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      Javier Gerardo Milei : diable ou sauveur du libéralisme ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 21 April, 2023 - 03:20 · 3 minutes

    Tel un diable sorti d’une boîte, Javier Gerardo Milei surgit sur la scène politique argentine sous le drapeau du libéralisme. Une très bonne nouvelle dans un pays dominé par les péronistes, une mafia politique vaguement keynesienne et franchement calamiteuse associée à des syndicats puissants.

    S’il était élu à l’élection présidentielle du 22 octobre prochain, hypothèse incertaine mais pas impossible, Milei introduirait un choc libéral inédit dans un pays de tradition autoritaire.

    Cet homme de 52 ans dont le parti s’appelle La Libertad Avanza ( « La liberté avance » ) rassemble actuellement 17 % des intentions de vote et se trouve en troisième position derrière Frente de Todos, (« Le Front de tout le monde »), l’organisation péroniste qui n’a toujours pas désigné son candidat en raison des bisbilles habituelles entre Cristina Kirchner et le président Alberto Fernández (25 %), et Juntos por el Cambio (« Ensemble pour le changement »), une coalition qui rassemble les fidèles, mais aussi les déçus de l’ancien président Mauricio Macri (27 %).

    Face à ces adversaires, Milei tranche non seulement par ses idées, mais aussi par son comportement. Très demandé sur les chaînes de télévision et soutenu principalement par de jeunes électeurs de moins de trente ans, le candidat libéral (que la gauche qualifie d’extrême droite) apparait sur les plateaux tout de cuir vêtu, un regard perçant et une masse de cheveux bruns coiffée comme un casque. Il dénonce les politiciens qu’il traite de « rats » formant « une caste de parasites » et insulte tout interlocuteur qui n’est pas d’accord avec lui. « Zurdos de mierda », leur dit-il, « gauchistes de merde ».

    Son programme est radical

    Suppression de la Banque centrale, privatisation des monnaies (et espérance déclarée du retour du dollar américain), mais aussi un tantinet complotiste. Il croit à la théorie du « marxisme culturel » qui prétend qu’un complot d’intellectuels marxistes venu de « l’école de Francfort » s’active à saper les sociétés occidentales, leurs valeurs chrétiennes et leur conservatisme traditionnel.

    Pour lui, le réchauffement climatique, le féminisme et le mouvement LGTB sont au cœur de ce « marxisme culturel ». Cette théorie n’est cependant pas exempte de relents antisémites totalement étrangers au libéralisme.

    D’où la question de savoir si Milei est un vrai libéral ou s’il raconte n’importe quoi. Pour un libéral, il est toujours difficile de questionner le libéralisme des autres. Mais Milei démontre dans ses choix un certain autoritarisme et des erreurs de jugement.

    Par exemple, il considère que Carlos Menem a été le meilleur président de l’Argentine. Or ce dernier, au pouvoir de 1989 à 1999, était un politicien notoirement corrompu et condamné en 2015 à quatre ans et demi de prison auxquelles il échappera grâce à son immunité parlementaire. Par ailleurs, au début de son premier mandat, Menem a autorisé la parité entre le peso argentin et le dollar américain, une tragique illusion qui a fait baisser l’inflation et a attiré des capitaux étrangers, mais ce faisant a créé une énorme « bulle » financière qui éclatera en l’an 2000 et que l’Argentine continue à payer très cher. Dans une tribune dans El Pais , Mario Vargas Llosas avait écrit que les réformes de Menem « étaient un rideau de fumée cachant la corruption ».

    Milei s’égare donc avec Menem mais avance tout de même des propositions libérales. Ce célibataire ne pense rien de bon du mariage, mais ne s’oppose pas au mariage gay. Il se montre libéral également face à la prostitution qu’il considère « un service comme un autre ». Mais il condamne l’avortement par un raisonnement spécieux affirmant que si la femme est propriétaire de son corps, celui de son futur enfant est un « autre corps » qui ne lui appartient pas. Il est par ailleurs en faveur du port d’armes, sujet délicat pour les libéraux.

    Il est jugé essentiel par certains libertariens, mais le libéralisme classique peut l’estimer contraire au contrat social qui réserve à l’État le monopole de la force. Le libre usage des armes aux États-Unis induit des massacres réguliers commis dans des collèges ou des supermarchés pour de sombres raisons n’ayant rien à voir avec la défense de nos libertés.

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      Un employé déprimé parmi des étagères vides, reflet du malheur de Cuba

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 19 January, 2023 - 03:40 · 2 minutes

    Par Juan Diego Rodríguez et Olea Gallardo.
    Un article de 14ymedio

    Il y a quelques années, à l’occasion d’une de ces divertissantes conférences TED qui se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, Barry Schwartz a popularisé l’expression « le paradoxe du choix » qui peut se résumer ainsi : choisir entre trop d’options produit de la paralysie et de l’insatisfaction, ce qui peut provoquer une sorte de stress très négatif dans les sociétés industrielles modernes.

    Rien de tout cela n’arrivera aux clients du magasin Panamericana des avenues Rancho Boyeros et Camagüey, à La Havane, où les rayons semblaient presque complètement vides ce lundi.

    « Comment ça se fait que ce soit comme ça ! » , s’étonne un client, l’un des rares du magasin à exiger un paiement en monnaie librement convertible (MLC).

    Un employé lui répond en soupirant de résignation : « Vous voyez comment c’est ? La dernière fois qu’il y a eu un assortiment plus ou moins décent ici, c’était en décembre et nous sommes comme ça depuis. »

    Sur les étagères, il n’y avait pratiquement pas de produits très chers que les clients n’ont pas l’habitude d’acheter, comme du bœuf inabordable pour le Cubain moyen, ou des munchies de Noël à 16 MLC, ou encore l’occasionnel paquet de haricots froissé et cher.

    Finies les images de l’ establishment où les réfrigérateurs semblaient pleins et où les files d’attente à la porte s’étendaient sur quatre pâtés de maisons. C’était en juillet 2020, juste après que le gouvernement a annoncé la vente de nourriture et de toilettes en MLC, une mesure sévèrement critiquée par la population, dont une grande partie n’a pas accès aux devises étrangères.

    Bien qu’un an plus tard, ce même marché, l’un des plus importants de la capitale avec Cuatro Caminos , à Centro Habana, et 3rd and 70th, dans la municipalité de Playa, était en crise en raison de pénuries, il ne peut être comparé à son état actuel. .

