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      2023 : flop 10 de ce qui a changé au 1er janvier

      Jonathan Frickert · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 5 January, 2023 - 04:30 · 5 minutes

    On y est ! 2022 aura été marquée par les élections françaises, le contexte géopolitique et l’ inflation . Une année dont la longueur n’aura eu d’égal que le discours présidentiel du 31 décembre. Un record détenu jusqu’en 2019 par le général de Gaulle et ses vœux de 1961 consacrés à la question algérienne, battu une première fois par Emmanuel Macron lors d’une allocution portant cette fois sur la réforme des retraites qui sera mise au placard durant 3 ans.

    Une fois minuit passée, et comme tous les 6 mois, le gouvernement nous a concocté sa petite liste d’évolutions et, souvent, de régressions.

    Une liste qui en dit beaucoup sur le modèle de société de ceux qui nous gouvernent en cette première année sans élection au suffrage direct depuis 1980.

    Au milieu de la fin des emballages jetables dans les fast foods, du broyage des poussins, du démarchage à partir de numéros de téléphones portables, des préservatifs gratuits pour les moins de 26 ans ou encore de l’élargissement du dépistage néonatal, la fournée du 1er janvier s’est révélée particulièrement riche en inventivité bureaucratique.

    Petit classement non exhaustif des mesures, du meilleur au pire.

    Les agriculteur incités à l’assurance et une justice (un peu) moins laxiste

    La première mesure de ce flop est sans doute ce qui constitue la – ou au moins une des – meilleures, puisqu’elle permet d’inciter à privilégier l’assurance aux mécanismes étatiques pour les agriculteurs.

    L’État a en effet décidé d’inciter nos paysans à s’assurer auprès d’entreprises privées en modifiant les conditions d’indemnisation des récoltes.

    En neuvième position se place la fin des réduction de peines automatiques, mais ces mesures sont bien seules dans le magma de changements moins réjouissants.

    Une épargne qui fond toujours

    A la huitième place du classement se trouve la hausse du taux de rendement du PEL si ce dernier est ouvert à compter du 1er janvier. Alors que l’inflation a dépassé les 6 % en novembre, le taux du plan épargne logement a, lui, fondu à vue d’oeil en trente ans, passant de 4,75 % en 1985 à 1 % en 2016.

    Après avoir été augmenté en août, le livret A, de son côté, devra encore attendre quelques semaines pour espérer dépasser les 2 %.

    La trappe à SMIC renforcée

    Après le capital, le travail est lui aussi concerné par les hausses du 1er janvier. Les traitements des agents publics les moins bien lotis ont été augmentés de 1,8 % lorsque le SMIC est passé à 1353 euros nets, soit la même augmentation, après deux augmentations successives entre 2 et 2,65 % en mai et août.

    De quoi renforcer un peu plus la trappe à SMIC dénoncée depuis plusieurs années enfermant les salariés dans les rémunérations les plus basses.

    Toujours plus de dépenses

    De la sixième à la troisième place se trouvent le habituelles hausses de dépenses publiques.

    La prestation compensatoire de handicap est élargie pendant que le bonus écologique est passé à 7 000 euros pour les ménages les plus modestes.

    Cyniquement, l’État a décidé de mettre fin à la prise en charge de 10 centimes par litre de carburant au profit d’une somme de 100 euros pour les 10 millions de ménages ayant un revenu fiscal annuel inférieur à 14 700 euros. Plutôt que de réduire le prix d’une denrée largement taxée, l’État privilégie la distribution d’argent public.

    Cette logique est également à l’œuvre dans la prime de 100 euros attribuée aux Français faisant régulièrement du covoiturage sur des longs trajets.

    La fin des passoires thermiques

    Toujours dans cette logique écologiste, la deuxième place de notre classement porte sur l’interdiction de la location des logements mal isolés, aussi appelés « passoires thermiques ». Une mesure déjà dénoncée dans nos colonnes en septembre dernier et qui risque fort d’exacerber la tension déjà conséquente sur le marché locatif.

    La fin du timbre rouge

    Le grand gagnant de notre classement n’est pas une affaire de dépense ou de taxe mais relève d’une logique bureaucratique bien plus profonde dont notre superstructure a le secret.

    La Poste est depuis 2010 une société anonyme mais son capital est resté entièrement public puisque détenu pour 1/3 par l’État et les 2/3 restants par la Caisse des dépôts et consignation, personne morale de droit public gérant notamment votre livret A. Ce modèle, qui inspirera la fausse privatisation de la SNCF en 2020, ne le vaccine donc pas contre les idées saugrenues.

    Concrètement, la Poste arrête purement et simplement de vendre les timbres rouges destinés aux envois urgents. Toujours dans une logique écologiste, la mesure est remplacée par un imbroglio typiquement français, puisque les personnes souhaitant envoyer un courrier prioritaire devront désormais taper leur courrier sur internet ou le scanner et l’envoyer sous format PDF.

    En face, le bureau de poste le plus proche de votre domicile imprimera votre courrier et le mettra sous pli. Vos chèques ou feuilles de soins ne seront plus susceptibles d’être envoyées par ce biais.

    Plus cher, moins efficace

    Pourquoi l’avoir mise en première position ? Outre la question de logique évoquée, la mesure exclut les 8 millions de Français toujours privés d’équipement informatique et le tiers de l’ensemble de la population encore dépourvue des connaissances de base dans l’usage d’Internet.

    A cette exclusion s’ajoute un problème de secret de la correspondance et ce en particulier dans un contexte de cyberattaques frappant les grandes entreprises françaises dont La Poste elle-même.

    Enfin, la fin du timbre rouge rendra l’envoi deux fois moins rapide pour un service plus cher. Deux fois moins rapide puisque l’envoi prendra 3 jours. Plus cher car le service passe de 1,43 à 1,49 euros. Pour la même qualité de service, il faudra dépenser encore davantage, puisque la Poste propose un service appelé « La Lettre service Plus », ou timbre turquoise, pour un montant de 2,95 euros, soit deux fois plus cher que le même service avant le 31 décembre. On ne saurait voir cela autrement que comme une nouvelle manifestation de l’écologie punitive.

    Des changements parlants

    La fin du timbre rouge illustre bien le ton général des mesures du 1er janvier et y compris de celles que nous n’avons pas évoqué ici : plus de dépenses et d’exclusion, moins d’efficacité et de libertés, le tout sur l’autel des impératifs écologiques et sociaux dont les résultats se révéleront sans doute totalement contreproductifs.

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      Le président Cleveland avait prévenu des méfaits des dépenses fédérales

      Foundation for Economic Education · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 4 January, 2023 - 03:30 · 6 minutes

    Par Lawrence Reed.

    Je suis favorable à la politique d’économie, non pas parce que je souhaite économiser de l’argent, mais parce que je souhaite sauver les gens. Les hommes et les femmes de ce pays qui travaillent dur sont ceux qui supportent le coût du gouvernement. Chaque dollar que nous gaspillons négligemment signifie que leur vie sera d’autant plus maigre. Chaque dollar que nous économisons prudemment signifie que leur vie sera d’autant plus abondante. L’économie est l’idéalisme dans sa forme la plus pratique.

    —Président Calvin Coolidge, Discours d’investiture, 4 mars 1925

    En août 2023, lorsque nous célébrerons le centenaire de l’accession de Calvin Coolidge à la présidence à la suite du décès inattendu de Warren Harding, nous devrions célébrer son attachement à l’économie au sein du gouvernement – pas seulement parce qu’il en a parlé, mais surtout parce qu’il l’a mis en pratique.

    Les dépenses fédérales en 1920, l’année où le ticket Harding-Coolidge a été élu, s’élevaient à 6,4 milliards de dollars. Au décès de Harding en 1923, elles étaient inférieures à la moitié de ce montant, soit 3,2 milliards de dollars. Puis, après plus de cinq ans de présidence Coolidge, elles étaient à peine inférieures à 3,0 milliards de dollars. Dans les années 1920, les taux d’imposition ont été réduits de façon spectaculaire, les recettes fédérales ont augmenté et près de la moitié de la dette nationale a été éliminée. Le budget était excédentaire chaque année.

    Malheureusement, rien de tel n’a été observé depuis. En effet, les deux grands partis sont désormais favorables à des dépenses déficitaires massives, aussi loin que l’on puisse voir dans le futur. La perspective d’un budget fédéral équilibré semble aussi éloignée que celle de trouver une plage dans les Alpes.

