, la France est le deuxième pays le plus peuplé derrière l’Allemagne (83,5 millions). Or, cette dernière augmente chaque année avec une immigration importante, le solde naturel (naissances moins décès) étant négatif.

    Sur le continent africain, l’État le plus peuplé est le Nigéria avec une population estimée à 225 millions. Estimée, car les recensements sont approximatifs. Il n’en demeure pas moins qu’à l’horizon de l’année 2050, il sera toujours l’État le plus peuplé d’Afrique, les projections lui attribuant 350 millions. La trajectoire démographique repose sur un indice de descendance finale [IDF] de l’ordre de quatre enfants par femme.

    En France, si l’obsession de la natalité se poursuit et que l’IDF national se poursuit, le pays deviendrait le plus peuplé d’Europe (hors Russie), une sorte de « Nigéria européen ». Pas sûr que les habitants soient plus riches pour autant. 5

    Faut-il désespérer ?

    Oui, si la soumission aux ukases « écolos » antiscience, antiéconomie, antimodernité… se poursuivent. 6 Non, si une véritable réindustrialisation de la France se produit : pour ce faire, il faudra se remonter les manches, installer des usines (voire « polluantes »), élargir le périmètre des activités productives, réduire drastiquement les doublons/triplons bureaucratiques, former des dizaines de milliers d’ingénieurs, de techniciens, d’ouvriers qualifiés… bref produire à un niveau nous permettant de nous payer nous-mêmes ( Sinn Fein, en gaélique) les politiques sociales, de santé, d’enseignement, de cultures, d’environnement, etc. que nous souhaitons.

    Les Français sont-ils prêts ?

    1. Ce n’est pas le tout de danser, il faut payer le musicien . Proverbe breton.
    2. Les Échos , 25 août 2021.
    3. Liam Fauchard, Surdémocratie , D’Autres Univers 2022.
    4. François Lenglet, Tant pis ! Nos enfants paieront , Albin Michel 2016.
    5. Universalia + Eurostat.
    6. Ferghane Azihari, Les écologistes contre la modernité , La Cité 2021.
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      La politique de la ville ou l’échec patent de la politique publique

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 9 February, 2023 - 03:30 · 6 minutes

    Par Romain Delisle.
    Un article de l’IREF Europe

    C’est en 2003, avec le vote de la loi Borloo d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine, ainsi que l’adoption l’année suivante du plan de cohésion sociale , dit « Plan Borloo », que le contenu des politiques publiques de la ville de ce début de siècle a pris la forme que nous lui connaissons actuellement.

    Destinée principalement à régler le problème que constituent les quartiers sensibles , cette loi est basée sur une approche multidimensionnelle, intégrant la rénovation urbaine, l’emploi, l’éducation et la prévention de la délinquance. S’agissant de la rénovation des bâtiments , l’effort public s’est notamment traduit par la mise en œuvre du programme national de rénovation urbaine (PNRU), doté de 45 milliards d’euros financés à hauteur de 12 milliards d’euros par l’ANRU (Agence nationale de rénovation urbaine). Le programme a permis la destruction de 155 000 logements sociaux vétustes pour en construire 135 000.

    Bien que dès le départ la politique de la ville ait privilégié une approche contractualisée avec les collectivités locales via notamment les contrats de ville, le présent article se concentre uniquement sur les dépenses budgétaires assumées par l’État et non sur celles assurées par les différentes strates de collectivités territoriales. Et il entend prouver quoi ? Il faudrait peut-être le dire ici brièvement.

    Un champ d’action protéiforme et coûteux

    Au projet de loi de finances pour 2023, tel que recensé par le document de politique transversale annexé au budget (aussi appelés « oranges »), les coûts annuels de la politique de la ville atteignent 37 milliards d’euros dont seulement 592 millions intègrent la mission budgétaire « Politique de la ville ».

    Avec l’achèvement des financements liés au PNRU devant s’opérer en 2022, les pouvoirs publics ont décidé du lancement d’un nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) couvrant la période 2014-2026, dont la subvention publique s’élève à 12 milliards d’euros. Ce programme concentre son intervention sur 216 « quartiers d’intérêt national », vers lesquels seront fléchés 80 % des fonds, et 250 « quartiers d’intérêt régional », qui recevront les 20% restants.

    L’un des mérites du PNRU avait été de diminuer de 3,4 % le nombre de logements sociaux dans les territoires objets de son intervention, permettant de lutter contre la ghettoïsation (autre marronnier du débat public) via notamment la construction de 40 000 logements privés en remplacement des HLM détruits. Mais en 2018, le règlement général de l’ANRU a été modifié pour obliger à reconstruire un logement social là où un logement social aura été détruit, ce qui devrait mettre un point final à cette tendance.

    Préférant se concentrer sur les chimères de la mixité sociale ou sur le développement de l’offre de l’habitat social, les indicateurs de performance déployés par Bercy font peu de cas du cadre de vie des 5,4 millions d’habitants des quartiers prioritaires de la ville (QPV), soit 8 % de la population française, qui devraient, par conséquent, continuer à « voter avec leurs pieds », lorsque l’évolution de leurs moyens matériels le leur permet.

    S’agissant du pilier traitant de la prévention de la délinquance, le constat est pire encore. Sous le mandat de François Hollande, 82 ZPS (zones prioritaires de sécurité) avaient été créées, action poursuivie par Emmanuel Macron qui, de son côté, a mis en place 60 quartiers de reconquête républicaine (QRR). De manière assez simple, il s’agit d’accorder des renforts de police dans des zones reconnues comme sensibles. Ce procédé est-il réellement efficace ou contribue-t-il à déplacer l’insécurité ? Il est parfaitement impossible de répondre à cette question car tous les indicateurs de performance budgétaire en la matière ne sont pas renseignés. En ce qui le concerne, le ministère de l’Intérieur se base sur des enquêtes de satisfaction (qui ne satisferont, en revanche, pas du tout l’observateur avisé) et n’étudie pas la progression de l’insécurité dans les quartiers attenants.

    En matière d’éducation également, l’étude de la performance des politiques publiques de la ville se révèle floue ou décevante. Certaines mesures mises en œuvre, comme les dispositifs d’aide au devoir ou de mentorat professionnel, ne sont pas à condamner mais sont diluées dans l’échec global de l’action de l’Éducation nationale et la dramatique baisse de niveau des écoliers français. Ainsi, de l’aveu général le brevet des collèges (réformé une énième fois en 2018) ne représente plus un diplôme suffisamment difficile pour sanctionner la progression de qui que ce soit.

    En somme, quand il s’agit de l’évaluation de sa propre politique l’État se complait dans le déploiement d’indicateurs de mise en œuvre des moyens, ce qui ne renseigne en rien sur son succès ou son insuccès, et permet de la reconduire systématiquement de manière incrémentale.

    De l’absence d’effet manifeste des politiques de l’emploi dans les quartiers prioritaires de la ville

    La politique active de l’emploi à destination des QPV, récemment étrillée par la Cour des comptes , intègre les mêmes dispositifs que la politique de l’emploi globale , dont nous avons déjà pu constater l’efficacité redoutable, mais avec des pans entiers réservés aux quartiers sensibles.

    Ainsi, le plan « un jeune une solution » a prescrit 38 000 parcours emplois compétences (PEC), c’est-à-dire 38 000 contrats aidés à destination des jeunes des QPV et des ZRR (zones de revitalisation rurales), 27 000 emplois francs ont été mis en œuvre et 23 000 jeunes des banlieues ont signé un contrat d’engagement jeune (qui a remplacé la garantie jeune en 2022).

