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      50 % de nucléaire ? Un objectif vide de sens

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 1 February, 2023 - 04:15 · 14 minutes

    Les dernières discussions au Sénat ont « sauvé » l’objectif de 50 % de nucléaire… par rapport à un abandon pur et simple, évidemment. Cela a-t-il un sens ?

    Lors des différentes consultations publiques, de nombreuses interventions, tant d’experts, de sociétés savantes et de simples citoyens ont posé la question :

    « À quoi ça sert de baisser le nucléaire à 50 % et de le remplacer par des énergies renouvelables ? »

    Invariablement, l’élément de langage utilisé pour la réponse de la part des autorités techniques et politiques est :

    « Pour avoir une filière de secours en cas de risque systémique sur le nucléaire ».

    On peine à croire que nos dirigeants aient pu cautionner une assertion aussi ridicule. Un enfant comprendrait qu’on ne peut pas sécuriser une filière pilotable par une filière intermittente et aléatoire. En réalité, nous allons montrer qu’il n’y a aucune justification à remplacer du nucléaire par de l’éolien ou du solaire. Si on privilégie les coûts, c’est un ensemble nucléaire et gaz qui convient. Si on veut privilégier l’ indépendance énergétique , c’est le plus possible de nucléaire, avec un peu de gaz.

    En aucun cas les énergies intermittentes ont une quelconque utilité ; pire, elles créent d’innombrables difficultés techniques et rendent le marché de l’électricité hyper volatil sans aucune justification.

    Scenarii à 50 % de nucléaire

    Situation en 2019 (dernière année « normale ») : productions et capacités en France

    • Éolien……….     37 TWh pour 19 GW
    • Solaire………     14,8 TWh pour 14 GW
    • Nucléaire…..  360 TWH
    • Reste………… 111 TWh
    • Total…………. 523 TWh

    Passage à 50 % de nucléaire (objectif de la loi actuelle).

    Imaginons le scenario après arrêt des réacteurs actuels. Les discussions sont en cours pour leur prolongation et ce n’est pas gagné.

    On suppose un montant et un profil de consommation inchangés, ce qui est peu probable si on pousse les transferts d’énergie vers l’ électricité .

    50 % nucléaire cela donne 260 TWh. On peut le faire avec 33 GW de nucléaire en base (taux de disponibilité de 90 %). Soit 20 réacteurs.

    Si le reste du mix gaz et hydraulique ne change pas, les ENR auront 152 GWh. Si on vise moitié/moitié solaire et éolien en puissance, comme en Allemagne, et si on respecte la multiplication par trois des éoliennes et par cinq du solaire, soit les objectifs actuels, on vise à peu près 120 GW d’ENR.

    Avec 17 % de facteur de charge globale (cas allemand) et 120 GW d’ENR, on aurait 178 GWh de production d’énergie. C’est un peu plus que le besoin mais nous n’en sommes pas loin.

    Quelques petits problèmes

    Le problème des pointes

    Lorsque la pointe de 19 heures l’hiver se produit en situation anticyclonique sur toute l’Europe, ce qui arrive plusieurs fois par an, il faut conserver une puissance pilotable égale à la consommation à cette pointe. Ces dernières années, c’était environ 90 GW avec un record en 2012 à 102 GW.

    Dans cette situation, si on arrête le charbon, avec 33 GW de nucléaire, 10 GW de gaz et 17 GW d’hydraulique, 2 GW de biomasse, on aligne 62 GW pilotables. Manquent environ 30 GW. Si on ne veut pas toucher au dogme de 50 % de nucléaire, il faut construire 30 GW de centrales pilotables (gaz ?) supplémentaires.

    Le problème du creux

    Un examen au jour le jour en France et en Allemagne montre que l’ensemble éolien/solaire ne donne guère plus que 60 % de la puissance installée au maximum (quand il y a du vent, il y a peu de soleil et vice-versa). Néanmoins, avec 130 GW, certains jours en Allemagne les ENR sont largement majoritaires.

    Le 16 septembre 2022 à 12 h 30 (Energy charts.de), les ENR donnaient 44GW, le Soleil était à son apogée. Le réseau allemand baissait tout ce qu’il pouvait. Les gros alternateurs donnaient une trentaine de GW. Mais l’Allemagne exportait 8 GW en excédent. Pourquoi ne pas baisser davantage les centrales à combustible fossile ?

    Pour deux raisons :

    1. Il fallait se préparer à la « descente » du solaire vers la nuit.
    2. Il fallait veiller à la stabilité du réseau, garder suffisamment d’énergie cinétique pour pallier les variations rapides. Or, le solaire et l’éolien n’en disposent pas.

    Pour l’instant, l’Allemagne profite de ses voisins ; elle importe et exporte pour pallier la variabilité de ses ENR et profite de l’interconnexion pour « récupérer » l’inertie des gros alternateurs nucléaires français et fossiles polonais.

    Que se passe-t-il si tout le monde fait pareil ?

    L’examen des scenarii à 2050 montre que tous utilisent l’import/export pour compenser les coupures et écouler l’excédent, selon la météo. Il ne vient à personne l’idée que la météo est parfois la même pour tout le monde.

    En réalité, on ne sait pas quel est le seuil technique possible d’insertion des ENR dans un réseau car pour l’instant l’Europe n’est pas assez pénétrée (17 % en global). Certes, on connaît des remèdes à base d’électronique de puissance, de batteries et de condensateurs. Mais cela doublerait probablement le coût des ENR.

    Mais si on stocke les surplus, ça marche ?…

    C’est totalement incompris des décideurs.

    On a calculé ici que pour compenser l’absence de vent de trois semaines qu’on a connue en janvier 2022, il aurait fallu stocker une énergie équivalent, en stockage (par pompage entre deux lacs), à monter les eaux de la totalité du lac de Genève de 220 mètres.

    Le stockage n’est pas un problème de technologie, c’est un problème d’ordre de grandeur.

    Chercher les optimums

    Financier

    Empiriquement et hors problème de gouvernance et d’émission de CO 2 , en France l’optimum financier pilotable serait sans doute (à une pointe d’hiver sans vent de l’ordre de 90 GW) :

    • 40 GW d’EPR
    • 17 GW d’hydraulique
    • 2 GW de biomasse
    • 20 GW de centrales à gaz combinées, peu flexibles mais avec un très bon rendement
    • 10 GW de cogénération
    • 10 GW de turbines à gaz très flexibles

    L’ordre de mérite, c’est-à-dire l’enclenchement des moyens de production en fonction du coût variable est celui décrit ci-dessus. Il faut ajouter en premier les ENR mais les nuits sans vent ça ne change pas grand-chose.

    Mais une question se pose alors : les 120 GW de solaire et d’éolien apportent-ils une économie et une baisse des émissions de CO 2 ? Rien n’est moins sûr. Ils représentent ensemble un million d’euros par MW d’investissement tous les vingt ans, soit d’ici 2050 180 milliards d’euros.

    Une utilisation rationnelle des centrales à gaz nécessaires pour assurer la sécurité d’alimentation coûterait moins cher même avec un prix du gaz élevé. En effet, si on les fait produire continument, leur rendement est au moins le double et les émissions de CO 2 de moitié que lors d’une marche chaotique.

    Indépendance et émissions de CO 2

    Évidemment, l’optimum en termes d’indépendance énergétique ce sont plutôt 60 GW d’EPR et 20 GW de gaz ultraflexible (nécessaire de toutes façons pour suivre les fluctuations rapides de l’éolien et du solaire en plus des STEPs hydrauliques.)

    Dès lors, à quoi servent l’éolien et le solaire ?

