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      En Chine, la stratégie zéro Covid est-elle devenu un piège pour Xi Jinping?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 4 May, 2022 - 13:49 · 6 minutes

    Xi Jinping, ici en février 2022, brigue un nouveau mandat à la tête de la Chine, mais la situation sanitaire le fragilise. Xi Jinping, ici en février 2022, brigue un nouveau mandat à la tête de la Chine, mais la situation sanitaire le fragilise.

    CHINE - Confinement strict, campagnes de dépistage massives, centres de quarantaine collectifs... Depuis plus d’un mois, les 26 millions d’habitants de Shanghai sont soumis à une discipline stricte en raison de la pire vague de Covid que connaît la Chine depuis le début de la pandémie. La capitale Pékin pourrait bientôt subir le même sort: quelques dizaines de cas sont détectés quotidiennement, poussant les autorités à paralyser un peu plus la ville en fermant des dizaines de stations de métro ce mercredi 4 mai.

    Cette stratégie dite “zéro Covid” , qui consiste à stopper totalement la diffusion du virus, a été décidée par un homme: le président Xi Jinping. Sauf que cette politique drastique, que seule la Chine a conservée au contraire de l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou la Corée du Sud, pourrait se retourner contre lui à quelques mois du XXe Congrès du Parti communiste chinois. Une échéance cruciale lors duquel il vise un nouveau mandat de secrétaire général du parti et qui sera une rampe de lancement pour garder son poste de président de la République, fonction pour laquelle il a supprimé la limite des deux mandats afin de se faire réélire potentiellement à vie.

    “La stratégie zéro Covid a fonctionné au début de la pandémie”, rappelle Valérie Niquet, spécialiste de la Chine à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et auteure de La puissance chinoise en 100 questions (Tallandier). “L’État chinois s’est d’ailleurs servi de ses succès initiaux pour montrer qu’il était supérieur aux Occidentaux, qui comptaient des milliers de morts, pour protéger leur population”, ajoute-t-elle.

    “Omicron change la donne”

    La Chine a même célébré sa victoire sur le virus dès le 8 septembre 2020, lors d’une cérémonie présidée par Xi Jinping. “Le pouvoir montre que le président est à l’origine du succès de cette guerre contre le coronavirus. Il y a un culte de la personnalité qui met en avant sa supériorité, sa réussite”, souligne Valérie Niquet.

    “Mais Omicron a changé la donne, poursuit-elle. On s’aperçoit que sa progression est trop silencieuse et importante pour que la stratégie zéro Covid marche.” Alors que les autres pays ont décidé de tolérer le virus et ont recommencé à vivre normalement, la Chine confine puis déconfine toujours au moindre cas détecté. Antoine Bondaz, aussi chercheur à la FRS, relativise: “La stratégie a plutôt bien fonctionné récemment à Xian (centre) ou dans la province de Jilin (nord-est). Le problème, c’est Shanghai où il y a encore plusieurs milliers de cas après cinq semaines de fermeture. Leur nombre est cependant en baisse, il y en avait plus de 20.000 il y a quelques semaines.” En tout cas, s’accordent les deux spécialistes, le pouvoir ne veut pas se fragiliser après avoir tant vanté sa stratégie, et exclut de changer de cap.

    Outre l’aspect politique, difficile pour la Chine de changer de paradigme alors qu’elle a refusé d’acheter des vaccins étrangers pour promouvoir le sien appelé Sinovac, moins efficace. D’un point de vue sanitaire, l’abandon de la stratégie zéro Covid alors que le système de santé est peu développé, que l’immunité collective n’existe pas, et que le taux de vaccination reste peu élevé -environ 20% des plus de 80 ans ont reçu une troisième dose- aurait pour conséquence une hausse des cas, des hospitalisations et des morts dans des proportions dramatiques.

    “Un problème shanghaïen”

    Garder cette stratégie zéro Covid fait cependant du mal à l’économie chinoise. Le confinement de plusieurs villes et surtout de Shanghai, la capitale économique du pays, a grippé les chaînes d’approvisionnement et mis à l’arrêt des entreprises dans la plupart des secteurs. Le port de Shanghai est congestionné, les conteneurs arrivent et partent au compte-gouttes... Ce ralentissement pourrait empêcher la Chine d’atteindre son objectif de 5,5% de croissance en 2022.

    Cette situation a conduit le détenteur d’un fonds d’investissement, Weijian Shan, réputé proche du pouvoir, à critiquer vertement le régime lors d’une réunion d’affaires. “Nous avons un leadership qui croit savoir ce qui est mieux pour l’économie et mieux pour la vie des gens. Hélas, je pense que leurs connaissances et leur rationalité ont des limites”, aurait-il déclaré selon le Financial Times . Pour Antoine Bondaz, cette critique n’atteindra pas le pouvoir: “Les avis d’hommes d’affaires basés à l’étranger n’auront pas d’influence. Pour le moment, les patrons d’entreprises sur le territoire ne disent rien. Et de toute façon, si la Chine laisse filer le virus, les conséquences économiques seraient encore pires.”

    La population, elle, en a marre. À Shanghai, les habitants confinés ont manifesté leur colère par des concerts de casseroles et des cris aux fenêtres . Malgré la censure, certaines vidéos ont fait le tour du monde. La nourriture manquerait. Antoine Bondaz explique encore que ces critiques ne fragiliseront pas l’État central qui rejette la faute sur les autorités locales. “Ce n’est pas un problème chinois, mais un problème shanghaïen. Il y aura sûrement des sanctions dans les prochaines semaines”, estime-t-il d’ailleurs. Et pour éviter une contagion de la contestation, “l’État a mis en place une politique très préventive à Pékin”, ajoute-t-il. Les habitants de la capitale ont par exemple été testés à plusieurs reprises en une semaine pour éviter la propagation du virus.

    Xi Jinping reconduit mais marginalisé?

    Valérie Niquet assure qu’en interne, au sein du PCC, des personnes commencent également à parler. “Il y a eu des articles dans lesquelles des personnes, scientifiques ou politiques, s’interrogent sur la nécessité de cette stratégie zéro Covid. Pour le moment, c’est assez peu évident mais si la situation perdure avec Shanghai et Pékin, cela pourrait peser sur l’avenir de Xi Jinping”, juge-t-elle.