    « Il n’y a rien, c’est dépouillé, allons-y « , commente un couple entre eux.

    Pour expliquer le « paradoxe du choix », il existe des études scientifiques qui parlent, par exemple, des dommages d’une « surcharge d’alternatives » dans le cerveau s’il y a beaucoup d’options à choisir. Grâce à la Révolution, le cerveau des Cubains est en sécurité.

    Traduction Contrepoints

    Sur le web

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      Leonel Fernández : « De la diplomatie du dollar à une relation d’égal à égal »

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Thursday, 29 December, 2022 - 20:05 · 6 minutes

    Nous avons rencontré Leonel Fernández, président de la République dominicaine à trois reprises (1996-2000, 2004-2008, 2008-2012). Il revient dans cet entretien sur l’histoire de son pays, marquée du sceau de l’impérialisme américain. Sur les défis géopolitiques de l’Amérique latine et l’intégration régionale, à laquelle il cherche à contribuer en s’investissant dans le Grupo de Puebla . Et sur sa propre présidence, caractérisée par des relations cordiales aussi bien avec les États-Unis de Barack Obama que le Venezuela de Hugo Chávez.

    LVSL – Votre pays possède une longue histoire conflictuelle à l’égard des États-Unis. À quand cela remonte-t-il, et quels ont été les principaux épisodes de friction ?

    Leonel Fernádez – L’émergence des États-Unis comme empire remonte à la fin du XIXème siècle. L’impérialisme s’est étendu via la diplomatie du dollar , sous la présidence de William Howard Taft. Il s’est servi de la dette contractée par notre peuple. Initialement, c’est auprès d’institutions financières européennes que la République dominicaine était endettée. Puis, ce sont les Américaines qui sont devenus les créanciers de la République dominicaine, de Haïti, du Nicaragua, etc.

    Il faut rappeler à quel point la situation politique de ces pays était chaotique : il ne s’agissait pas de démocraties consolidées. Un état de guerre civile permanent subsistait. Les risques de défaut sur la dette ont fourni une justification à l’occupation militaire des États-Unis. Bien sûr il s’agissait d’un prétexte, d’une instrumentalisation de la diplomatie du dollar pour déployer une force militaire.

    En 1965, nous avons subi une nouvelle occupation de la part des États-Unis. Elle faisait suite à une insurrection populaire commencée dix ans plus tôt, que nous avons nommée Révolution d’avril . Elle était dirigée contre un groupe putschiste qui avait renversé le gouvernement démocratiquement élu de Juan Bosch. Celui-ci incarnait des demandes démocratiques et sociales largement partagées par la population dominicaine mais a été pointé du doigt comme communiste . Cela a fourni une justification à son renversement par la caste militaire, des secteurs de l’Église catholique et les États-Unis dirigés par John F. Kennedy. Celui-ci ne souhaitait pas que la République dominicaine se convertisse en un second Cuba.

    Raison pour laquelle nous avons été envahi en 1965… alors que nous n’avons jamais conçu cette révolution comme socialiste. Nous souhaitions simplement que Juan Bosch revienne au pouvoir. Il n’avait rien d’un communiste, c’était un démocrate progressiste avec des vues amples sur les questions sociales. C’était également un grand intellectuel et un grand écrivain, important pour l’identité nationale dominicaine.

    Regardez ce qui s’est passé en Europe après 2008 : à cause de l’euro, seule l’Allemagne a pu sortir sans douleur de la crise. Regardez le sort terrible qui a été réservé à la Grèce : il montre bien le péril que représente une monnaie unique.

    Aujourd’hui, 10% de la population dominicaine vit aux États-Unis. C’est une population bi-culturelle, bien intégrée. Raison pour laquelle nous souhaitons avoir des relations apaisées avec les États-Unis, constituée notamment d’échanges culturels, scientifiques, universitaires. Ce, malgré ce passé sombre.

    LVSL – Les relations se sont-elles améliorées avec les États-Unis ?

    LF – Du fait des occupations militaires, il existait un sentiment anti-impérialiste très fort dirigé contre les Américains. Le parti auquel j’appartenais, fondé par Juan Bosch, s’intitulait Parti de la libération dominicaine – libération contre une forme de domination impériale. J’ai baigné dans une atmosphère de nationalisme révolutionnaire. De nombreuses voies – celle de la révolution armée, notamment – ont constitué une impasse. Seule l’option électorale a abouti.

    Et je pense que les temps ont changé. De par notre proximité géographique, nous nous situons nécessairement dans la sphère d’influence des États-Unis. Une grande partie du tourisme des investissements, viennent des États-Unis – dans une moindre mesure, du Mexique. La géographie s’impose : nous devons nous entendre avec les États-Unis.

    LVSL – L’idée d’une monnaie commune pour le sous-continent, visant à libérer l’Amérique latine du dollar, a été défendue par plusieurs leaders progressistes, notamment par Lula. Quelle est votre opinion à ce sujet ?

    LF – C’est une question complexe. L’Amérique latine est en crise. Avoir une monnaie commune avec des pays si différents n’est pas chose que l’on pourrait facilement instituer. Il faudrait passer outre la résistance des banques centrales de chaque pays. Je dirais donc que c’est une option à discuter plus en détails.

    Il faut prêter attention à un phénomène important en matière monétaire : celui des crypto-monnaies. Je les perçois comme une réaction du secteur privé face au monopole des États en matière monétaire. J’y vois le dernier visage du néolibéralisme : il s’agit de la privatisation du privilège régalien de battre monnaie. Certains États ont répliqué, avec justesse, en instituant des moyens de paiement électroniques. Une éventuelle monnaie commune devrait prendre en compte cette révolution numérique.

    Je ne crois pas que le futur de l’Amérique latine réside dans la mise en place d’une monnaie unique. Regardez ce qui s’est passé en Europe après 2008 : à cause de la monnaie unique, seule l’Allemagne a pu sortir sans douleur de la crise. Regardez le sort terrible qui a été réservé à la Grèce : il montre bien le péril que représente une monnaie unique.

    LVSL – En tant que président, vous avez vécu une période constituée par d’importants projets d’intégration régionale, portés notamment par le président vénézuélien Hugo Chávez et le président brésilien Lula da Silva. Quel rôle a tenu la République dominicaine ?