    Les 20 GW de nucléaire en plus peuvent donner quand on veut 158 GWh… et les fluctuations des ENR intermittentes obligent à des contorsions du nucléaire qui pourraient être préjudiciables à la durée de vie des réacteurs et à la sureté.

    L’Autorité de sureté nucléaire se demande :

    « La production nucléaire fluctue énormément. Quand la demande est très faible, notamment la nuit, ou que les éoliennes prennent en partie le relais car il y a du vent, EDF réduit la voilure . Avec l’arrêt de la production pilotable d’origine fossile, […] les fluctuations de la demande d’électricité devront être encaissées par le parc nucléaire. La question, c’est : est-ce que ça conduit à effets particuliers en termes de prolongation du parc ? »

    Quel que soit l’objectif, l’éolien et le solaire apparaissent non seulement inutiles mais nuisibles.

    Retour sur la question des coûts et des prix des ENR

    Quelques réflexions.

    Les coûts de l’éolien et du solaires sont sous-estimés.

    Le raccordement, les accessoires supplémentaires (électronique, condensateurs, réseaux additionnels) sont à la charge de RTE, le réseau commun, et donc payés par tout le monde, sauf les opérateurs des ENR. Dans le cas de l’ offshore , cela peut aller jusqu’à 25 % du coût d’investissement d’un projet.

    L’intermittence n’est pas prise en compte. Il faudrait soit en tenir compte dans les coûts et y associer les producteurs appelés en secours en cas de manque. 1 On pourrait en tenir compte dans les prix. Un produit qu’on n’est pas sûr d’obtenir à terme n’a pas la même valeur qu’un produit garanti. On pourrait donc affecter aux prix du MWh des ENR un coefficient réducteur basé sur la probabilité d’avoir le produit pendant la période du contrat.

    Le coût d’investissement de l’éolien et du solaire par kWh est beaucoup plus élevé que celui du nucléaire. La durée de vie des ENR est de 20 ans, celle d’un EPR 60 ans. Le taux de charge de l’éolien est quatre fois moindre, celui du solaire sept fois moindre que celui du nucléaire. Il faudrait donc un coût d’investissement 12 fois moindre pour l’éolien, 20 fois moindre pour le solaire pour arriver à l’égalité. On en est loin. Les coûts d’investissement sont respectivement de : 1,5 million d’euros/MW pour l’éolien ; 5 millions d’euros/MW pour le nucléaire (prévu pour l’EPR2) ; 0,5 million d’euros pour le gaz et le solaire.

    Remarquons en outre que sur un vrai marché libéral, il n’y aurait pas de solaire et d’éolien car par nature ils ne peuvent être rentables. Ils produisent quand Soleil et vent sont abondants donc bradés et quand il est rare, donc cher, ils sont à sec.

    Et quid des prix actuels ?

    Dans un marché normal et sain, la facturation pourrait comprendre un abonnement calculé pour amortir les investissements et un tarif heures pleines/heures creuses au coût marginal. (avec en plus des frais financiers et des marges correctes nécessaires à la pérennité des investissements.) C’est un peu ce que faisait EDF à l’époque du monopole. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

    Il est alors difficile de comprendre que certains voient leurs prix multipliés par 2, 4, 6… Et comment le gaz intervient là dedans alors qu’il ne représente que 10 % de la part des sources de l’électricité ?

    En fait, il y a d’abord une première raison, l’application d’un dogme d’économiste mal compris par les décideurs et les fonctionnaires européens. Les règles du marché boursier qu’ils ont instituées impliquent plus ou moins que soit pris en référence le prix marginal au moment de la transaction d’achat. Une théorie mathématique démontre en effet que dans un marché dont le mix de production est optimisé pour avoir un coût global moyen minimum, la facturation liée au coût marginal de la centrale dernière appelée (celle qui a le coût variable le plus élevé) rémunère à la fois les coûts fixes et les coûts variables de l’ensemble des acteurs. Et même dans le cas de petites variations, le système est vertueux, il tend à inciter les producteurs à avoir le coût marginal en particulier à la pointe, le moins élevé.

    La facturation d’EDF en tant que monopole d’État était plus ou moins inspirée de cette théorie.

    Mais il y a un gros hic : le marché européen n’est pas optimisé !

    Et la théorie montre aussi que dès que le marché s’écarte significativement de l’optimisation, le prix devient très vite aberrant. Appliquer cette théorie nécessite donc d’avoir la maîtrise de la conception du mix et de son optimisation, et que les variables ayant conduit à cette optimisation ne varient pas trop, le tout à très long terme.

    Aucune de ces conditions n’existent sur le marché européen dans son ensemble.

    Au contraire, c’est la cacophonie totale. Et même s’il y avait eu optimisation, elle serait complètement obsolète avec les prix actuels du gaz. La théorie pouvait marcher seulement pour EDF et son nucléaire, avec peu de coûts variables et une vision à long terme.

    Mais on pourrait dire qu’il n’y a pas que des contrats sur le marché en bourse.

    Il y a l’ARENH, tarif « nucléaire » qui oblige EDF, contre son intérêt, à faire profiter quelques spéculateurs de revenus insensés. Il y a aussi des contrats de gré à gré. Pour les vendeurs qui ne produisent rien ou pas grand- chose, c’est en fait un problème de couverture. Ceux qui n’étaient pas assez sécurisés doivent aller en bourse et subir des coûts déments (y compris EDF, avec la crise de disponibilité de ses centrales !) Les situations des différents vendeurs sont donc très diverses : certains sont en faillite, d’autres gagnent des fortunes.

    Vous avez dit libéralisation ?

    Pour « libéraliser » le marché européen de l’électricité, l’Europe a créé trois marchés réglementés :

    1. Un marché de quotas de CO 2 qui pénalise les énergies fossiles.
    2. Une contrainte d’appel au merit order qui impose aux réseaux de prendre toute énergie intermittente produite, même sans besoin et qui de fait, subventionne le solaire et l’éolien.
    3. Une bourse avec une référence idiote liée au coût marginal.

    La France a ajouté trois autres marchés réglementés :

    1. Un marché de capacités.
    2. Le marché ARENH.
    3. Un marché de certificats d’économies d’énergie.

    Et puis jusqu’à cette année, les particuliers pouvaient bénéficier d’un tarif réglementé. Malheureusement, il est déterminé par une péréquation entre les coûts français et les valeurs en bourse. Il devrait doubler pour cette raison alors que rien physiquement n’a changé sur le réseau en France ! C’est la dernière des débilités de la situation globale. Certes, le « bouclier tarifaire » décidé par le gouvernement épargne cela aux particuliers et à certaines très petites entreprises (en subventionnant les traders déficients, d’ailleurs). Jusqu’à quand ? Les très grosses entreprises trouveront sans doute des solutions. Mais pour l’instant, celles de taille intermédiaire en prennent plein la poire. Et on veut réindustrialiser !

    Changer quelque chose dans cette cathédrale baroque où tout est lié est infernal. Ce sera très long et pendant ce temps là une partie de notre PIB et de nos emplois ira ailleurs dans le monde.

    Conclusion

    L’électricité ne se stocke pas et demande des investissements à très long terme.

    Qu’on le veuille ou non, un réseau nécessite des règles de planification de l’ensemble de la zone significativement interconnectée, sous peine soit de surinvestissement, soit de manque. En outre, il existe des critères non techniques et non financiers à prendre en compte, comme l’indépendance énergétique.

    Une fois la planification faite, les opérations peuvent parfaitement être libéralisées avec une vraie concurrence via des appels d’offre. Une concurrence qui s’exerce sur la production, pas uniquement sur un commerce qui s’apparente à du trading et de la spéculation. On peut éventuellement subventionner et donner des avantages à des technologies en devenir mais pour un temps limité. Au-delà, si le besoin de faveurs persiste c’est que ladite technologie n’est pas efficiente. Dans un système d’appels d’offres vraiment libéral, l’éolien et le solaire ne subsisteraient pas.