    Pourtant, la longue litanie des chiffres et des données vient consacrer l’échec de ce raisonnement économique vicié qui consiste à payer les employeurs pour les inciter à embaucher : le taux de chômage dans les QPV demeure 2,6 fois supérieur à celui des agglomérations comprenant au moins un QPV ; 22,9 % des habitants des QPV vivent des prestations sociales contre 5,5 % en dehors ; 25 % de cette population perçoit le RSA contre 13 % dans les agglomérations comprenant au moins un QPV.

    De même, les contrats de ville couvrant la période 2014-2020 avaient pour objectif de réduire de moitié l’écart du taux d’emploi entre ces territoires et leur agglomération de référence et à ce titre, ils sont eux aussi un échec patent. Pendant cette période, l’écart a augmenté de 21 à 21,3 points, le taux d’emploi dans les QPV s’établissant en 2021 à 43,8 % contre 64,8 % en dehors.

    L’absence d’effet significatif des politiques publiques de la ville, si l’on excepte peut-être quelques éléments de rénovation urbaine, doit conduire à mener une réflexion destinée à la réformer de fond en comble dans le sens de la parcimonie des moyens alloués et d’une moindre intervention de l’État.

    Sur le web

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      Bruno Le Maire enterre les finances françaises

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 3 February, 2023 - 04:30 · 7 minutes

    L’endettement des administrations publiques doit aujourd’hui atteindre les 3000 milliards d’euros , soit 44 280 euros par Français. Le déficit du budget de l’État s’est élevé à 156 milliards d’euro en 2022. Plus de la moitié de la production de valeur, soit 59,2% du PIB, est consacré aux dépenses publiques, auquel il faudrait ajouter les chiffres des diverses entreprises (EDF, Engie, ADP, Airbus, Renault…) dont l’État est actionnaire à hauteur estimée de 125 milliards d’euros, valeur purement théorique vu que ces entreprises cumulent un endettement estimé à 124 milliards d’euros.

    Utilisez les qualificatifs que vous voulez, mais cette situation financière est totalement hors sol et ne tient que par la valeur de la monnaie qui permet encore à l’État d’émettre de la dette.

    Le précédent de la crise covid

    Le principal problème de cette situation est qu’à force de faire n’importe quoi et de ne jamais devoir en subir le retour de bâton, s’est développée une culture du laxisme budgétaire tous azimuts, dont la prime toute catégorie revient sans conteste au ministre des Finances actuel, Bruno Le Maire.

    Le terme de « quoi qu’il en coûte » est assez explicite.

    Tout comme sa récente déclaration visant à « serrer la vis » afin de « privilégier les dépenses d’avenir » et tout particulièrement « l’industrie verte », proclamation remplie d’espoir et de vision qui signifie en vérité creuser encore plus la dette et la mainmise de l’État sur l’activité économique du pays, le tout dans un but purement clientéliste.

    Ce qui est proprement hallucinant, c’est que l’on puisse ainsi passer en quelques semaines de la pluie de chèques dispersée par hélicoptère au comptage minutieux des fournitures de bureau et aux histoires bucoliques sans se poser une seule fois la question que tout Français se pose : mais où peut bien aller tout cet argent ?

    D’où il vient, tout le monde le sait. L’État prélève une bonne grosse moitié des salaires, une bonne grosse moitié du prix de l’essence, picore de la TVA partout et se baffre accessoirement sur plein d’autres niches fiscales : frais de notaires, jeux à gratter et à perdre, frais de succession, etc.

    Mais où il va… Cela reste un grand mystère !

    Un pognon de dingue

    Alors bien sûr, il y a la grosse blague que chacun raconte pour montrer qu’il est un bon élève et qu’il a bien écouté la séance d’endoctrinement du parfait contribuable docile. Tout cet argent va dans l’école, les hôpitaux, la santé, les retraites etc. C’est grâce à tout cet argent que nous pouvons être fier d’avoir le meilleur système social que le monde entier nous envie

    C’est grâce aux efforts et au génie de l’État français que personne ne mange aux Restos du cœur, qu’il n’y aucun retraité pauvre, pas de sans-abris, que le salaire minimum constaté est largement supérieur à celui de nos voisins, que personne ne meurt sur un brancard dans les couloirs des urgences, que nos enfants écrasent tous les compteurs à l’école, que chaque Français peut vivre dignement de son travail, qu’il n’y a pas de chômage, blablabla…

    Non, l’argent va à l’État, qui en contrepartie promet la providence et qui se voit bien obligé de tenir un minimum ses promesses, même si s’occuper des petits bébés et des petits bobos, c’est très loin d’être ce que sait faire une organisation criminelle légale qui dispose du monopole de la violence.

    Ce qui se passe au sein de l’État et pourquoi tant d’argent se transforme en si peu de choses : c’est ça le grand mystère.

    Le libéralisme à toutes les sauces

    Une fois la grosse rigolade passée, on tombe généralement dans la chasse aux sorcières, dans le pointage du bouc émissaire et dans la confusion mentale. Si tout ce socialisme ne marche pas (socialisme au sens social + isme), c’est parce que ce n’est pas du vrai socialisme : c’est du libéralisme !

    Ça tombe bien, (presque) personne ne comprend ce que signifie libéralisme , donc on peut se défouler comme on veut.

    Juste pour rigoler, au cas où quelques afficionados du libéral-bashing liraient ces lignes, on pourrait citer quelques pistes de réflexions libérales, et pas des plus radicales, comme de soumettre chaque budget de l’État, des collectivités locales, etc. à un référendum auquel bien évidemment, aucun fonctionnaire ni aucun élu ne pourrait participer (on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre)… D’expérience, la simple énumération de quelques réflexions de ce genre déclenche quasiment immédiatement un court-circuit neuronal dans le cerveau du libéral-basher .

    Ne perdons pas espoir : une marée de doutes et d’interrogations arrive avec la crise et l’inflation et il ne faut pas compter sur la déconnexion chronique et l’autosuffisance compulsive du gouvernement actuel pour endiguer le tsunami qui est en train de se créer. Qui aurait pensé il y a quelques mois que l’on verrait un ministre se prendre en pleine figure un résumé de La Grève en direct à la télé et que le libéralisme (le vrai) est en train mine de rien de s’inviter au débat vu le raffut que l’on fait en son nom ?

    Il faudrait se réveiller avant qu’il ne soit trop tard

    Olivier Véran a dû se demander pourquoi ce n’était pas Bruno Le Maire qui était assis à sa place à se prendre des tomates. Il est en droit de se poser la question, même s’il a accepté le poste de porte-parole et donc d’être la cible des tomates destinées au gouvernement.

    Le gouvernement aurait bien plus besoin ces temps-ci d’un tend-l’oreille que d’un porte-parole.

    L’analyse des chiffres des participations aux manifestations contre le projet gouvernemental sur les retraites semble bien indiquer que les provinces sont à nouveau en train de s’enflammer.

    Personne au gouvernement ne se demande pourquoi les Français ne veulent plus travailler ? Personne n’a posé la question ? Personne n’a envisagé que travailler pour payer un État qui distribue des billets au moindre signe de grogne au lieu de, ne serait-ce qu’essayer de régler les problèmes, ça commence à énerver de plus en plus de monde ?

