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      2023 : fin de l’hégémonie du dollar américain ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 25 January, 2023 - 12:00 · 7 minutes

    Si l’Histoire nous enseigne quelque chose, c’est qu’un empire ne peut tenir dans la durée que grâce à deux éléments clés : son armée et sa monnaie.

    Son armée, car l’empire doit être capable de protéger son territoire et de conquérir de nouvelles terres pour s’étendre ; et sa monnaie car c’est avec elle qu’il paye ses militaires et c’est par elle qu’il entendra échanger des richesses avec ses vassaux. Dans ces deux domaines, un empire voulant durer doit mettre en place des mesures pour maintenir la stabilité à la fois militaire et économique .

    De ce point de vue, ce qui se passe actuellement du côté américain impose quelques questions : l’usage du dollar et la puissance qui lui est attachée semblent nettement amoindris par les récents événements en Europe et dans le reste du monde.

    En Europe, le conflit ukrainien a fortement fait bouger les lignes : malgré la pluie drue de sanctions que son intervention en Ukraine a provoquée, il apparaît que la Russie n’est plus aussi dépendante des systèmes financiers occidentaux qu’elle ne l’était en 2014, date des derniers trains de sanctions et qui lui ont apparemment laissé le temps de s’organiser. Actuellement, l’économie russe est loin d’un effondrement (alors qu’on est en droit de se poser la question concernant les économies européennes par comparaison).

    Et ce qui se passe dans le reste du monde accentue l’impression d’un changement tectonique majeur au niveau de la monnaie américaine : l’Arabie saoudite, pourtant partenaire de longue date des Américains et pilier de la puissance du pétrodollar, semble résolument se tourner vers la Chine en acceptant ouvertement des paiements en d’autres devises que le dollar pour l’acquisition de son pétrole.

    La nouvelle peut ne pas sembler fraîche : dès 2018, la Chine introduisait des contrats pétroliers cotés en yuan dans le cadre de ses efforts pour internationaliser sa monnaie, bien que 80 % des transactions pétrolières mondiales soient encore effectuées en dollars américains. Et dès mars 2022, des discussions s’ouvraient entre la Chine et l’Arabie saoudite à ce sujet pour envisager le paiement du pétrole directement en rial saoudien voire en devise chinoise.

    Il faut en effet se rappeler que ce rial saoudien est rattaché au dollar américain depuis des décennies tandis que les exportations de pétrole saoudien continuent de soutenir le système du pétrodollar des années 1970, dans lequel le premier exportateur mondial de pétrole fixe le prix de son brut en dollars américains.

    Alors qu’il se murmurait déjà depuis quelques années que le nouveau pouvoir saoudien envisageait d’ouvrir ses exportations pétrolières à d’autres devises, les événements en Ukraine ont largement précipité ces projets : depuis, l’Arabie saoudite semble vouloir couper totalement les liens avec le dollar américain et se tourner vers la Chine.

    La question est loin d’être marginale : quelque 25 % des importations de pétrole de la Chine (sur un total d’environ 10,5 millions de barils par jour) proviennent d’Arabie saoudite, le reste étant livré principalement par la Russie, l’Irak et l’Angola. Le royaume, qui exporte en moyenne 6,2 millions de barils par jour, figure également parmi les principaux fournisseurs de brut du Japon et de l’Inde.

    En outre, cette question se pose avec une insistance croissante à mesure que les pays occidentaux tentent de faire valoir leurs points de vue de façon de plus en plus autoritaire aux pays producteurs : depuis les sanctions imposées au Venezuela, puis à l’Iran et maintenant à la Russie, les pays émergents sont devenus moins dépendants des États-Unis. Pour les Saoudiens, la méfiance est encore plus ancienne, notamment depuis que le prince héritier Mohammed ben Salmane a été ostracisé par l’administration Biden qui l’accusait d’avoir fomenté l’assassinat du journaliste dissident Jamal Kagoshi, distendant de façon évidente les relations entre Washington et Riyad ; les demandes de Biden à l’Arabie saoudite d’augmenter sa production pour faire baisser le prix du baril de brut n’ont pas été suivies du moindre effet et pire, la production a même été réduite dans ce qu’on peut qualifier de véritable camouflet infligé au président américain.

    Cet alignement progressif de l’Arabie avec la Chine et la Russie est encore plus compréhensible lorsqu’on apprend que la Kingdom Holding d’Arabie Saoudite a investi 500 millions de dollars dans les trois principales sociétés énergétiques russes quasiment au moment où la guerre en Ukraine a commencé .

    Dès lors, on ne pourra pas être surpris par les déclarations de Xi sur la mise en place de swaps rial/yuan lors de son voyage officiel en Arabie Saoudite en décembre dernier :

    The Shanghai Petroleum and Natural Gas Exchange platform will be fully utilized for RMB (renminbi) settlement in oil and gas trade.
    (La plateforme de bourse Pétrole & gaz naturel de Shanghai sera pleinement utilisée pour le règlement en renminbi dans le commerce du pétrole et du gaz)

    Et comme ceci s’ajoute aussi aux velléités logiques et officielles de la Russie (et de l’Inde) de ne plus commercer en dollar , une part croissante des échanges mondiaux de pétrole ne va plus se faire en dollars mais dans d’autres devises.

    De façon évidente, là où les Américains pouvaient prétendre forcer certains pays à conserver le dollar comme monnaie d’échange internationale, il ne peut en aller de même avec la Chine qui constitue un adversaire plus dangereux. Si, au début des années 2000, l’hégémonie financière et militaire américaine ne faisait aucun doute, il en va maintenant tout autrement et l’Oncle Sam sait qu’il doit réfléchir à toute position réellement belliqueuse contre l’Empire du Milieu.

    Ceci devrait avoir plusieurs effets notoires sur le dollar américain.

    La demande pour ce dernier s’amenuisant avec la disparition rapide du pétrodollar, et l’offre actuelle étant plus importante que jamais, il semble assez clair que la valeur du dollar va s’effondrer dans un avenir proche.

    Ceci va se traduire par une augmentation des prix du baril de pétrole ; actuellement autour de 80 dollars, il n’est pas invraisemblable de le voir rapidement grimper au-delà des 120 dollars, ce qui renchérira les biens et produits importés de l’étranger vers les États-Unis et vers l’Europe, ainsi que les biens produits localement dont la production dépend ultimement du prix de l’énergie. L’inflation constatée actuellement n’est qu’en partie seulement la résultante de cet effet ; on peut raisonnablement s’attendre à d’autres hausses de prix, plus fortes celles-là, lorsque le pétrodollar deviendra marginal.

    Si l’on poursuit le raisonnement, la forte demande en actions et bons américains étant en bonne partie pilotée par le besoin des pays étrangers d’investir les dollars dont ils disposent, le pivot vers le pétroyuan pourrait favoriser les entreprises chinoises avec un afflux de nouveaux capitaux extraits des bourses occidentales. L’impact sur les bons du trésor américains pourrait être important : la baisse de leur demande se traduira mécaniquement par une augmentation de leurs taux d’intérêts, ce qui pourrait plonger l’économie américaine et, par ricochet, toutes les économies occidentales, dans une récession marquée. Les pays aux finances saines s’en sortiront mieux que les autres (surprise : la France n’en fait pas partie).

    Au passage, notons que la baisse des cours des actions et de la valeur du dollar devrait normalement aussi se traduire en une hausse notable des valeurs des matières premières comme l’or, l’argent et, logiquement, des cryptomonnaies…

    La situation économique américaine et occidentale largement dégradée ne laisse ensuite rien présager de bon : une telle transition internationale ne pourra se passer sans douleurs et à ce titre, un ou plusieurs conflits majeurs ne sont pas à écarter.