    On se demande comment nous en sommes arrivés à cette situation ubuesque.

    Certes, la formation du monde politique, des fonctionnaires nationaux et européens, des journalistes, les rend généralement inaptes à une compréhension du sujet. Mais tous les experts indépendants, de nombreuses sociétés savantes (académie des technologies, académie des sciences, académie de médecine) et même certains organismes d’État (Cour des comptes, France Stratégie) ont exprimé l’incohérence de ces programmes énergétiques.

    C’est un constat inquiétant de portée plus générale que le seul domaine de l’énergie : la « vérité » ne sort plus de la bouche des experts mais de l’opinion publique travaillée par un militantisme idéologique.

    1. c’est un peu l’esprit qui a présidé aux marchés de capacités et l’obligation pour les ENR « d’acheter » leur capacité manquante. Ce marché a tourné à la catastrophe. Les « capacités » sont devenues un marché spéculatif complètement déconnecté du physique.
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      Quel programme nucléaire d’ici à 2070 ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 23 January, 2023 - 04:30 · 3 minutes

    Le gouvernement débat actuellement sur un texte visant à accélérer le programme nucléaire par simplification des procédures.

    Le Sénat a apporté un amendement visant à pointer du doigt l’incohérence qu’il y a à vouloir accélérer le programme de nouvelles centrales tout en prévoyant une réduction du nucléaire de 75 à 50 % de l’énergie produite et l’arrêt de 14 réacteurs de 900 MW d’ici 2035, identifiés et proposés par EDF à la demande de l’État.

    Quel est le programme du nucléaire dans le mix prévu par les textes ?

    Franchement, on n’en sait rien. Y a-t-il (ou y avait-il) une corrélation entre les 50 % et les 14 réacteurs, y compris Fessenheim ? Avant l’arrêt de Fessenheim et en tenant compte de l’EPR (1600 MW) on avait 64 GW. En fermer 13 GW représente une baisse de 20 % de la puissance installée.

    On peut alors faire le calcul autrement.

    On a, avec l’EPR et Fessenheim, 54 réacteurs.  En fermer 14 représente une baisse de 25,9 %. DE 75 à 25% ? …Bon, c’est une blague, ça n’a aucun sens… encore que, dans la tête d’un sciences-po ENA, qui n’a pas vu une règle de trois depuis sa classe de seconde…

    On en conclut que cette baisse de 75% à 50% est probablement calculée en énergie, en kWh, et pas en kW. Pourquoi, dans ces conditions, arrêter des centrales nucléaires ? Il suffit de bourrer la France d’éoliennes et de panneaux solaires, cela collerait avec une baisse de 75% à 25% du nucléaire en énergie produite, il suffirait que les centrales nucléaires produisent moins sans être arrêtées.

    D’autant plus que nous aurons besoin de toute leur puissance (les kW) pour passer les pointes de consommation les nuits d’hiver sans vent.

    En réalité, c’est encore maintenant le chaos total dans le programme de production d’électricité malgré une loi, une Programmation pluriannuelle et trois consultations publiques.

    Alors, le gouvernement actuel a enfin compris que nous avons besoin du nucléaire et réagit vigoureusement : on en arrête 14, on va en construire 14. D’ailleurs, cela tendrait à confirmer qu’on raisonne en nombres de réacteurs et donc ni en puissance, ni en énergie… Ce n’était donc pas une blague ?

    On comprend les sénateurs qui pensent nécessaire de clarifier tout ça avant de « simplifier » les procédures de constructions de réacteurs.

    Examinons les programmes réalistes

    Nous disposons actuellement de 61 GW de nucléaire.

    Attribuons lui un taux de disponibilité en hiver de 90 %, ce qui est ambitieux compte tenu du grand carénage. Cela fait 54 GW. On peut aligner au maximum 10 GW de gaz, 17 GW d’hydraulique, 2GW de biomasse. On arrêtera définitivement le charbon et le fioul. Tout ça fait 83 GW. C’est insuffisant pour passer une pointe à 90 GW fréquemment atteinte ces dernières années par grand froid anticyclonique, donc sans vent. Il ne reste plus qu’à espérer que les Allemands développent leur lignite.

    Mais quid du futur ?

    On peut supposer qu’on va abandonner l’idiotie de fermer douze centrales supplémentaires et essayer de les prolonger à 60 ans, ce qui est courant aux USA, mais pas assuré en France avec la propension à trouver des fissures partout.

    Ci-dessous, la courbe d’évolution en puissance du nucléaire selon différentes hypothèses. Le scénario de prolongement à 60 ans a été revu par EDF (pointillés) pour tenir compte des contraintes industrielles. En effet, notre problème est paradoxalement la performance incroyable des constructeurs des années 1980 qui ont connecté tout le parc en un temps record. Cela nous oblige maintenant à anticiper et étaler les actions de remplacement quelles qu’elles soient.

    De l’avis général, en lançant un programme dès maintenant, le premier nouveau réacteur serait couplé vers 2035/2037. Or EDF prévoit d’arrêter déjà plus de 10 GW à cette date (pour raison technique sauf si on découvre qu’on peut monter jusqu’à 80 ans, ce qui n’est pas exclu aux USA).

    Non seulement la situation ne sera pas améliorée au fil du temps mais elle sera encore de plus en plus critique.

    Et l’échéancier d’EDF montre que ce ne sont pas 14 réacteurs qu’il faut programmer dès maintenant mais 45.

    En admettant qu’on arrive à coupler deux réacteurs par an, on aura fini en 2057/2059.

    Conclusion

    Malgré des hypothèses très volontaristes (construire 2 réacteurs par an dès maintenant et pendant plus de 30 ans), on n’arrive pas à la sécurité d’approvisionnement complète avant 2050/2060…et encore, sans prévoir d’augmentation de la consommation.

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      Loi Alimentation : le retour de la vengeance du chèque-PQ ?

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 17 January, 2023 - 04:35 · 5 minutes

    Oh, encore une nouvelle proposition de loi ! Et celle-ci ne porte ni sur l’emploi du féminin dans certaines professions, ni sur l’interdiction de la fessée et engendrera probablement un débat moins délicatement décalé que celui sur la tenue des députés en séance : elle touchera les produits de grande consommation ! Chic, les députés s’intéresseraient-ils aux problèmes concrets des Français, pour une fois ?

    Rassurez-vous, il n’en sera rien.

    Ou plutôt, disons que si ce projet de loi concerne bel et bien des problèmes concrets pour les Français alors que l’inflation commence à faire des dégâts, ce sera pour accroître les soucis et non les résoudre.

    Comme d’habitude, tout part d’un constat erroné et d’un raisonnement boiteux porté par le député Frédéric Descrozaille, et monté en mayonnaise par le truchement habile du langage législatif habituel pour se transformer en caca mou que l’Assemblée nationale va s’empresser de pousser dans le ventilateur de ses débats. Ce qui va se passer ensuite va vous surprendre (ou pas).

    En substance et comme un précédent billet l’évoquait en 2018, tout commence lorsque le législateur, nimbé de son omniscience habituelle, décide de restreindre de toutes les façons possibles les réductions et autres offres promotionnelles que les enseignes commerciales de distribution et autres producteurs ou fabricants seraient à même de proposer à leurs clients afin de lutter contre (en vrac) la concurrence déloyale, les éventuelles bousculades dans les rayons, la surexploitation des petits producteurs, la destruction des écosystèmes ou les prouts de licorne qui produisent un dioxyde de carbone trop agressif dans l’atmosphère (rayez les mentions inutiles).