    Plutôt que de raconter des belles histoires sur le monde merveilleux des moulins à vent et des boites à compost, Bruno Le Maire ferait mieux de se réveiller et de réaliser le gigantesque bourbier dans lequel une énorme partie de la population se trouve et de s’intéresser à la question avant que tout cela ne lui explose à la figure.

    Quelques extraits du Traité du Gouvernement Civil de John Locke en guise de réflexion :

    « Quoique le pouvoir législatif (soit qu’on l’ait remis à une seule personne ou à plusieurs, pour toujours, ou seulement pour un temps et par intervalles) soit le suprême pouvoir d’un État ; cependant, il n’est premièrement, et ne peut être absolument arbitraire sur la vie et les biens du peuple. Car, ce pouvoir n’étant autre chose que le pouvoir de chaque membre de la société, remis à cette personne ou à cette assemblée, qui est le législateur, ne saurait être plus grand que celui que toutes ces différentes personnes avaient dans l’état de nature, avant qu’ils entrassent en société, et eussent remis leur pouvoir à la communauté qu’ils formèrent ensuite . » – Chapitre XI – De l’étendue du Pouvoir législatif

    « La suprême puissance n’a point le droit de se saisir d’aucune partie des biens propres d’un particulier, sans son consentement. Car, la conservation de ce qui appartient en propre à chacun étant la fin du gouvernement, et ce qui engage à entrer en société ; ceci suppose nécessairement que les biens propres du peuple doivent être sacrés et inviolables » – Chapitre XI – De l’étendue du Pouvoir législatif

    « Il y a […] une voie par laquelle le gouvernement, que nous avons posé, peut se dissoudre ; c’est celle qui paraît manifestement, lorsque celui qui a le pouvoir suprême et exécutif néglige ou abandonne son emploi, en sorte que les lois déjà faites ne puissent plus être mises en exécution : c’est visiblement réduire tout à l’anarchie et dissoudre le gouvernement . » – Chapitre XIX – De la dissolution des Gouvernements

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      Réforme des retraites : la France doit s’inspirer de ses voisins

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 2 February, 2023 - 04:30 · 2 minutes

    La réforme des retraites soulève les passions et plus généralement, la situation actuelle amène des débats sur la meilleure façon de relever les défis d’aujourd’hui et de demain.

    Toutefois, plutôt que de rester dans la théorie, il est possible de s’intéresser à ce qui se pratique ailleurs et plus précisément chez nos voisins. La nouvelle étude de Contribuables Associés donne des pistes à travers quatre exemple étrangers.

    Réformes des dépenses publiques en Allemagne, Pays-Bas et Suède

    L’étude se concentre sur les dépenses publiques qui sont en France les plus élevées de l’ OCDE en pourcentage du PIB (selon Eurostat en 2020), soit 61 %. En comparaison l’Allemagne est à 50 %, les Pays-Bas à 48 % et la Suisse à 37,8 %. S’il semble illusoire de réduire brutalement en une seule fois, certaines pistes sont avancées.

    Ainsi, sous la coalition sociale-démocrate et écologiste de Schröder , l’ Allemagne a réduit ses dépenses en se concentrant principalement sur le marché du travail, avec la libéralisation et la diminution des avantages chômage. Le taux d’imposition sur le revenu a diminué en plusieurs étapes : le taux le plus bas est passé de 25,9 % à 15 % ; le taux plus élevé de 53 % à 42 %. De plus, le taux de l’impôt sur les sociétés est passé de 40 à 25 % et les taxes professionnelles locales ont été réduites pour les petites et moyennes entreprises. Ces mesures ont pu aussi être efficaces grâce à Merkel qui a continué la politique de Schröder lorsqu’elle lui a succédé.

    Concernant les retraites, l’exemple suédois est mis en avant. En Suède, le système est mixte : pour un taux de 18,5 % prélevé sur le revenu, 16 % sont versés au système de retraite par répartition basé sur les revenus et 2,5 % sont versés dans un système par capitalisation. Le cotisant peut choisir son fonds de pension (s’il ne le fait pas, un fonds présélectionné sera choisi pour lui).

    Pour les dépenses de santé, les Pays-Bas sont réputés performants. L’ONG Health Consumer Powerhouse qui évalue les systèmes de soins offre un classement intéressant en matière d’efficacité des politiques menées. En 2018, les Pays-Bas dominaient ceux de l’Union européenne. Le système néerlandais repose sur quatre acteurs pour le financement et la prise en charge du système de soins :

    • L’État pour les soins de long terme et à haut risque
    • Une assurance privée obligatoire pour les soins classiques
    • Une assurance privée optionnelle pour les soins supplémentaires
    • Les ménages pour les autres soins

    Ces exemples détaillés dans l’étude de Contribuables Associés offrent ainsi des pistes concrètes pour réformer des pays. Certes, la mentalité française n’est pas la même que celle des Nordiques. Mais rappelons que la social-démocratie est une part importante de la politique de pays scandinaves comme la Suède.

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      Bilan économique : la France est sur une mauvaise pente

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 31 January, 2023 - 04:00 · 9 minutes

    On se souvient de la grave crise grecque en 2009. L’endettement du pays était devenu considérable et l’agence de notation Fitch avait abaissé sa note en dessous de A. C’était la première fois qu’une telle dégradation survenait dans un pays européen.

    Il s’ensuivit une panique en Europe. La zone euro fut jetée dans la tourmente et le FMI, la BCE et la Commission européenne durent intervenir à trois reprises. On imposa à la Grèce des mesures drastiques qui conduisirent au pouvoir en 2015 le parti anti austérité d’Alexis Tsipras . Après six années de crise le PIB se trouva réduit d’un quart et le taux de chômage monta jusqu’à 25 %. La Grèce se remit très difficilement de cette crise : il y eut plusieurs plans de sauvetage et le bilan social fut catastrophique.

    Il semble que la France se trouve sur la même pente que celle qui a conduit la Grèce à la faillite , avec une crise ayant duré de 2010 à 2015. Il avait même été envisagé sa sortie de l’Europe et de la zone euro.

    Pour l’instant la notation de l’agence Fitch classe la France en AA , ce qui est tout à fait honorable, mais avec la mention « perspective négative » ; sachant que la première catégorie comprend AAA, puis AA, et ensuite A, la France a tout simplement reculé d’un cran. Vient ensuite la catégorie des B avec à nouveau trois degrés différents ; puis enfin la catégorie F.

    Pourquoi craindre que le pays se trouve engagé sur la même pente dangereuse que la Grèce ?

    Il convient de distinguer d’un côté les éléments qui ont un caractère causal, c’est-à-dire de nature à expliquer la dégradation de l’économie du pays, et de l’autre ceux qui en sont la conséquence mais ne constituent pas moins des freins au redressement d’une économie mal engagée.

    Pour marquer les étapes de la dégradation de l’économie française, les points de repère seront la Suisse, un pays exemplaire à l’économie très dynamique et parfaitement équilibrée, ainsi que la moyenne de l’OCDE. Les données statistiques seront celles fournies par la Banque mondiale, pour l’année 2021, afin d’avoir des séries homogènes.

    Les éléments à caractère causal

    Nous retiendrons essentiellement les critères suivants :

    • Les dépenses en Recherche et Développement
    • Les taux d’industrialisation
    • Les taux de population active
    • Le solde de la balance commerciale
    • La durée de la vie active

    Les taux de R&D des pays

    Des dépenses de Recherche et Développement importantes caractérisent les pays développés qui investissent pour préparer leur avenir. Elles permettent de rester dans le peloton de tête grâce à l’innovation.

