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      Quelles sont les meilleures innovations mondiales en 2023 ?

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Wednesday, 19 April, 2023 - 14:15

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    Netexplo, l’Observatoire de l’innovation durable le monde, dévoile son classement des 10 meilleures innovations mondiales.

    Quelles sont les meilleures innovations mondiales en 2023 ?

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      Get used to disappointment: Why technology often doesn’t meet the hype

      news.movim.eu / ArsTechnica · Saturday, 1 April, 2023 - 13:30 · 1 minute

    Image of a supersonic jet airliner.

    Enlarge / Once the future of travel, now a museum piece. (credit: Didier Messens )

    Vaclav Smil reminds us that despite the onslaught of popular techno-pundits claiming otherwise, immense and rapid progress in one realm does not mean immense and rapid progress in all realms.

    Let’s just get this out of the way at the start: Smil is Bill Gates’ favorite author. He’s written 40 books, all of them about some combination of energy, China, or the combination of food, agriculture, and ecology. His newest book, Invention and Innovation: A Brief History of Hype and Failure , is somewhat of a departure, although it does touch on all of these. Primarily, it is a tale of thwarted promise.

    Smil is very intentional about the types of flops he highlights. He is not interested in embarrassing design failures (the Titanic, Betamax, Google Glass) or undesirable side effects of inventions everyone still uses despite them (prescription drugs, cars, plastic). Rather, he focuses on the categories chosen to demonstrate the limits of innovation. Although astoundingly rapid progress has been made in the fields of electronics and computing over the past 50 or so years, it does not follow that we are thus in some unprecedented golden age of disruptive, transformative growth in every field.

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      Smartphones bizarres, lunettes AR et tatouage licorne… le résumé du salon du mobile MWC en vidéos

      news.movim.eu / Numerama · Thursday, 2 March, 2023 - 17:14

    À Barcelone pour le Mobile World Congress, Numerama a réalisé une dizaine de vidéos sur les nouveautés du salon. Les voici toutes regroupées au même endroit dans cet article. [Lire la suite]

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      Faut-il recruter des profils atypiques pour encourager l’innovation ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 24 February, 2023 - 03:50 · 7 minutes

    Recruter des profils atypiques pour encourager l’innovation, cela semble logique : l’homogénéité de son corps social est un danger mortel pour une organisation dans un monde qui change rapidement. Enfermée dans un modèle unique qui fonctionne comme des œillères, celle-ci est en proie aux surprises stratégiques, incapable de voir le monde qui change. Logique donc, mais ça ne marchera pas car ils se heurteront aux modèles mentaux de l’organisation. Encore une de ces fausses bonnes idées qui coûtent cher à nos organisations.

    L’un de mes amis a travaillé chez un grand constructeur automobile allemand. Il me racontait que les ingénieurs recrutés par la firme à la sortie de l’école arrivaient la tête pleine d’idées mais qu’au bout de six mois, ils étaient entrés dans le cadre. « La lumière s’est éteinte en eux. » Ils resteront certainement de bons ingénieurs et l’entreprise est très performante, mais seront bien dans le cadre et plus du tout atypiques. Car s’obstiner à rester atypique c’est perturber le fonctionnement du groupe et s’exposer tôt ou tard à un rejet du corps social. S’il veut rester dans l’organisation et y faire carrière, il a tout intérêt à se conformer. Il peut bien se dire que c’est pour mieux contribuer de façon atypique plus tard, mais c’est une illusion. Une lumière éteinte se rallume difficilement quelques années après lorsqu’on a basé sa réussite sur le conformisme.

    Le profil atypique se heurte aux modèles mentaux

    Car un nouveau recruté arrive dans une organisation qui a ses propres modèles mentaux .

    Ces modèles traduisent la façon dont elle voit le monde et dont, pour simplifier, elle définit sa façon de créer de la valeur. Plus l’organisation a connu le succès, plus ces modèles sont ancrés, invisibles et considérés comme évidents, comme l’eau pour le poisson. Le conformisme est simplement le nom péjoratif que l’on donne au respect de ces modèles qui, pourtant, explique le succès jusque-là. Logiquement, un profil atypique, autrement dit qui vient avec des modèles mentaux différents, suscitera une réaction immunitaire au sens où l’organisation va se sentir mise en danger. Il n’y a aucune chance que le nouveau venu les fasse évoluer par lui-même.

    Les deux options rationnelles pour lui sont alors soit de se conformer, soit de partir. Le premier choix a été dominant pendant très longtemps tant les avantages d’un travail dans une grande entreprise (sécurité, prestige, etc.) étaient grands. Mais le développement de nouvelles alternatives socialement prestigieuses, comme travailler dans une startup, et les évolutions de valeurs, font que de moins en moins d’employés acceptent de se conformer et préfèrent partir, voire de ne même pas postuler. Cette puissance des modèles mentaux explique pourquoi le recrutement de profils atypiques pour renouveler l’organisation et la rendre plus innovante est une fausse bonne idée. Toute stratégie de diversité basée sur cette croyance est vouée à l’échec.

    Cette difficulté à s’appuyer sur des profils atypiques concerne également les équipes. C’est en particulier vrai dans les nouveaux domaines (RSE) ou les nouvelles technologies (IA, digital) qui souvent réclament non seulement des compétences nouvelles mais des modèles mentaux différents, c’est-à-dire des croyances différentes sur des aspects fondamentaux de l’activité de l’organisation.

    Un bon exemple est celui de cette grande entreprise française qui a voulu, il y a quelques années, miser sur le big data . Prenant le train en marche assez tard, elle décide de frapper fort et recrute à prix d’or une équipe d’ingénieurs. Pour bien souligner l’importance du projet, elle installe cette équipe dans son siège social, situé dans un beau quartier de Paris. La direction générale a été claire : il s’agit de changer la culture de l’entreprise pour qu’elle soit plus « pilotée par la data » (sic). Deux ans plus tard, le projet est abandonné, l’équipe dissoute et la perte sera de plusieurs dizaines de millions d’euros. Que s’est-il passé ? Là encore, un choc de modèles mentaux et une réaction immunitaire du corps social.

    L’organisation se retrouve en effet dans une situation paradoxale : les nouveaux atypiques sont encensés par la direction générale qui leur accorde un grand prestige (meilleurs bureaux, gros budgets, salaires élevés, privilèges) pour s’assurer de la réussite du projet, tandis que les anciens sont implicitement présentés comme ringards.

    Or, et sans doute pour longtemps, ce sont eux qui font vivre l’organisation et en assurent le fonctionnement au quotidien. Ce sont eux qui financent les nouveaux. Pas étonnant que le ressentiment gagne et que la greffe ne prenne pas. Cet échec tient aussi à des situations que l’on pourra considérer comme anecdotiques, mais à tort. Imaginez la cafétéria le midi : les anciens, soignés et avec des habits de marque y croisent des jeunes en jean, cheveux longs, piercing et tatouages. Les deux tribus se regardent consternées l’une par l’autre. « Les barbares sont parmi nous », murmurent les premiers. « Les ringards n’ont honte de rien » se disent les seconds. Chacun est enfermé dans son modèle et tout le monde est perdant. C’est dans le réel que se noient les stratégies les plus sincères.