    Pour cela, la Loi alimentation EGalim est votée en fanfare.

    Sans la moindre surprise, une fois mise en place, cette loi provoque presque autant d’effets secondaires aussi prévus et délétères que des injections expérimentales mal testées.

    Eh oui : la loi EGalim a été un ratage intégral, comme très souvent en République du Bisounoursland lorsque le pays, piloté par une bande d’idéologues incompétents, refuse de se plier à leurs injonctions paradoxales mais s’en tient à la dure réalité, au crépi duquel les fesses des citoyens et de leurs politiciens ne cessent de se frotter.

    Ainsi, grâce à cette loi débile, les prix de certaines denrées augmentèrent (de 1 à 10 %), les consommateurs en firent les frais et les producteurs (au premier rang desquels les agriculteurs dont la loi était censée améliorer le sort) ne virent pas la couleur de ces augmentations de prix. Des entreprises, dont le modèle d’affaires se basait quasi-intégralement sur des ventes promotionnelles dorénavant interdites, se retrouvèrent dans des difficultés suffisantes au point de devoir licencier. Si l’on ajoute les gains dodus engrangés par les distributeurs (comme prévu mais contre toute attente du législateur décidément bien stupide) et les conclusions sénatoriales qui montrèrent que cette loi ne satisfaisait absolument personne (sauf l’État), on aboutit à la conclusion d’ un désastre aussi total que prévisible .

    Heureusement pourrait-on croire, cette loi adoptée en 2018 dans la décontraction que permet une inflation quasi-nulle (voire une déflation dans certains cas), devait cesser d’être appliquée dans le courant du printemps 2023, et la plupart de ses encadrements et autres mesures idiotes devaient disparaître.

    Mais toujours sans la moindre surprise et avec ce petit bruit lancinant dans le fond qui rappelle celui du broyeur industriel dans lequel on devrait placer prestement une partie de la politicaillerie pour résoudre nos entêtants problèmes, on apprend donc que le député Descrozaille veut prolonger cette loi perverse. Mieux encore, le législateur semble vouloir introduire par voie d’amendements de nouvelles façons de gérer les promotions sur les articles d’hygiène, qui pourraient être traités comme des produits alimentaires. Ainsi, les promotions seraient limitées à 34 %, contre 45 % aujourd’hui.

    Oui, vous l’avez bien compris : alors que le pays est au bord d’une faillite complète et retentissante dans la plupart de ses domaines les plus essentiels (énergie, école, santé, armée), la députaillerie s’occupe de réguler les prix des tampons et du papier toilette en s’assurant, comble de la crasse bêtise, qu’ils ne seront pas trop faibles et ce alors que l’inflation réelle tripote le 12 % par le mauvais côté de l’arrondi et que tous les professionnels concernés alertent pourtant du caractère inflationniste ( voire explosif ) d’une telle mesure manifestement prise par des individus totalement déconnectés du réel (ou bassement manipulés).

    En somme, votre gouvernement travaille activement à ce que les prix ne baissent pas (ou pas trop !), voire que l’inflation ne s’éteigne pas ; voilà exactement une aide qui s’apparente à des coups de bâtons au milieu d’une bastonnade.

    Coups dont les Français auraient sans aucun doute pu se passer avec soulagement mais la députaillerie veille : grâce à un lobbying intense de différents syndicats, couplé à une méconnaissance presque olympique du fonctionnement du marché en général et de la grande distribution en particulier, et un dogmatisme qui n’a rien à envier à celui d’ayatollah iraniens, le Français sera une fois de plus à l’abri de toute amélioration de sa situation. Si amélioration il y a, ce sera malgré les actions gouvernementales (vous reprendrez bien un petit chèque-PQ pour compenser son prix exorbitant, non ?) et en dépit du sabotage obstiné du législateur, ce qui la rendra forcément lente et obtenue de haute lutte.

    Cependant, il ne faut pas perdre de vue qu’au-delà de l’incompétence ou de la bêtise du législateur, il reste indubitable qu’une inflation galopante est probablement la seule chose qui peut encore sauver le pays : pour noyer sa dette devenue colossale par les bons offices de Macron, à part la confiscation de l’épargne — ce qui revient à faire sortir tout le monde dans la rue (y compris ses électeurs) — il n’y a guère d’autres solutions que celle-là, la ruine de l’épargnant.

    Et comme les salaires ont peu de chance de suivre au même rythme, les prochains mois promettent d’être un peu tendus.

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      Le piège de la spirale inflationniste

      Jean-Luc Ginder · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 17 January, 2023 - 04:00 · 5 minutes

    Nombreux sont ceux qui essaient de comprendre le sens du mot inflation.

    L’inflation va-t-elle impacter notre façon de vivre ? Représente-t-elle un danger ? Les solutions existent-elles ? Est-il judicieux d’être résilient ou d’être résistant ?

    Il semble évident que cette crise touche d’abord les populations les plus fragilisées et nous sommes face à une situation pour laquelle nous nous devons de trouver des solutions.

    Le pourcentage de la dette mondiale par rapport au PIB est passé de 200 % en 1999 à 350 % en 2021.

    Il nous faut admettre que de nombreux du monde sont impactés et par ce fait tous les repères économiques sont bouleversés. Cela signifie que les réflexes acquis, l’expérience et toutes les théories économiques doivent être oubliés.

    Inflation conjoncturelle ou structurelle ?

    La grande et unique question est la suivante : cette inflation est-elle conjoncturelle ou structurelle ?

    L’hypothèse rassurante consisterait à croire que son origine se trouverait dans les mesures adoptées suite à la crise sanitaire conjuguées aux conséquences des mesures prises dans le cadre de la guerre en Ukraine et qui a entraîné une hausse du prix de l’énergie. Nous aurions dans ce cas à faire face à une inflation conjoncturelle.

    L’inflation provient d’un décalage entre la masse monétaire et la réalité de la richesse échangée . Un bien ou service acheté devrait correspondre à une vraie valeur, c’est une reconnaissance de dette.

    Dans les faits, nous avons un profond problème de lien entre : monnaie – richesse – PIB – masse monétaire mondiale.

    Cela signifie que s’il y a problème monétaire c’est sur base de l’émission de la dette mondiale. En clair : par rapport à la richesse mondiale nous avons un niveau de dette trop élevé. Au moment de l’écriture de ce texte la situtation est de 92/350 (92 000 milliards de PIB mondial et 350 000 milliards de dette mondiale).

    Trop de dette par rapport à la richesse créée

    Vu sous cet angle l’inflation que nous découvrons et ressentons n’est en rien conjoncturelle mais bien structurelle, car la monnaie en circulation ne trouve plus de réalité économique sur laquelle elle peut se positionner.

    Cela a créé une bulle.

    L’inflation est alimentée par la hausse du prix de l’énergie et des taux d’intérêts.

    Autant la reprise économique après la crise liée au covid a été saluée autant elle a créé de la pénurie, créant l’augmentation des prix, qui est le point de basculement d’un monde économiquement structuré dans un monde de pénurie soutenu par un choc externe au travers de la perte de la valeur de la monnaie.

    Ajouté à ce choc se greffe celui de la pénurie alimentaire , choc sur les matières premières alimentaires celui du choc des mesures dans le cadre de la guerre, celui du choc des mesures prises dans le cadre de la lutte contre le changement climatique.

    La hausse des prix alimentaires et celle des prix de l’énergie sont redoutables car elles impactent en temps réel la population aux revenus modestes. Le phénomène inflationniste est perçu violemment. Cela signifie clairement que nous entrons dans la boucle inflationniste prix-salaires.

    Concrètement nous avons une perte du pouvoir d’achat de tous les salariés , il n’est d’autre réponse possible que l’augmentation des salaires.

