ANIMAUX - Ils ne sont plus qu’une dizaine dans le monde. Le marsouin Vaquita, plus petit cétacé du monde est aussi le
mammifère marin
le plus rare de la planète. Vivant dans une
zone géographique
restreinte (les eaux peu profondes de la partie supérieure du golfe de Californie, à l’ouest des États-Unis), ces animaux sont naturellement assez rares et les populations n'ont jamais dépassé les quelques milliers au cours des 250.000 dernières années. Aujourd'hui ils ne sont plus que dix.
Or, avec une si petite population, les scientifiques ont supposé que le mammifère présentait un risque de consanguinité et donc de mutations nuisibles. Celles-ci pourraient conduire inévitablement à l’extinction de l’espèce
Phocoena sinus
.
Mais en fait, non. Des chercheurs de l’université de Californie (UCLA), de la National Oceanic and Atmospheric Administration Fisheries (NOAA) et d’autres instituts ont fait une heureuse découverte. En effet, les marsouins Vaquita ont encore une diversité génétique suffisante pourrait se reproduire et repeupler l’espèce, si on le leur permet. Les résultats de ces recherches sont parus dans la revue
Science
le 5 mai.
Techniquement, ils pourraient survivre
Cette découverte de chercheurs est le fruit d’un travail d’analyse du génome de 20 marsouins Vaquita, utilisant des échantillons de tissus
collectés par des chercheurs
mexicains entre 1985 et 2017. Cela leur a notamment servi pour mieux comprendre l’histoire récente de cet animal.
“La génomique nous donne des indices sur le passé de l’espèce, mais nous permet également de scruter l’avenir”, affirme Lorenzo Rojas-Bracho, co-auteur de la présente étude. En effet, l’analyse génétique en utilisant des simulations informatiques a permis de supposer comment la population se comporterait selon différents scénarios présentés dans le graphique ci-dessous.
“Si nous pouvons permettre à ces animaux de survivre, ils peuvent faire le reste. Génétiquement, ils ont encore la diversité qui leur a permis de prospérer”, abonde Jacqueline Robinson, autre responsable de l’étude. “Malgré le petit nombre, l’espèce pourrait se rétablir si nous arrêtions de les tuer”, reprend Lorenzo Rojas-Bracho. Car une épée de Damoclès pèse (très) lourdement sur cette espèce.
La pêche, facteur d’extinction
Les chercheurs affirment que pour donner une chance aux marsouins Vaquita, il est nécessaire d’avoir une élimination immédiate et complète de la
mortalité due à la pêche
avec des filets maillant. Cette méthode consiste à placer des filets plats qui sont suspendus verticalement dans l’eau.
S’étendant comme des filets de tennis géants, ils sont connus comme étant un piège mortel pour de nombreux animaux qui n’étaient pas destinés à être pêchés. C’est le cas du Vaquita. Mesurant entre 1,2 à 1,5m de long, ils s’emmêlent souvent et meurent noyés.
Au départ, ces filets servent à chasser le Totoaba, un poisson très prisé en Chine pour ses potentielles “vertus médicinales” et pouvant se revendre à des prix exorbitants sur le marché noir. À cause de cela, lui aussi est classé en voie de disparition, étant inscrit sur la liste rouge de l’Union internationale pour la
conservation de la nature
.
Pour tenter de juguler ce saignement de la biodiversité, le
Mexique a interdit la pêche au totoaba
ainsi que l’utilisation de filets maillants dans le golfe de Californie. Mais cela n’empêche pas le braconnage de persister. Face à ce constat, le chercheur de l’UCLA et membre de l’étude
Christopher Kyriazis est formel
: “Si nous les perdons, ce serait le résultat de nos choix humains”.
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