    Coolidge était un Républicain, et les Républicains ont l’habitude de parler de responsabilité fiscale. Il se trouve qu’il était aussi celui qui la pratiquait. Mais peu de temps avant lui, un président démocrate l’a fait aussi. Il ne s’agissait certainement pas de Woodrow Wilson, qui a fait exploser le budget en augmentant massivement les impôts et les dépenses pour des programmes « progressistes » et la Première Guerre mondiale. Je me réfère plutôt au dernier président démocrate du XIXe siècle, un homme qui a opposé son veto à plus de projets de loi que tous les chefs d’État précédents réunis – Grover Cleveland.

    L’opposition de Cleveland aux grands gouvernements est bien documentée dans les pages de FEE.org. Voir la liste des lectures suggérées ci-dessous. Son mandat fait également l’objet d’une nouvelle et très bonne biographie, A Man of Iron : The Turbulent Life and Improbable Presidency of Grover Cleveland par Troy Senik.

    Cleveland a remporté la Maison Blanche en 1884 sur un programme visant à limiter les dépenses fédérales et la corruption. Se présentant pour une réélection en 1888, il a remporté le vote populaire mais a perdu face au républicain Benjamin Harrison au collège électoral. Les dépenses inconsidérées de l’administration Harrison sont l’une des principales raisons pour lesquelles il sort de sa retraite pour se représenter en 1892. Il bat Harrison cette année-là et devient le seul homme jamais élu à des mandats non consécutifs (1885-89 et 1893-97).

    J’attire l’attention du lecteur sur un article que l’ex-Président Cleveland a écrit trois ans après la fin de son second mandat, en juin 1901. Intitulé « The Waste of Public Money », il s’agit de l’un des six articles qu’il a rédigés pour le Saturday Evening Post. Dans celle-ci, il fait référence à « une situation maléfique qui nous menace », un « mal » qu’il considère comme « calamiteux et destructeur pour notre caractère et notre intégrité nationale ».

    En 1901, le gouvernement fédéral a dépensé un demi-milliard de dollars sur l’ensemble de l’année, ce qui équivaut à peu près, en termes réels, à environ 12 milliards de dollars aujourd’hui. Washington dépense autant aujourd’hui en une demi-journée. Au cas où vous penseriez que le gouvernement fédéral était malhonnête en 1901, réfléchissez à ce que Cleveland a dit dans son article cette année-là :

    Probablement personne n’aura l’audace de nier que le coût de notre gouvernement est excessif et gaspilleur, et que cette situation est due, dans une certaine mesure, à la négligence et à l’indifférence de notre peuple… Si la masse globale de notre peuple est un tant soit peu responsable du stade avancé actuel de la prodigalité publique, c’est en grande partie parce qu’elle a négligé et toléré ses petits débuts, alors qu’à tout moment elle aurait dû être vigilante et intransigeante. Un peuple qui se gouverne lui-même… devrait constamment se rappeler que rien ne se multiplie plus abondamment que les extravagances nationales, et que ni un individu ni un gouvernement populaire ne peuvent facilement corriger ou contrôler les habitudes de gaspillage.

    L’ancien président n’a pas cru un seul instant que seuls les politiciens étaient à blâmer pour les dépenses excessives. Il affirmait avec audace que de nombreux Américains y adhéraient. Ils étaient effectivement achetés et payés, coupables « d’accepter les pots-de-vin d’avantages égoïstes et personnels qu’offrent le gaspillage et les extravagances publiques ».

    Cleveland a souvent été averti par ses conseillers de modérer ses prises de position pour éviter la controverse. Le biographe H. Paul Jeffers le cite comme ayant répondu une fois à un tel conseil en demandant : « À quoi sert d’être élu ou réélu si vous ne défendez pas quelque chose ? ». Lorsqu’il opposa son veto à un projet de loi visant à soulager les agriculteurs frappés par la sécheresse grâce à des fonds fédéraux, il fit comprendre que « si le peuple soutient le gouvernement, le gouvernement ne devrait pas soutenir le peuple ». Il considérait que son travail consistait à faire respecter la Constitution et à maintenir le gouvernement fédéral à sa juste place, et non à affaiblir « les liens de la fraternité commune » en volant Pierre pour payer Paul.

    C’était un homme qui disait ce qu’il pensait et qui pensait ce qu’il disait, contre vents et marées. Il parlait avec une clarté de principe qui fait la grandeur d’une nation, et dont l’absence fait échouer une grande nation. Il a compris qu’aucune société dans l’histoire qui s’est laissée corrompre par ses politiciens n’a jamais survécu à un tel larcin légal.

    Dans les derniers paragraphes de son article paru en juin 1901 dans le Saturday Evening Post, Cleveland admonestait ses concitoyens américains. Par ces mots, il les exhortait à rassembler le caractère nécessaire pour résister aux pots-de-vin versés avec leur propre argent :

    Les leçons de l’extravagance et du paternalisme doivent être désapprises ; l’économie et la frugalité doivent être rétablies ; et le peuple doit exiger de ses représentants une attention vigilante au bien-être général et une résistance sévère aux exigences des intérêts égoïstes, si notre gouvernement doit être une protection durable et bienfaisante pour un peuple patriotique et vertueux.

    De nombreux Américains d’aujourd’hui rejetteraient sans doute les avertissements de Cleveland comme « désuets » et « démodés ». Ils veulent que le gouvernement leur donne des choses et ils ne se demandent pas qui va les payer. Ils pensent encore moins à la façon dont cela corrompt le caractère national.

    Cleveland conclurait probablement qu’il s’agit d’une preuve affligeante que le caractère national a déjà été profondément corrompu. Et en cela, je crois qu’il aurait précisément et étonnamment raison. La question que chacun d’entre nous devrait se poser est la suivante : « Est-ce que je fais partie du problème ou de la solution ? »

    Sur le web

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      Les Français et la maladie du « Toujours Plus »

      Claude Sicard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 3 January, 2023 - 04:30 · 9 minutes

    L’année 2022 s’achève et on s’interroge avec inquiétude sur ce que nous réserve la nouvelle année. Toutes les économies européennes sont très fortement affectées par les répercussions de la guerre menée par les Russes en Ukraine et le FMI vient d’abaisser de 2,5 % à 2 % ses prévisions pour la croissance mondiale . Il révèle dans sa dernière note que « le ralentissement le plus marqué interviendra dans la zone euro ».

    En France les handicaps pour surmonter les difficultés qui se profilent ne manquent pas : le secteur industriel amoindri ne représentant plus que 10 % du PIB fait de la France le pays le plus désindustrialisé d’Europe Grèce mise à part ; la dette structurelle toujours croissante est supérieure au PIB ; le taux de chômage est le plus élevé d’Europe ; les dépenses publiques sont en proportion du PIB beaucoup plus importantes que partout ailleurs.

    Nos dirigeants n’ont donc pas devant eux une page blanche.

    Et il existe de surcroît un élément sous-jacent jamais évoqué qui est une donnée sur laquelle les dirigeants n’ont aucune prise : la sociologie du peuple français.

    Le rôle de la sociologie en matière économique

    La sociologie joue un rôle extrêmement important dans les processus et les phénomènes économiques.

    Dans La grande transformation , Karl Polanyi , un économiste anthropologue austro-hongrois dont les travaux sont très appréciés par les économistes de l’École de Toulouse énonce qu’il ne peut y avoir de relations économiques sans relations sociales.

    Dans L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme , paru en 1905, Max Weber avait expliqué que la différence profonde de performances économiques entre les pays du nord de l’Europe et les pays du sud tient au fait que les uns sont protestants alors que les autres sont catholiques. Selon lui, c’est l’éthique protestante qui a fait le succès du capitalisme : chez les protestants on accumule pour investir et non pas pour consommer. La France fait partie de ce que certains experts à Bruxelles appellent malicieusement les « pays du club Med ». Nos dirigeants se voient contraints de faire avec cette donnée qui est par nature inchangeable. Max Weber a fait le constat que lorsque dans un pays il y a une partie protestante et une autre catholique c’est toujours la partie protestante qui est la plus prospère.

    Au-delà de cette spécificité culturelle il existe en France un syndicalisme d’opposition qui est la conséquence, selon de nombreux auteurs, de la loi de Waldeck Rousseau du 21 mars 1884 qui a donné une base légale aux syndicats mais les a écartés des sages sentiers de l’administration des choses.

    En Allemagne et dans les pays scandinaves les syndicats et le parti socialiste collaborent. Il y a même un système de cogestion des entreprises chez notre voisin allemand. Dans les pays scandinaves, les conflits se règlent par le dialogue. C’est aussi le cas de la Suisse où depuis l’accord conclu en 1937 instituant « La Paix du travail », il n’y a plus jamais de grèves.