    Mais si tous les salaires augmentent , le coût de toutes les productions augmente. L’augmentation des salaires permettra de maintenir le pouvoir d’achat sur un temps court mais risque, et très vite, d’être insuffisante. Les salariés vont acheter des produits dont les prix montent car ces mêmes produits proviennent du travail des salariés dont les salaires ont augmenté…

    Une spirale inflationniste

    Voilà pourquoi déjà l’inflation est incontrôlable et voilà pourquoi déjà nous sommes pris dans la spirale inflationniste .

    Ce choc s’accélèrera au travers de l’augmentation du prix de l’énergie, que l’on constate lors du plein de la voiture, prix du gaz, prix de l’électricité et des prix alimentaires. L’impact de l’inflation lancée à pleine vitesse peut d’ici quelques mois amener la famine. Que la guerre en Ukraine s’arrête ou pas l’inflation restera et s’accélèrera.

    Tous ces chocs économiques mis bout à bout alimentent l’inflation, alimentant le processus de pénurie, alimentant le processus d’augmentation des prix et donc accélérant la spirale inflationniste du fait de la problématique salaire.

    Se pose parallèlement à ce phénomène, la fausse impression de plein emploi en France, rareté de la main-d’œuvre perceptible. C’est à ce niveau que vont se déclencher les problèmes sociaux. Un grand nombre de Français ne trouvent pas ou ne trouveront pas d’emploi et donc pas de situation stable pour pouvoir exister et nourrir leur famille. Ils seront contraints de ne pouvoir compter que sur le soutien de l’État. Ou sur eux-mêmes.

    Clairement les propositions d’emplois vont diminuer, les licenciements s’intensifier. Augmenter les salaires alimente d’inflation !

    La situation économique actuelle est impossible à tenir et il n’y a plus de remèdes connus. Nous allons entrer dans une situation très compliquée à gérer. Le risque social est dans tous les cas à son niveau le plus élevé. Le danger est aussi présent au niveau de notre épargne personnelle et de l’investissement donc du rentier et du retraité.

    La stagflation n’est pas loin

    Nous voici à la porte de la stagflation , situation particulière et douloureuse humainement.

    Voici pourquoi le problème des faibles revenus et de l’endettement de l’État doit être résolu par la banque centrale européenne afin de maintenir coûte que coûte le pouvoir d’achat des Français les plus exposés. Il est donc vital pour l’économie d’augmenter les taux d’intérêts pour ne pas faire disparaître l’épargne et ne pas casser le mécanisme d’investissement.

    À nous de penser autrement, de repenser vite et bien et d’apporter des structures libérées de modèles et croyances qui ont vécu. Loin des peurs, des rigidités. Avec espoir, humanité.

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      La boulangerie tant en détresse que ça ?

      Jean Kircher · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 13 January, 2023 - 03:50 · 2 minutes

    Au risque de choquer j’ai envie de dire que ce sont les imprévoyants qui subissent actuellement une explosion du coût énergie. En effet, cela fait quelques temps que le mal était attendu et la majorité de boulangers sérieux a souscrit des contrats à prix fixe pour se mettre à l’abri ! Seuls ceux qui ne voulaient pas entendre ont décliné les offres et se trouvent maintenant dans la panade.

    Il ne s’agit pas de minimiser mais la réalité c’est que le coût énergie en boulangerie se situe à 3 ou 4 % du chiffre d’affaires. Si l’augmentation réelle de l’énergie est bien de 10 % il faudra donc absorber 6 ou 7 % supplémentaires dans ses nouveaux prix de vente. Ce qui pour les vrais bons artisans produisant de la qualité n’est pas un véritable problème ! On voit un peu partout le prix de la baguette monter à 1,10 euro voire 1,30 euro sans que ça pose problème quand la qualité du pain est là !

    Plus grave a été le mois de juin 2022 quand le prix de la farine a pris 15 % voire plus !

    Il est certain qu’une petite partie des boulangeries ne va pas passer le cap. En général il s’agit de ceux dont la qualité des pains est plutôt lamentable et dont les consommateurs vont se détacher dès qu’ils augmenteront leurs prix. Peut-être est-ce une issue fatale pour ces boulangers qui ne se sont pas remis en question en faisant de bonnes baguettes tradition et en soignant leur assortiment de produits. C’est là une loi du marché : les meilleurs survivent…

    Comme d’habitude les médias et les politiques ont largement exagéré ou pas compris le problème. C’est une habitude bien française que de ne pas être capable de comprendre les choses simples et en particulier le quotidien des Français.

    Qu’il s’agisse des retraites, de l’énergie, des vaccins, du climat ou de l’immigration on a tendance à amplifier les problèmes voire créer la panique afin de faire le buzz ou d’assister aux lamentables explications de nos politiques 2.0. Ainsi on se met à se pavaner car nous sommes soudainement devenus exportateurs d’énergie sous prétexte de réouverture de quelques centrales nucléaires.

    Le phénomène est le même pour la crise hospitalière qui subit tout simplement la même désaffection de personnel que la grande majorité de nos entreprises qui désespèrent de trouver des candidats au travail.

    Au travail ! Et stop à toutes ces lamentations quotidiennes et ce stress permanent qui installent la peur qui fait perdre tous nos repères !

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      La fin prématurée du pétrole condamne l’avion, mais aussi l’économie

      André Pellen · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 8 January, 2023 - 04:30 · 7 minutes

    Dans un article publié sur Atlantico en décembre dernier, Damien Ernst s’efforce de montrer que l’affirmation de Jean-Marc Jancovici selon laquelle la disparition du pétrole condamne l’avion n’est pas fondée.

    Hélas, un examen rationnel et lucide des conséquences de cette disparition ne peut déboucher sur une autre conclusion. Aussi, professer que le seul moyen de contrarier la marche funeste du climat est de sevrer l’économie de sa nourriture principale fait-il courir un risque considérable aux sociétés humaines.

    Pour Damien Ernst, à défaut de pétrole, la pérennisation de la circulation aérienne pourrait être assurée par un succédané du kérosène tiré du charbon par le procédé Fischer-Tropsch ou tiré par ce même moyen de l’hydrogène électrolytique et du CO 2 atmosphérique.

    Regardons ça de près.

    La première phase du procédé Fischer-Tropsch génère de l’hydrogène à partir d’une combustion incomplète du charbon produisant un mélange gazeux hydrogène-monoxyde de carbone suivant la formule CH4 + 1/2O2 –> 2H 2 + CO.

    La deuxième phase du procédé consiste à soumettre ce mélange à une liquéfaction catalytique passant par le reformage de l’eau et visant au dosage convenable de l’hydrogène, selon la formule : (2n+1)H 2 + nCO –> CnH(2n+2) + nH 2 O. Le carburant ainsi obtenu est notoirement moins stable et de moins bonne qualité que le kérosène, notamment à cause de la faiblesse de son indice d’octane.

    État des lieux de la circulation aérienne

    La circulation aérienne mondiale consomme actuellement de l’ordre de 360 milliards de litres de kérosène par an, soit environ 300 milliards de kg ou 0,3 milliard de tonnes. Évaluons l’énergie produite par la combustion d’une telle masse de carburant sachant que le pouvoir calorifique inférieur ou PCI du kérosène est 10 300 kcalories/kg et que 1 Wh = 860 calories, amenant un PCI du kérosène de 12 kWh/kg ou 12 MWh/tonne.

    Partant, le PCI de 0,3 milliard de tonnes de kérosène est de 3,6 milliards MWh ou 3600 TWh.

    C’est donc une énergie de 3600 TWh annuels que Damien Ernst pense raisonnablement possible de produire à partir du carburant de charbon ou d’hydrogène-CO 2 fourni par le procédé Fischer-Tropsch. Pourquoi pas ?