    La stratégie zéro Covid est-elle devenue un piège pour le leader chinois? “Ce n’est pas parce qu’il y a des problèmes que le régime va s’effondrer du jour au lendemain. Il reste compliqué de mettre en danger Xi Jinping”, tempère Valérie Niquet. Oui, tant que la crise reste locale, complète Antoine Bondaz: “La stratégie chinoise a fonctionné parce que les clusters étaient limités à certaines régions, il n’y a jamais eu de confinement national. La propagande marche à fond, il n’y a pas de signe de fragilisation. Mais si la crise sanitaire devient nationale, Xi Jinping pourrait effectivement être en danger.”

    Bien qu’il soit encore trop tôt pour imaginer ce qu’il peut se passer lors du XXe Congrès du PCC, Valérie Niquet n’exclut pas la possibilité de “débats à l’intérieur du parti entre ceux qui critiquent et ceux qui sont pour la stabilité”. Il apparaît certain que Xi Jinping sera reconduit mais “sa liberté peut être réduite, il pourrait être marginalisé”. La fin d’un pouvoir quasi absolu? Réponse à l’automne.

    À voir également aussi sur le Huffpost: En Chine, un spectacle démentiel à la gloire des 100 ans du parti communiste et de la gestion du Covid

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      Reconfinement : Pas-de-Calais puni, Seine-Saint-Denis épargnée

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 5 March, 2021 - 09:50 · 4 minutes

    reconfinement déconfinement

    Par Frédéric Mas.

    Le Pas-de-Calais devrait endurer de nouveaux confinements le week-end et la fermeture de ses grandes surfaces de plus de 5000 m2 alors que le taux d’incidence du covid-19 du département est comparable à celui de Seine-Saint-Denis, qui elle est épargnée par les restrictions.

    L’annonce a suscité la protestation d’élus du Pas-de-Calais qui ont dénoncé le deux poids deux mesures du gouvernement et le caractère punitif des nouvelles restrictions.

    C’est que l’action du gouvernement ne prend pas appui sur des raisons uniquement sanitaires, mais aussi, comme l’indique FranceInfo , sur un « argument social » . Citant le journaliste de France 2 Jean-Baptiste Marteau, France Info rapporte :

    « Le taux d’incidence n’est pas le seul critère pris en compte, […] la concertation avec les élus locaux a joué dans la balance, et il semble que ceux du Pas-de-Calais étaient beaucoup plus favorables à l’idée d’un confinement, ce qui n’était pas du tout le cas en Île-de-France. Deuxième argument : être confiné dans le Pas-de-Calais ou dans une cité de Seine-Saint-Denis, ce n’est pas la même chose »

    Reconfinement : pas d’unanimité chez les élus locaux

    Les vives protestations des maires de Boulogne-sur-Mer, Hesdin ou du Touquet indiquent que la décision de reconfiner était loin de faire l’unanimité des élus locaux.

    Le préfet du Pas-de-Calais Louis Le Franc avait préconisé le reconfinement le week-end dès mardi, appuyant la demande de certains élus comme celle du maire de Calais Natacha Bouchart (LR). Arguant d’un taux élevé d’occupation des lits (97 %) en réanimation et d’un taux d’incidence deux fois supérieur à la moyenne nationale, madame Bouchart estimait qu’il n’y avait pas le choix.

    Fallait-il reconfiner autoritairement toute la région alors que la situation montrait une certaine hétérogénéité, comme l’indiquent les différentes voix qui se sont élevées ? Que penser de mesures restrictives de liberté prises sur critères politiques, et non scientifiques ?

    Le constat de l’urgence sanitaire jugé au doigt mouillé

    Les restrictions aux libertés seraient plus mal vécues en Seine-Saint-Denis que dans le Pas-de-Calais. Le virus serait-il sensible aux exigences de justice sociale, épargnant les plus pauvres et punissant les plus riches ? On savait depuis une déclaration de M. Delfraissy, que le virus était « diabolique » et « intelligent », nous ne savions pas qu’il était en plus socialiste.

    Mais vivre en Seine-Saint-Denis est-il plus infernal que de vivre dans le Pas-de-Calais, en se fondant sur un critère social ? Si nous acceptons de prendre ce propos au sérieux, observons que selon l’Insee le Pas-de-Calais et la Seine-Saint-Denis se situaient respectivement à la 94 e place et à la 99 e place du classement des départements les plus pauvres de France sur 104 en 2017.

    L’État ne serait-il pas tout simplement en train de rationaliser sa faiblesse quand il s’agit d’assurer ses missions essentielles ? L’état du régalien en Seine-Saint-Denis n’est pas vraiment comparable à celui du Pas-de Calais. Un rapport sénatorial de 2018 observait déjà que la Seine-Saint-Denis était « championne des agressions, des violences physiques et du trafic de stupéfiants » .

    Face à l’explosion de la violence, les rapporteurs observaient que l’administration préconisait même de fermer les postes de police la nuit alors que les besoins allaient grandissants. « Il paraît effarant, lorsque la délinquance et la criminalité augmentent, que les services de police diminuent. » notent les rapporteurs.

    Sauf si on a abandonné tout espoir d’y faire régner le droit. Est-ce que parce que l’État a démissionné en Seine-Saint-Denis, et qu’il y est désormais incapable d’y faire appliquer ses consignes les plus basiques, qu’il a évité le reconfinement ?

    Il semblerait donc que ce soit sur des critères politico-sociaux plus que scientifiques que le gouvernement reconfine le Pas-de-Calais et épargne la région parisienne. Cela porte un nom : arbitraire. Céder aux multiples féodalités politiques et administratives n’efface pas la responsabilité du gouvernement dans cette nouvelle attaque adressée à l’État de droit et à l’isonomie libérale.

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      Le virus a tué l’ordre libéral

      Daniel Hannan · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 5 March, 2021 - 04:40 · 4 minutes

    l

    Par Daniel Hannan .
    Un article du John Locke Institute

    Les choses ne reviendront pas à la normale. L’impact politique et psychologique de la Covid-19 durera des décennies. Le monde vers lequel nous nous dirigeons en ressortira plus pauvre, plus mesquin, plus crispé, plus autoritaire.

    Une épidémie se déclenche désormais dans nos cerveaux. Nous devenons plus prudents et moins tolérants à l’égard de la dissidence. Nous exigeons la fermeté de l’État. Et cette façon de penser ne changera pas quand le virus disparaîtra.

