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      Climat, Covid, injures... Trump signe son retour lors d'un meeting en Alaska

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 10 July, 2022 - 07:28 · 4 minutes

    Samedi 9 juillet, à l'occasion d'un meeting organisé à Anchorage, en Alaska, pour soutenir Sarah Palin, Donald Trump a fait du Trump, multipliant les exagérations, les moqueries et les sorties tendancieuses. Samedi 9 juillet, à l'occasion d'un meeting organisé à Anchorage, en Alaska, pour soutenir Sarah Palin, Donald Trump a fait du Trump, multipliant les exagérations, les moqueries et les sorties tendancieuses.

    ÉTATS-UNIS - Une grande réunion de famille. Samedi 9 juillet, l’ancien président américain Donald Trump donnait un meeting à Anchorage, en Alaska, pour soutenir Sarah Palin , peut-être celle qui a impulsé le grand virage réactionnaire et populiste du parti républicain aux États-Unis. Une réunion publique qui a vu Trump... faire du Trump.

    Face à un public conquis et au côté de celle qui avait été choisie pour être vice-présidente par John McCain lors de l’élection de 2008 finalement perdue contre Barack Obama (et un certain Joe Biden), le 45e président des États-Unis a effectivement passé tous ses sujets phares en revue: la pandémie de Covid et les vaccins , le réchauffement climatique , ses adversaires démocrates (ou républicains), le paysage médiatique ou encore le système électoral...

    “Je suis pour les armes, Dieu et le pétrole”

    Et confirmant à demi-mot qu’il sera bien candidat à la prochaine présidentielle, en 2024, sans pour autant faire de déclaration officielle, il a ainsi résumé son projet pour les États-Unis: “Je suis pour les armes, Dieu et le pétrole.” Le tout sous un tonnerre d’applaudissements.

    “Virus chinois” et montée des eaux

    Car le public a bien eu ce qu’il était venu chercher: un ancien chef de l’État convaincu de la victoire à venir de ses idées, prêt à toutes les outrances (y compris en prononçant le mot “fuck”, grand tabou de la vie publique américaine) et martelant le discours qu’il aura tenu tout au long de sa présidence.

    Ainsi, sur le thème du changement climatique par exemple, Donald Trump n’a pas hésité à dire qu’il y avait “de plus gros problèmes que cela pour le moment” et qu’au pire, la montée des eaux offrirait “quelques propriétés avec vue sur la mer supplémentaires, ce qui n’est pas la pire des choses au monde”.

    Même ton sur le coronavirus -“ou comme certains l’appellent avec justesse le ‘virus chinois’”- sujet sur lequel l’ancien président a vanté son bilan. Et celui qui s’était fait huer lors de précédents meetings pour avoir prononcé le mot “vaccin” devant un public très opposé à la vaccination de poursuivre sur sa ligne de crête: “Et en termes de traitements, il y a un mot que je ne peux pas prononcer, mais même ça, on l’a fait en neuf mois alors qu’on nous disait que ça prendrait cinq ans, douze ans... Nous avons fait un boulot de dingue!”

    Victoire politique majeure en novembre?

    Une longue séance d’auto-congratulation au cours de laquelle Donald Trump s’est également aventuré sur des chemins sociétaux, là encore pour le plus grand plaisir de son auditoire, comme lorsqu’il s’est longuement épanché sur la question des femmes trans dans le sport de haut niveau. Une saillie qui a beaucoup amusé la salle quand il a parlé de “records explosés de 38 secondes” ou mimé une compétition d’haltérophilie facilement remportée par une athlète trans.

    Idem au moment de moquer Ketanji Brown Jackson , la juge noire et progressiste nommée à la Cour suprême par Joe Biden, ou de s’en prendre à Elon Musk , l’homme qui vient de renoncer à racheter Twitter . Donald Trump, qui a expliqué avoir anticipé cette reculade, a effectivement envoyé une pique à ce “putain de menteur”: “L’autre jour, il a dit qu’il n’avait jamais voté pour un républicain, alors qu’il m’a assuré qu’il avait voté pour moi...” Une bonne occasion pour le milliardaire de faire la publicité de “ Truth ”, le réseau social concurrent qu’il a lancé après avoir été banni de toutes les plateformes à la suite de l’envahissement du Capitole .

    Une logorrhée dont on saura au mois de novembre si elle aura permis à Sarah Palin de se faire élire. Au cours des midterms qui serviront à renouveler l’intégralité des 435 sièges de la Chambre des Représentants américaine, l’ancienne gouverneure de l’Alaska cherchera en effet à succéder au républicain Don Young, élu pendant 49 ans jusqu’à son décès en mars dernier. Une élection permettrait à coup sûr de Sarah Palin de retrouver une stature nationale, et à Donald Trump de gagner une alliée fidèle.

    À voir également sur le HuffPost : Après l’avortement, la sodomie et la contraception dans le viseur de la Cour suprême?

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      Donald Trump peut-il rêver de retour après sa victoire idéologique sur l'avortement?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 9 July, 2022 - 09:57 · 6 minutes

    Donald Trump, ici en 2021, tente de revenir sur la scène politique américaine en vue de 2024. Il n'a pas encore annoncé sa candidature, mais y a faire plusieurs fois allusion. Donald Trump, ici en 2021, tente de revenir sur la scène politique américaine en vue de 2024. Il n'a pas encore annoncé sa candidature, mais y a faire plusieurs fois allusion.

    ÉTATS-UNIS - Donald Trump se rend ce samedi en Alaska au meeting “Save America” (“sauver l’Amérique”) pour soutenir la très conservatrice et controversée Sarah Palin , ancienne gouverneure de l’État qui brigue un poste de Représentante au Congrès en novembre. Le duo s’annonce explosif.

    Dans le cadre des primaires pour les élections de mi-mandat prévues à l’automne 2022, l’ex-président s’est investi pour imposer des candidats, comme Palin, pour le parti Républicain. L’objectif est toujours le même: montrer qu’il a gardé la main sur son camp (et dans une bonne partie de l’opinion) dans l’espoir d’un retour pour la prochaine présidentielle.

    Surtout que l’héritage ultraconservateur de Donald Trump sur le pays persiste comme l’a montré la décision de la Cour suprême d’ abroger la protection du droit à l’avortement . “C’est la plus grande victoire pour la vie depuis une génération (...) car j’ai tenu mes promesses”, s’était-il félicité vendredi 24 juin, peu après l’annonce-choc des Sages qui a ravi les conservateurs .