    LF – Nous avons joué un rôle sous-régional, qui correspond à notre ancrage caribéen. Nous entretenons des liens étroits avec la communauté caribéenne (CARICOM), et nous sommes membres de l’association des États des Caraïbes (AEC).

    Le président vénézuélien Hugo Chávez (1999-2013) et Leonel Fernádez © PSUV

    À une échelle plus large, nous sommes membres du système d’intégration d’Amérique centrale (SICA) de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (CELAC). Nous avons ainsi adhéré à toutes les organisations dans lesquelles nous pouvions jouer un rôle significatif, pour promouvoir une identité latino-américaine dans une optique d’intégration.

    Il faut ajouter que nous avons été exclu de plusieurs programmes d’aide internationale depuis que nous avons acquis le statut de pays à revenu moyen – les aides se focalisant sur les pays à faibles revenus.

    LVSL – L’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), menée par Cuba et le Venezuela, demeure l’organisation régionale la plus « politique » de cette période. Pourquoi la République dominicaine n’en est-elle pas devenue membre sous votre présidence ?

    LF – Ce n’était pas une organisation qui correspondait à notre zone géographique, ou dans laquelle nous aurions pu jouer un rôle significatif.

    En revanche, nous avons été membres de Petrocaribe, une organisation très importante pour la République dominicaine. Elle est née d’un geste de solidarité du président Hugo Chávez. L’idée était de permettre aux pays-membres d’avoir accès au pétrole à un prix préférentiel : le Venezuela nous le fournissait à 40 % en-dessous du prix du marché. Cela a beaucoup joué dans la stabilité macro-économique de la République dominicaine sous ma présidence.

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      Brésil : quel tournant pour le bolsonarisme ?

      The Conversation · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 4 November, 2022 - 03:50 · 8 minutes

    Par Bruno Ronchi et Lucas Camargo Gomes.

    Lula vient de remporter d’une courte tête le second tour de l’élection présidentielle au Brésil face au président sortant, Jair Bolsonaro, à l’issue d’une campagne émaillée de troubles jusqu’au dernier jour .

    Cette campagne extrêmement tendue aura confirmé l’emprise durable du bolsonarisme sur la société brésilienne.

    En effet, malgré la résurgence de l’insécurité alimentaire, les presque 700 000 décès provoqués par la pandémie de Covid-19 et la hausse de la déforestation , Jair Bolsonaro et son gouvernement ont conservé tout au long de son mandat une forte popularité auprès d’une partie importante de la population. Le dernier sondage Datafolha organisé avant le scrutin indiquait que 38 % des Brésiliens considéraient le gouvernement « bon » ou « très bon », tandis que 22 % le jugeaient « moyen » et 39 % « mauvais » ou « très mauvais ».

    Si le débat reste ouvert, les recherches en cours montrent que l’adhésion aux idées bolsonaristes peut s’expliquer par plusieurs facteurs, le premier étant la stratégie de communication du désormais ex-président . Malgré les critiques récurrentes des médias traditionnels à l’égard de Bolsonaro et de son gouvernement, le bolsonarisme parvient à créer un circuit d’informations indépendant, étendu et perméable, notamment sur Internet.

    Envers et contre tous

    Le contenu reproduit par ces moyens de diffusion contribue lui aussi au maintien du bolsonarisme. Malgré ses divergences internes, le discours bolsonariste conçoit le leader et ses partisans comme des soldats dans la lutte contre « le système ». Ce « système » comprend, entre autres, les établissements d’enseignement supérieur, les institutions judiciaires, les ONG nationales et internationales, et même les Nations Unies.

    De ce fait, toute critique émanant de ces institutions et de leurs membres voit sa légitimité remise en cause, ce qui contribue à justifier les difficultés que rencontre le gouvernement dans la mise en œuvre de ses politiques.

    En outre, le discours bolsonariste insiste sur la nécessité de moraliser la société brésilienne . Cette moralisation ravive la mémoire des scandales de corruption qui ont éclaté durant les gouvernements du Parti des travailleurs et exalte les valeurs traditionnelles – comme en témoigne le slogan bolsonariste souvent répété, « Dieu, patrie et famille ». Dans ce contexte, l’utilisation de symboles nationaux et religieux renforce l’effet de moralisation, éveillant des sentiments tels que la peur et la haine.

    De surcroît, il est important de souligner le soutien économique et moral apporté à Bolsonaro par certains secteurs, comme une partie des Églises évangéliques (en particulier pentecôtistes), de l’agrobusiness, du monde de l’entreprise, de la police et de l’armée.

    Une représentation restreinte du peuple

    L’enracinement du bolsonarisme dans la société brésilienne passe dans une large mesure par la construction d’une certaine représentation du peuple. Reposant sur la figure du « bon citoyen », le peuple que Bolsonaro et son camp entendent représenter se construit avant tout par opposition aux représentations faites de l’ennemi commun bolsonariste, incarné par la gauche.

    Dans une perspective de lutte du bien contre le mal, les autres sont ici les « vagabonds », qu’ils soient intérieurs – tous ceux qui menaceraient l’intégrité des Brésiliens et de leurs familles – ou extérieurs – en ce sens, les nombreuses comparaisons avec les pays d’Amérique latine gouvernés par des partis de gauche servent à mettre en garde contre leur retour au pouvoir.

    Dans ce contexte, Lula apparaît comme la personnification de cette contre-image, soudant le « nous » bolsonariste autour d’un rejet profond. On lui attribue notamment la volonté de détruire les familles brésiliennes – sur fond de lutte contre « l’idéologie du genre », associée à la « sexualisation des enfants » – et de persécuter les chrétiens, au risque de voir leurs temples fermés – en invoquant l’exemple du Nicaragua .

    Panique morale autour de Lula

    On fustige également les politiques de lutte contre la pauvreté mises en œuvre par le Parti des Travailleurs en y voyant une forme de manipulation électorale – même si Bolsonaro cherche à mettre en avant sa propre « générosité » à l’égard des bénéficiaires de ces mêmes politiques. De plus, on présente Lula comme le candidat  du « système », soutenu à la fois par les grands médias et par les institutions chargées de réguler les élections – en particulier le tribunal suprême fédéral , représenté dans la personne de son président, le ministre Alexandre de Moraes.

    Avec la panique morale créée autour du camp Lula, se développe l’idée que le Brésil est spirituellement malade, car dominé par des forces maléfiques. Bolsonaro apparaît alors comme le seul à pouvoir lutter contre ces forces et à « guérir » le Brésil en le débarrassant d’un système profondément corrompu.