    Les changements suite à la Seconde Guerre mondiale

    Pensez aux changements politiques qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, ce fut  la dernière fois que les gens se sont sentis collectivement menacés à cette échelle. Les restrictions qui étaient censées être introduites dans l’urgence sont restées en place longtemps après la fin de l’urgence : rationnement alimentaire, cartes d’identité, conscription, économie contrôlée.

    Pourquoi ? Parce que les guerres et les épidémies nous renvoient à nos instincts de chasseurs-cueilleurs les plus primaires. Nous devenons plus repliés sur nous-mêmes, plus tribaux, plus collectivistes, plus hiérarchiques.

    En d’autres termes, les grandes perturbations de ce type nous rappellent à quel point l’ordre libéral est contre nature et combien l’individualisme et la prospérité des deux derniers siècles ont été fragiles et contingents.

    La mondialisation réduit la pauvreté, mais nous refusons de l’accepter

    « Le libre-échange, la plus grande bénédiction qu’un État puisse accorder à un peuple, est impopulaire dans presque tous les pays », écrivait Lord Macaulay en 1824. Depuis lors, les revenus mondiaux moyens ont augmenté, selon une estimation prudente, de 3000 %, alors qu’ils n’avaient guère augmenté auparavant.

    La mondialisation et l’ouverture des marchés ont permis de réduire miraculeusement la pauvreté. Prenez les mesures que vous voulez : alphabétisation, longévité, mortalité infantile, éducation des femmes, apport calorique, taille.

    Pourtant, sous l’emprise de nos instincts préhistoriques, nous refusons toujours de l’accepter. Nous nions l’évidence d’une prospérité croissante ; ou bien nous nous disons que l’augmentation du niveau de vie a un coût terrible, que la société est devenue sans âme et matérialiste, qu’il manque quelque chose.

    Chaque mouvement de protestation contre l’ordre libéral moderne – romantisme, existentialisme, fascisme, communisme, fondamentalisme religieux – est un cri torturé de notre homme des cavernes intérieur, qui aspire au collectivisme et à l’autorité du groupe social.

    En sortant de la chrysalide du confinement, nous nous trouvons subtilement transformés. La demande de gouvernements autoritaires de gauche et de droite est plus forte. Il y a davantage de protectionnisme, et donc plus de pauvreté. Il y a moins de tolérance à l’égard de la dissidence. Il y a davantage de politique identitaire, la forme ultime de collectivisme car elle définit les gens, non pas en tant qu’individus, mais en tant que groupe.

    « Ce n’est qu’au début du crépuscule que la chouette de Minerve prend son envol », écrivait Hegel. Il se peut que les idées que nous tenions pour acquises à l’époque moderne – que l’individu est plus qu’une simple partie d’un collectif, que les dirigeants ne devraient pas pouvoir établir les règles au fur et à mesure, que ceux que nous n’aimons pas pourraient encore avoir des choses utiles à dire, que nos relations les uns avec les autres ne devraient pas être définies par la naissance ou la caste – aient été une erreur, une exception.

    Nous arrivons peut-être, pour ainsi dire, à la fin d’un bref âge interglaciaire entre deux longues périodes glaciaires.

    Il est temps de célébrer l’ordre libéral

    Alors que les glaciers se retirent, marquons ce que nous laissons derrière nous. Célébrons le miracle extraordinaire qui a libéré la race humaine de dix mille ans de servitude et qui nous a élevés à un sommet de richesse et de bonheur qui était inimaginable jusque très récemment.

    Reconnaissons les résultats d’un système de marché qui a mis fin à l’esclavage, brisé les tyrannies, élevé le niveau de vie des gens ordinaires, des femmes libérées ainsi que des minorités, un système qui a défendu la dignité de l’individu.

    Célébrons le premier modèle économique qui a permis aux gens de progresser, non pas en aspirant le pouvoir en place, mais en offrant des services à ceux qui les entourent. Faisons le deuil, en passant, de l’ordre libéral qui, avant la pandémie, a épongé les dernières flaques de pauvreté sur cette planète.

    Reconnaissons ce moment capitaliste, où la raison a vaincu le dogme et où les personnes ordinaires ont pu profiter de modes de vie dont les rois médiévaux n’auraient pas pu rêver. C’est une prouesse d’autant plus remarquable qu’elle n’a pas été comprise ou appréciée. Ses bénéficiaires sont restés méfiants et hostiles jusqu’au bout.

    Ce n’est que maintenant, peut-être, alors que nous retournons à notre condition naturelle, que nous apprécions ce que nous perdons.

    Traduction par Justine Colinet pour Contrepoints de The Virus Has Killed the Liberal Order de John Locke Institute

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      Couvre-feu et confinement ne sont qu’un appoint, vaccinons pour en finir

      Jean-Paul Laplace · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 5 March, 2021 - 04:20 · 7 minutes

    confinement

    Par Jean-Paul Laplace.

    Le lundi 1 er mars, la presse a fait écho aux propos du président de la République, incitant des jeunes gens à « tenir encore 4 à 6 semaines » , et à supporter encore le couvre-feu dès 18 heures.

    On ne peut que saluer ce propos qui, en proposant un horizon, vient soutenir l’espoir du retour à une vie libre de sa spontanéité sociale et affective.

    Mais on s’interroge aussitôt. S’agit-il d’un propos rassurant, d’une simple espérance, ou d’un raisonnement fondé ? Voilà qui incite à évaluer les solutions disponibles face à la situation actuelle sur le territoire national.

    Une situation à haut risque

    De fait l’épidémie ne faiblit pas vraiment en France où l’on enregistre en moyenne quelques 21 000 cas positifs et 300 décès quotidiens. Après l’embellie de l’espoir porté par les vaccins, l’irrésistible expansion des divers variants fait redouter une mise en défaut de la protection vaccinale.

    Les hôpitaux avaient retrouvé une configuration presque normale et repris le cours des hospitalisations ordinaires ou programmées. Les voici à nouveau confrontés à un afflux important de patients, au bord de la saturation, avec des personnels déjà usés par les mois écoulés, et contraints à déprogrammer les interventions non urgentes.

    N’imaginons pas que le Ségur de la Santé ait résolu les problèmes graves de l’institution hospitalière. Quelques pansements sur les plaies, mais aucune réforme de fond qui au demeurant ne pourrait porter ses fruits qu’à moyen terme.