    Donald Trump a en effet permis à la plus haute institution judiciaire américaine de consolider son ancrage à droite grâce à la nomination de trois juges lors de son mandat: Neil Gorsuch après la mort du conservateur Antonin Scalia, Brett Kavanaugh qui a pris le siège d’Anthony Kennedy, autre conservateur parti à la retraite, et Amy Coney Barrett qui a remplacé la progressiste Ruth Bader Ginsburg , décédée quelques semaines avant l’élection présidentielle de 2020. Désormais, six juges conservateurs siègent à la Cour suprême contre trois progressistes.

    L’avortement, victoire a posteriori pour Trump

    Ce nouvel équilibre politique a conduit au durcissement de la Cour suprême. Outre la fin de Roe v. Wade, l’institution a également entériné fin juin le droit de porter une arme dans la rue et limité les pouvoirs du Congrès à agir pour le climat . “C’est clairement une victoire a posteriori pour Donald Trump”, souligne Jean-Eric Branaa, maître de conférences en sciences politiques à Paris II-Assas et spécialiste des États-Unis, interrogé par le Huffpost .

    “La présidence de Trump se prolonge à travers des juges très conservateurs à la Cour suprême, en plus de ceux qu’il a nommés à tour de bras en cours d’appel, analyse-t-il. Cela rend sa défaite de 2020 moins rude. C’est un vrai virage à l’extrême droite qui n’est d’ailleurs pas en phase avec la population.” Selon un sondage pour la radio NPR , 56% des Américains se disent contre la décision sur l’IVG prise par la Cour suprême.

    Cette victoire à retardement lui fait croire à un retour en grâce. Donald Trump n’a-t-il pas déjà affirmé vouloir “reprendre” le Sénat et la Chambre des Représentants en 2022, puis sa “belle Maison-Blanche” en 2024? Sa candidature officielle pourrait même être annoncée dès cet été. Toutefois pour Jean-Eric Branaa, les décisions de la Cour suprême héritées de Trump n’auront aucun impact sur les élections en novembre. “En ce moment, les Américains sont préoccupés par les prix de l’énergie et l’inflation, pas l’avortement ou le port d’arme”, remarque-t-il.

    Trump garde la cote mais son étoile a pâli

    Dans son parti aussi, “son étoile a pâli”, ajoute l’expert. “Pour les Républicains les plus convaincus, il est le plus beau, le plus fort. Pour les autres, il n’existe quasiment plus. Beaucoup voient dans Trump celui qui va revenir en 2024, mais en réalité, 60 à 65% des Américains n’en veulent pas”. Pourtant, Donald Trump garde la cote. Il serait en tête de la primaire républicaine pour la présidentielle si elle était organisée aujourd’hui. De plus, en cas de nouveau duel Biden-Trump en 2024, ce dernier se place en tête, a révélé un récent sondage.

    Ces estimations données à deux ans de l’échéance présidentielle laissent largement le temps à la tendance de s’inverser. Les sondages sur la primaire républicaine tendent déjà à pencher vers d’autres personnalités. Le gouverneur de Floride Ron DeSantis prend des points progressivement, tandis que l’ancien vice-président de Trump Mike Pence se tient en embuscade , comme vous pouvez le voir dans le sondage ci-dessous.

    Les votes des électeurs Républicains pour la primaire à la présidentielle 2024. Ron DeSantis prend des points. Les votes des électeurs Républicains pour la primaire à la présidentielle 2024. Ron DeSantis prend des points.

    En parallèle, les auditions sur la tentative d’insurrection au Capitole le 6 janvier 2021 éclaircissent progressivement le rôle de Donald Trump et pas franchement en sa faveur. Autre signe qui montre la baisse de l’influence du milliardaire: son soutien apporté à des candidats Républicains en vue des midterms n’ont pas toujours été une réussite. Le bilan est mitigé pour l’ex-président qui a parfois vu ses poulains se faire recaler par des candidats plus modérés, notamment en Géorgie. À l’inverse, si la candidature au poste de gouverneur en Pennsylvanie est revenue à un pro-Trump, ce dernier s’écarte aujourd’hui de l’ex-président pour espérer l’emporter en novembre.

    “Il n’a aucune chance en 2024”

    Le gouverneur Ron DeSantis, candidat à sa réélection en Floride avant d’envisager la présidentielle, ne cherche pas non plus le soutien de l’ex-locataire de la Maison-Blanche, rapporte Politico . Des personnalités fortes du parti prennent aussi leur distance. L’ancien candidat à la présidentielle Mitt Romney a regretté lundi 4 juillet que Joe Biden n’ait pas trouvé de remède à “notre maladie nationale de déni, de tromperie et de méfiance”. Avant d’ajouter: “Un retour de Donald Trump nourrirait la maladie, la rendant probablement incurable.”

    En bref, Donald Trump continue de diviser son parti et l’Amérique, ce qui risque de lui poser problème pour les prochaines échéances électorales. “Il est has-been, je le dis depuis sa défaite en 2020 que c’est terminé pour lui”, insiste Jean-Eric Branaa. “Il a perdu la Maison-Blanche, le Sénat, la Chambre des représentants en 2020, maintenant il perd les gouverneurs... Avec sa tentative de coup d’État, il n’a aucune chance en 2024″, répète-t-il.

    Cela ne veut pas dire que son empreinte sur la politique américaine est prête à disparaître. “La fin de l’avortement, la remise en cause du mariage pour tous [ que souhaite revoir l’un des juges ], le retour des valeurs familiales et chrétiennes... Les idées conservatrices qui sont celles de Trump vont vivre à la Cour suprême pendant une vingtaine d’années. Les juges sont relativement jeunes, nommés à vie, et le Congrès est trop dysfonctionnel pour les contrer”, pointe le maître de conférences. Et si le meeting de Donald Trump avec Sarah Palin, quasiment assurée de gagner au vu de sa stature nationale en tant qu’ex-candidate à la vice-présidence, n’était pas pour “sauver l’Amérique”... mais pour se sauver lui-même?