    Recruter des profils atypiques est risqué

    Le dilemme est le plus marquant au niveau du manager. La RH le presse de recruter des profils atypiques. Supposons qu’il y soit tout à fait favorable, bien conscient de la nécessité d’apporter un peu d’oxygène dans son équipe. Il a donc en face de lui un candidat atypique. Celui-ci est arrivé en retard et en jean. Il pose son téléphone sur la table au début de l’entretien. En bref, il viole d’entrée de jeu une série de codes que le manager considère pourtant comme évidents. Mais bon, celui-ci persévère. La RH l’a prévenu : ne vous laissez pas égarer par les apparences, le fond est bon. Sauf que. Le manager a une équipe à gérer. Il est responsable de son bon fonctionnement. Il va donc devoir mettre en balance, d’une part, le souhait sincère d’avoir un peu plus de profils atypiques et d’autre part, l’impératif de fonctionnement de l’équipe. Or, c’est sur ce dernier critère qu’il est évalué. Il sait que la moindre performance de son équipe sera sanctionnée collectivement. Il va donc rationnellement résister au recrutement du profil atypique. Ce qui se passe ici est que la direction générale, via la RH, a déterminé un objectif dont elle n’assume en pratique pas la responsabilité. Elle fait porter au manager le coût et le risque d’un recrutement de profil atypique. Autrement dit, elle se défausse sur lui.

    Si la direction générale estime important de diversifier le corps social avec des profils atypiques, elle doit assumer le coût et le risque associés et déterminer des dispositifs de management appropriés pour que son intention soit effectivement traduite dans les faits sur le terrain. Comme je le suggère dans mon ouvrage Petites victoires , une façon de faire serait pour elle de commencer par travailler avec quelques managers volontaires et s’engager auprès d’eux à accepter des performances moindres et à fournir un accompagnement du nouveau salarié et du manager pour s’assurer que les choses se passent bien.

    Pour innover, c’est l’organisation qui doit devenir atypique

    Si pour être plus innovant la diversification du corps social est une nécessité évidente dans un monde complexe et en changement rapide, elle ne doit pas être faite de manière naïve.

    Il ne s’agit pas tant de recruter des profils atypiques que de faire en sorte que l’organisation puisse penser et agir de manière atypique, c’est-à-dire se libérer de ses modèles mentaux. Il doit s’agir d’un effort collectif et systémique dans lequel l’engagement de la direction générale est indispensable. Se contenter de recruter des profils atypiques permettra sans doute de se donner bonne conscience mais ne mènera nulle part.

    Sur le web

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      Interdiction des moteurs thermiques : l’innovation sacrifiée

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 15 February, 2023 - 09:35 · 9 minutes

    Les politiques n’aiment pas l’innovation. Ils la tolèrent si celle-ci se fait dans des laboratoires agréés, avec marqué « innovation » au-dessus de l’entrée et sur les papiers à en-tête, et avec des subventions décidées en commission et un planning bien défini : janvier, définition des objectifs ; février, rédaction du rapport préliminaire destiné aux politiques ; mars, échanges avec les politiques ; avril, mai, juin… décembre (des années à venir), remise du ou des prototypes et du rapport final aux politiques.

    Le lamentable exemple récent de l’interdiction des moteurs thermiques à partir de 2035 nous montre à quel point les politiques

    1. ne comprennent rien à l’innovation et l’ont en horreur,
    2. refusent obstinément de changer de comportement sur le sujet,
    3. sont capables de dépenser des sommes faramineuses pour une danseuse à haut risque mais qui leur plaît,
    4. prennent des décisions qui mettent des dizaines de milliers de personnes au chômage par pure idéologie.

    L’innovation et le marché automobile européen

    L’ innovation désigne « l’introduction sur le marché d’un produit ou d’un procédé nouveau ou significativement amélioré par rapport à ceux précédemment élaborés. Deux types d’innovation sont distingués : les innovations de produits (biens ou services) et de procédés (incluant les innovations d’organisation et de marketing) . »

    En pratique, la véritable innovation conduit à des situations imprévues qui sortent systématiquement de ce qui avait été (soigneusement) planifié. C’est la raison principale pour laquelle finalement, les politiques n’aiment pas l’innovation.

    Choisir l’innovation consiste à se lancer dans l’inconnu : ni la planification, ni le dogme ne peuvent renseigner sur ce qu’elle sera. De ce fait, elle peut apparaître comme très risquée. C’est pour cela que les politiques ne veulent pas la mettre en pratique.

    Mais par ailleurs, lorsqu’on présente aux politiques une « révolution » qui coche positivement toutes les cases d’un problème à résoudre, ils l’acceptent en général avec enthousiasme car le côté « risque » leur apparait résolu, et ils ouvrent en grand le portefeuille des citoyens.

    Prenons l’ exemple de l’hydrogène .

    Le produit semble bien résoudre le problème de l’intermittence de l’éolien et du solaire. Il résout le problème de l’émission de CO2 (son oxydation ne rejette que de la vapeur d’eau). Et il permet de remplacer les batteries au lithium, lourdes et chères, par un dispositif génial : la pile à combustible.

    L’innovation « hydrogène », vue par les politiques, a donc tout juste.

    Mais la question qui se pose est la suivante : pourquoi un produit aussi génial n’est-il pas déjà utilisé depuis longtemps s’il présente vraiment tous les avantages décrits ?

    Et la réponse est : peut-être que ces avantages sont contrebalancés par des inconvénients qui n’ont jamais été pris sérieusement en compte…

    L’Europe représente un marché gigantesque au niveau mondial pour les déplacements individuels routiers. Pour cette raison, elle compte de nombreuses entreprises d’importance mondiale qui ont investi des milliers de milliards d’euros dans des usines qui servent ce marché. Remplacer en moins de 15 ans la technologie automobile de base (le moteur thermique) par une autre (électrique) représente un pari d’une audace réellement suicidaire qu’il semble démontrer que les motivations des décideurs sont purement dogmatiques. Ce remplacement va mettre des dizaines de milliers d’ouvriers de l’automobile sur le carreau, et il ne faut pas compter sur la bonne santé de l’industrie actuelle, déjà traumatisée par un certain nombre de contraintes environnementales, pour assurer l’avenir de ces victimes du « progrès ».

    Évidemment, les lobbies écolos ont été à la manœuvre à Bruxelles pour convaincre suffisamment de députés européens afin que ces fatales décisions soient énoncées et mises en œuvre. Ceux qui doivent d’ailleurs bien rigoler, ce sont les non-Européens dans le monde, et en particulier les Chinois qui voient se concrétiser un de leurs rêves les plus fous : un nouveau marché à prendre, de la taille de l’Europe, avec leurs voitures électriques déjà opérationnelles ainsi qu’avec les composants nécessaires pour les quelques véhicules qui continueront peut-être à être fabriqués en Europe. Pour paraphraser la CGT : il s’agit d’une véritable casse industrielle organisée.