    Le virus est partout à un niveau qu’il convient de contenir.

    La situation peut à tout moment déraper, les exemples récents de Nice ou de Dunkerque, ou encore celui de la Moselle, sont là pour le rappeler. La France a connu il y a peu (le 24 février 2021) un pic journalier à 31 519 cas confirmés de contamination, chiffre que nous n’avions pas connu depuis mi novembre 2020.

    Ce sont aujourd’hui vingt départements qui sont en alerte renforcée. L’Île-de-France qui représente une population considérable est dans une situation alarmante. L’accroissement de l’incidence y est le double de la moyenne nationale, soit + 16,6 % le 26 février et les entrées en réanimation sont en augmentation continue.

    Légèreté et maladresses

    Jouant comme à son habitude les Père Fouettard, le Premier ministre répète le 2 mars, évoquant les départements dits sous tension, que « les semaines qui arrivent vont être difficiles » . Mais, à son tour, il assure quand même que « l’horizon va s’éclaircir ».

    Bien sûr on s’efforce de casser les chaînes épidémiques, de disperser les rassemblements festifs clandestins et de calmer sa majesté Carnaval. On incite avec insistance au télétravail. On interdit la vente d’alcool qui favorise les regroupements conviviaux autour des points de vente et incite au relâchement de l’attention.

    Malencontreusement décrié par des acteurs publics voici un an, on redécouvre les vertus du port du masque. Ainsi le Préfet des Yvelines décide-t-il par arrêté (2 mars 2021) de l’obligation du port du masque dans l’ensemble du département. Enfin ! serions-nous tentés de dire, s’agissant d’une mesure simple et d’une efficacité certaine.

    Il y a bien longtemps en effet que le port systématique du masque en tout temps et en tout lieu a été rendu obligatoire, par exemple sur l’ensemble du territoire de la Communauté urbaine de Lyon. Et l’on découvre avec incrédulité que dans des villes comme Dunkerque et Nice où l’épidémie a flambé récemment, le port du masque n’était pas obligatoire !

    Qui, du maire ou du préfet, a tant tardé à l’imposer ? Peu importe ; mais cette carence fautive n’a pas empêché plusieurs maires de pleurnicher devant les caméras compatissantes pour réclamer davantage de vaccins pour leur ville. Comme si le fait d’avoir manqué de rigueur autorisait des manquements aux règles d’une répartition équitable.

    La fausse bonne idée

    Quoi qu’il en soit, il était un peu tard pour intervenir, à Dunkerque ou à Nice, et ne restait pour soulager les hôpitaux que la mesure primitive de la restriction de liberté pour limiter les contacts. Le couvre-feu a donc été privilégié. Mais au-delà du classique 18 heures à 6 heures, déjà contesté avec l’allongement de la période diurne, on a innové en inventant le couvre-feu du week-end.

    Un coup de génie ! On essaie d’enfermer les gens justement les deux jours où, en principe libérés des contraintes de la semaine, ils espèrent s’aérer, voir autre chose que quatre murs, forts de cette certitude (établie) selon laquelle les contaminations surviennent très majoritairement en intérieur mais très peu en plein air.  L’incompréhension, déjà grande, gagne encore dans l’esprit des Français.

    Néanmoins, rusés comme à leur habitude, en région PACA, les Français ont massivement quitté les communes littorales soumises à ce couvre-feu d’un nouveau genre, pour filer vers l’arrière pays et ses stations de ski. Ainsi avons-nous assisté à de gigantesques embouteillages de véhicules offrant aux caméras de télévision l’image de la promiscuité de leurs occupants… Le contraire du but recherché !

    Nous saurons bientôt si un semblable dispositif sera étendu dès le 6 mars à d’autres départements, incitant à d’autres évasions ! On n’ose imaginer quel pourrait en être le résultat en Île-de-France, alors qu’on redoute déjà une vague différée consécutive au retour massif des vacances d’hiver de la zone C le 28 février.

    L’espoir en deux solutions

    En réalité tout doit être fait pour éviter le confinement autoritaire sous quelque forme que ce soit, et nous disposons de deux solutions complémentaires.

    La première procède de nos comportements individuels, de notre vigilance à respecter les gestes barrière simples, peu onéreux, et efficaces, même face aux variants : distanciation, port du masque, hygiène et gestes adaptés.

    Ces comportements individuels sont une arme essentielle au bénéfice de la collectivité. Et je suis heureux de constater que le ministre en charge de la Santé le dise enfin : « Le comportement de chacun au quotidien est important ».

    La seconde solution qui nous est offerte est celle de la vaccination. La chance qu’elle représente est encore sous-estimée, eu égard à sa grande efficacité potentielle. Son déploiement est hélas beaucoup trop lent. Elle montrera toute sa puissance à la condition d’être rapide et massive, et de surmonter quelques écueils.

    Le bénéfice attendu ne doit pas être anéanti dans les marécages d’une administration défaillante ou frileuse, empêtrée dans ses procédures et ses instructions interminables. Là réside le plus grand risque d’échec.

    Les réticences exprimées devant tel ou tel vaccin, motivées par des peurs ou des incompréhensions, sont navrantes. Alors que la vaccination a été étendue depuis le 6 février 2021 à l’ensemble des professionnels de santé, seulement 25 % des 600 000 doses d’AstraZeneca destinées aux soignants auraient été utilisées en un mois. Beaucoup de Français auraient aimé pouvoir profiter de ce stock dormant.

    Enfin il est choquant qu’aussi peu de soignants soient à ce jour vaccinés. En Île-de- France, au 26 février 2021, seulement 34 % du personnel médical de l’APHP aurait reçu une première injection et entre 16 et 17 % des autres personnels.

    Dans le même temps, Santé publique France dénombrait 44 401 cas de Covid nosocomiale dont plus de la moitié concerne des patients (26 839) et 186 décès au 14 février 2021. Cela est grave.

    Le vaccin mieux que le couvre-feu

    En définitive, le confinement complet généralisé nous est interdit de fait, et en brandir la menace serait très maladroit. Les confinements limités sous forme de couvre-feu peuvent au mieux permettre de limiter la surcharge des hôpitaux, ce qui est probablement le but recherché. Mais en aucun cas le couvre-feu, de plus en plus mal toléré, ne constituera la solution susceptible de nous conduire au bout du tunnel.

