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      De la présidentielle aux législatives, le tour de force de Mélenchon - Récit

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 13 June, 2022 - 05:30 · 9 minutes

    Des larmes de la présidentielle au succès des législatives, le tour de force de Mélenchon - Récit Des larmes de la présidentielle au succès des législatives, le tour de force de Mélenchon - Récit

    POLITIQUE - “Faites mieux, merci”. C’est un Jean-Luc Mélenchon déçu, mais satisfait de la tâche accomplie, qui prend la parole après les résultats du premier tour de l’élection présidentielle au Cirque d’Hiver à Paris. Avec ses 22%, il vient d’échouer, pour la troisième fois, à se qualifier pour le duel final. Le grand soir n’est pas pour ce dimanche 10 avril.

    “Bien sûr, les plus jeunes vont me dire ‘et ben on n’y est encore pas arrivé?’, lance-t-il à ses militants, certains en pleurs , pour conclure son discours. Il leur intime de porter le “pôle populaire” plus haut qu’il n’a réussi à le faire. Entre adieu et espoir, le ton de Jean-Luc Mélenchon marque les esprits, il est différent ce soir-là. Le tribun de 70 ans vient de livrer sa dernière bataille politique, croit-on. Et l’heure de la transmission a sonné.

    C’était se tromper. La NUPES, la coalition ”populaire, écologique et sociale” formée pour le propulser à Matignon est au coude à coude avec les troupes d’Emmanuel Macron au premier tour des élections législatives ce dimanche 12 juin. Le résultat d’une campagne haletante qui ramène la gauche au centre du jeu.

    Mélenchon: ambition Matignon

    Au Cirque d’Hiver, ce dimanche 10 avril 2022, après les résultats du premier tour, l’ambiance est chaude comme un soir d’été. Et pour cause, Mélenchon et ses troupes, toujours sur place, voient l’écart qui les sépare de Marine Le Pen fondre comme neige au soleil. L’homme de l’Union populaire rate la marche à 400.000 voix près. Malgré une remontada presque aussi irrésistible que sa fin de campagne (il gagne quatre points par rapport aux derniers sondages), le voilà derrière l’extrême droite. D’un cheveu, encore plus fin que celui de 2017.

    Tout était prêt pour tenir un meeting nocturne, en cas d’accession au second tour, dans cette salle du Cirque d’Hiver, souffle son équipe. Rageant pour l’Insoumis... au point de tenter un dernier tour de piste.

    Dix jours après cette soirée de défaite heureuse et son discours que beaucoup imaginaient comme le dernier, Jean-Luc Mélenchon s’invite sur BFMTV pour demander aux Français de l’élire Premier ministre. On est alors le 19 avril, en plein entre-deux-tours de l’élection présidentielle. Agacement en Macronie, moqueries chez certains constitutionnalistes.

    Qu’importe, le chantre de la 6e République explique, à grand renfort de pédagogie -et de campagne d’affichage - vouloir envoyer un maximum de députés à l’Assemblée nationale pour imposer une cohabitation au futur chef de l’Etat. Pour y arriver, une seule stratégie possible: unir la gauche dans un bloc populaire et présenter un candidat unitaire par circonscription. Du jamais vu au premier tour dans ce camp.

    Un accord historique aux forceps

    “Je dis à tous ceux qui n’ont pas voulu l’entendre, ici est la force”, lance-t-il, au soir de sa défaite à la présidentielle. Ses anciens concurrents l’ont finalement entendu, pour réussir “en quelques jours” ce qu’ils n’ont pas pu “faire pendant des années”, selon la formule de Sandra Regol au HuffPost , l’une des négociatrices envoyées par Europe-Ecologie les Verts, au tout début des discussions.

    Dès la mi-avril, la France insoumise commence de longues tractations avec les différents partis d’une gauche décidée à faire l’union. Rebaptisé “Matignon”, le siège de leur formation, passage Dubail, dans le Xe arrondissement de la capitale, devient le point central, le plus scruté, de la scène politique française.

    Un premier accord est trouvé le jeudi 28 avril, avec la petite formation fondée par Benoît Hamon, Génération.s. A partir de là, les discussions s’étirent, les ultimatums s’enchaînent, sans effet, et la fumée blanche se fait attendre.

    Soucieuses de préserver leur poids politique, les différentes chapelles négocient tant sur les crispations de fond - sur l’Union européenne par exemple - que sur les questions de places. Plusieurs allers-retours, et de vraies dissensions plus tard, les Verts et les Insoumis se mettent définitivement d’accord dans la nuit du 1er au 2 mai. Le lendemain, ce sont les communistes qui rejoignent la danse, puis les socialistes, pourtant exclus, un temps, des négociations. Inédit.

    Des débuts difficiles

    Vingt-cinq ans après la gauche plurielle de Lionel Jospin (1997), la famille se réunit à nouveau. La maison commune s’appelle désormais “Nouvelle Union populaire écologique et sociale” et elle laisse deux étages sur quatre (avec un bout de sous-sol) à la FI. Fortes du score de leur candidat à la présidentielle, les troupes de Jean-Luc Mélenchon obtiennent l’investiture dans un peu plus de 300 des 577 circonscriptions. 100 sont réservées aux écolos, 70 aux socialistes et 54 aux communistes. L’Insoumis en chef, lui, ne sera candidat qu’au poste de Premier ministre. Voilà le plan. Mais il ne plaît pas à tout le monde.