    Ce discours sous-tend une forme de rapprochement avec les électeurs, marquée par la mise en valeur de l’authenticité et de la simplicité comme des qualités intrinsèques du leader et du peuple qu’il entend représenter. L’emploi de termes vulgaires, la revendication du sens commun contre un certain intellectualisme perçu comme élitiste, ou encore son style vestimentaire traduisent une représentation quelque peu caricaturale du « citoyen ordinaire ».

    Le poids de l’électorat populaire

    D’après les derniers sondages (Datafolha, 28 octobre 2022), les électeurs dont le revenu familial est inférieur ou égal à deux smic brésiliens (environ 460 euros) ont tendance à voter pour Lula (61 % Lula, 33 % Bolsonaro). Cet écart se reproduit dans la plupart des strates où les classes populaires sont majoritaires, comme parmi les électeurs qui se déclarent noirs (60 % contre 34 %), les moins diplômés (60 % contre 34 %) et ceux qui habitent dans la région du Nord-Est, la plus pauvre du Brésil (67 % contre 28 %). Malgré cela, dans un pays où 48 % des électeurs ont un revenu familial inférieur ou égal à deux smic, le soutien de l’électorat populaire reste fondamental pour le maintien du potentiel électoral de Bolsonaro.

    Ce potentiel peut s’expliquer en partie par l’appui dont il bénéficie auprès des évangéliques . Pour autant, le camp évangélique, qui en 2018 était fortement favorable à Bolsonaro (près de 70 % des voix), est devenu aujourd’hui un camp disputé , comme le souligne Esther Solano. Cette professeure de relations internationales à l’Université fédérale de São Paulo observe que certains fidèles manifestent leur insatisfaction quant à l’instrumentalisation de leur religion à des fins politiques et note l’existence de ce qu’elle appelle le « pentecôtisme oscillant » entre Lula et Bolsonaro. Selon la chercheuse, une partie des fidèles des Églises pentecôtistes regrettent d’avoir soutenu Bolsonaro, soit en raison du manque de prise en charge de la population pendant la pandémie, soit en raison de leur désespoir économique.

    Outre les questions religieuses, le discours bolsonariste paraît trouver une certaine résonance dans la révolte des classes populaires face à la criminalité – plus intense dans la périphérie des grandes villes et dans les zones rurales. Face à cette colère, la réponse est une proposition répressive, que ce soit par la police ou par les citoyens – devenant alors libres de porter des armes à feu.

    De plus, le discours bolsonariste met en valeur l’importance de la corruption comme clé explicative de tous les problèmes. Cela contribue à la construction d’une image de l’État en tant qu’obstacle à l’épanouissement individuel et collectif – raison pour laquelle, de ce point de vue, les fonctions publiques devraient être confiées au secteur privé, affirmait Paulo Guedes, le ministre de l’Économie de Bolsonaro.

    Les effets à long terme

    Au vu de l’enracinement bolsonariste dans la société brésilienne, il est important d’envisager les effets à court et à long terme qu’il a produits sur cette jeune démocratie. Les attaques incessantes dirigées vers les autres pouvoirs, en particulier la Cour suprême, accentuent la méfiance à l’égard des institutions dont la mission est de sauvegarder l’État de droit. Ancré dans la Constitution de 1988, dont la promulgation scelle la fin de la dictature militaire, ce cadre institutionnel affichait des signes de corrosion bien avant l’arrivée de Bolsonaro au pouvoir.

    Face à la succession de crises et de reconfigurations survenues depuis la dernière décennie, marquée par la destitution de Dilma Rousseff en 2016, ainsi que par de nombreux scandales de corruption, le mécontentement généralisé devient de plus en plus palpable. Le bolsonarisme apparaît alors comme l’expression de l’antipolitique , partant de l’idée que tous ceux qui se soumettent au système sont corrompus. Une construction non dépourvue de contradictions – étant donné la longue trajectoire de l’ancien capitaine en tant que député, et surtout le fait que lui aussi est amené à faire alliance avec de vieilles forces politiques pour se maintenir au pouvoir –, mais très puissante dans une société traversée par des scandales et un certain discours moralisateur.

    Les scénarios qui se dessinent pour l’avenir de la démocratie brésilienne ne laissent pas entrevoir un « retour à la normalité démocratique » facile à opérer. Le phénomène observé actuellement se caractérise bien davantage par la déstructuration d’un cadre institutionnel historiquement situé qui montrait déjà ses limites.

    Même si la victoire de Lula était acceptée par Bolsonaro et ses partisans, il faudrait un travail de fond du nouveau gouvernement pour se réadapter aux nouvelles méthodes d’action politique, face à une opposition bolsonariste qui sera sans doute féroce et déterminée à revenir au pouvoir au plus vite.

    Bruno Ronchi , Doctorant en science politique, Université de Rennes 1 et Lucas Camargo Gomes , Doctorant en sociologie, Université Federal du Paraná, Universidade Federal do Paraná (Brazil)

    Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons . Lire l’ article original .

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      La fracture existentielle qui sépare le Brésil en deux

      Michel Faure · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 1 November, 2022 - 04:20 · 4 minutes

    Luíz Inácio Lula da Silva, élu de justesse (50,9 % des voix) le 30 octobre 2022, va présider deux Brésil irréconciliables : le sien et celui de Jair Bolsonaro, son adversaire et mauvais perdant (49,1 % des voix).

    Le premier promet l’illusion d’un retour au passé, celui d’un socialisme tropical assez inopérant, dépensier et solidaire avec des dictatures locales comme Cuba ou le Vénézuéla , mais aussi plus lointaines, avec la Russie et la Chine, cette dernière étant devenue son premier et encombrant partenaire commercial depuis 2009. Un passé par ailleurs révolu, alors que le présent annonce une récession mondiale, et pas très glorieux aussi pour avoir été entaché par la corruption et l’inaptitude à investir à long terme dans les infrastructures, l’industrialisation, les écoles et la santé.

    Le pays bénéficiait pourtant alors du boom des matières premières et des échanges commerciaux, et Lula en a profité pour subventionner les pauvres, ce qui suggère une empathie envers ces derniers – lui-même eut une enfance misérable -, mais aussi un clientélisme bien brésilien. Les pauvres sont les plus nombreux, et ils votent. Lula dit vouloir créer des emplois pour relancer l’économie. Mais avec quel argent ?