    À voir également aussi sur le Huffpost: Devant la NRA, Donald Trump appelle à armer enseignants et citoyens après la tuerie au Texas

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      Après l'avortement, la sodomie et la contraception dans le viseur de la Cour suprême?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 8 July, 2022 - 15:31 · 4 minutes

    ÉTATS-UNIS - C’est une marque indélébile laissée par Donald Trump aux États-Unis. Au cours de son passage à la Maison Blanche, le milliardaire a eu l’opportunité de nommer trois juges à la Cour suprême, la juridiction la plus importante du système américain. Et il a choisi des personnalités extrêmement conservatrices qui peuvent désormais influencer jusqu’à leur mort la vie politique du pays.

    C’est ainsi que le 24 juin dernier, la Cour désormais dominée par six conservateurs contre trois progressistes est revenue sur “Roe v Wade” , un arrêt en date de 1973 et qui faisait jusqu’alors de l’avortement un droit protégé au niveau national. En clair, il est désormais possible pour tous les États qui le souhaitent de revenir sur ce droit, et ils sont déjà nombreux à l’avoir fait.

    Un chemin “extrême et dangereux”

    Mais au-delà de cette décision, notre vidéo en tête d’article explique que ce revirement de jurisprudence fait craindre une offensive conservatrice encore plus large. En effet, le juge Clarence Thomas a exprimé son souhait de se tourner désormais vers trois autres arrêts : “Griswold v Connecticut”, “Lawrence v Texas” et “Obergefell contre Hodges”. Des décisions qui protègent respectivement le droit à la contraception, les relations sexuelles entre personnes de même sexe et le mariage entre personnes de même sexe.

    Au point que Joe Biden fait part de son inquiétude. Le président américain estime que le juge Thomas “propose explicitement de remettre en question le droit au mariage pour tous ou encore celui pour les couples de choisir leur contraception”. Et le président américain conclut: “La Cour suprême nous emmène sur un chemin extrême et dangereux.”.

    En effet, au-delà de garantir l’avortement, “Roe v Wade” est un cas central dans le droit américain. Cet arrêt a effectivement contribué à sacraliser le principe d’intimité, sur lequel la Cour suprême s’appuie pour autoriser les citoyens américains à avoir recours à la contraception, pour permettre le mariage entre les personnes de même sexe ou garantir à chacun d’avoir les pratiques sexuelles qu’il souhaite (plusieurs États criminalisaient la sodomie afin de discriminer la communauté gay).

    Des pressions politiques à venir?

    Ironie absurde de toute cette situation, des voix républicaines (notamment celle du sénateur de l’Indiana Mike Braun) s’élèvent aussi pour demander au juge Thomas de revenir sur un autre arrêt, “Loving v Virginia”. Une décision qui protège au niveau national les mariages “interraciaux”, et qui pourrait donc être combattue par Clarence Thomas, un homme noir marié à une femme blanche.

    Ce qui, dans le contexte, a fait grincer des dents à l’acteur Samuel L. Jackson, qui s’est demandé si le juge conservateur était aussi motivé à l’idée de s’en prendre à cet arrêt qu’à ceux mentionnés plus haut.

    “Comment tonton Clarence se sent-il à l’idée d’annuler ’Loving v Virginia?”

    Alors oui, pour le moment, Brett Kavanaugh , l’un des juges nommés par Donald Trump assure que la Cour suprême s’en tiendra à l’avortement et qu’il n’est pas question de revenir sur d’autres droits. D’autant qu’à lui seul, Clarence Thomas n’a pas le pouvoir de faire évoluer la situation.

    Sauf que comme le rappelle le New York Times , cette décision reste dans les les mains de la majorité des juges et qu’il est impossible d’exclure de nouvelles offensives réactionnaires, surtout si l’opinion publique et des personnalités politiques de premier plan (on pense évidemment à Donald Trump ) poussent dans ce sens.

    Le climat et le système électoral déjà menacés

    En attendant, la Cour suprême s’en est déjà prise à l’EPA , l’Agence gouvernementale en charge de la protection de l’environnement, l’empêchant à partir de maintenant d’édicter des règles limitant les émissions polluantes des centrales à charbon.

    Et la juridiction suprême a d’ores et déjà prévu de s’attaquer à un autre cas, “ Moore v Harper ”. Un arrêt qui organise le pouvoir et les devoirs qu’ont les États fédérés vis-à-vis des élections nationales. Or d’après les spécialistes, une remise en cause de cette jurisprudence pourrait lui permettre de faciliter les stratégies de ce que l’on appelle voter suppression en anglais. C’est-à-dire que les États qui le souhaitent pourraient rayer plus facilement des citoyens des listes électorales (par exemple à la suite d’une condamnation pour consommation de cannabis), tracer des circonscriptions particulièrement favorables à un camp politique ou encore permettre une interférence partisane dans les dépouillements…

    Des techniques de manipulation électorale qui étaient déjà vivement dénoncée par le camp démocrate sous Donald Trump, et qui ont notamment eu cours au moment de l’élection présidentielle de 2020 . Une preuve parmi d’autres que le Trumpisme aura marqué, en nommant des juges qui rappelons-le restent en poste à vie, pour de très longues années la vie politique américaine.

    À voir également sur le HuffPost : Aux Etats-Unis, les pro-IVG se mobilisent en invitant les femmes à venir “camper” là où c’est légal

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      Aux États-Unis, la Cour suprême s'enfonce dans les pas de Trump après un avis sur le climat

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 30 June, 2022 - 16:46 · 7 minutes

    Après sa décision choc sur l'avortement, la Cour suprême a opéré un autre revirement de taille sur la défense du climat et la lutte contre la pollution (photo d'illustration montrant la Cour suprême, à Washington D.C., le 29 juin 2022). Après sa décision choc sur l'avortement, la Cour suprême a opéré un autre revirement de taille sur la défense du climat et la lutte contre la pollution (photo d'illustration montrant la Cour suprême, à Washington D.C., le 29 juin 2022).

    ENVIRONNEMENT - “Une nouvelle décision dévastatrice” qui vise à ramener les États-Unis “en arrière”. Voici comment la Maison Blanche a qualifié la décision prise ce jeudi 30 juin par la Cour suprême américaine de limiter les moyens à disposition du gouvernement pour lutter contre la pollution atmosphérique . Une décision conservatrice de plus de la part de l’instance suprême, signe que l’héritage de Donald Trump se porte comme un charme.