    Imposé par les mélenchonistes, ce nouveau rapport de force a du mal à passer auprès de certains ténors de la gauche. Du côté des écolos, seul Yannick Jadot fait entendre quelques réserves sur l’omniprésence de tribun dans la campagne. Au parti socialiste, en revanche, les choses sont complexes... et la fracture créée par le quinquennat de François Hollande se rouvre .

    Comme l’ancien chef de l’Etat, toute une frange, minoritaire, critique la “soumission” de la direction des roses à la gauche radicale incarnée par LFI. Le maire du Mans Stéphane Le Foll, ou la présidente de région Carole Delga mènent la fronde en soutenant plus d’une cinquantaine de candidatures dissidentes à travers la France. L’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve annonce même son départ du parti.

    Outre ces ressentiments prévisibles, la NUPES, a peine lancée, subit ses premiers remous du côté de Vénissieux, dans le Rhône. La candidature polémique du journaliste et militant Taha Bouhafs fait couler beaucoup d’encre. Le jeune homme finit par jeter l’éponge, le 10 mai, après une accusation d’agression sexuelle à son encontre d’une “gravité” que la France insoumise “n’a jamais connue”, selon les mots de Clémentine Autain.

    Quand la NUPES dicte le récit de la campagne

    Oubliés ces débuts délicats... En un temps record, Jean-Luc Mélenchon et ses nouveaux alliés réussissent le tour de force de remettre la gauche au centre du jeu politique et des attentions médiatiques. Ce que confirment les temps de parole de l’Arcom (le gendarme des médias) qui note un grand déséquilibre en faveur de la NUPES au début de cette course législative.

    Quelques mois plus tôt, c’est l’extrême droite qui trustait les antennes lors de la pré-campagne présidentielle, sous l’impulsion d’Eric Zemmour et de ses thématiques sécuritaires ou identitaires. Le contraste est saisissant avec un Rassemblement national plus que discret et une Marine Le Pen éclipsée de la scène.

    En investissant massivement les médias, les chefs à plumes de la gauche sont, certes, amenés à détailler les contours de leurs accords, contraints de justifier certains revirements, mais ils ont surtout l’opportunité de faire entendre leurs priorités et leurs propositions. Retraite à 60 ans, blocage des prix, SMIC à 1500 euros... les messages martelés sont simples sur le terrain et envahissent les réseaux sociaux.

    Bien aidée par la campagne atone de la majorité présidentielle, la NUPES dicte le tempo, entre convention commune , meetings main dans la main ou présentation de programme en grande pompe. La recette adéquate pour reprendre à Marine Le Pen son statut de première opposante. Renforcée au lendemain de la présidentielle, la cheffe du RN peut désormais espérer, au mieux, quelques dizaines de députés. L’élan autour de la Nouvelle Union n’y est sans doute pas pour rien.

    Dans la dernière ligne droite, l’offensive de Jean-Luc Mélenchon lui permet d’aborder les questions sécuritaires avec son prisme. S’il s’attire les foudres de la Macronie pour avoir écrit que la “police tue”, en référence à la mort d’une jeune passagère à Paris après un refus d’obtempérer du conducteur, le tribun insoumis peut se targuer d’avoir mis la lumière sur ce sujet. Et ce, au moment où les troupes d’Emmanuel Macron peinent à se départir des controverses dans lesquelles elles sont engluées, dont la tenace polémique sur l’incurie du dispositif policier mis en place aux abords du Stade de France lors de la finale de la Ligue des Champions .

    Le ‘péril rouge’ n’a pas pris

    Sur le terrain, le chef de l’Etat accélère dans la dernière ligne droite en multipliant les déplacements express, mais le fiasco du Stade de France, l’embarrassante affaire Damien Abad , ou les maladresses de ses ministres ne sont jamais bien loin. Et le “péril rouge” qu’il agite dans les derniers instants de la campagne, quitte à largement grossir le trait, ne parvient pas à enrayer la dynamique.

    Symbole de cette course menée sous une bonne étoile, la NUPES enregistre également une victoire, administrative, sur le gouvernement, dans les derniers instants de la campagne.

    Moins d’une semaine avant le premier tour, mardi 7 juin, le Conseil d’état demande expressément au ministère de l’Intérieur de créer la nuance “NUPES” pour comptabiliser les résultats du scrutin, ce qu’il refusait de faire jusqu’à présent, au risque, selon les sages, de “fausser” l’interprétation du vote des Français. De quoi offrir un nouvel argument aux mélenchonistes, ravis de pouvoir fustiger les “tripatouillages” et “manipulations” de Gérald Darmanin.

    Jusqu’au bout, l’histoire était belle, la campagne sans trop de nuages. Mais cela n’a pas suffi pour être en tête. A l’échelle nationale, la NUPES (25,66%) est au coude à coude avec les troupes d’Emmanuel Macron (25,70%), selon des résultats presque définitifs. Le report des voix venu de la droite promet, qui plus est, un second tour difficile aux candidats de Jean-Luc Mélenchon. Il lui reste une semaine pour franchir les dernières haies de cette course d’obstacles et réussir l’improbable: Passer du Cirque d’Hiver au printemps de Matignon.