    Comment résoudre vraiment le problème

    Dans un monde raisonnable qui voudrait résoudre le problème important des émissions de gaz à effet de serre, il aurait été judicieux de réfléchir plusieurs années avant de prendre la décision que l’on prend normalement en dernier : celle du planning.

    Les alternatives au problème des émissions de CO2 par les moteurs thermiques n’ont même pas été prises en compte. Voici, schématiquement, comment on peut présenter le problème à résoudre :

    Schéma du problème posé aux députés européens

    Dans le schéma ci-dessus, le problème posé consiste à interrompre la chaîne qui emmène dans l’air le CO2 issu du moteur thermique. Nos députés ont choisi de résoudre le problème en supprimant tout simplement le moteur thermique, ce qui montre qu’ils sont incapables d’envisager des solutions qui n’apparaissent pas dans le schéma.

    Les autres voies possibles

    D’autres voies existent pourtant pour résoudre le problème.

    Par exemple, en alimentant le moteur thermique avec un carburant qui a pris son CO2 dans l’air environnant, afin de soustraire à l’air autant de CO2 que celui qui est émis, et d’arriver ainsi à la situation dite zéro émission !

    Comment faire ? tout simplement en fabriquant un carburant synthétique qui va chercher son carbone dans l’air. Ou bien en utilisant un carburant issu non pas du pétrole, mais synthétisé par des plantes qui puisent, elles aussi, leur carbone dans l’air.

    C’est ce qu’a fait remarquer le ministre des Finances allemand Christian Linder qui a déclaré, au sujet de la décision d’interdire les moteurs thermiques à partir de 2035  que « Cette mesure était mauvaise et que le gouvernement allemand n’acceptera pas de se conformer à cette décision ».

    Cette déclaration, qui montre que la coalition gouvernementale allemande est en train de se déchirer et risque d’éclater, ne restera probablement pas sans suite. En effet, pour que la décision des députés européens soit réellement appliquée un jour, il faut que chaque gouvernement européen donne son accord. Or, il apparaît que la position de l’Allemagne risque bien de faire tache d’huile et encourage les oppositions au projet dans d’autres pays d’Europe.

    Qu’est-ce qu’on y gagne ?

    Lorsqu’une instance de gouvernement prend une décision, il est de bon ton qu’elle explique à ses administrés quels sont les avantages que cette décision leur apportera. (Pour les inconvénients, la presse s’en charge en général). Comme apparemment nous assistons à un silence général, aussi bien de la part des instances qui en sont normalement chargées que des lobbies comme les ONG environnementalistes qui ne sont habituellement pas en reste pour commenter les décisions, je vais me livrer à un petit calcul fondé sur les chiffres que nous procure le GIEC et qui concerne les prévisions de réchauffement à venir.

    Le GIEC nous annonce des hausses de températures à venir de 1,4 à 4,8 degrés en 2100 suivant les scénarios, le scénario à 4,8 degrés étant considéré d’ailleurs comme hautement improbable.

    Ces scénarios sont représentés dans le graphique ci-dessous :

    Pour rester dans une hypothèse réaliste, on peut considérer le scénario médian SSP2-4.5. Dans cette hypothèse, l’anomalie de température moyenne du globe évolue de +1,3 degré en 2022 à +2,8 degrés en 2100, soit 1,5 degré en 78 ans ou encore 0,0192 degré par an.

    Les transports routiers représentent le quart des émissions de gaz à effet de serre en Europe ( référence ), et le CO2 émis par les voitures représente 60,6 % de ce total ( référence ), soit 25 % x 60,6% = 15 % du total du CO2 émis par l’Europe.

    En admettant une relation linéaire entre l’augmentation de température, le temps, et le CO2 (voir, sur le graphique, la quasi-linéarité de la courbe SSP-2-4.5 entre 2022 et 2100) l’interdiction des moteurs thermiques à partir de 2035, soit pendant 65 ans, améliorera donc la situation prévue de :

    15 % x 0,0192 x 65 / 78  = 0,0024 degré par an, soit encore -0,156 degré en… 2100.

    On pourrait se demander si l’amélioration consistant à atteindre à la fin du siècle une température moyenne de 0,156 degré plus basse constitue une performance telle que cela justifie la mise au chômage de quelques dizaines de milliers d’ouvriers de l’automobile. Et aussi si cette performance aura un effet d’entrainement tel dans le monde, que les plus gros émetteurs de CO2 ne pourront que s’incliner devant ce magnifique résultat et s’empresser d’imiter l’Europe. Personnellement, j’ai cependant certains doutes…

    Chacun son métier et les vaches seront bien gardées

    Une conclusion évidente s’impose : le problème créé vient du fait que nos députés ont élargi leur champ de décision vers un domaine qui sortait de leurs compétences.

    Dans le domaine de la gouvernance comme dans de nombreux autres domaines, chacun doit s’efforcer de rester à sa place, et exercer ses talents en fonction de ses aptitudes. Si les députés veulent améliorer les choses, et c’est leur devoir, il est important qu’ils réalisent par exemple que l’avenir n’est jamais celui qu’on imagine. De ce fait, lorsqu’on est député européen et qu’on légifère sur le domaine de l’innovation, on a le devoir d’améliorer le cadre dans lequel peut s’épanouir cette innovation, et on ne doit jamais essayer de la forcer en décrivant l’avenir sans tenir compte des changements qui apparaîtront peut-être bien entretemps. En bouclant l’avenir au moyen d’une interdiction, les députés ferment la porte à un domaine important qui pourrait comporter la solution à leur problème.

    Par ailleurs, on peut aussi s’interroger sur les raisons du choix de l’Europe de commencer par réduire les émissions de CO2 en s’attaquant aux voitures individuelles qui ne représentent, nous l’avons vu, que 15 % des émissions totales européennes de CO2.

    Décidément, les politiques ne sont pas doués pour manier l’innovation, et ils devraient se rendre compte que cela ne fait pas partie de leur domaine de compétence. Ils devraient également essayer de ne pas se laisser entraîner par des lobbies dont la motivation première n’est probablement pas le bien-être de la population. Je veux parler, évidemment du lobby des ONG environnementalistes.

    Article publié initialement le 7 juillet 2022

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      ChatGPT, le wokisme à portée des caniches numériques

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 10 February, 2023 - 12:00 · 6 minutes

    Décidément, depuis le 30 novembre dernier, date à laquelle le produit a été proposé pour tous, la « révolution » ChatGPT chamboule le paysage informatique en donnant une petite idée de l’état des lieux de l’intelligence artificielle et du paysage sociétal en remettant en cause certaines habitudes pourtant bien ancrées…

    ChatGPT, évoqué récemment dans ces colonnes , c’est ce moteur conversationnel basé sur un gros modèle de langage ( Large Language Model ) dont l’entraînement a été réalisé avec des millions de documents en ligne, et qui est capable de générer du texte de manière fluide et naturelle à même de simuler une conversation humaine convaincante.