    À plus ou moins brève échéance, la fin du pétrodollar ne fait plus guère de doute.

    Si l’année 2022 vous a paru bien pleine de rebondissements, l’année 2023 pourrait lui tenir la dragée haute…

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      Les Centres de progrès (28) : New York (finance)

      Chelsea Follett · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 15 January, 2023 - 03:40 · 11 minutes

    Un article de Human Progress

    Alors que de nombreuses grandes villes étaient en ruines après la Seconde Guerre mondiale, New York a acquis une nouvelle importance mondiale et a même dépassé la position centrale de Londres sur les marchés financiers internationaux. Elle est rapidement devenue le siège de Wall Street la bourse la plus grande et la plus prestigieuse du monde et a changé à jamais la finance. Wall Street est souvent considérée à la fois comme un symbole et comme le centre géographique du capitalisme.

    Aujourd’hui, la ville de New York est la ville la plus peuplée des États-Unis, avec plus de 8 millions d’habitants. Et avec plus de 20 millions d’habitants, la zone métropolitaine de New York est l’une des mégapoles les plus peuplées du monde.

    Dans la psyché américaine, New York représente une opportunité. Ellis Island a été la porte historique par laquelle de nombreux immigrants sont arrivés dans le pays au cours des XIX e et XX e siècles et New York reste une destination populaire pour les immigrants aux États-Unis. En fait, c’est peut-être la ville la plus « linguistiquement diverse » du monde avec des centaines de langues parlées sur son territoire.

    C’est également à New York que les Américains ambitieux de tous bords se rendent traditionnellement pour se faire un nom dans des secteurs aussi divers que l’écriture, le théâtre, le commerce, la mode, les médias, la banque d’investissement, etc. Et ceux qui réussissent restent souvent dans la région. New York compte plus de résidents milliardaires que toute autre ville. Les surnoms de la métropole sont nombreux : la ville qui ne dort jamais, la Grosse Pomme, Gotham, la capitale du monde (popularisée par l’auteur de Charlotte’s Web , E.B. White), la plus grande ville du monde et dans la région environnante, simplement la ville.

    L’importance culturelle et économique de New York est difficile à estimer. La ville est un lieu touristique populaire où l’on trouve l’emblématique Statue de la Liberté, l’imposant Empire State Building, le célèbre quartier des théâtres de Broadway et l’effervescence de Times Square où se déroule le célèbre lâcher de ballons de la Saint-Sylvestre. À ce titre, New York a été qualifiée de ville la plus photographiée du monde. On estime que si la région métropolitaine de New York était un pays, elle aurait la huitième plus grande économie du monde (un rang actuellement occupé par l’Italie). La ville est également un centre de recherche qui abrite plus d’une centaine de collèges et d’universités dont l’université de New York, l’université Columbia et l’université Rockefeller.

    La géographie de la ville l’a peut-être destinée à être un centre du commerce. Situé dans l’un des plus grands ports naturels du monde, le site où se trouve aujourd’hui New York était un lieu logique pour l’implantation humaine. À l’origine, la région était habitée par le peuple Lenape et d’autres tribus amérindiennes. Ils utilisaient les voies navigables naturelles pour la pêche, le commerce et la guerre avec les tribus voisines. Le premier Européen à visiter le site fut un Italien, Giovanni da Verrazzano, qui explorait la région au service des Français, en 1524. Il a baptisé la région « Nouvel Angoulême », en l’honneur du roi français François Ier (qui s’appelait François d’Angoulême avant de monter sur le trône de France) et est reparti rapidement.

    Puis, en 1609, l’explorateur anglais Henry Hudson (l’homonyme de la baie d’Hudson) est arrivé. Lui aussi est vite reparti mais pas avant d’avoir remarqué l’importante population de castors. Les peaux de castor étaient une denrée précieuse. La nouvelle de la découverte d’Hudson s’est rapidement répandue et a incité les Hollandais à fonder plusieurs postes de traite des fourrures dans la région au début du XVII e siècle. Parmi ceux-ci en 1624 il y avait une colonie dans ce qui est aujourd’hui Manhattan, initiée par la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales. En 1626, les Hollandais avaient construit Fort Amsterdam qui allait servir de noyau à la ville jusqu’à la démolition du fort en 1790. La ville a été nommée de manière appropriée New Amsterdam et a servi de capitale aux colonies néerlandaises locales collectivement baptisées New Netherland. Aujourd’hui encore, plusieurs noms de quartiers conservent des origines néerlandaises, notamment Harlem et Brooklyn (à partir de Breukelen).

    Bien qu’elle se soit soldée par une victoire néerlandaise, la deuxième guerre anglo-néerlandaise (1665-1667) a permis aux Britanniques de prendre le contrôle de la ville dans le cadre d’un traité. En échange les Britanniques cèdent aux Néerlandais ce qui est aujourd’hui le Suriname ainsi que Run, une petite île produisant des noix de muscade dans ce qui est aujourd’hui l’Indonésie. À l’époque, il semblait que les Néerlandais avaient fait une bien meilleure affaire que les Britanniques : la noix de muscade était extrêmement précieuse et le complexe insulaire qui comprend Run était célèbre en Europe alors que la Nouvelle-Amsterdam était un avant-poste relativement obscur. « Peu de gens auraient cru qu’un petit village de commerçants sur l’île de Manhattan était destiné à devenir la métropole moderne de New York », selon l’historien australien Ian Burnet.

    Après l’échange, la Nouvelle-Amsterdam a été rapidement rebaptisée New York issue du titre de duc d’York du frère du roi d’Angleterre. C’est lui qui a mené la campagne de conquête de la ville pendant la guerre. La ville s’est rapidement développée. En 1700, New York comptait une population de près de 5000 habitants. Au moment de l’indépendance américaine en 1776, la population de New York était d’environ 25 000 habitants. En 1800, la ville comptait environ 60 000 habitants. Stimulée par l’immigration, elle en comptait bien plus de 3 millions en 1900.

    La ville de New York a pris son importance centrale dans la période d’après-guerre. Les Allemands n’ont jamais donné suite à leur projet de la bombarder, jugeant l’opération trop coûteuse. Ainsi épargnée par la largeur protectrice de l’océan Atlantique, New York est sortie de la Seconde Guerre mondiale non seulement indemne mais prospère et prête à dominer le monde des affaires et de la culture.

    À la fin des années 1940, New York était devenue le plus grand centre manufacturier du monde, avec 40 000 usines, un million d’ouvriers et le port le plus actif du monde qui traitait 150 millions de tonnes de marchandises par an. New York est soudainement devenue la ville de prédilection de nombreuses grandes entreprises internationales dont Standard Oil, General Electric et IBM. Le surnom de « Headquarters City » s’ajoute à la collection de surnoms de la métropole. Même les Nations Unies, qui venaient d’être créées avaient leur siège à New York (construit de 1947 à 1952).

    En 1947 l’écrivain britannique J. B. Priestley se souvient :

    « Le New York d’il y a 40 ans était une ville américaine mais la cosmopolis étincelante d’aujourd’hui appartient au monde, si le monde ne lui appartient pas ».

    La ville a hérité du rôle de Paris en tant que centre du monde de l’art et de la mode. New York est un refuge pour les artistes étrangers fuyant l’Europe déchirée par la guerre, comme le peintre néerlandais Piet Mondrian (1872-1944) et un foyer de créativité pour des artistes américains révolutionnaires comme Jackson Pollock (1912-1956). L’influence musicale de la ville s’est également développée rapidement, des interprétations influentes de la musique classique par l’orchestre philharmonique de New York au Carnegie Hall au bebop, la nouvelle forme de musique créée dans les boîtes de nuit de Harlem qui allait prendre le monde d’assaut.