    Dépenses de R&D en pourcentage du PIB

    • Suisse….. 3,15 %
    • OCDE….. 2,96 %
    • France…. 2,35 %
    • Grèce…… 1,50 %

    Le taux d’industrialisation

    L’industrie est un élément clé pour créer de la richesse dans un pays depuis la première révolution industrielle. Des trois secteurs de l’économie , à savoir l’agriculture, l’industrie et les services (selon la classification de Colin Clark) c’est celui où le progrès technique augmente le plus vite. Le secteur secondaire est un secteur à forte valeur ajoutée et fournit aux pays l’essentiel de leurs exportations. Les taux d’industrialisation de la France et de la Grèce sont très faibles, ces deux pays sont les plus désindustrialisés de tous les pays européens.

    Taux d’industrialisation en pourcentage du PIB, y compris la construction

    • Suisse….. 24,6 %
    • OCDE….. 22,3 %
    • France…. 16,7 %
    • Grèce…… 15,3 %

    Le taux de population active

    On entend par taux de population active la proportion entre les personnes en emploi ainsi que les chômeurs, et la population totale.

    Taux de population active en pourcentage de la population

    • Suisse…… 57,0 %
    • OCDE…… 49,2 %
    • France….. 46,1 %
    • Grèce……. 43,5 %

    Le solde de la balance commerciale

    Les exportations réalisées par un pays présentent un double avantage : elles accroissent les marchés des entreprises locales et fournissent les devises permettant de financer les importations. Leur volume dépend de la nature et de la qualité de la production du pays et du dynamisme de ses entreprises.

    Solde de la balance commerciale en pourcentage du PIB

    • Suisse……………………  119 %
    • Union européenne….     0 %
    • France…………………… – 1,9 %
    • Grèce…………………….. – 7,7 %

    Durée de la vie active

    La durée de la vie active dépend de l’âge d’entrée dans la vie professionnelle et de l’âge de cessation d’activité professionnelle déterminé en fonction de l’âge légal de départ à la retraite.

    Durée de la vie active

    • Suisse………………….. 42,6 ans
    • Union européenne… 35,6 ans
    • France………………….. 35,0 ans
    • Grèce……………………. 33,2 ans

    Tous les graphiques ci-dessus montrent que la France se situe systématiquement à mi-chemin entre les moyennes OCDE et la Grèce. On aurait préféré qu’elle se place à gauche, entre les moyennes OCDE et la Suisse.

    Les éléments induits à caractère aggravant

    Les dépenses publiques

    On constate toujours dans les pays à l’économie en difficulté que les dépenses publiques sont importantes en regard du PIB. Les besoins de la population sont là et il faut les satisfaire : éducation, santé, appareil judiciaire, entretien et création des infrastructures, sécurité… et les PIB n’étant pas à la hauteur de toutes ces exigences, le taux des dépenses publiques est élevé.

    Dépenses publiques en pourcentage du PIB

    • Suisse…… 20,1 %
    • OCDE…… 34,9 %
    • France….. 51,9 %
    • Grèce……. 58,5 %

    Les prélèvements obligatoires

    Pour couvrir ses dépenses l’État procède à ce que les économistes appellent des « prélèvements obligatoires ». Ceux-ci sont de plus en plus importants à mesure qu’augmentent les dépenses publiques.

    Prélèvements obligatoires en pourcentage du PIB

    • Suisse…… 28,5 %
    • OCDE…… 34,2 %
    • France….. 47,6 %
    • Grèce……. 42,3 %

    La France se situe donc déjà au-dessus du niveau de la Grèce.

    Taux de chômage

    La conséquence d’une économie qui fonctionne mal est une proportion élevée de la population au chômage : la France est bien dans ce cas. Selon les estimations du BIT le pays compte 2 252 000 chômeurs ; les catégories A, B et C de Pôle emploi en totalisent un nombre bien plus élevé soit 5 163 000 chômeurs sensés être en recherche active d’emploi. Le taux est bien plus élevé que celui calculé par le BIT.

    Taux de chômage (BIT)

    • Suisse….. 5,3 %
    • OCDE….. 6,3 %
    • France…. 8,1 %
    • Grèce…… 14,8 %

    Endettement du pays

    Dans une économie dysfonctionnelle et donc à la création de richesse insuffisante, les États s’endettent pour boucler leurs budgets annuels. Le coût de la dette les alourdit chaque année un peu plus.

    Endettement du pays en pourcentage du PIB

    • Suisse…… 20,9 %
    • France….. 113,0 %
    • OCDE…… 129,3 %
    • Grèce……. 197,1 %

    Le cas de la France : attention danger !

    Le problème est que lorsqu’un processus de détérioration de l’économie s’installe il s’entretient de lui-même et le pays entre dans un cycle pernicieux. C’est précisément ce qui se produit en France depuis une vingtaine d’années. Tous les ratios se dégradent d’année en année. Les dépenses sociales ne cessent de croître régulièrement, d’où une augmentation constante des dépenses publiques et pour y faire face un accroissement constant des prélèvements obligatoires ; ceux-ci n’étant jamais suffisants, le recours régulier à de l’endettement est nécessaire et ne cesse d’augmenter.

    Les pouvoirs publics sont incapables de rompre ce cercle vicieux. Nous en arrivons au point où ce processus a atteint ses propres limites. Les prélèvements obligatoires étant parvenus à des niveaux insupportables il n’y a plus d’autre solution pour les pouvoirs publics que d’augmenter encore davantage la dette. C’est ce qui se produit dans notre pays : elle est passée de 2380 milliards d’euros à la fin de 2019 à 2916 milliards à la fin de 2022, soit un accroissement de 536 milliards en trois ans.

    Il faut comprendre quelle est l’origine du phénomène, ce que les pouvoirs publics ont été très longs à saisir et sans être certain qu’ils aient véritablement pris conscience du cercle vicieux dans lequel ils se trouvent enfermés.

    L’origine du problème est la grave dégradation du secteur secondaire, le secteur industriel . Les effectifs de l’industrie sont passés de 6,5 millions de personnes à la fin des Trente glorieuses à 2,7 millions aujourd’hui. Le secteur industriel français ne concourt plus que pour 10 % à la formation du PIB (chiffre hors construction), alors que ce taux devrait se situer à 18 % environ. En incluant la construction dans le secteur secondaire, il faut ajouter 5 à 6 points aux précédents ratios.

    Les pouvoirs publics se sont laissés piéger par la thèse d’évolution des trois secteurs de l’économie développée par Jean Fourastié dans son livre Le grand espoir du XX e siècle paru en 1949. Cet économiste a travaillé sur des séries longues et a raisonné nécessairement en termes d’emplois et non de valeur ajoutée. Certes, les effectifs du secteur industriel se réduisent mais en termes de valeur ajoutée il est toujours présent du fait que la valeur ajoutée par employé a fortement progressé. Cela a été mal compris et dans les universités a très vite enseigné qu’une économie moderne n’est plus constituée que par les activités de services. Les sociologues qui ont mal compris Jean Fourastié ont diffusé très vite le concept de « société postindustrielle », lequel s’est installé solidement dans les esprits, jusque chez les dirigeants du pays.

    Pour redresser la situation, il n’y a pas d’autre solution que de procéder au redressement du secteur industriel mais l’environnement n’est guère favorable : guerre en Ukraine, coût très élevé de l’énergie en Europe.