    Dès sa sortie, l’outil d’intelligence artificielle avait défrayé la chronique et voyait son nombre d’utilisateurs augmenter rapidement à tel point qu’il est à présent utilisé par plus de cent millions d’internautes (oui, vous avez bien lu, 100 millions ). De ce point de vue, c’est l’application informatique qui a attiré le plus d’attention humaine dans le temps le plus court : outre la curiosité qui attire c’est la capacité de la machine à singer un dialogue, y apporter des réponses sinon exactes au moins superficiellement cohérentes qui étonne le plus.

    Devant ce succès, OpenAI, la jeune société qui propose gratuitement ChatGPT, vient de lancer une version payante de son produit. Pour 20 dollars par mois, les Américains d’abord – le reste du monde progressivement – pourront interagir avec le robot conversationnel et obtenir de l’aide sur les sujets qu’il est capable de comprendre. Ainsi, en matière de code, le moteur a montré d’excellentes capacités à assister le programmeur informatique dans son développement, une bonne versatilité dans les langages maîtrisés voire une aide précieuse pour le débogage .

    chatGPT vs Stackoverflow

    Sans grande surprise, Microsoft, qui détient déjà des parts dans OpenAI, a soigneusement remis quelques billets au bot pot : un petit chèque de 10 milliards qui viendront mettre du beurre financier dans les épinards numériques d’OpenAI.

    Il faut dire que les idées d’utilisations pratiques d’un tel outil ne manquent pas, depuis l’intégration évidente avec Bing , le moteur de recherche de la firme de Redmond, jusqu’à par exemple l’utilisation d’un modèle proche associé à des logiciels de téléconférence comme Teams afin de produire, à la volée, un compte rendu de réunion, la liste des principales décisions prises ou des actions décidées lors de la réunion tenue en ligne. Apparemment, le secrétariat est amené à évoluer très très vite dans les prochains mois, au moins pour ceux qui sont prêts à avoir leurs conversations (ici, celles passées sur Teams) analysées par des fermes de serveurs étrangères…

    Devant le succès de ChatGPT et l’intérêt de Microsoft, Google est presque passé en mode panique : l’entreprise a bien conscience de l’importance du robot conversationnel et de son impact sur la recherche internet, cœur de métier de Google. Elle a d’ailleurs largement progressé dans sa propre version, Lamda , qu’elle destine plus ou moins à la même chose que ChatGPT en offrant la possibilité aux utilisateurs de Google d’ interagir avec . Chaque semaine qui passe est donc cruciale pour Google et toutes les firmes lancées dans l’intelligence artificielle, afin de ne pas voir le marché se refermer trop vite.

    Et pendant que les cadres de Google s’agitent pour rattraper ChatGPT, on observe un peu la même fébrilité dans certains établissements scolaires : comme prévu, l’apprentissage tel qu’il est encore pratiqué actuellement va devoir s’adapter assez rudement à ce changement rapide de paradigme ; les professseurs vont devoir modifier leur façon de tester les connaissances de leurs élèves : le risque est maintenant grand de récupérer une production du moteur d’OpenAI à la place d’un devoir personnel. Et s’il est pour le moment encore possible de différencier les productions du robot des productions généralement moins propres (et aussi truffées de fautes d’orthographe) des élèves, les prochaines générations de l’IA textuelle permettront de s’adapter à ces contraintes scolaires de façon beaucoup plus efficace.

    Logiquement, ce sont les écoles et universités qui se basent le plus sur les pénibles productions écrites de leurs élèves qui sont le plus à la peine devant ce phénomène : la panique s’est ainsi emparée des enseignants de SciencePo lorsqu’ils ont vu arriver les premiers devoirs rédigés par l’IA. Il est en effet difficile de distinguer la soupe plate de l’IA de celle des élèves façonnés par les cours de la célèbre école, au point que la direction a enjoint les professeurs à interdire purement et explicitement l’utilisation ChatGPT .

    En cela, l’école est logique : depuis de nombreuses années, elle avait déjà banni toute forme d’intelligence qui aurait constitué un handicap pour par exemple entrer à l’ENA. L’artificielle ne faisait donc pas le poids et son interdiction était inévitable.

    sciences pipo

    Cependant, avec ce succès et l’augmentation exponentielle de l’usage du moteur par des internautes du monde entier, un nouveau souci est apparu très vite : ChatGPT, qui avait été entraîné sur un ensemble déjà largement sélectionné avec soin (et biais afférent), est maintenant de plus en plus châtrée dans ses réponses à mesure que s’amoncellent les requêtes des internautes.

    Consciente qu’un dérapage pourrait coûter cher en image de marque, OpenAI n’a de cesse d’orienter les réponses pour éviter toute « mauvaise publicité », c’est-à-dire risquer le politiquement incorrect, tâche ô combien délicate à définir pour une machine, aussi complexe soit-elle.

    Malheureusement, ce « politiquement correct » commence furieusement à ressembler à une forme très particulière de censure, de la même nature que celle qu’on trouve déjà sur certains réseaux sociaux. À tel point que plusieurs internautes ont commencé à réaliser une mesure objective des biais introduits dans la base documentaire et dans les réponses de ChatGPT pour aboutir à la conclusion que le moteur traite de moins en moins similairement les différents démographies auxquelles il est confronté.

    On comprend qu’une dérive, déjà visible, ne présage rien de bon sur le moyen ou long terme de ces outils.

    Il n’y a pas le moindre doute que l’avenir verra se développer des IA de plus en plus puissantes, de plus en plus adaptées et versatiles à toutes les idées que les individus peuvent faire germer dès qu’une nouvelle technologie apparaît. Mais dans le développement de ces outils surgissent déjà des écueils qu’il semble complexe d’éviter.

    Or, si dans un avenir trop proche on ne veut pas se retrouver avec des IA transformées en « commissaires politiques» et juges de la bienséance, il va devenir impératif de s’assurer que la plus âpre des concurrences apparaisse rapidement entre tous les moteurs possibles, qu’elle s’exprime sans frein et qu’elle permette de faire émerger des modèles autorisant de traiter tous les sujets, même les plus sulfureux.

    Espérons ainsi que des projets comme OpenAssistant.io (on pourra en avoir une description ici ) bénéficient de l’exposition la plus large possible pour que les briques initiales, les sources et les bases de données d’entraînement soient les plus larges et les moins censurées possibles.

    Car sans cela, l’intelligence artificielle ne sera que le reflet des pires névroses de notre société et au lieu d’aider à les guérir, elle les nourrira de la pire des façons possibles, avec une puissance rhétorique, de persuasion et d’articulation que, dans un avenir pas si lointain, personne ne pourra plus combattre.