    Par-dessus tout, la ville était au centre de la mondialisation de l’après-guerre. L’écrivain britannique Beverly Nichols a décrit l’état de la mégapole en 1948 :

    « On avait le sentiment que New York était une grande ville internationale vers laquelle toutes les extrémités du monde s’étaient rendues. Londres était comme ça mais d’une certaine manière on l’avait oublié tant il y a longtemps que les Hispanos et les Isotas [voitures de luxe d’Espagne et d’Italie, respectivement] avaient glissé sur Piccadilly, tant il y a d’années que les fruits tropicaux brillaient dans les vitrines de Bond Street. En venant de ce genre de Londres en Amérique, autrefois, New York avait semblé tout simplement américaine ; pas typique du continent, peut-être, mais américaine avant tout. Maintenant, c’était le centre du monde. »

    C’est ainsi que New York, nouvellement internationalisée, est devenue la capitale financière du monde et le siège des deux plus grandes bourses du monde : le New York Stock Exchange et, plus tard, la National Association of Securities Dealers Automated Quotations (NASDAQ).

    Depuis ses humbles origines en 1792, lorsque 24 courtiers ont signé l’accord de Buttonwood, établissant ainsi une opération de négociation de titres dans la ville, la bourse de New York a prospéré face à l’adversité. La guerre civile américaine (1861-1865) a contribué à l’expansion du quartier financier en favorisant le commerce des valeurs mobilières et la bourse a déménagé à son emplacement actuel, au 11 Wall Street, en 1865. Mais c’est la Seconde Guerre mondiale qui a permis à la bourse d’acquérir une importance mondiale inégalée.

    Les cartes de crédit font également partie des innovations financières de l’après-guerre à New York. En 1946, un banquier du nom de John Biggins a eu l’idée de créer des cartes de crédit utilisables dans différents magasins du quartier de Brooklyn à New York. Les commerçants pouvaient déposer les tickets de caisse à la Flatbush National Bank de Biggins qui facturait ensuite les détenteurs de cartes.

    En 1989, une statue de bronze emblématique connue sous le nom de Charging Bull ou Wall Street Bull a été érigée dans le Financial District de Manhattan pour représenter le capitalisme et la prospérité. (un jeu de mot sur le terme « bull market » qui désigne les tendances positives du marché).

    En tant que symbole du capitalisme, Wall Street est devenu la cible du mouvement de protestation anticapitaliste « Occupy Wall Street » en 2011. Les manifestants s’inquiétaient des inégalités économiques, craignant que la prospérité créée par le système de marché ne soit pas largement partagée. En réalité, les Gordon Gekko-types ne sont guère les seuls bénéficiaires des marchés financiers. Wall Street joue un rôle inestimable dans tous les domaines, qu’il s’agisse de faciliter la retraite des Américains ordinaires grâce à leurs plans 401 ou de financer des innovations prometteuses, ce qui a pour effet d’élargir le gâteau économique et d’augmenter le niveau de vie. Comme l’a dit mon ancien collègue et avocat spécialisé dans les valeurs mobilières, Thaya Brook Knight :

    « Au fond, voici ce que fait Wall Street : elle s’assure que les entreprises qui font des choses utiles obtiennent l’argent dont elles ont besoin pour continuer à le faire. Aimez-vous votre smartphone ? Est-ce qu’il vous facilite la vie ? La société qui a fabriqué ce téléphone a obtenu l’argent nécessaire pour développer le produit et le mettre en vente dans le magasin où vous l’avez acheté, avec l’aide de Wall Street. Lorsqu’une entreprise veut se développer, fabriquer un nouveau produit ou améliorer ses anciens produits, elle a besoin d’argent et elle obtient souvent cet argent en vendant des actions ou des obligations. Cela aide ces entreprises, l’économie au sens large et les consommateurs en général. »

    La ville de New York reste le premier centre financier du monde et le cœur de l’industrie financière américaine, au point que « Wall Street » est devenu un raccourci pour désigner le capitalisme financier lui-même. Si beaucoup considèrent toujours Wall Street comme le centre financier mondial, les nouvelles technologies ont permis de décentraliser de plus en plus l’investissement. Aujourd’hui, n’importe qui peut acheter et vendre des actions à l’aide d’un smartphone tout en profitant du confort de son domicile, et des forums Internet portant des noms tels que Wall Street Bets peuvent rivaliser avec les traders de Wall Street au sens propre. Cependant, tous ceux qui partagent les avantages économiques du secteur financier devraient remercier la ville de New York d’avoir porté la banque à de nouveaux sommets. C’est à juste titre notre vingt-huitième Centre du progrès.

    Traduction Contrepoints

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      Pouvoir d’achat, inflation, monnaie et capitalisme du gaspillage

      Henry Bonner · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 14 January, 2023 - 04:00 · 5 minutes

    Comme écrit mon associée Simone Wapler : « La perte de pouvoir d’achat est un phénomène monétaire et politique. Le dollar n’est pas fort, il est seulement moins faible que d’autres devises. La seule monnaie « apatride » qui ne soit pas gouvernée par la politique reste l’or. »

    Les médias nous content actuellement que le dollar est fort. Les autres monnaies – yen, livre, euro – achètent moins de dollars qu’auparavant, plus précisément depuis que la Fed a commencé à relever ses taux d’intérêt. Le dollar serait donc une monnaie forte. L’embêtant est que cette monnaie forte achète moins de choses. Dit autrement son pouvoir d’achat diminue.

    Commençons par deux graphiques de l’évolution du pouvoir d’achat du dollar. Lorsque le pouvoir d’achat baisse un billet ou une pièce permet d’acheter moins de choses. Comme le « pouvoir d’achat » en monnaie enregistre une baisse continue depuis un siècle, il serait plus juste de dire « érosion monétaire ».

    Un pouvoir d’achat qui fond comme neige au soleil

    Voici d’abord l’évolution de la baisse du pouvoir d’achat d’un consommateur américain habitant dans une grande ville depuis 1913, date de ces premières statistiques.

    Évolution du pouvoir d’achat du dollar de 1913 à novembre 2022

    Après deux guerres mondiales, le pouvoir d’achat du dollar a été divisé par 2,5, passant d’un peu plus de 1000 à 400.

    Ensuite, sans guerre mondiale, la glissade a continué. Entre les années 1950 et 1980, le pouvoir d’achat passe de 400 à 100. Nouvelle division par 4.

    Après 1980, ce graphique donne l’illusion que la débâcle est terminée. Cette illusion se dissipe lorsqu’on adapte l’échelle pour y voir un peu plus clair.

    Évolution du pouvoir d’achat du dollar de 1980 à novembre 2022

    De 130 en 1980, le pouvoir d’achat du dollar se réduit à 33,6 en novembre 2022 (date de la dernière statistique de la Réserve fédérale). Une nouvelle division par 3,87…

    Le dollar n’est donc pas une monnaie forte. D’ailleurs, les taux directeurs décidés par la Fed sont en dessous de l’inflation : en souscrivant à un emprunt en dollars, vous recevez aujourd’hui 4,50 % d’intérêt mais l’indice de hausse des prix se situe à 7,10 %. Si le citoyen urbain américain décide de ne pas consommer tout de suite, il perd du pouvoir d’achat…

    L’érosion se poursuit donc pour le dollar. Simplement, elle est moins rapide que celle que subissent les autres monnaies. Les citoyens urbains du vaste monde sont encore moins bien lotis et notamment ceux dont la monnaie est l’euro.

    La baisse du pouvoir d’achat est la conséquence de l’inflation monétaire

    Tous les banquiers centraux jurent la main sur le cœur qu’ils ont le souci de la valeur de la monnaie qu’ils gèrent et de la stabilité des prix.

    C’est leur « mandat », disent-ils.