    En effet, après la récente décision concernant l’avortement (que les États peuvent désormais librement interdire), il s’agit d’une preuve de plus du pouvoir donné par l’ancien président à cette institution, au sein de laquelle il a placé plusieurs personnalité extrêmement conservatrices . En majorité à six juges contre trois progressistes, les républicains se servent à loisir de la Cour suprême pour pousser leurs idées, avec des conséquences très importantes.

    Après avoir également consacré le droit à porter une arme à feu partout hors de chez soi, et cela en dépit de l’affolante répétition des fusillades mortelles, la juridiction pourrait désormais s’attaquer à des acquis supplémentaires, à l’image du mariage homosexuel, du droit à avoir certaines pratiques sexuelles telles que la sodomie ou de l’accès à la contraception par exemple.

    Une décision “effrayante” pour les juges progressistes

    Ce jeudi, c’est donc le climat qui a été visé par une décision majeure de l’instance. La haute juridiction a estimé que l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA) ne pouvait pas édicter de règles générales pour réguler les émissions des centrales à charbon, qui produisent près de 20% de l’électricité aux États-Unis.

    La Maison Blanche a immédiatement dénoncé ce revirement et appelé le Congrès à “mettre l’Amérique sur le chemin d’un futur énergétique plus propre et plus sûr”.

    L’arrêt a été adopté par les six magistrats conservateurs de la Cour. “Mettre une limite aux émissions de dioxyde de carbone à un niveau qui imposerait de renoncer au niveau national au charbon pour produire l’électricité pourrait être une solution pertinente à la crise d’aujourd’hui. Mais il n’est pas crédible que le Congrès ait donné à l’EPA l’autorité d’adopter une telle mesure”, écrit le juge John Roberts en leur nom.

    Mais leurs trois collègues progressistes se sont dissociés d’une décision jugée “effrayante”. “La Cour a retiré à l’Agence de protection de l’environnement le pouvoir que le Congrès lui a donné de répondre au ‘problème le plus pressant de notre époque’”, écrit la juge Elena Kagan, en rappelant que les six années les plus chaudes ont été enregistrées au cours de la dernière décennie.

    Reflétant les divisions de la société américaine sur les questions environnementales, la décision a été immédiatement saluée par le parti républicain, hostile à toute régulation fédérale et défenseur des énergies fossiles. “Aujourd’hui, la Cour suprême rend le pouvoir au peuple”, a estimé son chef au Sénat, Mitch McConnell, en reprochant au président démocrate Joe Biden “de mener une guerre contre les énergies à prix abordable” malgré l’inflation.

    Les États-Unis marginalisés à l’échelle mondiale

    Mais les démocrates, à l’instar de la jeune élue Alexandria Ocasio-Cortez, ont jugé la décision “catastrophique”. “Notre planète est en feu et cette Cour suprême extrémiste détruit la capacité du pouvoir fédéral de se battre”, a ajouté la sénatrice Elizabeth Warren.

    Atterrées, les organisations de défense de l’environnement ont souligné l’écart avec le reste du monde. “La décision menace les États-Unis d’être relégués loin derrière nos partenaires internationaux qui accélèrent les efforts pour remplir leurs engagements climatiques”, a souligné Nathaniel Keohane, président du Center for Climate and Energy Solutions .

    Après la volte-face sur l’avortement la semaine dernière, cet arrêt représente un nouveau changement de pied à la Cour suprême. En 2007, elle avait décidé à une courte majorité que l’EPA était compétente pour réguler les émissions de gaz responsables du réchauffement climatique, au même titre qu’elle est chargée par une loi des années 1960 de limiter la pollution de l’air.

    Mais depuis, l’ex-président républicain Donald Trump, un climatosceptique hostile à toute mesure contraignante pour l’industrie, a fait entrer trois magistrats au sein du temple du droit américain, cimentant sa majorité conservatrice.

    Un pari perdu pour Joe Biden et son administration

    Au-delà de l’EPA, leur décision pourrait limiter les efforts de toutes les agences fédérales de régulation, notamment celle sur la santé et la sécurité au travail (OSHA). “La Cour a pris des mesures pour contrôler l’EPA mais aussi toutes les agences administratives”, analyse Ilya Shapiro, directeur des études constitutionnelles à l’Institut Manhattan, sur Twitter. Pour lui, “la Cour a simplement refusé de laisser une agence exécutive décréter qu’elle est compétente”.

    Les démocrates se sont donc également inquiétés du risque de voir plusieurs régulations tomber dans les prochains mois. Cette Cour “réactionnaire et extrémiste” “renvoie le pays au temps où les requins de l’industrie avaient tous les pouvoirs”, a regretté le chef de la majorité démocrate au Sénat Chuck Schumer.

    Concrètement, le dossier au cœur de la décision trouve sa source dans un plan ambitieux adopté en 2015 par Barack Obama pour réduire les émissions de CO2. Ce “Clean Power Plan”, dont la mise en oeuvre revenait à l’EPA, avait été bloqué avant d’entrer en vigueur.

    En 2019, Donald Trump avait publié sa propre “règle pour une énergie propre abordable”, limitant le champ d’action de l’EPA au sein de chaque site de production d’électricité, sans l’autoriser à remodeler tout le réseau. Un tribunal fédéral ayant invalidé cette mouture, plusieurs États conservateurs et l’industrie du charbon ont demandé à la Cour suprême d’intervenir et de préciser les pouvoirs de l’EPA.

    Le gouvernement du démocrate Joe Biden avait fait savoir qu’il ne comptait pas ressusciter le plan de Barack Obama et avait demandé à la haute Cour de déclarer le dossier caduc pour éviter une décision aux conséquences dommageables. Son pari a échoué.

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    À voir également sur le HuffPost : En 30 ans, le seul fait d’arme écolo de l’Humanité est lié à votre réfrigérateur

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      Trump en est venu aux mains lors de l'assaut du Capitole pour tenter de rejoindre les manifestants

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 28 June, 2022 - 19:44 · 4 minutes

    (Trump à Orlando le 26 février 2022 par REUTERS/Marco Bello) (Trump à Orlando le 26 février 2022 par REUTERS/Marco Bello)

    ÉTATS-UNIS - Un témoignage ahurissant. Donald Trump a essayé de prendre le volant d’une limousine présidentielle le 6 janvier 2021 pour rejoindre ses partisans qui marchaient vers le Congrès, a rapporté ce mardi 28 juin une ancienne collaboratrice de la Maison Blanche lors d’une audition parlementaire .