    Il exprime également son désir de préserver ce qui reste de l’Amazonie, mais en a-t-il les moyens ? Jadis farouche adversaire du projet de Washington d’une zone de libre commerce des Amériques, il va sans doute tenter de revitaliser sa diplomatie Sud-Sud et chercher à dominer l’arc de la gauche latino américaine, désormais articulé autour de Cuba, du Mexique, du Nicaragua, du Vénézuela, de la Colombie, du Pérou, de l’ Argentine et du Chili .

    Lula va également relancer les BRICS, une association dont l’intérêt reste à prouver. Brésil et Inde se retrouvent ainsi liés à une dictature communiste , la Chine, à une Russie soviétisée et belliqueuse, enfin à l’Afrique du Sud, démocratie à la probité problématique.

    Durant sa présidence, Jair Bolsonaro , ancien militaire et député obscur, ne s’est pas révélé un grand champion de la démocratie, et n’a pas non plus inventé l’eau tiède. Comme Lula, il fait référence au passé, mais un passé radicalement différent quand il chante les louanges d’une longue dictature militaire (1964-1985) au bilan économique calamiteux qui laissa à la démocratie renaissante une inflation à trois chiffres et un bilan humain désolant.

    Bolsonaro, traditionaliste radical, fervent évangéliste hostile à l’avortement, se présente comme le défenseur de la famille et de la liberté. Il a fait campagne en 2017 sur un programme économique très libéral, avec aux manettes un vieux banquier « Chicago Boy », Paulo Guedes, qui promit de déréguler  l’économie, privatiser des entreprises publiques, instaurer une flat tax et une réforme des retraites, alors extraordinairement inégalitaires. C’est finalement la seule réforme qui sera accomplie. La pandémie de la covid – que Bolsonaro traite de grippette pour ne pas entraver l’économie – met la politique entre parenthèses et frappe le Brésil, causant la mort de 600 000 personnes.

    À l’heure où sont écrites ces lignes, Bolsonaro n’a pas encore accepté sa défaite et reste silencieux. Dans un pays de 215 millions d’habitants, seuls deux millions de voix lui ont manqué. Il a perdu, mais avec un score honorable. Le sera-t-il, lui aussi ? Ou va-t-il refuser sa défaite et menacer le pays d’un coup d’état militaire dont on peut espérer qu’il n’aura pas lieu, mais qui doit inquiéter.

    La fracture du Brésil

    Le Brésil est cassé en deux, non pas entre les riches et les pauvres, ni entre les blancs et les autres, ou le sud contre le nord. La fracture est existentielle.

    Les partisans de Bolsonaro, parmi lesquels se trouvent de nombreux déçus de Lula, veulent la sécurité, la défense de leurs droits, voient la famille comme le réseau essentiel de la vie et du bonheur. Ils croient à la liberté d’entreprendre et à la défense de la propriété. Beaucoup sont croyants, et parmi eux, nombreux sont évangélistes. Tout cela ressemble à une classe moyenne conservatrice, mais en réalité elle se sent fragile, craint de tomber dans la pauvreté, laquelle est une réalité, et souvent un souvenir familial. Son inquiétude la conduit à chercher une autorité qui prône la main ferme et la foi en Dieu. De telles caractéristiques forment un Brésil idéal. Un Brésil d’extrême droite ? Je le vois plutôt conservateur.

    Les fidèles de Lula ont eux aussi une vision essentialiste de la gauche. Ils se souviennent de la générosité des subsides de Lula, de son charisme d’ancien ouvrier champion des pauvres et des démunis.L’emprisonnement de Lula pour corruption ne fut pas pour eux la justice rendue, mais un piège tendu par la droite. Dès lors, Bolsonaro est vu comme un militariste obtus, un personnage détestable et dangereux, ami de l’agro-business prêt à dévorer la forêt amazonienne .

    On voit mal ces « deux Brésil »  se réconcilier un jour alors que chacun d’eux incarne un pays singulier. Le rapport de force est équilibré, ce qui risque d’attiser des affrontements. Bolsonaro bénéficie de la majorité au Congrès et du soutien de nombreux gouverneurs de région. Lula a le peuple avec lui, lequel se voit, lui aussi, en incarnation d’un Brésil idéal.

    La désillusion, d’un côté comme de l’autre, est pour bientôt.

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      Au Chili, la menace d’un refus plane sur la nouvelle Constitution

      news.movim.eu / Mediapart · Tuesday, 16 August, 2022 - 11:14


    Face aux crispations sur certains points de la nouvelle Constitution, le gouvernement chilien prévoit déjà des réformes au texte en cas d’adoption par référendum le 4 septembre. Une position défensive qui témoigne de l’étroitesse du chemin vers la victoire du «oui».
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      En Colombie, Francia Márquez, première afro-descendante à la vice-présidence, suscite attentes et espoirs

      news.movim.eu / Mediapart · Sunday, 7 August, 2022 - 09:20


    Francia Márquez entre en fonctions aux côtés du nouveau président Gustavo Petro dimanche 7 août. Cette femme noire et activiste écoféministe a promis d’«éradiquer le patriarcat» en Colombie et de lutter contre les discriminations, mais les écueils seront nombreux.
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      A Cuba: l'explosion d'un hôtel de luxe à La Havane fait plus d'une vingtaine de morts

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 7 May, 2022 - 08:37 · 1 minute

    LA HAVANE - Le bilan est encore provisoire, mais déjà lourd. Les quatre premiers étages de l’hôtel Saragota de la Havane (la capitale de Cuba ), classé 5 étoiles ont été soufflés par une explosion liée à une fuite de gaz. “Les premières constatations indiquent que l’explosion a été provoquée par une fuite de gaz”, a précisé sur Twitter le compte de la présidence cubaine.

    Au 7 mai, 22 morts sont à déplorer ainsi qu’une cinquantaine de blessés.

    L’hôtel de luxe était en travaux lors de la déflagration et aucun touriste ne s’y trouvait selon les autorités. Les victimes sont principalement des ouvriers qui y travaillaient alors. Quelques minutes après la déflagration, un épais nuage de fumée et de poussière s’étendait sur l’avenue du Prado, où se trouve cet établissement, à deux pas du célèbre Capitole.