    Voici ce que vous pouvez lire sur la page d’accueil de la Banque centrale européenne :

    « Notre principale mission est de maintenir la stabilité des prix. Pour ce faire nous veillons à ce que l’inflation reste faible, stable et prévisible afin de vous aider à planifier vos dépenses et votre épargne ».

    Quelle aimable farce ! Reprenons point par point ce couplet.

    « Maintenir la stabilité des prix » : la Banque centrale européenne détermine-t-elle les prix ? Décrète-t-elle le prix d’un baril de pétrole, d’une tonne de riz, de l’acier, du cuivre ? Fixe-t-elle salaires et prix de vente ? Non.

    « Pour ce faire nous veillons à ce que l’inflation reste faible, stable et prévisible » : en toute rigueur, l’inflation n’est pas la hausse des prix, l’inflation est l’augmentation de la masse monétaire. L’inflation est forte, contrairement à ce qu’affirme la BCE.

    Évolution de la masse monétaire de la zone Euro depuis 20 ans

    Source

    La quantité de monnaie en circulation a presque quadruplé. Dans le même temps, la production de biens et services dans la zone euro n’a fait que doubler. Le rythme de la croissance monétaire est quatre fois plus élevé que le rythme de la croissance de la production de biens et services monnayables. Davantage de monnaie pour acheter les mêmes choses conduit nécessairement à augmenter le prix de ces choses.

    « vous aider à planifier vos dépenses et votre épargne » : on ne voit pas en quoi l’augmentation arbitraire et injustifiée de la masse monétaire nous aide à planifier nos dépenses. Quant à l’épargne, avec des taux d’intérêt nuls et administrés, le besoin de la planifier n’existe plus.

    Le financement d’un capitalisme du gaspillage

    Les banquiers centraux se moquent de nous. Ils sont en réalité au service d’un capitalisme dévoyé. Ils ne savent faire qu’une seule chose : créer de la monnaie qui est utilisée pour financer des objectifs politiques : dépenses sociales à des fins de clientélisme politique, orientations vers des investissements non rentables (énergies renouvelables, véhicules électriques, isolement de l’habitat, applications de normes inutiles,…). Ces investissements ne sont pas décidés par des clients libres de choisir mais contraints et forcés par la loi.

    L’avilissement de la monnaie est une tendance longue, c’est pourquoi nous conseillons de placer une partie de votre épargne à long terme en or. Souvenons-nous que les banques centrales conservent toujours de l’or dans leurs coffres. La dématérialisation de la monnaie n’est donc pas totale.

    Lorsque vous contemplez un graphique historique de l’évolution de l’or (cours en euro ou en dollar), vous pouvez constater que c’est une monnaie « apatride » qui échappe à l’érosion des devises.

    Évolution du cours de l’or en euro

    Source

    Ainsi, il vous fallait 300 euros en 2004 pour acquérir une once d’or.

    En 2022, il vous faut 1740 euros.

    La valeur de l’or a plus que quintuplé, compensant l’érosion de la monnaie due à la création monétaire de la Banque centrale européenne.

    Certes, l’évolution du cours de l’or n’est pas aussi régulière que celle de la masse monétaire comme en témoigne la période 2012-2018. Mais le rattrapage finit toujours par se produire. Les banquiers centraux peuvent créer de la monnaie mais pas du pain, de l’essence, de l’électricité, de la viande, des légumes, des maisons,… ou de l’or.

    Comme pour les énergies fossiles, nous restons confiants dans cette tendance longue.

    (Simone Wapler a rédigé cet article pour le blog d’Henry Bonner. Suivez-les en cliquant ici. )

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      Avoir des euros en banques c’est comme avoir des lunas chez FTX

      François Jolain · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 30 December, 2022 - 04:15 · 4 minutes

    Article disponible en vidéo ici .

    Après le covid et l’ Ukraine , les honnêtes gens sont priés de se scandaliser pour les déboires de la crypto comme Luna ou FTX. Il faut terroriser pour mieux réguler afin bien sûr qu’ils retrouvent le sommeil.

    Mais qu’est-ce qu’on reproche à ces scandales ? D’avoir créé une monnaie soi-disant stable, mais particulièrement fragile ? D’avoir joué avec les dépôts des particuliers ?

    Ne serait-ce pas hypocrite de condamner la crypto alors que ses dérives proviennent de la finance classique ?

    Affaire Luna

    Terra est un des nombreux projets qui voulait créer une blockchain 2.0 mieux que Bitcoin . Pour ce faire cette nouvelle blockchain était conçue autour de son token principal le Luna et un token stabilité à 1 dollar, le TerraUSD. Ce token devait toujours valoir 1 dollar car si le prix monte ils s’en créent davantage pour baisser le prix. S’il descend, la blockchain utilise le Luna pour acheter le TerraUSD puis le détruire. Ce fonctionnement est détaillé dans un précédent article .

    Ce mécanisme a bien fonctionné durant plusieurs années, ce qui a favorisé le développement de tout un écosystème sur la blockchain Terra. Puis le marché crypto a chuté et avec lui le Luna. Les personnes voulaient revendre en masse du Luna et du TerraUSD, l’algorithme ne parvient plus à stabiliser le prix du TerraUSD, la confiance des utilisateurs disparue, les liquidations massives envoyèrent tout le projet dans les abysses.

    En résumé, le mécanisme de stabilité du TerraUSD n’était qu’un leurre, car il repose exclusivement sur la confiance du Luna et de tout le projet Terra.

    Terra est juste le dernier échec d’une très longue série de fausse stabilité qui reposait sur une confiance des utilisateurs dans le système. Dès que les utilisateurs ont douté de la promesse, la monnaie s’est effondrée.

    Le mark papier de 1914 devait toujours valoir un mark or. En 1923, il fallait mille milliards de marks papier pour un mark or. En 1945, les États-Unis ont promis à Brettenwood que 35 dollars vaudrait toujours une once d’or. En 1971, ils mirent fin à leur promesse. Aujourd’hui une once d’or coûte 1800 dollars.

    En 1992, les pays européens devaient stabiliser leurs monnaies entre eux. La banque d’Angleterre s’est retrouvée en manque de liquidité pour stabiliser la livre. George Soros a profité de cette faiblesse pour mener une attaque , la livre sterling a dégringolé.

    Terra a répliqué la promesse de tout gouvernement :

    « Ma monnaie ne va jamais s’écrouler, vous pouvez avoir confiance ».

    Or c’est toujours l’inverse, c’est la confiance des citoyens qui donne une stabilité à la monnaie. Et comme beaucoup de monnaies sont créées n’importe comment, la confiance donc la stabilité sont en équilibre précaire.

    Affaire FTX

    FTX était une plateforme d’échange crypto. Des particuliers déposaient des liquidités pour acheter ou vendre diverses cryptomonnaies. FTX a utilisé les dépôts de ses clients pour investir sur des paris douteux. La rumeur sur de tels investissements s’est propagée, tout le monde a voulu retirer son argent. Or FTX avait bien perdu de l’argent de ses clients, il s’est retrouvé insolvable.

    Le fait qu’à un moment T, FTX n’avait plus la totalité des dépôts de ses clients est une situation courante dans les banques.

    Prenons l’exemple des investissements « sûrs », « garantis en capital » comme le livret A ou l’assurance vie compte en euro.

    Ces placements contiennent avant tout des obligations d’états notamment français . Le marché obligataire a connu une forte baisse de 20 % ces derniers mois. Les obligations se revendaient en dessous de leur prix d’achat. Les banques pouvaient-elles rembourser tous les dépôts des Français ?

    Malheureusement pour ceux qui préfèrent le simple compte courant, leurs dépôts ne sont pas non plus sûrs. La séparation des banques de dépôt et des banques d’affaires est dans le flou depuis 1984 et la loi 84-46 pour « moderniser » la finance. On ne sait donc pas vraiment où est l’argent de votre compte courant.