    La filière charbon tout d’abord

    Avec un r endement énergétique global du Fischer-Tropsch de l’ordre de 50 %, il est nécessaire de prévoir la fourniture charbonnière de 7200 TWh/an, soit d’extraire la quantité suivante de ce combustible dont le PCI est 9,25 kWh/kg : 7200 milliards/9,25 = 778 milliards de kg de charbon ou 778 millions de tonnes annuellement consacrées à la seule aviation.

    La filière hydrogène – CO 2 ensuite

    Étant donné qu’on est ici dispensé de passer par la phase combustion charbon du Fischer-Tropsch, concédons un généreux rendement de 65 % à la seule seconde phase de ce dernier. En revanche, pour évaluer le rendement global des productions préalables d’H 2 et de CO 2 à l’aide de la seule électricité, on ne peut que se livrer à la grossière estimation suivante : lui affecter la généreuse valeur de 45 % tirée de l’altération du rendement de 65 % de l’électrolyse par le rendement difficile à estimer mais sans doute médiocre de la captation, du stockage et de la réduction en CO du CO 2 .

    Ainsi, le rendement électrique global de la production de kérosène à partir de H 2 et de CO 2 ne peut-il être guère différent de R = 0,65 x 0,45, soit 0,3.

    Compte tenu que ce kérosène doit produire annuellement une énergie de 3600 TWh, l’énergie électrique requise par la synthétisation ne peut être inférieure à : 3600/0,3 = 12 000 TWh. Pour être cohérent avec l’approche du Fischer-Tropsch au charbon – une énergie primaire – ajoutons que ces 12 000 TWh électriques font 30 000 TWh d’énergie primaire essentiellement nucléaire après application d’un généreux rendement de production de 40 %.

    La production mondiale d’électricité nucléaire et renouvelable ne parviendrait pas à faire voler plus des trois quarts de la flotte actuelle !

    Le besoin Fischer-Tropsch filière H 2 -CO 2 serait donc de 12 000 TWh électriques/an… quand la production mondiale des renouvelables hors hydraulique est actuellement de 5670 TWh, celle du nucléaire de 2710 TWh, la totalité de ces deux seules productions soit 8380 TWh, ne parvenant à faire voler que 70 % de la flotte mondiale… et à quel prix ?!

    Une circulation aérienne étriquée et néanmoins hors de prix

    À quel prix, justement, produire de la sorte du carburant aéronautique synthétique, à commencer par celui de l’électricité ? On laisse au lecteur le soin de calculer combien seraient aujourd’hui payés les 12 000 TWh annuels à raison de quelque 300 euros le MWh et même à 50-60 euros le MWh.

    Et ce n’est pas tout, car personne n’imagine que le coût de la production d’un H 2 se vendant aujourd’hui entre 4 et 7 euros le kilo se réduise à celui de la consommation d’électricité, sachant que le prix d’un électrolyseur est donné de 800 à 1000 euros/KW selon le mode de raccordement au réseau. Et ne parlons pas des nécessaires captage et séquestration du CO 2 à des coûts compris entre 80 et 180 euros la tonne, selon Les Échos .

    Il en va de même du coût de la production du carburant issu du charbon, ne se limitant pas à celui sans doute incomplet de 70 à 80 euros le baril : la nécessité de traiter annuellement 778 millions de tonnes de charbon avec des installations Fischer-Tropsch coûtant 250 millions d’euros pièce et capables de n’en traiter que 100 000 tonnes commence par l’obligation d’investir quelque 750 milliards d’euros.

    Regarder lucidement l’avenir ou s’exposer au pire

    Eu égard à ce qui précède, qui peut croire possible de voir un jour nos territoires jonchés de terrils et de monceaux de charbon pulvérulent pour le seul usage de la circulation aérienne ? Qui peut même croire qu’un pays, un industriel ou un quelconque groupement coopératif s’avisent de faire voler des avions au carburant synthétique avec un pétrole se tenant sous la barre des 150 à 200 dollars le baril ?

    Or, ce qui est à reprocher à Jean-Marc Jancovici et aux adeptes de la croisade climatique – dont, hélas, beaucoup trop de chefs d’États – est précisément d’amener ce cours à s’envoler artificiellement. Ils portent l’essentiel de la responsabilité de ce qui commence à peine à découler du dramatique constat ci-après.

    En décembre de l’an dernier, avant la guerre d’Ukraine donc, le ministre saoudien du Pétrole, Abdulaziz ben Salman, alertait déjà contre un risque majeur de crise énergétique dans les prochaines années du fait de l’effondrement des investissements pétroliers. Il estimait que la production mondiale pourrait baisser de 30 millions de barils par jour – d’environ 30 % – d’ici à 2030 ; et cela même si dans les prochains mois l’offre devait demeurer supérieure à la demande, ce qui ne durera pas. Les investissements dramatiquement insuffisants dans l’exploration de nouveaux gisements et dans le développement des plus récents ne permettent plus de renouveler les capacités de production. Or, le pétrole et le gaz assurent encore pour longtemps 57 % de la consommation d’énergie dans le monde. Ainsi, avec un déclin de 4 à 8 % par an de la production des champs existant aujourd’hui dans le monde, non seulement les considérables investissements nécessaires à stabiliser la production ne sont-ils plus au rendez-vous, mais selon l’agence Bloomberg, en 2020, ils ont plongé de 30 % dans le pétrole et dans le gaz.

    En résumé, selon le ministre saoudien, il manquera 20 millions de barils/jour à la fin de la décennie 2050, soit plus que la consommation annuelle d’un pays comme les USA et encore dans le scénario de développement durable sobre de l’AIE le plus optimiste, c’est-à-dire le plus improbable.

    Dans ces conditions, continuer de prôner l’abandon progressif du transport aérien et l’adoption d’un mode de vie de plus en plus sobre est non seulement avouer que la fin du pétrole est bien la fin de l’économie moderne, mais c’est délibérément provoquer l’une et l’autre. Certes, la fin des hydrocarbures arrivera bien un jour, mais aux dires des vrais spécialistes, dans un délai suffisant pour permettre aux Hommes de trouver le substitut énergétique sans lequel ils savent leur économie en perdition dans tous les cas. Or, ce substitut ne peut qu’être les nucléaires de fission et de fusion, y compris pour la circulation aérienne. Il y a donc d’autant moins de temps à perdre à mettre le paquet dans les R&D de ces deux secteurs que les besoins énergétiques des substituts encore à inventer de la pétrochimie pourraient se révéler considérables.

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      2023 : flop 10 de ce qui a changé au 1er janvier

      Jonathan Frickert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 5 January, 2023 - 04:30 · 5 minutes

    On y est ! 2022 aura été marquée par les élections françaises, le contexte géopolitique et l’ inflation . Une année dont la longueur n’aura eu d’égal que le discours présidentiel du 31 décembre. Un record détenu jusqu’en 2019 par le général de Gaulle et ses vœux de 1961 consacrés à la question algérienne, battu une première fois par Emmanuel Macron lors d’une allocution portant cette fois sur la réforme des retraites qui sera mise au placard durant 3 ans.

    Une fois minuit passée, et comme tous les 6 mois, le gouvernement nous a concocté sa petite liste d’évolutions et, souvent, de régressions.

    Une liste qui en dit beaucoup sur le modèle de société de ceux qui nous gouvernent en cette première année sans élection au suffrage direct depuis 1980.

    Au milieu de la fin des emballages jetables dans les fast foods, du broyage des poussins, du démarchage à partir de numéros de téléphones portables, des préservatifs gratuits pour les moins de 26 ans ou encore de l’élargissement du dépistage néonatal, la fournée du 1er janvier s’est révélée particulièrement riche en inventivité bureaucratique.