    Il y a eu “une énorme” explosion et “un nuage de poussière qui est arrivé jusqu’au parc (en face de l’hôtel, NDLR), beaucoup de gens sont sortis en courant”, a témoigné à l’AFP Rogelio Garcia, conducteur d’un vélotaxi qui passait devant le Saratoga au moment du drame.

    Une dizaine d’ambulances et cinq véhicules de pompiers ont été mobilisés. Plusieurs véhicules ont également été détruits à proximité de cet hôtel connu pour avoir hébergé ces dernières années plusieurs célébrités dont Mick Jagger, Beyoncé et Madonna. Construit en 1880 pour y abriter des magasins, l’immeuble avait été transformé en hôtel en 1933 et rénové afin d’en faire établissement de luxe en 2005.

    À voir également sur Le HuffPost: À Cuba, le gouvernement veut “défendre la révolution coûte que coûte” face aux manifestants

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      Gloria Alvarez : « Trouvez le candidat qui s’aligne le mieux sur les libertés ! »

      Raphaël Krivine · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 4 March, 2022 - 04:00 · 18 minutes

    La première partie de l’entretien avec Gloria Alvarez (dirigé par Raphael Krivine) est ici /The first part of the interview with Gloria Alvarez is here

    En France, il y a un débat sur le protectionnisme . Dans les années 1990, au siècle dernier, nous étions en faveur du marché libre, de la loi de Ricardo . Mais aujourd’hui, notre industrie ne représente plus que 12 % de l’économie. Sommes-nous allés trop loin, en faisant le choix d’acheter des produits industriels à des pays qui n’utilisent pas les mêmes règles ? Quelle est votre position ?

    Permettez-moi de faire une comparaison avec les femmes. Si je voulais être une femme libérée qui parle de ses idées, devrais-je attendre que chaque femme musulmane se libère d’un mari abusif ou qu’une fille indigène au Guatemala n’aille pas à l’école parce que sa famille dit que les femmes ne devraient pas être éduquées ? Si toutes les femmes du monde doivent attendre que chaque femme de la planète se libère et coupe ses chaînes, aucune d’entre nous ne serait libérée.

    Il n’y aurait jamais eu d’Amelia Earhart ou n’importe quelle femme à laquelle je peux penser qui a brisé ses chaînes. Donc je ne crois pas à l’argument selon lequel je dois attendre que chaque pays soit libre pour que mon pays le soit. Comme par exemple Venise, qui était une région libre, un havre de paix pour les scientifiques alors que le reste de l’Europe connaissait des guerres de religion. Si vous continuez à octroyer des aides sociales, vous aurez toujours des immigrants qui, au lieu d’avoir la mentalité de travailler et de s’adapter à une culture libre, créeront une niche de leur propre culture oppressive en Occident.

    Et j’ai eu cette discussion, par exemple, avec des adhérents du Parti populaire d’Espagne. À ceux qui s’inquiètent des immigrés africains et des musulmans qui viennent avec ces idées horribles de charia pour les femmes et de privation de liberté, j’ai répondu : mais si vous vous débarrassiez de l’aide sociale ? Dans ce cas ces personnes n’auraient aucun intérêt à se déplacer en Europe. C’est la différence majeure avec les migrations du XIXe siècle…

    Ce n’est pas qu’il s’agissait de personnes blanches qui savaient mieux se comporter, c’est juste qu’il n’y avait aucune forme d’aide sociale. Ainsi les Polonais qui ont migré aux États-Unis se sont adaptés. Les Italiens, les Juifs, peu importe. Mais le problème aujourd’hui avec l’immigration, c’est que vous migrez vers des pays qui vous disent « nous offrons cette aide sociale, nous vous acceptons tels que vous êtes, et si vous commencez à mettre en œuvre une idéologie anti-liberté, nous serons d’accord avec cela et vous n’aurez aucune répercussion » .

    La dame du Parti Populaire m’a rétorqué : « Mais nous, en tant que parti de droite, nous ne pouvons pas proposer de nous débarrasser de l’aide sociale parce que nous perdrions des voix » et j’ai répondu : Le problème, c’est que les partis sont davantage intéressés par le pouvoir que par les mesures correctes qui permettraient de résoudre les problèmes. Parce que même la droite, surtout en Europe, ne veut pas de marché libre, de frontières ouvertes. Elle soutient le protectionnisme, les tarifs douaniers, davantage de barrières pour le tiers-monde et elle ne veut pas se débarrasser de son bien-être. C’est ce qui crée ce problème d’immigration.

    Contrepoints : In France there is a debate about protectionism. In the 90’, we were in favor of free market, of the Ricardo law. But now our industry represents only 12 % of the economy. Have we gone too far, making the choice to buy industrial products to countries that don’t use the same rules? What is your position?

    Gloria Alvarez : I compare it with women. If I would to be a liberated woman that talks about their ideas, I would have to wait for every single Muslim woman to liberate herself from an abusive husband or an indigenous girl in Guatemala who doesn’t go to school because her family says that women shouldn’t be educated? If all the women in the world will have to wait for every single woman in this planet to empower themselves and cut their chains free, none of us would be liberated.

    There wouldn’t have never been an Amelia Earhart or any woman that I can think of that has cut those chains. So the argument that I have to wait until every single country is free for my country to be free. I don’t buy it. Especially because whenever you liberate a region in the planet like for example, Venice that became a safe haven for scientists, when the rest of Europe was having religious wars. So I don’t buy the argument that we all have to wait for every single person.

    Of course, I do believe that if you keep having welfare, you will still have immigrants that instead of going with the mentality of working and adapting to a free culture, will create a niche of their own oppressive culture in the West. And I have had this discussion for example, with people of Partido Popular from Spain who are worried about the African immigrants and the Muslims. And they come with this horrible ideas of the Sharia for women and taking freedom away. And I was like, well, but if you get rid of welfare and these people have no incentive to move to Europe in those scenarios, they are focused on working and adapting themselves.

    That is the major difference between migration in the 19th century… It is not that they were white people who knew how to behave better. It’s just that there was no welfare whatsoever. So Polish migrating to the United States, they adapted. Italians, Jewish, whoever. But the problem nowadays with migration is that you migrate to countries that are saying, like “we have this welfare, we will accept you as you are, and if you start implementing an anti freedom ideology, we will be OK with it and you won’t have any repercussions about it”.