    De plus, il ne faut pas oublier que les banques de dépôt émettent des crédits avec le principe de réserve fractionnaire qui leur permet d’accorder plus de crédit que de dépôts. Habituellement ce ratio est de 8 %, ce qui signifie que si 8 % des prêts ne sont pas remboursés alors les clients de la banque perdent tous leurs dépôts.

    Enfin pour ceux qui ont entendu parler d’une garantie de 100 000 euros par établissement bancaire, sachez que le fonds de garantie est doté de 6 milliards d’euros soit 90 euros par Français.

    Comme toutes les banques FTX jouait avec l’argent de ses clients et espère qu’ils ne viendront pas retirer leur argent en même temps.

    Je ne voudrais pas insinuer que nos vénérables banques ne sont pas solvables. Avec leurs produits dérivés obscurs, les effets de levier, les réserves fractionnaires, assurances et réassurances, je n’en sais rien et je doute qu’elles-mêmes le sachent.

    En résumé, la monnaie Luna reposait sur les mêmes « garanties » que les monnaies fiat, FTX gérait l’argent aussi bien que les banques.

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      Inflation : le rôle de la dynamique salariale

      Philippe Aurain · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 9 December, 2022 - 03:30 · 3 minutes

    Par P. Aurain, M. Blanchet, C. Ponton.

    La reprise de l’activité économique post-crise de la Covid-19 et le conflit ukrainien ont entraîné une vive augmentation de l’inflation principalement associée à l’augmentation des prix de l’énergie. Les salaires commencent à présent à s’ajuster et font craindre l’émergence d’une spirale inflationniste où le surplus d’inflation serait progressivement entretenu par la dynamique salariale.

    Le rôle des déterminants de l’inflation dans la crise actuelle

    Pour comprendre le rôle des déterminants de l’inflation dans la crise actuelle, il convient de décomposer celle-ci ou plutôt un proxy de celle-ci que nous appellerons l’inflation des « prix intérieurs » ajoutant l’évolution des termes de l’échange au déflateur du PIB, (cf. Rebond « Faut-il craindre une spirale prix-salaire en France » des Études économiques de la Banque Postale). Cette analyse qui se base sur l’évolution de la rémunération des facteurs de production fait apparaître les résultats suivants au deuxième trimestre 2022, sur un an : 30 % de l’inflation des prix intérieurs (en brut, c’est-à-dire hors comportement de marges des entreprises) provient des « termes de l’échange » c’est-à-dire ici de la dégradation des prix des importations. Il s’agit ici de la prise en compte des prix énergétiques importés dont la hausse a été supérieure à celle des prix des produits exportés.

    48 % proviennent de la hausse des coûts salariaux (CSU). Si le chiffre est important, il ne suggère pas une spirale prix-salaires, dans le sens où la progression seule des salaires ne serait pas susceptible d’entretenir une hausse de l’inflation sur les niveaux actuels. Contrairement aux mécanismes observés lors des chocs pétroliers de 1973 et 1979, la mise en place des politiques de 1982 dites de « désindexation salariale » a depuis limité les risques d’une indexation des salaires sur les prix et par rétroaction d’augmentation de ces derniers. Les impôts de production accélèreraient l’inflation de 22 % (effet inflationniste de l’assiette de l’impôt). Enfin, point important, l’évolution des marges des entreprises baisserait l’inflation brute de 37 %. Autrement dit, l’inflation aurait été significativement plus élevée sans la baisse des marges. Mais l’analyse ne s’arrête pas là.

    En séparant les marges des entreprises de deux secteurs (services de transport et énergie) de celles des autres secteurs, on observe que les premières ont élevé l’inflation brute de 29 % alors que les secondes l’ont baissé de 66 %. Autrement dit, deux secteurs ont vu leurs marges augmenter très significativement, ce qui a gonflé l’inflation, alors que tous les autres ont en moyenne connu une forte baisse des leurs et pour un montant plus important ce qui a globalement fait baisser l’inflation.

    Il est donc important de distinguer les entreprises pour lesquelles le contexte a été porteur de celles qui en ont souffert fortement (hausse des prix de l’énergie, des salaires) et qui ont vu leur profitabilité s’éroder.

    Pour ces dernières, le niveau de marges est proche du point bas des années 1980, post choc pétrolier. Le risque de voir leur viabilité économique remise en cause et leurs investissements être fortement réduits est dorénavant considérable. Pour le futur proche, il faut donc reconstituer ces marges. Ce mécanisme nécessaire sera inflationniste. Par ailleurs, les effets de latence des renégociations salariales entraîneront également un soutien de l’inflation en 2023. Ainsi, même si les prix de l’énergie venaient à refluer, il faut probablement s’attendre à la persistance d’une inflation plus élevée que celle des années pré-crises.

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      Finance : des remontées du marché étonnantes

      Karl Eychenne · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 6 December, 2022 - 03:40 · 2 minutes

    Je ne sais pas si c’est encore la peine d’écrire à ce sujet.

    Que les marchés montent ou baissent, puis remontent, etc., ne surprend plus personne. Mais moi je reste surpris. Qui s’étonne encore que les marchés s’étonnent n’a décidemment rien compris à la finance. Je n’ai donc rien compris à la finance .

    L’investisseur s’étonnera toujours de ce qu’il voit ou entend, ânerie ou pas. L’investisseur c’est un peu Richard Anconina dans Itinéraire d’un enfant gâté . Jean-Paul Belmondo a beau le prévenir qu’il va lui balancer une absurdité, Richard ne peut s’empêcher de s’étonner : « C’est étonnant, mais cela ne doit pas t’étonner ». Sauf que ça l’étonne quand même. C’est plus fort que lui. L’investisseur s’étonne du moindre chiffre, mot, ou geste. L’hystérie n’est jamais très loin, le rut ou le désespoir sont aussi convoqués parfois.

    Pourtant, je ne me résous pas à l’hébétude des marchés. Je récuse l’éternel émerveillement de l’investisseur face à l’évènement. Je n’accepte pas ce statut d’éternel innocent. Comme inapte à la sagesse, il échouerait invariablement à apprendre de ses errements passés, condamné à l’acte manqué ? Impossible.

    Et pourtant et pourtant, il faut vraiment que je me fasse une raison. J’ai tout essayé, la rationalité limitée , la théorie des perspectives , les narrative economics , l’ exubérance irrationnelle , voire même de variations rationnelles des primes de risque … Après tant d’années, la seule conclusion qui me semble évidente c’est qu’il n’y en a pas. Les conditions de possibilité d’un discours cohérent sont quasi-nulles en vérité. Les théoriciens de la finance sont réduits à garder le temple, juste des vestales qui tentent de justifier le son par du sens. Il ne faut pas chercher à percer le mystère car il n’y a rien derrière le rideau.

    Nulle critique complotiste envers un scientisme excessif, juste une tentative de remettre les choses à leur place. La science éclaire ce qui est obscur, pas l’invisible. Or, il se pourrait bien que la finance de marché fasse davantage preuve d’absence d’intelligibilité que de manque d’éclaircissement.

    Et c’est peut-être tant mieux pour qui est à la recherche de sensations fortes comme l’ investisseur ! En effet , « On ne répètera jamais assez, après monsieur Homais, que la science est décidément admirable bien qu’elle n’ait guère inventé de jouissances nouvelles ». Que la science échoue à produire un discours intelligent sur le sujet autorise alors tous les errements en termes de mouvements de marché. L’investisseur est déclaré débile, sauvage, incalculable.

    Ainsi donc, la morale de mon histoire de la finance est donc qu’il ne faut surtout pas s’étonner.

