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      Joe Biden en Pologne : la Liberté concurrencée par la Reconnaissance

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 23 February, 2023 - 04:20 · 5 minutes

    Pendant quelques heures Varsovie a vécu à nouveau comme une atmosphère de guerre froide, le temps d’un discours du président américain Joe Biden .

    En prenant la parole en Pologne pour défendre le monde « libre » contre l’agression russe en Ukraine, stigmatisant l’impérialisme du Kremlin et assurant du soutien inconditionnel de l’Amérique contre la tyrannie, Biden a choisi de chausser les bottes de Ronald Reagan .

    Même élan optimiste, offensif et en quelque sorte même ennemi moscoutaire : « Nous voyons à nouveau aujourd’hui ce que le peuple polonais et les peuples de toute l’Europe ont vu pendant des décennies : les appétits de l’autocrate ne peuvent être apaisés. Ils doivent être combattus. ».

    Joe Biden leader du « monde libre »

    Le discours est connu, cependant, le contexte a complètement changé, ce qui lui donne une portée et une signification toute différente. Le leader du « monde libre » s’est adressé en priorité à son propre camp tout comme un jour avant Vladimir Poutine s’est adressé en priorité au sien . Les deux ont répété dans les grandes lignes leurs grands récits respectifs, la défense de la liberté et de la démocratie contre l’exigence d’un monde multipolaire « libéré » d’une tutelle occidentale hypocrite et corrompue.

    Seulement, ce n’est plus au monde bipolaire de la guerre froide que s’adressent les leaders des deux grandes puissances mais à celui instable de la montée en puissance de l’Asie, de la contestation de l’hégémonie occidentale par la Chine et une partie du « Global South », de la transformation des alliances héritées pour répondre aux nouvelles menaces perçues comme telles aujourd’hui. La tragédie ukrainienne n’a été que la mèche qui a dynamité le monde ancien.

    Ce faisant, la signification des deux discours a changé car les circonstances ont changé. Les discours russe et américain mettent des mots sur une lutte engagée entre deux conceptions fondamentales de la morale, l’une fondée sur l’exigence de liberté, l’autre sur celle de reconnaissance .

    Rassembler son camp

    En s’adressant à une Europe centrale toujours inquiète des interférences de son encombrant voisin russe en jouant la partition de la liberté, Joe Biden ne peut que susciter l’adhésion enthousiaste. La liberté acquise y est quelque chose de concret, que les Ukrainiens paient par le sang chaque jour. Ce droit aux institutions libres est une conception partagée en théorie avec tout le camp occidental, de l’Europe de l’Ouest à l’Amérique du Nord en passant par l’Australie ou la Nouvelle-Zélande.

    En fustigeant l’hypocrisie américaine, sa corruption morale et son néocolonialisme, Vladimir Poutine se pose en résistant face à un autre type d’injustice, le mépris occidental pour le reste du monde. C’est ce manque de reconnaissance et même la subordination symbolique d’une partie de l’humanité sur l’autre qui alimente le ressentiment anti-occidental tout comme la propagande du Kremlin.

    Il est assez facile de relever les manquements de l’Occident à la liberté, l’écart réel entre l’idéal et la réalité. La guerre contre le terrorisme, les guerres en Irak, Afghanistan, Yemen, la gestion de la crise sanitaire, l’extension morale du wokistan, l’emprise des technocraties, de Big Tech ou de Big Business sont autant d’occasion pour les opinions critiques de fustiger des puissances occidentales imparfaites, et à raison.

    Il faut reconnaître que c’est aussi cette capacité à l’autocritique, produit de la liberté, qui permet l’amélioration, l’innovation et les corrections dans le domaine social et politique autant que dans le domaine économique.

    Il faut également reconnaître que chaque fois que l’Occident s’éloigne de l’idéal de la liberté, c’est pour emprunter aux modèles autoritaires qui lui sont devenus étrangers depuis des siècles mais qui demeurent en cours en Russie, en Chine ou en Iran.

    Il est aussi assez facile de faire sortir Vladimir Poutine de l’humanité ordinaire en lui assignant la place extraordinaire de monstre, tyran ou fou : son discours revanchiste peut susciter l’empathie des nouveaux damnés de la Terre, les floués des promesses occidentales d’émancipation. Peut-on comprendre la mentalité chinoise sans les guerres de l’opium ? Peut-on comprendre le reflux de la France en Afrique sans la mémoire d’une colonisation que la Russie se fait un plaisir de rappeler ?