    So the lady from the Partido Popular answered me “But we as a right wing party, we cannot propose getting rid of welfare because we will lose votes” and I’m like “the problem is that the parties are more interested in Spain in power than in do the right thing that would actually solve the issues. Because also the right wing especially in Europe there are no free market. There are no open borders. They support protectionism, they support tariffs, they support more barriers for the third world and they don’t want to get rid of their welfare. So I think that creates that migration problem”.

    Quels sont vos arguments pour convaincre les jeunes séduits par l’État-providence ?

    La liberté ne garantit pas que vous prendrez toujours la meilleure décision, elle garantit simplement que personne d’autre ne prendra cette décision pour vous. Et je pense que les jeunes apprécient la liberté de choisir et même de faire des erreurs, car ce n’est qu’à partir d’erreurs et d’échecs que l’on peut avoir du succès. De plus en plus de jeunes y attachent de l’importance.

    La pandémie a également frappé durement les jeunes, notamment sur le plan psychologique. Le taux de suicide a augmenté. C’est la première cause de décès dans la population de moins de 30 ans et tout cela a été vendu à travers un faux sentiment de sûreté et de sécurité. Non seulement les gens disent « donnez-moi de la sécurité et je vous donnerai ma liberté » , mais ils ont aussi acheté le discours de la sécurité. Ils sont malheureux et ils décident de mettre fin à leur vie.

    Elon Musk , il y a quelques jours, a tweeté en disant « vendre la peur aux gens est le chemin de la tyrannie… » . Et ce que je dirais aux jeunes, c’est que les discours conservateur et socialiste vous vendent tous deux de la peur. Les conservateurs disent que « si nous ouvrons les frontières et que nous avons des marchés libres, vous allez être envahis par des mentalités et des idées horribles » et les socialistes vous disent que si vous laissez tout au marché libre, tout va être un désastre et que les pauvres vont rester pauvres. Alors que ma proposition est le contraire ! Je ne vous vends pas la peur, je vous dis juste qu’au moins la liberté garantit que personne d’autre ne prend les décisions pour vous, mais je n’ai pas besoin que vous soyez en mode peur pour fonctionner.

    Elon Musk Sheyene Gerardi spacex ELon Musk BY Telenovela Foro (CC BY-NC-ND 2.0)

    La liberté a besoin de vous dans un mode inspirant, dans un mode audacieux face à ses erreurs, et tout ira bien. Alors, que voulez-vous choisir ? Voulez-vous choisir l’option de la peur ou voulez-vous choisir l’option de la liberté, des chances ? C’est un bon début pour les jeunes, d’autant plus que tout le monde en a assez de la politique en général. Tout est comme un pendule. Nous repartons comme il y a 100 ans. La vieille droite devient davantage la vieille droite et la gauche devient plus extrême. Et quand il y a des extrêmes, il y a aussi une opportunité pour un peu de bon sens.

    Je crois aussi, et je le dis aux jeunes, qu’il n’est pas nécessaire d’avoir tout le monde à bord pour faire des changements. Les majorités ne changent rien. Margaret Mead dit que ce sont toujours les petits groupes qui changent le monde. C’est vrai. Nous vivons grâce à des géants comme Isaac Newton ou Elon Musk ou Steve Jobs, beaucoup de génies qui avaient la liberté de penser, de commettre des erreurs, d’expérimenter et de faire de la science, alors que la majorité de la planète n’a jamais rien créé mais profite de la liberté qu’elle a obtenue.

    La dernière chose que j’ai à dire aux jeunes, c’est que parce qu’ils ne lisent pas l’histoire, ils imaginent qu’ils vivent dans la pire des époques, que l’humanité n’a jamais été aussi mauvaise. Non, allez voir les prédictions des jeunes qui condamnent le monde et qui ont toujours existé dans la Grèce antique ou à Rome. Partout dans l’histoire, vous allez trouver ce pessimisme. Lorsque vous donnez cette perspective aux jeunes, ils commencent à apprécier la liberté, au-delà des marchés libres et des données économiques et peuvent tendre vers un sentiment d’intelligence émotionnelle et d’estime de soi que la liberté procure.

    How do you convince young people seduced by the welfare state ?

    Freedom doesn’t guarantee that you will always make the best decision, it just guarantees that nobody else makes that decision for you. Young person value the freedom of choosing and even making mistakes because only out of mistakes and only out of failures, you can have success. More and more young people value that.

    Also the pandemic has hit hard psychologically, especially young people. The suicide rates has come up. It is the number one reason of death in the population below 30 years old and it has all been sold through a false sense of safety and security. Not only people are saying like “give me safety and I’ll give you my freedom”, but also they have bought the safety speech. They are miserable and they decide to end their lives. Elon Musk, a few days ago, tweeted in saying like “selling fear to people is the path to tyranny…”. And what I would say to young people “the conservative speech and the Socialist speech are both selling you fear.

    The Conservatives say that “if we open borders and we have free markets, you are going to be invaded by this horrible mentalities and ideas” and the socialist tell you that if you leave everything to free market, everything is going to be a disaster and poor people are going to be poor. Whereas my proposal is like “I’m not selling you fear”, I’m just telling you that at least freedom guarantees that nobody else makes the decisions for you, but I don’t need you in a fearful mode for you to operate. Freedom needs you in an inspirational mode, in a daring mode of making mistakes, and it is going to be OK.

    So what do you want to choose? Do you want to choose the option of fear or do you want to choose the option of freedom, of chances? That’s a good start with young people, especially because everybody now is fed up with politics in general. Everything is like a pendulum. We are leaving again like 100 years ago. The old right is becoming more old right and the left wing is becoming more extreme. And when there are extremes, there is also an opportunity for some common sense. I also believe, and I say this to young people, that you don’t need everybody on board to make changes. Majorities don’t change anything. Margaret Mead says that you don’t deposit your faith in majorities that don’t change anything. It’s always small groups that change the world. It is true.

    We live from the benefit of giants like Isaac Newton or Elon Musk or Steve Jobs, a lot of geniuses that were individuals working, because there was freedom for them to think and to commit mistakes, to experiment and to do science. Thanks to them versus the majority in the planet who have never created anything but benefit from that freedom. So why would you wait for everybody? No, I always say to young people, you only need an organized minority that is willing to defend the principles that make sense in order not to fall in these disastrous situations.