    À voir également sur Le HuffPost : Législatives: La NUPES a présenté son programme, on vous raconte

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      Résultats législatives: La NUPES n'a pas la mine des grands soirs, malgré son succès

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 12 June, 2022 - 22:33 · 5 minutes

    POLITIQUE - Une victoire à la PyNupes? L’union des partis de gauche arrive dans un mouchoir de poche au coude à coude avec les troupes d’ Emmanuel Macron au premier tour des élections législatives ce dimanche 12 juin. Selon les résultats officiels -mais pas définitifs-, les candidats de Jean-Luc Mélenchon obtiennent 25,2% des voix au niveau national, tout juste derrière la coalition formée autour d’Emmanuel Macron (25,7%)

    Pour le tribun de 70 ans, défait il y a deux mois à la présidentielle, il s’agit d’un succès indéniable, aux contours inédits: Il prive le parti présidentiel d’une position de force qui lui était pourtant assurée, ou presque, au regard de l’Histoire. C’est effectivement la première fois, depuis le début de la Ve République, qu’une formation politique ayant gagné l’élection reine n’arrive pas en tête au premier tour des législatives qui lui font suite. C’est aussi la première fois qu’un président sortant est réélu depuis le quinquennat et donc une situation inédite pour la majorité en place.

    En tout cas, l’heure n’est pas au triomphalisme à gauche, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article . Les différents chefs à plumes de l’alliance jouent plutôt la carte de la gravité, ou de la responsabilité, sur les plateaux de télévision. Et pour cause: si la NUPES a traversé “de manière magnifique le premier test qu’elle rencontrait”, selon les mots de Jean-Luc Mélenchon, au soir du premier tour, cette soirée semble paradoxalement l’éloigner de Matignon.

    Un sursaut sinon rien

    Car pour réussir leur pari fou, les gauches unitaires devaient mobiliser large. Pour imposer une improbable cohabitation à Emmanuel Macron, elles devaient compter sur une avance confortable au niveau national. Ce qui n’est pas le cas. Certes, plusieurs sortants sont réélus dès le premier tour, à l’image de Danièle Obono, Alexis Corbière ou Sonia Chikirou en Île-de-France, mais la NUPES a du mal à percer dans les territoires qui lui sont défavorables.

    Et la dynamique, dans les urnes, est plus ténue que ce que laisse penser leur campagne offensive. Dans le détail, le score réalisé par l’alliance ne progresse pas d’un iota par rapport à celui que les différents partis réalisaient séparément en 2017.

    Nous avons déjoué les pronostics, l'enjeu c'est maintenant de déjouer les projections". Julien Bayou, patron de EELV et candidat NUPES à Paris

    Unie, la gauche récolte un peu plus de 25% des voix. Dispersée il y a cinq ans, dans un contexte d’irruption macroniste, elle en récoltait... 25,49%. Le report se fait donc sans difficultés entre les différents forces, comme en témoignent également les scores très bas des candidats dissidents. La NUPES confirme son ancrage avec des réélections dès le premier tour, mais ne crée pas d’élan nouveau. Ce dont Jean-Luc Mélenchon a nécessairement besoin pour lorgner sur Matignon.

    Pour la présidentielle, ce sont les quartiers populaires et les populations traditionnellement éloignées du vote qui ont permis à l’homme de la 6e République de glaner quatre points entre les sondages et son résultat. L’abstention, historique pour des législatives, ne permet pas, aujourd’hui, de répéter la même prouesse.

    Voilà donc tout l’enjeu de ce second tour: le tribun réussira-t-il à remobiliser les foules? Et à convaincre du fait qu’il peut encore imposer une cohabitation à Emmanuel Macron?

    Dans tous les cas, la tâche s’annonce très difficile pour le camp ”écologique et social” s’il souhaite ravir le pouvoir.  Même en cas de mobilisation massive de son électorat. Selon les Insoumis, la NUPES peut espérer une qualification dans plus de 500 circonscriptions. Mais le plus dur commence pour ses candidats, lesquels n’ont que très peu de réserve de voix pour faire face à un vote barrage qui ne devrait pas manquer de se lever contre eux.

    La NUPES et le brise-lames

    L’alliance “se retrouve face à un brise-lames: elle n’aura plus de réserves, elle ne peut compter sur des désistements, transformer l’essai va être difficile. L’union de la gauche est certes historique, mais après?” résume le politologue Denys Pouillard, directeur de l’observatoire de la vie politique et parlementaire à l’AFP.

    C’est ce qui explique les différentes projections réalisées par les sondeurs juste après les résultats de ce premier tour. Selon eux, la Nouvelle Union, pourrait l’emporter dans 150 à 210 circonscriptions. Une perspective qui permet d’être la première force d’opposition à Emmanuel Macron dans l’hémicycle pour Olivier Faure, Julien Bayou, Ian Brossat et consorts. Une performance quand on a été éliminé du second tour de la présidentielle, mais guère plus.

    Dans ce contexte, il n’en fallait pas plus à Alexis Corbière et à Jean-Luc Mélenchon pour laisser éclater leur agacement au cours de cette soirée. “Au lieu d’analyser les sondages de la semaine prochaine, regardons ce qui se passe ce soir”, a éructé le premier, sur BFMTV, dès 20H05 alors que la chaîne se risquait justement à faire des projections en terme de sièges.