    Seule la vaccination nous montre la sortie de crise, mais elle va devoir changer de rythme, et vite. L’espoir d’une issue perceptible dans quatre à six semaines, indiqué par le chef de l’État et repris depuis par la communication du gouvernement, repose à l’évidence sur un calcul raisonné, fondé sur la mise en œuvre rapide et massive des vaccins dont la livraison est acquise ou programmée. Il faut pour cela que l’intendance suive…

    Nous avons tous envie d’y croire.

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      Covid-19 : le quoi qu’il en coûte est tout sauf un choix humaniste

      Elie Blanc · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 March, 2021 - 03:50 · 5 minutes

    Par Elie Blanc.

    Que tout cela nous semble loin. Il y a bientôt un an, le 17 mars 2020 , le président annonçait que le pays se confinerait pour faire face à l’épidémie. Personne n’ose alors remettre en question publiquement cette décision. La mesure paraissait radicale, mais le principe de précaution rassurait une population inquiète par une situation inédite et convaincue que si l’État prenait des décisions si fermes, c’était forcément pour son bien.

    Bien naïvement, la plupart d’entre nous imaginions probablement que c’était juste l’affaire de quelques semaines et que le gouvernement nous rendrait nos libertés aussi rapidement qu’il les avait confisquées.

    Et puis après tout, après 70 ans de néo-libéralisme , il était plutôt bienvenu que l’État reprenne enfin les choses en main.

    « Ils oublient que l’histoire est tragique » aurait soupiré Raymond Aron.

    Une jeunesse sacrifiée qui devrait se mettre en colère…

    Nous voilà pourtant un an plus tard.

    Le temps où nous étions libres nous semble lointain dans un monde gouverné par des contraintes sanitaires arbitraires et changeantes , avec à sa tête un ministre débordé par la rédaction d’un livre qui ne rendra probablement que plus flagrante l’étendue de son ignorance, et un chef de guerre occupé à faire le pitre sur Youtube pour redorer son image auprès des jeunes.

    Peut-être seriez-vous alors tentés de suggérer que ne pas les enfermer dans leur 15m² et leur imposer des mesures toujours plus absurdes, tout ça pour les protéger d’un risque statistiquement inexistant pour eux, aurait été une stratégie plus efficace.

    Mais gardez donc cette remarque absurde pour vous, il FALLAIT protéger les plus âgés, et ce quoi qu’il en coûte . Et si vous doutez toujours, c’est que vous êtes un complotiste, probablement supporter de Trump et certainement très méchant.

    Malgré tout, et alors qu’elle semblait pourtant complètement résignée et engagée dans la lutte contre la Covid, la jeunesse a récemment fait preuve d’ un timide mécontentement , dont certains médias se sont fait l’écho. Certains ont même eu l’audace de parler de génération sacrifiée.

    Rendez-vous compte, des jeunes qui osent se plaindre de ne plus pouvoir étudier et travailler, quel toupet ! Nos chers boomers s’étranglaient devant l’inconscience de ces petits cons qui s’étaient déjà suffisamment fait remarquer en participant à de honteuses rave-party .

    On concèdera que pour une génération soixante-huitarde davantage habituée à faire la révolution et à vivre sur le dos des générations suivantes par la magie de la dette, il doit être difficile de concevoir que la jeunesse puisse vouloir travailler au lieu de bloquer les facs ou imposer par le sang un énième échec communiste afin de trouver une alternative au capitalisme. Alors on fait preuve de patience et de compréhension.

    Mais lorsque le nombre de suicides chez les 18-25 dépassera le nombre d’octogénaires morts du Coronavirus, peut-être que le gouvernement changera de cap, ou peut-être que notre génération se réveillera. Ou peut-être que nous nous laisserons juste gentiment mourir de faim.

    Le risque qu’un sentiment de rancœur grandisse parmi la jeunesse et les jeunes adultes n’est ainsi pas négligeable. Ils sont pour l’instant trop occupés à défendre l’écriture inclusive ou le sort des punaises de lit, mais cela pourrait changer.

    … pour défendre sa liberté

    Dans ce contexte suffisamment toxique, tâchons de mettre de côté notre cynisme et trouvons comment donner un sens positif à notre colère.

    Malgré ce sentiment d’injustice, la jeunesse ne doit pas se tromper de combat et se laisser emporter par une possible rancœur envers ses parents et grands-parents. La réalité de ce virus n’est en fait pas une question d’âge, puisque nous sommes tous confrontés au même dilemme : avoir des relations sociales et prendre le risque d’être contaminé, ou minimiser ce risque en limitant nos interactions sociales. Le risque en cas de contamination augmente avec l’âge, mais le problème reste le même.

    Face à ce dilemme, il n’existe que deux voies possibles : imposer une décision collective ou laisser les individus agir librement . La France s’est évidemment précipitée sur la première option, dans un réflexe quasi-instinctif, et s’y est écrasée lamentablement, à la manière d’un insecte attiré par une lampe lors d’une nuit d’été.

    Quel que soit votre âge vous êtes pourtant capable de choisir le meilleur pour vous, et éventuellement de faire évoluer votre choix en fonction de l’évolution de l’épidémie et du risque estimé. Mais soyez rassuré, jeune ou vieux, vous ne serez jamais assez grand aux yeux de l’État pour décider par vous-même. Il prendra forcément les meilleures décisions pour vous.

    Certains pourraient objecter qu’il serait utopique de laisser s’exprimer la liberté individuelle , car si nous étions tous libres de sortir, le nombre de contaminés augmenterait drastiquement, provoquant une saturation des hôpitaux et faisant finalement exploser le nombre de décès.

    Mais cette objection n’est pas pertinente. Dans la mesure où les individus sont dotés de raison, ils ajusteraient par conséquent leur comportement à mesure de l’évolution du risque. S’il augmente sensiblement, il y a fort à parier qu’un plus grand nombre de personnes choisiraient de limiter les possibilités de contaminations.

    Mais paradoxalement, même si le nombre de morts restait durablement élevé, il s’agirait tout de même de la situation la plus souhaitable collectivement : cela signifierait simplement qu’un grand nombre d’individus accordent davantage d’importance à leur liberté qu’à leur vie.

    Plus encore, en imposant des mesures drastiques comme le confinement, on se prive de ressources qui auraient pu être investies dans la recherche contre le cancer ou le sida, on fait exploser le nombre de suicides etc.