    Petit classement non exhaustif des mesures, du meilleur au pire.

    Les agriculteur incités à l’assurance et une justice (un peu) moins laxiste

    La première mesure de ce flop est sans doute ce qui constitue la – ou au moins une des – meilleures, puisqu’elle permet d’inciter à privilégier l’assurance aux mécanismes étatiques pour les agriculteurs.

    L’État a en effet décidé d’inciter nos paysans à s’assurer auprès d’entreprises privées en modifiant les conditions d’indemnisation des récoltes.

    En neuvième position se place la fin des réduction de peines automatiques, mais ces mesures sont bien seules dans le magma de changements moins réjouissants.

    Une épargne qui fond toujours

    A la huitième place du classement se trouve la hausse du taux de rendement du PEL si ce dernier est ouvert à compter du 1er janvier. Alors que l’inflation a dépassé les 6 % en novembre, le taux du plan épargne logement a, lui, fondu à vue d’oeil en trente ans, passant de 4,75 % en 1985 à 1 % en 2016.

    Après avoir été augmenté en août, le livret A, de son côté, devra encore attendre quelques semaines pour espérer dépasser les 2 %.

    La trappe à SMIC renforcée

    Après le capital, le travail est lui aussi concerné par les hausses du 1er janvier. Les traitements des agents publics les moins bien lotis ont été augmentés de 1,8 % lorsque le SMIC est passé à 1353 euros nets, soit la même augmentation, après deux augmentations successives entre 2 et 2,65 % en mai et août.

    De quoi renforcer un peu plus la trappe à SMIC dénoncée depuis plusieurs années enfermant les salariés dans les rémunérations les plus basses.

    Toujours plus de dépenses

    De la sixième à la troisième place se trouvent le habituelles hausses de dépenses publiques.

    La prestation compensatoire de handicap est élargie pendant que le bonus écologique est passé à 7 000 euros pour les ménages les plus modestes.

    Cyniquement, l’État a décidé de mettre fin à la prise en charge de 10 centimes par litre de carburant au profit d’une somme de 100 euros pour les 10 millions de ménages ayant un revenu fiscal annuel inférieur à 14 700 euros. Plutôt que de réduire le prix d’une denrée largement taxée, l’État privilégie la distribution d’argent public.

    Cette logique est également à l’œuvre dans la prime de 100 euros attribuée aux Français faisant régulièrement du covoiturage sur des longs trajets.

    La fin des passoires thermiques

    Toujours dans cette logique écologiste, la deuxième place de notre classement porte sur l’interdiction de la location des logements mal isolés, aussi appelés « passoires thermiques ». Une mesure déjà dénoncée dans nos colonnes en septembre dernier et qui risque fort d’exacerber la tension déjà conséquente sur le marché locatif.

    La fin du timbre rouge

    Le grand gagnant de notre classement n’est pas une affaire de dépense ou de taxe mais relève d’une logique bureaucratique bien plus profonde dont notre superstructure a le secret.

    La Poste est depuis 2010 une société anonyme mais son capital est resté entièrement public puisque détenu pour 1/3 par l’État et les 2/3 restants par la Caisse des dépôts et consignation, personne morale de droit public gérant notamment votre livret A. Ce modèle, qui inspirera la fausse privatisation de la SNCF en 2020, ne le vaccine donc pas contre les idées saugrenues.

    Concrètement, la Poste arrête purement et simplement de vendre les timbres rouges destinés aux envois urgents. Toujours dans une logique écologiste, la mesure est remplacée par un imbroglio typiquement français, puisque les personnes souhaitant envoyer un courrier prioritaire devront désormais taper leur courrier sur internet ou le scanner et l’envoyer sous format PDF.

    En face, le bureau de poste le plus proche de votre domicile imprimera votre courrier et le mettra sous pli. Vos chèques ou feuilles de soins ne seront plus susceptibles d’être envoyées par ce biais.

    Plus cher, moins efficace

    Pourquoi l’avoir mise en première position ? Outre la question de logique évoquée, la mesure exclut les 8 millions de Français toujours privés d’équipement informatique et le tiers de l’ensemble de la population encore dépourvue des connaissances de base dans l’usage d’Internet.

    A cette exclusion s’ajoute un problème de secret de la correspondance et ce en particulier dans un contexte de cyberattaques frappant les grandes entreprises françaises dont La Poste elle-même.

    Enfin, la fin du timbre rouge rendra l’envoi deux fois moins rapide pour un service plus cher. Deux fois moins rapide puisque l’envoi prendra 3 jours. Plus cher car le service passe de 1,43 à 1,49 euros. Pour la même qualité de service, il faudra dépenser encore davantage, puisque la Poste propose un service appelé « La Lettre service Plus », ou timbre turquoise, pour un montant de 2,95 euros, soit deux fois plus cher que le même service avant le 31 décembre. On ne saurait voir cela autrement que comme une nouvelle manifestation de l’écologie punitive.

    Des changements parlants

    La fin du timbre rouge illustre bien le ton général des mesures du 1er janvier et y compris de celles que nous n’avons pas évoqué ici : plus de dépenses et d’exclusion, moins d’efficacité et de libertés, le tout sur l’autel des impératifs écologiques et sociaux dont les résultats se révéleront sans doute totalement contreproductifs.

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      Conseil des ministres : quand Macron parle des professionnels du malheur

      Pascal Avot · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 5 January, 2023 - 04:15 · 3 minutes

    « Il y a des professionnels du malheur et une conjuration des esprits tristes auxquels nous devons faire face », a déclaré ce mercredi matin Emmanuel Macron en Conseil des ministres . La phrase est importante : elle mérite qu’on l’étudie à la loupe.

    Que nous dit-elle ? Qu’il existe un complot des Français de mauvaise humeur. Qu’ils se sont ligués contre le pouvoir. Qu’ils sont dangereux et doivent être stoppés dans leur élan pervers.

    La pauvreté sur le banc des accusés

    Mais qui sont donc ces pessimistes secrètement coalisés pour nuire à l’État ? La réponse est simple : ce sont les pauvres, chaque jour plus nombreux. Ceux qui voient les prix flamber au supermarché. Ceux que la hausse des tarifs de l’électricité empêche de gagner leur vie. Ceux que l’ inflation assassine à feu de moins en moins doux.

    La confrérie des grognons et des chafouins imaginée par le président de la République est en réalité constituée d’innocents, coupables de plonger bien malgré eux dans la misère et qui ont le culot de s’en rendre compte et l’insolence de ne pas s’en satisfaire, et même de s’en alarmer au point d’en parler entre eux, de médire, de maugréer et de maudire les puissants. Quels traîtres, ces désargentés !

    Emmanuel Macron montre du doigt la souffrance du peuple et l’accuse d’être de mauvaise foi, une traîtrise, une vilénie. Si vous êtes déprimés, c’est que vous êtes mal intentionnés ! Si votre budget familial se réduit comme peau de chagrin et si vous en pleurez, c’est que vous manquez de conscience politique et que votre bêtise dégénère en méchanceté !

    Salissure morale

    Il n’est pas dans mes habitudes d’assimiler le régime macronien à une dictature. Mais cette fois je veux bien faire une exception. La phrase de Macron ressemble étrangement à un énoncé stalinien, ou maoïste. L’idée que le mécontentement des rues et des villages est le fruit d’une « conjuration » – alors qu’il n’a absolument rien de calculé, que son unanimité spontanée repose toute entière sur le bon sens et l’instinct du survie, et que nul ne songe sérieusement à pendre les responsables ! – est profondément perverse. Pire : elle exhale un parfum de tyrannie.