    Jean-Luc Mélenchon, lui, s’est emporté contre le service public, sur les réseaux sociaux, coupable, à ses yeux, d’afficher la NUPES et les troupes d’Emmanuel Macron au coude à coude.

    Le signe d’une certaine fébrilité? “Nous avons déjoué les pronostics, l’enjeu c’est maintenant de déjouer les projections”, martelait le patron des Verts, Julien Bayou, au cours de cette soirée, pour résumer l’état d’esprit de la NUPES, entre espoirs et méthode Coué. Peu avant, Jean-Luc Mélenchon venait de prendre la parole pour demander à ses troupes de “déferler” sur le second tour. Un discours emprunté, plus sombre ou pessimiste qu’à l’accoutumée, comme si le tribun n’y croyait plus lui-même.

    À voir également sur Le HuffPost: “La république, ce n’est pas l’insulte contre les forces de l’ordre”: Borne appelle à la mobilisation

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      Législatives: La NUPES a présenté son programme et on y était, on vous raconte

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 19 May, 2022 - 16:48 · 1 minute

    POLITIQUE - En attendant le gouvernement d’Emmanuel Macron, la gauche prépare l’alternative. Ce jeudi 19 mai, la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (NUPES) a présenté, à l’occasion d’une conférence de presse à Paris, les 650 mesures concoctées par le rassemblement des partis de gauche (LFI, EELV, PCF, PS, Générations) pour un hypothétique gouvernement dirigé par Jean-Luc Mélenchon.

    Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article , notre reporter Pierre Tremblay a assisté à cette présentation. Il raconte l’ambiance et les détails de cette entente historique, comparée par les plus optimistes au Front populaire de 1936 . La gauche est parvenue à s’entendre sur l’essentiel, mais ses représentants n’ont pas non plus caché leurs points de désaccords, comme sur la politique internationale ou le nucléaire.

    Pas de “fusion idéologique” dans ce programme, a affirmé d’emblée Jean-Luc Mélenchon , qui espère devenir le prochain Premier ministre en cas de victoire. “Nous ne pouvions pas, dans le délai qui était le nôtre, et après un si long moment d’absence de débat, nous accorder sur tout”, a-t-il expliqué, mais la volonté était de “faire mieux que quelques mesures, qui auraient réduit notre union à un pur cartel électoral”.

    La NUPES a trouvé des solutions pour solder ses désaccords , estimés à 5% du programme. Elle promet ainsi une certaine autonomie à toutes ses entités et une “liberté” de ses députés. “Ces 5% (les mesures encore en débat) seront arbitrés par le Parlement”, a ainsi expliqué le leader de la France insoumise.

    À voir également sur Le HuffPost : À Besançon, le boulanger Stéphane Ravacley en campagne pour les législatives

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      Dans son programme, la NUPES a trouvé des solutions pour solder ses désaccords

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 19 May, 2022 - 12:50 · 5 minutes

    Les solutions trouvées par la NUPES pour solder ses désaccords Les solutions trouvées par la NUPES pour solder ses désaccords

    POLITIQUE - Ne parlez plus de désaccords, mais désormais de “nuances”. Jean-Luc Mélenchon , Julien Bayou, Olivier Faure, Ian Brossat, Clémence Guetté et plusieurs cadres de la NUPES, la nouvelle alliance des partis de gauche, ont présenté ce jeudi 19 mai leur programme commun pour les élections législatives du mois de juin.

    Une feuille de route forte de 650 mesures -et huit axes- qui se veut comme un “contre-projet” aux propositions déjà portées par Emmanuel Macron et les responsables de la majorité. On y retrouve, par exemple le SMIC à 1500 euros, la retraite à 60 ans, ou le référendum d’initiative citoyenne. Tous les marqueurs (ou presque) de l’Avenir en commun, le projet défendu par la France insoumise à la présidentielle sont présents.

    A la tribune, ce jeudi, les orateurs, qu’ils soient socialistes, écologistes, insoumis ou communistes, ont loué un travail “collectif”, “historique”, pour aboutir à “cette plateforme d’idées”. Sont-ils d’accord sur tout, pour autant? Pas tout à fait. Malgré cela -et les efforts sémantiques déployés par chacun pour ne froisser personne- plusieurs points sensibles restent à éclaircir. Ou à trancher.

    33 mesures débattues

    Au total, 33 mesures sont encore en discussion, soit 5% du programme final. Ce sont les “nuances”, a ainsi expliqué Jean-Luc Mélenchon dans son propos introductif, lequel “ne veut pas laisser croire que certains sujets resteraient sous le tapis”.

    Alors, pour ne pas remettre en cause “l’essentiel”, ce sur quoi ils sont tombés d’accord, la NUPES promet ainsi une certaine autonomie à toutes ses entités. En cas de victoire, les différentes formations politiques qui forment cette alliance pourront défendre des positions, ou des subtilités, propres.

    “Ces 5% (les mesures encore en débat) seront arbitrés par le Parlement”, a ainsi expliqué le leader de la France insoumise, toujours prompt à s’imaginer à Matignon. “En toutes hypothèses, le mandat impératif n’existe pas en France, en toutes hypothèses, tous les parlementaires conservent leur liberté de vote. C’est comme ça, nous n’allons pas en changer”, a-t-il ainsi résumé, avant de marteler: “L’idée n’a pas été d’aboutir dans une fusion idéologique (...) nous ne demandons à personne de renier ses convictions.”