    “Je suis le putain de président, amenez-moi au Capitole tout de suite”, aurait-il dit, selon des propos rapportés à Cassidy Hutchinson par le chef de cabinet adjoint du président.

    Cette jeune femme, qui travaillait à quelques pas du Bureau ovale, a livré un témoignage troublant devant une commission parlementaire enquêtant sur la manière dont Donald Trump a tenté de renverser le cours de l’élection présidentielle de 2020, jusqu’à l’assaut du Capitole.

    Le chef de cabinet adjoint lui a dit également dit que Donald Trump, lorsqu’il a compris qu’on ne l’emmenait pas au Capitole, a alors tenté de saisir le volant de la limousine. Il a ensuite tenté de frapper un assistant sur le siège avant qui lui avait dit de retirer ses mains du volant et qu’ils ne retourneraient pas au Capitole.

    ″Ça pourrait devenir vraiment très grave le 6 janvier”

    Cassidy Hutchinson a notamment rapporté une conversation avec le chef de cabinet de Donald Trump, Mark Meadows, quatre jours avant l’attaque du Congrès américain, lors de laquelle il aurait affirmé: ”Ça pourrait devenir vraiment très grave le 6 janvier.”

    “Ce soir-là, je me souviens avoir ressenti pour la première fois de la peur et de la crainte vis-à-vis de ce qui pourrait se passer le 6 janvier” 2021, a confié cette femme qui a pris ses distances avec la nébuleuse Trump au point de changer récemment d’avocat.

    Lors de cette froide journée d’hiver, sous un ciel chargé de lourds nuages, des milliers de partisans de Donald Trump s’étaient réunis à Washington pour dénoncer le résultat de l’élection qui a vu perdre le milliardaire républicain. Après avoir entendu le président l’inviter à “marcher vers le Capitole”, une foule a pris d’assaut le siège du Congrès américain, provoquant une onde de choc mondiale.

    Lorsque la violence a éclaté au Capitole, le chef de cabinet de Donald Trump “n’a presque pas réagi”, a déclaré Cassidy Hutchinson devant la commission d’enquête parlementaire, des propos diffusés en direct sur de nombreuses chaînes du pays.

    Une mine de nouvelles preuves à passer au crible

    Depuis près d’un an, cette commission a entendu plus de 1000 témoins, dont deux enfants de l’ancien président, et épluché 140.000 documents pour faire la lumière sur les faits et gestes précis de Donald Trump avant, pendant et après cet événement qui a fait trembler la démocratie américaine.

    Ces neuf élus ― sept démocrates et deux républicains rejetés par leur parti ― déroulent depuis mi-juin, lors d’auditions publiques, un récit plaçant Donald Trump et son entourage au cœur d’une “tentative de coup d’Etat” .

    Vidéos et témoignages à l’appui, ils détaillent méticuleusement les pressions exercées de toutes parts par le milliardaire pour se maintenir au pouvoir, jusqu’à l’assaut du Capitole par ses partisans le 6 janvier 2021.

    Les enquêteurs ont aussi indiqué disposer d’une mine de nouvelles preuves à passer au crible, arrivées alors que les audiences étaient en cours, dont des heures de séquences de Donald Trump et de sa famille filmées pour un documentaire.

    Le milliardaire républicain, qui flirte ouvertement avec l’idée de se représenter à la présidentielle de 2024, dénonce avec véhémence les travaux de la commission, fustigeant tour à tour une “parodie de justice” et une “chasse aux sorcières” .

    Son parti, qu’il contrôle encore d’une main de fer, a d’ores et déjà promis d’enterrer les conclusions de cette commission s’il venait à prendre le contrôle de la Chambre des représentants lors des législatives de mi-mandat en novembre.

    À voir également sur Le HuffPost: Donald Trump placé au centre d’un “complot” par l’enquête sur l’assaut du Capitole

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      Trump savoure sa victoire à retardement sur la fin du droit à l'avortement aux États-Unis

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 25 June, 2022 - 07:14 · 4 minutes

    Donald Trump, le 17 juin 2022 à Nashville. Donald Trump, le 17 juin 2022 à Nashville.

    ÉTATS-UNIS - La révocation du droit à l’avortement par la Cour suprême des États-Unis , ce vendredi 24 juin, a été célébrée comme une victoire personnelle par Donald Trump . L’ancien président américain a considéré sur Fox News que ce recul pour le droits des femmes à disposer de leur corps “est la volonté de Dieu”.

    Durant sa présidence, il est parvenu à ancrer à droite la Cour suprême et ainsi imprimé durablement la marque des conservateurs sur les questions de société les plus clivantes dans une Amérique profondément divisée.

    “J’ai tenu mes promesses”

    Dans un communiqué, Donald Trump a estimé que la décision historique sur l’avortement, après celle de jeudi consacrant le droit au port d’armes en public , a été rendue possible “seulement car j’ai tenu mes promesses”, “en nommant et installant trois constitutionnalistes très respectés et solides à la Cour suprême des États-Unis”. Ses détracteurs partagent son constat, estimant que les revirements de jurisprudence en série sont bien à imputer au milliardaire républicain.

    “Ces victoires majeures montrent que même si la gauche radicale fait tout ce qui est en son pouvoir pour détruire notre pays, vos droits sont protégés, le pays est défendu et il y a toujours un espoir et du temps pour sauver l’Amérique”, a-t-il ajouté dans son communiqué.

    Pourtant, Donald Trump n’a pas toujours été dans le camp des opposants au droit à l’avortement, qu’il avait même publiquement défendu en 1999. Peu connu pour sa foi et sa fréquentation des églises, deux fois divorcé, l’ex-magnat de l’immobilier peut difficilement être classé parmi les représentants de la droite religieuse.

    C’est donc en se pinçant le nez que de nombreux chrétiens évangéliques votent pour lui lors de l’élection de 2016. Dans l’espoir qu’en échange de leur soutien, Donald Trump se fasse le champion de leur cause sur le terrain judiciaire. Pari gagné: l’homme n’est plus à la Maison Blanche, mais l’Amérique chrétienne a enfin décroché son Graal avec la remise en cause du droit à avorter.

    “Comme c’est le cas pour presque toutes les décisions politiques de Trump, son entente avec les conservateurs religieux est strictement transactionnelle, pas théologique”, explique à l’AFP Mark Bayer, président du cabinet de conseil Bayer Strategic Consulting.