    De plus, en initiant l’ Inflation Reduction Ac t (IRA), le gouvernement de Joe Biden va subventionner les entreprises américaines en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Dans ce cadre, un budget de 369 milliards de dollars est prévu pour les épauler.

    À Bruxelles, Thierry Breton prépare une riposte : il évoque un plan à hauteur de 2,5 % ou 3 % du PIB de l’Europe des 27.

    Nous n’en sommes pas là : pour l’instant, les entreprises industrielles quittent l’Europe et la France est particulièrement affectée par ce mouvement.

    L’entreprise singapourienne REC Solar qui devait fabriquer en Moselle des panneaux photovoltaïques renonce à son projet pour se tourner vers les États-Unis.

    Le Chinois Quechen qui devait installer une usine à Marseille pour produire de la silice pour les fabricants européens de pneumatiques jette l’éponge .

    Le groupe industriel Safran qui devait créer un nouveau site de production près de Lyon pour les freins carbone destinés à l’aéronautique suspend son projet d’investissement.

    Le secteur industriel français est loin de se redresser et le plan « France 2030 » lancé en octobre 2021 par Emmanuel Macron « pour répondre aux grands défis de notre temps » est un dispositif complètement sous-dimensionné.

    Il serait souhaitable de ne pas en arriver à une situation à la grecque.

    Nombreux sont ceux qui n’ont plus les moyens d’accéder aux soins, des hôpitaux ont dû interrompre momentanément leur activité, les cas d’ infections au virus HIV ont augmenté de 50 % et le paludisme est réapparu en Grèce . Le port du Pirée a été vendu aux Chinois et celui de Thessalonique a été cédé à un consortium. Quatorze aéroports régionaux ont été repris par un groupe allemand. Et selon une étude britannique, depuis le début de la crise le nombre des suicides a doublé .

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      Le mythe de l’augmentation des inégalités aux États-Unis est erroné

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 29 January, 2023 - 04:00 · 4 minutes

    Pratiquement aucune affirmation n’a été répétée aussi souvent dans les médias que celle selon laquelle l’inégalité entre les pauvres et les riches a augmenté massivement d’année en année – partout dans le monde et surtout aux États-Unis .

    Pour mon livre In defence of Capitalism , j’ai commandé une enquête sur les perceptions du capitalisme dans 33 pays : nous avons présenté aux personnes interrogées dans les 33 pays une liste de 18 affirmations sur le capitalisme – positives et négatives. L’idée que le capitalisme conduit à une inégalité croissante figure parmi les cinq affirmations les plus fréquemment sélectionnées dans 30 de ces 33 pays.

    Les chercheurs ont maintenant confirmé qu’aux États-Unis , cette thèse est fondée sur des statistiques qui ne tiennent pas compte des deux tiers des paiements de transfert que l’État verse aux personnes à faible revenu. Dans le même temps, les impôts fédéraux, étatiques et locaux, dont 82 % sont payés par les 40 % des Américains les mieux rémunérés, ne sont pas pris en compte dans les statistiques officielles sur les inégalités.

    « Le résultat net est qu’au total, le Census Bureau choisit de ne pas compter l’impact de plus de 40 % de tous les revenus qui sont gagnés en paiements de transfert ou en impôts », écrivent Phil Gram, Robert Ekelund et John Early dans leur excellent livre The Myth of American Inequality .

    Ils montrent :

    « Il existe maintenant au moins une centaine de programmes fédéraux qui dépensent chacun plus de 100 millions de dollars par an pour fournir des paiements de transfert aux ménages, ainsi qu’un nombre incalculable de programmes plus modestes. Sur ce nombre total, le recensement n’en compte que huit dans sa mesure des revenus et choisit de ne pas compter les autres comme des revenus pour les bénéficiaires. »

    Cela n’aurait peut-être pas été un problème lorsque cette méthode statistique a été introduite il y a 75 ans et que ces paiements ne jouaient qu’un rôle mineur. Si les impôts élevés payés par les hauts revenus ne sont pas pris en compte dans les statistiques et que les importants paiements de transfert reçus par les bas revenus sont également largement ignorés, cela conduit logiquement à ce que les données sur l’inégalité croissante soient fausses. Si les impôts et les transferts sont pris en compte, le rapport entre le revenu des Américains les plus modestes et celui des 20 % les plus riches est de 4,0 pour un, et non de 16,7 pour un comme le montrent les données officielles du recensement.

    L’inégalité croissante soutenu par des économistes

    L’économiste français de gauche Thomas Piketty est l’un des principaux partisans de la thèse de l’inégalité croissante.

    Il affirme que les inégalités ont fortement augmenté dans de nombreux pays depuis 1990. Selon les données que Piketty et les économistes Emmanuel Saez et Gabriel Zucman présentent dans la base de données sur les inégalités mondiales, la part du revenu américain détenue par les 1 % d’Américains les plus riches est passée de 10 % à 15,6 % entre 1960 et 2015. Avant même Gramm, Ekelund et Early, d’autres scientifiques avaient signalé que ces données étaient erronées. Les économistes américains Gerald Auten et David Splinter ont montré qu’elles sont faussées vers le haut et qu’en fait, la part du revenu américain détenue par les 1 % les plus riches a augmenté plus modérément, passant de 7,9 % à 8,5 % entre 1960 et 2015.

    Il en va de même pour la part de la richesse américaine détenue par les 1 % les plus riches, qui, selon Piketty et ses collègues, est passée de 22,5 % à 38,6 % entre 1980 et 2014. Or, selon les calculs de Smith, Zidar et Zwick, elle est en réalité passée de 21,2 à 28,7 % au cours de cette période. Pour en savoir plus sur ces études et d’autres, cliquez ici.

    Cela ne tient même pas compte du fait que les données sur la richesse excluent la valeur actuelle des régimes de retraite à prestations définies et des programmes de sécurité sociale, qui faussent la comparaison au détriment des sections les plus pauvres de la population. Lors du calcul de la valeur des actifs, il est également important de se rappeler qu’elle dépend avant tout de l’augmentation des prix des logements par rapport aux prix des actions. Lorsque le prix des actions augmente beaucoup plus vite que celui des maisons, les personnes aisées en profitent davantage, car elles possèdent une part plus importante de titres que les personnes moins fortunées.

    Un autre problème est que de nombreuses études sur la richesse sont faibles sur le plan méthodologique, car il leur manque l' »élément dynamique » : le mouvement entre les cohortes de revenu ou de richesse au fil du temps, également appelé mobilité sociale. Il est très important – d’un point de vue économique, éthique et moral – de savoir si les 10 % les plus pauvres de la population en termes de répartition des revenus dans le pays X au cours de la première décennie sont toujours les mêmes personnes au cours de la deuxième décennie, ou si ce « décile » de la deuxième décennie est désormais composé de personnes complètement différentes. Le problème est que de nombreuses personnes qui ont des opinions tranchées sur l’inégalité n’ont que peu ou pas de connaissances en statistiques. Cela conduit à des chiffres grossièrement inexacts, encore et encore.

    Rainer Zitelmann est l’auteur du livre In Defence of Capitalism . Démystifier les mythes

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      Sandrine Rousseau et le droit à la paresse

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 27 January, 2023 - 04:15 · 7 minutes

    La nécessaire réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron suscite la colère.

    Selon le dernier sondage Elabe pour BFM-TV les Français y sont opposés à 66 % et ce taux s’élève même à 75 % chez les 35-64 ans.