    Dans le cas de la France, il faut se rapporter à la Charte d’Amiens de 1906 qui a fondé le syndicalisme français : elle valorise l’expropriation capitaliste et la lutte des classes avec comme moyen d’action la grève générale. Ainsi, en France, l’inconscient prolétarien est révolutionnaire. Cette Charte a constitué jusqu’ici l’ADN du syndicalisme français. Aussi, les conflits entre les syndicats et le patronat n’ont-ils  pas cessé d’agiter la société. Il est impossible de les énumérer tous ici mais on ne peut manquer de rappeler l’épisode du Front populaire de 1936 qui a abouti à la semaine de 40 heures et des congés payés : dans toute la France des usines furent occupées et le drapeau rouge flottait sur bon nombre d’entre elles.

    Avec ces innombrables luttes contre le pouvoir et le patronat les Français ont obtenu des avantages sociaux importants inscrits dans la législation du pays. Le Code du travail français est ainsi très volumineux et particulièrement rigide et nuit au bon fonctionnement des entreprises.

    Les pays scandinaves et la Suisse sont pris comme exemples de pays où l’économie est dynamique et prospère :

    Population active

    • France……………….. 45,9 %
    • Pays scandinaves… 50 % – 55 %
    • Suisse………………… 57 %

    Durée de vie active

    • France……………….. 35,6
    • Pays scandinaves… 41
    • Suisse………………… 42,4

    Heures de travail par an

    • France……………….. 1402
    • Pays scandinaves… 1662
    • Suisse………………… 1831

    Durée hebdomadaire du travail

    • France……………….. 35
    • Pays scandinaves… 37 – 38
    • Suisse………………… 45 – 50

    Jours de grève

    • France……………….. 1000
    • Pays scandinaves…    114
    • Suisse…………………        1

    On voit comment s’est organisé le pays pour faire fonctionner sa machine économique par comparaison avec les pays scandinaves et la Suisse.

    Dans le cas de la France :

    • taux de population active anormalement bas ;
    • durée de vie active plus courte ;
    • nombre d’heures travaillées par an inférieur ;
    • propension à recourir à la grève particulièrement élevée.

    Il manque à la France au moins 4 millions de personnes au travail sachant que les chômeurs sensés rechercher activement un emploi sont comptabilisés dans la population active.

    En France, ceux qui ne sont pas au travail sont portés par la communauté nationale et vivent de subsides fournis par la population active. Fin octobre 2022 Pôle Emploi comptait 6 198 310 inscrits toutes catégories confondues (A, B, C, D et E), dont 3 091 900 inscrits en catégorie A.

    Il en résulte des performances économiques très inférieures à celles des pays scandinaves et de la Suisse. Paradoxalement, le pays se situe au 24e rang seulement du classement des nations du World Hapiness Report de l’ONU de l’année 2019, entre le Mexique et le Chili alors que les pays pris ici en exemple sont tous en tête du classement.

    Finlande

    • PIB/capita………….. 53 654 dollars
    • Dette/PIB……………   72,4 %
    • Dép. Soc/PIB………. 54,9 %
    • World Happiness….  N° 1

    Suède

    • PIB/capita………….. 61 028 dollars
    • Dette/PIB…………… 42,0 %
    • Dép. Soc/PIB………. 50,2 %
    • World Happiness…. N° 7

    Danemark

    • PIB/capita………….. 68 007 dollars
    • Dette/PIB…………… 33,2 %
    • Dép. Soc/PIB………. 51,0 %
    • World Happiness…. N° 2

    Norvège

    • PIB/capita…………..  89,154 dollars
    • Dette/PIB……………  36,2 %
    • Dép. Soc/PIB……….  18,0 %
    • World Happiness….  N° 3

    Suisse

    • PIB/capita…………..  91 991 dollars
    • Dette/PIB……………  42,4 %
    • Dép. Soc/PIB……….  17,5 %
    • World Happiness….  N° 6

    France

    • PIB/capita…………..  43 659 dollars
    • Dette/PIB……………  113,5 %
    • Dép. Soc/PIB……….  59,2 %
    • World Happiness…. N° 24

    Quand la France va-t-elle pouvoir se réformer ?

    Ces données conduisent à conclure que la France a un immense besoin de se réformer mais ses dirigeants sont très loin de s’atteler à la tâche.

    Les dépenses publiques sont à un niveau très supérieur, en proportion du PIB, à ce qu’elles sont partout ailleurs (51,9 % du PIB contre 34,9 % pour la moyenne OCDE ).

    Les hôpitaux publics sont fortement déficitaires, leur dette s’élève à 30 milliards d’euros.

    Le COR prévoit que le déficit des caisses de retraite va s’élever dans les prochaines années à 0,5 voire 0,8 point de PIB.

    Le pays a perdu près de la moitié de son secteur industriel qui ne représente plus que 10 % du PIB alors qu’il devrait se situer au moins à 18 %.

    De toutes parts, la population réclame davantage de médecins et d’infirmières, davantage de juges, de policiers et de gardiens de prison, davantage de postiers, etc.

    Les revendications pour l’augmentation du pouvoir d’achat sont permanentes. Les 35 heures instaurées par Martine Aubry ont fait partout des dégâts considérables et aucun autre pays n’a adopté une telle mesure.

    Les Français ne parviennent pas à réaliser que le PIB par habitant est bien inférieur à celui des voisins du nord et veulent faire fonctionner la machine économique avec des ratios inférieurs des éléments clés intervenant dans le processus de création de richesse à ce qu’ils sont dans les pays où les PIB par tête sont élevés.

    Cette maladie du « toujours plus » qui affecte les Français avait été déjà dénoncée en 1982 par le journaliste et essayiste François de Closets dans Toujours plus . Ce livre a eu à l’époque beaucoup de succès. François Mitterrand l’avait qualifié « d’ouvrage salutaire ».

    François de Closets écrivait :

    « Les Français se proclament tous défavorisés, réclamant plus d’argent, mais aussi plus de droits, d’avantages, de loisirs, et de garanties ».

    En 2006, il est revenu à la charge avec Plus encore !

    Il serait bon que nos dirigeants veuillent bien s’en inspirer.

    Cet esprit revendicatif s’était traduit par ce bouleversement extraordinaire qu’a été la Révolution de 1789 qui a aboli la royauté et accompagnée des cruautés et des massacres qui ont marqué cette période. Cette grande révolution s’est inscrite dans le roman national : elle est une date clé de l’histoire de France. Elle est louée aux jeunes générations, à l’école, comme un élément positif et on utilise donc la grève voire l’organisation de mouvements populaires violents pour s’opposer au pouvoir. Le marxisme est venu se greffer sur ce fond culturel. Vladimir Lénine avait parlé de « révolution permanente » et cette idéologie a eu beaucoup de succès en France. Les évènements de Mai 68 en ont été une illustration parfaite, mettant à mal une fois de plus l’idée même d’autorité. Plus récemment le mouvement des Gilets jaunes a beaucoup agité le pays.

    Les pouvoirs publics doivent donc faire avec cette donnée de la sociologie française. Alain Duhamel a analysé la psychologie politique des Français dans Les pathologies politiques françaises dont il dit « qu’elles incitent le pouvoir à avancer en crabe ».

    Il s’agit donc bien d’avancer mais avec précaution. Le premier pas consisterait à expliquer avec franchise aux Français où nous en sommes plutôt que de dissimuler en permanence la situation du pays.

    Un récent sondage Harris Interactive indique que six Français sur dix sont pessimistes sur l’avenir du pays, mais on ne leur a jamais expliqué quels étaient les défis à relever. Ils ne comprennent pas pourquoi le pays va mal et se dressent contre les dirigeants. Ils doivent pourtant comprendre les raisons pour lesquelles ils doivent faire des efforts et faire preuve de civisme. Nous n’en sommes hélas pas là pour l’instant. Dès qu’une occasion propice se présente, on déclenche une grève avant même de négocier et la direction de l’entreprise prise au piège doit céder. Une fois de plus, la SNCF vient d’en faire l’expérience, au moment où la population a le plus besoin de se déplacer.

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      L’année 2023 s’annonce décidément pleine de surprises et la France vide d’industries

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 14 December, 2022 - 12:00 · 5 minutes

    Comme l’avait courageusement souhaité Bruno Le Maire au début de l’invasion ukrainienne par la Russie, l’économie est maintenant à genoux, avec le petit souci qu’il s’agit de l’économie française : après neuf mois de sanctions diverses et de décisions – notamment énergétiques – parfaitement consternantes, la France réalise grâce à quelques bidouillages statistiques audacieux un magnifique surplace artistique avec une croissance symbolique autour du chiffre fétiche de notre ministre de l’Économie, à savoir zéro.

