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      États-Unis: pour avorter, une fille de 10 ans, enceinte après un viol, a dû quitter son État

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 14 July, 2022 - 09:24 · 2 minutes

    États-Unis: pour avorter, une fille de 10 ans, enceinte après un viol, a dû quitter son État (Photo d'illustration prise lors d'une manifestation à Paris contre l'interdiction de l'avortement aux États-Unis par REUTERS/Benoit Tessier) États-Unis: pour avorter, une fille de 10 ans, enceinte après un viol, a dû quitter son État (Photo d'illustration prise lors d'une manifestation à Paris contre l'interdiction de l'avortement aux États-Unis par REUTERS/Benoit Tessier)

    AVORTEMENT - Une fillette de 10 ans, enceinte après un viol, a dû quitter son État de l’Ohio pour avorter après la volte-face de la Cour suprême , a confirmé mercredi 13 juillet un policier cité par des médias américains.

    Son histoire tragique, initialement rapportée par une gynécologue de l’Indiana, avait été citée vendredi par le président Joe Biden pour décrier la décision de la haute juridiction , le 24 juin, de ne plus garantir le droit à l’avortement.

    Le procureur général d’Ohio Dave Yost, dont l’État a immédiatement interdit d’avorter après six semaines de grossesse, avait émis des doutes sur sa véracité. “Ça ressemble à une invention”, avait notamment déclaré l’élu républicain.

    Un suspect de 27 ans arrêté

    La police de Columbus a toutefois procédé mardi à l’arrestation d’un suspect et, lors de sa comparution devant un juge mercredi, un enquêteur a confirmé les détails du drame, a rapporté le quotidien Columbus Dispatch .

    L’agent, Jeffrey Huhn, a expliqué au magistrat que la mère de la victime avait informé, le 22 juin, les services locaux de protection de l’enfance de la grossesse de sa fille et que ces derniers avaient ensuite saisi la police.

    La fillette a avorté le 30 juin dans l’État de l’Indiana voisin, où les IVG restent légales et les restes de l’embryon font l’objet de tests génétiques pour confirmer les liens avec le suspect, a encore dit le policier.

    Selon des documents judiciaires consultés par l’AFP, Gerson Fuentes, 27 ans, a été inculpé pour “viol de mineure de moins de 13 ans” suite à une agression en date du 12 mai. Il a été placé en détention dans une prison du comté de Franklin.

    Contactée par l’AFP, la police de Columbus n’a pas répondu. Depuis l’arrêt de la Cour suprême, une dizaine d’États conservateurs ont interdit d’avorter sur leur sol. La plupart prévoit une exception pour protéger la vie de la femme enceinte, mais pas toujours en cas de viol ou d’inceste.

    À voir également sur Le HuffPost: Manifestation pour le droit à l’IVG: “ce n’est pas un acquis!”

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      Isabelle Rome, ministre de l'Egalité entre les femmes et les hommes face au "HuffPost"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 13 July, 2022 - 04:45 · 8 minutes

    POLITIQUE - Qui est Isabelle Rome, la nouvelle ministre déléguée à l’Egalité entre les femmes et les hommes? Nommée le 20 mai dernier dans le gouvernement d’ Elisabeth Borne , cette magistrate de 59 ans livre au HuffPost ses priorités dans le mandat qui s’ouvre et dont la grande cause est à nouveau l’ égalité entre les femmes et les hommes .

    Plus jeune juge de France à 23 ans, Isabelle Rome a un long parcours de juge (aux affaires familiales, de l’application des peines, d’instruction) et a été présidente de cour d’assises. Elle a publié six livres, dont le dernier porte sur l’emprise et les violences au sein du couple (Dalloz, 2021). En 2018, elle est nommée haute fonctionnaire en charge de l’Égalité entre les hommes et femmes au ministère de la Justice où elle est aussi chargée du Grenelle des violences conjugales.

    Désormais au gouvernement, elle affirme au cours d’un long entretien qu’elle nous a accordé ce mardi 12 juillet qu’elle mettra “toutes (s)es forces” pour inscrire l’ IVG dans la constitution et “faire baisser le chiffre morbide des féminicides”. Si le milliard d’euros réclamé par les associations pour réduire les violences faites aux femmes ne verra pas le jour sous ce quinquennat, la ministre déléguée loue le bilan du précédent mandat. Elle affirme même avoir eu “une conversation très positive avec Gabriel Attal”, le ministre des Comptes publics, pour augmenter son budget.

    Comme le demande en titre de son dernier livre votre prédécesseure Marlène Schiappa, C’est une bonne situation, ça ministre? (L’Observatoire)

    C’est avant tout pour moi une mission pour la République qui dépasse ma personne. Et un don que je fais à la République pour me dédier à la grande cause du quinquennat.

    Vous aviez déjà imaginé être ministre?

    Je n’ai jamais pensé être un jour ministre, mais je suis très heureuse de l’être et finalement c’est très cohérent par rapport à mon parcours de professionnelle comme magistrate. Toute ma vie, j’ai lutté pour la dignité humaine. J’ai jugé de nombreux viols et féminicides. J’ai été engagée pour l’égalité des chances et l’égalité entre les femmes et les hommes. Je lutterai contre les discriminations, le racisme, l’antisémitisme et les haines anti-LGBT.