    “En échange du soutien des conservateurs, Trump a nommé des juges déterminés à supprimer le droit des femmes à contrôler leur propre corps, un objectif majeur de la droite religieuse”, ajoute cet ancien conseiller parlementaire d’élus démocrates. Le candidat de 2016 avait rallié cet électorat clé en choisissant Mike Pence, un conservateur sourcilleux, pour la vice-présidence, et en publiant avant même sa victoire la liste des personnes qu’il envisageait de nommer à la Cour suprême.

    Les ambitions de Trump pour la présidentielle de 2024

    Caleb Verbois, politologue au Grove City College, une université chrétienne conservatrice de Pennsylvanie, raconte d’ailleurs avoir reçu ce message d’un ami juste après l’arrêt de vendredi: “mon marché avec Trump vient de porter ses fruits.”

    D’autant que les juges de la Cour suprême sont nommés à vie, et l’âge relativement jeune de ceux choisis par Donald Trump laisse penser que “cette décision”, comme d’autres, “durera longtemps”, prédit Mary Frances Berry, professeure d’histoire à l’Université de Pennsylvanie.

    Cette victoire pour son camp arrive en tout cas au bon moment pour l’ex-président, alors qu’il caresse l’ambition de se représenter en 2024 mais est vilipendé par une commission d’enquête parlementaire l’accusant d’avoir tout fait pour se maintenir au pouvoir après sa défaite à l’élection de 2020. “La droite chrétienne va l’aimer encore plus qu’avant, car il tranche avec l’image des politiques qui ne tiennent pas leurs promesses”, estime Mary Frances Berry.

    Pour Mark Bayer toutefois, ce succès est à double tranchant car il va “motiver” la gauche à aller massivement aux urnes “aux législatives de novembre puis à nouveau à la présidentielle de 2024 pour renverser la tendance droitière”.

    À voir également sur Le HuffPost: Aux États-Unis, des milliers de manifestants défilent pour le droit à l’avortement

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      Avortement aux États-Unis: Biden regrette "une erreur tragique", Trump salue "la volonté de Dieu"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 24 June, 2022 - 17:44 · 3 minutes

    Après la décision de la Cour suprême, Joe Biden s'est s'exprimé pour réagir à l'abandon du droit à l'avortement. Après la décision de la Cour suprême, Joe Biden s'est s'exprimé pour réagir à l'abandon du droit à l'avortement.

    AVORTEMENT AUX USA - Le clivage entre républicain et démocrate semble plus marqué que jamais. Quelques heures après la révocation du droit à l’avortement par la Cour suprême ce vendredi 24 juin, le président Joe Biden a fustigé une “erreur tragique” et le résultat d’une “idéologie extrémiste”.

    “La santé et la vie des femmes de ce pays sont maintenant en danger”, a martelé le démocrate dans une allocution solennelle dans la foulée de l’arrêt, déplorant un “triste jour” pour l’Amérique, qui fait figure “d’exception” dans le monde. Aux États-Unis, plus de 40 % des femmes en âge de concevoir vivent dans des États aux lois restrictives sur l’avortement.

    Le président américain a aussi appelé à poursuivre le combat de manière “pacifique” et à défendre “dans les urnes” le droit à l’avortement et toutes les autres “libertés personnelles”, à l’approche des élections de mi-mandat qui s’annoncent difficiles pour son camp démocrate.

    Pour le président américain, “le congrès devra rétablir” l’arrêt Roe v. Wade en tant que loi fédérale. Pour cela, il a invité les citoyens américains à élire un maximum de représentants démocrates et de sénateurs dans quatre mois. Joe Biden avait déjà promis d’agir par décret pour protéger l’accès à l’interruption volontaire de grossesse, mais sa marge de manœuvre en la matière est très mince.

    Donald Trump salue la “volonté de Dieu”

    Très attendue également, la réaction de l’ancien président américain Donald Trump ne s’est pas fait attendre. Selon lui, l’annulation du droit à l’avortement répond à la “volonté de Dieu”.

    Interrogé par la chaîne Fox News sur son propre rôle, pour avoir nommé trois des 9 juges siégeant à la Cour et fait basculer la majorité de la haute juridiction dans le camp conservateur , le milliardaire républicain a simplement répondu: “C’est la volonté de Dieu”. Cette décision “suit la Constitution”, et “ramène tout au niveau des États, ce qui aurait toujours dû être le cas”, a-t-il ajouté.

    En effet, cette décision sonne comme une victoire à retardement du camp Trump, alors même que ce dernier fait l’objet d’une enquête de la commission parlementaire américaine au sujet de l’assaut du Capitole en janvier 2020.

    Du côté des républicains, la révocation du droit à l’avortement est déjà saluée en grande pompe. L’ancien vice-président de Donald Trump, Mike Pence , estime que la Cour suprême “a donné au peuple américain un nouveau départ pour la vie”. Pour lui, l’abandon de l’arrêt Roe v. Wade de 1973 par la Cour suprême a “réparé un tort de l’histoire”.

    À voir également sur Le HuffPost: Aux États-Unis, des milliers de manifestants défilent pour le droit à l’avortement

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      Comment Trump a mis la pression sur Pence pour invalider le scrutin de 2020

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 17 June, 2022 - 08:29 · 4 minutes

    Donald Trump et Mike Pence au Kennedy Space Center, de Cape Canaveral le 30 mai 2020 (AP Photo/Alex Brandon) Donald Trump et Mike Pence au Kennedy Space Center, de Cape Canaveral le 30 mai 2020  (AP Photo/Alex Brandon)

    ÉTATS-UNIS - Des tweets incendiaires, un appel menaçant, un discours enflammé... La commission d’enquête sur l’assaut du Capitole a détaillé ce jeudi 16 juin lors d’une audition les nombreuses pressions exercées par Donald Trump sur son vice-président Mike Pence pour tenter de l’empêcher de certifier la victoire de Joe Biden à la présidentielle, le 6 janvier 2021.

    “Le président s’est maintes fois vu dire que le vice-président ne pouvait pas changer le résultat de l’élection. Mais il a malgré tout fait publiquement pression sur Mike Pence pour qu’il fasse exactement cela”, a affirmé l’élu démocrate Pete Aguilar, lors d’un exposé circonstancié.