    On crée donc des victimes collatérales de manière indirecte et à plus long terme, ce qui rend le bilan humain quasiment impossible à établir. Le « quoi qu’il en coûte » est donc tout sauf un choix humaniste : l’État s’est simplement octroyé le droit de décider qui vivra et qui mourra.

    Arrêtons donc d’opposer les générations pour revenir à l’essentiel : redonner à chacun la possibilité de choisir ce qu’il juge le meilleur pour lui.

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      Troisième confinement, un choix qui serait fatal pour le pays

      Auteur invité · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 18 February, 2021 - 03:50 · 6 minutes

    troisième confinement

    Par Philippe Folliot 1

    Si un troisième reconfinement a été écarté par l’ exécutif , la situation reste pour l’heure fragile. Les derniers chiffres relativement stables de l’évolution de l’épidémie nous prouvent que nous avons eu raison de faire confiance aux Français et que nous devons tout faire pour poursuivre dans ce sens, tant il est vrai que nos concitoyens sont éprouvés, lassés, voire véritablement en souffrance vis-à-vis de cette crise sanitaire dont l’issue est sans cesse reportée depuis près d’un an.

    Le vaccin nous offre certes un espoir de sortie, cependant la durée de la campagne de vaccination en cours est incompressible. Organisation matérielle et humaine, logistique et transport des doses, mobilisation de la population parfois sceptique : tout cela demande du temps. Aussi devons-nous continuer nos efforts pour épargner nos hôpitaux et nos soignants, et prendre soin de la santé de tous, en particulier des plus fragiles.

    Acceptabilité minime

    C’est pourquoi je pense que l’acceptabilité d’un troisième confinement sera minime après cette année extrêmement difficile pour bon nombre de Français.

    Je pense aux jeunes , aux étudiants, qui souffrent de l’enseignement à distance, de la solitude et de moyens financiers rendus plus restreints par la crise, car nombreux sont les jobs étudiants qui ne peuvent reprendre à cause de la situation.

    À cet âge où se fondent les amitiés les plus solides, où naissent les premiers amours et où les premiers jalons vers la vie professionnelle sont jetés, exiger de s’enfermer une fois de plus dans un logement souvent exigu aurait des conséquences psychologiques majeures, pour le présent et pour l’avenir, qu’aucun de nous n’est encore capable de mesurer.

    Je pense également aux artisans, commerçants, restaurateurs, PME, aux acteurs de la culture, du sport, de la vie associative…, qui ont dû suspendre leur activité, momentanément ou sans limite de durée annoncée, et qui sont durement touchés par les conséquences économiques de la crise. Pour certains, ces efforts ont déjà coûté la vie de leur entreprise.

    Beaucoup d’autres sont dans l’incertitude des lendemains, dont ils ne sont pas sûrs qu’ils s’en remettront. Alors que les déficits se creusent de manière abyssale, que le différentiel de croissance avec nos principaux partenaires économiques augmente, nous assistons, tétanisés, à l’affaiblissement économique de notre pays qui fait que le « quoi qu’il en coûte » pourrait bien se fracasser sur le mur des réalités financières !

    Le drame humain

    Sur le plan humain, ce sont aussi tous ces drames intrafamiliaux, aggravés par la promiscuité, que nous devons éviter à tout prix : je pense avant tout aux femmes et aux enfants victimes de violences. Je pense aussi à ces couples séparés contraints de vivre sous le même toit, etc.

    Songeons en outre à tous ces foyers ruraux, éloignés de tout, dont les membres souffrent d’autant plus de l’isolement, de la solitude pour certains, que les commerces sont éloignés et fermés, que les services publics sont restreints et de plus en plus dématérialisés, alors même que le seul accès à internet dans ces zones est déjà une lourde problématique en soi.

    Il faut saluer ici le travail formidable des maires, élus locaux et agents qui répondent aux besoins concrets de leurs administrés, en particulier dans ces villages sans commerce de proximité, ni pharmacie. Face à la situation d’angoisse que cette pandémie provoque pour les administrés les plus fragiles ou isolés, parfois sans aucun moyen de se déplacer, la mobilisation des équipes municipales est dans la plupart du temps la seule solution pour apaiser un peu les tensions.

    Dans ces municipalités, il existe d’ailleurs, selon moi, un danger majeur de démocratie lié aux mesures sanitaires. En effet, dans les petites communes,  beaucoup de maires et d’adjoints, non-retraités, exercent une profession en dehors de leur fonction, qui les contraint à l’exercer, en temps normal, au-delà de l’horaire du couvre-feu.

    J’ai alerté le Premier ministre de l’impossibilité pour ces élus locaux de mener correctement leur mission dans ces conditions, et surtout de faire remonter les requêtes de leurs administrés aux échelons supérieurs. Il a répondu à cette lettre avec intérêt et célérité, assurant que toutes les missions menées durant les horaires du couvre-feu étaient considérées comme relevant d’une activité professionnelle et qu’elles faisaient bien partie des exceptions à celui-ci.

    C’est un signal extrêmement positif de sa part, car il en va de la relation de confiance entre élus et populations, mais aussi de l’égalité entre citadins et ruraux en matière de citoyenneté.

    L’apparition de nouveaux variants parfois plus contagieux ou plus dangereux nous plonge encore un peu plus dans l’incertitude, dans le doute sur la suite à venir. À nous, personnels politiques, de ne pas aggraver la situation en ne jouant pas aux druides, aux voyants, et encore moins aux prédicateurs. Faisons ce pourquoi nous avons été élus : évaluons la situation, débattons démocratiquement et tranchons sur les recommandations à faire. C’est pourquoi je pense que de nombreuses mesures alternatives , intermédiaires , peuvent et doivent être tentées.

    Renforcer la confiance accordée aux Français

    Cela passera peut-être par une territorialisation de celles-ci – le couvre-feu, comme je l’ai dit, n’est guère adapté à la vie rurale – mais aussi par un maintien et même un renforcement de la confiance accordée aux Français .

    Reconnaissons-le : les appels à la désobéissance civile n’ont pas pris dans notre pays comme c’est le cas chez certains de nos voisins. Je suis persuadé que le civisme des Français a encore de la ressource et qu’en nous appuyant sur lui, nous pourrons, sinon l’éviter totalement, du moins repousser au maximum la menace d’un nouveau confinement.