    Avez-vous vécu du sexisme, des agressions ou du harcèlement dans votre vie professionnelle passée?

    Je ne m’estime pas avoir été vraiment victime de sexisme, mais, avec le recul, je me dis que j’ai dû en vivre. J’ai d’ailleurs écrit un livre “ Vous êtes naïve, Madame la juge ” (Editions du moment). C’est un commissaire de police qui me l’avait dit alors que j’étais jeune magistrate à propos d’un détenu récidiviste. Je suis sûre aujourd’hui qu’il n’aurait pas dit ça à un collègue masculin.

    Le féminisme est un beau terme, éminemment républicain.

    Depuis quand êtes-vous féministe?

    Je porte le féminisme en moi depuis longtemps, peut-être sans en avoir pris conscience: dans ma jeunesse, j’étais féministe sans le savoir. Je suis formée à l’école de la République, avec les notions d’humanisme et des droits de l’Homme: le féminisme entre tout droit dans cette conception-là. Je le suis devenu, je le revendique et je n’ai pas peur de le dire. Je suis triste de voir que certains n’osent plus l’employer. C’est un beau terme, c’est une notion éminemment républicaine et c’est toute la noblesse de notre République que de le porter.

    Vous êtes 19e dans l’ordre protocolaire du gouvernement, n’est-ce pas un peu inquiétant pour la “grande cause du quinquennat?”

    C’est un ministère délégué et je pense qu’il a sa raison d’être en étant rattaché à la Première ministre, car c’est une politique transversale. Il n’aurait pas sa raison d’être s’il n’était pas interministériel. Être rattaché à Matignon montre que c’est une priorité gouvernementale.

    Emmanuel Macron avait promis qu’il serait de plein exercice, vous regrettez qu’il n’ait pas tenu cette promesse?

    Je ne la connaissais pas. C’est tout à fait normal que ce soit un ministère délégué, car c’est une grande cause gouvernementale et je travaille avec toutes les autres administrations. Hier, j’étais dans un comité de suivi des mesures du Grenelle des violences conjugales avec une dizaine d’administrations centrales. C’est comme ça qu’on agit. Je ne vais pas agir à la place des ministères de la Police, de la Justice, du Logement. Nous agissons ensemble.

    C’est tout à fait normal que ce soit un ministère délégué rattaché à Matignon car c'est une grande cause gouvernementale. Je travaille avec toutes les autres administrations.

    Beaucoup disent que ce gouvernement est une “parité de façade”, avec seulement 5 femmes sur les 16 ministres et 9 femmes secrétaires d’État pour un seul homme...

    C’est facile de dire “façade”. Il est paritaire sur le plan des effectifs et la Première ministre a le poste le plus élevé. Nous avons une femme à la présidence du groupe LREM et de l’Assemblée nationale. Les femmes font leur entrée massivement dans ce quinquennat.

    On est le 12 juillet, à la moitié de l’année on recense déjà près de 60 féminicides. 57 exactement au 10 juillet. Ça ne baisse pas. Comment faire?

    Faire baisser le chiffre morbide des féminicides est une priorité. Peut-être même la première des priorités. Nous avons pu baisser ce chiffre en 2020, car les policiers faisaient des interventions, la justice fonctionnait, les associations et les pharmacies ont inventé des dispositifs de plainte pour éviter le pire pendant les confinements. On ne peut jamais se satisfaire de ces chiffres, mais la volonté est là.

    Faire baisser le chiffre morbide des féminicides est une priorité.

    Les associations réclament 1 milliard d’euros, comme en Espagne pour lutter contre les violences faites aux femmes. L’obtiendront-elles?

    On a 157.000 policiers et gendarmes formés, 417 intervenants sociaux pour accompagner les femmes quand elles portent plainte. 9000 places soit 80% de places d’hébergement d’urgences supplémentaires... On voit qu’il y a eu une explosion positive de la volonté et des moyens. Tous les ministères se sont engagés.

    20 milliards d’euros pour le pouvoir d’achat, 15 milliards d’euros pour la police... C’est si compliqué de trouver 1 milliard pour le droit des femmes?

    C’est une politique interministérielle. Il faut regarder ce que chaque ministère met dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Je prends les précautions d’usage, je suis en train de vérifier les chiffres, mais le milliard il y est si on fait la totalité. J’ai déjà eu une discussion avec Gabriel Attal plutôt positive, on peut espérer une augmentation du budget, mais il faut raisonner en interministérialité.

    Isabelle Rome accompagnait la Première ministre Elisabeth Borne lors de son déplacement en juin dernier au siège du Planning Familial. Isabelle Rome accompagnait la Première ministre Elisabeth Borne lors de son déplacement en juin dernier au siège du Planning Familial.

    Élisabeth Borne a fait de l’égalité salariale sa priorité. Toutes les lois existent, comment réduire l’écart de salaire de 20% entre les femmes et les hommes tous postes confondus?