    Le nucléaire, sujet toujours radioactif?

    En clair: Si la NUPES s’impose en juin prochain et installe une majorité de députés à l’Assemblée nationale, les communistes, par exemple, pourront continuer à défendre le nucléaire dans le mix énergétique. Et ce, même si la majorité des partis de la nouvelle union, les Insoumis en tête, y sont farouchement opposés.

    C’est sans doute l’un des dossiers les plus épineux. “Nous sommes d’accord sur l’essentiel, néanmoins il y a un certain nombre de sujets sur lesquels nous avons des nuances, la question du nucléaire, évidemment en fait partie”, a confirmé pudiquement Ian Brossat à la tribune, le porte-parole du PCF qui remplaçait Fabien Roussel, retenu dans sa circonscription. “Nous continuerons à défendre nos convictions”.

    Pour tenter de déminer ces dossiers au maximum, Jean-Luc Mélenchon a tenté, à plusieurs reprises, de ramener les questions idéologiques à des enjeux plus concrets. “Le mot anti-nucléaire est mal choisi, on essaie de répondre à une situation”, a-t-il par exemple déclaré à la tribune, “que voulons-nous? Produire de l’électricité, c’est ça le sujet.” Conscient des divisions qui parcourent les différentes chapelles politiques, à droite comme à gauche, l’Insoumis se dit prêt à organiser un référendum sur le sujet. Comme il l’avait déjà indiqué dans la campagne présidentielle.

    “Suivant le contexte, il peut apparaître que c’est important, parce que ça se dispute beaucoup, de demander son avis au peuple Français. Et de faire un référendum”, a-t-il ainsi lancé, en insistant, malgré tout, sur le fait que “tout le monde est d’accord sur la montée en gamme des énergies renouvelables.”

    Et les relations internationales?

    Enfin, les différents partenaires de la NUPES ont également trouvé un terrain d’entente sur le chapitre européen, point de discorde fréquent. Comme dans leur accord scellé au début du mois de mai, certains parlent de “désobéir” aux règles quand d’autres préfèrent y “déroger de manière transitoire”, mais tous partagent les mêmes objectifs: “mettre fin au cours libéral et productiviste” de l’Union européenne et appliquer quoiqu’il en coûte leurs 650 mesures.

    Le tout, et c’est un ajout significatif, sans prendre part à une logique de “déconstruction” de l’Union. C’est Corinne Narassiguin, la numéro deux du PS qui s’est chargée de faire ce rappel. “La France étant un pays fondateur de l’UE, elle ne peut pas avoir pour politique la sortie de l’Union, ni sa désagrégation ou la sortie de la monnaie unique”, a-t-elle lancé à la tribune.

    Ceci dit, reste encore la question ô combien sensible de l’OTAN, dont Jean-Luc Mélenchon -et les Insoumis- sont les premiers pourfendeurs. La sortie de l’alliance n’est pas dans le programme.

    “Je vois bien que mon point de vue n’est pas partagé aujourd’hui”, admet désormais l’intéressé... mais “c’est une dissertation hors du réel: aucune décision concernant la sortie de l’Otan ne serait ratifiée par le Président, par conséquent, la question est nulle et non avenue donc je ne vois pas pourquoi je m’en torturerai.” Pratique.

    À voir également sur Le HuffPost: L’opposition n’a pas attendu pour attaquer les bilans d’Élisabeth Borne

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      Législatives 2022: À Besançon, on a suivi le boulanger-candidat Stéphane Ravacley du fournil au tractage

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 17 May, 2022 - 09:49 · 2 minutes

    POLITIQUE - C’est ce grand “silence administratif” durant sa grève de la faim qui l’a convaincu de se lancer dans l’aventure. Les 12 et 19 juin prochains, le boulanger bisontin Stéphane Ravacley, connu pour son combat pour la régularisation de son apprenti guinéen en 2021 , briguera un mandat de député dans la 2e circonscription du Doubs, avec le soutien de la Nouvelle union populaire, écologiste et sociale (NUPES).

    Comme vous pouvez le voir dans notre reportage vidéo en tête d’article , nous avons suivi ce candidat atypique à Besançon, dimanche 15 mai, jour de lancement officiel de sa campagne. Le boulanger démarre ses journées à 2h du matin au fournil, avant d’enchaîner en après-midi sur ses déplacements et rendez-vous électoraux. Un rythme d’enfer pour espérer briser un plafond de verre, dans une Assemblée nationale composée aux trois quarts de cadres et de professions intellectuelles supérieures (CSP+), selon l’Observatoire des inégalités.

    Je me lance en politique pour que l'Assemblée nationale nous ressemble un peu plus. Stéphane Ravacley, candidat (Nupes) aux législatives

    “Le statut de député ne permet pas à des artisans, des ouvriers d’avoir cette ambition. Ils ne se projettent pas sur cette possibilité”, affirme Nabia Hakkar-Boyer, conseillère régionale PS et candidate suppléante de Stéphane Ravacley, au micro du HuffPost.