    Le troisième confinement, si nous ne pouvons y échapper, devra être l’ultime recours, pour mobiliser les dernières forces et les jeter dans la bataille au moment où nous serons sûrs de l’emporter sur le virus ; non une mesure de passage avant une nouvelle, mais une mesure de fin. Cela seul pourra le faire accepter aux Français à bout de souffle.

    La lutte contre la covid-19 est comme un marathon : lancer son accélération finale avant le dernier kilomètre ne sert à rien, si ce n’est à s’épuiser, alors que la vue de la ligne d’arrivée, elle, galvanise et donne le courage d’aller puiser encore plus profond en soi. Nous ne sommes pas parvenus à ce dernier kilomètre, aussi ménageons-nous, ménageons les corps, les esprits et les consciences, et quand le moment viendra, je sais que nous répondrons tous présents.

    1. Philippe Folliot est sénateur du Tarn, membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Il est le président du parti l’Alliance Centriste.
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      L’OMS en rupture avec le tout répressif sanitaire

      Olivier Maurice · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 10 February, 2021 - 04:00 · 11 minutes

    oms

    Par Olivier Maurice.

    Depuis le début de l’apparition du SARS-COV2 , une multitude d’études ont été menées à travers la planète pour essayer de comprendre le mécanisme de transmission du virus et pouvoir en déduire des stratégies sanitaires les plus à même pour ralentir, stopper ou gérer au mieux la propagation de la maladie.

    Les résultats de ces études arrivent peu à peu, ce qui a amené l’OMS à infléchir ses recommandations pour tenir compte de ces informations. À l’entrée de l’hiver, l’organisme sanitaire international a en effet clairement effectué un virage à 180 degrés pour désavouer fermement la politique du tout répressif sanitaire qui est devenue la règle dans de nombreux pays.

    Le présent article fait suite à un précédent billet publié dans ces colonnes le 28 octobre et qui en faisait état, à l’heure où la politique suivie en France semble elle aussi subir un infléchissement : l’inattendu statu quo dans les mesures sanitaires qui est survenu la fin de le semaine dernière et qui coïncide bizarrement avec la publication de recommandations de l’OMS bien plus précises et concrètes de la nouvelle politique sanitaire préconisée par l’organisme international.

    Il semblerait bien que le changement de conduite décidé par Emmanuel Macron soit en effet, et entre autres choses (les critères économiques et d’acceptation sociale y ayant sans aucun doute été pour beaucoup) dans la ligne de celle de l’OMS et donc dans celle d’une rupture avec les recommandations de plus en plus critiquées du conseil scientifique.

    Situation actuelle : entre l’OMS et le conseil scientifique

    Depuis le début de la crise sanitaire, c’est le conseil scientifique instauré par le ministère de la Santé qui trace la ligne de conduite, pour les citoyens, les responsables d’établissements publics et le gouvernement.

    Cette stratégie , nous la connaissons maintenant tous, tant elle a été martelée un peu partout, elle est basée sur quatre axes :

    • Le comportement individuel : gestes barrières, port du masque etc.
    • Les limitations de regroupement collectifs : fermetures des bars, restaurants, salles de sport et salles de spectacles et annulations des rassemblements.
    • Les mesures de restriction des déplacements et des activités : confinement et couvre-feu.
    • La prise en charge hospitalière des cas graves.

    À l’analyse des dernières informations diffusées par l’OMS et par les diverses équipes de recherches à travers le monde, il apparait de plus en plus clairement que cette orientation fortement héritée du principe de précaution et de la peur qui a traversé le pays, est très éloignée, pour ne pas dire diamétralement opposée à celle préconisée par l’organisme de santé mondial.

    Malheureusement en France, comme d’ailleurs dans de nombreux pays occidentaux , le sujet a depuis longtemps largement débordé le débat scientifique pour se rapprocher de plus en plus d’un affrontement politique, à la limite du débat philosophique ou même de la controverse religieuse.

    Ce chahut qui règne depuis les premiers jours ne laisse rien prédire de bon quand l’évidence des faits révélera l’inutilité, voire la lourde nuisance de la stratégie décidée et que ce constat s’ajoutera aux conséquences sociales, économiques et même sanitaires de cette stratégie politique bien plus que sanitaire ou scientifique.

    Modèle double de contamination

    On en sait donc dorénavant beaucoup plus à la fois sur les modalités de transmission de la maladie.

    Ce que montrent les études, et qui semblerait être une spécificité du SARS-COV2, est que la contagiosité de la maladie varie énormément d’un cas à l’autre. Cependant, vu le nombre maintenant très important d’études, on peut clairement identifier deux modes distincts.

    Le premier mode, que l’on pourrait qualifier de domestique est de loin le plus présent dans les études . Il se produit principalement dans deux environnements : le milieu familial et les établissements de santé.

    Dans ce cas-là, il semble clairement établi que le virus n’est pas très contagieux, mais que ce soient le confinement et la promiscuité qui sont les raisons principales de la diffusion de la maladie.

    Une personne infectée au sein d’une famille va « en moyenne » contaminer 20 % du foyer, ce qui est très peu, et signifie souvent une seule autre personne, le conjoint de préférence. Au sein des établissements de santé, la propagation semble identique : le « cas zéro » allant lui aussi contaminer une ou deux personnes et ainsi de suite.

    C’est principalement à cause du confinement dans ces espaces clos où le contact avec les personnes infectées est régulier, proche et continu, que la maladie se répand alors de proche en proche, touchant ainsi la population la plus susceptible de se voir contaminer : personnes âgées, faibles, malades etc.

    Les exceptions à la règle

    Les études montrent également qu’en dehors de ce mode principal de propagation (faible contamination, majoritairement personnes proches et en contact prolongé), on a pu constater cependant un certain nombre de phénomènes très rares de soudaine et très forte contamination .

    Dans ces cas, les transmissions sont très rapides et simultanées et ne proviennent pas d’un phénomène de chaîne, mais d’une contamination à partir d’une source unique, ce que des études ADN ont permis de confirmer.

    De plus, ces contaminations très larges, que l’on a pu appeler des phénomènes de super-contamination ( super spreading event ou SSE) se produisent sur des espaces très importants en termes de superficie et sans contact proche et continu avec la source d’infection, ce qui est totalement opposé au scénario domestique.