    La loi booste les mœurs. On a vu l’impact positif des lois qui féminisent les conseils d’administration, l’index Pénicaud, etc. Mais la loi ne peut pas tout. Il n’y a pas de remède miracle. Il y a l’éducation et la lutte contre les stéréotypes: pourquoi une fille sera attirée par une profession moins rémunératrice? Il faut agir très tôt et j’entends travailler avec le monde de l’entreprise pour agir sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

    À ce sujet, le congé de paternité a été doublé par Emmanuel Macron. Il est de 28 jours, dont une semaine obligatoire. Faut-il aller plus loin?

    Je pense qu’il n’est pas suffisamment pris. C’est un sujet que nous devons revoir en partant de l’existant. Je suis prête à rediscuter de cela avec les entreprises et les partenaires sociaux. Je suis pour la concertation.

    Vous pourriez le rendre obligatoire dans une loi?

    Je n’exclus rien.

    De quelle mesure voulez-vous qu’on se souvienne après votre passage?

    La mesure criante est la constitutionnalisation du droit à l’avortement. Il faut mettre le verrou de la Constitution pour garantir ce droit fondamental des femmes à disposer de leur corps. Je mettrai toutes mes forces à porter cette réforme constitutionnelle.

    Je pense que le congé paternité n'est pas suffisamment pris. C'est un sujet que nous devons revoir en partant de l'existant.

    Damien Abad a été écarté du gouvernement Borne 2. On ne vous a pas entendu quand il était maintenu dans la première équipe. Vous étiez mal à l’aise?

    Non, c’était plutôt lié à mon arrivée et à la feuille de route que je devais dessiner. La Première ministre a parlé d’exemplarité pour expliquer son choix. Je suis en phase avec sa décision.

    Votre collègue Chrysoula Zacharopoulou , gynécologue de formation est visée par trois plaintes pour viol dans le cadre de ses fonctions. Elle a été maintenue au gouvernement. Est-ce un deux poids deux mesures?

    Il faut être extrêmement prudent, il y a une enquête ouverte par le parquet, je ne souhaite pas m’exprimer sur le sujet.

    Vous avez vu Emmanuel Macron en tête-à-tête depuis votre nomination?

    Je l’ai vu au Conseil des ministres. Il a pu s’exprimer sur cette grande cause et sa priorité est de faire baisser les féminicides.

    Élisabeth Borne a dédié sa nomination à Matignon à “toutes les petites filles”. Qu’avez-vous envie de leur dire?

    Osez, ne vous résignez jamais et nous vaincrons

    À voir également sur Le HuffPost: Le droit à l’avortement dans la Constitution? LREM rattrapée par ses anciens votes

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      Avortement aux États-Unis: une première pilule contraceptive bientot en vente?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 12 July, 2022 - 08:52 · 2 minutes

    Le laboratoire Perrigo a déposé une demande auprès de l'agence américaine du médicament afin de commercialiser la première pilule contraceptive disponible en vente libre. Le laboratoire Perrigo a déposé une demande auprès de l'agence américaine du médicament afin de commercialiser la première pilule contraceptive disponible en vente libre.

    IVG - Quelques semaines après la décision de la Cour suprême de révoquer le droit à l’avortement aux États-Unis, le laboratoire Perrigo a annoncé le lundi 11 juillet avoir demandé le feu vert aux autorités américaines pour vendre librement sa pilule Opill. Si le laboratoire l’obtient, ce serait la première pilule contraceptive disponible en vente libre aux États-Unis .

    C’est plus précisément HRA Pharma, une filiale française du groupe pharmaceutique, qui a déposé un dossier auprès de l’agence américaine du médicament (FDA). La pilule Opill, à base d’un progestatif de synthèse, sans œstrogène, est disponible sur ordonnance depuis 1973 dans le pays.

    “Cette procédure historique marque un tournant dans l’accès aux contraceptifs et pour l’équité en matière de procréation aux États-Unis ″, a souligné Frédérique Welgryn, directrice des opérations stratégiques et de l’innovation chez HRA Pharma, dans le communiqué de l’entreprise, indique l’AFP.

    Soutien des obstétriciens et des gynécologues

    Plusieurs grandes organisations médicales américaines, dont le Conseil des obstétriciens et gynécologues (ACOG), ont déjà exprimé leur soutien aux pilules en vente libre. “Les données confirment que les méthodes hormonales progestatives sont généralement sûres et ne présentent aucun risque ou un risque minime de thromboembolie veineuse ”, affirme en effet l’ACOG dans un message sur son site.

    “Plusieurs études ont démontré que les femmes sont capables d’utiliser des outils d’auto-dépistage pour déterminer leur éligibilité à l’utilisation de contraceptifs hormonaux”, ajoute l’organisation. Cela “aidera encore plus de femmes et de personnes à accéder à la contraception sans faire face à des obstacles inutiles”, a complété Frédérique Welgryn.

    Le lancement du processus réglementaire peu après la décision de la Cour suprême sur le droit à l’avortement est “une coïncidence”, assure par ailleurs l’entreprise en soulignant que HRA travaillait sur le dossier depuis sept ans.

    À noter que les pilules contraceptives sont disponibles en vente libre dans de nombreux pays, dont le Brésil, le Mexique, le Portugal ou la Turquie. En France, la pilule contraceptive est toujours uniquement délivrée via une ordonnance médicale.