    Cette réforme est pourtant nécessaire puisque le rapport entre actifs et inactifs est déséquilibré tandis que l’espérance de vie ne cesse de progresser. L’âge de départ à la retraite en France est de 62 ans ; de 65 ans en Italie et 67 ans au Danemark. Tous les leaders syndicaux se sont accordés pour s’opposer aux mesures prévues par le gouvernement d’Élizabeth Borne et ils ont décidé de bloquer le pays pour se faire entendre.

    Les écologistes du groupe EELV en sont de farouches opposants. Sandrine Rousseau, bien connue pour son activisme et ses prises de position décoiffantes , mène le combat.

    Interrogée sur LCI le mardi 17 janvier dernier, elle a justifié son opposition à un rallongement de la période active des Français par un argument stupéfiant :

    Elle est donc favorable à la semaine de 32 heures de travail et réduite à quatre jours. Elle plaide pour un nouveau droit : le « droit à la paresse ».

    Cette députée de la 9e circonscription de Paris est farouchement opposée au capitalisme :

    « Ils veulent nous obliger à travailler jusqu’à 64 ans ? Au nom de quoi ? Au nom du productivisme et de la croissance. Ils nous demandent de passer notre  vie à développer une croissance qui nous mène dans le mur. Notre vie vaut mieux que quelques points de PIB ».

    C’est une dogmatique de la décroissance qui considère que le PIB n’est pas un bon indicateur du bien-être.

    Il convient de rétablir quelque peu la vérité et rectifier les inepties propagées par cette extrémiste écologiste de gauche diplômée en science économique et vice-présidente de l’Université de Lille où elle enseigne.

    L’écologie : une nouvelle religion

    L’écologie est une nouvelle religion qui structure la modernité politique.

    Elle a ses croyances, ses vérités : elle est partout et plus une seule décision économique ou sociale n’est prise sans être passée au tamis de ses conséquences environnementales. Elle veut nous éviter l’apocalypse : il en va du salut du monde. Elle a trouvé en la jeune scandinave Greta Thunberg sa nouvelle Jeanne d’Arc. L’activité humaine est sur le banc des accusés : « on vous a confié le jardin d’Eden et qu’en avez-vous fait ? ». Le coupable, c’est le monde économique motivé par le profit.

    Comme pour toutes les idéologies, le domaine de la raison a cédé la place à celui de l’émotion. Et Sandrine Rousseau ne revendique certes pas être une adepte de la raison.

    En 2021 elle avait déclaré dans une interview pour Charlie Hebdo :

    « Le monde crève de trop de rationalité […] Je préfère des femmes qui jettent des sorts plutôt que des hommes qui construisent des EPR ».

    L’ancien militant écologiste américain Michael Schellenberger en est revenu et appelle au calme ses anciens amis : « Attendez avant de vous suicider ».

    L’appel à la paresse de Sandrine Rousseau

    La revendication de Sandrine Rousseau concernant la réduction de la durée du travail est une aberration. En effet, elle semble ignorer que la France est déjà en Europe le pays où l’on travaille le moins :

    Taux de population active

    • France……………….. 45,9 %
    • Pays scandinaves… 50 % – 55 %
    • Suisse………………… 57 %

    Durée de vie active

    • France……………….. 35,6 ans
    • Pays scandinaves… 41,0 ans
    • Suisse………………… 42,4 ans

    Heures travail par an

    • France……………….. 1402
    • Pays scandinaves… 1562
    • Suisse………………… 1831

    Durée hebdomadaire de travail

    • France……………….. 35
    • Pays scandinaves… 37 – 38
    • Suisse………………… 45 – 50

    Taux de chômage

    • France……………….. 7,5 %
    • Pays scandinaves… 3,2 – 6,4 %
    • Suisse………………… 2,2 %

    Jours de grève sur 1000

    • France……………….. 14
    • Pays scandinaves…  Très faible
    • Suisse…………………  1

    En France le taux de population active est anormalement bas. Le nombre de personnes qui travaillent n’est pas suffisant. La durée de vie active est plus courte que dans les autres pays, le nombre d’heures travaillées par an est inférieur à celui des pays du nord ou de la Suisse. La propension à recourir à la grève est particulièrement élevée : le nombre de jours perdus pour faits de grève est beaucoup plus élevé que partout ailleurs.

    Il manque au moins 4 millions de personnes au travail, sachant que sont comptés en tant qu’actifs les chômeurs supposés rechercher activement un emploi. Ceux qui ne sont pas au travail sont à la charge des actifs.

    Fin octobre 2022 Pôle Emploi comptait 6 198 310 inscrits toutes catégories confondues (A, B, C, D et E). Les trois premières catégories sont celles des chômeurs tenus de procéder à des actes positifs de recherche d’emploi, soit un effectif de 5 153 00 personnes à la fin du troisième trimestre 2022.

    Il en résulte des performances économiques désastreuses : la France ne créant pas suffisamment de richesses son PIB/capita est en onzième position seulement en Europe. Ses dépense sociales sont bien supérieures à celles des autres pays et les prélèvements obligatoires ne sont jamais suffisants ce qui conduit l’État à s’endetter un peu plus chaque année. La dette extérieure de pays a fini par dépasser son PIB.

    Comparaison en pourcentage et dollar avec les pays scandinaves et la Suisse

    France

    • PIB/capita……. 43 659
    • Dette/PIB…….. 113,5 %
    • Dép. Soc/PIB… 59,2 %

    Finlande

    • PIB/capita……. 53 654
    • Dette/PIB…….. 72,4 %
    • Dép. Soc/PIB… 54,9 %

    Suède

    • PIB/capita……. 61 025
    • Dette/PIB…….. 42,0 %
    • Dép. Soc/PIB… 50,2 %

    Danemark

    • PIB/capita……. 68 007
    • Dette/PIB…….. 33,2 %
    • Dép. Soc/PIB… 51,0 %

    Norvège

    • PIB/capita…… 89 154
    • Dette/PIB……. 36,2 %
    • Dép. Soc/PIB… 18,0 %

    Suisse

    • PIB/capita……. 91 991
    • Dette/PIB…….. 42,4 %
    • Dép. Soc/PIB… 17,5 %

    La proposition de Sandrine Rousseau de moins travailler ne peut que conduire à un abaissement accru du niveau de vie des Français mais cette éventualité s’inscrit parfaitement dans la philosophie décroissante de cette militante écologiste.

    Les points de PIB ne font pas le bonheur

    Sandrine Rousseau est opposée au « capitalisme industriel » car il conduit à la « destruction environnementale ».

    Et dans la même plaidoirie elle s’en prend au patriarcat. Selon elle, le système capitaliste s’est nourri de « trois prédations majeures » : « le corps des personnes noires, celui des femmes, et la nature ». Il faut « revoir en profondeur le système économique et social pour le mettre au service du climat et de la justice sociale ».

    Elle est économiste enseignante à l’Université et à l’Institut d’Études politiques de Lille, mais parait oublier que c’est le capitalisme qui jusqu’ici s’est montré le système le plus efficace dans l’histoire des Hommes pour créer de la richesse, et qu’il existe une corrélation indéniable entre le niveau de richesse des habitants et leur sentiment de bien-être.