    En entraînant les IA à être les plus lisses, les plus consensuelles et les plus inclusivement et politiquement correctes, prenons garde de ne pas former et entraîner le plus impitoyable des Big Brother.

    Sur le web

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      Google, victime du dilemme de l’innovateur avec ChatGPT ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 7 February, 2023 - 03:40 · 6 minutes

    Le robot conversationnel ChatGPT , un moteur de recherche « intelligent », représente une rupture majeure. On aurait pu s’attendre à ce que ce soit Google, le leader des moteurs de recherche depuis vingt ans, et qui depuis des années investit dans l’intelligence artificielle, qui en soit à l’origine, mais il n’en a rien été.

    Google est-il la nouvelle victime du dilemme de l’innovateur, un syndrome souvent observé qui voit un leader se faire dépasser par un nouvel entrant ?

    Interpellé par des employés qui l’interrogeaient sur « l’opportunité manquée » de lancer un concurrent à ChatGPT, son PDG Sundar Pitchai s’est défendu en expliquant qu’un robot conversationnel représentait un risque réputationnel important pour une grande entreprise, ajoutant que Google devait être géré de façon plus prudente qu’une start-up comme OpenAI (à l’origine de ChatGPT). La réponse de Pitchai semble très raisonnable. Il agit de façon responsable pour protéger son entreprise, conscient des risques encourus à se précipiter sur une nouvelle technologie qui n’a pas fait ses preuves. Elle est pourtant caractéristique du dilemme de l’innovateur , un syndrome décrit par le chercheur Clayton Christensen dans ses recherches il y a plus de vingt ans.

    Le dilemme de l’innovateur

    Le dilemme de l’innovateur part d’une observation assez simple : malgré leurs moyens souvent considérables, les entreprises leaders ont tendance à échouer face à une innovation de rupture. C’est rarement dû à un aveuglement sur les ruptures en cours, un manque de moyens ou de compétences.

    Mais alors à quoi ? Christensen explique que lorsque se produit une rupture, l’acteur en place est confronté à un dilemme qui est le suivant : s’il mise sur la rupture, il risque de compromettre son activité historique sans pour autant être certain de réussir. Il peut donc se retrouver avec une perte massive, immédiate et certaine, tout cela pour un gain limité, à un horizon éloigné et pas du tout certain. En substance, il lâche la proie pour l’ombre. Mais s’il refuse de miser sur la rupture pour protéger son activité historique, il prend le risque de rater l’opportunité et de péricliter.

    Dans mon ouvrage Relevez le défi de l’innovation de rupture , je montre ainsi que le dilemme explique l’ échec de Kodak . Parfaitement conscient de l’émergence du numérique, l’entreprise a néanmoins cherché à préserver son activité argentique le plus longtemps possible, ce qui était rationnel, avant de tout miser, mais bien trop tard, sur le numérique. Marconi, une société de technologie d’électronique très en pointe dans les années 1990 offre l’exemple inverse : poussée par les analystes, elle a abandonné son activité traditionnelle pour tout miser sur Internet, juste avant l’éclatement de la bulle en 2000. Elle a disparu peu après.

    C’est ainsi qu’on peut lire la situation de Google.

    L’entreprise, créée en 1998, gagne principalement de l’argent avec son moteur de recherche et la publicité associée. Elle a depuis lancé de nombreuses initiatives d’innovation, dont beaucoup ont cependant échoué. ChatGPT représente une rupture pour Google Search parce qu’on peut imaginer que les gens abandonnent ce dernier pour ne plus se servir que de ChatGPT. Après tout, pourquoi utiliser un « bête » moteur de recherche quand on peut avoir un outil beaucoup plus sophistiqué ? Il y a donc une vraie menace de substitution. Il faut évidemment nuancer cette menace parce que la substitution n’est jamais complète (le magnétoscope n’a pas tué le cinéma). Google search est plus simple, plus rapide, moins coûteux en temps machine et gratuit, ce qui ne restera probablement pas le cas pour ChatGPT. Il n’empêche, il est quand même étonnant que ce ne soit pas Google, qui depuis des années est le spécialiste de la recherche et a investi des milliards en IA, qui ait sorti ChatGPT.

    Cela ressemble fort à ce qui est arrivé à Sony : à partir des années 1980, l’entreprise japonaise a investi des milliards pour marier le contenu (musique, films) au contenant (électronique). C’est pourtant Apple qui a gagné le marché du lecteur MP3. Pourquoi ? Parce que Sony craignait que le MP3 développe le piratage et compromette ses ventes de CD.

    Bien qu’ayant toutes les cartes en main pour sortir un équivalent de ChatGPT et y aller à fond, Google est pourtant victime du dilemme de l’innovateur :

    D’une part, il y a la crainte que GoogleGPT (appelons-le ainsi) cannibalise Google Search et fasse donc baisser les revenu publicitaires.

    D’autre part, ChatGPT, tout impressionnant qu’il soit, a encore de nombreuses limitations. C’est typiquement le cas d’une rupture: elle offre un service séduisant, mais souffre de nombreuses faiblesses. Son niveau de performance reste longtemps insuffisant pour l’acteur en place. Les premières automobiles tombaient tout le temps en panne et personne de « sérieux » ne les utilisait. Une entreprise « sérieuse » (grande) va donc attendre que la technologie soit suffisamment performante à ses yeux, avant de miser sur elle; ce-faisant, elle laisse la place aux autres.

    Enfin, comme le souligne Pitchai, GoogleGPT représenterait un risque réputationnel. On se souvient sans doute de Tay , le robot conversationnel, ancêtre de ChatGPT, lancé par Microsoft en 2016. En quelques heures, il s’est mis à émettre des messages racistes et misogynes. Il fut retiré précipitamment et causa un tort considérable à Microsoft. Après cet épisode, on comprend la prudence du PDG de Google qui ne veut pas revivre la même chose. Cette prudence, tout à fait rationnelle et défendable, laisse néanmoins de facto le champ libre à des concurrents qui ne courent pas le même risque, notamment les startups. Le fait de laisser le champ libre à des concurrents sur une rupture n’est donc pas dû à l’aveuglement ou à l’incompétence. C’est le résultat d’une réaction rationnelle de l’acteur en place qui doit gérer son risque.

    Les avantages des nouveaux entrants

    Face à un acteur en place comme Google, les startups ont donc trois avantages :

    1. Elles n’ont pas d’activité historique à protéger
    2. Elles peuvent déjà prospérer avec la nouvelle technologie, même si elle est moins performante
    3. Elles courent un risque réputationnel bien moindre. On peut tolérer des choses d’une startup qu’on ne pardonnerait pas à une très grande entreprise comme Google.

    C’est pour cela que les startups auront toujours un avantage sur les grandes entreprises en place dans les situations de rupture.