    À voir également sur Le HuffPost: “Aux États-Unis, les pro-IVG se mobilisent en invitant les femmes à venir ‘camper’ là où c’est légal”

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      L’Europe face à l’avortement: lettre à Madame Ruth Bader Ginsburg - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 11 July, 2022 - 10:28 · 8 minutes

    Une femme tient une pancarte sur laquelle on peut lire Une femme tient une pancarte sur laquelle on peut lire "Quand je veux, si je veux". Des femmes et des hommes sont descendus dans la rue pour le droit à l'avortement. Toulouse, 28 septembre 2019. (Photo d'Alain Pitton/NurPhoto via Getty Images)

    IVG - Chère Madame Ruth Bader Ginsburg,

    Si je me permets de vous écrire cette lettre, c’est pour vous marquer à nouveau mon respect et pour vous faire part de cette peine et de cette révolte qui sont aujourd’hui disséminées dans le monde. Madame, comme vous nous manquez! Je me demande quels seraient vos conseils, vous qui avez été une si brillante avocate, juriste, juge, vous qui avez été nommée membre de la Cour suprême des États-Unis par le Président Bill Clinton, vous qui avez été une féministe engagée.

    Une régression sans précédent

    Vous voilà à peine partie en 2020 que votre pays, les Etats-Unis, est en proie à une régression sans précédent. En effet, nous pensions avoir définitivement avorté des idées passéistes, paternalistes. Nous étions prêtes à continuer nos efforts de solidarité dans le monde afin que les filles, les femmes puissent avoir accès à une éducation convenable, à une vie décente, indépendante et respectueuse de leur genre.

    Et, nous nous retrouvons à la case départ. Car un tsunami a dévasté votre beau pays. Car il risque d’approcher les rivages de toutes les plages du monde. Car il retarde l’égalité entre les femmes et les hommes. Car il risque d’effacer toutes les avancées de respect envers le genre humain. A nouveau, le corps des femmes ne leur appartient plus. Il doit procréer même si la mort menace, même si la conception est née d’un viol, même si des éléments personnels sont en cause.

    Alors, la révolte gronde. Alors, la peur s’installe. Sommes-nous entrées subrepticement dans un épisode de La Servante écarlate , célèbre roman de Margaret Atwood publié en 1985 et diffusée en série télévisée en 2017 ? Comme dans cette fiction, allons-nous assister au fil du temps à la naissance d’une société divisée en esclaves reproductrices et décideurs dominateurs ?

    L’homme redevient seigneur et maître

    Il ne faut pas se voiler la face : dans les Etats américains qui « effacent » le tableau de la modernité, les filles, les femmes redeviennent des citoyennes de seconde zone ; on pourra les empêcher de s’instruire, on pourra les enlever pour les violenter, pour les réduire à une « forme » d’esclavage, à des obligations conjugales ou de couple non consenties et ce, en toute impunité ; l’homme redevient seigneur et maître.

    On se retrouve donc littéralement dans une situation rocambolesque : des femmes, des jeunes filles, extrêmement férues d’informatique et de réseaux sociaux, vont devoir « faire taire » leurs téléphones portables, leurs ordinateurs pour ne pas être trahies par la technologie qui pourrait révéler une grossesse, une décision d’avortement, un déplacement inattendu. Elles se retrouvent pratiquement projetées au Moyen Age, attendant qu’on veuille bien leur rendre la clé de leurs ceintures à la fois de chasteté mais aussi de fertilité. Leur corps ne leur appartient plus. Leur liberté non plus. En outre, il est bon de rappeler que même la meilleure contraception a ses « oublis » et que l’organisme possède des secrets qui déjouent toute stratégie même médicale : les dénis de grossesse en sont une preuve éclatante.

    Il ne faut pas se voiler la face: dans les Etats américains qui "effacent" le tableau de la modernité, les filles, les femmes redeviennent des citoyennes de seconde zone

    Depuis que j’écris des articles, depuis que je rédige des livres sur l’avancée des femmes, je demande au “vieux continent” d’agir aussi en la matière. Dans mon essai La réussite au féminin (Editions Vitamines, Belgique, Bruxelles, 2014), je reprends l’idée que l’Europe pourrait faire de l’avortement « un droit européen », ce qui empêcherait des régressions multiples et imprévisibles dans les pays de la Communauté. En agissant ainsi, toutes les sensibilités, toutes les convictions seraient respectées. Ainsi, les considérations politiques et religieuses s’effaceraient pour respecter le droit fondamental des femmes à disposer librement de leur corps. Je rappelle que le 10 décembre 2013, la députée socialiste portugaise Edite Estrela avait proposé de voter au Parlement européen de Strasbourg son rapport sur l’avortement, mais il a été rejeté : les défenseurs de ce texte « [dénonçaient] la victoire de ‘l’obscurantisme’.» (Jean-Pierre Stroobants, Strasbourg refuse de faire de l’avortement « un droit européen » , Le Monde , jeudi 12 décembre 2013, p.6).