    Après douze mois d’une tension palpable sur tous les marchés, des problèmes d’approvisionnements et une conduite du pays essentiellement faite à tâtons, le bilan n’est pas tout à fait aussi rose que celui qu’on nous vendait en janvier 2022. Cependant, ce qu’il y a de bien avec l’énergie c’est que les effets de politiques désastreuses ne mettent pas dix ans à se manifester et au moins peut-on voir dès aujourd’hui le résultat concret des agitations spasmodiques du petit Bruneau de Bercy : c’est un effondrement du déficit commercial français record qui nous attend pour boucler l’année, qu’on devra certainement coupler à des faillites mémorables pour les entreprises françaises.

    En effet, force est de constater que ces faillites sont déjà très nombreuses en Angleterre et au Pays-de-Galles , en Allemagne , et qu’il apparaît donc logique de considérer que l’Hexagone suit la même trajectoire sous l’impulsion courageuse de notre Mozart de la finance.

    Certes, pour le moment, on n’en parle pas trop mais la situation est bel et bien critique : on trouve ainsi un nombre croissant de signaux de moins en moins faibles comme au tribunal de commerce de Lyon (deuxième juridiction de France) qui enregistre un bond de 42 % des faillites supplémentaires par rapport à l’année dernière et craint que l’année 2023 ne soit franchement pire…

    Et si pour le moment les titres de la propag presse française ne laissent pas filtrer un tableau trop sombre, on commence à voir ces effets délétères déborder sur ces plateaux télé qui se font une spécialité de vendre de l’émotion par pack familial : les faillites sont maintenant plus qu’évoquées régulièrement.

    Alors que les prix de l’énergie explosent, que les approvisionnements ne sont plus ni bon marché ni même assurés tant certaines chaînes logistiques ont été bousculées par les confinements et autres expériences sociales débiles, les petits commerçants sont en première ligne lorsque la conjoncture se resserre d’un coup. L’exemple du boulanger invité par Hanouna n’est qu’une illustration de ce qui se passe en vitesse accélérée à l’échelle de tout le pays, à mesure que les factures énergétiques s’empilent.

    Et il ne faut pas regarder bien loin pour constater que ce qui touche les petits commerçants et artisans finit aussi par atteindre les entreprises moins familiales, moins locales et plus importantes. Ainsi, signalons par exemple la fermeture de la plupart des chaînes de production de William Saurin ; certains taquins y verront un gain net pour la gastronomie française mais plus sérieusement cela se traduira surtout par une nette diminution des approvisionnements en conserves alimentaires. Peut-on se réjouir d’étalages potentiellement vides ?

    Il est d’ailleurs intéressant de constater que si la presse évoque quelque peu ces entreprises et ces commerçants qui, confrontés à des prix d’exploitations exorbitants, sont obligés de mettre la clé sous la porte, cette même presse se fait bien plus discrète sur d’autres exploitations dont les difficultés ne se feront sentir qu’en fin d’année prochaine : si les boulangers ferment maintenant parce que l’énergie est trop chère, de nombreux agriculteurs ne peuvent tout simplement pas semer maintenant parce que ce n’est juste plus rentable. Or, ce qui n’est pas planté aujourd’hui ne provoquera de pénurie que bien après-demain lorsqu’il n’y aura rien à récolter à la fin de l’été 2023. Explosion du prix des engrais et des intrants en général, explosion des prix des carburants utilisés par les machines-outils et les matériels agricoles, tout concourt à une récolte 2023 nettement moins abondante que les récoltes précédentes.

    Bref, à la désindustrialisation déjà avancée de la France il va falloir ajouter l’abandon du secteur agricole à son tour. Cette crise majeure qui va plonger les Français dans le noir puis la misère et nos imbéciles de gouvernants dans l’hébétude, semble échapper au débat public. Et pour rappel, la loi qui vise à la fermeture de 12 réacteurs nucléaires supplémentaires d’ici 2030 n’a toujours pas été abrogée.

    Pire : ne disposant que du marteau monétaire pour résoudre leurs problèmes qui ressemblent maintenant tous à des clous, les clowns à roulettes au pouvoir ont tenté d’amoindrir les effets de cette crise énergétique en distribuant des billets et des chèques, pensant pouvoir remplacer la production de mégawatts par une distribution généreuse du pognon gratuit des autres. Las, ça ne marchera pas : s’il fut jadis aisé de noyer les soucis provoqués par les subprimes dans l’argent facile, si l’endettement pouvait constituer un camouflage temporaire de la crise grecque puis plus tard des problèmes provoqués par les confinements, il sera en revanche complètement contre-productif de reproduire les mêmes méthodes avec des problèmes de logistique et de production.

    Alors oui, malgré les chiffres issus de statistiques manifestement frelatées indiquant une croissance atone plutôt qu’une récession ferme, il faut s’attendre à une année 2023 particulièrement raide pour tout le monde ou presque. Et oui, cette austérité contrainte n’est que le fruit des choix politiques énergétiques lamentables cumulés depuis plus de trente ans et a été accélérée par les décisions toujours politiques de ces derniers mois en matière d’énergie et de commerce international.

    Les engagements politiques étant ce qu’ils sont, nous allons au casse-pipe.

    Heureusement, toute la faune écoloboboïde a déjà compris qu’en renommant la récession sanglante qui arrive en « décroissance », le peuple ira en chantant vers ce nouveau paradis de miel (rationné) et de lait (surtaxé). Et si cette joyeuse diminution (forcé) de la production et de la consommation laisse quelques ventres vides et provoque quelques grincements de dents, bah, ce n’est pas grave.

    On sait comment faire.

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      Et si notre plus brillante industrie était hélas la fabrique des crises ?

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 8 December, 2022 - 04:40 · 5 minutes

    Ce doit être un effet de la pensée complexe jupitérienne qui veut ça, une pensée complexe dont je suis à l’évidence complètement dépourvue, mais le fait est que selon mon point de vue, les déclarations élyséennes, toujours très enflammées, toujours très littéraires, se succèdent avec une belle cadence sans vraiment coller logiquement les unes aux autres.

    Ceci avec le risque non négligeable de voir se poursuivre inlassablement la hausse de la dette et des dépenses publiques françaises que le FMI , après beaucoup d’autres organismes, vient d’épingler dans un énième rapport. Ce risque non négligeable, on est d’autant plus fondé à l’anticiper pour la suite que l’historique de nos comptes publics depuis presque 50 ans n’est que fuite en avant dans les déficits et la dette malgré abondance de discours inverses sur leur maîtrise parfaite.

    Oh bien sûr, la France n’est pas le seul pays à avoir emprunté la voie du « quoi qu’il en coûte » pour mitiger les effets des restrictions liées au covid puis maintenant les effets de l’inflation. Mais la France en situation « normale » partait d’un niveau nettement plus préoccupant que celui de la plupart des grands pays de l’OCDE. De ce fait, on voit mal comment on pourrait faire, maintenant que tout va plutôt plus mal, ce qui n’a pas été fait avant, quand les trois grandes planètes de la conjoncture mondiale (dollar bas, taux bas, prix du pétrole bas) avaient eu le bon goût de « s’aligner » peu après le début du mandat Hollande et jusqu’à la fin de 2019.

    Il n’empêche que sitôt rentré de ses vacances d’été 2022 au Fort de Brégançon, alors que l’inflation persistait à vouloir rester encore un bon moment parmi nous en dépit de toutes les incantations de Bruno Le Maire à Bercy et de Christine Lagarde à la Banque centrale européenne, le président de la République se mit à philosopher avec autant de gourmandise que de grandiloquence creuse sur « la fin de l’abondance, des évidences et de l’insouciance », ajoutant même – il parlait alors à ses ministres – que nous vivions « la fin des liquidités sans coût ». L’affaire semblait donc entendue ; dorénavant, c’est décidé, on va gérer au millimètre.

    Et puis on ne va pas se laisser marcher sur les pieds. Les États-Unis sont un grand pays, un pays ami de la France depuis Lafayette, mais ce n’est pas une raison pour qu’ils se lancent dans une politique de subventions étatiques absolument folle (l’ Inflation Reduction Act ou IRA) pour assurer leur souveraineté industrielle en même temps que leur transition énergétique au mépris de leur partenaires commerciaux.

    Invité la semaine dernière à Washington, Emmanuel Macron se faisait fort au départ d’expliquer à son homologue Joe Biden que ce genre de comportement, c’était ni plus ni moins du protectionnisme, avec tout ce que cela impliquait de renchérissement des produits étrangers (dont les fabricants pourraient trouver intéressant de se transplanter outre-Atlantique pour bénéficier de la manne).