    Le futur de la reconnaissance

    Négliger la problématique de l’identité et de la reconnaissance, c’est jeter un voile sur les conflits qui sont en train de se former sous nos yeux, comme l’avait déjà vu Samuel Huntington dans son Choc des civilisations . Seulement, la demande de reconnaissance peut rendre aveugle jusqu’à la tragédie : c’est contre l’invasion américaine et pour défendre la souveraineté du pays que l’État Islamique est né en Irak, que les Talibans ont repris Kaboul, que la Corée du Nord a transformé son pays en prison à ciel ouvert ou que les mercenaires de Wagner progressent en Afrique.

    Aujourd’hui, la Russie a déclenché un conflit conventionnel inhumain et sanglant contre son voisin aussi parce qu’elle s’estimait ignorée et méprisée par un Occident arrogant et certain de son bon droit. Comme l’a rappelé fort justement Joe Biden dans son discours : cette guerre n’a jamais été une nécessité, mais une tragédie.

    Les défenseurs de la liberté doivent désormais compter avec la montée en puissance des demandes de reconnaissance sur la scène internationale, qui contestent à l’Occident son magistère moral.

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      chapitre 17 À quoi sert l'école ? extrait 20

      Angélique Andthehord · Tuesday, 1 November, 2022 - 21:19 · 1 minute

    C'est vrai que les professeurs donnaient beaucoup d'eux-mêmes pour nous apporter des connaissances. Ils venaient tous les jours, pour nous, pour nous apprendre des choses. Ils préparaient leurs cours à l'avance, ils expliquaient et réexpliquaient inlassablement ce qui n'était pas compris, ils corrigeaient les copies. C'était un travail énorme. Alors, pourquoi nous, élèves, ne donnions-nous pas toujours le meilleur de nous-mêmes pour apprendre ce qu'ils venaient nous enseigner ?

    Parce que l'école était obligatoire ! Les professeurs venaient à l'école parce qu'ils avaient fait le choix d'enseigner alors que les élèves étaient là parce que le règlement scolaire allait les chercher de force chez eux, s'ils ne voulaient pas venir. C'est de là que naissaient toutes les tensions qui pouvaient exister entre élèves et enseignants. Ce n'était pas la faute des professeurs, à la base, mais c'est en leurs mains que le règlement scolaire déposait les outils de sanctions destinés à soumettre les non-consentants ; et tous ces adultes usaient de ces outils pour imposer grossièrement leurs centres d'intérêt à des enfants qui ne les partageaient pas forcément.

    C'est choquant, quand on y pense mais eux, les profs, étaient toujours récompensés par un salaire ; ce qui apaisait leur conscience. De là, leur discernement était corrompu, ils croyaient bien faire et ne comprenaient même plus le manque d'assiduité aux études de certains élèves, dits mauvais.


    extrait de : La guerre folle


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      chapitre 17 À quoi sert l'école ? extrait 19

      Angélique Andthehord · Monday, 31 October, 2022 - 13:14

    On connaissait d'avance la suite de l'argumentaire. Tenez ! je vous le fais :

    « Il ne faut pas noircir le tableau. On vient à l'école pour rencontrer des gens et il nous est donné d'y rencontrer des professeurs, c'est-à-dire des grandes personnes qui ont choisi de venir là pour apporter des connaissances aux enfants. C'est louable et il faut les respecter pour cela. »

    N'était-ce pas ce que monsieur Bébert voulait nous amener à dire, au final ? N'était-il pas dans le camp des professeurs, après tout ? En tout cas, s'il attendait que quelqu'un levât la main pour lui donner cette réponse de fayote, ça n'allait pas être moi parce que je n'étais pas d'accord avec ça.


    extrait de : La guerre folle


    #école #choix #rencontre #rentrée #mécontentement #injustice #sérieux #reconnaissance

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      chapitre 17 À quoi sert l'école ? extrait 13

      Angélique Andthehord · Monday, 24 October, 2022 - 14:49 edit

    En clair, même si la lecture de ce fichu règlement n'était propre qu'à nous procurer de l'ennui, nous devions nous le coltiner par charité bénévole envers notre prof parce que les gens qui lui payaient son salaire - et qui n'étaient pour nous que des étrangers - exigeaient de lui qu'il nous ennuyât avec ça.

    Tels étaient, grosso modo, les murmures qui montaient dans la classe, dans une atmosphère de sévérité courroucée propre au milieu dont étaient issues les jeunes filles de bonne famille qui composaient la majeure partie de notre classe.

    Monsieur Bébert objecta que la lecture du règlement n'était, somme toute, que le premier cours de l'année scolaire et qu'un cours n'est jamais ennuyeux. C'est le prof qui rend le cours ennuyeux… ou pas ; et que c'est en intéressant les élèves à son cours que le professeur mérite son salaire.


    extrait de : Accueil brutal et affligeant


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