    Un droit européen en matière d’avortement permettrait de parer à un retour à la pénalisation et aux régressions. Il établirait une parité correcte femmes/hommes, empreinte de respect et de considération dans toute l’Europe. L’avortement ne serait plus un enjeu honteux de marchandages politiques. Inscrire l’avortement dans les constitutions de chaque pays membre qui le désire est déjà un énorme pas en avant, mais il faut aller plus loin, mais il faut aller plus fort pour que les femmes soient aussi protégées dans toute l’Europe. Enfin, la Communauté s’y attèle : elle doit avoir tout notre soutien.

    Respecter la moitié de l’humanité

    Aujourd’hui, au XXIème siècle, à nouveau, dans votre beau pays, Madame, la colère gronde car il est devenu évident, que, dans de trop nombreux Etats, les femmes sont à nouveau considérées comme des êtres inaptes au jugement, à la réflexion, à la décision et qu’on les « punira » comme des mineures, passibles de terribles sanctions le cas échéant si elles ne respectent pas la loi. Il en va de même pour les médecins qui pratiqueraient un tel acte. En outre, on ne peut négliger le fait que les femmes défavorisées, celles qui n’auront pas les moyens d’aller dans un Etat qui autorise l’avortement, en seront les premières victimes. Sans parler de la mortalité qui risque d’en découler. En effet, l’histoire de l’humanité l’a prouvé : on n’a jamais pu empêcher l’avortement et la clandestinité risque à nouveau de mener à un dangereux commerce, à des souffrances incommensurables, à des mutilations, à des décès. Les perspectives sont effrayantes.

    Alors, il est grand temps que le monde tout entier respecte la moitié de l’humanité représentée par les filles, les femmes. Chacun, chacune a sa conscience. Chacun, chacune décide en fonction de ses convictions. Le droit doit être au-dessus des croyances personnelles. Il doit être juste et non partisan. Il doit réunir. On ne peut ignorer le fait que, contrairement au passé, de nombreux hommes soutiennent aujourd’hui fermement leur compagne, leur fille, leur petite-fille dans cette révolte et manifestent avec elles pour l’égalité, pour l’avenir de la société tout entière.

    Madame, vous êtes une inspiration. Vos mots qui sont si puissants, résonnent encore avec force aujourd’hui : « Quand on me demande parfois quand y aura-t-il suffisamment [de femmes à la Cour suprême] ? Et je dis “Quand il y en aura neuf”. Les gens sont choqués. Mais il y avait eu neuf hommes, et personne n’a jamais posé de question à ce sujet. » Vous avez toujours raison : il faut mettre à jour les institutions qui ont été établies par les hommes et qui ne tiennent pas compte de la spécificité féminine. Ce n’est pas une question de féminisme : c’est une affirmation d’égalité.

    Enterrer le passéisme à jamais

    Vous avez également dit avec justesse : « Luttez pour les choses qui vous tiennent à cœur, mais faites-le d’une manière qui amènera les autres à vous rejoindre.» Alors, Madame, j’espère que mes mots et ceux des politiques, des manifestants partout dans le monde auront une résonance qui permettra d’amplifier le mouvement de soulèvement dans votre pays car il faut persévérer afin d’aboutir à des législations qui institutionnalisent le respect, l’égalité dans la société, car il faut définitivement enterrer le  passéisme. A jamais. Pour ce faire, il est donc urgent d’enfouir définitivement les lois désuètes qui infériorisent les femmes et d’enraciner une législation juste qui prône l’égalité, la solidarité. Le monde ne peut plus se taire. Je crois qu’on peut y arriver. Nous allons y parvenir.

    En parlant de l’avortement, vous avez également affirmé que « le gouvernement n’a pas à faire ce choix pour une femme » . La profondeur et la justesse de vos paroles doivent encore et toujours résonner sur la terre entière. Il faut qu’on tienne compte de toutes ces femmes, toutes ces filles, tous ces hommes aussi, qui manifestent dans votre beau pays. Il faut que, partout, ces principes d’égalité soient confirmés et qu’ils soient enracinés à tout jamais.

    Madame, avec respect et déférence, je salue à nouveau votre mémoire au nom de toutes les filles, toutes les femmes ici et ailleurs dans le monde.

    À voir également sur Le HuffPost: Les pro-IVG se mobilisent en invitant les femmes à venir “camper” là où c’est légal

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      Pour la protection de l'IVG, un millier de manifestants devant la Maison Blanche

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 10 July, 2022 - 05:30 · 2 minutes

    Plus d'un millier de manifestants devant la Maison Blanche pour la protection de l'IVG Plus d'un millier de manifestants devant la Maison Blanche pour la protection de l'IVG

    INTERNATIONAL - “Lève-toi, Joe Biden!” Un millier de personnes environ se sont rassemblées samedi devant la Maison Blanche pour demander au président de défendre plus vigoureusement le droit à l’avortement .

    Aux cris de “Mon corps, mon choix!” , cette manifestation très majoritairement féminine a fait un court parcours dans les rues de la capitale américaine, sous un crachin qui s’est transformé en franche averse, pour finir devant l’emblématique bâtiment à colonnades.

    Où Joe Biden ne se trouvait pas: il passe le weekend dans sa maison de plage du Delaware, à plusieurs centaines de kilomètres de là.