    La fin de l’abondance, c’est fini !

    Sur ce point, il n’a pas tort. Le problème, c’est que sitôt de retour à Paris, il en tira la conclusion que nous aussi, Européens, devions avoir notre grand plan de soutien des industries du futur – voitures électriques, batteries, technologie quantique, etc. Souveraineté économique européenne oblige. « Je défends l’idée de subventionner le made in Europe « a-t-il immédiatement déclaré dans un grand entretien accordé au journal Le Parisien le 3 décembre dernier.

    À entendre ses propos précédents, ce n’était pas absolument évident. La fin de l’abondance, c’est fini, apparemment. Et puis il ne faudrait pas oublier que le Green New Deal européen (incluant la fin de la vente des véhicules thermiques en Europe en 2035 et le plan agricole complètement délirant connu sous le nom de Farm to Fork ) prévoit déjà de consacrer quelque 1000 milliards d’euros de fonds européens sur 10 ans à la transition énergétique verte sous toutes ses formes.

    Mais évidemment, pour la France, la porte est étroite. Dans le même entretien Emmanuel Macron assure ne vouloir augmenter ni les impôts, ni la dette. Il annonce même vouloir baisser les impôts ! Mais comment compte-t-il donc s’y prendre ? En réformant les retraites, explique-t-il. Et de fait, toutes choses égales par ailleurs, le déplacement du curseur de l’âge légal de départ en retraite de 62 ans à 64 ou 65 ans permettra mécaniquement à l’État de faire des économies sur le versement des pensions (en réalité, réforme à courte vue, il y a bien mieux à faire).

    Mais surtout, il est question de faire peser sur l’Union européenne, c’est-à-dire sur les partenaires qui le peuvent, le soin de financer ce tout nouveau Buy European Act auquel Emmanuel Macron aspire. Il y gagne, croit-il, une stature de grand Européen tout en se déchargeant sur les autres de la mauvaise gestion française. Rien de bien étonnant : depuis qu’il est au pouvoir, il n’a eu de cesse de vouloir mutualiser au niveau européen tout ce qui constitue une épine dans le pied de la France.

    Mais pourquoi s’inquiéter ? La croissance sera bien sûr au rendez-vous pour financer tout cela à point nommé. À toutes fins utiles, un projet typiquement keynésien de grands travaux de transport sous la forme de dix nouveaux RER dans dix grandes villes de France permettra opportunément de donner les apparences d’une activité florissante. Et d’éponger le chômage. On ne sait jamais.

    Autrement dit, à voir comment l’on va continuer à dépenser sans le dire, à voir comment la lutte contre l’inflation consiste comme avant à créer des bulles de consommation et de production, c’est à se demander si la plus brillante et la plus durable de nos industries nationales ne serait pas en réalité la fabrique des crises. Pas vraiment la souveraineté qu’on souhaiterait. J’espère de tout cœur me tromper.

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      Indexation des salaires sur l’inflation : une mesure nocive

      Claude Goudron · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 8 November, 2022 - 04:00 · 5 minutes

    Bruno Le Maire a tout à fait raison de refuser l’indexation des salaires sur l’inflation. Le problème est de savoir s’il sera entendu par le gouvernement.

    Un peu d’histoire récente

    Afin de démontrer la nocivité de l’indexation des salaires sur l’inflation, il suffit de faire un retour aux années 1960-1980. En voici les conséquences.

    En 1967, l’inflation en France était maîtrisée à 2,7 % mais a commencé à déraper l’année suivante pour atteindre 13,7 % en 1974.

    Que s’est donc-t-il passé ?

    Tout d’abord, les grèves de mai 68 ont eu pour conséquence une augmentation sensible des salaires ayant amené une première augmentation de l’inflation à 6,5 % en 1966 entraînant un blocage des crédits et la faillite de nombreuses PME. Mon père en a été victime en 1969 malgré un carnet de commandes en forte hausse.

    Ensuite, vint le premier choc pétrolier de 1973 . L’augmentation du prix du pétrole a eu pour conséquence une sensible augmentation des salaires, soit environ 20 %, suivie d’une hausse de l’inflation qui atteindra 13,7 % en 1973.

    Enfin, vint le deuxième choc pétrolier de 1979 . Après une accalmie jusqu’en 1978, de 9,1 % l’augmentation est remontée de nouveau à 13,6 % en 1980 avec là également une nouvelle hausse des salaires d’environ 20 %.

    J’ai bien connu cette période puisque c’est en 1980 que j’ai acheté ma première maison avec un prêt au plus haut taux d’emprunt jamais atteint depuis, soit 18 % !

    Quelle conclusion en tirer ?

    Jusqu’à ce jour, point de choc pétrolier, seulement des fluctuations. De 1986 à 1996 l’inflation a fluctué de 1,7 % à 3,6 % ; elle est passée de 0 % en 2015 à 2,1 % jusqu’à nos jours avec un exceptionnel 2,8 % en 2008. Mais nous pouvons affirmer qu’elle a été contenue.

    Le salaire moyen sur les vingt dernières années a été en moyenne augmenté de 2,6 % par an. Il a à peu près suivi l’augmentation de la productivité qui a été en moyenne de 2 %.

    Qu’en est-il aujourd’hui ?

    La productivité ne progresse plus, voire régresse et l’inflation s’envole, surtout depuis les problèmes d’approvisionnement en énergie.

    Le prix du pétrole s’envole mais également celui du gaz et dans une moindre mesure des matières premières. Jamais ce nouveau choc n’a été aussi rapide et aussi violent. L’inflation se situe entre 10 et 20 % dans une majorité de pays et atteint plus de 70 % en Turquie et au Brésil, et jusqu’à 210 % au Venezuela .

    Si nous indexons les salaires sur l’inflation nous entrons dans ce que les économistes nomment la « boucle inflation salaire » ou « spirale inflationniste » qui s’auto alimente et n’a plus de limites.

    L’augmentation du salaire est considérée comme un droit acquis sauf à accepter une réduction de ce salaire en cas de retournement de situation : aucun gouvernement ne s’y frottera.

    Conséquences d’un tel scénario

    Elles seraient considérables.

    Hausse du chômage

    Avec un chômage 4 points au-dessus de la moyenne européenne, la France est déjà le mauvais élève de la classe. Une indexation automatique aggraverait cette situation et le pays retrouverait des taux nettement au-delà de 10 % avec des conséquences désastreuses pour son économie.

    Augmentation des taux d’intérêts

    Certes, les taux d’intérêts suivent l’inflation avec un temps de décalage. Nous en avons déjà la preuve cette année puisque le taux à 10 ans est passé de 1 % en début d’année à 2,8 % actuellement. Nous assisterions donc à une baisse sensible des investissements aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises qui, contrairement aux allemandes, n’ont que peu de capacité d’autofinancement.

    Dépréciation de la monnaie

    Avec une perte actuelle de 20 % de la valeur de l’euro par rapport au dollar, le pays paie 20 % plus cher le prix du pétrole et d’une majorité des matières premières importées, ce qui correspond aux 30 centimes de la subvention de l’État sur le carburant avec une application limitée à la fin de l’année.

    Amputation de la valeur du patrimoine des Français

    L’inflation détruit d’autant la valeur d’un bien. Les premières victimes seraient les propriétaires de patrimoine, et donc les retraités en premier lieu.

    Insoutenabilité de la dette

    Pour chaque point de taux supplémentaire, ce sont 30 milliards d’euros supplémentaires à 10 ans du coût des intérêts de la dette qui va prochainement dépasser les 60 milliards d’euros annuels. Ils exploseront très rapidement et la mise sous tutelle du FMI et de la BCE deviendra inéluctable avec une situation à la grecque puissance dix.

    Quelle solution ?

    L’augmentation des prix en général, et de l’énergie en particulier, ne peut pas être assumée par une majorité de Français à faible et moyen revenu.

    Tout d’abord un regret, et ce n’est pas faute de l’avoir réclamé depuis deux décennies : les gouvernements successifs n’ont pas engagé la réduction drastique des dépenses de l’État qui dépassent les 57% du PIB (en forte augmentation) alors que la moyenne de la zone euro est inférieure à 52 % (en baisse). Ce sont donc 5 points de PIB soit plus de 110 milliards d’euros qui se seraient ajoutés au pouvoir d’achat des Français et donc auraient permis de mieux encaisser la situation actuelle.