    Ne pas s’étonner de ces investisseurs qui s’étonnent puisque c’est dans leur nature. Il ne faut pas nous étonner du spectacle qu’ils nous donnent à voir.

    Il ne faut pas tomber dans le même piège que Fouquet :

    « Le Roi fut étonné, et Fouquet le fut de remarquer que le Roi l’était », récit de madame de La Fayette . Que le Roi s’étonne n’aurait jamais dû étonner Fouquet puisque le Roi s’étonnait de tout.

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      Les banques centrales vont-elles populariser les crypto ?

      Simone Wapler · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 4 December, 2022 - 04:30 · 9 minutes

    Avec l’effondrement de la plateforme FTX, beaucoup d’observateurs des cryptomonnaies sonnent le tocsin. Les banques centrales en profitent pour avancer leurs pions sur l’échiquier des monnaies numériques centralisées et de la réglementation. Mais forcer les citoyens à aller vers ces monnaies numériques contrôlées par la force publique n’est-ce pas faire indirectement la promotion des monnaies numériques privées ?

    On reparle beaucoup des cryptomonnaies depuis la faillite du courtier FTX. Certains se réjouissent que des spéculateurs crédules soient ruinés et donc punis. Selon eux, la faillite de FTX prouverait que la monnaie est une chose trop sérieuse pour être confiée à des personnes privées et ne peut être administrée que par des fonctionnaires irréprochables, soucieux du bien public et de l’intérêt général.

    Pourtant, la déclaration de naissance de bitcoin ne pouvait que plaire aux adeptes du libéralisme classique. Mon livre reprend la genèse de cette histoire et le contexte de l’arrivée de bitcoin.

    Naissance de Bitcoin : révolte contre la politique monétaire et le flicage des données privées

    Depuis 1971, la monnaie n’est plus ancrée à rien de concret. Elle est redevenue du crédit pur. Les registres de dettes sont tenus par les banques et les banquiers centraux. Mais les grands sorciers financiers modernes ont négligé ce que les Anciens avaient appris : pour prévenir les risques de surendettement, il faut adosser les prêts à une garantie concrète et prévoir des jubilés ou des remises de dettes périodiques. Faute de cette sécurité, les crises financières se multiplient.

    Simultanément, avec le développement des réseaux de télécommunication, la monnaie papier commence à tomber en désuétude dans les pays développés au profit de compte bancaires, de cartes de débit ou crédit et d’enregistrements électroniques.

    Notre monnaie est non seulement une convention sociale abstraite mais elle est aussi largement dématérialisée.

    En 2008 au lieu de laisser les faillites se produire, les banquiers centraux multiplient le crédit en abaissant les taux.

    Non seulement les taux sont abaissés à zéro mais les banquiers centraux trafiquent sans retenue les registres de dette en se livrant à des opérations de rachat de titres de créance. Ce sont les opérations de quantitative easing ou QE, nouvelle expression chic pour noyer le poisson de la création monétaire.

    En janvier 2009, Satoshi Nakamoto (un pseudonyme) crée une nouvelle «  monnaie ».

    Le réseau Bitcoin est un moyen d’échange ; «  bitcoin » est une unité de compte électronique, décentralisée et privée.

    C’est pour la monnaie fiduciaire une révolution similaire à celle de l’Internet pour l’information. Nakamato – dont le mystère de l’identité reste entier – entend apporter une réponse à ceux qui s’inquiètent des dérives de la finance et des devises fiduciaires inféodées aux banquiers centraux.

    Il est probable que Satoshi Nakamato (ou le groupe d’informaticiens se cachant derrière ce pseudonyme) a été aussi sensible aux dénonciations d’Edward Snowden relatives à l’espionnage par le gouvernement américain des données privées. Les révélations publiques de Snowden – ancien de la CIA et de la NSA- datent de 2013 mais le programme de surveillance généralisé avait débuté en 2007. Certains spécialistes du bitcoin relèvent que le cœur du code repose sur un algorithme de cryptage appelé SHA 256 développé par la National Security Agency, employeur d’Edward Snowden.

    Voici ce qu’en pensent ceux qui se penchent alors sur le bébé bitcoin  :

    « Les racines théoriques de Bitcoin peuvent être trouvées dans l’École autrichienne d’économie et ses critiques du système actuel de monnaie fiduciaire et des interventions menées par les gouvernements et d’autres organismes, qui, à leur avis, provoquent des cycles économiques exacerbés et une inflation massive ». BCE, octobre 2012.

    « La concurrence monétaire telle qu’envisagée par Hayek est devenue possible même en l’absence d’auto-limitation par les gouvernements […] la BCE soupçonne (à juste titre) que le travail théorique de Hayek était le spiritus rector des cryptomonnaies d’aujourd’hui » Stoeferle & Valek

    « Bitcoin est le début de quelque chose de formidable : une monnaie sans gouvernement, quelque chose de nécessaire et d’impératif ». Nassim Nicholas Taleb

    Une « monnaie » pour les geeks et les spéculateurs mais pas les gens ordinaires

    Âgé de maintenant 13 ans, le bitcoin a désormais passé l’âge de raison. Hélas, cet enfant un peu autiste n’intéresse surtout que les geeks bienveillants et les spéculateurs.

    Voici le constat cruel qui en était récemment fait :

    « Descendez dans la rue avec des bitcoins, vous n’achèterez ni pain, ni viande, ni maison. Les cryptos n’ont jamais rempli l’office le plus élémentaire d’une monnaie. Premier mirage.

    Si les cryptos étaient un refuge contre l’inflation, elles auraient dû gagner en valeur quand l’inflation est arrivée. C’est le contraire qui s’est produit : l’ensemble du système crypto s’est affaissé à mesure que progressait l’inflation. Dans des proportions du reste nettement plus graves — de l’ordre de moins 70 % — que la plupart des autres catégories d’actifs.

    Enfin, le dollar ne s’est jamais aussi bien porté tandis que les cryptos mordent la poussière. Aucune des promesses cryptos initiales n’a été tenue. Aucune.

    Pire : c’est tout un écosystème financier crypto qui est venu se greffer aux cryptomonnaies, avec banques cryptos et places financières cryptos. »

    Le bulletin de note de l’ado bitcoin est déplaisant, mais ce sont des faits, pas des appréciations subjectives. Ils actent que jusqu’à présent, bitcoin n’a pas conquis le grand public qui ne s’est pas approprié cette monnaie. Peu importe la valeur de la technologie ou l’utilité du concept de monnaie démocratique, c’est-à-dire contrôlée par personne.

    La tare de naissance du bitcoin ?

    En fait, le bitcoin est né avec la même tare génétique que les monnaies qu’il entend concurrencer : il n’a aucun ancrage dans la réalité. C’est une monnaie immatérielle. Certes elle ne repose plus sur la confiance en un État comme les grandes monnaies fiduciaires mais elle repose sur la confiance dans un algorithme.

    Pour le commun des mortels un algorithme est une notion ésotérique et immatérielle. Le commun des mortels utilise sa carte de débit ou un système de paiement par smartphone, exécute de plus en plus de virements depuis une interface bancaire mais le commun des mortels ne se sert pas de bitcoin. Bref, en treize années d’existence, la plus célèbre des cryptomonnaies n’est pas devenue une monnaie d’usage. Elle ne s’est pas démocratisée.

    Les monnaies numériques de banques centrales au secours du bitcoin ?

    Pourtant plus le temps passe, plus les conséquences des erreurs de politiques monétaires se font visibles. L’ inflation monétaire a finalement donné naissance à une hausse des prix de la vie courante et non plus une augmentation des seuls prix des actifs financiers et de l’immobilier. C’est désormais devenu un sujet sensible.