    Cela n’a pas empêché Becca, 37 ans, qui a préféré ne donner que son prénom, de faire plus de deux heures de route pour venir scander “Lève-toi, Joe Biden”, en brandissant une pancarte qui réclame “l’avortement sur demande et sans excuse”. Ce qu’elle attend du démocrate de 79 ans? “Qu’il règle ça!”, s’exclame-t-elle, “Je ne veux pas du monde dans lequel vivait ma grand-mère.”

    “Le décret qu’il a sorti n’était pas assez”, juge-t-elle en référence à un texte signé vendredi par le président américain, contenant quelques mesures à portée limitée sur l’accès aux interruptions volontaires de grossesse.

    Derrière elle, des manifestantes accrochent aux grilles du 1600 Pennsylvania Avenue des foulards verts, rappelant le combat des femmes argentines pour le droit à l’avortement. “Il faut qu’il explore vraiment toute l’étendue du pouvoir exécutif pour assurer que les femmes gardent leurs droits”, demande pour sa part Christine, 50 ans.

    “Je suis là pour m’assurer que mes filles ne vont pas retourner 50 ans en arrière au temps des avortements clandestins”, dit cette mère de trois jeunes filles, peu avant que les manifestantes ne quittent les lieux dans le calme, immédiatement remplacées par des touristes qui photographient les pancartes restées là, et que la pluie commence à délaver.

    Depuis que la très conservatrice Cour suprême a fait tomber le 24 juin le droit à l’avortement en vigueur sur tout le territoire américain, le président démocrate est accusé de ne pas réagir de manière assez vigoureuse.

    Joe Biden fait valoir que son pouvoir exécutif est limité, et que la meilleure manière de rétablir le droit à l’avortement, y compris dans les États conservateurs qui l’ont déjà aboli, est de passer une loi fédérale. Pour cela, maintient-il, il faut que les électeurs et électrices donnent une solide majorité aux démocrates lors des élections législatives de novembre.

    À voir également sur Le HuffPost: Les pro-IVG se mobilisent en invitant les femmes à venir “camper” là où c’est légal

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      Avortement aux États-Unis: Biden tente une offensive après l'abrogation de Roe v. Wade

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 8 July, 2022 - 13:17 · 3 minutes

    Joe Biden, ici le 6 juillet 2022, va signer un décret pour protéger les femmes qui veulent avorter et ceux qui les aident. Joe Biden, ici le 6 juillet 2022, va signer un décret pour protéger les femmes qui veulent avorter et ceux qui les aident.

    ÉTATS-UNIS - Joe Biden passe à l’offensive. Le président américain, très critiqué dans son propre camp pour sa défense jugée timorée du droit à l’avortement , va prendre ce vendredi 8 juillet une série de mesures réglementaires pour protéger les femmes souhaitant interrompre une grossesse .

    “Le président Biden a été clair, la seule manière de protéger les droits des femmes à choisir est de passer par le Congrès pour restaurer la protection de Roe [du nom de la décision Roe v. Wade, qui garantissait la protection du droit à l’avortement] en tant que loi fédérale”, rappelle le communiqué de la Maison-Blanche.

    “En attendant, il a promis de faire tout ce qui était en son pouvoir pour défendre les droits reproductifs et protéger l’accès à l’avortement légal et sans danger”, poursuit-il. Dans ce contexte, le président américain va signer un décret pour “protéger les informations de santé sensibles” et “combattre la surveillance numérique” liée à l’avortement.

    Le texte, dont la portée reste limitée face aux États américains ayant décidé d’interdire l’avortement, prévoit donc de protéger la vie privée des patientes en particulier les données sur Internet. L’une des craintes des associations depuis l’abrogation de Roe v. Wade est la possibilité pour la justice voire les citoyens de récupérer des preuves sur Internet de femmes ayant cherché à avorter en faisant des recherches sur une clinique par exemple.

    Accès à la contraception

    Nombre d’activistes alertent aussi sur les dangers liés aux données en ligne, telles que la géolocalisation ou les informations collectées par des applications de suivi des cycles menstruels , qui pourraient être exploitées afin de poursuivre des femmes ayant avorté.

    Pour garantir le droit à l’avortement malgré l’interdiction dans certains États , Joe Biden va demander au ministère de la Santé pour permettre “l’accès aux médicaments autorisés par la FDA [agence qui autorise ou non la commercialisation de produits de santé ou nourriture]”. Une référence notamment à la pilule abortive mifepristone, qui pourrait être dans le viseur des États les plus restrictifs sur l’IVG.

    Il prévoit aussi, entre autres, l’accès à la contraception, l’organisation d’un réseau d’avocats bénévoles, ou encore d’assurer la protection des cliniques mobiles pratiquant l’IVG aux frontières de ces États, des femmes, des médecins ou des parties tiers impliquées dans une IVG. Certaines lois des États pro-choix pénalisent en effet toute personne ayant eu recours ou aidé une femme à avorter.

    Le jour de la décision de la Cour suprême, qui a choisi de renverser l’arrêt Roe v. Wade, Joe Biden avait fustigé une “erreur tragique”. Mais depuis, le démocrate de 79 ans est resté plus ou moins silencieux sur le sujet, s’attirant des critiques toujours plus virulentes dans son propre camp, le parti démocrate , qui voudrait des actions plus spectaculaires ou à défaut une communication plus agressive. Il doit s’exprimer sur ses mesures en fin d’après-midi.