    Chaque année, depuis maintenant dix ans, l’ONU fait réaliser par l’Institut Gallup une vaste enquête dans 160 pays pour mesurer le « bonheur » des habitants, l’ONU encourageant les gouvernements à donner davantage d’importance au bonheur et au bien-être de leur population. Le bonheur est mesuré par une échelle de 10 barreaux allant de 1 à 10. Les personnes interrogées doivent se situer en allant du bas vers le haut, le dernier échelon représentant le bonheur suprême.

    Les résultats donnés par la dernière enquête sont résumés ci-après :

    World Happiness Report et PIB en dollar

    Inde

    • Happiness…. 3,78
    • PIB/capita…. 2253

    Gabon

    • Happiness…. 4,96
    • PIB/capita…. 8635

    Grèce

    • Happiness…. 5,95
    • PIB/capita…. 20 192

    Chili

    • Happiness…. 6,17
    • PIB/capita…. 16 265

    Espagne

    • Happiness…. 6,48
    • PIB/capita…. 30 103

    France

    • Happiness…. 6,69
    • PIB/capita…. 43 659

    Allemagne

    • Happiness…. 7,03
    • PIB/capita…. 51 203

    Australie

    • Happiness…. 7,16
    • PIB/capita…. 60 443

    Norvège

    • Happiness…. 7,37
    • PIB/capita…. 89 143

    Danemark

    • Happiness…. 7,64
    • PIB/capita…. 68 007

    Le graphique ci-dessous illustre la corrélation très forte entre le bonheur et les niveaux de richesse des pays : il s’agit d’une enquête portant sur le bien-être subjectif.

    Graphique   correlation PIB/capita et degré de bonheur

    La corrélation est excellente : par exemple, la France est tout à fait sur la droite de corrélation.

    Le rapport Gallup conclut : « People in richer coutries tend to be happier, and  within all countries richer people tend to be happier ».

    Sandrine Rousseau est de tous les combats : contre le machisme , contre les barbecues , contre le colonialisme, contre le capitalisme… Elle considère que le sexisme et la destruction de l’environnement sont intimement liés.

    En 2021, lors du débat de la primaire écologiste face à Yannick Jadot son concurrent elle a révélé : « Je vis avec un homme déconstruit et je suis très heureuse avec lui ». Elle a créé un nouveau mot : « Androcène », un nouveau concept assez obscur. Il semblerait bien qu’elle se soit mise au diapason de son compagnon.

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      Marine Tondelier et sa France sans milliardaires

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 24 January, 2023 - 04:00 · 3 minutes

    Depuis au moins la Révolution française, le meurtre pour délit de réussite est glorifié et utilisé comme argument de fanatisation par tous les socialistes.

    Le riche, le bourgeois, la banquier, le Juif, l’Américain, le propriétaire, le rentier, le commerçant… tout est bon pour justifier et légaliser la cupidité, la jalousie et la haine au nom de l’intérêt général. Rien de plus facile que d’essentialiser une minorité et la désigner comme étant la cause de tous les malheurs du monde.

    Les koulaks étaient les milliardaires de la Russie. Lénine voulait une Russie sans milliardaires, sans koulaks. Il en a fusillé 30 000 sur le champ et a déporté les autres, causant la mort d’au moins un demi-million d’entre eux . Le résultat ne se fit pas attendre. Une fois les milliardaires éliminés, le régime socialiste russe s’est immédiatement jeté sur leurs propriétés pour s’en repaître et s’en mettre plein les poches. Le pillage terminé, il ne restait plus rien pour nourrir la population : six à huit millions de personnes mortes de faim , alors que la révolution agricole moderne s’étendait de par le monde et mettait fin un peu partout aux famines endémiques, à l’asservissement et à la malnutrition.

    Les Juifs étaient les milliardaires de l’Allemagne de Hitler : six millions de morts . Les intellectuels étaient les milliardaires de la Chine de Mao : vingt millions de morts . Il fallait peu de chose pour être déclaré milliardaire au Cambodge en 1975. Les khmers rouges en voyaient partout : 20 % de la population cambodgienne a ainsi été éliminée. Pol Pot aussi voulait un Cambodge sans milliardaire.

    Une fois que l’on se rend compte que tout le monde est milliardaire, qu’il suffit pour cela de définir l’unité avec laquelle on compte la richesse des individus, il est trop tard et le mal est fait : les dénonciateurs se sont repus et les dénoncés n’existent plus.

    Les déclarations de Marine Tondelier : démagogie à toute épreuve

    Les prédateurs se déplacent en meute. Après Oxfam qui voulait piller les riches pour sauver le système de retraite, c’est au tour d’Europe Écologie les verts, par la voie de son nouveau guide suprême, de remuer les remugles des bons vieux génocides du XX e siècle. Marine Tondelier veut une France sans milliardaires . Au détour d’une interview matinale, Marine Tondelier a tout simplement déclaré qu’elle voulait mettre en place la solution finale au problème des milliardaires.

    Le raisonnement fallacieux avancé est toujours le même : prendre aux riches pour donner aux pauvres. Il ne s’agit pas de reprendre aux voleurs (aux collecteurs d’impôts et aux mafias de parasites vivant de l’extorsion forcée et du racket…) pour donner aux volés, comme dans l’histoire de Robin des Bois , mais d’augmenter le nombre de collecteurs d’impôts et de parasites.

    Avec toujours la même promesse : « ne vous inquiétez pas : l’argent que les collecteurs d’impôts prendront aux riches n’ira pas dans les poches et les estomacs des parasites mais sera redistribué au petit peuple ».

    Ça n’a jamais, jamais au moins une seule fois au monde, fonctionné. Jamais.

    Inutile de passer du temps à développer des explications économiques sur la bêtise crasse et les retombées catastrophiques d’une telle idée. Il suffit d’un seul argument pour réaliser la malhonnêteté et la criminalité d’une telle proposition : vous, vous qui lisez ces lignes, qui que vous soyez : vous êtes milliardaire. Si vous ne l’êtes pas aujourd’hui, rien ne dit que vous ne le soyez pas demain, que vous enfants, vos parents ne le soient pas demain et surtout : rien, absolument rien ne garantit que l’on ne change pas demain la définition qui ferait de vous un ennemi du bien commun.

    Allez demander à ceux qui ont vécu cette horreur, en France, en Russie, en Allemagne, en Chine, au Cambodge, à Cuba ou ailleurs (la liste est malheureusement bien trop longue) ce que ça fait de se trouver un jour dans la liste de ceux qu’il faut éliminer, soi-disant pour l’intérêt général.

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      3 erreurs économiques courantes qui doivent disparaître

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 23 January, 2023 - 03:40 · 7 minutes

    Par Corey Iacono.

    Chaque jour ou presque, des reportages et des commentateurs politiques répètent des erreurs économiques qui auraient dû être enterrées depuis longtemps.

    Malheureusement, ces idées fausses sont souvent prises pour argent comptant par le public, généralement parce que leur répétition fréquente leur a donné un sentiment de légitimité injustifié. En fait, il n’est que trop fréquent que les affirmations sur la nature de l’économie soient utilisées pour promouvoir des politiques et des récits politiques spécifiques, ce qui rend d’autant plus important de les examiner avec scepticisme.

    Les importations nuisent à la croissance économique

    Notre première erreur est l’idée fausse selon laquelle la valeur des biens importés de pays étrangers soustrait directement la performance économique globale d’un pays (mesurée par le produit intérieur brut , ou PIB).

    En effet, chaque fois que de nouvelles données sur la croissance économique sont publiées par le gouvernement, le cycle de nouvelles qui les accompagne est rempli de rapports contenant des déclarations erronées telles que « le commerce a soustrait 3,2 points de pourcentage de la croissance globale du PIB car les exportations ont fortement diminué et les importations ont explosé ».