    My last thing with young people is that because they don’t read history, they believe that they live in the worst of times, that humanity has never been this bad. No, go and see predictions of young people dooming the world that has existed since ancient Greece and Rome and the Hammurabi code. Everywhere in history, you are going to find this pessimism that everything is doomed. When you put that perspective into young people, they start appreciating freedom, beyond free markets because I wish that economic data would be enough, but I think that there has to be a sentiment of emotional intelligence, self-esteem benefits that freedom gives you.

    Quelle est votre conception du féminisme ? Par exemple, êtes-vous en faveur des quotas ?

    Pas du tout. Beaucoup de femmes socialistes ont gouverné l’Amérique latine et cela a été un désastre. Je préfère que des hommes transgenres, des hommes gays ou des hommes hétérosexuels libéraux ou libertaires gouvernent plutôt qu’une femme socialiste. Alors, quelqu’un comme Margaret Thatcher ? Oui, bien sûr ! Je ne vous soutiens pas à cause de vos organes génitaux… Je vous soutiens si vous avez des idées libertariennes ou libérales.

    Margaret Thatcher Margaret Thatcher By: Rachel Chapman CC BY 2.0

    What is your conception of feminism? For example, are you in favor or quotas?

    Not at all. A lot of socialist women have been governing Latin America and it has been a disaster. I rather have transgender men, gay men, or straight men that are liberal or libertarian governing than one socialist woman. With someone like Margaret Thatcher, yes of course! I support you not because of your genitals. I support you if you have libertarian or liberal ideas.

    Si vous étiez présidente, quelles seraient vos décisions durant vos 100 premiers jours ?

    En bref, les cinq points non négociables de ma campagne présidentielle sont : 1) la décentralisation fiscale, 2) l’anéantissement du syndicat de l’éducation et de celui de la santé. Et à la place de cela, la mise en place d’un système de chèques éducation et le système de retraite individuelle pour les travailleurs. 3) Je mettrais également en place un impôt unique et 4) je supprimerais les 14 secrétaires et les 15 ministères que compte actuellement le Guatemala et les regrouperais en quatre. 5) Enfin je consacrerais 50 % des taxes à la justice et à la sécurité.

    If you were President, what would be your decisions during your first 100 days ?

    Basically the non-negotiable five points of my presidential campaign are: 1) tax decentralization, 2) annihilation of the Union of Education and the Union of Health. And instead of that implementing the voucher system and the individual pension system for workers. 3) I would also implement one flat tax and 4) I will cut the 14 secretaries and the 15 ministries that Guatemala has right now. And I would just join them in four. 5) And I will divert 50% of the taxes to the line of justice and security. Those would be my first 100 days.

    En France, nous aurons une élection présidentielle dans 10 semaines. Que diriez-vous aux Français qui vont bientôt voter ?

    Essayez de trouver le candidat qui s’aligne le mieux sur les libertés que vous voulez préserver et défendre. Certaines personnes se disent « qu’est-ce que le candidat m’offre » . Non. Si vous avez des principes et des opinions bien trempés, la question est de savoir qui s’aligne le mieux sur ce que vous défendez… au lieu de vous interroger pour savoir qui est le plus charismatique ou le plus convaincant.

    In France, we’ll have a presidential election in 10 weeks ? What would you say to the French people who will soon vote or note vote in the presidential elections?

    Try to find whoever aligns better with the freedoms that you want to preserve and defend. Some people are like well, “what is the candidate offering me”. No. If you are strong willed in your principles and your opinions, the question becomes who aligns better with what I defend. Instead of being like let’s see who is more charismatic and who convinces me better.

    Portrait chinois

    Vos modèles féminins parmi les penseurs de la liberté ou les politiciens ? Pour des raisons pragmatiques, j’aime Margaret Thatcher ; pour des raisons philosophiques, j’aime Ayn Rand (qui manquait d’intelligence émotionnelle au-delà de sa philosophie). Mais je pense que pour le XXIe siècle, nous devons moderniser ces deux modèles.

    Vos modèles masculins parmi les penseurs de la liberté ou les politiciens ? J’aime beaucoup Frédéric Bastiat. J’aime le travail de John Stossel. J’admire également le travail de Ron Paul et de Spike Cohen, le vice-président du parti libertarien.

    Les livres que vous emporteriez sur une île déserte ? Sur une île déserte ? J’aurais besoin de la Loi de Bastiat, car on a toujours besoin d’une loi ! Je combinerais la philosophie du libertarianisme avec des notions plus futuristes. Par exemple, si nous créons la vie sur Mars ou d’autres planètes, quels seraient les principes à mettre en œuvre en tant que société humaine ? Je prendrais donc Cosmos de Carl Sagan. Je prendrais aussi des ouvrages sur les neurosciences.

    Les derniers livres que vous avez lus. Une brève histoire des drogues d’Antonio Escohotado, l’un des plus importants penseurs classiques libéraux et libertaires d’Espagne, récemment décédé. Et je lis aussi 21 leçons pour le XXIe siècle de Yuval Noah Harari.

    Les applications que vous consultez le plus souvent sur votre téléphone : Twitter et Instagram

    Votre chanson préférée du moment sur votre playlist : Politik de Coldplay

    Vos sports préférés : le yoga tous les jours + beaucoup de vélo et j’aime tout ce qui touche à la nature comme la randonnée ou l’escalade…

    Chinese portrait

    Your female role models among freedom thinkers or politicians? For pragmatic reasons I like Margaret Thatcher; for philosophical reasons, I like Rand (who lacked some emotional intelligence beyond her philosophy). But I think that for the 21st century we need to modernize both those models.

    Your male role models among freedom thinkers or politicians? I like a lot Frederic Bastiat. I like the work of John Stossel. I also admire the work of Ron Paul and Spike Cohen the vice president of the Libertarian Party.

    The books you would take with you to a desert island? I will need the Law of Bastiat because you always need a law!  I would combine the philosophy of libertarianism with something more futuristic. Like if we make life on Mars or other planets, what would be the principles that we will take as a human society to implement? So I will take Cosmos from Carl Sagan. I would take I would take something about neuroscience.

    The last books you have read. A brief history of drugs by Antonio Escohotado one of the most important classical liberal libertarian thinkers of Spain who recently passed away. And I’m also reading 21 lessons for the 21st century from Yuval Noah Harari

    The apps you check the most on your phone: Twitter and Instagram

    Your current favorite song on your playlist : Politik from Coldplay

    Your favorite sports :  yoga everyday + a lot of bicycle and I love anything involving nature like hiking or climbing…