    Après quasiment un an d’enquête, le groupe d’élus cherche à montrer que le rejet par Donald Trump des résultats de la présidentielle de novembre 2020 n’était pas qu’une coquetterie de mauvais perdant, mais la composante essentielle d’une stratégie réfléchie pour garder le pouvoir .

    Celle-ci s’est rapidement concentrée sur la cérémonie de certification des résultats de l’élection par le vice-président Mike Pence devant le Congrès le 6 janvier 2021, en principe une simple formalité.

    “Une crise constitutionnelle”

    La commission d’enquête a dévoilé le plan précis élaboré par l’avocat John Eastman pour Donald Trump en décembre 2020, visant à exploiter les failles de la loi sur le comptage électoral et à bloquer l’accession de Joe Biden à la Maison Blanche.

    Sous pression, Mike Pence s’est alors tourné vers plusieurs experts juridiques qui lui avaient assuré qu’il n’avait aucune marge de manoeuvre légale et devait certifier à tout prix la victoire de Joe Biden.

    “Je crois que si le vice-président Pence avait obéi aux ordres de son président (...), cela aurait plongé l’Amérique dans une révolution au beau milieu d’une crise constitutionnelle”, a alerté d’une voix solennelle le juge Michael Luttig, devant la commission.

    Témoignages vidéo à l’appui, le groupe d’élus a aussi révélé un échange téléphonique entre Donald Trump et son vice-président dans la matinée du 6 janvier 2021.

    “La conversation était tendue”, a confié Ivanka Trump, la fille du président, qui était dans le Bureau ovale au moment de l’appel. D’autres ex-conseillers de Donald Trump ont rapporté que le président avait adressé plusieurs insultes à Mike Pence.

    Une heure plus tard, le président américain a une dernière fois tenté de forcer la main à son bras droit en se présentant à une foule de trumpistes réunie à Washington dans un froid glacial.

    “Mike Pence, j’espère que vous allez vous battre pour le bien de notre pays, de notre Constitution. Sinon, je vais être extrêmement déçu”, lance le milliardaire républicain, le ton grave.

    Des appels à “pendre” Mike Pence

    Quelques minutes plus tard, Mike Pence publie une lettre dans laquelle il affirme qu’il ne se pliera pas aux pressions du président.

    Au même moment, les manifestants pro-Trump commencent à se presser autour du Congrès, des images qui ont circulé à travers le monde. La séance de certification est brutalement interrompue.

    Pendant que le vice-président et les élus du Congrès sont évacués de l’hémicycle, Donald Trump s’agace sur Twitter que Mike Pence n’ait “pas eu le courage de faire ce qui était nécessaire pour protéger le pays”.

    Dans la foule qui a pris le Congrès d’assaut, les trumpistes appellent à “pendre Mike Pence”.

    Réfugié dans un souterrain, le vice-président est resté dans l’enceinte du Capitole durant toute la durée de l’assaut, avec des manifestants parfois seulement à une “douzaine de mètres de lui”, a révélé la commission jeudi.

    Au bout de quelques heures, le calme est finalement revenu dans la capitale américaine. Depuis la Chambre des représentants, le vice-président promet alors que “ ceux qui ont semé la zizanie ” n’ont pas “gagné” et certifie officiellement l’élection de Joe Biden.

    Après de longs mois de silence, Mike Pence a évoqué publiquement l’horreur du 6 janvier lors d’un discours en Floride, mi-février.

    “Le président Trump a dit que j’avais le droit d’inverser l’élection, mais le président Trump a tort”, a-t-il affirmé, actant sa rupture définitive avec l’ancien homme d’affaires, qui soutient encore le contraire.

    À voir également sur Le HuffPost: Un an après l’assaut du Capitole, Biden accuse Trump

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      Assaut du Capitole: Ce que l'on peut attendre des premières auditions

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 9 June, 2022 - 16:00 · 7 minutes

    Le 6 janvier 2021, des centaines de partisans de Donald Trump avaient pris d'assaut le Capitole, siège du Parlement des États-Unis, pour protester contre la défaite de leur champion à la présidentielle face à Joe Biden. Un événement dramatique qui va donner lieu à des auditions très médiatisées, un an et demi plus tard. Le 6 janvier 2021, des centaines de partisans de Donald Trump avaient pris d'assaut le Capitole, siège du Parlement des États-Unis, pour protester contre la défaite de leur champion à la présidentielle face à Joe Biden. Un événement dramatique qui va donner lieu à des auditions très médiatisées, un an et demi plus tard.

    ÉTATS-UNIS - C’était le 6 janvier 2021. Une date tristement entrée dans l’Histoire américaine au point que la presse outre-Atlantique parle désormais des “audiences du 6 janvier”. Car à partir de ce jeudi 9 juin, soit près d’un an et demi après les faits , débutent les auditions portant sur l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump , devant une commission parlementaire.

    Un déferlement de violence rarement observé dans une démocratie occidentale, qui avait vu des émeutiers chauffés à blanc par les mots du président sortant enfoncer les portes du Parlement, des élus de la Nation obligés de se terrer pendant des heures avant de fuir en catimini par des sorties dérobées et un lourd bilan humain, avec un policier et une militante tués dans des affrontements ainsi que des dizaines de blessés.

    Des événements sur lesquels les parlementaires américains vont désormais présenter les conclusions de leur longue enquête , s’appuyant sur des témoins-clés pour tenter -entre autres- de démontrer le rôle joué par Donald Trump dans le chaos du 6 janvier. À commencer par son souhait maintes fois répété de faire annuler l’élection de Joe Biden , qu’il accuse d’avoir truqué le scrutin pour l’emporter, cela sans aucune preuve et alors qu’il a perdu par plus de sept millions de voix à l’échelle nationale.

    • Un show à l’américaine...

    Et pour prouver l’ampleur qu’a pris cette affaire, il suffit de jeter un œil au traitement médiatique de la séquence qui s’annonce. À partir de ce 9 juin donc, neuf élus (sept démocrates et deux républicains fermement opposés à Donald Trump) vont chercher à retracer le fil de cette funeste journée et à déterminer l’implication de l’ancien président au cours de débats diffusés en prime time à la télévision nationale.

    Ainsi, CNN, MSNBC et toutes les chaînes d’information du pays à l’exception de la très miséricordieuse avec Donald Trump Fox News vont faire des premières auditions, programmées à 20 heures sur la côte Est (2 heures du matin dans la nuit de jeudi à vendredi en France), un véritable événement. Notamment en invitant d’emblée des témoins qui donneront le ton de l’exercice: la première policière du Capitole à avoir été blessée par les émeutiers, Caroline Edwards, et un journaliste britannique, Nick Quested, qui suivait au moment des faits les “ Proud Boys ”, une milice fasciste, masculiniste et convaincue par le suprémacisme blanc.