    L’artisan voudrait consacrer principalement son mandat à l’écologie, la ruralité, les petits commerçants et la jeunesse. Il milite notamment pour l’extension de l’aide sociale à l’enfance (ASE) jusqu’à 25 ans. “Je n’ai pas eu une enfance difficile, mais j’ai perdu ma mère à 4 ans. Je connais un peu les difficultés sans maman”, explique celui qui continue aussi de se mobiliser pour les mineurs isolés, à travers son association Patrons solidaires .

    S’il est élu, Stéphane Ravacley siégera au sein du groupe EELV , premier parti à lui avoir apporté son soutien, avant d’être investi par la NUPES. Mais l’homme entend bien garder son indépendance et ne pas se laisser transformer par le monde politique. “Je resterai libre”, assure-t-il à notre micro.

    À voir également sur Le HuffPost : Législatives: Les candidats LREM visés par la justice peu inquiétés dans leur parti

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      Comment prononcer NUPES? Ces militants ne sont pas (encore) d'accord

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 8 May, 2022 - 16:40 · 1 minute

    GAUCHE - Voilà un débat qui n’a pas fini d’alimenter les discussions des militants de gauche. Réunis samedi 7 mai à l’occasion de la convention de fondation de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale , plusieurs d’entre eux assument les hésitations phonétiques de l’acronyme NUPES .

    C’est vraisemblablement une affaire de goût, comme on peut le voir dans la vidéo en tête d’article . Aïssatou, militante de La France insoumise l’admet: “NUPESSS, j’ai toujours dit ça comme ça, c’est sexy, c’est sympa”. Cette prononciation a le mérite de n’oublier personne, ni l’écologie ni le social.

    D’autres lui préfèrent le terme NUPS; mais là encore, il est difficile de trouver une explication rationnelle: ”ça fait un peu petite formule de BD: NUPS!”, glisse une militante. Timothée acquiesce: “c’est plus sympa NUPS, c’est mieux dans ces termes-là.”

    Certains, enfin, utilisent la même que Jean-Luc Mélenchon: NUP. Le leader des Insoumis a tranché dans son discours d’Aubervilliers pour une prononciation qui se rapproche beaucoup du mouvement qui l’a propulsé à la présidentielle: l’union populaire. “La Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale... NUPES ! (prononcé NUP donc)”, a-t-il déclaré.

    Le leader insoumis marque alors un temps d’arrêt et reprend sous les rires d’une assemblée acquise: “Ouais écoutez ça va... On s’est bien fait à LaRem, alors la NUPES, pourquoi pas!”. Et le troisième homme de la présidentielle de conclure: “Du moment qu’on n’oublie pas ce que ça veut dire!” Et si l’enjeu de la prononciation de la NUPES finalement, c’était justement... de se souvenir de tous les partis prenants de l’accord?

    À voir également sur Le HuffPost: À la première convention de la gauche, la NUPES célèbre son unité dans sa différence

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      Lamia El Aaraje, candidate "légitime" aux législatives selon Lionel Jospin et Anne Hidalgo

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 8 May, 2022 - 14:38 · 4 minutes

    Lamia El Aaraje, ex-députée socialiste  et Lionel Jospin qui la soutient face à l'accord de la Nupes, le 8 mai 2022 Lamia El Aaraje, ex-députée socialiste  et Lionel Jospin qui la soutient face à l'accord de la Nupes, le 8 mai 2022

    POLITIQUE - C’est l’un des points tendus de l’accord entre les Insoumis et le Parti socialiste lors des discussions en vue de la Nupes , la nouvelle union populaire écologiste et sociale, qui promet un candidat de gauche par circonscription en vue des législatives des 12 et 19 juin prochain.

    La 15e circonscription de Paris, qui englobe une partie du 20e arrondissement de Paris a été dévolue à Danielle Simonnet, historique insoumise de Paris, élue au Conseil de Paris, dans l’opposition à la maire, Anne Hidalgo.

    Pour la choisir, il a fallu dire non à la socialiste Lamia El Aaraje pourtant élue dans cette circonscription en 2021. “J’estime être la candidate légitime, de l’union”, a déclaré la députée sortante (dont l’élection a ensuite été invalidée) auprès de l’AFP, ce dimanche 8 mai, alors qu’elle faisait campagne pour sa réélection sur le marché parisien de la place de La Réunion. Elle a reçu un soutien important, le même jour celui de Lionel Jospin venu l’aider à faire campagne et la soutenir officiellement.

    Lionel, Lamia, il y a un accord! Toute dissidence fait le jeu d'Emmanuel Macron.” Danielle Simonnet, candidate NUPES dans la 15e circonscription

    Lors d’une conférence de presse organisée ensemble, l’ancien Premier ministre socialiste se dit “favorable à l’accord de toute la gauche pour les élections législatives de juin prochain”, mais affirme soutenir Lamia El Aaradje, “qui n’a pas été intégrée à l’accord”. “Cela s’explique tout simplement par le refus d’une injustice”, s’est-il expliqué, admettant un “paradoxe”.

    Un peu avant, les deux socialistes ont croisé la route de la candidate officiellement investie, Danielle Simonnet, selon le récit de l’AFP. “Lionel, Lamia, il y a un accord”, les a-t-elle interpellés en tentant de garder le sourire, invoquant “l’enjeu historique”. “Toute dissidence fait le jeu d’Emmanuel Macron!”, a-t-elle déclaré.