    Si les banquiers centraux prétendent lutter contre la hausse des prix en relevant les taux, n’est-ce pas avouer qu’ils la stimulaient en baissant les taux ? Cette évidence commence à pénétrer dans l’esprit des cobayes de leurs expériences monétaires. Le capital confiance des monnaies fiduciaires s’érode quelque peu.

    Compte tenu du niveau d’endettement insoutenable, la hausse des taux va faire long feu et la création monétaire va bientôt reprendre.

    Entretemps, la Banque centrale européenne aura probablement pris des dispositions pour faire avancer son euro numérique car il faudra bien emprisonner les gens pour empêcher une fuite devant une monnaie lorsque la majorité aura compris qu’elle est créée à volonté par une élite pour servir sa seule volonté. Dans ce contexte, Bitcoin devient un concurrent à éliminer.

    Gérard Dréan estime les monnaies numériques de banques centrales inutiles pour les usagers :

    « Le développement de monnaies numériques de banque centrale, que ce soit l’euro ou d’autres, est un phénomène tout à fait secondaire, inutile pour les usagers, et qui ne contribuera que très marginalement aux objectifs des organisations étatiques. Elles ne pourraient prendre une part significative dans les paiements que si l’utilisation des cryptomonnaies était sévèrement entravée par des mesures réglementaires ou juridiques qui en détourneraient les utilisateurs.

    Il a raison sur ce point. En revanche, ces monnaies de banques centrales me semblent très utiles « aux objectifs des organisations étatiques » et pas du tout de façon marginale. Car les objectifs sont d’accaparer le plus de pouvoirs possibles. De telles monnaies permettent :

    • le contrôle total de toute transaction privée,
    • l’orientation des transactions privés vers les secteurs jugés utiles par les omniscients.

    Mais en voulant contraindre chacun à adopter une monnaie numérique et à marginaliser la possibilité de paiement en espèces, les banquiers centraux s’avancent aussi sur une pente savonneuse.

    Les devises étatiques ne sont plus que des unités de compte de trafic d’influence

    Le grand public pourrait enfin prendre conscience que la monnaie actuelle n’est rien d’autre que des unités de compte de trafic d’influences, qu’elle est utilisée à des fins politiques et à rebours de leurs intérêts.

    Il pourrait découvrir que finalement la demande de monnaie étatique est artificielle, elle n’est suscitée que par l’impôt et la taxe. Car si les banquiers centraux créent de la monnaie à volonté sans problème pourquoi ne pas couvrir les dépenses publiques avec cette même monnaie au lieu de recourir à la taxe ?

    Il pourrait alors constater qu’une technologie concurrente est disponible, exempte des vices de la monnaie centralisée qu’on le contraint à utiliser

    Il pourrait être tenté d’y venir, donnant ainsi le dernier mot à Taleb : « une monnaie sans gouvernement, quelque chose de nécessaire et d’impératif. »

    Donc les banques centrales feront tout pour éviter la fuite hors de leur monopole monétaire. Elles en ont les moyens : la fiscalité, la réglementation, la restriction. Elles ne rencontrent que peu d’opposition puisque les cryptomonnaies n’ont pas de valeur d’usage. Et la faillite de FTX leur ouvre l’opportunité de tuer la concurrence dans l’œuf.

    « L’histoire du contrôle gouvernemental exercé sur la monnaie est, à l’exception de quelques périodes heureuses, une histoire de tromperie et de fraude incessante » Friedrich von Hayek, Pour une vraie concurrence de la monnaie

    Pendant des millénaires, la « monnaie sans gouvernement » a existé : c’était l’or et l’argent. Comme je l’explique dans mon livre , les politiques monétaires ne servent jamais le peuple. En ayant boudé l’usage des cryptomonnaies, se pourrait-il que le peuple ait raté une opportunité de s’affranchir ? Qui vivra verra mais une crise monétaire majeure couve.

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      Comment avoir du rendement avec l’immobilier locatif ?

      Henry Bonner · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 2 December, 2022 - 04:00 · 7 minutes

    Hausses des taux d’intérêt, des dépenses contraintes et de la fiscalité pesant sur les propriétaires poussent les rendements de l’immobilier à la baisse. Pour retrouver du rendement, il faut remettre en cause le bien-fondé de la détention d’immobilier locatif d’habitation.

    « Les propriétaires immobiliers confrontés à une flambée inquiétante des taxes » titrait Le Figaro qui donne la parole au président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI).

    Dans cet article, l’accent est mis sur la taxe foncière . Comme prévu, la disparition de la taxe d’habitation – à charge du locataire – a donné lieu à une forte augmentation de la taxe foncière.

    Comme d’habitude, la boulimie étatique conduit à une hausse continuelle de cet impôt. Et comme l’administration fiscale sait si bien le faire, de multiples touches de complexités inutiles rendent cet impôt incompréhensible : valeurs locatives , taxes sur les ordures ménagères, taxe Gemapi (gestion des milieux aquatique et prévention des inondations ) et « taxes spéciales » s’empilent. Enfin, les parts des différents bénéficiaires (commune, syndicat de communes, intercommunalité) ne sont jamais justifiées. La complexité et l’opacité sont deux armes bien connues de l’administration pour arracher de guerre lasse le « consentement » à l’impôt.

    Les contribuables sont obligés de subir et ne maîtrisent rien. Tout au plus savent-ils que l’année prochaine ce sera pire.

    Des travaux d’isolement ne seront jamais rentabilisés

    L’étau se referme sur les malheureux propriétaires de « passoires énergétiques » qui progressivement se voient interdits de location.

    Dès 2023 pour les logements classés G. Pour remonter dans le classement, il faut – au minimum – financer un changement de chaudière (décision qui dans le cas d’une copropriété ne vous appartient pas), remplacer les fenêtres existantes par des fenêtres isolantes, installer des ventilations. Malgré des cascades d’aides promises (sous conditions de ressources), ces travaux ne seront pas rentables puisque les loyers sont encadrés.

    Les propriétaires ont fait leurs comptes et beaucoup de logements classés F et G se retrouvent actuellement en vente et donc soustraits du marché de la location.

    Notons que la pression ne va pas s’arrêter aux seuls propriétaires bailleurs. Le Conseil économique social et environnemental (CESE) souhaite à terme contraindre tous les propriétaires occupants de bâtiments résidentiels et tertiaires à effectuer de tels travaux.

    Une volonté politique de nationaliser le marché locatif d’habitation

    En réalité, derrière cette pression se cache une volonté politique : évincer les bailleurs privés du marché locatif au profit des « logements sociaux » dont la construction et l’attribution sont totalement contrôlées par les collectivités et propices au clientélisme électoral.

    La mairie de Paris ne s’en est pas cachée et s’est fixée comme objectif que les logements sociaux représentent 40 % du parc locatif en 2035.

    Le bailleur privé est diabolisé : il est riche et « profite » de ses locataires réputés pauvres et en situation de faiblesse qui seront mieux logés par l’État.

    Des plus-values fictives pour noyer le poisson

    Le propriétaire immobilier est un homme heureux ! Il est assis sur d’énormes plus-values. Telle est la fable qui le fait passer pour riche et lui permet de ne pas se tordre les mains de désespoir.

    La réalité est pourtant bien différente.

    Si vous avez acheté à 2000 euros le m 2 et que vous vendez votre bien vingt ans plus tard à 4000 euros le m 2 , vous n’avez pas pour autant fait de plus-value. Car si vous voulez rester dans la même classe d’actif et donc racheter de l’immobilier, vous allez payer 4000 euros le m 2 . Tout ce que vous pouvez dire est que vous avez moins perdu que si vous aviez laissé des liquidités en banque durant vingt ans dans le but d’acheter plus tard.