    Parmi les envahisseurs du Capitole, à Washington D.C., figuraient de nombreux militants violents et convaincus par des thèses d'extrême droite. Parmi les envahisseurs du Capitole, à Washington D.C., figuraient de nombreux militants violents et convaincus par des thèses d'extrême droite.

    Et si les suivants ne sont pas encore connus, d’autres protagonistes particulièrement remontés devraient être invités à témoigner. À l’image sûrement de l’ancien juge John Michael Luttig qui a d’ores et déjà montré la voie: “Le récit qu’il va falloir livrer au peuple américain, c’est que notre démocratie est en danger.” Les partisans de Donald Trump sont prévenus.

    • Préparation ou éruption spontanée?

    C’est la grande question qui agite l’Amérique depuis 18 mois: l’envahissement du Capitole par des partisans violents de Donald Trump avait-il été préparé de longue date ou est-il survenu subitement du fait d’une minorité exprimant sa fureur par les actes?

    À en croire l’élu démocrate du Maryland Jamie Raskin , qui est membre de la commission du Congrès en charge de l’enquête, son travail va prouver que tout avait été soigneusement organisé. Et que Donald Trump, bien loin d’avoir simplement “incité” ses partisans en attisant leur colère, a en réalité été “au centre” de ces préparatifs et donc de la commission des exactions du 6 janvier, comme l’a précisé l’élu au Washington Post . Jamie Raskin va même jusqu’à dire que sans sa majorité au Sénat au moment des faits, Donald Trump aurait été poursuivi et condamné. Ce qu’il compte prouver en retraçant tout le fil des événements, de la préparation donc aux faits et jusqu’aux jours ayant suivi les violences commises au cœur de la démocratie américaine.

    “L’idée que tout cela n’était qu’une manifestation furieuse qui a spontanément dégénéré est absurde. On ne renverse pas presque le gouvernement des États-Unis par hasard”, a encore expliqué le démocrate au WaPo . Et d’assurer que sa commission va désormais “raconter l’histoire d’un véritable complot visant à renverser le résultat de l’élection présidentielle américaine de 2020 et à empêcher la transition du pouvoir vers Joe Biden”.

    • Le rôle des milices d’extrême droite

    Et à ce propos, le rôle de certains partisans va faire l’objet de longues discussions durant les auditions: les “Proud Boys”. Au travers du témoignage du documentariste Nick Quested , qui suivait la milice d’extrême droite depuis plusieurs jours au moment de l’assaut du Capitole, la commission veut en effet démontrer que ses membres ont entraîné la foule des manifestants dans la violence.

    L'un des enjeux des auditions qui se déroulent en ce mois de juin au Parlement américain sera de déterminer avec précision le déroulé des faits et les possibles incitations à la violence de responsables politiques. L'un des enjeux des auditions qui se déroulent en ce mois de juin au Parlement américain sera de déterminer avec précision le déroulé des faits et les possibles incitations à la violence de responsables politiques.

    Des images encore jamais vues par les équipes du journaliste vont notamment être montrées, avec par exemple des militants des “Proud Boys” projetant des barrières sur les forces de l’ordre ou encore l’organisation de la marche depuis le lieu où Donald Trump donnait un discours jusqu’aux marches du Capitole. Une plongée semble-t-il éclairante au sein d’une troupe armée et violente, et convaincue par l’argumentaire de Trump sur la conspiration visant à priver “leur” Amérique du pouvoir au profit de Joe Biden.

    Un argumentaire qui fait suite à l’inculpation , plus tôt dans la semaine, d’Enrique Tarrio, l’un des leaders de la milice, et de quatre autres membres, pour “sédition” contre l’État américain du fait de leurs agissements le 6 janvier.

    • Quelles conséquences pour Trump?

    Parmi les points de focalisation de l’enquête, le rôle de Donald Trump a donc été central. Les neuf parlementaires ont entendu nombre de ses proches, dont deux de ses enfants, mais aussi étudié des SMS échangés entre des membres de l’entourage immédiat de l’ancien président et des personnalités républicaines, des emails officiels, des menaces rédigées par des partisans haut placés et envoyés à des décisionnaires du pouvoir judiciaire...

    Face au déferlement de violence dans les couloirs du Capitole, certains élus avaient craint pour leur vie et avaient dû être évacués dans ce qui avait donné des images surréalistes dans une démocratie occidentale. Face au déferlement de violence dans les couloirs du Capitole, certains élus avaient craint pour leur vie et avaient dû être évacués dans ce qui avait donné des images surréalistes dans une démocratie occidentale.

    Autant d’éléments qui font aujourd’hui dire aux membres du Congrès que le camp de Donald Trump avait échafaudé divers plans visant à faire annuler l’élection de Joe Biden. Et cela via des scénarios allant d’une tentative de saisie des machines électorales (qui permettent le vote par correspondance) jusqu’à l’invasion planifiée du Capitole.

    En fonction des conclusions et des témoignages qui seront présentés au public, la séquence pourrait ainsi faire basculer l’opinion publique au sujet des événements du 6 janvier, à l’image des auditions du “Watergate” qui avaient finalement poussé Richard Nixon à la démission. Car si la commission n’a pas le pouvoir d’inculper elle-même des protagonistes de cette journée, elle transmettra tout de même ses preuves à la justice et il y a fort à parier qu’un engouement national pour l’affaire, par exemple à l’encontre de Donald Trump, pourrait engendrer des rebondissements judiciaires. Surtout si les arguments avancés mettent à mal l’idée d’une “chasse aux sorcières” dont parlent depuis des mois les partisans de l’ancien président pour l’exonérer de toute faute.

    Pour Jamie Raskin, le membre de la commission évoqué plus haut, les conséquences à moyen terme pour Donald Trump sont ainsi évidentes: les poursuites contre l’ancien président deviendront évidemment nécessaires au vu des preuves qui seront fournies ces prochains jours. “Nous allons tout présenter, et les procureurs devront faire le tri vis-à-vis de chaque individu cité. Mais je fais totalement confiance au ministère de la Justice pour faire son travail.”

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