    Quand François Hollande parlait des « sans-dents », il insultait les pauvres. Quand son successeur traite ceux qui le critiquent de « professionnels du malheur », il va beaucoup plus loin. Trop loin. Il inculpe le pessimisme. Il criminalise la détresse. Il fait du peuple perclus de douleurs économiques non seulement son inférieur, mais son ennemi.

    Pourquoi tant de mépris et de méfiance ? Pour la même raison que d’habitude : Macron n’a jamais connu la détresse. Il ne sait pas ce que c’est. Il évolue dans un univers de winners , où le mal est tabou. Une sphère parfaite, sans démons, ni ordures, ni cadavres. Un parc d’attractions interdit à la populace.

    Un quinquennat pour ne rien dire

    Après cela, comment voulez-vous expliquer aux électeurs de gauche que la lutte des classes n’existe pas ? Macron, à lui tout seul, l’incarne. Sa phrase de ce matin est une porte grande ouverte aux manifestations, aux grèves et aux émeutes.

    Se rend-il compte de ce qu’il fait ? Non. Il n’est ni assez intelligent, ni assez cultivé, et encore moins assez profond, pour comprendre ce qu’il dit. Il injurie sans savoir ce qui sort de sa bouche. Pendant encore cinq ans, l’enfant agité va couper la parole aux grandes personnes parce qu’il a – je le cite -, « envie de les emmerder ».

    Un quinquennat de gros mots, une montagne d’impolitesses pour, in fine , accoucher de souris mortes.
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      L’année 2023 va être violemment sobre

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 4 January, 2023 - 04:35 · 5 minutes

    Décidément, 2023 commence sur les chapeaux de roues et pas seulement parce que le premier janvier est tombé un dimanche : au vu des petites nouvelles passées discrètement, presque inaperçues, pendant la période des fêtes, voilà une année qui ne pourra qu’accumuler les bonnes surprises !

    Mentionnons déjà l’arrivée, dès ce premier janvier, de la Croatie parmi les pays membres de la zone euro : ayant fait le choix bizarre de rejoindre le groupe des pays européens qui se sont attachés un gros boulet à la cheville en espérant courir plus vite, la Croatie abandonne donc la kuna pour l’euro et pourra bientôt goûter aux joies des bidouilles infernales de Christine Lagarde et ce alors que les taux d’emprunt des différents pays de la zone n’arrêtent pas de grimper et que l’écart entre les principaux pays (Italie, France, Allemagne) continue de croître gentiment. Alors que les dettes des pays concernés n’ont cessé de grossir suite aux dernières crises, on se demande un peu ce qui pousse la Croatie à venir rejoindre des pays comme la France notamment dont la santé économique laisse de plus en plus perplexe.

    Et cette constatation n’est pas une simple figure rhétorique : des signaux évidents s’empilent calmement derrière les petits articles de la presse de grand chemin et pour qui veut les voir ils indiquent clairement l’état de délabrement avancé du pays.

    On pourrait citer la dernière intervention d’Emmanuelle Wargon, l’actuelle présidente de la Commission de régulation de l’énergie, énième bidule chargé de fourrer ses doigts bureaucratiques boudinés dans le marché pas du tout libre et concurrentiel de l’énergie en France , par ailleurs passablement saboté par toute l’élite politique depuis plus de 30 ans et dont la corruption et l’iniquité sont en train d’exploser au museau de tous les Français dans l’odeur de prout gêné d’une classe dirigeante en dessous de tout.

    Titillée par un gros micro mou radiophonique, Wargon a ainsi frétillé d’aise en expliquant que « l’appel à la sobriété énergétique » (lire : la propagande du rationnement) avait été entendu, constatant joyeusement que la consommation électrique avait baissé en France de 9 % sur les quatre derniers mois par rapport à la même période l’année dernière. Concédant malgré tout que les températures clémentes de la fin d’année ont probablement aidé à réduire cette facture (non, sans blague !?), elle ne va tout de même pas jusqu’à relier cette baisse de consommation pourtant historique dans son volume avec un effondrement pourtant évident de l’économie française.

    Pour elle (et d’ailleurs comme pour le reste du gouvernement, complètement aux fraises), il s’agit du résultat réfléchi d’un effort consenti par les consommateurs particuliers et les entreprises pour aboutir à ce résultat. Que c’est confortable ! Au moins ne s’agit-il pas du tout (mais non mais non) du résultat nettement moins glamour de l’évaporation de toute marge de manœuvre financière de la part des ménages qui, faute de pouvoir payer leurs factures, arrêtent de se chauffer purement et simplement, ou de la fermeture pure et simple d’un nombre statistiquement significatif d’artisans, de commerçants et d’industriels qui ne peuvent tout bonnement plus travailler.

    Pour certains, rouvrir après les fêtes est un non-sens économique : les prix sont montés si haut qu’il n’est tout juste plus rentable de continuer à produire. Alors que Wargon y voit une sobriété qui s’installe, l’observateur réaliste verra des entreprises qui licencient, des artisans qui cessent leur activité et des commerçant qui ferment.

    Et qui dit fermetures, licenciements et autres abandons de la part des entreprises dit aussi chômage : et alors que les journaux de révérence n’hésitent pas à louanger une baisse officielle du chômage en France, laissant certains ministricules évoquer sans pouffer des notions aussi grotesques que celle du plein emploi pour la France , les petits détails statistiques montrent quant à eux qu’à force d’éliminer différentes catégories de statistiques et de radier à tour de bras les demandeurs d’emploi, on ne peut en effet qu’obtenir des chiffres véritablement rosifiés mais plus trop en rapport avec la réalité tangible d’un pays qui s’enfonce.

    Et qui dit chômage dit aussi augmentation de la misère : alors que Macron prétendait par son action améliorer le pouvoir d’achat des Français, tout indique qu’il est en train de le leur évaporer à grande vitesse. En témoigne l’augmentation de 17 % sur l’année des vols à l’étalage , qui concerne surtout… du beurre, des morceaux de fromage, des boîtes de conserve ou des denrées alimentaires dont le prix  dépasse rarement quelques euros.

    En somme, l’année 2023 n’a que quelques heures mais on sait déjà que la trajectoire n’est pas la bonne : les dettes accumulées ces dernières années sont devenues impossibles à porter, les déficits budgétaires abyssaux ne faisant que l’obésifier avec obstination ; les décisions politiques géostratégiques et notamment énergétiques qui ont été prises ces vingt dernières années et surtout ces douze derniers mois portent à présent leurs fruits empoisonnés au point que même la remise en marche de toutes les centrales nucléaires n’épargnera pas aux Français de payer de façon exorbitante une énergie pourtant bon marché ; la lourdeur administrative, la bureaucratie galopante, l’absolu détachement aux réalités du pays des dirigeants français conduisent l’ensemble de l’industrie française à la ruine complète.

    Au-delà d’un numéro vert qu’on nous a pour le moment épargné (mais qui est probablement dans les cartons d’un de ces énarques en roue libre), le seul début de solution que cette bande de saboteurs (dont une partie est, il faut bien le dire, parfaitement idiote) parvient à émettre est la distribution grotesque de chèques divers et variés attachés à l’habituelle usine à gaz de conditions et de démarches : comme un lapin Duracell de la fiscalité délirante, l’État prélève de façon de plus en plus frénétique des taxes et impôts toujours plus lourds afin de financer la distribution de chèques toujours plus nombreux, en lieu et place de réduire ses dépenses et ses ponctions.

    Moyennant un peu d’enrobage rhétorique typique de la macronitude actuelle, l’année 2023 s’annonce donc être celle de la récession douce, la dépression amortie, du chômage apaisé et pour beaucoup, de la misère tranquille.

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