    Ce n’est malheureusement pas le cas et nous ne disposons que de deux solutions :

    1. Des aides ciblées d’État pour les plus démunis avec comme corollaire une augmentation de l’endettement.
    2. Une augmentation du temps de travail des Français qui travaillent 30 % de moins que les Allemands, ce qui couvrirait largement le coût de l’inflation actuel et serait une sensible augmentation du pouvoir d’achat lorsque le pays sera revenu à la normale.

    Il faut donc bannir absolument toute indexation de la hausse des salaires sur l’inflation, y compris le SMIC.

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      D’où vient l’argent ? Du chiffre d’affaires des entreprises, point

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 4 November, 2022 - 03:30 · 9 minutes

    Par Nathalie MP.

    Après « Qu’est-ce que vous faites du pognon ? » dont la réponse est toute l’histoire de la France championne du monde des taxes et des dépenses publiques, autre question mystérieuse : « D’où vient l’argent ? » Là, je risque de décevoir : l’argent compris comme la richesse réelle ne pousse pas sur les arbres… Mais où, alors ?

    Vous vous souvenez certainement de Jacline Mouraud. En novembre dernier, elle allumait la révolte fiscale des Gilets jaunes en lançant à Emmanuel Macron sa désormais célèbre – et judicieuse – question : « Mais qu’est-ce que vous faites du pognon ? » Elle parlait naturellement du « pognon » de nos impôts dont les montants devaient s’alourdir encore sous la forme de taxes supplémentaires sur les carburants.

    Mais, chère Madame, se récrièrent alors d’une seule voix tous les tax lovers du gouvernement, à commencer par Gérald Darmanin et Marlène Schiappa , on paie des professeurs, des hôpitaux, de la sécurité, de l’égalité homme-femme… Que du beau, du bon, du bonheur, voyons !

    Champions du monde des impôts et des cotisations

    Que l’État français s’y entende à merveille pour prélever toujours plus d’impôts et de cotisations sociales pour redépenser ensuite le tout – et même plus – dans de fascinants projets qui sont pour la plupart autant de faillites retentissantes, aucun doute à cela. Nous ne sommes pas champions du monde des taxes et des dépenses publiques sans raison (respectivement 45 % et 56 % du PIB en 2018). Nous ne sommes pas endettés à hauteur de presque 100 % du PIB sans raison (voir graphes ci-dessous).

    Prélèvements obligatoires (UE)

    Dépenses publiques (OCDE)

    Dette publique (Insee)

    Mais de là à dire que l’État paie quoi que ce soit, voilà qui constitue une grossière approximation, pour ne pas dire une scandaleuse désinformation.

    Mais une désinformation bien utile du point de vue de l’État qui souhaite affermir et étendre son pouvoir en gardant la haute main sur la production et sa redistribution selon les fins sociales et idéologiques qu’il privilégie. Et qui lui permet également, dans un complet renversement de valeur, de parler royalement de « cadeaux » – aux riches, aux classes moyennes – lorsqu’il se décide parfois à limiter ponctuellement son niveau de ponction fiscale sur une richesse produite par d’autres.

    En réalité, à quelques exceptions près, l’État n’a jamais rien payé car il n’a jamais tiré de revenus de productions qui lui seraient propres.

    Mais il est en position de force pour extorquer aux citoyens (qui produisent) les fonds nécessaires pour financer tout ce qui passe par la tête de ses représentants, la limite entre le nécessaire, l’utile et le n’importe quoi étant fixée par le résultat aux élections. Et encore : les rapports nombreux et touffus de la Cour des comptes sont là pour nous montrer que la gabegie institutionnalisée n’est même pas un motif d’échec électoral.

    D’où vient l’argent ?

    Aussi, après avoir abondamment documenté le côté « Où va l’argent ? » où l’on retrouve pêle-mêle les fleurons de la dépense publique française incontrôlée que sont (liste non-exhaustive) la SNCF , Notre-Dame-des-Lande , la taxe à 3 % sur les dividendes , les horaires de travail des fonctionnaires, le système Louvois de paie des militaires, les mauvais classements internationaux de nos élèves, les déficits chroniques de la Sécu, sans oublier les abîmes du Grand Paris Express ou la désastreuse route solaire de Ségolène Royal, je vous propose maintenant de passer de l’autre côté du miroir :

    « D’où vient l’argent ? »

    La réponse est des plus simples à énoncer, mais il semblerait qu’elle ne soit pas des plus simples à concevoir ou, du moins, qu’elle soit assez généralement ignorée : l’argent vient uniquement du chiffre d’affaires réalisé par le secteur marchand. Autrement dit, il vient exclusivement de la création de richesses résultant de L’ÉCHANGE de biens et services entre personnes libres de leurs choix économiques.

    Prenons mon exemple favori de la Baraque à frites : le jeune et fringant Balthazar P. décide de se lancer dans la vente de barquettes de frites.

    [ Attention, cas d’école : on suppose ici que 100 % des pommes de terre sont converties en frites. La friteuse et la camionnette tout équipée sont un cadeau. La réalité du processus industriel n’est pas garantie.]

    Pour la première période, Balthazar P. a évalué qu’il pourrait écouler 200 kg de frites. Il a donc besoin d’un capital de départ pour acheter 200 kg de pommes de terre. Comme elles coûtent 1 euro le kg, il doit réunir 200 euros de capital initial qu’il prend sur son épargne personnelle et qu’il va déposer sur un compte en banque spécialement ouvert au nom de la Baraque à frites.

    Le bilan initial de La Baraque à frites est donc le suivant :

    ACTIF Compte en banque 200 PASSIF Capital social 200

    Balthazar P. décide de vendre les frites 5 euros/kg. Il n’a pas de salarié et ne se paie pas. On suppose que le taux d’impôt sur les sociétés est de 30 %, que cet impôt est payé le dernier jour de la période et qu’il n’y a pas d’autres taxes. On suppose en outre qu’il ne reste aucun stock de pommes de terre ou de frites à la fin de la période.

    Le compte de résultat de la période s’établit donc comme suit :

    Chiffre d’affaires 200 kg x 5 € = 1000
    – Coût des ventes – 200 kg x 1 € = -200
    = Résultat avant impôt 800
    – Impôt sur les sociétés (30 %) -240
    = Résultat net 560

    Avec son résultat net de 560 euros, Balthazar P. peut faire plusieurs choses : laisser cette somme dans l’entreprise afin d’investir dans l’achat d’une friteuse supplémentaire ou de faire l’acquisition d’une baraque à frites concurrente ou d’embaucher un salarié, ou bien s’en verser tout ou partie au titre de dividendes.

    S’il laisse l’argent dans l’entreprise, le bilan de fin de période de La Baraque à frites devient :

    ACTIF Compte en banque 760 PASSIF Capital social 200
    Résultat période 560
    Total Actif 760 Total Passif 760

    À ce stade, même sur une situation aussi simplifiée que celle-ci, on peut déjà remarquer que l’activité de La Baraque à frites , qui a été capable de produire des frites et de les vendre à des clients à un certain prix, a généré une création de richesse de 800 euros dont 240 euros ont été récupérés par l’État à travers l’impôt et dont 560 euros sont à la disposition de l’entreprise pour ses développements futurs et éventuellement pour la rémunération de l’actionnaire. C’est le début de l’accumulation du capital.

    Sans la décision de Balthazar P. de s’engager dans cette affaire de frites et d’y consacrer 200 euros pris sur son épargne personnelle, rien de tout cela n’aurait été possible et cette richesse nouvelle n’existerait pas, ni pour l’État, ni pour l’entreprise, ni pour son actionnaire, ni pour les consommateurs.

    Au début, il n’y avait rien. C’est seulement par la volonté, les idées et les risques pris par une personne (ou un groupe de personnes) sur ses biens personnels et/ou en s’endettant qu’il y a eu une création de valeur ajoutée sous forme d’un produit ou d’un service. Il s’agit bien de création de valeur puisqu’à un moment donné quelqu’un a été d’accord librement de payer un certain prix pour s’approprier le produit ou le service.

    La création de richesse

    Voilà d’où vient l’argent. Voilà le phénomène de la création de richesse.

    Et voilà qui porte un coup fatal à l’idée que la production serait une donnée fixe et finie dont le volume, la valeur d’échange et la redistribution pourraient se décider de façon « consciente », de façon « planifiée », dans un bureau.