    L’explication serait que ces contaminations seraient dues à la vaporisation d’aérosol se développant dans les poumons de certains individus. Ces microparticules très fines et légères se déplaceraient très loin (plusieurs centaines de mètres) et passeraient à travers les protections habituelles (isolement dans des pièces séparées, masques, hygiène…)

    Bien évidemment, quand cette contamination se produit dans une réunion, un rassemblement religieux ou une fête de village, elle donne souvent lieu à une réaction médiatique importante et on a vite fait d’incriminer les organisateurs plutôt que se retourner contre la nature même du virus.

    Or les observations de SSE dans des milieux cloisonnés (prisons, trains, hôtels, paquebot, restaurants…) démentent complétement cette causalité du  rassemblement : des distanciations physiques de plusieurs dizaines, voire centaines de mètres n’ayant pas empêché ces contaminations de se produire.

    Il semblerait bien qu’il soit quasiment impossible de contrer une diffusion d’aérosol à l’origine de ces dispersions, de plus celle-ci devient rapidement diffuse au fur et à mesure que ceux-ci se dispersent dans l’environnement.

    Explication de la dynamique observée

    Pour résumer ces deux modes :

    • Dans la grande majorité des cas, la maladie est peu contagieuse et la contamination se produit en grande majorité dans le milieu familial, surtout lorsqu’il y a confinement.
    • Il peut cependant arriver que des contaminations larges se produisent (SSE) sur de grandes superficies.

    Ce double modèle explique enfin les diverses dynamiques que l’on peut observer et qui rendent à premier lieu le comportement du virus assez incompréhensible.

    On a ainsi très clairement observé une pic de contamination des 20-30 ans avant la vague de l’automne qui a elle ensuite touché majoritairement les personnes plus âgées.

    Cela serait expliqué par le fait que les 20-30 ans seraient par leur mode de vie davantage exposés aux contaminations fortuites. Les contaminations domestiques auraient ensuite pris le dessus : la fin des vacances, puis les mesures de restrictions des libertés successives ont resserré la promiscuité et ce seraient ces contacts prolongés intra-familiaux et dans les établissement de santé qui expliqueraient la flambée des cas observée en octobre.

    Ce serait donc le confinement, tant d’ailleurs celui imposé par la politique sanitaire que celui qui survient plus naturellement avec les mauvaises conditions météo et la reprise des activités routinières qui seraient responsables de la vague de l’automne.

    L’explication étant que lors des beaux jours, les personnes contaminées fortuitement ne sont pas suffisamment en contact avec leurs proches pour que la propagation domestique se développe et s’emballe.

    Implications

    Le premier constat qui s’impose devant cette meilleure compréhension de la dynamique épidémique est qu’il est totalement inutile de culpabiliser les gens comme le font depuis maintenant un an les autorités, les médias et malheureusement aussi une bonne partie de la population :

    • Soit vous êtes contaminé ou contaminateur fortuit et vous allez contaminer un nombre énorme de personnes à votre insu ou vous serez juste au mauvais endroit au mauvais moment, et ce malgré toutes les précautions que vous et les autres pourrez prendre.
    • Soit, vous êtes comme plus de 95 % des personnes infectées et infectieuses : vous êtes peu contagieux et des mesures prophylactiques simples seront suffisantes.

    Le second constat est plus lourd de conséquences. Il signifie que le prix du confinement n’est pas seulement social et économique, il est également très lourd d’un point de vue sanitaire et social.

    En effet, il est totalement incertain que les mesures de réduction de liberté auraient un quelconque effet sur la diffusion de l’épidémie en réduisant le nombre de personnes exposées aux virus ambiants, les études décrivant clairement des cas de diffusion massive non pas par chaîne de contamination, mais par simple diffusion dans l’environnement.

    Par contre, il semble clair que les mesures de confinement augmentent considérablement les risques de contaminations intra-familiales et celles survenant parmi des personnes vivant en communauté. Or ce sont précisément elles, les personnes les plus exposées aux conséquences de la maladie, et c’est précisément ce mode de transmission le plus observé.

    Les recommandations de l’OMS

    C’est pourquoi l’OMS a émis plusieurs recommandations répétées afin en premier lieu d’exhorter les autorités à obtenir le consentement des populations et de se détourner des mesures autoritaires qui sont au mieux inutiles, au pire fortement contre-productives.

    La stratégie recommandée par l’OMS est d’ailleurs très proche de celle suivie par les pays orientaux ayant eu l’expérience de l’épidémie de SARS de 2003. Elle consiste en résumé dans la mise en place des actions suivantes :

    • Dépistage et identification des proches par contact tracing afin de rompre les chaines de contamination.
    • Mise en quarantaine (et non en confinement) de toutes les personnes infectées, afin de les soigner et d’éviter l’aggravation de la maladie, tout en diminuant le risque de diffusion ambiante.

    L’objectif est très simple et semble bien plus réaliste que l’espoir d’un endiguement qu’aucun pays n’a réussi à obtenir : rompre au plus vite les chaînes de contamination, non pas pour empêcher les flambées épisodiques, mais pour éviter que la primo-infection ne se propage, certes avec un R0 bien plus faible, mais dans la plupart des cas, avec des conséquences bien plus graves.

    Un changement de cap indispensable selon l’OMS

    Cette stratégie est bien plus pragmatique que l’espèce de fortification sanitaire que l’on a voulu instaurer. Les contaminations ambiantes semblent en effet quasiment impossibles à identifier ou à éviter, les mesures de distanciation sociale ne protégeant pas suffisamment du virus alors présent un peu partout dans l’environnement.

    Surtout, elle se focalise sur la réalité de la maladie, et non sur les événements exceptionnels et médiatiques où coïncident diffusion large et rassemblement de personnes.

    Les seules solutions concrètes consistent à identifier les foyers domestiques pour briser au plus vite les chaînes de transmission.

    Pour ce faire, diverses solutions techniques peuvent être mises en œuvre : outils informatiques bien sûr, mais l’OMS recommande bien plus la prise en charge par les acteurs locaux comme les médecins traitants et la mise en place d’outils d’alerte, permettant de localiser les flambées infectieuses, insistant bien sur le fait que la proximité, la durée et la nature du lieu de contamination déterminent le risque d’infection, en premier lieu duquel se situe le milieu familial.

    C’est cette stratégie (très décriée en France et dans les pays où les structures médicales centralisées sont très puissantes politiquement) qui a été par exemple mise en place dans la région de Madrid , avec pour conséquence une seconde vague bien moindre.