    En réalité, la hausse généralisée de la pierre n’est que le symptôme de l’inflation. La masse monétaire en euros a été multipliée par quatre depuis 2000, elle a plus que doublé depuis 2008. Évidemment, le nombre de logements n’a pas suivi le même rythme et les coûts de construction ont augmenté. C’est ce qui explique l’amour de la pierre : elle s’effrite moins vite que la monnaie. Pas de rendement, mais au moins préservation du capital.

    Tourner le dos à l’habitation

    Pour obtenir un rendement locatif correct, il faut tourner le dos aux baux de longue durée dans l’habitation.

    Il reste donc :

    • les baux d’habitation de courte durée (meublé, logements étudiants, locations saisonnières et Airbnb dans les communes qui le permettent).
    • les boutiques, bureaux, commerces, entrepôts, boxes et parking.

    Si vous vous orientez vers la première catégorie, votre degré de liberté reste très contraint. Vous êtes à la merci du premier changement de législation. Un exemple récent s’est produit au Pays basque.

    À partir de 2023 chaque propriétaire d’un bien en location saisonnière sera tenu de proposer un autre bien équivalent en location à l’année par mesure de « compensation ».

    La seconde catégorie vous permet de mieux maîtriser vos dépenses contraintes. En effet, les baux commerciaux ou professionnels sont nettement moins encadrés. Vous pouvez prévoir de mettre de nombreuses charges à charge du locataire : charges générales y compris celles incombant en principe au propriétaire, impôts, taxes, travaux de remise aux normes. Vous pouvez même rédiger un bail précisant que la chose louée ne comporte que les murs. Électricité, câblages, eau, chauffage, travaux imposés par la loi, etc. deviennent alors l’affaire du locataire.

    En cas d’impayé, la procédure est évidemment plus rapide et moins coûteuse.

    Le risque le plus notable auquel vous pouvez être soumis dans ce type de location est un changement de Plan local d’urbanisme (PLU) réglementant les installations de commerces, bureaux, parkings, entrepôts.

    Signalons aussi que pour redynamiser leurs centres-villes, certaines municipalités mettent en place des politiques de « logements sociaux » pour entreprises et commerces : elles proposent des baux commerciaux à prix cassé pour des biens qu’elles détiennent.

    Malgré ces inconvénients, le bilan reste positif, surtout dans la durée.

    Comment sauter le pas ?

    Nécessité fait loi. Si vous avez un logement d’habitation classé F ou G qui se libère, pourquoi ne pas le vendre pour réinvestir dans des biens commerciaux ou des parkings plus rentables ?

    Le marché est plutôt baissier ce qui vous permet de rechercher tranquillement un bien en vous focalisant sur sa situation et son rendement.

    Un point nouveau qui pourrait accélérer le recul du marché : la Banque centrale européenne souhaite que la France s’aligne sur les autres pays et que les banques commerciales mettent fin à leur pratique de prêts immobiliers à taux fixe. Le taux variable est un risque supplémentaire susceptible de rebuter des acheteurs.

    Vendre et racheter en changeant de classe d’actif dans l’immobilier peut devenir aussi une occasion de repenser la transmission de vos biens et d’adoucir votre fiscalité.

    Recourir aux montages et penser à la transmission

    Le montage le plus courant est la société civile immobilière ou SCI. Votre société possédera des parts de biens immobiliers. Dès lors vous pouvez céder des parts à vos héritiers en nue-propriété (vous conservez les revenus) ou même en pleine propriété. Vous pouvez faire ces cessions progressivement afin d’étaler les droits de transmission.

    Une SCI à l’IR (impôt sur les revenus) est dite « transparente » fiscalement. Vos impôts ne seront pas modifiés. Une société à l’IS ne l’est pas. Dans ce contexte vous pouvez amortir le bien, c’est-à-dire prendre en compte la dépréciation du fait de l’usure et du passage du temps. Cet amortissement sera déduit des résultats de la SCI. Vous pouvez apporter de l’argent (ce que vous avez vendu) à votre SCI. Dans ce cas, elle aura une dette à votre égard. Ce qu’elle vous versera jusqu’à l’extinction de la dette ne sera pas des revenus mais un remboursement de créance. Par conséquent, les sommes que vous percevrez ainsi ne seront pas soumises à l’impôt sur les revenus ou aux contributions sociales.

    L’inconvénient est qu’en cas de vente ou de dissolution, la SCI matérialisera des plus-values qui seront soumises à l’impôt. À comparer aux droits de succession (impôt sur la mort) qui seraient dus si vous détenez un bien en direct.

    Mais sans vendre, vous transférez à vos héritiers une structure rentable. À eux de s’entendre pour la faire prospérer, en tirer des revenus ou s’en servir comme levier pour augmenter leur propre patrimoine puisque les revenus qu’ils percevront accroîtront leur capacité d’endettement.

    Nous vivons une période où il est difficile d’échapper à l’emprise de l’État et de maîtriser ses dépenses contraintes. Mais c’est dans l’immobilier d’habitation que la pression est la plus forte. Les autres classes d’actifs, moins « émotionnelles », permettent plus de degré de liberté.

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      [PODCAST] Bitcoin avant-garde des idées libérales – Yorick De Mombynes

      Pierre Schweitzer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 30 November, 2022 - 04:30 · 2 minutes

    Épisode #29

    Les libéraux s’intéressent-ils suffisamment à Bitcoin ? Peut-être pas.

    Certes, une frange des libéraux s’y intéresse de longue date mais curieusement ce projet de révolution monétaire directement inspiré d’idées libérales de l’École autrichienne d’économie (Mises, Hayek, etc.) semble laisser indifférents de nombreux partisans de l’État minimal. Une erreur selon notre invité, pour qui cette curiosité technologique parfois difficile à expliquer aux novices n’est sûrement pas un gadget ou un phénomène de mode mais bien une idée aux conséquences profondes à long terme et qui mérite toute l’attention des partisans d’un État mieux contrôlé, moins dépensier et moins dirigiste.

    Yorick de Mombynes, conseiller référendaire à la Cour des comptes, est diplômé de l’ESCP, de l’IEP de Paris, titulaire d’une licence de philosophie (Sorbonne Paris IV) et ancien élève de l’ENA. Il a été conseiller technique du Premier ministre François Fillon (2017-2010) et a passé six ans au sein du groupe Total. Il a enseigné l’économie et les sciences politiques à l’IEP de Paris et a publié deux études à l’Institut Sapiens sur Bitcoin : Bitcoin, Totem et Tabou et Comprendre le Lightning Network .

    Pour écouter l’épisode utilisez le lecteur ci-dessous. Si rien ne s’affiche rechargez la page ou cliquez sur ce lien.

    Produit en partenariat avec le Cercle Frédéric Bastiat . Soutenez ce programme en faisant un don !
    Programme :
    00:00 – Introduction et présentation
    03:57 – Leçons du passage au cabinet de F. Fillon à Matignon
    09:13 – Les libéraux s’intéressent-ils suffisamment à Bitcoin ?
    13:02 – Bitcoin est-il si révolutionnaire comparé à la monnaie numérique classique ?
    18:08 – L’offre monétaire de Bitcoin : un choix inspiré de l’or ?
    20:46 – Qu’est-ce qui justifierait la valeur fondamentale de Bitcoin ?
    33:04 – Pourquoi gaspiller de l’énergie rare à miner des bitcoins ?
    37:30 – Bitcoin : la monnaie imaginée par les libéraux ?
    41:51 – Bitcoin évolue-t-il assez vite pour être bientôt accessible à tous ?
    46:57 – Bitcoin tient-il encore la route face aux nouvelles cryptomonnaies ?
    52:57 – Les monnaies numériques de Banque centrale rendront-elles Bitcoin obsolète ?
    56:09 – Comment aider Bitcoin à se développer pour retrouver une monnaie saine et libre ?
    01:01:13 – Annonce importante aux auditeurs
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