    Plus généralement, tout, absolument tout ce qui assure notre vie sociale et économique, est payé au départ par le chiffre d’affaires des activités marchandes :

    Les entreprises paient les salaires et les cotisations sociales de leurs salariés, elles paient leurs fournisseurs (chiffre d’affaires des fournisseurs), qui à leur tour paieront les leurs, et elles paient leurs impôts et taxes. Les salaires versés donneront lieu à des prélèvements fiscaux (impôt sur le revenu, taxes locales, TVA). Ce qui reste servira à la consommation, permettra éventuellement de faire des dons ou s’accumulera en épargne et se transformera le cas échéant en titres de sociétés, en immobilier ou en liquidités dont les revenus fourniront à nouveau de l’impôt. Etc. etc.

    Les impôts ainsi prélevés, peu importe l’assiette qui est avant tout l’alibi des besoins incessants de l’État, serviront à financer les politiques publiques via des aides et des subventions en direction des catégories sociales favorisées par le pouvoir en place. Ils financeront également les salaires des fonctionnaires ainsi qu’un certain nombre de fournisseurs, lesquels seront à leur tour redevables de tel ou tel impôt et ainsi de suite.

    Il en résulte que rien de ce que peut faire l’État avec notre argent n’existe en dehors de ce qui est créé d’abord, et à leurs risques et périls, par des entrepreneurs agissant au sein d’un marché où s’expriment librement les préférences et les choix des agents économiques.

    Aussi, n’allez surtout pas vous imaginer que dans le nom « Balthazar P. » de mon entrepreneur fictif, le P signifie Picsou. Seul l’État s’est octroyé la capacité légale de « piquer des sous » sans avoir à se justifier.

    Certains entrepreneurs sont effectivement des escrocs et le système judiciaire est justement prévu pour s’occuper d’eux, comme de tous ceux qui portent atteinte aux personnes et aux biens – ou du moins devrait l’être, mais avec un budget de 4 euros sur 1000 euros de dépenses publiques, la justice est clairement devenue le parent archi-pauvre de notre folie dépensière.

    Mais pour leur immense part, les entrepreneurs doivent se montrer courageux et inventifs. Ils créent de la richesse tandis que l’État français, secondé par sa police et la force de lois fiscales et sociales spécialement taillées pour satisfaire sa voracité sans limite, se contente d’en accaparer sans risque une part chaque année plus importante. 45 % du PIB en 2018, un record mondial. Ça promet.

    Sur le web

    Article publié initialement 27 août 2019

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      Rishi Sunak décevra probablement les partisans des marchés libres

      Reason · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 28 October, 2022 - 03:15 · 5 minutes

    Par .

    Cinquante jours seulement après avoir perdu contre Liz Truss lors d’une élection à la direction du parti conservateur, Rishi Sunak se retrouve tout de même Premier ministre du Royaume-Uni.

    Le Parti conservateur avait initialement rejeté Sunak en raison de ses politiques fiscales en tant que chancelier de l’Échiquier et du rôle qu’il aurait joué dans la chute de l’ancien Premier ministre Boris Johnson. Mais après la tourmente financière qui a suivi le « mini-budget » de Truss, les députés conservateurs l’ont chassée du pouvoir, créant ainsi une nouvelle voie pour Rishi Sunak vers Downing Street.

    Dans la compétition hâtive qui a suivi, la plupart des médias conservateurs se sont rangés derrière Sunak en raison de ses avertissements, jugés prémonitoires, sur les effets financiers d’un gouvernement Truss. Johnson a alors décidé de ne pas se présenter et Penny Mordaunt, la seule autre candidate déclarée, s’est retirée après avoir lutté pour passer le seuil de nomination. Sunak a donc été couronné sans opposition lundi dans un retour des plus improbables.

    Rishi Sunak VS. Liz Truss

    Sunak avait été nommé chancelier par Johnson en février 2020 en tant que ministre des Finances plus malléable pour le Downing Street de Johnson et Dominic Cummings. Pendant les premiers stades de la pandémie, il est devenu le chancelier le plus populaire depuis 15 ans en arrosant d’argent les travailleurs attachés aux entreprises fermées par un énorme programme de furlough .

    Sa relation avec la base s’est toutefois dégradée au cours des deux années suivantes . Il a d’abord présenté des plans visant à augmenter le taux d’imposition des sociétés de 19 à 25 % pour financer les dépenses liées à la pandémie passée. Il a ensuite rompu l’engagement qu’il avait pris dans son manifeste de ne pas augmenter les impôts des particuliers en augmentant de 1,25 % chacune des taxes de sécurité sociale des employés et des employeurs britanniques. Parallèlement au gel des seuils de l’impôt sur le revenu, la charge fiscale résultant de son action devait atteindre son niveau le plus élevé depuis 70 ans .

    La propre démission de Sunak du Cabinet a ensuite contribué à précipiter l’éjection de Johnson. L’ancien chancelier avait une vidéo soignée pour sa candidature prête à être diffusée dès le départ de Boris. Les membres du parti conservateur ont senti un coup de couteau planifié et au fur et à mesure que la campagne pour la direction du parti se développait, sa politique fiscale impopulaire est devenue le principal clivage avec Truss.

    Elle s’est engagée à abandonner la hausse de l’impôt sur les sociétés proposée par Sunak et à annuler les augmentations de l’impôt sur la sécurité sociale. Sans réduction compensatoire des dépenses, Sunak a fait valoir que cela risquait de faire grimper les coûts d’emprunt du gouvernement britannique, ce qui se traduirait par une hausse des taux hypothécaires. Truss a gagné le débat mais a depuis perdu l’argument.

    Son « mini-budget » a tenu ses promesses fiscales, mais est allé beaucoup plus loin que prévu. Elle et son chancelier ont effrayé les marchés en réduisant également deux taux d’imposition sur le revenu et plusieurs taxes de moindre importance, et en subventionnant un gel des prix unitaires de l’énergie pour les ménages pendant deux années entières. Chacune de ces mesures avait des justifications microéconomiques, mais les marchés se sont emballés devant l’ampleur des emprunts supplémentaires et l’incertitude de leur répercussion sur les taux d’intérêt. Le fait que le gouvernement de Mme Truss ait refusé d’autoriser l’ Office for Budget Responsibility à établir des estimations de l’impact de ces mesures sur les déficits n’a rien arrangé.

    La livre est devenue très volatile et les coûts d’emprunt du Royaume-Uni ont grimpé en flèche, comme l’avait prédit M. Sunak, surtout après que le chancelier de M. Truss, Kwasi Kwarteng, a promis que d’autres réductions d’impôts seraient accordées. Certains fonds de pension exposés au risque de rendement des obligations ont failli faire faillite, nécessitant une intervention d’urgence de la Banque d’Angleterre. Les taux hypothécaires ont fortement augmenté. Les sondages d’opinion des conservateurs ont chuté.

    Mme Truss a fait marche arrière sur plusieurs promesses fiscales afin de rétablir la confiance du marché, alors que les députés conservateurs ont clairement indiqué qu’ils ne toléreraient aucune réduction importante des dépenses compensatoires. Les rendements obligataires sont devenus dépendants de l’évolution de la politique britannique, chutant à chaque fois qu’un signal de conservatisme fiscal était donné. Mme Truss a fini par faire marche arrière, renvoyant son chancelier et permettant à son remplaçant, Jeremy Hunt, d’ abandonner presque toutes les réductions d’impôts, à l’exception de l’inversion de la sécurité sociale, tout en ne s’engageant à appliquer la politique énergétique universelle que jusqu’en avril. Le parti s’est réapproprié la réduction du déficit.

    Sunak, Premier ministre

    Et c’est ainsi que Rishi Sunak se retrouve Premier ministre, alors qu’il n’a fait aucune promesse politique au cours de cette campagne plus récente et plus courte. Le nouveau Premier ministre est un conservateur fiscal convaincu et n’a pas peur d’augmenter les impôts pour y parvenir.

    Il rend régulièrement un hommage rhétorique aux marchés libres, mais lors de la campagne de leadership avec Truss, il a plaidé en faveur d’une politique commerciale axée sur les producteurs et d’un renforcement des lois déjà strictes du Royaume-Uni en matière d’aménagement du territoire. Ceux qui espèrent qu’il maintiendra les plans non réalisés de Truss pour des politiques de déréglementation, non fiscales et axées sur l’offre risquent d’être déçus.

    Le changement de leader sera-t-il politiquement payant ? Les conservateurs s’attendront à un coup de pouce, mais Sunak est le genre de conservateur que les chroniqueurs qui ne voteraient jamais conservateur disent respecter. Est-ce qu’un jet-setter super fortuné sera bien accueilli pendant une crise du coût de la vie à laquelle il a contribué en tant que chancelier ? Le jury n’a pas encore délibéré.

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      Le gouvernement qui décaissait plus vite que son ombre

      Nathalie MP Meyer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 10 February, 2021 - 03:40 · 7 minutes

    le gouvernement

    Par Nathalie MP Meyer.