    Jospin prêt à la soutenir en dissidence

    “Je serai aux côtés de Lamia”, a rétorqué Lionel Jospin. “Hors de l’union, quel est le sens?”, a demandé la proche de Jean-Luc Mélenchon, pestant contre cette possible “dissidence”. “Dans ce cas, ce ne sera pas une candidature dissidente, mais légitime”, s’est exclamé l’ancien homme fort de la gauche avant de tourner les talons et alors que les troupes de Danielle Simonnet scandaient “Union populaire”.

    “J’estime que c’est moi la candidature légitime de l’union”, a répondu la socialiste de 35 ans, à un passant qui disait avoir voté pour elle en 2021, mais préférer désormais l’Union populaire. Lamia El Aaradje a été élue en juin 2021, après la démission de l’ancienne ministre socialiste George Pau-Langevin, devenue adjointe à la Défenseure des Droits. Le Conseil constitutionnel a finalement invalidé l’élection en janvier dernier, à cause d’un logo LREM indûment affiché par un autre concurrent.

    “Quoi qu’elle décide, je serai à ses côtés jusqu’au bout”, a précisé le défait de la présidentielle de 2002 à l’AFP, “mais il y a une solution simple: qu’elle soit dans l’accord”, a soutenu Lionel Jospin qui a écrit à Jean-Luc Mélenchon le 25 avril pour lui dire son soutien à l’accord, mais attirer son attention sur le cas de Lamia El Aaraje.

    Des discussions encore possibles?

    Le camp El Aaraje affirme que des “contacts” existent avec LFI pour rediscuter cette question, car les investitures n’ont pas encore été formellement annoncées. Le Conseil national du PS a voté une motion en ce sens à 91%, jeudi. Dimanche sur RTL, le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a regretté “une forme d’injustice” et assuré: “Je me bats” pour que Lamia El Aaraje “puisse être candidate”.

    Le PS n’a pas eu gain de cause sur cette circonscription, car LFI considérait que son élection, lors de laquelle elle avait battu Danielle Simonnet, ayant été invalidée en janvier, elle n’était pas réellement sortante.

    Manuel Bompard, chef des négociateurs insoumis, a dit samedi devant des journalistes qu’il “fallait savoir arrêter un accord”. Quant à Danielle Simonnet, elle s’est irritée auprès de l’AFP: “Lamia El Aaraje a toujours exprimé son refus de ce que l’Union populaire incarnait, c’est un problème politique avant de savoir qui est légitime”.

    Affirmant ne pas “accepter cette injustice qui doit être réparée”, Anne Hidalgo, maire de Paris, assure qu’elle “sera à ses côtés”, sans préciser si elle l’encourage à présenter une candidature dissidente. Réponse de l’insoumise du 20e arrondissement de Paris: “Vous n’allez pas me dire qu’Anne Hidalgo est en faveur de l’union populaire!”.

    La Nupes n’a pas encore officiellement dévoilé la liste de tous ses candidats. Mais le parti socialiste fait déjà de la résistance dans plusieurs départements. En Dordogne, Moselle ou Hérault, les barons locaux montrent toutes leurs réticences dans les circonscriptions sans candidature socialiste.

    À voir également sur Le HuffPost : A u Parti socialiste qui a ratifié l’accord avec Mélenchon, des débats houleux jusqu’au bout

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      Réunies dans la NUPES, les gauches célèbrent leur unité dans leur différence

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 7 May, 2022 - 20:13 · 1 minute

    POLITIQUE - C’est la photo de famille qui scelle l’alliance de la gauche. Samedi 7 mai, les partis membres de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES) se sont donné rendez-vous à Aubervilliers pour célébrer leur rassemblement et lancer la bataille des législatives . Un difficile jeu d’équilibriste entre leurs valeurs communes et leurs divergences, cultivées des années durant, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

    “Tout le monde fait comme si on ne s’était pas parlé depuis des siècles, ce n’est pas vrai”, s’agace Olivier Faure, première secrétaire du Parti socialiste. “Pendant la présidentielle, il y a eu cette course en couloir, mais justement on a entendu le message des électeurs et électrices,” appuie Sandrine Rousseau, membre EELV et candidate NUPES à Paris.

    Réunis sur scène, plusieurs membres de chaque parti ont tenu à marteler cette unité, sans pour autant gommer leurs différences. “Nous aurons la possibilité chacun d’avoir un groupe à l’Assemblée nationale”, rappelle Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. “Nous sommes en train d’écrire une page de l’histoire politique de la France”, a déclaré Jean-Luc Mélenchon sur la scène , où étaient assis les chefs écologiste Julien Bayou son homologue PS Olivier Faure et celle Générations (parti fondé par Benoît Hamon) Sophie Taillé-Polian. “C’est la première fois depuis 25 ans qu’un accord général intervient entre les forces traditionnelles de la gauche, des écologistes et des petits derniers, les insoumis”, a repris le troisième homme de la présidentielle.

    Si l’accord a été largement validé du côté d’EELV, le scénario est bien différent au Parti socialiste, où il est rejeté sans appel par plusieurs grandes figures du PS. Concrètement, la puissante présidente de la région Occitanie Carole Delga, opposante résolue à l’accord, a apporté samedi son soutien à un candidat dissident dans le Lot.