    À voir également aussi sur le Huffpost: Les États-Unis (un peu plus) divisés après la révocation du droit à l’avortement

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      IVG: Les eurodéputés veulent en faire un droit fondamental de l'UE

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 7 July, 2022 - 12:36 · 1 minute

    Les eurodéputés demandent à faire de l'IVG un droit fondamental de l'UE Les eurodéputés demandent à faire de l'IVG un droit fondamental de l'UE

    IVG - Une initiative forte. Ce jeudi 7 juillet, le Parlement européen a demandé que le droit à l’ avortement soit inscrit dans la charte des droits fondamentaux de l’ Union européenne après sa remise en cause par la Cour suprême aux États-Unis fin juin.

    “Toute personne a le droit de bénéficier d’un avortement sûr et légal”: par 324 voix (155 contre, 38 abstentions), les eurodéputés, réunis en session plénière à Strasbourg, ont décidé de demander au Conseil, qui représente les États membres, d’inscrire ce droit dans la charte des droits fondamentaux.

    La Pologne et Malte pourraient refuser

    Cette dernière, adoptée en 2000, contient 54 articles pour protéger les valeurs universelles et individuelles des citoyens: la dignité, la liberté, l’égalité, la solidarité, la citoyenneté et la justice. Intégrer un nouvel article requiert toutefois l’unanimité des membres, qui ne sera pas si simple à obtenir. Malte, par exemple, interdit l’IVG et la considère comme un crime, et la Pologne la restreint drastiquement.

    Après l’annonce choc des États-Unis, où chaque État peut maintenant choisir s’il légalise ou non l’avortement, le Haut Conseil à l’Égalité, instance consultative indépendante placée auprès de la Première ministre, avait déjà préconisé d’inscrire ce droit dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ainsi que dans la Constitution française.

    Le parti présidentiel LREM et la NUPES à gauche ont chacun déposé une proposition de loi dans ce but. 81% des Français se disent favorables à l’ inscription du droit à l’avortement dans la Constitution, selon une étude Ifop pour la Fondation Jean Jaurès.

    À voir également aussi sur le Huffpost: Aux États-Unis, les pro-IVG se mobilisent en invitant les femmes à venir “camper” là où c’est légal

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      Avortement aux États-Unis: l'unique clinique du Mississippi qui pratiquait l'IVG ferme

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 7 July, 2022 - 07:18 · 3 minutes

    La clinique Jackson Women's Health Organization, qui pratiquait l'IVG, a fermé ses portes le 6 juillet 2022. La clinique Jackson Women's Health Organization, qui pratiquait l'IVG, a fermé ses portes le 6 juillet 2022.

    ÉTATS-UNIS - La fermeture est définitive. L’unique clinique pratiquant des interruptions de grossesse dans l’État du Mississippi , au cœur de la volte-face historique de la Cour suprême américaine sur l’avortement , a fermé ses portes mercredi 6 juillet pour la dernière fois.

    L’établissement “Jackson Women’s Health Organization”, surnommé la “Maison rose” en raison de la couleur de ses murs, a réalisé ses dernières interventions avant l’entrée en vigueur, ce jeudi 7 juillet, d’une loi interdisant toutes les IVG dans cet État pauvre et conservateur du Sud.

    “C’est une journée très dure pour nous et pour la dernière clinique d’avortement du Mississippi”, a tweeté le “Pink house fund” qui recueille des donations pour assurer le fonctionnement de l’institution. “C’est notre dernier jour à nous battre contre tout et à offrir des IVG là où personne d’autre ne pouvait ou ne voulait le faire. Nous sommes fiers du travail accompli”, a-t-il ajouté.

    Jusqu’à 10 ans de prison dans le Mississippi

    La clinique a, bien malgré elle, gagné une notoriété internationale en étant à l’initiative de la procédure judiciaire ayant débouché, le 24 juin, sur la décision de la Cour suprême d’enterrer son arrêt Roe v. Wade qui, depuis 1973, garantissait le droit des Américaines à avorter.

    L’établissement avait en effet porté plainte contre une loi du Mississippi qui réduisait les délais légaux pour avorter. La haute juridiction, profondément remaniée par Donald Trump qui a permis son ancrage à droite, s’est servie de ce dossier pour rendre à chaque État la liberté d’annuler ou d’interdire les IVG sur leur sol.

    Treize États avaient anticipé ce changement de pied et adopté des lois conçues pour entrer immédiatement en vigueur.  Selon le Guttmacher institute, la moité des États américains ont déjà interdit l’IVG ou envisagent de le faire.

    Celle du Mississippi, adoptée dès 2007, est assortie de peines pouvant aller jusqu’à dix ans de prison en cas d’infraction et ne prévoit d’exception qu’en cas de danger pour la vie de la mère, mais pas de viol ou d’inceste. La Maison rose avait demandé à la justice locale de bloquer cette loi mais les tribunaux ont refusé, ne lui laissant plus d’autre choix que de fermer.