    Cette logique implique que chaque dollar dépensé par les Américains en biens importés réduit la taille de l’économie américaine d’un dollar. Si c’était vrai, nous pourrions tout aussi bien cesser d’importer des biens – mais il se trouve que cette croyance est entièrement fondée sur une mauvaise compréhension du mode de calcul du PIB.

    PIB = consommation privée + investissement privé + dépenses publiques totales + (exportations – importations)

    Lorsque nous examinons l’équation du PIB, il semble que la dernière composante, les exportations nettes, implique que les importations sont en fait soustraites du PIB. Ce que l’on ne voit pas dans l’équation, c’est que les importations sont déjà incluses dans les dépenses et les investissements des secteurs public et privé, pour être ensuite soustraites dans la partie exportations nettes de l’équation. Selon le Bureau of Economic Analysis, « la production américaine serait surévaluée si la formule [du PIB] n’éliminait pas les importations ».

    L’effet net ici est que les importations n’ont aucun impact sur la façon dont le PIB est calculé. Pensez-y, le PIB est une mesure de la production économique totale de l’économie nationale et par conséquent les biens étrangers importés ne devraient pas avoir d’impact direct sur le PIB.

    Or, bien que les importations n’affectent pas le mode de calcul du PIB, elles peuvent affecter le PIB lui-même en influençant des facteurs tels que la productivité, les niveaux d’emploi, les salaires, les prix, la création (ou l’effondrement) d’entreprises nationales, etc. Le sujet a fait couler beaucoup d’encre et les recherches montrent généralement que la réduction des obstacles aux importations (tels que les droits de douane) accélère la croissance économique en augmentant l’efficacité de l’ensemble de l’économie .

    La stagnation de la classe moyenne

    Aux États-Unis, il semble que la croyance selon laquelle l’économie « ne fonctionne pas » pour la plupart des Américains soit largement répandue. En général, la preuve de cette affirmation est que les salaires ont stagné pour la classe moyenne américaine malgré des décennies de croissance économique.

    À première vue, cette préoccupation n’est pas sans fondement. Les données du Bureau américain des statistiques du travail montrent que les salaires médians n’ont augmenté que de 11 % environ, après correction de l’inflation, entre 1979 et 2021. Paradoxalement, la consommation des familles à revenus moyens et faibles n’a cessé d’augmenter au fil du temps. Si les salaires stagnent, comment cela peut-il être le cas ?

    Il s’avère que l’observation de la « stagnation des salaires » dépend entièrement de l’utilisation de l’indice des prix à la consommation (IPC) pour corriger l’inflation. Il se trouve que les économistes savent depuis longtemps que l’IPC surestime les taux d’inflation passés en raison de divers biais de mesure, comme le fait de ne pas prendre en compte de manière précise les améliorations de la qualité des produits et la substitution par les consommateurs de biens relativement plus chers à des biens relativement moins chers au fil du temps. Plus on remonte dans le temps, plus le biais s’aggrave.

    Il est certain qu’aucun indice des prix n’est parfait – et il en existe de nombreux – mais les économistes considèrent généralement que l’indice des dépenses de consommation personnelle (PCE) du Bureau of Economic Analysis est une mesure plus précise de l’inflation des consommateurs dans le temps, car il tient mieux compte des changements de comportement des consommateurs et offre une couverture plus complète des biens et services.

    Lorsqu’on utilise l’indice PCE pour mesurer le niveau de vie dans le temps, le mythe de la « stagnation des salaires » s’effondre. Comme le montre le graphique ci-dessus , les salaires corrigés de l’indice PCE ont augmenté de 33 % entre 1979 et 2021, ce qui correspond à d’autres analyses montrant également une augmentation des salaires médians .

    En outre, le Congressional Budget Office, organisme non partisan, utilise l’indice PCE pour mesurer le bien-être des ménages américains dans le temps. Il constate qu’avant la prise en compte des impôts et des transferts gouvernementaux, les ménages des trois quintiles intermédiaires de la distribution des revenus (ce que nous considérons globalement comme la « classe moyenne ») ont vu leurs revenus augmenter de 43 % entre 1979 et 2019. Une fois les impôts et les transferts pris en compte, ces ménages ont vu leurs revenus augmenter d’encore plus de 59 %.

    Qu’en est-il des ménages les plus pauvres ? Eh bien, ils ont vu leurs revenus augmenter de 45 % avant la prise en compte des impôts et des transferts et d’un impressionnant 94 % après. La croissance des revenus pourrait peut-être être plus forte, mais elle n’a certainement pas stagné au cours des quelque quarante dernières années.

    L’écart salarial entre les sexes

    La croyance selon laquelle les femmes sont payées nettement moins que les hommes pour le même travail (c’est ce qu’on appelle « l’écart salarial entre les sexes ») est tellement ancrée dans notre société que le Bureau du recensement des États-Unis lui a même consacré un jour de l’année symbolisant le nombre de jours supplémentaires que les femmes doivent prétendument travailler pour atteindre la parité salariale avec les hommes.

    Cette réalité statistique d’une différence dans les revenus annuels moyens des hommes et des femmes est souvent déformée pour impliquer que les entreprises paient intentionnellement les femmes moins que les hommes pour faire le même travail. En d’autres termes, la disparité statistique est confondue avec la discrimination.

    La réalité, cependant, est que les hommes et les femmes n’occupent pas les mêmes emplois, n’ont pas la même expérience, ne travaillent pas aux mêmes heures, etc. Si nous voulions vraiment savoir si les femmes sont injustement moins bien payées, nous comparerions des hommes et des femmes occupant le même emploi avec les mêmes qualifications. C’est ce qu’a fait une étude de PayScale, qui a révélé que les femmes gagnaient 99 cents pour chaque dollar gagné par un homme. Mythe démoli, n’est-ce pas ? Pas à leurs yeux. Un article connexe de PayScale déclare : « aucun écart n’est acceptable, donc l’écart salarial est réel ».

    Vraiment ? Ou peut-être que le peu qui reste de l’écart « inexpliqué » est le résultat de facteurs non mesurés qui ne sont peut-être pas liés à la discrimination. Par exemple, une étude de PLoS One analysant un marché du travail en ligne anonyme a révélé un écart de rémunération entre les sexes de 10,5 %, bien que la discrimination fondée sur le sexe soit impossible. Et l’écart n’a pas non plus complètement disparu lorsque d’autres facteurs ont été pris en compte, ce qui a amené les auteurs à conclure que :

    « … des écarts de rémunération entre les sexes peuvent apparaître malgré l’absence de discrimination manifeste, de ségrégation professionnelle et de modalités de travail inflexibles, même après avoir contrôlé l’expérience, l’éducation et d’autres facteurs de capital humain. »

    Il se peut très bien que, en raison de la discrimination sexuelle, des stéréotypes et de la pression sociale, les femmes ne bénéficient pas toujours des mêmes opportunités économiques que les hommes, ce qui contribue à une divergence entre les salaires moyens des hommes et des femmes. Cela semble tout à fait raisonnable, mais il s’agit également d’une affirmation totalement différente de celle selon laquelle les femmes sont payées beaucoup moins que les hommes pour le même travail.

    Ne vous contentez pas non plus de prendre cet article pour argent comptant ! Réfléchissez de manière critique et étudiez ces points vous-même.

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