    Le dilemme de l’innovateur touche toutes les entreprises, y compris les plus en pointe. Ce qui est intéressant avec Google c’est que nous n’avons pas à faire à un vieux mastodonte de « l’ancienne économie », mais à une entreprise de la Silicon Valley. Pour paraphraser Karl Marx, les disrupteurs d’hier sont disputés à leur tour. L’histoire se répète. Ce qui est étonnant ici, c’est que le dilemme a été décrit depuis plus de vingt ans et que des dirigeants aguerris comme ceux de Google ne semblent pas conscients qu’ils jouent contre eux en ce moment. On ne peut que leur recommander, ainsi qu’aux leaders de n’importe quel autre secteur, de s’y intéresser fortement s’ils ne veulent pas finir comme Kodak.

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      Les centres de progrès (30) : Tokyo (technologie)

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 5 February, 2023 - 03:50 · 10 minutes

    Un article de Human Progress

    Notre trentième Centre du progrès est Tokyo, qui, après avoir été presque détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, a été rapidement reconstruite et s’est réinventée en tant que leader mondial de l’industrie et de la technologie.

    Aujourd’hui, Tokyo est le centre économique du pays et le siège du gouvernement japonais. La ville est réputée sûre et prospère. Elle est réputée pour son glamour et son cosmopolitisme. La région du Grand Tokyo est actuellement la zone métropolitaine la plus peuplée du monde, avec plus de 37 millions de résidents. En tant que dernier Centre du progrès, la forte population de Tokyo est appropriée car, comme dans toute ville, ce sont ceux qui y vivent qui font avancer le progrès et créent la richesse. Et plus il y a de gens, plus on rit, ce qui est également confirmé par des recherches empiriques.

    Située dans la baie de Tokyo, la métropole a commencé comme un humble village de pêcheurs. Appelée à l’origine Edo, ce qui signifie estuaire, la région a connu sa première grande notoriété lorsqu’elle a été désignée comme siège du shogunat Tokugawa en 1603. Au XVIII e siècle, cette localité autrefois obscure était devenue l’une des villes les plus peuplées du monde, avec une population de plus d’un million d’habitants.

    La ville a bénéficié d’une longue paix connue sous le nom de Pax Tokugawa, qui a permis à ses habitants de consacrer leurs ressources au développement économique plutôt qu’à la défense militaire. C’était particulièrement bienvenu car la ville devait souvent être reconstruite après des catastrophes. Elle était vulnérable aux incendies en raison de son architecture essentiellement en bois, ainsi qu’aux tremblements de terre – une conséquence de la situation du Japon le long de la « ceinture de feu « , la zone la plus exposée aux tremblements de terre sur la Terre. La capacité de Tokyo à prospérer lorsqu’elle est épargnée par les vicissitudes des conflits est un thème récurrent de son histoire.

    Lorsque le shogunat Tokugawa a pris fin en 1868, la nouvelle cour impériale s’est installée à Edo et a rebaptisé la ville Tokyo, ce qui signifie « capitale orientale », en référence à l’ancienne capitale, Kyoto, située à près de 300 miles à l’ouest de Tokyo. En tant que siège du nouveau régime, Tokyo a été à l’avant-garde de la restauration Meiji (1868-1912), une période de l’histoire japonaise caractérisée par une modernisation rapide. En quelques décennies seulement, le pays a aboli les privilèges féodaux et industrialisé son économie, devenant un État moderne doté de routes pavées, de téléphones et d’énergie à vapeur. Au cours de l’ère Taisho qui a suivi (1912-1926), Tokyo a continué à s’étendre, tandis que le Japon s’urbanisait et se modernisait davantage.

    En 1923, une catastrophe a frappé la ville. Le grand tremblement de terre de Kanto, d’une magnitude de 7,9 sur l’échelle de Richter, a provoqué un tourbillon de feu et incendié le centre de la ville. Plus de 140 000 personnes ont péri dans cette catastrophe et environ 300 000 maisons ont été détruites. À l’époque, il s’agissait de la pire tragédie que la ville ait jamais connue. Mais un peu plus de deux décennies plus tard, la catastrophe a été supplantée par les ravages bien pires causés par la Seconde Guerre mondiale.

    Le Japon a été l’un des pays les plus dévastés par cette guerre, perdant entre 1,8 et 2,8 millions de personnes ainsi qu’un quart de la richesse du pays. Le pays a été endommagé non seulement par les bombes nucléaires larguées sur Hiroshima et Nagasaki, mais aussi par une campagne extrêmement efficace de bombardements conventionnels sur certaines de ses plus grandes villes, dont Nagoya, Osaka, Kobe et Tokyo. L’opération Meetinghouse (mars 1945), ou le grand raid aérien de Tokyo, est considérée comme le bombardement le plus destructeur de la Seconde Guerre mondiale. Il a été plus meurtrier que les bombardements de Dresde ou de Hambourg et même que les attaques nucléaires sur Hiroshima ou Nagasaki.

    Ce raid incendiaire à basse altitude a coûté la vie à au moins 100 000 Tokyoïtes. Il en a blessé plus de 40 000 autres, a réduit en cendres un quart de la ville et a laissé un million de personnes sans abri. Les températures ont atteint 1800 degrés au sol dans certaines parties de Tokyo et les structures de la ville principalement en bois ont rapidement disparu dans les flammes. Et ce n’était là qu’un des multiples bombardements incendiaires subis par la ville pendant la guerre. En plus d’avoir été la cible des bombardements les plus meurtriers de la Seconde Guerre mondiale, Tokyo a également été la cible de ce qui a probablement été le plus grand raid de bombardement de l’histoire, impliquant plus de mille avions.

    Les bombardements ont collectivement réduit de moitié la production économique de Tokyo. Dans l’ensemble, la production industrielle du Japon a été réduite à un dixième de son niveau d’avant-guerre. Les bâtiments industriels et commerciaux ainsi que les machines étaient particulièrement susceptibles d’avoir été détruits pendant la guerre.

    Ces destructions ont contribué aux vastes pénuries alimentaires et énergétiques de l’après-guerre, et les dommages subis par les infrastructures ont rendu les transports presque impossibles dans certaines régions. Associée à la démobilisation brutale des 7,6 millions de soldats du pays, d’environ 4 millions de civils engagés dans des travaux liés à la guerre et de 1,5 million de rapatriés des territoires occupés par le Japon pendant la guerre, la dévastation a contribué à un chômage déjà massif. Avec plus de 13 millions de personnes sans emploi dans l’ensemble du pays, une inflation galopante et une dévaluation de la monnaie, l’économie de Tokyo s’est arrêtée net.

    Malgré cette sombre situation, le Tokyo d’après-guerre disposait de quelques avantages qui favorisaient une reprise rapide. Avant la guerre, le Japon était une grande puissance. La capitale a conservé la mémoire institutionnelle de ce qu’était un centre industriel et possède encore une main-d’œuvre instruite et qualifiée. L’administration américaine d’occupation était également très motivée pour aider au redressement économique car les États-Unis souhaitaient voir le pays se démilitariser et se démocratiser rapidement.