    Quatre cliniques fermées au Texas

    La plupart des États voisins étant tout aussi hostile à l’avortement, les femmes enceintes du Mississippi ne souhaitant pas poursuivre leur grossesse devront avoir recours, seules, à la pilule abortive ou parcourir des centaines de kilomètres pour avorter en Illinois.

    Ailleurs dans le pays, plusieurs autres établissements ont mis la clé sous la porte. Le groupe Whole Woman’s Health a ainsi annoncé mercredi fermer ses quatre cliniques du Texas pour en ouvrir une nouvelle dans l’État voisin du Nouveau-Mexique.

    La seule clinique du Missouri à Saint-Louis, gérée par l’organisation Planned Parenthood, a également cessé toute procédure, dès le 23 juin. Des batailles légales ont retardé l’échéance en Louisiane, par exemple, mais, à terme, l’accès à l’avortement devrait disparaître dans la moitié des États américains.

    À l’inverse, d’autres États qui vont devenir des “sanctuaires” pour les femmes souhaitant avorter -et ayant les moyens- veulent à tout prix renforcer la protection du droit à l’IVG. La Californie, New-York ou encore le Vermont réfléchissent à entériner ce droit dans leur constitution.

    À voir également aussi sur le Huffpost: Les défenseurs de l’avortement aux États-Unis appellent à faire du “camping”

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      Inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution? 81% des Français sont pour selon cette étude

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 5 July, 2022 - 14:46 · 3 minutes

    Des manifestants pro-IVG lors d'un rassemblement demandant à ce que le droit à l'avortement soit protégé par la Constitution, en France, le 2 juillet 2022. Des manifestants pro-IVG lors d'un rassemblement demandant à ce que le droit à l'avortement soit protégé par la Constitution, en France, le 2 juillet 2022.

    IVG - 81%. C’est la part de Français qui se disent favorables à l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution française , selon une étude Ifop pour la Fondation Jean Jaurès, publiée ce 5 juillet 2022. Parmi eux, 48% se disent même “très favorables” à cette inscription. Des chiffres qui témoignent du consensus des Français autour de la question de la constitutionnalisation du droit à l’IVG, loin de la division américaine sur le sujet .

    Intitulée “Le rapport des Français à l’ avortement et la question de l’inscription de l’IVG dans la constitution française”, l’enquête a été réalisée auprès d’un échantillon de 1009 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir d’un questionnaire auto-administré en ligne du 28 au 29 juin 2022.

    77% des Français jugent utile une telle inscription

    L’enquête résonne aussi particulièrement avec l’actualité politique française, alors que LREM et la Nupes ont chacune déposé une proposition de loi visant à constitutionnaliser le droit à l’accès à l’interruption médicale de grossesse (IVG), suite au revirement de la Cour suprême américaine sur le sujet.

    Et cela pèse peu qu’il s’agisse de propositions émanant à la foi de la majorité et de l’opposition, puisque l’étude de l’Ifop souligne en effet que ce taux d’adhésion est élevé quel que soit le bord politique des personnes interrogées.

    Dans le détail, 91% des électeurs de Yannick Jadot à l’élection présidentielle se disent favorables à une constitutionnalisation du droit à l’IVG, 85% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, 87% des électeurs de Emmanuel Macron, 80% des électeurs de Marine Le Pen et 77% des électeurs de Valérie Pécresse. Les électeurs de Eric Zemmour partagent, quant à eux, cette position à 59%.

    77% des Français jugent également “utile” cette inscription, un chiffre qui monte jusqu’à 91% pour les personnes se percevant comme très féministes. Pour autant, seuls 31% des Français estiment possible que le droit à l’avortement puisse être remis en cause dans un avenir proche en France. Une large majorité (56%) estime donc ce droit définitivement acquis.

    Un large consensus autour du droit à l’IVG

    L’étude de l’Ifop souligne par ailleurs plus largement le consensus autour du droit à l’avortement en France. 83% des Français jugent en effet positivement l’autorisation de l’IVG par la loi française. Parmi eux, 64% considèrent que c’est “une très bonne chose”, un chiffre en hausse de 16 points par rapport à une étude similaire réalisée pour le magazine Marie-Claire en juillet 1995.

    De la même façon, 78% des Français estiment qu’une femme doit pouvoir avorter librement. L’enquête Ifop rappelle à ce sujet une étude Ipsos de 2020, laquelle avait montré que 66% des Français estimaient qu’une femme devait avoir le droit d’avorter librement, contre 35% des Américains.

    “La résurgence du débat sur la constitutionnalisation de l’IVG met bien en exergue le “gap” culturel entre les deux nations: la société française étant tellement sécularisée que les discours “pro-Life” n’impriment pas vraiment au-delà des milieux religieux [...]. L’opinion publique française reste l’une des plus attachées à l’avortement”, observe François Kraus, directeur du pôle Politique et Actualités de l’Ifop, dans le compte-rendu de l’étude .

    Un chiffre peut-être tranche avec le reste de l’étude: ils sont encore 13% des sondés, à penser qu’une femme doit avoir le droit d’avorter seulement dans certaines circonstances, lorsque la grossesse résulte d’un viol par exemple.

    A voir également sur Le HuffPost: “Aux Etats-Unis, les pro-IVG se mobilisent en invitant les femmes à venir “camper” là où c’est légal”