    Réforme de l’État, choc de simplification , modernisation et décentralisation citoyenne de l’action publique – tel le proverbial et très élusif serpent de mer, autant de fabuleuses résolutions censées économiser des milliards que l’on voit surgir du néant à chaque nouveau gouvernement pour s’abîmer peu après dans l’indifférence totale des dirigeants qui les avaient annoncées à grand renfort de superlatifs grandioses et la promesse d’une efficacité gouvernementale jamais vue en France auparavant.

    C’est ainsi que le pays a été successivement – et rapidement – balayé par la Révision générale des politiques publiques (ou RGPP) de Sarkozy en 2007, par la Modernisation de l’action publique (ou MAP) de Hollande en 2012 et par le Choc de simplification du même Hollande en 2013.

    Puis le souffle vivifiant du printemps macronien est arrivé et nous avons vu débarquer l’Action publique 2022 du Premier ministre de l’époque Édouard Philippe.

    Véritable « Big Bang » selon ses dires, l’opération a surtout consisté à ajouter dans le Projet de loi de finances pour 2018 une petite ligne de réduction de la dépense publique parfaitement pifométrique à l’horizon 2020 – ligne bien évidement complètement oubliée depuis, et ceci bien avant que les confinements imposés face à la pandémie de Covid-19 n’emportent toute discipline budgétaire sur leur passage. (Voir tableau ci-contre).

    De toute façon, les Matignon Boys nous avaient prévenus : la dimension budgétaire de la réforme de l’État est totalement « secondaire » .

    Une nuance captée cinq sur cinq par Bercy peu après, alors que la révolte persistante des Gilets jaunes donnait éventuellement à penser que ces derniers étaient les grands oubliés de la sollicitude étatique : la réduction des effectifs de la fonction publique de 120 000 personnes à laquelle le candidat Macron s’était engagé quand il cherchait les suffrages des Français fut purement et simplement abandonnée .

    Et de fait, les dernières statistiques de l’INSEE montrent que nos effectifs de fonctionnaires n’amorcent pas de baisse. Corrigés des emplois aidés (EA) qui sont en baisse constante depuis leur pic hollandais de 2015 et qui correspondent à des emplois pour lesquels les employeurs – du secteur associatif, notamment – bénéficient d’aides financières, on voit qu’ils ont progressé de 40 000 personnes par an en moyenne entre 2015 et 2019 :

    Évolution des effectifs de la fonction publique de 2015 à 2019
    Sources : INSEE 2015 à 2018 2019 – EA = emplois aidés.

    (En milliers) 2015 2016 2017 2018 2019
    TOTAL 5 648,3 5 672,1 5 664,7 5 643,0 5 663,5
    dont EA 197,7 189,3 138,8 78,8 51,7
    Total hors EA 5 450,6 5 482,8 5 525,9 5 564,2 5 611,8
    Croissance hors EA 0,59% 0,79% 0,69% 0,86%

    Arrive un nouveau Premier ministre. Il s’appelle Jean Castex, c’est un élu des « territoires » et il parle avec un sympathique petit accent du Sud-Ouest qui nous ferait presque oublier qu’il est un énarque comme les autres. Lui aussi veut transformer l’État, d’où grande réunion interministérielle décentrée à Mont-de-Marsan (Landes) vendredi 5 février dernier. Il est vrai qu’après le sketch des masques et les ratés de la campagne de vaccination contre le Covid-19, il est grand temps de redorer le blason tout rouillé de l’action étatique.

    Attendez-vous à rien de moins qu’une véritable « révolution » car dès son discours de politique générale de cet été, le Premier ministre nous informait que :

    « Toutes les créations d’emploi qui seront autorisées par le projet de loi de finances pour 2021 seront affectées […] dans les services départementaux de l’État et aucune dans les administrations centrales. C’est une révolution. »

    Aussitôt dit, aussitôt fait. Il est évident que le plan de relance, l’un des plus ambitieux jamais déployés en France dont les montants faramineux devraient nous inspirer le plus sublime respect à l’égard de notre gouvernement, commande de renforcer illico les services départementaux de l’État de 2500 fonctionnaires et de dépêcher sur place trente sous-préfets pour vérifier que l’argent sera bien dépensé intégralement. Judicieusement, c’est moins sûr.

    Les élus locaux sont inquiets. À leurs yeux, les nouveaux sous-préfets sont jeunes et ne connaissent à peu près rien de l’économie en général et encore moins du tissu économique et social de la région où ils sont envoyés. Ils ont l’impression que l’État central se délocalise en province à seule fin de pouvoir surveiller de plus près ce qu’ils y font, voire mettre la main sur leurs prérogatives locales.

    Autrement dit, tout le contraire du principe de subsidiarité qui voudrait qu’une autorité centrale ne puisse effectuer que les tâches qui ne peuvent pas être réalisées à l’échelon inférieur.

    Mais à Bercy, dans l’entourage du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, on est ravi :

    « Il y en a marre avec la décentralisation ! On a donné la main aux régions sur le deuxième volet du fonds de solidarité et ils n’en ont dépensé que 3 %. Quelques petits milliers d’euros seulement. Ils sont parfois incapables de décaisser aussi vite que nous. »

    Oh, que c’est beau ! Nouvel angle d’analyse du quinquennat de M. Macron : c’est le triomphe d’un gouvernement qui décaisse plus vite de son ombre – d’autant plus vite que l’élection présidentielle arrive à grande vitesse et qu’il va falloir présenter aux Français un bilan alléchant, sonnant et trébuchant.

    Jean Castex l’a répété à Mont-de-Marsan : « La mise en œuvre des réformes jusqu’au dernier kilomètre est une réforme en soi » et il importe que cela apparaisse clairement et rapidement aux yeux des Français. Dernier kilomètre voulant dire bien sûr dernier sou.

    En vertu de quoi, la ministre de la Transformation et de la Fonction publique Amélie de Montchalin s’est empressée de mettre en ligne dès le mois dernier un petit baromètre de l’action macroniste listant vingt-cinq mesures prioritaires prises par le gouvernement depuis 2017 et faisant le point sur leur degré d’avancement.

    Exemples :

    · Dans la famille « Verdir le parc automobile » , 879 771 primes de conversion avaient été versées à fin septembre 2020, soit 59 % de l’objectif de 1 500 000 primes à la fin du quinquennat décidé par le gouvernement.

    · Dans la famille « Déployer le Pass culture », on comptait 113 921 utilisateurs à fin octobre 2020, soit seulement 8 % de l’objectif gouvernemental à atteindre d’ici 2022.

    Le baromètre sera « enrichi » dès avril de onze indicateurs supplémentaires dont l’un fera le suivi de l’utilisation de « Ma prime rénov’ » (aide financière pouvant aller jusqu’à 20 000 euros pour des travaux de rénovation énergétique des logements).

    On comprend tout de suite que cet outil intitulé « baromètre » n’a nullement vocation à évaluer l’efficacité des politiques publiques. Il se contente de suivre le déploiement des mesures décidées par le gouvernement et votées par les parlementaires, aussi inutiles ou décalées soient-elles. À partir du moment où une enveloppe financière a été attribuée – et il y a toujours une enveloppe financière attribuée même si l’unité de l’action se décline en kilomètres de pistes cyclables – l’action publique sera jugée d’autant plus « performante » que l’enveloppe aura été le plus dépensée.

    Ou plutôt, il est entendu depuis longtemps dans les tréfonds de notre État providence, stratège et nounou que son efficacité est directement proportionnelle à l’argent dépensé et donc aux impôts et à la dette publique. Les résultats sur la société française en termes de croissance, d’emploi, de pouvoir d’achat ou de niveau éducatif ainsi que les impacts à plus long terme n’entrent pas en ligne de compte. Tant pis s’ils sont mauvais – et le fait est qu’ils sont globalement négatifs (pour le dire gentiment) depuis de nombreuses années.

    Parfait exemple récent propulsé par les ratés de la prise en charge médicale des malades du Covid-19 : le « Ségur de la santé » a consisté à revaloriser les salaires des soignants à raison de 8 milliards d’euros par an sans s’intéresser sérieusement à l’organisation et à la qualité des soins qui sont des sujets au moins aussi importants pour les citoyens.

    Si, donc, le baromètre d’Amélie de Montchalin est un leurre quant à la qualité des politiques publiques menées en France, il est en revanche l’indicateur très précis qu’Emmanuel Macron compte sur le gouvernement Castex pour décaisser plus vite que son ombre à l’horizon 2022 afin d’inciter les Français à lui offrir un second quinquennat. Ça promet.

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