    À voir également sur le HuffPost : “Nous l’avons fait”: à la convention de la NUPES, Mélenchon salue un accord “historique”

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      Mélenchon lance la NUPES et tente de rassurer avant les législatives

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 7 May, 2022 - 16:55 · 4 minutes

    POLITIQUE - L’image est rare. Le socialiste Olivier Faure , l’écologiste Julien Bayou et l’insoumise Mathilde Panot sur une même estrade, dans une même convention. Les tweets, encore plus. Jean-Luc Mélenchon , en coulisses pendant que la nouvelle gauche unie, dite Nupes pour Nouvelle union populaire écologiste et sociale , se passe la parole et les compliments sur la scène des Docks d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) relaie sur son compte Twitter les interventions du communiste Fabien Roussel et d’Olivier Faure. Du jamais vu.

    La gauche s’est réunie, on se pince pour y croire. “Je dois vous dire mon plaisir et ma joie d’être parmi vous”, a lancé le patron du PS très applaudi. “C’est un événement historique” a surenchéri Mathilde Panot qui a cité Verlaine: “Nous serons fiers parfois et toujours indulgents”.

    “Fiers et indulgents”

    L’indulgence, ils l’ont beaucoup oubliée ces derniers mois et ces dernières années, plutôt enclins à s’envoyer des vacheries à la figure. Ce samedi 7 mai, tout semble pardonné. “Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous”, a débuté Jean-Luc Mélenchon, en fin d’après-midi, citant Paul Eluard devant un parterre de candidats uniques venus des quatre formations de gauche .

    Ce rendez-vous, il est “historique” prévient Mélenchon, en ancien prof qui a bossé ses dossiers. ” C’est la première fois qu’il y a un accord général de toutes les forces, dès le premier tour dans toutes les circonscriptions”, assure le féru d’histoire qui n’en a pas trouvé la trace auparavant, “ni par le cartel des gauches, ni par le Front populaire, ni par la Libération, ni par mai 68, ni par le programme commun. Nous l’avons fait!”, s’est-il réjoui.

    Il a remercié les 1750 hommes et femmes qui ont dû se désister en raison du nouvel accord parisien. Et les négociateurs en chef qui y ont passé “treize jours et treize nuits”, un “record du monde” quand il les compare aux coalitions belges ou allemandes qui mettent des mois, parfois plus d’une année avant de s’accorder.

    Qui vous a dit que j’ai envie d’être le chef? Ça ne se passe plus comme ça. Nous sommes au 21e siècle, c’est le collectif qui tranche, produit, apporte et complète." Jean-Luc Mélenchon, leader de la NUPES.

    Dans une allocution de plus d’une heure, Jean-Luc Mélenchon a sorti la carte mitterrandienne, celle qu’il abat quand il reprend ses habits d’ancien ministre du premier Président socialiste. Cette fois, pour réunir la gauche et tenter de faire oublier ses coups de sang du passé.

    “Qui vous a dit que j’ai envie d’être le chef? Ça ne se passe plus comme ça. Nous sommes au 21e siècle, c’est le collectif qui tranche, produit, apporte et complète”, a tenté de rassurer le leader insoumis. Alors que ses positions ambiguës sur la Russie d’avant guerre lui ont été reprochées par ses collègues socialistes pendant la campagne électorale, il a une dédié cet événement et sa “ferveur” au “peuple ukrainien” et a dénoncé “l’intolérable agression de monsieur Poutine” et ses “crimes de guerre”.

    “Une page nouvelle”

    Dans son nouveau costume gris arboré à la fin de la campagne du premier tour, l’Insoumis en chef a tenu à ouvrir “une page nouvelle”. “Il faudra créer, travailler, porter cette identité, être radicaux, oui bien sûr, mais une radicalité concrète et tenable”, a insisté le nouveau Mélenchon, désormais chantre de l’union des gauches, lui qui a un temps refusé d’utiliser le mot qu’il jugeait usé et fatigué.

    “On s’est bien fait à La Rem (La république en Marche, NDLR ), alors la Nupes pourquoi pas?”, s’est-il amusé en prononçant “nupe” le nom de sa nouvelle bannière. “No us voulons en finir avec ce système, car il est dangereux”, a-t-il insisté en rappelant son engagement pour la planète et pour les bas salaires. Au-delà du Smic porté à 1400 euros “en juillet”, selon le communiste Fabien Roussel un peu avant, ce sont aussi “des conférences sociales” qui seront convoquées pour augmenter ceux qui ne sont pas au Smic, revaloriser les salaires en fonction de l’inflation et “appliquer la loi”.

    Paul Eluard et collectif

    “Mais nous ne serons pas dangereux nous-mêmes”, a-t-il prévenu avant de décrire la politique “pensée et maîtrisée dans laquelle le peuple tout entier peut s’inscrire” qu’il entend conduire s’il parvenait à entrer à Matignon.

    Devant un parterre d’applaudissements, Mélenchon a joué jusqu’au bout la carte du collectif. Disant compter sur “l’intelligence collective”, il promet: “Nous faisons appel à l’intelligence de notre peuple, car nous ne ferons pas tout depuis le sommet”.

    “Ce monde est fou. C’st pour ça qu’il est temps d’en interrompre le déroulement. Assurer la rupture, voilà ce que nous incarnons” a-t-il fini par conclure. Faisant écho aux vers de Paul Eluard “qui était communiste”, cités un peu plus haut et dont il a fait un slogan: ” Un autre monde est possible”.

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