    Les États-Unis ont forcé le Japon à renoncer à son droit à une armée et ont assumé le coût de la défense du pays, permettant ainsi au Japon d’allouer toutes ses ressources à des activités civiles telles que l’investissement commercial. De nombreux dirigeants japonais, comme le Premier ministre Shigeru Yoshida (1878-1967), soutenaient pleinement la démilitarisation. Il est parfois appelé le père de l’économie japonaise moderne. Même après la création d’une force de défense nationale au Japon en 1954, les dépenses étaient faibles et ont diminué en pourcentage du PIB au fil des ans. Certains économistes estiment que l’économie japonaise aurait été réduite de 30 % en 1976 si le pays n’avait pas été libéré du fardeau des dépenses militaires.

    La croissance économique de Tokyo

    Le Japon a rapidement adopté plusieurs réformes économiques.

    Les Alliés obligent le pays à dissoudre les zaibatsu , les conglomérats capitalistes qui avaient bénéficié d’un traitement préférentiel de la part du gouvernement impérial, allant de taux d’imposition réduits à des injections de liquidités. Grâce à leurs liens avec le gouvernement, les zaibatsu avaient réussi à maintenir un quasi-monopole sur de vastes pans de l’économie et à écraser leurs concurrents. La fin du règne des zaibatsu a permis à de nouvelles entreprises de se former et d’entrer en concurrence dans une économie plus ouverte. Dans le même temps, le Japon a adopté des réformes agraires qui ont transformé l’agriculture du pays qui fonctionnait auparavant selon des principes féodaux inefficaces.

    Au début de la guerre froide, à la fin des années 1940, les États-Unis espéraient que le Japon deviendrait un allié capitaliste solide dans la région. À cette fin, en 1949, le banquier et conseiller présidentiel américain Joseph Dodge (1890-1964) a aidé le Japon à équilibrer son budget, à maîtriser l’inflation et à supprimer les subventions gouvernementales généralisées qui soutenaient des pratiques inefficaces. Les politiques de Dodge, désormais connues sous le nom de « ligne Dodge », ont réduit le niveau d’intervention de l’État dans l’économie japonaise, rendant cette dernière beaucoup plus dynamique. Peu après l’entrée en vigueur de ces politiques, la guerre de Corée (1950-1953) a éclaté et les États-Unis ont acheté une grande partie de leurs fournitures de guerre au Japon géographiquement proche. La libéralisation économique combinée à l’augmentation soudaine de la demande manufacturière, a accéléré la reprise du Japon, et en particulier de Tokyo.

    Tokyo a commencé à connaître une croissance économique d’une rapidité époustouflante. La ville s’est rapidement réindustrialisée et a fait office de plaque tournante du commerce, les importations et les exportations du pays ayant augmenté de façon spectaculaire. La nation de l’archipel disposait de relativement peu de ressources naturelles, mais en important de grandes quantités de matières premières pour fabriquer des produits finis, le Japon a pu réaliser d’impressionnantes économies d’échelle, multiplier la production manufacturière et augmenter ses bénéfices. Ces bénéfices étaient ensuite réinvestis dans de meilleurs équipements et dans la recherche technologique, ce qui augmentait la production et les bénéfices dans un cercle vertueux.

    Outre l’achat pur et simple de produits japonais, le gouvernement américain a supprimé les barrières commerciales sur les marchandises japonaises et, dans l’ensemble, a résisté aux appels à l’instauration de mesures protectionnistes anti-japonaises, garantissant ainsi aux entrepreneurs japonais la liberté de vendre leurs produits aux États-Unis et ailleurs. Au cours de la période qui a suivi la guerre de Corée, les banques des États-Unis et d’ailleurs ont investi massivement dans l’économie japonaise et en attendaient des rendements élevés.

    Elles ont été récompensées lorsque le « miracle économique » du Japon s’est matérialisé et que Tokyo a prospéré. Entre 1958 et 1960, les exportations japonaises vers les États-Unis ont augmenté de 150 %. En 1968, moins de vingt-deux ans après la Seconde Guerre mondiale, le Japon se targue d’être la deuxième économie mondiale et Tokyo est au cœur de la nouvelle prospérité du pays.

    Tokyo a rapidement été le berceau et le siège de grandes entreprises mondiales, produisant des voitures (Honda, Toyota, Nissan, Subaru et Mitsubishi), des appareils photo (Canon, Nikon et Fujifilm), des montres (Casio, Citizen et Seiko) et d’autres produits numériques (Panasonic, Nintendo, Toshiba, Sony et Yamaha).

    Le succès entrepreneurial de Tokyo est en partie dû à l’innovation. Toyota, par exemple, a devancé les constructeurs automobiles américains en créant un nouveau système de production qui utilise l’automatisation stratégique et la « fabrication juste à temps », ce qui permet d’accroître l’efficacité. La « fabrication juste à temps », qui consiste à programmer chaque étape du processus de fabrication de manière à éliminer le besoin de stockage de stocks excédentaires, est depuis devenue la norme mondiale dans tout une série d’industries.

    Depuis les années 1970, Tokyo est également réputée pour sa robotique de pointe. Le développement de l’expertise en matière de robotique industrielle était une extension naturelle des prouesses manufacturières de la ville, mais les entreprises et les chercheurs de Tokyo ont depuis étendu leurs activités à de nombreux autres domaines de la robotique. La ville a créé des innovations allant des grooms et des agents d’accueil des aéroports robotisés aux bébés phoques robotisés amicaux qui aident les patients atteints de la maladie d’Alzheimer.

    La capitale en grande partie détruite d’un pays dévasté par la guerre a réussi à se transformer en l’espace de quelques décennies en l’un des principaux centres technologiques du monde. Grâce à l’ingéniosité et à la détermination de ses habitants, combinées à des conditions de paix, de liberté économique et de possibilité de participer au commerce mondial, Tokyo est devenue un « miracle économique » qui la qualifie comme l’une des grandes réussites urbaines de l’histoire moderne. Il est donc normal qu’une ville à l’avant-garde du progrès technologique soit notre trentième Centre du progrès.

    Traduction Contrepoints

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      Grands projets d’innovation : faut-il condamner les lubies de riches ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 4 February, 2023 - 03:40 · 6 minutes

    Que fait un riche quand il s’ennuie ?

    Il se lance dans un projet d’innovation. Conquérir Mars, traverser l’Atlantique, prolonger la vie humaine, inventer une intelligence artificielle fondamentale, créer un robot, etc. Expression de l’ego de leurs promoteurs, ces projets sont souvent jugés inutiles et qualifiés de lubies, c’est-à-dire d’envie capricieuse et déraisonnable.

    Mais est-ce si sûr ? Et si les lubies d’aujourd’hui étaient les innovations utiles de demain ? Et s’il fallait se garder de porter un jugement moral à la fois sur ce qui se fait (inutile !) et sur ceux qui le font (les riches et leurs caprices) ?

