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2023 : flop 10 de ce qui a changé au 1er janvier
Jonathan Frickert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 5 January, 2023 - 04:30 · 5 minutes
On y est ! 2022 aura été marquée par les élections françaises, le contexte géopolitique et l’ inflation . Une année dont la longueur n’aura eu d’égal que le discours présidentiel du 31 décembre. Un record détenu jusqu’en 2019 par le général de Gaulle et ses vœux de 1961 consacrés à la question algérienne, battu une première fois par Emmanuel Macron lors d’une allocution portant cette fois sur la réforme des retraites qui sera mise au placard durant 3 ans.
Une fois minuit passée, et comme tous les 6 mois, le gouvernement nous a concocté sa petite liste d’évolutions et, souvent, de régressions.
Une liste qui en dit beaucoup sur le modèle de société de ceux qui nous gouvernent en cette première année sans élection au suffrage direct depuis 1980.
Au milieu de la fin des emballages jetables dans les fast foods, du broyage des poussins, du démarchage à partir de numéros de téléphones portables, des préservatifs gratuits pour les moins de 26 ans ou encore de l’élargissement du dépistage néonatal, la fournée du 1er janvier s’est révélée particulièrement riche en inventivité bureaucratique.
Petit classement non exhaustif des mesures, du meilleur au pire.
Les agriculteur incités à l’assurance et une justice (un peu) moins laxiste
La première mesure de ce flop est sans doute ce qui constitue la – ou au moins une des – meilleures, puisqu’elle permet d’inciter à privilégier l’assurance aux mécanismes étatiques pour les agriculteurs.
L’État a en effet décidé d’inciter nos paysans à s’assurer auprès d’entreprises privées en modifiant les conditions d’indemnisation des récoltes.
En neuvième position se place la fin des réduction de peines automatiques, mais ces mesures sont bien seules dans le magma de changements moins réjouissants.
Une épargne qui fond toujours
A la huitième place du classement se trouve la hausse du taux de rendement du PEL si ce dernier est ouvert à compter du 1er janvier. Alors que l’inflation a dépassé les 6 % en novembre, le taux du plan épargne logement a, lui, fondu à vue d’oeil en trente ans, passant de 4,75 % en 1985 à 1 % en 2016.
Après avoir été augmenté en août, le livret A, de son côté, devra encore attendre quelques semaines pour espérer dépasser les 2 %.
La trappe à SMIC renforcée
Après le capital, le travail est lui aussi concerné par les hausses du 1er janvier. Les traitements des agents publics les moins bien lotis ont été augmentés de 1,8 % lorsque le SMIC est passé à 1353 euros nets, soit la même augmentation, après deux augmentations successives entre 2 et 2,65 % en mai et août.
De quoi renforcer un peu plus la trappe à SMIC dénoncée depuis plusieurs années enfermant les salariés dans les rémunérations les plus basses.
Toujours plus de dépenses
De la sixième à la troisième place se trouvent le habituelles hausses de dépenses publiques.
La prestation compensatoire de handicap est élargie pendant que le bonus écologique est passé à 7 000 euros pour les ménages les plus modestes.
Cyniquement, l’État a décidé de mettre fin à la prise en charge de 10 centimes par litre de carburant au profit d’une somme de 100 euros pour les 10 millions de ménages ayant un revenu fiscal annuel inférieur à 14 700 euros. Plutôt que de réduire le prix d’une denrée largement taxée, l’État privilégie la distribution d’argent public.
Cette logique est également à l’œuvre dans la prime de 100 euros attribuée aux Français faisant régulièrement du covoiturage sur des longs trajets.
La fin des passoires thermiques
Toujours dans cette logique écologiste, la deuxième place de notre classement porte sur l’interdiction de la location des logements mal isolés, aussi appelés « passoires thermiques ». Une mesure déjà dénoncée dans nos colonnes en septembre dernier et qui risque fort d’exacerber la tension déjà conséquente sur le marché locatif.
La fin du timbre rouge
Le grand gagnant de notre classement n’est pas une affaire de dépense ou de taxe mais relève d’une logique bureaucratique bien plus profonde dont notre superstructure a le secret.
La Poste est depuis 2010 une société anonyme mais son capital est resté entièrement public puisque détenu pour 1/3 par l’État et les 2/3 restants par la Caisse des dépôts et consignation, personne morale de droit public gérant notamment votre livret A. Ce modèle, qui inspirera la fausse privatisation de la SNCF en 2020, ne le vaccine donc pas contre les idées saugrenues.
Concrètement, la Poste arrête purement et simplement de vendre les timbres rouges destinés aux envois urgents. Toujours dans une logique écologiste, la mesure est remplacée par un imbroglio typiquement français, puisque les personnes souhaitant envoyer un courrier prioritaire devront désormais taper leur courrier sur internet ou le scanner et l’envoyer sous format PDF.
En face, le bureau de poste le plus proche de votre domicile imprimera votre courrier et le mettra sous pli. Vos chèques ou feuilles de soins ne seront plus susceptibles d’être envoyées par ce biais.
Plus cher, moins efficace
Pourquoi l’avoir mise en première position ? Outre la question de logique évoquée, la mesure exclut les 8 millions de Français toujours privés d’équipement informatique et le tiers de l’ensemble de la population encore dépourvue des connaissances de base dans l’usage d’Internet.
A cette exclusion s’ajoute un problème de secret de la correspondance et ce en particulier dans un contexte de cyberattaques frappant les grandes entreprises françaises dont La Poste elle-même.
Enfin, la fin du timbre rouge rendra l’envoi deux fois moins rapide pour un service plus cher. Deux fois moins rapide puisque l’envoi prendra 3 jours. Plus cher car le service passe de 1,43 à 1,49 euros. Pour la même qualité de service, il faudra dépenser encore davantage, puisque la Poste propose un service appelé « La Lettre service Plus », ou timbre turquoise, pour un montant de 2,95 euros, soit deux fois plus cher que le même service avant le 31 décembre. On ne saurait voir cela autrement que comme une nouvelle manifestation de l’écologie punitive.
Des changements parlants
La fin du timbre rouge illustre bien le ton général des mesures du 1er janvier et y compris de celles que nous n’avons pas évoqué ici : plus de dépenses et d’exclusion, moins d’efficacité et de libertés, le tout sur l’autel des impératifs écologiques et sociaux dont les résultats se révéleront sans doute totalement contreproductifs.