    Lorsqu’on évoque les lubies de riches, les noms de Elon Musk et Jeff Bezos viennent immédiatement à l’esprit. Tous les deux se sont lancés dans l’aventure spatiale. Musk veut installer une colonie humaine sur Mars , ce que de nombreux spécialistes jugent irréalisable. Le très sérieux hebdomadaire The Economist les a même qualifiés d’activité ploutocratique (en gros, un sport de riches).

    Il y a deux modèles mentaux derrière cette critique : le premier porte sur l’inutilité supposée de tels projets ; le second sur l’illégitimité supposée de ceux qui les portent.

    L’utilité d’une innovation est souvent impossible à évaluer a priori

    La plupart de ces projets semblent largement inutiles. À quoi cela peut-il bien servir d’installer une colonie sur Mars, se demandent beaucoup d’entre nous, à l’heure de [insérez ici votre problème majeur actuel : réchauffement climatique, guerre en Ukraine, inflation, etc.]. Ne peuvent-ils pas faire des choses utiles ? Déterminer ce qui est déraisonnable est cependant un jugement de valeur, en général en référence aux modèles mentaux dominants. L’innovation, qui par définition correspond à des modèles alternatifs, est donc facilement jugée déraisonnable.

    En outre, l’utilité d’une innovation est souvent impossible à évaluer a priori. Il y a des cas évidents mais rares : on savait qu’un vaccin contre la covid serait utile avant de réussir à le produire. La plupart des innovations ont été jugées inutiles au début. Ce fut le cas notamment de la photocopieuse Xerox, du laser, d’Internet, de la téléphonie mobile, de Nespresso, pour ne citer que quelques exemples. « Laser à quoi ? Laser à rien ! » titrait ainsi Le Monde dans les années 1970.

    Certaines de ces « lubies » réussissent et se révèlent très utiles après coup. Starlink , d’Elon Musk encore, est un fournisseur d’accès Internet par satellite créé en 2018. L’idée était un peu étrange. À quoi cela pouvait-il bien servir ? Pourtant aujourd’hui, Starlink est pleinement opérationnel et permet à l’armée ukrainienne de coordonner ses opérations. La lubie de riche est devenue vitale pour les Ukrainiens en l’espace de moins de cinq ans.

    C’est donc le défi de l’innovateur que de consacrer sa vie à quelque chose que tout le monde trouve inutile aujourd’hui et trouvera peut-être indispensable demain.

    L’illégitimité de l’innovateur

    La seconde chose qui insupporte nombre d’observateurs c’est que ces projets sont portés par des riches qui ne semblent le faire que pour s’amuser. Le côté gratuit de l’entreprise est insupportable. Les frères Wright sont des fabricants de vélo qui s’ennuient. Ils sont convaincus que l’on peut faire voler un avion, ce qui semble ridicule à nombre de leurs contemporains. Après de nombreux essais, ils réussissent un vol historique en décembre 1903, qui marque la naissance de l’aviation.

    Insupportable aussi le fait que, comme ils sont riches, ils n’ont besoin de rien demander à personne et en particulier à aucune autorité pour se lancer dans leurs projets et les financer. Pour les moralistes qui, souvent, ont une vision aristocratique de la société, cette liberté est dangereuse, comme est dangereux l’orgueil que ces projets traduisent. Les premiers efforts d’Elon Musk dans le domaine spatial ont été marqués par plusieurs échecs qui ont suscité des moqueries. Ainsi, après l’explosion au sol d’une de ses fusées en 2016, la journaliste Dominique Nora dans L’Obs cachait ainsi à peine sa satisfaction en écrivant : « L’explosion du lanceur Falcon 9 de Space X révèle l’incroyable fragilité d’un entrepreneur qui promet toujours plus qu’il ne peut tenir. La fin d’un mythe ? » On sait ce qu’il est advenu : aujourd’hui, SpaceX lance en moyenne plus d’une fusée par mois, libère son contenu dans l’espace et revient se poser sur Terre ; une performance technique extraordinaire absolument inenvisageable il y a dix ans.

    Toutes les « lubies » ne réussissent cependant pas.

    Howard Hughes était le Elon Musk des années 1950. Il fut l’un des hommes les plus riches du monde, à la fois producteur de films et pionnier de l’aviation. Il acheta et développa la Trans World Airline pour en faire l’une des plus grandes compagnies aériennes de l’après-guerre. Mais sa grande lubie fut le projet H-4 Hercules , un hydravion géant… en bois, conçu pour l’armée. Achevé en 1947, l’avion ne vola qu’une seule fois, et avec difficulté, puis le projet fut abandonné. Hughes aura dépensé 300 millions de dollars actuels en pure perte.

    Est-ce qu’il y a une part d’ego, parfois démesuré, dans ces entreprises ? Bien évidemment. L’ego n’est pas à la mode ces temps-ci mais c’est un moteur historique des grands projets innovants. Sans ego démesuré, pas de Léonard de Vinci ni de Steve Jobs . Ces projets traduisent donc une caractéristique profondément humaine, celle d’essayer de résoudre des grands problèmes, de rêver très haut, parfois de façon démesurée.

    Tous les milliardaires peuvent se permettre des lubies. Certaines sont ridicules, comme se payer un 747 et y installer une piscine en or . D’autres sont potentiellement utiles, mais il est souvent difficile de distinguer lesquelles. Mais tous les milliardaires ne cherchent pas à être des pionniers. Ainsi Bernard Arnault finance des musées ou des journaux, des activités plus traditionnelles pour des gens fortunés. Les lubies ne sont donc pas le fait de milliardaires qui s’amusent, mais de pionniers qui ont les moyens de réaliser leurs rêves, ou du moins d’essayer.

    Les lubies de riches, un bon deal pour la société

    Parce qu’il va à l’encontre des modèles mentaux dominants, l’innovateur se retrouve face à une hostilité sociale qui peut largement entraver sa réussite.

    Les débuts de la radio au XIX e siècle ont ainsi suscité des tentatives de boycott et d’interdiction de la part des syndicats de musiciens. Face à cette hostilité qui peut rapidement se traduire par un assèchement des financements, le riche a un avantage évident : il peut financer son projet sur ses propres fonds. C’est sa lubie, il la finance, et si ça échoue, eh bien ce n’est pas grave, il lui restera toujours quelques milliards pour faire bouillir la marmite. Autrement dit, ce que les lubies de milliardaires offrent au système, c’est l’optionalité, c’est-à-dire le fait de permettre de créer des options alternatives auxquelles il ne croit pas. Le système ne croit pas que le vol d’un objet plus lourd que l’air soit possible. Pas grave, un milliardaire essaie de prouver le contraire. Si ça ne marche pas, c’est lui qui en est de sa poche. Si ça marche, le système en bénéficie sans avoir dépensé un centime. Que le milliardaire en bénéficie amplement aussi est anecdotique. Et donc, n’en déplaisent aux moralistes, les lubies de riches sont un bon deal pour la société. Ils sont une source efficace, même si elle n’est pas la seule, de progrès humain.

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